let's be gay ! | dash #2

Il avait toujours été dans mon tempérament de m’auto-flageller. Depuis toute petite, j’avais été le genre de gamine à rester dans mon coin, cachée dans l’ombre par peur de se faire remarquer. Ma relation avec le père de Jane avait fini de me faire rentrer dans ma coquille. Il n’y avait finalement eu que Ash et ensuite Nieves pour m’aider à prendre un peu plus confiance en moi. Et même si ma relation avec Ash n’avait pas fonctionné sur le long terme, même si nous avions été trop différentes pour que ça marche, la blonde avait été là. Elle avait été là pour me rappeler que j’étais belle, que j’étais douce. Elle avait été là pour me rappeler que j’en valais la peine. Aujourd’hui encore, alors que je l’écoutais s’énerver après moi, elle était toujours là pour me répéter encore et encore que je n’étais pas le pire être humain de la terre. Je me surprendre à sourire à sa diatribe, un peu amusée mais surtout touchée. « D’accord, d’accord, je lâche doucement. Ne t’énerve pas, Ash. J’ai compris. » Elle était mignonne quand elle s’énervait comme ça, quand elle s’emportait. La blonde avait toujours eu un tempérament passionné. Un tempérament de feu. Et c’est ce qui m’avait toujours attirée chez elle. C’était ce qui m’avait attirée chez Nieves – ce feu dans leurs veines, ce feu qui manquait cruellement à ma personnalité. J’étais la glace quand elles étaient la lave en fusion.

« Je suis désolée, j’arrête de dire des bêtises. Promis. » Je laisse échapper un petit rire. J’enlace son bras du mien et continue d’avancer à travers la foule encore compacte. Je devais profiter de ces moments, de l’ambiance électrique. Je devais profiter et m’imprégner de la folie communicative autour de moi. « J’admire la confiance que tu as en toi, j’admets. J’aimerais avoir le dixième de cette confiance. Peut-être que si j’osais plus m’affirmer et dire ce que je pense réellement, alors on arrêterait de me prendre pour la pauvre petite Dani qui accepte tout sans jamais rien dire. » Sans doute que si j’avais un peu plus osé dans la vie, alors peut-être que ma relation avec Jane ne serait pas sur une pente glissante ; alors peut-être que j’aurais été capable de tenir tête à mon ex-petit-ami. Alors peut-être que j’aurais réussi à garder à mes côtés la femme de ma vie. « Comment est-ce que tu fais ? » J’avais essayé de prendre plus confiance. J’avais essayé de me regarder bien fixement dans le miroir et de me répéter que je ne valais pas moins que le reste du monde. J’avais essayé de me persuader, le matin, que la journée serait bonne et que j’étais capable de tout si je m’en donnais seulement les moyens. Mais il y avait toujours eu cette petite voix dans ma tête qui me répétait que ce n’était pas vrai. Que je ne devais pas perdre mon temps à croire à toutes ces sornettes. Jamais je n’arriverai à quoique ce soit. « J’aimerais bien être capable de croire en moi comme tu le fais, mais je ne sais pas comment m’y prendre pour que ça fonctionne. » Peut-être que Ash aurait enfin la solution à tout ce mal-être qui me rongeait.

Elle s'est énervée. Ça a été plus fort qu'elle. Elle déteste lorsque Dani se fustige comme ça. Elle est vraiment aveugle en fait. Elle ne voit pas comment elle peut être forte. Ash soupir et secoue légèrement la tête. Le sourire de la Hawkins calme un peu cette colère qu'elle venait tout juste de ressentir à son égard. « Ouais parce que c'est vraiment des bêtises ce que tu racontes ! » elle appuie encore sur le fait que c'est des conneries tout ça. « Franchement faut que tu écoutes parfois ce que l'on te dit. » elle inspire et regarde son gobelet vide de tout alcool. « Ça m'éviterait de m'emporter comme ça. » surtout contre Dani. Elle n'aime pas s'énerver contre les personnes qui lui importent. Enfin, sauf Silva. C'est compliqué. Mais Dani, elle, elle sait qu'elle sera toujours là. C'est une certitude inébranlable que la combattante ressent au plus profond de son cœur. Depuis le temps qu'elles se connaissent en même temps et puis Dani a vraiment vue toute les parties de la personnalité de Ash. Mais combien même, la polonaise n'apprécie pas trop de s'énerver contre elle. Enfin bon, elle n'a pas pu s'en empêcher non plus. Il fallait bien lui ouvrir les yeux à Dani ! Et elle se demande d'ailleurs qu'est-ce qu'elle a foutu sa bonne femme depuis tout ce temps ?! Alalala, cette possessivité qui la caractérise toujours présente. Ses pupilles se posent à nouveau sur les siennes. « Toi, c'est toi, Dani. Tu peux être sûre de toi même en gardant cette personnalité qui fait que c'est toi. » et Ash ne veut pas qu'elle change. Elle l'aime comme elle est. « Mais ouais, oser dire ce que l'on pense, ça peut aider à te rendre plus sûre de toi. » elle jette son gobelet à la poubelle et pose une main tendre sur l'épaule de Dani. « Je t'assure tu ne voudrais pas me ressembler. » ouais, non, même Ash ne s'apprécie pas tellement en vérité. C'est pour ça qu'elle a tendance à rejeter le monde entier. Elle esquisse un sourire. « La confiance, je pense que ça ne s'apprend pas. Ça vient c'est tout. Grâce aux gens qui t'entourent et qui te font voir un peu ce que tu es capable de faire. » elle hausse les épaules puis entoure ses épaules par son bras. « Et moi je te dis que tu es quelqu'un de fort. » elle en est persuadée. « Faut pas hésiter à dire ce que tu penses, quitte à avoir un conflit après, tant pis, c'est pas grave. » c'est comme ça qu'elle fonctionne en tout cas. « Mais bon je pense que t'es plutôt du genre à arrondir les angles, vu que t'aimes pas les conflits, sert toi de ça à ton avantage. Moi j'y arrive pas ce genre de truc. » ouais aller directement dans le tas, c'est plutôt le genre de Ash. Elle ne pourrait pas être autrement de toute façon. Tant que cette rage qui sommeille en elle sera présente, "arrondir les angles" est un concept utopique dans son cas.

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Je devais vraiment avoir énervé Ash pour qu’elle me crie dessus ainsi. Je n’en étais pas blessée, je n’en étais pas effrayée non plus. Ce qui était impressionnant, c’était la passion avec laquelle elle parlait de moi. Ses mots étaient tendres sur mon âme et me faisaient du bien tout en me mettant face à mes propres contradictions. Mes propres défauts. Ses paroles étaient pleines de bon sens et d’une vérité qui faisait du bien à entendre. Et même si elles renfermaient d’autres vérités, plus sombres alors, elles n’en restaient pas moins importantes pour moi à comprendre. J’aurais pu être vexée qu’elle s’énerve après moi mais il n’en était rien. Je connaissais Ash. J’avais appris à la connaître, à savoir comment elle fonctionnait. Et la blonde était un peu comme une arme nucléaire – elle n’en avait pas l’air mais elle pouvait se montrer très destructrice. Je l’avais vu, je l’avais vécu de près lorsque nous étions ensemble. Et jamais ça ne m’avait fait peur au point de m’éloigner d’elle pour toujours. Je finissais par revenir à ses côtés car j’étais trop inquiète. Car je tenais encore à elle, malgré tout. Car j’avais besoin de garder un œil sur Ash, être certaine qu’elle allait bien et qu’elle ne faisait pas de connerie.

« Tu as très probablement raison, je rétorque avec un sourire. » Je ne pouvais pas apprendre à avoir confiance en moi – je devais me rendre compte que ceux qui m’entouraient, ceux qui m’aimaient me voyaient de cette façon. D’une façon bien différente du regard que je posais sur moi. Dans un geste plein d’automatisme et d’habitude, j’enroule mon bras autour du sien et pose ma tête sur l’arrondi de son épaule. « Moi, j’ai toujours aimé ton côté bourru et grande bouche. Ça fait du bien, dans un monde où il faut toujours faire attention aux sensibilités des uns et des autres, j’ajoute avec douceur. Jamais je ne voudrais que tu changes quoique ce soit chez toi. » C’était parce que Ash était Ash que j’étais tombée sous son charme. C’était parce que nous étions très complémentaires que la blonde avait fait partie de ma vie intime. Si j’avais été rebutée par sa nature, je ne serais pas ici avec elle aujourd’hui. Je n’aurais jamais pris le temps de la soigner à chaque fois qu’elle s’était présentée à moi le visage tuméfiée et la lèvre fendue. Ash était telle qu’elle était et je ne l’aurais changée pour rien au monde.