welcome to hollywood (rayden#3)

Cette visite est définitivement des plus surprenantes. Eden avait-elle tout préparé afin de me tester ? Je ne pense pas, elle m’a paru très spontanée et si elle est productrice je ne suis pas sûre qu’elle soit aussi actrice. Quoi que je pourrai bien être surprise, ça ne serait pas la première ni la dernière fois à son sujet. Propre et rafraîchie par une rapide douche, je rejoins la charismatique blonde à l’extérieur du hangar d’entrainement. Elle a l’air pensive, me répond par des sourires comme si elle était ailleurs. Je n’ai cependant aucun mal à la croire quand elle affirme être contente que j’ai apprécié cette séance impromptue, mais un truc cloche. Est-ce à cause du coup de fil qu’elle devait passer ? Dans la plus basique expression de ma curiosité naturelle je l’interroge, voulant m’assurer que tout va bien. Eden semble surprise par ma question et je me sens presque un peu idiote d’avoir interprété hâtivement son attitude « Je ne sais pas tu semblais un peu pensive... j’ai cru que c’était peut-être à cause de cet appel que tu devais passer. » une discussion contrariante peut suffire à occuper un esprit. Elle vient apporter une petite correction à mon chignon que j’ai fait à la va vite, un geste anodin en soi mais dont je ne peux nier l’effet. Lequel ? Bonne question. Je crois que ça me perturbe un peu cette relative proximité avec la productrice, de la même manière que lorsque nous nous cachions de son assistant, dans les coulisses du théâtre. Le compliment s’ajoutant à cette brève interaction ne joue pas en ma faveur dans mon effort de ne rien laisser paraître. Je souris « Comme un gant de boxe ? » plaisanté-je en riant avec elle pour masquer mon trouble. J’ignore pourquoi je continue de réagir ainsi, j’avais pourtant la sensation que notre complicité se développant je me sentais moins impressionnée... à moins qu’il s’agisse de tout autre chose. Eden met fin à mes réflexions en proposant que nous allions manger quelque chose pour combler un éventuel petit creux, son sourire est communicatif et j’acquiesce d’un hochement de tête « Ça me va. ». Nous arrivons aux abords de l’établissement, la productrice me demande si cette séance de sport m’a ouvert l’appétit, je hausse les épaules « Affamée ? Peut-être pas... » dis-je en riant « Pourquoi ? C’est un nouveau test afin de connaître mon appétit ? » ajouté-je amusée. Nous nous installons « Je ne coûte pas très cher en nourriture, si c’est la productrice qui s’en inquiète. » qui d’autre ? C’est plus ou moins un rendez-vous professionnel, non ? En fait je ne sais pas bien ce que c’est... « Et toi ? Tout ce sport ça t’as donné faim ? » demandé-je avec ce même ton léger que j’arrive de plus en plus à avoir avec la quadra.

J’esquive rapidement la question de Rayan vis à vis de mon attitude qu’elle semble avoir remarqué changée. Je ne veux pas qu’elle imagine quoi que ce soit qui serait erroné, et je me dédouane comme je sais si bien le faire. L’air de rien, je reprends l’avantage et sème un peu plus le trouble en elle, jouant avec une certaine proximité et quelques gestes équivoques. Du moins, ils le sont pour moi, le sont-il pour elle ? « Comme un gant de boxe ? » me demande-t-elle en guise de réponse, sourire aux lèvres. Un rire franchit la barrière de mes lèvres et je hoche la tête cette fois. « Oui voilà, un gant de boxe, si tu veux. » On reste dans le thème. Je lui propose alors d’aller manger un morceau, le prétexte est bon pour pouvoir rester un peu plus longtemps avec elle. Après tout, ma promesse est tenue, je lui ai fait visiter les studios, elle pourrait tout simplement repartir comme elle est arrivée, mais je n’en ai aucune envie. « Affamée ? Peut-être pas… Pourquoi ? C’est un nouveau test afin de connaître mon appétit ? Je ne coûte pas très cher en nourriture, si c’est la productrice qui s’en inquiète. » Je tourne la tête dans sa direction et ris un peu en secouant la tête. « Tu n’as pas mangé grand chose chez Lorenzo, je pense que si tu avais un appétit d’ogre, je serai déjà au courant. » Je lui souris et nous passons la porte du café/restaurant. « Et toi ? Tout ce sport ça t’as donné faim ? » Je meurs d’envie de lui répondre que surtout le sport qu’elle a fait m’a donné faim d’elle, mais je me retiens, non seulement parce que je ne veux pas l’effrayer, mais en plus parce que nous sommes dans un lieu public. Autant éviter ce genre de débordement. « Soif surtout. » que je lui réponds en souriant, à la fois complice et charmeuse. Nous nous approchons du comptoir, comme toujours je suis connue comme la bête noire dans les environs, et tout le monde change d’attitude quand il s’agit de s’adresser à moi. « Fais-toi plaisir, commande ce que tu veux, c’est la maison qui invite. » Evidemment, c’est moi qui paye tous ces gens, il est normal que je n’ai rien à payer ici. Rayan fait son choix et je commande à mon tour un jus d’orange pressé, frais. C’est important. Je le précise parce qu’en général, c’est mon assistant qui s’occupe de commander pour moi, alors je ne sais pas si les petites serveuses du café savent que c’est pour moi. Une fois servies, je laisse Rayan s’emparer du plateau et je lui désigne une table un peu plus loin, lorsque mon téléphone se met à sonner. Je grogne un peu et glisse l’air de rien une main dans le bas du dos de Rayan. « Installe-toi, je fais vite. » Je sors pour répondre au téléphone et tente au maximum de rester concentrée sur mon appel alors que je sais que Rayan m’attend à l’intérieur. Qui plus est, je ne suis pas témoin de la scène qui se passe dans le café, cette petite maquilleuse avec qui j’ai couché une fois il y a un an qui fonce droit vers Rayan pour lui demander froidement. « Alors c’est toi la nouvelle proie du dragon ? »

Non Rayan, les blagues aussi nulles c’est proscrit… même si Eden se montre bon public sur ce coup là, il va falloir que je trouve autre chose, ou juste des plaisanteries un peu meilleures si je veux garder ce stratagème afin de masquer mon trouble. C’est sans doute la perspective un tout petit peu plus concrète d’espérer peut-être avoir une ouverture dans le milieu très fermé de l’industrie audiovisuelle. Eden représente cette institution et son charisme faisant je me sens intimidée, voilà l’explication logique à tout ça. La blonde propose que nous allions manger quelque chose, j’accepte niant cependant être affamée. Je plaisante sur cet éventuel nouveau test de la part de la productrice, mais elle a tôt fait de s’en tirer avec brio. C’est une femme qui manie les mots avec aisance et efficacité, qualité indispensable à la place qu’elle occupe. Petit haussement d’épaule « Je peux cacher mon jeu. Je fais un peu de théâtre à l’occasion alors… » répliqué-je en lui adressant un sourire complice, nous savons toutes deux qu’elle a raison, je n’ai pas un appétit d’ogre. Je l’interroge à mon tour sur ce point alors que nous entrons, Eden admet alors avoir d’avantage soif que faim. La lueur dans son regard me laisse un court instant perplexe, mais cela ce dissipe rapidement en approchant du comptoir. Je suis invitée à commander ce que je veux, c’est offert pas la maison. Donc ça aussi ça lui appartient, enfin à sa boite de production mais c’est du pareil au même. Les discussions se sont faites un peu plus discrètes, certaines personnes ont un peu revues leur façon de se tenir, l’effet Eden lewis à n’en pas douter. Je commande un jus d’ananas et un muffin, nous sommes servies rapidement et je prends le plateau de notre commande. La productrice m’indique une table, c’est à ce moment là que le téléphone de la productrice sonne. Les affaires n’attendent pas, sa main se pose dans le bas de mon dos pour m’inviter à aller m’installer, elle me rejoindra ensuite. Le contact a été bref mais j’en garde la sensation en souvenir tandis que je pose le plateau sur la dite table. C’est ce moment que choisis une jeune femme pour s’avancer dans ma direction. Froidement elle m’interroge et je ne comprends d’abord pas quelle est sa question. Proie ? Dragon ? C’est un jeu ? Une histoire de code ? Je fronce les sourcils d’incompréhension, elle lâche un ricanement amer « Elle les choisit de moins en moins futée, forcément c’est plus facile. » euh qui est pas futée, moi ? J’arque un sourcil et souris, dépassée par le comportement de cette jeune femme « De quoi vous parlez ? La proie de qui ? » c’est une façon de me prévenir que les acteurs sont mal traités ici ou juste de la jalousie mal placée ? Je penche pour la seconde option, vu le ton employé. Cette fois elle lève les yeux « Jouer les innocentes t’épargneras pas pour autant, alors te fatigue pas. Elle souffle peut-être le chaud pour l’instant, mais elle reste la Reine des Glaces. Te fais pas d’illusions. » ok, clairement cette nana doit avoir un soucis avec Eden, c’est un peu trop codé pour que j’en perçoive toute les nuances et je n’ai pas le temps de creuser, la blonde étant de retour. Malgré tout, je suis perplexe… de quoi parlait-elle exactement ?

« Je peux cacher mon jeu. Je fais un peu de théâtre à l’occasion alors… » Je la regarde en souriant légèrement avant de hocher la tête. « C’est vrai, je devrais me méfier, les acteurs ne sont pas toujours ce qu’ils prétendent. » Je laisse échapper un rire complice et nous entrons dans le café où je lui propose de commander ce qu’elle voudra. Je suis la reine ici, et elle est mon invitée, qu’elle en profite. Une fois la commande passée, nous allons nous asseoir et c’est à ce moment que les affaires semblent vouloir reprendre. Je soupire légèrement et m’excuse auprès de la jeune femme, espérant revenir assez rapidement pour ne pas la laisser seule trop longtemps. Mon coup de fil se termine heureusement plutôt vite et je peux retourner à l’intérieur rejoindre Rayan. Mais le spectacle qui se déroule plus loin est loin de me ravir. Je vois cette petite emmerdeuse tourner autour de Rayan, je croise à peine son regard et elle s’éclipse avant que je n’ai eu le temps de rejoindre la table où ma petite pouliche est assise. Suspicieuse, je m’assieds croisant une jambe par dessus l’autre et je récupère mon jus d’orange. Avant de glisser la paille entre mes lèvres je demande à Rayan, un petit air mutin au coin des lèvres. « A ton avis, elle a fui parce que je lui fais peur ou parce qu’elle avait quelque chose à se reprocher…? » J’ignore ce qu’elle était venue dire à Rayan, profitant de mon absence pour filer entre les mailles du filet. Je déteste ce genre de fourberies. Rayan semble un peu sur la réserve, ce qui me fait être d’autant plus suspicieuse, et je finis par lâcher un petit rire, pas amusé, mais presque un peu jaune, malgré moi. « Oh je vois, elle t’a mise en garde contre moi c’est ça ? » Cette fois je glisse la paille entre mes lèvres et hoche à peine la tête, avalant ma gorgée. « Bien sûr, le grand méchant loup. Tu devrais te méfier, elle a peut-être raison… » Je lui offre un petit rugissement pour tourner les choses à la dérision et nous continuons de partager cet encas, presque naturellement, même si je sens bien que depuis cet épisode, Rayan est un poil plus sur la réserve. Une fois terminé nous quittons le café et sur le chemin, je tourne la tête vers elle et me décide à lui expliquer les choses. Pourquoi ? Je n’en ai aucune idée. Je n’ai jamais été du genre à justifier mes actes ou mes décisions face à qui que ce soit. Mais au fond, j’ai presque la sensation que Rayan pourrait me filer entre les doigts, et au fond de moi, je crois que ça me terrifie. « Elle s’appelle Juliette. J’ai eu une liaison avec elle pendant quelques mois l’année dernière. Elle est maquilleuse et avait pour projet de devenir actrice, manque de bol, elle n’avait clairement ni les épaules ni les compétences pour ça. Je crois qu’elle a mis tous ses espoirs dans cette relation en pensant que juste parce qu’elle partageait mes draps, elle allait pouvoir être en tête d’affiche d’un film à gros budget. Mais le souci, c’est que c’est pas comme ça que ça marche. » Je continue de marcher près de la jeune femme sans pour autant la regarder, mon regard rivé au loin. « J’ignore pourquoi les gens s’imaginent toujours que coucher avec le patron leur fera grimper les échelons. » Je lâche un rire cynique. « Quelle belle connerie. Enfin, tout ça pour dire qu’elle a depuis décidé de ‘prévenir’ toutes les personnes qui me tournent autour où autour de qui je tourne, que je suis la méchante de l’histoire. » Nouveau rire cynique. « Elle a dû voir que tu me plaisais. Ou l’imaginer. » C’est ça, rattrape toi aux branches Eden.

Je n’en fais pas partie pourtant je sais que le monde du cinéma et de l’audiovisuel est un milieu difficile où la concurrence est rude. En revanche je ne pensais pas être si vite confrontée à cela, me faisant prendre à parti par une jeune femme visiblement revancharde. Je n’ai même pas un pied dans cette industrie et déjà les premières jalousies ? C’est surréaliste, d’ailleurs je ne comprends pas bien où veut en venir cette harpie, laquelle distille son venin à propos d’Eden avant de déguerpir rapidement alors que la concernée revient. Comme c’est facile… et lâche, surtout. La blonde s’installe à la place me faisant face alors que je fais tourner ma paille dans mon jus d’ananas, lui adressant un léger sourire qui s’efface partiellement quand elle m’interroge sur la fouteuse de trouble qui s’est sauvée avant son arrivée « Probablement un peu des deux. » dis-je avec un léger haussement d’épaules. Loin de moi l’idée de mettre le feu aux poudres, je peux gérer cette petite “agression“ sans avoir besoin d’en faire le compte rendu à Eden. Pour moi ce genre de bassesse ne mérite pas d’y accorder un quelconque crédit, pourtant je ne peux m’empêcher de m’interroger quant à ce qu’a sous-entendu la jeune femme. Mais je ne devrais pas, car je ne suis pas de celles qui se fient à des paroles distribuées ainsi, surtout pas avec l’attitude affichée par cette nana, j’aime me forger mon propre avis sur les gens. La productrice me sort de mes pensées, son rire trahit un certain agacement, ce que je peux comprendre. Elle a rapidement compris la manœuvre de la fuyarde, j’avale une gorgée de ma boisson et relève le regard sur mon interlocutrice lui offrant un nouveau sourire « Dragon, c’est le terme qu’elle a employé. » précisé-je avec une pointe d’amusement « Et je suis ta nouvelle proie. » je hausse les épaules « C’est digne d’une cour de récréation. Ça ne vole pas plus haut qu’au lycée. ».
Le reste de notre petite collation se passe bien et nous quittons le café dans une atmosphère allégée. Cependant, même si je veux vraiment passer outre ce petit événement sans importance, ma curiosité prend le relais. Que s’est-il passé pour que cette jeune femme en veuille autant à Eden ? Un rôle refusé ? Une série annulée ? Les hypothèses sont vastes et malgré tout je me sens un peu concernée. C’est stupide. Pour autant c’est humain que je me questionne… je connais peu la productrice et même si une certaine complicité s’est créée entre nous, que j’ai un bon feeling la concernant je me trompe peut-être. Hors de question de l’interroger sur le sujet, je dois laisser ça définitivement de côté. Nous marchons tranquillement quand la blonde tourne la tête dans ma direction et me donne les explications que je n’ai pas demandé. Il y a de quoi se poser des questions sur mes qualités d’actrice si elle me dit ça en ayant sentie que je m’interrogeais sur le sujet. Mais c’est peut-être une simple anticipation, un désir de mettre les choses à plat pour que je ne me fasse pas de film. Sauf que celui-ci de film j’aurais été bien incapable de le faire. J’avais vu juste pour le rôle refusé… en revanche je n’avais pas pensé qu’elles aient eu une aventure. La maquilleuse avait cru que coucher serait gage de réussite, elle s’est trompée et l’a en travers, d’où son comportement avec moi. Finalement cette explication me prend de cours, je ne saurais vraiment expliquer pourquoi. Peut-être parce que je suis, bien malgré moi, troublée par ce statut de proie que l’on m’a donné qui n’est finalement pas exactement celui auquel je pensais. J’étais focalisée sur l’aspect professionnel de nos interactions, me raccrochant à cela pour éloigner toutes interrogations d’ordre plus personnelles… c’est comme si la barrière venait d’être écroulée. Je lâche un petit rire « Oui, et puis il en faut peu à ce genre de personnes. Elles sont prêtes à tout pour avoir le plaisir de cracher leur venin. Elles n’existent qu’à travers leurs problèmes et leurs rancœurs. » c’est triste mais c’est malheureusement la vérité. Quand bien même j’en fais les frais, et encore d’avantage après coup maintenant que l’explication m’a été donnée.
Cette fois c’est le moment de jouer un rôle, le mien en l’occurrence, pour donner le change et vraiment ne rien laisser paraître à cette étrange sensation qui s’immisce en moi. Je ne peux l’expliquer ou la décrire, mais je suis un peu mal à l’aise. Nous parcourons le reste du trajet du retour vers les bureaux, pas de détour, la visite est terminée et il va être temps pour moi de prendre congé. Pour autant je ne veux pas donner l’impression à Eden que je prends la fuite, même si dans le fond c’est presque ça. En dépit de mon trouble j’affiche un large et sincère sourire « C’était incroyable de pouvoir visiter les studios, encore merci Eden d’avoir pris de ton temps. J’ai passé un moment formidable. » je vais d’ailleurs m’efforcer de garder cela en tête afin de laisser le reste de côté, surtout que je ne sais même pas vraiment de quoi il s’agit. Difficile de lutter contre l’inconnu.