Blurry night • feat. Leona

Tu passais une soirée de merde. Vraiment. T’avais pas fière allure. Tout aurait pourtant bien pu se passer. T’étais de bonne composition. Certes la journée avait été rude mais les quelques verres que tu t’étais enfilés à la sortie du boulot avaient réussi à t’aider à te détendre. Et ce soir, t’avais pas envie de faire de connerie, pas envie de pousser la folie plus loin. T’avais besoin de stabilité, de réconfort, de confort. T’avais envie de te poser. Envie d’elle. Tout près de toi, contre toi. La laisser t’envelopper de son aura positive. T’avais envie d’être une fille bien, de t’investir. D’essayer du moins. Ça t’arrivait ! C’était par vague. Pourtant, Al, tu l’aimes vraiment. Avec elle tout est différent. Mais malgré ce flot d’émotions qui t’envahi en pensant à elle, tu n’as de cesse de tout foutre en l’air ou de reculer face à l’engagement. Mais ce soir, tu n’as pas peur. Ce soir, tu es droite dans tes bottes et dans ta tête.

Tes pneus crissent sur le gravier de son entrée. Tu sors assez rapidement du véhicule mal garé, poussée par une paire d’aile d’euphorie (ou d’alcool, c’est au choix). Le sourire aux lèvres, tu frappes à la porte et attends avec impatience. Ce qui se passe ensuite, lorsque Alejandra vient t’ouvrir, est allé trop vite. Tu ne t’y attendais pas du tout … Elle ne veut pas te laisser rentrer. Elle crie. Elle t’en veut. Tellement ! Tu retombes très vite. Merde. Il se passe quoi là ?! A force de persévérance et en lui poussant un peu la main, tu réussis à rentrer. Ce qui se passe à l’intérieur n’a rien de glorieux. Tu comprends qu’elle sait ! Ta dernière tromperie. Tu tentes de te dépatouiller de tout ça, de lui expliquer. Tout ça ne veut rien dire. Ces autres ne sont pas elle. Et alors que tu arrives presque à la calmer un peu, tu fais l’erreur de parler d’une blonde. Al s’embrase à nouveau : “Moi je parlais d’Andrea !! Putain Sana, il y en a combien sur ta liste ??!!” Merde. Tu te grilles toute seule. Et cette fois, tu commences à perdre tes moyens, perdre ta confiance. Tu commences à bégayer, tu sens les larmes te monter aux yeux, tu insistes et tu souffles “Mais moi je t’aime …” T’as juste l’air d’une gamine prise en flagrant délit. L’alcool te fait tourner la tête. Tu ne te sens pas bien. Et dans cette faiblesse soudaine, Al en profite pour te foutre dehors. En deux-deux, tu te retrouves sur son porche d’entrée, la mine et l’âme déconfites. Tu reste là quelques minutes. Tu tambourines à la porte, tu parles dans le vent, tu supplies, … mais rien ! Tu t’assieds quelques instants au sol, le dos contre la porte close. Tu tentes de réfléchir. Rester là ? Y passer la nuit ? Elle serait bien obligée de te reparler le lendemain … Mais la fraiche brise de la soirée aura raison de toi. Trop froid. Tu te lèves alors, décidant de jeter les armes pour ce soir. De toute façon, tu n’étais pas franchement en mesure de plaider ta cause correctement.

Au volant de ton 4x4, tu fais démarrer le moteur après deux tentatives avortées. Lorsque enfin l’engin vrombit, Al ressort soudainement de la maison. Ton visage s’illumine comme un enfant la veille de Noel. Tu lui décroches même l’un de tes plus beaux sourires. Al ouvre la portière côté conducteur et - sans que tu n’aies le temps de la rattraper - elle s’empare de tes clés de voitures, l’air toujours aussi fâchée, et disparait à nouveau. Toi, une fois de plus, tu restes plantée là, idiote, bouche bée et maintenant forcée de marcher ! Al avait toujours détester que tu conduises en ayant bu. Même très peu. Alors ce soir, elle ne t’avait pas laissé le choix. Tu y verrais surement un acte d’amour demain, mais là tout de suite, ta peine fait place à l’énervement. “Putain tu fais chier !!” Tu sors de la voiture, claques ta portière avec violence et cogne  à poing fermé dans sa boite aux lettres.

Le chemin de retour te semble terriblement long. Tu as froid. Tu râles. T’es pas bien. Tu te sens incapable de gérer ce tourbillons d’émotions. Tu penses à appeler Andrea, ou une autre. Ça finirait surement mal. Tu ne ferais qu’aggraver ton cas. Tu hésites, parce que tu en as envie. Que t’es pas toute nette dans ta tête. Au final, toute cette réflexion et ce combat avec toi-même te prend plus de temps que tu ne le voudrais. Tu tombes sur un café faisant le coin, à l’intersection de Pine Avenue et la 7ème. Tu n’y avais jamais mis les pieds. Rustique, en bois, une antre de mecs. Tu grognes, tu te fous dans un coin au comptoir et enfiles les shots. Ce n’est pas franchement une meilleure idée que de s’envoyer en l’air avec une inconnue mais de toute façon, t’avais plus la bagnole et t’avais clairement besoin de noyer ton cerveau après ce rejet.

Tu ne sais pas combien de temps tu étais restée dans ce bar, ni comment tu avais réussi à finalement te retrouver dans la bonne rue, mais ça y était, tu allais enfin rentrer chez toi. Tu ignorais complètement l’heure mais tu doutais fortement arriver à temps au boulot le lendemain …
Tu ne marches plus très droit et le monde autour de toi semble flou et mouvant. Les maisons se mélangent, les parterres de fleurs te semblent tous identiques, les arbres bien rangés le long des trottoirs de donnent le tournis. Tu secoues la tête, cherches tes clés dans ta poche et t’avance à la hâte vers ta porte d’entrée. Tu te réjouis d’y être, de refermer la porte derrière toi et de fermer les yeux. Mais avant ça, faudrait-il encore que tu arrives à rentrer cette foutue clé dans la serrure. Tu as l’impression que tu deviens dingue, ça ne va pas, ça ne rentre pas, ça ne tourne pas. Tu t’acharnes et tu jures. Décidément cette fin de journée est épuisante et déprimante. T’as juste envie de tout foutre en l’air !!

Il y avait des occasions parfois qui poussaient Leona à retourner chez ses parents le temps de quelques jours et ce soir était l’une de ces occasions. Sa très chère mère fêtait ses quatre-vingts ans, alors elle était venue tôt pour célébrer avec le reste de la famille. Oncles et tantes qu’elle n’avait pas vu depuis une éternité, des amis de sa mère qu’elle avait trop souvent croisés et qui l’avaient toujours jugé du regard pour son ‘mode de vie’ soi-disant original. L’après-midi lui avait semblé durée une éternité, à faire bonne figure, sourire à ces semi-inconnu, amis de la famille qu’elle n’avait pas vu depuis trop longtemps pour se souvenir de leur prénom. Elle avait docilement fait la conversation, fait mine de passer un bon moment, puis avait passé la soirée à ranger le bazar laissé par les invités. « Tu les ranges où les verres à pied ? » sa mère était déjà confortablement installé sur le canapé pour finir sa soirée d’anniversaire loin de la cuisine et de la vaisselle qui était à présent propre. « Dans le meuble bleu Leona. Ça a toujours été dans ce meuble-là. Si tu passais plus souvent nous voir tu t’en souviendrais. » Lenny soufflait un simple merci, levant les yeux au ciel avant de tourner les talons. Ça avait été comme ça toute l’après-midi, elle n’était plus à une remarque près.

« Te couche pas trop tard. » avait-elle chuchoté en venant poser un baiser sur la joue de sa fille. La soirée c’était terminée devant la tv, devant le film préféré de madame Swanson et voilà que les deux anciens partaient pour rejoindre leur lit. Lenny elle trainait encore un peu, avant de sortir se fumer une cigarette sur le porche. Il faisait relativement doux ce soir, alors elle s’attardait un moment, profitant du calme de ce quartier résidentiel, avant de, à son tour, rejoindre sa chambre pour aller se coucher. Enfin, la chambre d’ami qui fut, autre fois, sa chambre et que ses parents c’était empressée de débarrasser de toutes ses affaires dès son départ du pays. Elle avait entrouvert la fenêtre pour laisser rentrer la fraicheur nocturne et ne pas étouffer dans la maison surchauffée de ses parents et fut, du coup, réveillée au beau milieu de la nuit par des injures, lâchés juste sous sa fenêtre. « What the fuck… » souffla-t-elle en se tirant du lit, enfilant son peignoir avant de rejoindre la porte d’entrée. Elle déverrouillait cette dernière d’un coup sec avant de l’ouvrir et de fusiller du regard la personne qui se tenait de l’autre côté. « Si c’est un cambriolage: réessayez demain. » lâchait-elle alors que son regard se posait sur Sana, la voisine. « Sana? » qu’est-ce que la voisine faisait ici à une heure pareille ? Lenny la détaillait du regard, notant les clefs qu’elle avait à la main, avant de très vite comprendre ce qu’il se passait. « Oh…Tu sais que tu habites au onze et que ça c'est le treize ? » Elle lançait ça sur une pointe d’humour, probablement pour ne pas contrarié la brune qui semblait un peu éméchée.

T’es à deux doigts de te mettre à fracasser cette porte non coopérative, lorsqu’elle s’ouvre soudainement et sans crier gare. Tu n’as pas entendu les pas se rapprocher de l’autre côté. L’ouverture soudaine te surprend et ta silhouette vacille vers l’avant sentant ton support se dérober sous ton appui. “Holy shit !!” De justesse, tu te rattrapes maladroitement à l’encadrement de la porte. T’as laissé tombé tes clés. Ta tête tourne encore plus. Tu grognes dans ta barbe avant de redresser le visage et de tenter d’analyser ce qui était en train de se passer. Une voix résonne. Des premiers mots ont été prononcés mais tu n’as pas compris. Ensuite ton prénom “Sana?”. Tes iris remontent le long d’une silhouette plus grande que toi. Elles s’arrêtent sur un visage familier. Leona. Tu restes plantée là, le regard interrogateur, bouche bée, quelques longues secondes. “How … ? I mean … You …” Tant bien que mal, t’essayes de faire sens à tout ça. Qu’est ce que Leona foutait chez toi ?! Tes neurones s’activent comme il le peuvent. Tu finis par pointer un index vers elle : “ I know I didn’t do you ! I could … But I did not !!” Tu penses tout haut. T’essayes de te convaincre. Tu repenses aux raisons de ta dispute avec Al, à tes infidélités. Alors franchement, trouver une meuf canon ouvrir ta porte d’entrée, ça te poussait à te poser de sérieuses questions. Etais-tu aussi paumée que ça pour ne même pas te souvenir d’avec qui tu couchais ? Non, pas possible ! Leona, tu t’en souviendrais, c’est certain !

Et puis, comme une évidence éclairée, la grande brune t’indique avec un sourire amusé que tu t’es simplement plantée de maison. Nouveau silence. Tu recules d’un pas, observes le numéro sur le côté de la bâtisse. Tu jettes un oeil par delà le jardin, chez toi, et tout prend sens en un éclair. La stupidité t’envahi comme un raz-de-marrée. Tu te sens terriblement conne. “Oh my God … I can’t do anything right !” T’es dépitée. T’as juste envie de te barrer de là, de disparaitre. Ton état était pitoyable et tu le comprenais de plus en plus. Tu fuis le regard de Leona et te penches pour ramasser tes clés. La cascade semble périlleuse. Tête en bas, ça tourne encore plus. Lorsque tu te redresses, les clés en main, tu chavires à nouveau. Ta main droite cherche une ancre dans le vide avant de venir s’accrocher au bras de la fille des voisins. Tu serres les dents. Allez, come on San’, get it together ! Tu la lâches. “Sorry, forget about it. This never happened. I’ll get out of your way” Comme pour être certaine de ne plus les lâcher, tu resserres ta poigne autour du trousseau de clés ramassé. Ce simple geste réveille une vive inflammation dans ton articulation. Tu étouffes un cri de douleur avant de poser les yeux sur ta main. “Fuck !” Tes jointures sont ouvertes et ta main commence à gonfler. Sur le coup, en frappant dans la boite aux lettres de Al, tu n’as rien senti, rien remarqué. Mais maintenant que la blessure refroidissait, la douleur se réveillait. Génial !

« You could? » répétait Leona alors qu’un sourire amuse venait étirer ses lèvres. Elle ne savait pas vraiment comment elle été supposée prendre cette information. Est-ce que Sana était simplement très sûr d’elle, ou est ce qu’elle savait combien Lenny pouvait être faible et volage ? Quoi qu’il en soit la présence de Sana, clairement éméché, sur le pas de sa porte l’amusait grandement.
Un silence s’installait alors que la voisine semblait être soudainement frappé par la réalité de la situation. Elle reculait d’un pas, le regard fuyant, perdait l’équilibre et venait se rattraper au bras de Leona qui s’en hésiter l’aidait à tenir debout. « It’s ok, don’t be so hard on yourself. » murmurait-elle alors que Sana la lâchait, pourtant encore bien instable sur ses deux pieds. « Don’t be stupid, come in. Let me at least clean that nasty hand of yours. Then I’ll walk you home. » insitait-elle avant de venir prendre Sana par le bras pour l’entrainer à l’intérieur. La jeune femme était visiblement bien trop alcoolisée pour empêcher Leona de l’amener jusqu’au salon de la maison familiale. Celle-ci l’installait doucement sur le canapé avant d’aller chercher une trousse de premier soin, rangée non loin et de venir s’asseoir sur l table basse, juste en face de Sana. « What happened to your hand? » demandait-elle tout en sortant un coton et du désinfectant pour nettoyer les plaies au niveau de ses phalanges. Sa main était déjà un peu enflée, rougis par le sang séché de ces égratignures. Elle avait clairement donner un sacré coup de poing à quelqu’un ou à quelque chose et l’espace d’un instant Leona se demandait si elle n’était pas en train d’aider une fugitive.

Ton état ne te permet pas de relever le fait que Leona a parfaitement bien entendu ton allusion première. Et c’est tant mieux ! Car tu en serais très certainement morte de honte. Ou du moins demain. Si tu t’en souvenais. Mais pour l’instant - de ton point de vue brouillé - dans ta caboche, il n’y avait qu’un ramassis de pensées mélangées et non-évoquées.

Tu te lamentes comme une gamine qui n’aurait pas fait la sieste. Tu pleurniches, tu ronchonnes. Et pour une fois, tu t’accables - à juste titre - de toutes tes conneries. T’avais vraiment beaucoup bu. Beaucoup trop. Tu n’étais pas du genre à craquer facilement et ta tolérance aux substances récréatives était bien élevée. Ce soir, t’avais donc dépassé tous les seuils. Volontairement. Te foutre la tête en l’air pour tout oublier. La tête en l’air ? C’était fait. Oublier ? Pas vraiment non. « It’s ok, don’t be so hard on yourself. » Tu lâches un vulgaire grognement, presqu’un soupire : “If there’s one thing I know, it’s that I’m never hard enough on myself …” Tu continues ton petit manège entre marmonnements et acrobaties sans élégance.

Quelque part au milieu de ce pathétique tableau, Leona semble touchée par ton état. Ça, ou seule la pitié qu’elle t’accorde la pousse à agir. « Don’t be stupid, come in. Let me at least clean that nasty hand of yours. Then I’ll walk you home. » Avant même d’avoir pu interjeter, ni même ouvert la bouche, te voilà embarquée par la grande brune. Tu sens ton corps soudainement bien plus soutenu et ta démarche s’en trouve bien allégée. Pas la force de lutter. Pas l’envie non plus. En quelques seconde, te voilà installée dans un sofa particulièrement moelleux. Trop ? Tu as l’étrange impression que les coussins de l’assise ont pour but de t’engloutir. Tu ne dis rien. Tu dois divaguer. Tu laisses ton dos venir se reposer contre le dossier et ne peux empêcher ta tête de partir à la renverse.
Leona t’a laissé. Une poignée de minutes à peine. Tu l’entends plus loin. Quelques bruits qui te sont inconnus. Tu ne cherches pas à comprendre, tu laisses simplement ton regard balayer le plafond sur lequel il est vissé. Et notamment, ce petit lustre en cristal. Il y a plein d’ornements qui pendent et tourbillonnent. Ça n’aide pas ta tête. Oubliant complètement qu’il ne s’agit pas du domicile de Leona, tu laisses échapper le fond de ta pensée : “Maaaan, you’ve got some weird tastes in home-deco”

Soudain, une main t’aide à te redresser un peu. Leona est de retour. Ça te fait rire. T’as l’impression qu’elle se déplace par téléportation. T’arrives pas vraiment à tout suivre … Enfin bref. Assise sur la table basse te faisant face, elle sort un peu de matos d’une trousse de secours. « What happened to your hand? » Ton sourire disparait. Des flash de ton milieu de soirée te reviennent. Al’, l’engueulade, sa peine, la tienne. Puis ton énervement. Ah oui et tes clés de voitures qu’elle te confisque. Ton visage se chiffonne. “It came across a very obnoxious mailbox” Heu, oui, c’était une façon de voir les choses … Tu laisses un petit silence s’installer avant d’ajouter : “I had to walk into the cold because of her !” Comme si l’essence du problème résidait en ce stupide détail … “I mean, because of Al’, not the mailbox” Ton discours est ridicule et probablement assez compliqué à suivre, ou tout bonnement à comprendre. Mais pour toi, c’était limpide comme de l’eau de roche. “She took my keys. It frustrated me.” Tu viens poser ton regard volant sur le coton imbibé que Leona prépare. Sans perdre le nord, tu énonces avec confiance : “I might need a drink if this hurts”. Tu ponctues par un clin d’oeil complice ainsi qu’une mine que tu désires irrésistible mais qui ne doit probablement ressembler à rien en cette seconde ! Pour le charme, on repassera …

Sana n’était pas en état de rentrée seule et pourtant elle habitait littéralement de l’autre côté de la rue. Leona l’installait sur le canapé la laissant juger l’intérieur de la maison alors qu’elle revenait s’installer près d’elle pour nettoyer gentiment sa main. Ouais, la décoration était vieillotte, ce n’était rien de le dire mais il fallait garder à l’esprit que c’était chez ses parents, soit un vieux couple de quatre-vingts ans qui n’avait pas redécoré la maison depuis une bonne trentaine d’année. Elle ne relevait pas, préférant la questionner sur sa blessure. « So you’ve …punched a mailbox because you had a fight with your girlfriend? » concluait Lenny en venant imbibé un coton de désinfectant.. « I get why she took your keys though… » notait-elle en grimaçant. « You smell like bad vodka. » ajoutait-elle. Ouais, non seulement on pouvait voir qu’elle avait trop bue a plus de trois cents mètres, mais en plus on pouvait aussi le sentir. “I might need a drink if this hurts” Leona pouffait de rire avant de lâcher: « I think you’ve had enough drinks for one night darling. » Un de plus et Sana allait devoir ramper jusqu’à chez elle. Sans rien ajouter Leona venait tapoter le coton imbibé de désinfectant sur les phalanges de sa voisine, frottant légèrement pour effacer le sang sec et faire apparaître de petites coupures. « I’d like to see this mailbox, I’m sure it got it worse than you. » plaisantait-elle, comme si la boite aux lettre que Sana avait frappé était un être humain que celle-ci avait vilainement amoché. En tout cas, c’était certain qu’elle s’en sortait bien. Bon elle aurait probablement mal à la main durant quelques temps dû au coup, mais rien ne semblait cassé a premiers vu. « I’m no doctor but I think you’re gonna be alright. What happened between you and… Al? »

Leona applique le désinfectant sur le coton. Tu observes ce dernier absorber le liquide avec fascination. Tu te perds dans cet infime détail au point de presque manquer les paroles de la brune. “Hm ? What ?” Tu redresses le regard sur elle. « So you’ve …punched a mailbox because you had a fight with your girlfriend? » Tu hausses les épaules. Ça te fait tout bizarre d’entendre le mot “girlfriend” associé à la personne de Al’. C’était tout aussi agréable à l’oreille que complètement flippant. Tu ne savais même plus ce que vous étiez. Pouvait-on seulement être en couple en allant fauter ailleurs à répétition ? “Sort of …”

Tu lui expliques à ta manière décousue l’épisode des clés de voiture ainsi que ton énervement en résultant. Au final, ce coup de poing, ce n’était pas tant pour ta voiture que tu l’avais laissé filé, mais probablement bien plus pour extérioriser ta propre déception. « I get why she took your keys though… » Tu fronces les sourcils, mine boudeuse. « You smell like bad vodka. » Tu grimaces à l’attention de Leona. Ta manière personnelle et parfaitement immature de répondre à cet “affront”. Preuve ô combien probante de ton état délabré. Car s’il y avait bien une personne qui t’impressionnait et que tu trouvais fascinante, c’était elle. Sans la connaitre plus que ça, cette femme t’en bouchait un coin. C’était indescriptible. Peut-être infondé. Mais Leona, c’était l’idéal. The one. Celui qu’on atteint pas mais qu’on respecte de loin. Enfin ce soir, on repassera pour le respect. “Well, joke’s on you ! I didn’t drink any vodka ! … Or … Did I … ?” Bonne question ! Pas au début. Mais après ? C’est tout noir. Alors qui sait ? Ce ne serait pas si étonnant que ça. Surtout si c’était cheap. “I don’t care. Don’t have anybody to kiss anyway”.

Juste avant que ton infirmière personnelle n’applique le coton sur ta plaie, tu te tentes à soudoyer une récompense. « I think you’ve had enough drinks for one night darling. » Elle rigole. Et finalement, toi aussi. Juste un peu. Car ta tête tourne encore beaucoup trop pour te laisser aller à toute émotion exubérante. “Luckely for you, it doesn’t hurt that much” Oui enfin, heureusement pour toi surtout, Sana ! Techniquement, Leona s’en fout ! C’est certain. Et honnêtement, au vu de la quantité astronomique d’alcool que tu as dans le sang, il est plutôt logique que ta douleur soit anesthésiée. « I’d like to see this mailbox, I’m sure it got it worse than you. » Elle te taquine. Tu pouffes avant de prendre soudainement conscience d’une pensée qui te tracasse. Exemple même de l’angoisse infondée d’une personne saoule. “Ô God ! I’ll have to buy her a new one. I don’t even know where to get that ? The post office ? Super market ? How much does it cost ? I’m just a cop, I don’t want to get a store credit for that shit !” Easy tiger ! Quelques heures te suffiraient surement à apaiser ton esprit et relativiser. Une boite aux lettres, c’est loin d’être la fin du monde. Ton couple en éclat par contre … c’était autre chose.

« I’m no doctor but I think you’re gonna be alright.” Leona arrive à détourner ton attention sur ta main. Tu poses le regard sur ta blessure. C’est trop près. C’est tout flou. Tu hoches alors simplement la tête, lui faisant confiance sur ces compétences. “I hope or I’ll have a serious problem at work. You know, shooting bad guys and all” Ce sera plutôt la loose au stand de tir mais passons. “What happened between you and… Al? » Tu expires lourdement. Coudes sur tes genoux et tête enfouie dans tes mains comme pour échapper au regard du jugement. “Classic shit. I cheated. Again. And not only once …” Ta voix est tremblante. Sur le point de craquer. Tu ne pleures pourtant presque jamais. Mais ce soir, les filtres ont disparus, et ce, à tout point de vue. 

Où acheter une boite aux lettres, ça c’était une bonne question et l’espace d’un instant Leona se surprenait à réfléchir à son tour à la réponse alors que sa voisine paniquait. « Amazon. » finit-elle pas dire à mi-voix, avant de commenter sur l’état de la main de la jeune femme. « Well using a gun might be painful so… you’ll have to do some paperwork for a week I think. » Il valait mieux qu’elle repose sa main, celle-ci risquait d’être un peu enflée et douloureuse dans les jours à venir. “Classic shit. I cheated. Again. And not only once…” Sa voix était tremblante alors que Lenny rangeait le désinfectant dans la petite trousse de soin qu’elle avait sorti un peu plus tôt. Les tromperies ça elle connaissait, elle avait visiblement un peu plus de contrôle que Sana, mais pouvait néanmoins s’identifier sans mal. Elle s’imaginait dans la même situation si Lise apprenait ce qu’elle avait fait avec Scarlett. Enfin presque la même situation, parce que même bourrée Lenny ne ferait pas l’erreur de mettre un coup de poing dans une boite aux lettres, simplement parce que ses mains c’étaient toute sa vie, sa carrière, sa passion, et qu’une blessure pouvait mettre fin à tout ça. « It’s okay, let it out. » murmurait-elle, venant caresser doucement le dos de sa voisine qui clairement avait besoin de pleurer un coup. « There’s probably a reason behind the cheating… I guess. » gosh, she was so bad at this, déjà parler de base n’était pas ce qu’elle faisait de mieux, mais être réconfortante c’était le pire. Puis comment pouvait-elle justifier la tromperie quand elle-même ne savait pas pourquoi elle allait sans cesse voir ailleurs. « I think for me… it’s more of a game. The fun of the chase you know? But maybe you… maybe you cheat because you’re scared to start a serious relationship? » Damn voilà qu’elle se la jouait psychologue à deux dollars. Et si elle allait voir ailleurs pour cette exacte raison aussi ? [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]. Elle tapotait gentiment le dos de la jeune femme. « It’ll be alright. Try to sober up and apologize. » conseille très classique, elle ne prenait pas trop de risque pour le coup. « Or try to not get caught. » Ouais, là pour le coup elle savait de quoi elle parlait, elle avait quand même réussi a tromper son époux pendant six ans.

La terrible angoisse soudaine pour cette histoire de boite aux lettres s’apaise aussi rapidement que son arrivée fulgurante. Tout d’abord, car ton esprit n’a de cesse de jouer au ping pong avec les souvenirs de cette soirée, et ensuite, parce que - très pragmatiquement - Leona venait de te donner une solution. Amazon. Ah oui. Pas con. Ok. Voilà qui te calme direct. A retenir, si tant est que tu te souviennes de quoi que ce soit demain.

« Well using a gun might be painful so… you’ll have to do some paperwork for a week I think. » Tu lèves les yeux au ciel et soupires lourdement. “Oh great !! This is fantastic ! Perfect timing ! Really … ” Evidemment l’ironie de ton propos n’est plus à démontrer. Il ne te manquait vraiment plus que ça. Toi qui commençais à peine à prendre tes marques dans ta nouvelles brigade. Et puis surtout tu devais encore lourdement pousser pour qu’on te fasse confiance. Alors devoir - à nouveau - être relayée au bas de l’échelle, … et bien soyons clair, tu aurais pu péter un plomb !

Décidément, cette soirée allait de déception en déception. Le seul point positif était que tu n’étais pas seule. Que Leona était là pour t’aider un peu et tenter, comme elle le pouvait, de ramasser quelques morceaux. La pauvre, d’ailleurs. Et comme si ce n’était pas assez, que tu n’avais pas été assez chiante jusque là, te voilà pliée en deux en train de pleurnicher dans son salon (Tu ne te souviendrais surement que demain que ceci n’était pas le domicile de Leona). Fallait que ça sorte, tout ça c’était de trop pour une seule nuit. « It’s okay, let it out. » De manière à moitié audible, tu ne trouves rien de mieux à rétorquer que “It’s not ok …” Voilà qui est constructif …
Tu sens la main de Leona dans ton dos. C’est une chaleur agréable. « There’s probably a reason behind the cheating… I guess. » Probablement oui. Très certainement même. Encore fallait-il savoir quoi exactement, et ensuite, il fallait cette volonté de fer pour bosser sur soi-même. Le genre de volonté que tu n’avais jamais véritablement eue. Sauf pour ton job. Ta plaque, tu la voulais et tu l’as décrochée. Tes dossiers, tu t’y donnais corps et âme. Mais à part ça, ou plutôt lorsqu’il s’agissait de personnel, d’émotions et de sentiments … le navire était vide ! « I think for me… it’s more of a game. The fun of the chase you know? But maybe you… maybe you cheat because you’re scared to start a serious relationship? » La tête toujours enfouie dans tes mains, cachée du regard de Leona, tu tentes de “processer” ce que tu viens d’entendre. As-tu bien compris ? Leona venait-elle d’évoquer sa propre tromperie ? Naaan t’étais juste vraiment déchirée ! Pourtant, tu lui réponds malgré tout : “What if it’s all at once. You know ? The whole package. God, I’m fucked up !” Parce que clairement, il y avait là tout autant la peur de l’engagement qu’une certaine addiction. Oui, à ce point là, on pouvait presque en parler. Tu aimais bien trop les femmes pour arriver à leur résister. Arriver à ne pas te lancer dans un jeu malsain de séduction. C’était plus fort que toi. « It’ll be alright. Try to sober up and apologize. ». Le pire dans tout ça, c’est que la seule avec qui tu aurais pu envisager un avenir, la seule dont tu ne te lassais pas et la seule pour qui tu désirais vraiment te battre : c’était Al. Si seulement elle pouvait lire en toi plutôt que tes actes … “I love her. I don’t seem to know how, but I really do” Pauvre petite chose pathétique. On pourrait presque te prendre en pitié. Oh wait. Ça c’était déjà fait ! Regardez moi cette pauvre Leona …  « Or try to not get caught. » Nouveau silence. Cette fois tu as bien entendu. Tu redresses la tête en reniflant et essuyant tes yeux du revers de ta manche. “What ?!” Le silence et le regard de Leona te confirment sans le dire que tu as parfaitement compris ce qu’elle venait d’évoquer. Tu entre-ouvres les lèvres pour lui répondre, lorsqu’une violente vague de chaleur remonte le long de ton échine. Tes yeux écarquillés savent ce que cela présage. Ton estomac se retourne. Tu te lèves d’un bond et te rattrapes au dossier du sofa pour ne pas t’écrouler. La pièce continue de tourner et tes jambes sont encore faibles. “I’m gonna be sick !” Une main plaquée contre ta bouche, ton regard balayes infructueusement les alentours à la recherche d’une toilette ou d’une salle de bain. 

“What if it’s all at once. You know ? The whole package. God, I’m fucked up !” Leona grimaçait presque. Elle ne savait pas vraiment comment l’aider sur ce point-là, puisque ce genre de remarque la faisait elle-même se remettre en question. Est-ce que c’était vraiment juste un jeu pour elle, ou est ce qu’il y avait autre chose derrière ça ? Un manque de confiance en soit, la peur de l’engagement, de perdre sa liberté, de ne plus être attirante…? Et le besoin de rendre l’autre jalouse ça jouait aussi non ? Bref c’était bien plus complexe qu’elle ne voulait bien l’admettre et elle n'avait pas vraiment la tête a y réfléchir d'avantage a cette heure tardive. « We’re all fucked up in our own ways. It's okay. » notait-elle simplement avant de lâcher un conseil un peu moins sage. Ne pas se faire prendre, ouais de son côté c’était comme ça qu’elle marchait malheureusement. Evidemment il était plutôt conseillé de ne pas tromper, mais c’était plus facile à dire qu’a faire. Soudain, Sana se tirait du canapé, titubante et toute pale. “I’m gonna be sick !” Et sans rien dire Leona l’accompagnait jusqu’aux wc, attachant ses longues mèches brunes en une couette pour qu’elle puisse vomir. « There, there. » Elle tapotait gentiment son dos. « I’m gonna walk you home and put you to bed, you really need to sleep it off. » ajoutait-elle en attrapant quelques carreaux de papier toilet afin que Sana puisse s'essuyer la bouche. Elle lui laissa une ou deux minutes pour se remettre avant de l'aider a se lever, de tirer la chasse d'eau et de l'accompagner dehors.

« We’re all fucked up in our own ways. It's okay. » A cette heure et dans cet état, il n’y plus grand chose qui fasse réellement sens et encore moins qui ne te reste en tête. Juste ces quelques mots là. Parce que c’était une évidence fataliste qui résumait parfaitement bien la situation !
Lorsque soudain tu te lèves animée par une vague de haut le coeur, c’est à nouveau les bras de Leona qui te guident vers les toilettes les plus proches. Juste avant de te laisser aller, tu tentes un mouvement de bras pour l’éloigner, en vain. Elle reste là, attache tes cheveux et te supporte d’une nouvelle main dans le dos. « There, there. » Dear God ! Si cette nuit ne finissait pas par t’achever, la honte de demain s’en chargerait surement ! Mais ça, tu n’en as pas encore conscience.

Une fois le trop plein du venin évacuer. Un violent mal de tête t’envahi. Tu grimaces en attrapant les morceaux de papier toilette que te tend ton hôte. Tu essuies ta bouche, jettes le tout dans le pot et étire ton bras jusqu’au haut du réservoir pour tenter d’atteindre la chasse. Trop haut. Tant pis. “Great. Now I guess I’ve traded the “bad vodka” fragrance for puke …” Tu restes un moment, là, par terre, sur le carrelage froid. Ton regard se pose sur le haut d’un petit meuble où trône un canard en porcelaine rose. Une décoration surement. Tu fronces les sourcils. “What’s that shit ?!” Tu penses mais ne dis rien. Ne plus parler c’est bien aussi. « I’m gonna walk you home and put you to bed, you really need to sleep it off. » Leona t’aide à te redresser et se charge d’évacuer la trace de ta présence laissée si gracieusement …

Une fois dehors, le frais de la nuit te fait le plus grand bien. Tu inspires à plein poumons. Et si ta tête est toujours aussi douloureuse, elle ne tourne plus aussi fort. Le monde semble récupérer des contours nets et cela t’apaise. Agrippée à la fille des voisins, tu te laisses guider, non sans apprécier la présence de cette chaleur humaine. “When I pictured you putting me to bed, this was never what I had in mind …” Visiblement, il faudrait attendre encore un peu pour que tu dé-saoules complètement. Tu accordes à Leona un sourire se voulant charmeur et laisse ta tête venir reposer sur son épaule, le temps que vous arriviez jusqu’à ta porte. Tu parles d’une drague réussie ! 

“Great. Now I guess I’ve traded the “bad vodka” fragrance for puke …” Non et dieu merci sinon c’était Leona qui allait finir par vomir. Elle préférait mille fois l’odeur de l’alcool qui lui donnait une petite idée de la soirée qu’avait passé Sana, plutôt que celle de ce qu’elle venait de rendre dans les wc. Elle l’entrainait jusqu’à l’extérieur, tirant vaguement la porte derrière elle pour suivre le pas chancelant de sa voisine et l’aider à traverser la rue. Elle la soutenait un peu alors que la jeune femme venait reposer sa tête contre son épaule. « Well me neither. I never thought I’d had to mother you like that but here we are. » lâchait-elle en pouffant de rire. Oui clairement elle n'avait jamais imaginé ça. Jouer les mère avec sa propre fille, oui, évidemment, mais avec la voisine de ses parents? Non. Elle la connaissait que très peu et cette soirée allait certainement les rapprocher! Ou en tout cas bouleverser un peu leur relation qui était jusqu'à présent sans aucun piment. « Watch your step. » ajoutait-elle alors qu’elle l’aidait à monter les quelques marches pour atteindre sa porte d’entrée. « Now you can try this key of yours again. » annonçait-elle en la relâchant, pour la laisser ouvrir sa porte.

Le minuscule bout de trajet à l’air libre te fait du bien. Tu as l’impression de mieux respirer, qu’un poids a été ôté de tes épaules. Ça ne reste pas la grande forme et au vu de ton comportement toujours complètement déplacé, tu ne prends pas pleine conscience de ton état. « Well me neither. I never thought I’d had to mother you like that but here we are. » Elle pouffe. Au moins ça la fait rire. C’est déjà ça. Elle aurait tout aussi bien pu te détester pour la nuit sans repos que tu lui offrais. And not the fun kind. Mais Leona semblait plus mature et gérait la situation avec digne. Contrairement à d’autres …

« Watch your step. » Quelques marches de franchies et enfin te voilà arrivée devant la bonne porte d’entrée. Tu observes un peu mieux la façade et tu restes persuadée que tout se ressemble dans cette rue. En réalité, pas vraiment. Chez les parent de Leona par exemple, le petit jardin de contour est proprement arrangé. Des fleurs ont été plantée et les peintures extérieures sont impeccables. Ici, les maisons ne sont pas tres luxueuse. Juste ce qu’il faut. Mais certains arrivent clairement à en faire de jolis petits nids. Chez toi … c’était … différent dirons-nous ! Tu n’avais pas franchement le temps. Et lorsque tu l’avais tu préférais te concentrer sur autre chose que les tâches ménagères. Ainsi, ta devanture aurait bien besoin d’un coup de frais, ta pelouse était trop haute, et le rocking chair en bois sur le petit porche d’entrée devait être vernis. Mais bon. « Now you can try this key of yours again. » Petit sourire en coin. Valait mieux en rire non. Tu te tiens au contour de porte d’une main et fouilles tes poches de l’autre. Lorsqu’enfin tu trouves le trousseau, tu t’attèles à la tâche avec un sérieux et une concentration digne d'un gag. Il te fallait bien ça !

Une mine ébahie illumine ton visage lorsque la porte s’ouvre. Comme si toi-même, tu n’y croyais plus vraiment. “It worked !” Pas franchement de la magie mais laissons-lui ce petit instant de victoire. Tu entres en titubant encore un peu mais t’aidant plus aisément des meubles dont tu connais l’emplacement. T’as pas fermé derrière toi car c’était évident à tes yeux que Leona rentrerait. Tu lâches tes clés sur un petit meuble où s’entasse du courrier. Dans le salon, et partout d’ailleurs, du bordel. C’est pas la vraie cata, mais c’est loin d’être du Marie Kondo. Agrippée à ta bibliothèque, tu ôtes tes bottines sans t’aider de tes mains, talons contre talons. Tu enlèves ta veste, et tu te dépatouilles avec un effort considérable pour ôter ton tee-shirt et ne pas te noyer dans le tissu. Tu laisses tout tomber à tes pieds. Rien à faire. Tu rangerais demain. Ou après. Ignorant complètement la présence de Leona, tu te tentes à l’épreuve de la ceinture de ton jeans. Bad idea. Trop compliqué. Et puis la tête penchée, ça recommence à tourner. Tu grognes. Abandonnes. Tu jettes un oeil sur la volée d’escaliers qui t’attend et reposes ton attention sur Leona “I might need your help one last time. I’d be capable of killing myself in these” Et pour le coup, c’était pas faux. Une mauvaise chute aurait pu vite arriver. 

Sana glissait enfin la clef dans la serrure – la bonne serrure ce coup-ci ! – et ouvrait sa porte d’entrée avec un regard ébahi. Non elle ne venait pas de jeter un alohomora, mais simplement d’ouvrir sa porte d’entrée avec son trousseau. Rien de plus ordinaire. Mais bon, Leona ne disait rien, ne voulant pas ruiner le petit bonheur de sa voisine qui avait eu une soirée franchement merdique jusqu’ici. Elle la suivait, presque timidement à l’intérieur, refermant lentement la porte derrière elle alors que Sana jetait ses clefs dans un coin et se mettait presque aussitôt à se déshabiller. Lenny ne savait pas vraiment où se mettre. Oui techniquement Sana n’était pas son genre de fille, puis Leona n’était pas du genre à profiter d’une fille bourrée, mais la jeune femme lui avait fait du rentre dedans depuis le moment où elle l’avait trouvé devant sa porte, alors elle ne pouvait s’empêcher d’y voir là une perche tendue. Perche qu’elle se refusait d’attraper, par principe. Enfin ça c’était avant que Sana ne se retourne vers elle pour lui demander de l’aider. L’aider avec sa ceinture ou avec les escaliers, ce n’était pas très clair, mais Leona ne pouvait pas la laisser comme ça. « Okay. » lâchait-elle simplement venant soutenir la jeune femme, qui n’avait plus qu’un soutien-gorge en guise de haut, pour l’aider jusqu’à l’étage. Il leur fallut quelques longues minutes avant d’atteindre la chambre de Sana, dans laquelle Leona pris la peine de guider la jeune femme jusqu’à son lit. « Ok, now I’m gonna do one last thing, just so you can sleep comfortably, but I do hope you won’t remember any of that tomorrow, cause this is a little weird. » lâchait-elle, avant de venir défaire rapidement la ceinture qui maintenait le pantalon de Sana. Puis sans rien dire, d’une simple pression sur l’épaule dénuder de la jeune femme, Leona la poussait en arrière afin qu’elle ne s’allonge sur le lit. Elle attrapait le bout de son pantalon, tirait un coup sec dessus pour s’en débarrasser, avant de le plier pour le poser au pied du lit, là où il y avait déjà tout un tas de vêtement froissé. Puis, puisqu’elle était lancée, elle installait la jeune femme au fond du lit, avant de tirer la couverture sur elle. En tout bien tout honneur. Même pas un regard baladeur. « Now you sleep. And if you want to talk about it tomorrow: you know where to find me. » Ce n'était pas une invitation pour discuter de ce retirage, bien trop expérimenté, de pantalon, plutôt pour parler de ses soucis de couples, si toute fois le cœur lui en disait. Mais Leona n'avait pas envie de rentrer dans les détails, donc libre à Sana d'interpréter ça comme elle le voulait. Lenny espérait juste ne pas la voir débarquer chez ses parents en petite tenue.

L’escalade aurait clairement été des plus périlleuses sans l’aide de Leona. Car même avec elle, tu n’as jamais pris autant de temps pour grimper ces foutues marches. Au final, t’être trompée de porte n’était peut-être pas si mal. Sans elle, tu te serais surement et simplement effondrée sur ton canapé, ou carrément à même le sol.

Une fois arrivée dans ta chambre, Leona prend soin de t’assoir sur ton lit. Venant planter son regard dans le tien avec insistance, elle t’adresse ses quelques mots bien en face, comme pour s’assurer que tu comprennes bien (pas gagné) : « Ok, now I’m gonna do one last thing, just so you can sleep comfortably, but I do hope you won’t remember any of that tomorrow, cause this is a little weird. » Tu hausses un sourcil pas certaine de comprendre. T’hésites entre savoir si c’est toi qui est vraiment bête ou si c’est juste l’alcool qui continue d’embuer tes pensées. Dans le doute, tu gardes ta lignée de bourrée chiante et persistes dans la seule idée qui semble garder sens à ton esprit. If only …
Tu attrapes le poignet de Leona et l’attires un peu à toi, l’empêchant de reculer. “You could … stay. You know ? Teaching me “not to get caught” and all …” Oh very smooth Sana ! Very … A croire que tu n’as pas vraiment compris le fond de cette phrase. Ou peut-être un peu trop. Enfin bref. Dans tout les cas, tu continuais de te ridiculiser et le lendemain serait une longue succession de douches froides lorsque que tu retrouverais peu à peu tes esprits et surtout … tes souvenirs. Mais tu n’en es pas encore là.

Sourire béat sur la visage, celui-ci s’étire un peu plus de manière malicieuse lorsque Leona - ayant récupéré son poignet - te pousse à t’allonger sur le dos. Ta pensée s’emballe ! * Oh God ! Is this really happening right know ?! * D’un geste expert et précis, Leona te libère de ton jeans. Mais pourtant, rien ne suit. Et non Sana, fausse alerte ! Leona est une lady ! Tu devrais pourtant le savoir maintenant. Ta mine perd son sourire, sans pour autant que tu ne lui en veuilles. (Manquerait plus que ça). Sur le coup, c’était juste un peu frustrant mais, au final, pas tant que ça. Car à peine Leonna eut-elle terminé de te mettre au lit correctement, prenant soin de te recouvrir, que tu sens déjà tes yeux se fermer. « Now you sleep. And if you want to talk about it tomorrow: you know where to find me. » Tes yeux se ferment en hochant simplement positivement. Dernier effort, dernier soupir : “hm hm thanks !”
Tu n’entendra même pas la porte d’entrée se refermer et encore moins le réveil du matin. Mais ça … c’est une autre histoire !