Lips | Zelana

Voilà quelques jours qu’elle est fraîchement débarquée dans la colocation et tout se passe pour le mieux. Elle dort quand elle veut, mange comme elle veut, se balade en tenue d’Eve sans choquer personne. Elle n’a pas encore eu le temps de faire connaissance avec tout le monde, en même temps elles ne sont que deux et une seule l’obsède, celle qui l’a accueilli et qui lui a fait visiter. Zelda. Cette fameuse blonde qui a été le seul argument de son installation ici, à part les règles gracieuses et l’ambiance joviale. Ses mains viennent frotter ses yeux fatigués et elle attrape son téléphone sur sa table de chevet pour regarder l’heure. Merde, déjà onze heures, heureusement pour elle, il n’est question que de mails à écrire aujourd’hui, elle n’a pas besoin de traîner son postérieur fainéant jusqu’au travail. Elle s’étire comme un chat et roule sur le côté pour poser pieds à terre. Elle enfile un long t-shirt et quitte sa chambre pour prendre le petit-déjeuner. Personne ne rôde dans les parages et elle se pense seule. Un bol de céréales dans les mains, elle regagne le canapé et s’y laisse tomber comme une baleine pour partir à la recherche de la télécommande. « Ah t’es là ! » Elle l’attrape, allume la télé et la Wii pour ensuite attraper un volant. Ohana compte bien améliorer son niveau pour les soirées mario kart, n’est-ce que pour foutre la rage à Zelda et attirer pleinement son attention. Oui le coup de foudre n’est pas passé depuis et c’est à peine si elle ne rêve pas d’elle tous les soirs. Elles se taquinent, rient, se lancent des regards, clairement rien de platonique là-dedans. Un bruit provient d’une chambre et Ohana abandonne la manette pour se saisir d’un coussin. Elle le met juste devant son visage. « Non c’est faux, il n’y a personne ici. »

Ça fait un moment que j’ai pris mon indépendance, mais seulement quelques mois que j’ai choisi de vivre en coloc, et je dois dire que j’adore ça. Partager des moments particuliers avec des personnes toutes différentes, vivre en communauté, ça me rappelle un peu l’internat, même si bien sûr, c’était différent avec Zora. J’arrive à moins penser à elle, je pense que c’est une bonne chose, il est temps de passer à autre chose. Et puis, depuis quelques jours, il y a Ohana. Ohana ? Une beauté des iles, un visage de princesse et ses longues tresses noires qui virevoltent dans le vent quand elle danse. Elle m’hypnotise, et ce depuis le premier jour. Le truc que j’ai ressenti quand j’ai croisé son regard, c’était juste dingue. Je sais pas ce que c’était exactement, impossible de mettre un mot dessus, mais c’était fou, ça je le sais.

Ce matin, je vais pas bosser, j’ai pas envie, j’ai fait croire que j’étais malade. Oh bah on fait ce qu’on peut pour un peu de repos, je suis un glandeuse et j’assume. Il est tard quand j’émerge, je crois être toute seule et sors de ma chambre vêtue simplement d’un boxer avec la tête de tigrou dessus, et d’un t-shirt - trop court à force d’avoir été passé au sèche linge - que je traîne depuis sûrement une dizaine d’années, avec marqué dessus ‘m’emmerde pas, j’ai pas bu mon café’. L’ironie, c’est que je bois pas de café. Je baille et traîne les pieds jusqu’à me rendre compte que je ne suis pas seule dans cet appartement, il y a donc des gens qui ne bossent pas, à part moi ? « Non c’est faux, il n’y a personne ici. » dit la voix en se planquant derrière un coussin trouvé sur le canapé. Je lâche un rire amusé et secoue la tête. « Merde alors, un coussin qui parle, j’ai dû forcer sur la bouteille hier soir… » Je regarde la télé, amusée de voir la partie de mario en cours. « Pire, un coussin qui s’entraîne à Mario Kart. Je vais peut-être retourner me coucher… »

Ohana doit se retenir d’exploser de rire derrière le coussin mais se fige en reconnaissant la voix de Zelda. Elle a presque envie de jeter le truc trois mètres plus loin pour l’admirer et l’inviter à se joindre à elle pour taquiner ses côtes. Elle aime la chatouiller, ça lui permet toujours de se rapprocher sournoisement de ses lèvres qu’elle crève d’envie d’embrasser. Lentement, elle baisse le coussin pour afficher une mine de chien battue, penche la tête sur le côté et lui fait des yeux de biche. « Le coussin il veut bien de l’aide pour devenir un pro du Mario Kart ? » Merde quoi depuis le temps qu’elle fait tout pour se retrouver seule avec elle ! C’est un miracle-là ! Elle peut pas l’ignorer comme ça. « En fait t’as pas le choix. » Elle lance le coussin dans sa direction pour la rejoindre innocemment et la saisir par la taille pour la soulever. Un poids plume cette fille. Elle profite de l’avoir au plus près d’elle pour fourrer son nez dans ses cheveux et inspirer son odeur, un peu trop d’ailleurs. Elle la lance presque sur le canapé pour éternuer. Bonjour le glamour. Elle rit presque en même temps et se pince le nez. « J’suis allergique à toi j’ai l’impression. »

Voilà que le coussin disparaît et que je découvre le visage d’Ohana, avec ses petits yeux de chien battu. « Le coussin il veut bien de l’aide pour devenir un pro du Mario Kart ? » Je ris à nouveau et hausse les épaules avant de croiser mes bras sur ma poitrine. « Je sais pas si je vais pouvoir faire quelque chose de toi… » Mais elle ne me donne pas le choix, et déjà elle lance le coussin dans ma direction. Je le dévie en donnant un coup dedans pour ne pas qu’il m’arrive dans la gueule, et pas le temps de prendre conscience que la jeune femme me soulève déjà. Je me retrouve tout contre elle et je sens mon coeur qui s’accélère. « Mais qu’es-ce que tu fabriques ? » Et je frissonne, son nez dans mon cou me chatouille, je ris, jusqu’à tomber dans le canapé, avant qu’elle n’éternue. « J’suis allergique à toi j’ai l’impression. » J’attrape un autre coussin et lui balance dessus. « Tu crois que c’est avec ce genre de réflexion que je vais avoir envie de devenir ta coach ? Je crois pas non ! » Mais en même temps, je dois bien avouer que ça m’amuse. Ne dit on pas que ‘qui aime bien châtie bien ?’ Ohana s’assied finalement près de moi et je m’installe en tailleur, récupérant une manette pour modifier la course et nous mettre seulement nous deux. « Bon, déjà, faut que t’apprennes à manier correctement ton volant. Attends, on va faire comme avec les enfants ! » Je lui adresse un regard amusé et vais chercher le vrai volant wii, fous sa manette à l’intérieur, et lui tends. « Tiens, tu vas peut-être mieux y arriver avec ça. »

Le coussin lui atterrit en pleine figure et elle fait mine de mourir pendant une fraction de secondes pour mieux se redresser par la suite. « Pas de ma faute si tu sens trop bon. » se défend-elle dans un rire presque enfantin. Elle se décale pour lui laisser de la place mais se rapproche aussitôt que la blonde se soit assise. Le jeu ne l’intéresse pas maintenant que sa Déesse est à côté d’elle et qu’elle peut l’admirer sans se péter le cou. Mais Ohana joue le jeu et se met en position pour se faire détruire par Zelda. « Je suis pas une… » Elle n’a pas le temps de finir de s’indigner qu’elle voie le volant. Ah bah non en fait, elle veut bien une gosse pour avoir ce gadget, c’est vachement classe d’avoir un faux volant, ça lui donne l’impression qu’elle a le permis voiture et pas moto. Ohana lui prend la manette. « Merci maman, je vais bien conduire comme ça. » Elle lui tire la langue.

La première partie est une véritable catastrophe, la concentration n’est pas au rendez-vous pour l’Hawaïenne qui tente désespérément de terminer la course au lieu de tomber dans le vide. Mais le parfum de Zelda l’obsède, tout comme sa jambe contre la sienne, leurs coudes qui se frôlent et ce petit bout de langue qui dépasse quand elle se concentre. Elle crève d’envie de l’embrasser, de la coucher sur ce canapé pour savourer sa chaleur et son toucher, son cœur tambourine comme un dingue dans sa poitrine à cette idée et Ohana doit se faire violence pour se contrôler. Jusqu’à que Donkey Kong se prenne une énième fois le mur et qu’elle pousse un juron. « Merde, je suis pas faite pour ce jeu. » Et sans rien ajouter elle s’affale sur Zelda pour mimer un sanglot.

Je vois le visage d’Ohana s’illuminer quand elle voit le volant, et comme je m’imaginais, elle ne s’offusque pas, ça ne serait pas le genre. Au lieu de ça, elle prend le volant en plastique à la hâte, comme si ça allait la faire jouer un peu plus convenablement, et j’avoue qu’au fond de moi, je l’espère un peu, parce que c’est quand même une catastrophe. « Merci maman, je vais bien conduire comme ça. » Je ris, amusée, et secoue la tête d’un air faussement dépité avant de lancer la course. Je lui expliquer quelques trucs, lui donne quelques tuyaux en espérant que ça l’aide un peu, mais on dirait pas. Elle est tellement proche de moi de toute manière que j’ai réellement du mal à me concentrer. Je sens son genou contre le mien, parfois quelques frôlement de coudes, et ça me perturbe. Plus encore que je ne veux bien me l’avouer. Depuis qu’elle est là, on flirte pas mal, même si ça fait partie des règles à logiquement ne pas enfreindre, je crois que j’ai très envie de jouer les élèves pas du tout modèles cette fois encore.

Ohana perd une énième vie et visiblement, elle abandonne. « Merde, je suis pas faite pour ce jeu. » « Mais si mais… » Je n’ai pas le temps de finir ma phrase qu’elle se laisse tomber sur mes jambes, telle une actrice de série B feignant un malaise. Je ris à ses bêtises, encore et toujours. Il n’y a pas un dicton qui dit ‘femme qui rit à moitié dans ton lit’ ? Ok ok je vais peut-être un peu loin là, mais comment je suis supposée réagir face à ça, ne pas succomber ? J’attrape quelques nattes qui lui barraient le visage pour les décaler doucement et je ne peux m’empêcher de frôler sa joue au passage, alors que mon regard alterne entre son regard hypnotique et ses lèvres qui m’apparaissent comme le fruit défendu. « Tu as sûrement d’autres talents… » Merde. Pourquoi ma voix est devenue si suave d’un coup là ?

Elle aurait dû faire du théâtre Ohana à aussi bien feindre la tristesse. En tout cas, les cuisses de Zelda sont super confortables et elle ne compte pas bouger pendant un certain temps. Pourquoi ne pas y dormir aussi ? Elle n’a que des bonnes idées en ce moment, c’est parfait. Elle manque de ronronner quand ses doigts fins touchent ses cheveux et elle s’amuse à se mettre sur le dos pour contempler ses traits. Même comme ça elle est sexy et désirable, comment l’hawaïenne fait-elle pour résister alors qu’elle est aussi proche ? Il suffit de se redresser sur les coudes pour cueillir ses lèvres. Elles doivent être sucrées, douces, délicieuses à grignoter. Ohana se sent prise d’une bouffée de chaleur et s’empresse de penser à autre chose.

Mais rien ne lui laisse du répit et elle le sait. Tout l’appelle à la tentation, à mordre dans le fruit défendu. Merde quoi, il est bien écrit dans le règlement de la colocation qu’elle n’a pas le droit de l’attirer dans son lit mais Zelda l’a si bien démenti lors de sa visite, l’autorisant à draguer sans culpabiliser. Chose qu’elle fait depuis son arrivée. Alors pourquoi avoir peur d’aller plus loin ? Aux dernières nouvelles, Zelda est célibataire, belle, drôle et l’attirance semble réciproque, alors pourquoi… ? Un large sourire goguenard étire ses lèvres à sa remarque et le bout de ses doigts vient se perdre sur le menton de la blonde comme pour la faire se pencher vers elle. « J’hypnotise les gens avec ma voix. » s’amuse-t-elle « mais mon meilleur talent ? Les chatouilles ! » Et sans prévenir, elle bondit de ses cuisses pour s’y asseoir, ses doigts se glissant sous le haut de Zelda pour chatouiller sa peau.

Je ne parviens pas à détacher mes yeux des siens, comme hypnotisée, perdue dans ses iris sombres et pourtant si lumineuses. Elle me happe, me capture d’un simple regard, et je reste là à la découvrir de mes yeux, chaque parcelle de sa peau, de son visage si joliment dessiné. Sa beauté sauvage me donne envie de m’y accrocher comme jamais, m’y abandonner, aussi. Son simple toucher me fait devenir folle, elle attrape mon menton pour me lier à son regard, j’imagine. « J’hypnotise les gens avec ma voix. » Mais pas que… Je souris, je crois que je suis littéralement sous son charme, mais ça ne date pas d’hier, le coup de foudre qui m’a frappé à l’instant où j’ai ouvert la porte de l’appartement le jour de son arrivée en est le témoin. « mais mon meilleur talent ? Les chatouilles ! » « MAIS ! » J’ai pas le temps de prendre une respiration qu’elle est déjà assise sur mes cuisses en train de glisses ses doigts chatouilleurs sous mon t-shirt et je me dandine dans tous les sens, mon rire prenant toute la place dans l’appartement. « Naaaannn pas les chatouiiiilles ! » Je continue de rire comme une enfant, frissonnant dans le même temps de sentir sa peau en contact avec la mienne. Finalement, j’arrive à attraper ses poignets pour la stabiliser et je prends conscience soudainement de notre proximité, sa position, nos visages si proches que nos nez pourraient presque se toucher. Nos nez mais pas seulement. Je sens son souffle caresser mes lèvres et mon coeur tambouriner dans ma poitrine. J’ai presque l’impression qu’elle pourrait l’entendre. Mon regard alterne entre ses yeux et ses lèvres, et je la sens s’approcher. Mutine, joueuse, j’esquive le baiser, en en déposant un sur sa joue, si près de ses lèvres qu’on pourrait s’y méprendre. Elle essaie à nouveau et je me mets à rire, esquivant encore et encore. Je ne sais pas pour combien de temps j’arriverai à résister, mais j’ai au moins le mérite d’essayer.

Ses chatouilles sont précises, particulièrement bien placées, ce qui lui permet de savourer la douceur et la chaleur de sa peau, celle qu’elle s’imagine dans ses rêves langoureux et peu réparateurs, elle doit l’avouer. Elle mène la bataille les premières minutes, en profite pour se moquer gentiment des traits hilares de Zelda mais finit par se faire avoir, les poings liés capturés par la princesse qui est plutôt douée pour la surprendre. Ohana ne renonce pas directement, gigote un peu et tente de nouveaux assauts mais sa poigne est forte et surtout envoûtante, la chaleur se propage dans son corps jusqu’à ses lèvres qui se gonflent de désir à la vue de leur proximité. Elle peut sentir parfaitement son parfum, son souffle ricoche contre ses joues et sa bouche appelle à la tentation. Ohana n’hésite pas un seul instant et se penche pour s’en saisir, mais Zelda a déjoué ses plans et se contente d’embrasser le coin de ses lèvres. Elle pousse un grognement mélangé un rire, mais n’abandonne pas pour autant, revenant à l’attaque sans prendre le temps d’y réfléchir. Elle la veut pour elle, elle la veut tellement depuis des jours qu’elle risque d’en devenir folle, elle le sait. « Come ooooon Zelda… » se plaint-elle, frottant son poignet droit contre la paume de sa main pour finalement réussir à s’échapper. Ses doigts libres s’empressent de se perdre dans la crinière blonde. « Je gagne toujours… » murmure-t-elle à quelques millimètres de sa bouche. Elle l’envoute de son souffle, la tente, son regard glissant dans le sien pendant une fraction de secondes. Elle fait naître le désir, l’attise, l’apprivoise avant d’apposer ses lèvres sur les siennes.

Je suis chatouilleuse, elle s’en était déjà rendu compte le premier jour où elle a posé les yeux ici, et elle s’en sert le plus souvent qu’elle le peut. Ça ne m’étonne même pas d’elle. Je sens son visage approcher et même si j’en meurs d’envie, j’essaie de repousser cet instant encore un peu, juste un peu, parce que je sais que ce désir de quérir ses lèvres est un plaisir inavoué, et que plus je laisserai de temps entre le rêve et la réalité, plus j’y pendrai du plaisir. Nous avons déjà laissé passé beaucoup de temps, trop peut-être à ses yeux visiblement, puisqu’elle cherche encore à m’embrasser, ce qui me fait rire, je dois bien l’avouer. Je sens qu’elle perd patience, parfait, elle n’appréciera que mieux ce moment lorsqu’il arrivera. « Come ooooon Zelda… » Je secoue la tête à la négative tout en riant, essayant toujours de repousser ses lèvres lorsqu’elles s’approchent un peu trop. « Je gagne toujours… » me dit-elle dans un murmure, alors que je sens son souffle ricocher contre ma bouche. Ça devient de plus en plus difficile de lui résister, je la regarde dans les yeux, mon regard se perd finalement sur ses lèvres magnifiquement dessinées, et me mords les miennes pour tenter de résister encore un peu plus. « Tu es le diable en personne… » lui dis-je à mon tour dans un souffle, avant de sourire et je fais en sorte de retourner la situation, allongeant la brune sur le canapé, et moi au dessus d’elle, entre ses jambes. « Tu crois vraiment que tu mérites de m’embrasser ? » Je ris un peu et dans un geste rapide, j’arrive à me relever et quitter le canapé pour m’enfuir, mais c’est sans attendre qu’elle me court après. Je ris comme une idiote, tente de prendre le canapé comme bouclier, droite, gauche, mais elle est rapide et la souplesse de la danseuse a finalement raison de moi. A moins que je ne me sois laissée avoir ? « Ok t’as gagné. » Mutine, de plaque un baiser sur ses lèvres, furtif, presque enfantin, et me pince finalement les lèvres pour l’empêcher de venir les chercher. Le regard rieur et le sourire joueur, je me laisse avoir de seconde en seconde, par ces sentiments grandissants.

Elle est envoûtée Ohana, à tel point qu’elle n’est pas en pleine possession de ses moyens, que ses réflexes sont fainéants et qu’elle ne peut résister à l’attaque surprise de la blonde. Seul un glapissement de surprise témoigne de sa réaction et le rire qui suit lui fait bien comprendre que la situation l’amuse énormément. Une alchimie d’une telle qualité est si rare qu’elle ne se demande pas si elle rêve et qu’elle va bientôt se réveiller dans les draps froids de son lit, mais le toucher brûlant de la blonde contre sa peau suffit à ôter les doutes de son esprit. Elle ne rêve pas, l’instant est unique, elle doit sauter sur l’occasion, sortir de sa torpeur. Mais Zelda est une sirène des temps anciens, de sa beauté elle emprisonne quiconque qui la croise, quiconque qui entend son rire, Ohana est l’un de ses marins qui s’échoue volontairement pour la faire sienne, mais la voilà sous son emprise sans aucune envie de s’échapper.

Bien sûr qu’elle mérite le baiser, elle s’est si bien battue pour accaparer son attention, la séduire, lui faire comprendre que son cœur bat déjà pour elle depuis le premier jour. Alors pourquoi n’aurait-elle pas le droit à une récompense ? Elle n’est pas conne Ohana, elle savoure le jeu qui ne fait qu’accentuer cette tension qui est née depuis des semaines et qui n’attend qu’une chose depuis, exploser. Ohana plonge son regard dans le sien, les lèvres entrouvertes, prête à la supplier de poser sa bouche contre la sienne. Ses mains bougent enfin comme échappées de la glace qui les a figé pendant de longues minutes. Mais voilà que sa Muse fuit déjà, elle n’abandonne pas. Ohana n’est plus stoïque, elle bondit sur ses deux pieds et se lance à sa poursuite. C’est son trésor, personne ne l’aura avant elle. Le jeu se prolonge, les regards se cherchent et les cœurs crient à l’étreinte à tel point que l’Hawaïenne s’élance par-dessus le sofa pour attraper Zelda. Les rires se mêlent aux souffles irréguliers, les yeux brillant d’hilarité s’embrassent bien avant les lèvres, mais le baiser n’est qu’illusion et Ohana suit ce dessert fruité qui lui ait finalement interdit.

Elle fait une moue enfantine et entoure sa taille de ses bras. « Tu as dit que j’avais gagné ! Je veux ma récompense ! Et si tu ne me la donnes pas alors tu seras ma prisonnière » murmure-t-elle venant mordiller sa joue pour la faire rire et va même jusqu’à embrasser son cou dans des échos ridicules pour provoquer une hilarité telle que Zelda ne pourra plus pincer ses lèvres. Elle la regarde et fait une tête de chien adorable, rapprochant son visage du sien.

Je ris, je n’arrive pas à m’arrêter. Joueuse, je défie la jolie brune du regard, de mes sourires, de mon attitude. Je l’attire, la repousse, joue avec elle pour mon plus grand plaisir. J’aime voir ce pétillement dans ses yeux, ce sourire au coin de ses lèvres. Elle me rend folle, mais je me refuse à m’offrir à elle pour le moment, j’ai besoin de sentir qu’elle le veut vraiment, mais pas juste pour que je sois une simple conquête. Je suis tombée amoureuse d’elle le jour où je lui ai ouvert la porte de cet appartement, et je crois que jamais je ne pourrai oublier cette image. Je finis par la laisser m’attraper, volontairement, et frissonne déjà en sentant ses bras se refermer autour de ma taille. « Tu as dit que j’avais gagné ! Je veux ma récompense ! Et si tu ne me la donnes pas alors tu seras ma prisonnière » Je ris un peu, parce qu’au fond, je le sais bien que je suis déjà sa prisonnière. Elle mordille ma joue, embrasse mon cou, et je sens déjà mon pouls s’accélérer à vitesse grand V. Elle me chatouille et je finis par sourire, arrêtant donc de pincer mes lèvres. Elle a gagné, véritablement. Mon regard jongle entre ses lèvres et ses yeux dans lesquels je me noie volontairement. Mon souffle devient plus court, je le sens rebondir sur son visage, sur sa bouche; et enfin, enfin je peux sentir la douceur de ces lèvres dont j’ai rêvé si longtemps depuis notre rencontre. Je soupire contre ces dernière, et, les yeux clos, je me laisse embarquer dans cet échange. Le baiser s’intensifie, doucement, tendrement, je glisse une main jusqu’à son cou, sa joue. Mon coeur bat si fort que j’ai l’impression qu’il est à deux doigts de se décrocher pour sortir de ma cage thoracique. « Ohana… » je murmure contre ses lèvres, la forçant à réouvrir les yeux pour que je puisse plonger les miens à l’intérieur. Je souris, et l’embrasse à nouveau sans attendre, mais sans rien dire de plus.

Beaucoup ne croit pas au coup de foudre, certains ne parlent que d’une attraction physique qui finit par se consumer au fil des jours, des semaines, des mois ou bien lorsque les deux personnes cèdent à la tentation, se rejoignant dans un lit commun pour partager le fruit défendu. Mais Ohana y croit dur comme fer suite aux histoires de sa grand-mère, des tentatives de la rassurer quand elle s’est sentie seule, mal-aimée, abandonnée. Et elle n’a pas peur d’affirmer que la foudre s’est abattue sur elle le jour où Zelda a ouvert la porte. Elle qui n’a jamais voulu s’attacher de peur de souffrir, la voilà dans de beaux draps mais elle ne regrette rien, la blonde est tout ce qu’il lui faut dans ce monde. Souriante, marrante, une pile électrique qui réchauffe et anime ses journées au sein de la colocation. Ohana n’a cessé de lui lancer des regards, lui offrir des sourires dans le plus grand secret. Elle connait la règle, Zelda lui a appris le règlement de la colocation mais elle ne va pas laisser des lois dicter ses envies.
Ses lèvres se posent sur les siennes et le feu prend vie au creux de son être, les flammes lèchent son cœur et réchauffe le ronronnement de désir qui résonne dans son bas-ventre. Elle savoure cet instant, elle en retient chaque détail et ose enfin parcourir le corps de la belle pour autre chose que des chatouilles. Elle découvre avec délicatesse puis passion la peau douce de son dos puis arpente le creux de ses reins pour la rapprocher. Son prénom fait écho dans ses oreilles, elle est prête à la faire taire mais Zelda reprend l’assaut de baiser, créant un silence langoureux qui la fait frissonner de tout son long. Son corps cherche un moyen d’être au plus près de celui de la blonde mais son plan d’attaque se voit interrompu par la porte qui s’ouvre. Ohana s’écarte habilement de Zelda, non sans lui glisser une dernière mèche de cheveux derrière l’oreille. « Rejoins moi dans ma chambre ce soir… » Elle attrape la manette sur le canapé et se laisse y tomber comme si de rien n’était.