forget the past and live the present hour (jaden 1)

Les heures défilent toujours plus vite quand je travaille, et ces dernières semaines, je ressens le besoin viscéral de travailler davantage encore, comme si ça pouvait m’aider à ne plus trop penser à Rayan. Cora est un vrai courant d’air, je ne pense même pas à mal, je crois que je suis une compagne en carton ces derniers temps, entre mon boulot, ma fille, et Rayan qui me plombe les pensées. Les verres de vin s’enchaînent, je ne les compte plus. J’ai besoin d’une pause et lâche mes dossiers pour pianoter sur mon téléphone quand j’entends la sonnerie de la maison. Maé. Merde. Jamie avait besoin que je m'occupe de notre fille au moins demain pour quelque chose d'important, du boulot ou je ne sais quoi. Un regard à ma montre et je remarque qu’il est plus tard que prévu, j’espère qu’il ne leur est rien arrivé de grave. Je prends mon verre et file jusqu’à la porte pour l’ouvrir, tombant sur mon ex mari et ma fille qui semble être toujours aussi grognon face à moi. « Salut vous deux, cache ta joie de me voir mon coeur... » Je soupire un peu, en même temps, elle a des raisons de m'en vouloir... « Il est tard, y'a école demain, tarde pas à aller te coucher. » Elle déteste quand je dis école, elle est plus à l’école, mais là elle prend même pas le temps de me reprendre et file directement dans sa chambre. Je me rends compte qu’on est toujours là sur le palier de la porte, j’esquisse un sourire et baisse les yeux sur mon verre de vin. « Hum, c’était pas la meilleure idée du siècle de bosser à côté d’une bouteille de vin. Tu en veux ? Il est délicieux ! » Je lui fais signe d’entrer et referme la porte derrière lui. « Fais comme chez toi, je vais te chercher un verre. » Je lui montre le canapé pour qu’il s’y installe et pose mon verre de vin sur la table basse après l’avoir terminé, et file à la cuisine pour aller lui chercher un verre. « Tu bosses sur quoi en ce moment ? » Tout pour ne pas parler de moi. Technique imparable.

Presque un an qu’Eden est revenue sur Los Angeles. Autant de temps depuis lequel elle rame fermement et moi avec, pour convaincre Maé d’aller chez elle outre le planning prévu. Seulement j’ai un déplacement demain et je refuse de la laisser seule à la maison. Elle est indépendante et n’a pas besoin de moi pour se lever pour aller au collège, c’est un fait, ni même se préparer un repas. Mais j’ai pour point d’honneur de ne pas avoir fait un enfant qui s’élève tout seul. Non pas que je veuille contrôler la moindre parcelle de sa vie, mais c’est une question de principe. Elle a une mère, autant s’en rapprocher quand l’occasion se présente. Je lui en ai voulu et je lui en veux encore de nous avoir laissés pour repartir à New-York, mais les choses sont ainsi, et si moi je ne mets pas d’eau dans mon vin, Maé n’est pas prête de le faire non plus. « Arrête de faire la tête, c’est juste pour deux jours. » Que je lui dis dans la voiture, alors qu’elle entame une grève de la parole, elle est plutôt douée pour ça. Quoi qu’il en soit, elle enfile son casque sur ses oreilles et monte le son. Je soupire. Les femmes sont toutes incompréhensibles à un moment ou à un autre. Peu importe l’âge qu’elles ont.
Je frappe chez Eden, une belle villa, elle a les moyens. Elle n’est pas si loin de la mienne, c’est ce qu’on imaginait être le plus pratique pour Maé. Mais étant donné que la partager est un souci… « Salut vous deux, cache ta joie de me voir mon coeur... » Elle lève les yeux sur sa mère, le même regard bleu et provocateur que le mien. Déjà gamin, j’étais un petit con, je vous laisse imaginer ce que ça peut donner maintenant. Je deviens un vieux con, mais on s’y fait, on prend de la bouteille. Ma fille est juste une ado contrariée, ils le sont tous à cet âge-là. Ça va lui passer. Et on l’aime comme ça. Vu l’adolescence qu’on a eu tous les deux, il ne pouvait en être autrement. « Il est tard, y'a école demain, tarde pas à aller te coucher. » Elle soupire, profondément, un peu comme moi quand je ne comprends pas ce qui est en train de me tomber sur le coin du nez, c’est-à-dire souvent quand c’est à propos d’une femme. Peu importe. « Beauté, un bisou. » Elle fait demi-tour et passe ses bras autour de mon cou pour m’embrasser. On ne part jamais se coucher sans s’embrasser, c’est la règle, on ne sait pas de quoi demain sera fait. Elle est toujours couchée bien plus tôt que moi, véritable insomniaque. « Bonne nuit ma chérie. » Il peut m’arriver n’importe quoi demain, il est important de toujours se quitter en bons termes.
« Hum, c’était pas la meilleure idée du siècle de bosser à côté d’une bouteille de vin. Tu en veux ? Il est délicieux ! » Je pèse le pour et le contre, une micro seconde. Et accepte d’un signe de tête. Rarement de mots inutiles, je ne suis pas très loquace, je communique beaucoup par le regard. « Fais comme chez toi, je vais te chercher un verre. » Je retire simplement mon trench, sans retirer l’écharpe qui traîne autour de mon cou, pendant de chaque côté négligemment, c’est bien la seule chose négligée chez moi. Ce côté Dandy des années 20 ou 30 je le cultive plutôt savamment.
« Tu bosses sur quoi en ce moment ? » Je la remercie pour le verre d’un signe de tête. « Sur l’ouverture d’une autre boite de paris sportifs sur Vancouver. Et l’agrandissement du Garrison. » Ce bar que j’ai acquis quand nous sommes rentrés de New-York, pour y faire notre vie, Eden et moi. J’y tiens beaucoup. Je n’y travaille plus, il est en gérance, mais j’y passe presque tous les jours. « Et toi, un gros projet ? Maé m’a dit que tu bossais encore plus qu’avant… » Questionnais-je à demi avec un regard par en-dessous, comme souvent. Maé est loquace avec moi, elle parle pour douze, on a parfois même l’impression d’avoir des jumelles. Alors quand il s’agit de me raconter la semaine passée chez sa mère, elle n’y va pas de main morte pour me rappeler qu’elle travaille tout le temps. Quand bien même elle le ferait moins, Maé n’a pour le moment pas spécialement l’envie de partager des millions de choses avec sa mère…

Attendrie face au spectacle qui se déroule devant moi, je ne peux réprimer un léger sourire au coin de mes lèvres. J’adore la relation qu’ils ont tissé tous les deux, par défaut sans doute un peu au départ, à cause de mon absence, mais ils ont au moins ça, et c’est merveilleux. En ce moment, ce n’est pas la joie avec Maé, mais je suis sûre que ça finira par passer. Je n’en ai même pas parlé à Jamie, j’ignore s’il connaît la raison de l’animosité que ma fille a envers moi depuis quelques semaines. Je propose à mon ex mari d’entrer un moment, partageant avec lui cette bouteille de vin que j’ai déjà bien entamée. Ma vie sentimentale est un vrai champs de mines ces derniers temps, et je sais pourtant que l’alcool n’est pas du tout bon pour ce que j’ai, mais je n’y réfléchis pas plus que ça. Je lui ramène son verre et m’installe près de lui, lui demandant ce sur quoi il travaille ces derniers temps. « Sur l’ouverture d’une autre boite de paris sportifs sur Vancouver. Et l’agrandissement du Garrison. » Je souris sur la 2ème partie de réponse. « Oh vraiment ? C’est génial ça ! » Je sais à quel point il tient à ce bar, et l’agrandissement de ce dernier doit être une bonne nouvelle pour lui, et pour ses affaires fleurissantes. « Et toi, un gros projet ? Maé m’a dit que tu bossais encore plus qu’avant… » Elle a dit ça ? Non. Pas plus qu’avant. C’est juste qu’on ne passe plus autant de temps ensemble qu’avant. Je hausse un peu les épaules, j’ai le sentiment que Jamie essaie de me sonder. Je soupire cette fois et secoue un peu la tête. « Non, je bosse pas plus qu’avant, c’est juste qu’on a quelques… différends en ce moment Maé et moi. » Je ne sais pas si je dois en parler ou pas, je sais qu’il n’approuvera pas mon comportement. « Tu te souviens cette prof dont elle parlait souvent. Je t’avais dit qu’elle en était amoureuse. C’est aussi une actrice avec qui je travaille, enfin c’est moi qui l’ai mise sur un projet ambitieux. » Je tourne autour du pot. Mauvaise idée. Je finis presque d’une traite mon verre de vin avant de lâcher la bombe. « Bon j’ai eu une histoire avec elle, Maé l’a su, elle l’a mal pris, ce que je comprends. Mais merde c’est juste un béguin d’ado ! » J’ai di la dernière phrase plus bas, dans le doute, au cas où notre fille soit en train de nous épier, on sait jamais avec elle…

Eden et moi, du temps où nous étions ensemble, soit des années durant, nous nous sommes toujours tenus au courant des projets l’un de l’autre. Non seulement parce que si nous nous lancions dans l’un d’eux, c’est qu’il nous passionnait, mais aussi parce que nous vivons tous les deux beaucoup pour notre carrière. A l’époque où nous nous sommes rencontrés c’était le cas, en tout cas. Mais l’arrivé de Maé m’eut fait relativiser tout ça, et surtout revoir mes priorités, et aujourd’hui, c’est elle. Elle sait qu’elle aura priorité sur le boulot, pour peu que ce soit une urgence, mais elle a 14 ans à présent et comprend certaines choses, l’importance d’un projet, l’enjeu d’un voyage d’affaires et s’est faite à l’idée. J’ai du temps pour les deux, mais je la préfère elle, si on doit le quantifier.
Quant à Eden, son choix de carrière est plus qu’évident, elle a toujours été carriériste, et non pas arriviste. Tout ce qu’elle l’a, elle l’a construit. Au prix de nombreux sacrifices dont nous avons fini par faire les frais. « Oh vraiment ? C’est génial ça ! » J’acquiesce, oui, c’est une grande nouvelle. Le Garrison est mon premier bébé, si on puis dire. Et je ne concèderais jamais à le revendre. Il est un peu mon refuge, et s’il en est là aujourd’hui c’est qu’il est ce que j’en ai fait.
« Non, je bosse pas plus qu’avant, c’est juste qu’on a quelques… différends en ce moment Maé et moi. » « C’est une adolescente de 14 ans, Eden. » Et il faut le prendre en compte, émotionnellement, c’est un passage difficile pour elle, et n’étant qu’un homme, il y a certaines choses que je ne suis pas en mesure de comprendre comme devrait le faire sa mère. Alors pour compenser, je fais preuve d’indulgence, généralement ça fonctionne. Mais la patience a toujours manqué à mon ex-femme, dans tous les domaines. Même professionnels, elle s’impatiente très vite et devient exécrable quand un projet s’enlise.
« Tu te souviens cette prof dont elle parlait souvent. Je t’avais dit qu’elle en était amoureuse. C’est aussi une actrice avec qui je travaille, enfin c’est moi qui l’ai mise sur un projet ambitieux. » « Oui… Je m’en souviens. » Je commence à soupirer, boire une gorgée de mon verre et le repose consciencieusement. Bien sûr que je me souviens. Et elle croit que ça m’amuse ? Pas le moins du monde. Je n’ai jamais rien ignoré des penchants d’Eden pour la gente féminine, et je dois même avouer que jeune et con comme je l’étais, ça m’excitait. Pour autant, ça a fini par me coûter mon mariage, cette histoire. Le fait que ma fille emprunte potentiellement le même chemin ne me dérange pas, si son orientation sexuelle doit être celle de sa mère alors pourquoi pas, si ça peut l’épanouir en tant que femme. Mais le problème n’est pas là. Le problème va suivre… « Bon j’ai eu une histoire avec elle, Maé l’a su, elle l’a mal pris, ce que je comprends. Mais merde c’est juste un béguin d’ado ! » Voilà, il a suivi. « Mais c’était le béguin de TON ado, Eden. » Tranchant. Non pas que je reproche à mon ex-femme de s’abandonner au plaisir féminin, j’en fais de même. J’ai même un rire très ironique. « On aurait pu me reprocher d’être le genre de père à me taper les copines de ma fille… mais encore une fois, tu me coiffes au poteau. » J’allume une cigarette, si ça ne lui plaît pas, elle saura me le dire, je fume presque 2 paquets par jour. « La question est de savoir si elle l’a su parce que tu es négligente, ou parce qu’elle a fouiné. Auquel cas, ça n’est pas juste un béguin d’ado, et tu viens de lui briser le cœur… » Jouer avec les gens, leurs limites, ça m’a toujours amusé, mais jouer sur la corde sensible de la maternité, concernant Eden, est un amusement sans fin. On est toujours surpris. Je n’en pense pas un mot, mais ça, elle n’en sait rien. Maé va grandir, et c’est en effet un béguin d’ado. Pourtant, ça peut faire mal un béguin d’ado. Il suffit que me remémore mademoiselle Davenport en 3ème. Elle m’a littéralement retourné le cerveau et le dessous de la ceinture, et quand j’ai appris qu’elle allait se fiancer, j’étais dévasté. Mais je m’en suis remis, la preuve, j’ai même trouvé le courage de me marier et de faire un enfant à un requin d’Hollywood et du grand monde. « Bon, et tu as essayé de discuter ou même pas ? » Le dialogue, Maé y est très sensible et j’y fais très attention. C’est important de garder ce fil conducteur. Qu’elle sache qu’elle peut commencer à s’émanciper, sans perdre son attache qu’est celle de son foyer, de ses parents, de ce qu’elle connaît.

« Mais c’était le béguin de TON ado, Eden. » Aïe. Celle là elle fait mal. Je m’immobilise un instant, je ne sais pas ce que j’imaginais, certainement pas qu’il se ‘range’ de mon côté en me donnant raison. Sa fille est beaucoup trop importante pour lui. Elle l’est pour moi aussi, c’est évident, mais nos relations sont quand même bien différentes. Je n’ai jamais eu la fibre maternelle comme lui il a la fibre paternelle. Il a même la fibre maternelle pour nous deux on dirait. « On aurait pu me reprocher d’être le genre de père à me taper les copines de ma fille… mais encore une fois, tu me coiffes au poteau. » Je soupire et lève les yeux au ciel. « C’est pas sa copine, c’est sa prof. Je me tape pas des gamines de quatorze ans, Jamie. » Oui j’ai été blessée, je dois bien avouer. Mais il est comme ça, nature, cinglant parfois. C’était une des raisons pour laquelle j’avais craqué sur lui, il ne faisait pas les chose dans la demi-mesure, et l’amour qu’il m’a apporté, c’était la même chose. a sa manière, certes, mais les années que j’ai passées avec lui restent des bons souvenirs. « La question est de savoir si elle l’a su parce que tu es négligente, ou parce qu’elle a fouiné. Auquel cas, ça n’est pas juste un béguin d’ado, et tu viens de lui briser le cœur… » Et voilà qu’il continue, il veut vraiment me faire passer pour la méchante ? Est-ce que c’est réellement le cas. Oui, j’aurai préféré qu’il me rassure en me disant qu’effectivement ce n’était qu’un béguin d’ado et que ça finirait par passer. Je finis mon verre de vin d’une traite et m’en sers un nouveau. « Non elle se doutait de rien, enfin je crois pas. Elle est juste mal tombée. » Je n’ai pas particulièrement envie de raconter cette histoire à mon ex-mari dans les détails, il a les informations qu’il soit avoir, ça s’arrête là. « Bon, et tu as essayé de discuter ou même pas ? » Nouveau soupire. « J’ai essayé oui, mais elle me laisse ni le temps ni la possibilité. Elle s’est renfermée comme une huitre. » Je sais que le dialogue est important, Maé est une pipelette, ça a toujours été dans son tempérament, mais quand quelque chose ne va pas, étrangement, elle devient comme son père, elle se renfermer. Et c’est loin d’être facile pour communiquer. « Elle t’a rien dit à toi ? » J’aurai pensé qu’elle se plaigne de moi à son père, mais même pas. Je ne mérite clairement pas cette gosse je crois…

Je dois reconnaître que je m’amuse un peu, beaucoup même, à torturer Eden avec cette histoire de prof draguée et emballée. Après tout, elle joue avec le feu, je joue avec elle-même, à quoi bon s’en priver. Eden est le genre de femme assez facile à faire culpabiliser, pour peu que ça touche à sa fille. Elle l’aime Maé, mais elle ne le montre pas comme elle le devrait, ou alors elle essaye, mais ça ne veut pas. Je ne peux pas lui reprocher tous ses efforts, elle en fait, c’est une certitude. Pourtant, elle rame, et a sans doute déjà fait au moins le tour du monde depuis qu’elle est revenue dans nos vies. Parce que Maé en fait sa victime préférée, parce qu’elle la mène en bourrique et qu’à chaque fois qu’elle tente de faire quelque-chose, Eden dérape, d’une façon ou d’une autre. Dingue comme elle peut être brillante et incroyablement à l’aise dans son métier, et comme elle peut patauger de bon gré en tant que mère. Pourtant… aimer, elle sait le faire. Et jamais à moitié. « C’est pas sa copine, c’est sa prof. Je me tape pas des gamines de quatorze ans, Jamie. » « Oui, enfin dans la tête de Maé, c’est la même chose. » Dans la tête de ma fille, sa mère lui a volé son crush, comme elle le dit, à notre époque on disait béguin et j’ai gardé ce terme désuet que je trouve pour autant plein de charme. Elle en aura d’autres, des coups de cœur, pour des femmes, des hommes, ça la regarde, mais elle sera déçue, encore, et moi je vais mal le vivre, je le sais. L’âge n’aidant pas, elle atteindra fatalement un jour celui de s’engager vraiment dans une relation, et j’ai déjà promis de venger le cœur de ma princesse, les premières larmes qu’elle versera par amour seront meurtrière… Je n’ai jamais rien eu contre les méthodes d’intimidations, je les pratique moi-même beaucoup. Mais bon, là… concrètement, je me doute que sa prof ne lui a jamais rien laissé miroiter. A sa mère par contre… Ca m’étonne à peine en fait. Sortir des sentiers battus, l’inaccessible, ce qui ne se fait pas, tout ça, ça l’a toujours attiré. Même moi, véritable vitrine de nid à emmerdes, ça clignotait pourtant que je n’étais pas le mec le plus facile à vivre ou à suivre, que s’engager avec moi voulait dire se poser tout un tas de questions quant à mes silences et mes activités, mais elle a suivi, gaiement.
« Non elle se doutait de rien, enfin je crois pas. Elle est juste mal tombée. » « Outch… prise en flagrant délit. Tu m’étonnes qu’elle te déteste… » J’enfonce le clou, je suis comme au cinéma, j’y prend un réel malin plaisir à la voir se débattre avec elle-même concernant sa propre conscience. Le roi des cons, mais je l’ai tellement entendu à mon propos que ça me flatterait presque. Et le dialogue, elle y a pensé ? Bien que je pose la question tout en sachant pertinemment qu’elle n’a aucune foutue chance de l’établir, ma fille est aussi la mienne et quand nous sommes frustrés, en colère ou prenons quelqu’un en grippe, c’en est fini. En tout cas pour le temps que ça nous obsède. « J’ai essayé oui, mais elle me laisse ni le temps ni la possibilité. Elle s’est renfermée comme une huitre. » « C’est mon bébé. » Me targuant de fierté en levant mon verre. En fait, je prends tout ça en me foutant de la gueule de mon ex-femme. Elle a 14 ans, elle en verra d’autre. « Elle t’a rien dit à toi ? » « Oh si, mais je ne peux décemment pas le répéter entre ces murs. J’ai fais la promesse alors tu comprends… » Eden ronge son pouce, le regard tourné vers le vague, et là, je la reconnais bien, j’ai eu ce que je voulais. Je me redresse alors, et pose mon verre sur la table basse, attrapant sa main pour capter son attention, et surtout son regard. « Eden, c’est une ado, et c’est la tienne, d’accord ? Elle changera d’avis. Son coup de cœur de la semaine changera dans quelques temps, et elle passera à autre chose. Exactement comme toi. Alors te mine pas trop avec ça. Ce qui à moi me fait tilt, c’est qu’elle a aussi bon goût que toi, et que ça n’augure rien de bon pour la suite, ça. » Terminant mon verre. Rien que de savoir qu’elle sera capable d’autant de choses que sa mère pour suivre un crush me donne des cheveux blancs. Parce que faire le mur, rentrer à l’aube ou traverser la ville à pieds en pleine nuit n’a jamais eu l’air d’inquiéter sa mère de quelque façon que ce soit quand il était question qu’on entame une histoire. Et si je trouvais ça terriblement sexy concernant Eden, il y en aura un pour trouver ça tout aussi sexy quand ce sera Maé qui le fera…

« Oui, enfin dans la tête de Maé, c’est la même chose. » Je déteste quand il a raison. Je déteste quand il met le doigt sur ce qui fait mal ou ce qui peut potentiellement poser problème. Petit con. C’est comme ça que je l’aimais à l’époque, c’est sans doute aussi pour ça que j’ai demandé le divorce remarque. Je lui explique que c’est un fâcheux concours de circonstances, et Jamie s’en amuse. Qu’est-ce que je disais, petit con. Il enfonce le clou et je le sens qui jubile, il adore ça. Pervers. On se ressemble pas mal faut dire sur ce genre de points. Je lui explique qu’il est impossible d’établir le contact avec Maé, en tout cas toutes mes tentatives se sont retrouvée être des coups d’épée dans l’eau. Il me rétorque que c’est sa fille, son ‘bébé’, et moi je lève les yeux au ciel. Quelle idée d’avoir fait un gosse lui et moi je vous jure, vu nos caractères, on ne pouvait clairement pas tomber sur un ange. Maé est un amour, mais elle a son caractère. En même temps, on se ferait chier sans ça. Ce serait fade et insipide. Je lui demande quand même si Maé lui en a parler, il prend son air suffisant, petite esquisse de sourire mutin au coin des lèvres, je le déteste déjà avant qu’il ait ouvert la bouche. Salopard. Et moi, je plonge. Je suis loin d’être naïve, mais quand il s’agit de ma fille, je me ronge les sang. Je sursaute en sentant la main de mon ex-mari se poser sur la mienne. « Eden, c’est une ado, et c’est la tienne, d’accord ? Elle changera d’avis. Son coup de cœur de la semaine changera dans quelques temps, et elle passera à autre chose. Exactement comme toi. Alors te mine pas trop avec ça. Ce qui à moi me fait tilt, c’est qu’elle a aussi bon goût que toi, et que ça n’augure rien de bon pour la suite, ça. » Je lève les yeux au ciel. « Qui te dit qu’elle a bon goût ? Tu n’as jamais vu Rayan. Et puis franchement quand on parle de mes goûts… Je te rappelle que je t’ai épousé… » Je hausse les épaules et me ressert un verre de vin. « C’est pas vraiment faire preuve de bon goût. » Il me cherche, il me trouve. « Et arrête de me faire passer pour celle qui passe d’une femme à l’autre, je suis avec Cora depuis presque sept ans. Elle t’a battue. A plate couture. » Je lui offre cette fois un sourire narquois. Il l’a mérité.

Eden et moi c’est une histoire de je t’aime, moi non plus. A présent en tout cas. A l’époque, c’était surtout une histoire de passion, complète et sans concessions. On s’abimait, on s’aimait et on adorait ça. Quand nous avons eu le projet de garder l’enfant qu’elle portait, je me suis fais plus doux, en tout cas à la ménager un peu plus. Elle portait mon gamin ! J’ai toujours été hyper protecteur, mais quand il s’agissait de la bousculer, ça me restait propre, et il n’y avait que moi qui avait le droit de la blesser, si un autre s’en chargeait, je devenais littéralement dingue. Bagarreur étant jeune, je le suis moins aujourd’hui, j’ai appris que je ne pouvais pas gagner à tous les coups, alors je me contente de réfléchir et ça m’évite des emmerdes. De la jouer fine…
« Qui te dit qu’elle a bon goût ? Tu n’as jamais vu Rayan. Et puis franchement quand on parle de mes goûts… Je te rappelle que je t’ai épousé… C’est pas vraiment faire preuve de bon goût. » « Oui et rappelle-toi aussi que je t’emmerde. » Me renfonçant dans mon fauteuil en soupirant. Pas que je sois blessé, on fonctionne comme ça tous les deux, ça nous convient, et puis pour tout avouer, je m’en fous. Ce petit jeu m’a toujours amusé. Je ne connais pas Rayan, non, mais ma fille m’en parle, parfois, et puis j’ai eu l’honneur de la rencontrer en réunion parents/profs. J’ai fait ce qu’il fallait pour savoir à qui ma fille avait à faire, sur qui elle avait pu avoir un béguin. Et si je suis plutôt blonde, je dois reconnaître qu’elle n’a pas tapé à côté. C’est ce que je disais, les mêmes goûts que sa mère, et ça me fait chier.
« Et arrête de me faire passer pour celle qui passe d’une femme à l’autre, je suis avec Cora depuis presque sept ans. Elle t’a battue. A plate couture. » « Laisse-moi te répéter que je t’emmerde Eden. Et que tu as fini par te taper la prof de sport de ta fille… Ton poulain et… Que tu es effectivement en couple depuis sept ans. C’est pas joli joli si tu veux mon avis. » Terminant mon verre en levant un sourcil vers elle. Je sais que j’ai cet air de petit con, de connard fini parfois même, mais c’est comme ça qu’on s’apprécie. Les choses trop plates nous emmerdent, profondément. En même temps, on ne sait pas s’aimer autrement. L’amour où tout va comme sur un petit nuage n’est pas dans notre habitude. De toute façon, l’ordre et l’apaisement nous emmerdent, nous avons besoin de jouer avec les limites.
« Je te rappelle également que c’est toi qui t’es barrée, pas moi. Et je ne suis d’ailleurs pas convaincu que Cora sache vraiment tout de tes petits… moments d’égarement. » Pour un couple qui dure depuis sept ans… Je suis au moins sûr qu’elle n’ait jamais mis de coup de canif dans le contrat concernant notre mariage, c’est une chose sur laquelle je lui faisais entièrement confiance. Mais une fois séparés… Qu’est-ce qui l’en a empêché ?

 « Oui et rappelle-toi aussi que je t’emmerde. » Bingo. Je me mets à sourire, parce que monsieur se permet d’envoyer des piques mais il les reçoit plutôt difficilement. Et moi ça me fait rire. Il soupire, s’enfonce un peu plus dans le fauteuil et moi je termine quasiment mon verre de vin, je crois que je me suis descendu quasiment une bouteille à moi seule. J’en rajoute une couche, lui demandant d’arrêter de me faire passer pour une ‘femme à femmes’, qui enchaîne les conquêtes. Ce n’est pas exactement la vérité, d’autant que j’ai une compagne depuis sept ans maintenant, et je remets Cora sur le tapis sans aucun scrupule. « Laisse-moi te répéter que je t’emmerde Eden. Et que tu as fini par te taper la prof de sport de ta fille… Ton poulain et… Que tu es effectivement en couple depuis sept ans. C’est pas joli joli si tu veux mon avis. » J’arque un sourcil, s’il veut jouer sur ce terrain là, c’est perdu d’avance pour lui. Je remplis à nouveau mon verre et m’enfonce dans le canapé, tournée vers lui, mes jambes rabattues sous mes fesses. « Cette partie de ma vie ne te concerne pas, que je sache. » Même si je n’aurai pas de scrupules à lui expliquer ce qui fait que je suis en couple avec Cora depuis si longtemps, à commencer par le fait que ce soit une femme. « Je te rappelle également que c’est toi qui t’es barrée, pas moi. Et je ne suis d’ailleurs pas convaincu que Cora sache vraiment tout de tes petits… moments d’égarement. » Cette fois je ris, le regard pétillant, et un peu trop alcoolisé. « Pourquoi tu crois qu’on ne se mariera jamais elle et moi…? » Je ne le lâche pas des yeux et poursuis en voyant que j’ai son attention. « Je n’ai jamais fait voeu de fidélité, et elle non plus. Les choses sont claires entre nous. Quand l’une de nous est en déplacement, l’autre se retrouve libre de faire ce qui lui chante avec qui elle veut. » Je bois une nouvelle gorgée de mon vin, il est vraiment délicieux. « Même ta fille est au courant des petites lignes du contrat tacite qui me lie à Cora. Mais toi tu as voulu le mariage, la descendance… faire l’amour une à deux fois par semaine ça te suffisait pas… » Je me suis rapprochée de lui, plus charmeuse en disant ces derniers mots. « C’est dommage tu vois ce que tu rates… »

Nous avons un enfant en commun, ça nous forcément un lien. Je ne regrette pas d’avoir eu sa fille, d’avoir eu un enfant de cette femme. Elle est insaisissable et je crois au fond que c’est ce qui me plaisait chez elle, libre de ses idées et totalement anti-conventionnelle. Même si je sentais déjà la galère, j’ai voulu de tout ça, je m’en débrouille. Notre fille n’est pas malheureuse, loin de là, certes, nous avons fait des erreurs, tous les deux, mais qui n’en fait pas ? Je suis plutôt adepte des joutes verbales, pour autant, le jour où ça ne me convient plus, je suis capable de prendre de grandes décisions. Et si elle reste sa mère, si j’estime qu’elle et néfaste pour elle, je couperais court. Bien qu’elle ne soit pas la mère de l’année, elle essaye, je dois au moins le lui reconnaître, et n’a jamais cherché à lui faire volontairement du mal. Sa maladresse s’en est chargée.
« Cette partie de ma vie ne te concerne pas, que je sache. » Non, elle a raison, mais ça touche aussi un peu ma fille. Ma fille qui s’en remettra, je n’ai pas cette tendance à croire comme parole d’Evangile tout ce qui ressort de l’état émotionnel d’une ado, même si c’est la mienne. Pour autant, Eden est parfois limite. « Pourquoi tu crois qu’on ne se mariera jamais elle et moi…? » L’engagement n’est pas le truc de mon ex-femme, elle marque un point. « Je n’ai jamais fait voeu de fidélité, et elle non plus. Les choses sont claires entre nous. Quand l’une de nous est en déplacement, l’autre se retrouve libre de faire ce qui lui chante avec qui elle veut. » « Vaincu. » J’hausse un sourcil, je ne suis pas pour ce genre d’arrangement mais si ça leur convient… Ça dure depuis un moment, c’est qu’elles doivent y trouver leur intérêt. Je tends le bras pour attraper la bouteille et me servir un autre scotch. « Même ta fille est au courant des petites lignes du contrat tacite qui me lie à Cora. Mais toi tu as voulu le mariage, la descendance… faire l’amour une à deux fois par semaine ça te suffisait pas… » « Non, j’ai plus d’ambition que ça. » Avalant une gorgée du liquide ambré qui tourne au fond de mon verre. « C’est dommage tu vois ce que tu rates… » Je soupire, amusé. Elle est toujours aussi joueuse, ça me plaît toujours autant d’ailleurs. « Dans mon souvenir, on faisait plutôt l’amour la plupart du temps libre que nous avions. Et puis tu sais que j’ai horreur de l’idée qu’on puisse manger dans ma gamelle… » Ma femme est ma femme, elle n’est pas à un autre. Un plan cul, il appartient à celui qui veut. Je ne partage pas, j’estime que l’engagement est sacré, la fidélité aussi. Sans doute un peu des restes de mes origines gitanes. Lointaines, mais parfois encore un peu présentes. Elle ne s’est jamais ennuyée au lit du temps de notre union, que je sache. « Mais puisque tu veux partager la tienne et que tu acceptes qu’une autre possède ta femme… soit. C’est toi que ça regarde. Mais par pitié, ta fille, laisse-lui croire que le sexe peut être autrement que tordu. » Ça, c’est juste pour le plaisir de la provoquer. J’adore ça. Nous adorons ça.

Il avait plus d’ambition, bah voyons. Moi aussi, et c’est moi qui suis partie. Comme quoi l’ambition, ça reste quelque chose de plutôt subjectif quand on y réfléchit. « Dans mon souvenir, on faisait plutôt l’amour la plupart du temps libre que nous avions. Et puis tu sais que j’ai horreur de l’idée qu’on puisse manger dans ma gamelle… » Je lève les yeux au ciel en riant légèrement. « Ça c’était au début chéri. Et puis ça n’aurait pas marché sur la longueur, j’aime beaucoup trop les femmes. Et tu n’as pas assez de poitrine… » Je le taquine encore, c’est de bonne guerre. Je n’ai pas tiré un trait sur les hommes pour autant, même s’il y a bien longtemps que je n’ai pas eu d’aventure avec l’un deux. J’ai presque oublié ce que ça faisait. « Mais puisque tu veux partager la tienne et que tu acceptes qu’une autre possède ta femme… soit. C’est toi que ça regarde. Mais par pitié, ta fille, laisse-lui croire que le sexe peut être autrement que tordu. » « Ça n’a rien à voir avec une histoire de possession, c’que tu peux être étriqué quand tu t’y mets ! » Je grogne un peu et finis mon énième verre de vin. « On était mariés, et pourtant je ne t’ai jamais appartenue. » Toujours ce besoin de garder le cap sur ma liberté. D’une certaine manière. « Et je n’ai jamais inculqué à ma fille que le sexe était tordu. Par contre, toi si t’essaie de lui faire comprendre que l’abstinence est mieux pour elle, tu t’y prends plutôt pas mal. » Puisqu’on en est à se dire des vacheries, autant y aller franco. « Allez, tu peux m’le dire à moi, ça fait combien de temps que t’as pas tiré un coup ? » Et avant qu’il ne me rétorque qu’il va très bien de ce côté là parce qu’il lui arrive de voir des femmes de temps à autre, je poursuis. « Non parce que déjà de base t’as pas l’air détendu mais alors t’es tendu comme un string chéri. Faut que tu fasses quelque chose ! » C’est de bonne guerre.

« Ça c’était au début chéri. Et puis ça n’aurait pas marché sur la longueur, j’aime beaucoup trop les femmes. Et tu n’as pas assez de poitrine… » Elle a toujours été garce, et su blesser quand il le fallait. Une vraie tigresse, mais soyons honnêtes, c’est aussi ce qui me plaisait. Une femme qui n’avait pas nécessairement besoin d’un homme, quelqu’un d’inaccessible. Sa façon de mener sa vie a toujours été très personnelle, elle sait vivre en couple mais elle sait aussi surtout mener sa vie sans quelqu’un. Bon, pour être tout à fait objectif, elle n’est jamais restée célibataire, pourtant, je le sais que son arrangement de couple libre fait des émules depuis le début. « Ça n’a rien à voir avec une histoire de possession, c’que tu peux être étriqué quand tu t’y mets ! » J’aime la voir s’enflammer, parce que c’est typiquement son caractère, c’est tout ce qu’elle sait faire, c’est tout ce qu’elle a l’habitude de faire, et c’est aussi comme ça qu’elle plaît. Je ne dirais pas qu’elle est prévisible, je dirais plutôt que je sais où appuyer pour la faire réagir. Elle n’a rien perdu de sa capacité à me manipuler non plus, parce que soyons honnête, c’est toujours comme ça que ça a fonctionné. « On était mariés, et pourtant je ne t’ai jamais appartenue. » « Bien sûr que si. » La défiant du regard. Je sais pertinemment qu’elle n’a pas eu d’aventure. Certes, elle s’appartenait à elle, mais pour moi, la fidélité est histoire d’appartenance. « Promettre fidélité à quelqu’un n’est pas synonyme de renoncement à sa liberté. Enfin, tu sais ce que j’en penses. » J’ai toujours souhaité qu’elle agisse et travaille comme elle l’entendait. Suggérait plus que je n’imposais. Je ne voulais pas une épouse parfaite, je la voulais elle. Et je l’ai eu. Je m’en souviendrais.
« Et je n’ai jamais inculqué à ma fille que le sexe était tordu. Par contre, toi si t’essaie de lui faire comprendre que l’abstinence est mieux pour elle, tu t’y prends plutôt pas mal. » « Oh non, ce n’est pas ce que je lui souhaite. Mais pas tout de suite. Le sexe requiert une certaine maturité, et d’être apte de juger de ceux avec qui on le partage. » Maé est assez mature, mais 14 ans, c’est même pas la peine d’y penser. Quand elle sera en âge de faire les bons choix, elle n’aura plus de comptes à me rendre. Mais je la protège, comme tout bon père, j’imagine. En tout cas comme tout père. Je ne veux pas qu’elle tombe sur un garçon, ou même une fille, qui lui fera du mal. Je ne veux pas la voir rentrer en pleurant pour un chagrin d’amour. Je voudrais la protéger, de tout.
« Allez, tu peux m’le dire à moi, ça fait combien de temps que t’as pas tiré un coup ? » J’arque un sourire entre le vaincu et l’amusé. Elle est tellement douée de ses mots, et de ses vacheries… Elle l’a toujours été. Taper là où ça fait mal ne lui a jamais fait peur. « Non parce que déjà de base t’as pas l’air détendu mais alors t’es tendu comme un string chéri. Faut que tu fasses quelque chose ! » Je m’installe plus confortablement dans le canapé, écarte un peu les jambes et joue d’un regard plein de défi. « Qu’est-ce que tu attends pour me rendre service ? Tu en meurs d’envie. Allez, tu peux me le dire à moi, ça fait combien de temps qu’un homme ne t’a pas faite grimper aux rideaux ? C’est l’occasion. » Terminant mon second verre pour le poser juste à côté de moi sans la lâcher des yeux. Je suis aussi con qu’elle à ce petit jeu, et puis ça n’est pas elle que je vais effrayer, bien au contraire. Au jeu du plus abruti, on peut se valoir. Il faut voir.

Il estime que je lui ai appartenu. Je ne suis pas d’accord. Ce n’est pas parce qu’on a été mariés que je lui appartenais. Pas dans mon esprit en tout cas. « Promettre fidélité à quelqu’un n’est pas synonyme de renoncement à sa liberté. Enfin, tu sais ce que j’en penses. » Oui, et je sais qu’on n’a jamais été d’accord sur ce sujet là. Revenons sur le sujet du sexe, il n’a pas l’air vraiment épanoui, et je le titille encore sur le sujet. Il se défend comme il peut, me donne des arguments, qui au fond ne sont pas si mauvais, enfin si je n’avais pas bu et envie de me foutre de sa gueule. Je souris en coin, c’est plus fort que moi. J’acquiesce pour lui faire plaisir, et je le lui fais sentir, juste pour l’emmerder encore plus. J’enfonce le clou davantage, je suis d’humour taquine. Il aurait pu s’énerver, m’envoyer bouler, mais au lieu de ça il semble vouloir jouer lui aussi. Son attitude semble changer, il change de position, je le sens venir gros comme une maison. « Qu’est-ce que tu attends pour me rendre service ? Tu en meurs d’envie. Allez, tu peux me le dire à moi, ça fait combien de temps qu’un homme ne t’a pas faite grimper aux rideaux ? C’est l’occasion. » Je ne peux retenir un éclat de rire, avant de poser ma main sur ma bouche. « Pardon. Mais si c’est comme ça que tu essaies de choper, c’est normal que t’y arrives pas ! » Ce côté trop sûr de lui - en apparence en tout cas - c’est aussi ce qui m’avait plu à l’époque, aujourd’hui, ça me fait plus rire qu’autre chose. Alors je m’approche, entrant un peu dans son jeu, glissant ma main sur sa cuisse, m’approchant de son entre-jambes, mon visage plus près du sien. « Tu sais il faut que je sois honnête, tu ne m’as pas toujours fait grimper aux rideaux… Je sais que tu y mettais du tien, mais ça suffisait pas toujours. » Ma main se rapproche dangereusement de la zone sensible. « Et si ça peut flatter ton ego, tu as été le seul. Depuis toi, aucun autre homme n’a posé ses mains sur moi… » Faudrait peut-être que j’arrête mon manège ici avant que ça dégénère, non ?

Jouer, c’est ce qu’on a toujours su faire de mieux elle et moi. Elle ne voyait pas le mariage comme étant la preuve d’appartenir à quelqu’un. Pour moi si. En tout cas, c’est promettre à l’autre de lui être fidèle, de le soutenir. Quant aux arrangements qu’on a derrière… ils sont propres à chacun. Même si personnellement, j’ai parfaitement horreur qu’on mange dans ma gamelle. Je ne partage pas. Mais elle ne voyait pas les choses de la même façon, on a fini par se séparer, et elle a fini par faire ce qu’elle a voulu de toute façon. Comme à chaque fois. Mais la plupart de ces caprices, j’y cédais. D’une façon ou d’une autre, et elle le sait. Elle en a tellement joué…
Mais un jeu se met à nouveau en place entre nous. Et je ne suis pas certain que ça finisse en éclat de rire… Si nous étions très complices, il arrivait aussi qu’on se défie, qu’on se mette parfois même dans des situations insensées juste pour avoir raison. C’était ridicule, pour autant, on adorait ça. Ce frisson, nous en avions besoin. Et elle éclate d’un rire totalement préfabriqué. « Pardon. Mais si c’est comme ça que tu essaies de choper, c’est normal que t’y arrives pas ! » Alors je me penche un peu plus en avant, sans me défaire de ma confiance en moi. « Mais celle que je veux chopper là tout de suite… C’est toi Eden. » Droit dans les yeux, de ma voix suave. Et elle sait à quel point parfois il n’y a pas besoin d’être subtile pour la convaincre. Je la connais particulièrement bien et surtout ses travers. Ils m’ont plu, je ne dis pas le contraire, mais elle n’a de toute façon jamais été une femme comme les autres, bien au contraire… Elle glisse sa main sur ma cuisse, assez où pour que je commence à durcir… « Tu sais il faut que je sois honnête, tu ne m’as pas toujours fait grimper aux rideaux… Je sais que tu y mettais du tien, mais ça suffisait pas toujours. » « Je n’y vois pas d’offense, mais tu sais, tu étais plutôt difficile à combler. Un peu éternelle insatisfaite dans ton genre. » Rétorquais-je à quelques centimètres de son visage. Oh elle sait très bien que je ne me vexe pas. J’ai mis quelques temps à comprendre comment son corps fonctionnais et parfois ma virilité seule ne suffisait pas, alors j’usais d’autre stratagèmes, empruntés à la gente féminine. « Et si ça peut flatter ton ego, tu as été le seul. Depuis toi, aucun autre homme n’a posé ses mains sur moi… » C’en est presque trop, mon pantalon ne cache plus rien de l’effet qu’elle peut avoir sur moi, ou de ses caresses si près de mon entrejambe, et je l’attire à moi pour la basculer sur le canapé et la dominer de mon corps. Je prends sa main, la fait remonter à l’aide de la mienne le long de sa jambe, de sa taille, puis sur sa poitrine, et son cou sur lequel je dépose un baiser. « Ça me flatte. » Son bassin entre en contact avec ma virilité, déjà dure. Elle peut difficilement ignorer ce qui se passe. « Je pourrais te faire une piqure de rappel. Dans mon souvenir, tu ne t’ennuyais pas tant que ça… » Glissant ma main entre ses jambes, par-dessus son pantalon, appliquant une pression significative pour au moins noter une accélération de son rythme cardiaque…

« Mais celle que je veux chopper là tout de suite… C’est toi Eden. » Il a toujours eu cet aplomb, cette apparente confiance en lui. Moi je sais qu’au fond, ce n’est pas réellement le cas, mais c’est ce qu’il donne à voir. Même à moi. Heureusement j’ai réussi à voir au delà pendant notre mariage, mais il y a bien longtemps que nous n’avons pas passé une soirée ensemble rien que tous les deux. Et moi, je joue avec le feu. J’ai trop bu, ça m’arrive un peu trop souvent en ce moment, mais je crois que j’ai besoin de déconnecter un peu, c’est plus fort que moi. Même si je sais que ce n’est pas bon non plus pour mon coeur. « Je n’y vois pas d’offense, mais tu sais, tu étais plutôt difficile à combler. Un peu éternelle insatisfaite dans ton genre. » Je ris un peu, parce que pour ça, il a raison. Je suis difficile à combler, mais certain-e-s y arrivent très bien. Cora me connaît sur le bout des doigts, et Rayan, la dernière en date, s’est très bien défendue pour ses premières fois avec une autre femme. Les hommes, je les ai longtemps fuis, Jamie était juste différent, et il a réussi à me convaincre que tous les hommes n’étaient pas des connards. Je suis honnête avec lui, depuis notre séparation, aucun homme ne m’a approché aussi près qu’il ne l’est actuellement. Aucun ne m’a touchée, non plus. Je pensais pas que cette simple phrase le ferait vriller. Il m’attrape pour l’allonger sur le canapé, me surplombant de tout son long. La pression de son corps sur le mien me donne un coup de chaud, l’alcool sûrement. Il me caresse sans me caresser, utilisant ma main pour se faire, la remontant le long de mon propre corps, et je sens déjà mon coeur qui s’emballe. Instinctivement, j’écarte juste un peu plus les jambes pour le laisser s’installer entre ces dernières, sentant déjà la raideur de sa virilité. « Je pourrais te faire une piqure de rappel. Dans mon souvenir, tu ne t’ennuyais pas tant que ça… » Je tourne la tête, les yeux fermés, pendant qu’il embrasse mon cou et que sa main fait déjà pression entre nos corps. Mes mains se crispent contre le canapé, je dois absolument me reprendre avant de faire une connerie. « Jamie… » dis-je difficilement dans un souffle alors que je sens bien que mon corps semble le réclamer, pendant que mon esprit cherche encore à repousser cette idée folle. « On peut pas, j’ai trop bu, c’est ridicule… » Et pourtant je laisse échapper un souffle à mesure qu’il s’amuse à appuyer délicatement sur mon entre-jambes. « Maé pourrait arriver à n’importe quel moment… c’est pas sérieux… » Et alors que je plonge mon regard dans le sien, que je peux y lire tout le désir qu’il peut éprouver pour moi à cet instant, je sens que je perds pieds. J’enroule alors mes bras autour de son cou et viens chercher ses lèvres. Je vais me détester demain matin, je le sens gros comme une maison…