not too professional... (rayden #18)

Cette nuit est belle, longue, sincère. Intense également, en passion, en tendresse, et par la force de notre connexion, de nos sentiment. Les heures s’égrainent, nous ne les voyons pas passer, plus rien ne compte que le moment présent et de se concentrer sur chaque sensation. Etre là, ici et maintenant, avec Eden me plonge encore un peu plus dans la profondeur des sentiments que j’ai développer à son égard. Je ne peux définitivement plus nier que ce que nous avons est spécial et que je n’ai jamais ressenti ça avant elle. C’est au delà de la beauté de nos étreintes, des explosions de plaisirs que nous faisons jaillir mutuellement, c’est encore plus fort que cela. Les seconds souffles se multiplient au rythme des orgasmes, chaque brève trêve suffit à recharger un peu les batteries en vu du round suivant. Je ne me savais pas si insatiable, mais Eden a ce don de me révéler à moi-même. L’énergie s’amenuise un peu au fil de la nuit, cependant la perspective de ne plus nous revoir pendant un certain temps du fait de mon tournage à venir, nous pousse à aller plus loin, comme pour se rassasier de l’autre jusqu’à saturation pour être sûre de ne pas manquer. Pourtant je le sais d’avance, elle va me manquer. Nouvelle ascension vers le plaisir, la vague ultime traverse le corps d’Eden mais ce n’est pas une profonde sérénité qui s’en suit. Une expression de douleur s’invite sur ses traits et l’inquiétude me gagne aussitôt. Je fais vite le rapprochement entre ses soucis cardiaques et son attitude, je suis prise d’une légère panique « Eden, ça va ? » non, bien sûr ça ne va pas, je le vois mais l’inquiétude prend le pas sur la logique. Elle réclame sa fameuse boite orange dans laquelle sont ses cachets. J’acquiesce d’un hochement de tête et me lève sans attendre « Il est où ? » son sac à main, je connais très bien son corps et ses draps, beaucoup moins ses habitudes en matière de rangement de ses affaires. Elle m’indique le salon d’un geste vague et je m’y rends sans attendre. Il ne me faut pas longtemps pour trouver le dit sac ainsi que la boite en question. J’en profite pour récupérer mon portable dans mon propre sac, au cas où. Je rejoins rapidement la quadra après avoir récupéré un verre d’eau dans la cuisine, je lui tends le tout. Je l’observe prendre ses cachets, inquiète, m’asseyant à ses côtés sur le bord du lit prête à accéder à n’importe quelle autre requête. J’attends surtout de voir si son état s’améliore ou si la douleur est trop intense. Je dois garder mon sang froid j’en ai conscience, mais j’ai peur pour elle. Je caresse son bras délicatement pour lui témoigner mon soutien sans me montrer trop oppressante « Ça va suffire ? » les cachets, je suis dans les starting block pour appeler les secours, le 911 déjà composé. C’est idiot, mais une part de moi se sent coupable… J’aurais dû être plus attentive, plus vigilante. Ma gorge se serre alors que je ne la lâche pas des yeux, guettant le moindre signe que les choses s’aggravent.

J’ai vécu des passions. Beaucoup. Je n’ai toujours vécu que pour ça. Ma vie entière repose sur l’envie de vivre pleinement, sans penser à ce qui pourrait bien arriver demain. Certains de mes choix ont été mauvais, j’en ai conscience, surtout en ce qui concerne ma fille. Mais ils font aussi ce que je suis. Mais cette nuit avec Rayan, bien qu’elle ne soit pas la première, est de loin la plus passionnée. Peut-être parce que nous assumons enfin ce que nous ressentons l’une pour l’autre, sans forcément mettre de mots dessus. Mais je n’ai jamais vécu quelque chose d’aussi fort. Si bien que le dernier orgasme que nous partageons me secoue plus fort que je n’aurai pu l’imaginer. Mon coeur me fait comprendre que je ne peux pas continuer sur cette voie. Les yeux clos, j’entends la panique dans la voix de Rayan, mais je ne suis pas encore au stade de conscience de culpabiliser pour ça. Pour le moment, je suis juste à l’état où je joue ma vie. Je lui demande d’aller me chercher ma boîte de calmants cardiaques. J’ignore si ce sera suffisant cette fois, j’ai eu de la chance jusque là. Pour le moment je ne me pose pas la question. Elle me demande où est mon sac et je lui indique vaguement le salon, je n’arrive pas à réfléchir. La main à plat sur mon front, l’autre appuyée sur mon coeur qui bat beaucoup trop fort, j’essaie de me concentrer sur ma respiration pour tenter de me calmer. Rayan revient avec ce qu’il faut et je l’en remercie, me redressant juste assez pour avaler les cachets. Un nouveau coup violent me saisit et je grimace à nouveau, je déteste ça. Mais ce n’est pas la première fois. « Ça va suffire ? » demande-t-elle, véritablement paniquée. « J’espère. » Je n’ai pas envie que cette nuit se finisse aux urgences. J’ai déjà tout foutu en l’air… Les yeux clos, j’essaie au maximum de me concentrer pour calmer mes palpitations. « Viens. » Je récupère sa main qui caressait jusque là mon bras, et l’incite à se coucher près de moi. J’ai froid, et j’ai envie de sentir son corps, au cas où ce serait la dernière fois. Une fois qu’elle est contre moi, je prends sa main et la place juste au dessus de ma poitrine, là où mon coeur bat difficilement. « Ça va aller. » Oui, il le faut. Parce que je veux voir grandir ma fille, je n’en ai pas assez profité même si c’est de ma faute. Et j’ai envie de pouvoir vivre encore beaucoup de choses avec Rayan. « Je suis désolée. » Même si ce n’est pas vraiment de ma faute, j’ai quand même le sentiment d’avoir tout gâché, et je m’en veux.

Aux premiers signes de douleurs d’Eden je n’ai aucun mal à comprendre ce qu’il se passe. Mes craintes sont rapidement confirmées par la quadra réclamant ses cachets pour le cœur. Je les lui ramène le plus vite que je puisse, ainsi qu’un verre d’eau, observant avec inquiétude chaque indices pouvant me mettre sur la voie d’une aggravation de la situation. J’ai peur et pourtant je sais que je dois garder mon sang froid. Ce que je fais, seul le timbre de ma voix est peut-être un peu moins assuré. Je lui demande si prendre ce médicament va être suffisant. Elle l’espère, moi aussi, mais je reste prête à appeler les secours si nécessaire. Sa main trouve la mienne et elle m’invite à me coucher à ses côtés, ce que je fais sans hésitation, posant mon téléphone juste à côté de moi, à portée de main. J’ignore si elle cherche à me rassurer ou me donner un moyen de savoir si je dois agir vite, mais elle pose ma main de manière à ce que je sente les battements de son cœur. « Oui. Ça va aller. » répété-je en couvrant mieux son corps pour qu’elle n’ai pas froid. Si ses yeux sont clos, les miens ne la quittent pas, la douleur a l’air un peu moins présente ses traits sont plus relâchés mais je ne suis sûre de rien. Elle trouve la force pour me dire qu’elle est désolée ce à quoi je réponds par un soupir « Gardes ton énergie plutôt que de la dépenser dans des excuses pour quelque chose auquel tu ne peux rien. ». Je laisse quelques minutes à Eden, silencieuse, je la soutiens par ma simple présence. L’inquiétude continue de me nouer l’estomac et je jette parfois un regard vers mon smartphone. « Est-ce que je ne devrais pas appeler au moins un médecin de garde ? » proposé-je finalement. « Je sais que t’es une foutue tête de mule qui veut toujours tout gérer seule, mais là… » je secoue la tête « C’est de ta santé dont il est question Eden. Et je m’en voudrais beaucoup de n’avoir rien fait si d’un coup ça repart. » je caresse doucement sa joue avec tendresse « J’ai peur pour toi. » avoué-je, bien qu’elle l’ai probablement sentie. « Je me sens inutile. » je hausse légèrement les épaules « Presque fautive de n’avoir rien vu venir. De ne pas avoir été plus attentive. Et peut-être d’en avoir trop fait… » ça n’avait rien d’égoïste, nous étions dans le partage le plus total, mais je ne peux retirer cette idée de mon esprit et ce petit sentiment de culpabilité s’insinue en moi.

J’ai envie de la sentir contre moi. Evidemment, quand il m’arrive un truc comme ça, j’ai toujours un réflexe de me dire que ça pourrait bien être mon dernier souffle. Celui-ci aurait été plutôt beau, mourir pour avoir ressenti trop de plaisir. Ce serait une belle épitaphe. Mais j’ai encore beaucoup de choses à vivre et je ne compte pas m’arrêter de vivre maintenant. Même si parfois ce serait une solution à certains de mes problèmes, je crois que j’ai encore beaucoup chose à vire, que j’ai envie de vivre en tout cas. Rayan rabat la couette sur nos corps nus et encore transpirants, alors que ma respiration commence à se calmer. Mon palpitant lui a un peu plus de mal. « Gardes ton énergie plutôt que de la dépenser dans des excuses pour quelque chose auquel tu ne peux rien. » Je sais ça, mais je m’en veux d’avoir gâché un moment pareil. Quand on se souviendra de cette nuit, on pensera en premier à la peur que cette crise aura provoqué, et non à cette symbiose ressentie juste avant entre nous. Une chance rare, pourtant. Rayan n’est pas tranquille et je peux le comprendre. Elle n’arrive pas à calmer son esprit, pourtant ça m’aiderait à calmer le mien. Elle panique, et je ne lui en veux pas de le faire. « Je sais que t’es une foutue tête de mule qui veut toujours tout gérer seule, mais là… » Je réouvre les yeux pour la regarder et tente de lui offrir un sourire pour la rassurer. « Appeler un médecin maintenant ne servirait à rien. Je dois juste rester tranquille et attendre que les médicaments fassent effet. J’ai jamais eu de seconde crise en suivant, et ça n’arrivera pas. » Pas ce soir en tout cas, et j’espère même jamais. Parce que ça pourrait m’être fatal, je le sais, ou au moins m’apporter de grosses séquelles, plus que celles que j’ai déjà actuellement. « J’ai peur pour toi. » Je pose ma main sur la sienne en lui souriant, un peu tristement parce que ça me fait du bien de l’entendre, mais j’aurai préféré ne pas avoir à lui provoquer ce genre de sentiment. « Je sais. » Et je ne peux pas lui en vouloir, ni même effacer ce qu’elle est en train de ressentir. « Je me sens inutile. Presque fautive de n’avoir rien vu venir. De ne pas avoir été plus attentive. Et peut-être d’en avoir trop fait… » Je secoue la tête et me décale juste assez pour encadrer son visage entre mes mains. « Arrête, tu n’y es pour rien. Ça m’est jamais arrivé, et pourtant c’est pas la première fois que je fais l’amour. » Je trouve la force de rire légèrement. « Et je te rassure, tu n’en as pas trop fait… La prochaine fois je prendrai mes médicaments avant, en prévision. » Parce qu’il n’est pas question que ce genre de nuit ne se reproduise pas. Je ne compte pas m’arrêter de vivre. « Maintenant s’il te plait, allonge toi contre-moi le temps que ça se calme. Et après on ira prendre un petit déjeuner. » Parce que la nuit a été longue.

Eden tente d’être rassurante. Je ne sais pas si elle essaie de me convaincre moi ou elle-même. Sans doute un peu des deux. Mais étant de nature pragmatique, je lui expose ce qui me semble être le plus judicieux, à savoir appeler un médecin de garde. Inutile selon la quadra et ce malgré mes arguments. Rester tranquille et attendre, ce qu’elle fait habituellement et qui fonctionne. Je hoche la tête, me laissant partiellement convaincre par son sourire rassurant. En apparence seulement, car dans le fond j’ai peur pour elle et ça me semble être une réaction légitime. Je le lui avoue, incapable de garde ça pour moi, tout comme le fait de me sentir aussi impuissante que coupable. Ses mains se pose sur mon visage, son regard fixé dans le mien, Eden utilise sa précieuse énergie pour continuer de me rassurer. Dans un sens ça marche, entendre son rire, même léger, c’est le signe que ça va déjà mieux qu’il y a quelques minutes. Elle semble presque détachée de la situation, c’est tout elle ça, faire face et tout vouloir affronter seule. Quoi qu’elle fasse une légère entorse à ce dernier paramètre, me réclamant de m’allonger contre elle, comme pour l’aider à trouver l’apaisement nécessaire. Je lui souris et acquiesce d’un hochement de tête « D’accord faisons ça. » j’obtempère, m’allongeant correctement à ses côtés, passant un bras autour de son corps, caressant sa peau délicatement « Même dans cet état tu arrives à être autoritaire. » je la sens prête à bouger, je l’en empêche « Je plaisante. » je dépose un baiser sur ses lèvres avec tendresse « Mais ce qu’il va se passer, c’est que tu vas te reposer, dormir un peu, et quand le moment sera venu j’irai préparer le petit déjeuner. ». Son regard croise le mien et je hausse les sourcils « Aucune négociation possible. » elle n’en a de toute façon pas l’énergie et celle dont elle dispose je voudrais qu’elle la garde.
Le sommeil fini par nous emporter, pas étonnant après cette longue nuit agitée. Je rouvre les yeux quelques heures plus tard, mon premier réflexe est de me concentrer sur la respiration d’Eden. Tout va bien, je crois. Je m’extirpe de sous la couette le plus délicatement possible pour ne pas la réveiller. J’emprunte un de ses peignoirs et enfile mes sous-vêtements histoire de ne pas me balader totalement nue puis rejoins la cuisine. Je me rends compte ne finalement pas savoir quoi préparer, ce qu’elle préfère. Le café oui, mais présentement ce n’est pas indiqué. Je fouille un peu dans les placards, le frigo et souris en voyant le dessert qu’elle avait préparé la veille. Puis je repense à cette nuit, cette incroyable harmonie que j’ai ressenti, la plénitude infinie par laquelle je me suis sentie enveloppée. Un sentiment rare, probablement unique. Laissant de côté les événements de l’aube, je souris un peu bêtement, là toute seule dans cette cuisine qui n’est même pas la mienne. Il y a définitivement quelque chose de fou dans ce qui nous lie Eden et moi…