welcome to hollywood (rayden#3)

J’ignore pourquoi, mais je me prends assez régulièrement à penser à la professeur de théâtre de Maé. On en a vaguement parlé l’autre jour à table, et j’ai bien peur que ma fille ait vraiment le béguin pour elle, ce qui m’inquiète un peu. Pas parce que c’est une femme, mais avant tout parce que c’est son professeur. Et aussi et surtout parce qu’elle m’intéresse, à moi aussi. J’ai rapidement éludé le sujet, surtout que nous étions à table avec Cora, et que nous évitons de parler de nos conquêtes, ou potentielles conquêtes. Du moment que nous n’enfreignons pas les règles que nous nous sommes données, tout ira bien.

Assise à mon bureau, je profite d’une pause dans mon travail pour envoyer un sms à Rayan, sourire aux lèvres de mes pensées déplacées. Je sens que je ne lui suis pas indifférente, mais je ne crois pas qu’elle aime les femmes, je pense qu’elle aurait répondu à mes avances si tel avait été le cas. Mais je me donne quand même pour mission de continuer à la séduire, pour voir jusqu’où elle peut aller niveau tolérance, à quel moment elle choisira de m’envoyer balader. Je ne suis pas du tout le genre de patronne à donner des promotions canapé, et d’ailleurs je déteste qu’on me lèche les bottes pour avoir plus de privilèges. Je me fiche de ce que la brunette pourrait bien penser de moi, si elle imagine devoir passer sous le bureau pour avoir une chance de jouer dans un film que je produis. Ce n’est pas mon intention, loin de là, mais j’aime jouer, et si j’arrive à la mettre dans mon lit, je n’en serai que plus victorieuse.

Je m’amuse donc à lui envoyer quelques messages, de quoi la perturber suffisamment, et finis par l’inviter cet après-midi même, si elle est disponible,, pour visiter avec moi les studios comme promis. Si elle accepte, c’est qu’elle n’a pas froid au yeux. Et elle accepte. Bingo. Une fois arrivée l’heure du rendez-vous, je me remaquille légèrement histoire d’avoir le teint frais, et enfile ma veste de tailleurs sur mon haut style nuisette en satin noir,  habillé de petites dentelles au dessus de la poitrine. Mon assistant m’annonce l’arrivée de la comédienne et je rejoins l’entrée des bureaux pour aller la saluer. « Bonjour Rayan, je suis ravie de vous voir ici, dans mon univers. » Je suis souriante, et pas le moins mal à l’aise vis à vis des sms faussement envoyés par erreur un peu plus tôt. « Vous voulez un thé ? Un café avant de faire le tour ? » Je prends le pas vers mon bureau, la laissant me suivre, et referme la porte derrière nous après avoir demandé à mon assistant de nous préparer nos commandes. « Comment allez-vous depuis la dernière fois ? »

A l’arrivé du premier message d’Eden j’avoue être restée plus que perplexe. Heureusement le second, confirmant l’erreur a rapidement suivi me faisant même sourire. J’imaginais la quadragénaire gênée après cette erreur de destinataire, une attitude tranchant clairement avec celle si assurée qui ne semble jamais la quitter. Depuis la soirée de la représentation au théâtre j’ai repensé à notre conversation, à la visite des coulisses et cette ambiance étrange qui s’était progressivement installée. A vrai dire cette dernière partie j’aurais voulu la mettre de côté, mais je n’y suis pas parvenue, me questionnant sur le comportement de la productrice. Ai-je rêvé tout ça ? Peut-être que ce ne sont que des idées que je me fais. Elle a sans doute un tas d’hommes et de femmes à ses pieds, il lui suffit de claquer des doigts pour choisir, j’en suis convaincue. La séduction est dans sa nature, tout en elle est fait pour susciter de l’attirance autant que du respect. Pas que j’ai du mal à m’en remettre, mais je crois que cette situation étrange a secoué quelque chose en moi. Un truc que je n’arrive pas a identifier, ne sachant pas s’il s’agit de l’opportunité professionnelle que peut représenter cette femme ou le trouble que sa présence créée. Dans ces circonstances j’ignore totalement si c’est une bonne chose de répondre positivement à son invitation pour visiter les studios de la boite de production qu’elle possède, mais je le fais. J’accepte, le rendez-vous est fixé à seize heure et ça me laisse quelques heures devant moi pour me préparer psychologiquement.
En arrivant sur les lieux je suis plus détendue que ce que je pensais, sans doute parce que j’ai passé tout le trajet à me parler, me convaincant que tout va bien se passer et que visiter ces studios est une chance. Je mets de côté le potentiel malaise qu’il pourrait y avoir avec la productrice, j’ai dit que l’on faisait comme si je n’avais rien lu. C’est d’un pas assuré que j’entre dans les bureaux, m’annonçant à l’accueil en précisant que j’ai rendez-vous avec Mrs. Lewis. Elle est aussitôt prévenue et arrive quelques petites minutes plus tard, me saluant avec le sourire. Mes lèvres s’étirent à leur tour « Bonjour Eden, merci pour l’invitation. » je hoche la tête positivement « Je veux bien un thé. » elle donne ses directives à son assistant et je la suis jusqu’à ce que je devine être son bureau. Spacieux, classe mais sans trop en faire, je suis même un peu surprise car l’endroit n’est pas froid au contraire la pièce est agréable. En curieuse qui se respecte mon regard balaye l’ensemble du bureau, la quadra s’enquiert de mon état « Bien, je vous remercie. Et vous ? » je remarque qu’elle a fermé la porte, geste anodin et pourtant le fait de me retrouver seule avec elle suffit à réveiller un peu de ce trouble que j’étais parvenue à enfouir. « C’est très gentil de votre part de prendre un peu de votre temps pour m’accueillir ici. Vous auriez pu profiter de votre rendez-vous annulé pour souffler un peu. Prendre du temps pour vous. » j’ai comme l’impression que ce n’est pas son genre, qu’elle est plutôt du style bourreau de travail. Sa réussite elle ne la doit qu’à elle-même et elle tient à ce que ça se sache.

Je suis ravie de la voir, ce serait mentir que dire le contraire. Rayan est ce genre de personne solaire, souriante, qui donne envie de passer du temps avec elle. Elle a toujours quelque chose à raconter bien qu’elle ne parle pas forcément d’elle-même, elle répond aux questions sans trop en faire, elle est naturelle, posée. J’aime ce genre de personnage, et ce n’est pas pour rien que je l’ai invitée cet après-midi à passer un peu de temps en ma compagnie, sous prétexte de lui faire visiter les studios. La vraie raison, c’est surtout que j’apprécie sa compagnie, et que je ne comptais pas m’en priver. « Bonjour Eden, merci pour l’invitation. » Je lui offre un sourire sincère et commande un thé et un café à mon assistant qui s’empresse d’aller nous faire couler tout ça. Une fois enfermées dans mon bureau, je lui demande si elle va bien, c’est la moindre des choses, une question de politesse. « Bien, je vous remercie. Et vous ? » Je hoche la tête et lui souris de nouveau. « Très bien. » Je ne vais pas rajouter que c’est un peu plus le cas depuis qu’elle est ici, ça ne se fait pas, et je n’ai pas pour projet qu’elle s’en aille en courant. « C’est très gentil de votre part de prendre un peu de votre temps pour m’accueillir ici. Vous auriez pu profiter de votre rendez-vous annulé pour souffler un peu. Prendre du temps pour vous. » Je penche la tête sur le côté en souriant. « J’ai la tête de quelqu’un qui prend du temps pour elle ? » Je laisse échapper un léger rire, pas moqueur, juste un peu amusé. « Si je vous ai invitée c’est que ça me faisait plaisir, et que je n’avais rien de plus palpitant à faire ! » Pas que sa visite soit palpitante, quoi que. « Disons que ça me permet de sortir un peu de mon quotidien boulot boulot boulot, voir un visage extérieur, c’est toujours agréable. » Louis, mon assistant, frappe à la porte pour nous apporter nos boissons et je l’en remercie, tendant la tasse brûlante à Rayan. « Maé passe souvent dans les parages, elle a tendance à courir partout, essayer de tout voir, tout connaître. Vous savez comment elle est… » Elle déborde d’énergie, oui… « Mais bon, à choisir entre sa mère et ses copines, y’a pas photo. » Je ris un peu et trempe mes lèvres doucement dans mon café brûlant. « Au fait, vous n’avez eu aucun retour suite à votre représentation de la dernière fois ? J’ai cru voir quelques personnes prendre des notes, généralement ce sont les journalistes qui font ça… » Je penche la tête sur le côté sans lâcher la jeune femme des yeux. Parce que mine de rien, sa silhouette et son charme attirent l’oeil, c’est indéniable. J’ai envie de pouvoir voir chacune de ses mimiques, chacun de ses rictus, de ses sourires, parce que tout venant d’elle semble gracieux et agréable à regarder.

Je secoue légèrement la tête à la question d’Eden « Pas vraiment. » pas du tout même, c’est un bourreau de travail, une passionnée, elle le porte sur elle. Ainsi c’est ma visite qui fait office d’échappatoire, une petite pause dans son quotidien mouvementé. J’en suis plutôt flattée et mon sourire le traduit sans doute. « Bon et bien je vais tâcher d’être à la hauteur de ce petit moment de répit que vous vous offrez. » dis-je sur un ton amusé. Je ne me mets aucune pression, j’ai dit ça sur le ton de la plaisanterie afin de terminer de me détendre. Tout est normal, l’ambiance n’a rien de gênante, je ne me suis poser des questions pour rien. Nos boissons arrivent, je récupère la tasse fumante que me tend la quadra tandis que je la remercie poliment. Je sais dores et déjà qu’il est exclu de tenter de boire même la plus petite des gorgées au risque de me brûler. La charismatique blonde enchaine, m’expliquant que sa fille vient souvent ici aux studios. Pas étonnant, c’est assez fascinant et elle a la chance d’avoir la possibilité de découvrir ce monde plutôt fermé. Elle aurait tort de s’en priver. Je souris et acquiesce la description qu’Eden fait de sa fille « Oui, elle est toujours très volontaire et dynamique en cours. Et je sais de la part de mes collègues qu’elle fait preuve de beaucoup de curiosité. » c’est une gamine douée tout simplement, doté d’un regard analytique plus développer que beaucoup d’autres adolescents de son âge. Pas étonnant qu’elle ai un an d’avance, elle pourrait même en avoir deux d’un point de vu strictement pédagogique. Mon rire se joint à celui d’Eden « A cet âge je crois que pour la plupart c’est tout ce qui compte pour eux. » le lycée est peuplé de tribus diverses et variées, une société dans la société.
Je souffle un peu sur mon thé avant d’approcher mes lèvres du bord de la tasse, mais s’il y a bien une chose que je déteste c’est me brûler la langue, je me ravise et relève le regard en direction de la propriétaire des lieux. Elle m’interroge sur d’éventuels retour sur la représentation d’improvisation à laquelle elle a assisté, son regard aiguisé n’a pas laissé passer la présence de journalistes dans la salle. Je souris et hoche la tête « Un article est paru dans un journal du quartier, ce sont des journalistes amateurs qui font ça pour le plaisir. Il y a également eu un petit encart dans une revue culturelle de la ville, de quoi faire connaître notre petite troupe et peut-être donner envie à d’avantage de gens de venir voir la prochaine représentation. » je hausse les épaules « Les avis sont positifs, c’est gratifiant de voir que le travail accompli trouve une certaine reconnaissance même si ce n’est qu’à une petite échelle. Et puis les compliments du public reste ce qui compte le plus. » nouveau sourire et j’ajoute « Vous avez des yeux partout. Je vois de qui Maé tient son sens de l’observation ». Mon regard balaye à nouveau la pièce, peut-être un peu pour me libérer de l’emprise magnétique de celui de mon interlocutrice, toujours aussi perturbante « Je n’imaginais pas votre bureau comme ça. » j’échappe un petit rire « Je le pensais plus épuré, presque vide. Mais étant donné le temps que vous devez passer ici… mieux vaut qu’il soit plus chaleureux. » pourquoi je parle pour rien dire au juste ? La gêne. Ouais, encore elle…

Je ne peux éviter le sujet Maé Avec Rayan, après tout, c’est grâce à ma fille que j’ai rencontré son professeur qui se trouve être juste là dans mon bureau. Comme quoi parfois, on ne s’attend pas à ce qui peut nous arriver. « Oui, elle est toujours très volontaire et dynamique en cours. Et je sais de la part de mes collègues qu’elle fait preuve de beaucoup de curiosité. » Je lui souris en entendant les compliments qu’elle fait de ma fille. Ce sont des traits de caractère qui lui vont bien c’est vrai, elle est très intelligente, parfois même un peu trop. Luke dit souvent qu’elle tient ça de moi, qu’elle réfléchit trop. Je n’en ai aucune idée, mais sa curiosité, elle la tient de moi, ça c’est une certitude. Je passe rapidement à autre chose parce que nous ne sommes pas là pour parler de ma fille, mais bel et bien de la potentielle carrière de la jolie brune assise là sur le fauteuil qui me fait face. Je prends des nouvelles des retombées de sa représentation et elle m’affirme que quelques papiers sont sortis, rien de très important, mais c’est toujours des compliments gratifiants. « Vous avez des yeux partout. Je vois de qui Maé tient son sens de l’observation » Je laisse échapper un rire amusé et hoche la tête pour répondre à l’affirmative à sa remarque. « C’est vrai, elle tient ça de moi. Je ne peux pas lui avoir légué que des défauts après tout. » Je ris à nouveau et bois une première gorgée de mon café. « Je n’imaginais pas votre bureau comme ça. » lâche la brune en laissant son regard parcourir la pièce où nous nous trouvons. « Je le pensais plus épuré, presque vide. Mais étant donné le temps que vous devez passer ici… mieux vaut qu’il soit plus chaleureux. » Je lui souris, sentant une certaine gêne pointer le bout de son nez dans l’attitude de la jeune femme. « Je sais que je peux laisser cette première impression d’être quelqu’un de très froid et inatteignable… » Je prends une voix plus feutrée pour ajouter. « Il faut parfois savoir regarder au delà du masque. » J’adresse à la jolie brune un regard légèrement charmeur avant d’ajouter. « C’est vrai que j’aime quand c’est ordonné et plutôt épuré, mais j’aime encore plus lorsque c’est chaleureux et comme vous dites, j’avais besoin de me sentir bien ici vu le temps que j’y passe. » Je finis mon café d’une traite maintenant qu’il n’est plus brûlant, et pose la tasse sur mon bureau, sur un dessous de verre pour ne pas faire de trace. Maniaque vous avez dit ? Le téléphone sonne et je lève les yeux au ciel. « Excusez-moi. » Les affaires reprennent. Je fais le tour du bureau et prends l’appel. Mais quand je vois que la brune est sur le point de s’évaporer, je lui fais signe de ne pas bouger et m’adresse à elle d’une petite voix pour qu’elle soit seule à m’entendre. « Ne bougez pas, j’en ai pour quelques minutes seulement. » Nouveau sourire, et je prends donc l’appel professionnel, remettant ma casquette de productrice, une voix plus affirmée, plus tranchante aussi. On ne se moque pas de moi. Jamais. Quelques minutes seulement et je raccroche, reposant le téléphone sur sa base sur le bureau en soupirant. « Pourquoi les hommes se sentent-il toujours en pouvoir de négocier davantage lorsqu’ils ont une femme en face ? » Nouveau soupire. Je note quelques mots sur un post-it, pianote sur mon ordinateur et en fais le tour. « On va pouvoir y aller. » J’espère qu’elle a fini son thé.

Des défauts, tout le monde en a c’est inévitable, je me demande quels peuvent être ceux d’Eden. Peut-être son côté froid ? Mais ça semble être une façade, un masque qu’elle met à des fins professionnelles. Je crois… je ne la connais pas vraiment et si j’ai pu avoir un tout autre aperçu de sa personnalité après la représentation, elle reste difficile à cerner. Rien que son bureau, je suis surprise de l’ambiance chaleureuse qui y règne et évoquant cela, la quadra comprend tout de suite à quoi je fais référence. Inatteignable, le mot est bien choisi et j’irais même plus loin en disant que la première fois elle m’a même semblé presque irréelle. Cette froideur n’est plus si présente, bien que la productrice reste mystérieuse, elle est bien plus avenante à mon égard. Je souris à sa remarque et hoche positivement la tête, voir au delà du masque n’est sûrement pas donné à tout le monde et je ne compte pas bouder le privilège qui m’est fait. Cette femme m’intrigue, me perturbe aussi, bien qu’ayant déjà rencontrer des gens dotés de charisme aucun n’avait sa prestance et certainement pas un regard aussi troublant. Ses propos viennent confirmer mes pensées, je bois une gorgée de thé alors qu’elle ingurgite la totalité de sa boisson sans ciller. C’est chaud pourtant encore, non ? Sauvée par le téléphone dont la sonnerie retentie. Eden semble contrariée d’être dérangée mais prend l’appel, pas le choix , business is business comme on dit. Je m’apprête à m’éclipser afin de la laisser seule durant son appel mais la productrice me fait signe de ne pas bouger m’indiquant en avoir seulement pour quelques minutes. Son attitude change, et je me retrouve une nouvelle fois fascinée par la quadragénaire. Ses mots ne me sont pas adressés mais je décortique chacune de ses intonations, et la regarde de temps à autre au fil de la conversation tout en sirotant mon thé. Il n’y a rien d’indiscret dans mon attitude, je suis juste un peu trop intriguée par cette femme.
Elle raccroche, j’en prends conscience seulement une fois qu’elle s’adresse à moi. Pourquoi les homme se pensent-ils toujours en position de force face à une femme ? Je fais une légère moue « Des siècles de patriarcat, sans doute. » je hausse les épaules « Il faut qu’ils essayent, sur un mal entendu ça doit sans doute marcher de temps en temps. » je souris « Pas avec vous de toute évidence. ». Un bref pianotage sur son clavier plus tard et la blonde m’indique que nous allons pouvoir faire la visite. C’est vrai que je suis venue pour ça, je pose ma tasse vide sur un second dessous de verre présent sur le bureau d’Eden, vu l’état impeccable des lieux je pense qu’elle m’en voudrait de faire une tâche sur son mobilier. « Je vous suis. » dis-je avec le sourire. Nous quittons son bureau, je suis plutôt impatiente de découvrir les studios, je sais me tenir mais intérieurement c’est un peu comme une première visite à Disneyland. Il est possible de visiter des studios, mais là ça a un tout autre attrait en ayant rien d’officiel et de commercial, c’est beaucoup plus immersif. Je remarque que la présence de la productrice a son petit effet, suis-je étonnée ? Non. C’est le lot des gens de pouvoir, mais elle c’est encore plus flagrant. Je crois même que je viens même de voir un technicien donner du coude pour alerter son collègue. « Vous faites souvent faire des visites de ce genre à des quasi-inconnues ? » demandé-je avec une pointe d’amusement « J’ai comme l’impression que c’est un peu une attraction à double sens. » plaisanté-je en faisant référence aux regards qui se posent sur nous plus ou moins discrètement « A croire que vous êtes une sorte d’apparition. Ou le loup dans la bergerie. » ajouté-je sur le même ton, étonnement complice comparé à la gêne que je pouvais ressentir un peu plus tôt.

Une fois que j’ai raccroché, je ne peux me retenir de lâcher une réflexion acerbe en ce qui concerne la gente masculine. C’est plus fort que moi. « Des siècles de patriarcat, sans doute. Il faut qu’ils essayent, sur un malentendu ça doit sans doute marcher de temps en temps. Pas avec vous de toute évidence. » Un sourire étire mes lèvres à la fin de son analyse et je me contente un petit hochement de tête. « Pas avec moi, c’est une certitude. » Je termine de régler une petite chose et me lève, prête à faire faire le tour des studios à la jolie brune. Je remarque qu’elle pose sa tasse consciencieusement sur un dessous de verre et je l’en remercie intérieurement, ravie de voir que son sens de l’observation lui donne beaucoup de points me concernant.

Nous quittons mon bureau, je garde mon téléphone en main au cas où, et nous nous dirigeons vers les studios. Les hangars sont nombreux, certains bien plus grands que d’autres, et les décors extérieurs permettent une immersion immédiate dans les rues de New York. J’adore passer par ici, ça me rappelle ma vie New Yorkaise. Rayan reste près de moi malgré ma démarche assez rapide, et d’ailleurs en m’en rendant compte, je ralentis un peu le pas, je ne vais pas lui faire visiter les studios en 4ème vitesse, ça n’a aucun intérêt. « Vous faites souvent faire des visites de ce genre à des quasi-inconnues ? » Je tourne la tête vers elle, plissant légèrement les yeux, pas sûre de comprendre le sous-entendu de sa question. Est-ce qu’elle a compris que c’est un peu une manière pour moi de la draguer en un sens ? « J’ai comme l’impression que c’est un peu une attraction à double sens. » ajoute-t-elle en me faisant un signe en direction de mes employés qui se mettent presque à chuchoter lors de notre passage. Je souris légèrement à Rayan. « A croire que vous êtes une sorte d’apparition. Ou le loup dans la bergerie. » Cette fois, c’est un rire qui franchit mes lèvres. Clairement, tous ces gens autour de nous ne m’ont très certainement jamais entendue rire, ça doit leur faire tout bizarre. Mais je n’y peux rien, j’aime la sincérité et la candeur de la jeune femme, malgré ses airs légèrement détachés. « Peut-être un peu des deux. Je ne viens pas souvent dans les parages, mis à part pour gueuler quand quelque chose ne va pas. Je dois leur faire peur. » Ou peut-être que je les impressionne, je n’en ai aucune idée. « En tout cas pour répondre à votre question, non, ce n’est pas dans mes habitudes de faire ce genre de visites à des quasi-inconnues. En général, je nomme quelqu’un pour faire les visites à ma place, il n’y a qu’avec Maé que j’ai fait le tour la première fois. » Avec elle, ça a prit des heures, elle voulait tout voir, dans les moindres détails. Nous continuons de marcher dans les fausses rues de New York et entrons dans un hangar dont la décoration et l’ambiance nous plonge immédiatement dans un continent beaucoup plus chaleureux, et d’ailleurs, ils ont dû mettre le chauffage ici pour que les acteurs se sentent en immersion totale, de toute évidence. On voit les machinistes fourmiller dans tous les sens, le réalisateur donner ses directives, un tournage est en cours. Les gens que je croisent me saluent, et nous ne restons pas très longtemps, ne voulant pas déranger plus longtemps le tournage, d’autant que chaque minute de retard, c’est moi qui aligne la monnaie. Un hangar plus loin, c’est plus calme. Pas de tournage aujourd’hui pour une des célèbres séries tournées ici depuis plusieurs années. Les décors sont connus, c’est amusant de se retrouver immergées dans les appartements des divers personnages que tout le monde connaît. « Tu reconnais ? » Je n’ai pas réfléchi, le tutoiement est venu naturellement.

Si j’adore incarné différents personnages lorsque je monte sur scène, au quotidien j’attache de l’importance à rester moi-même et être toujours authentique. Je ne joue aucun rôle en dehors de ceux que j’endosse en tant que comédienne. Peut-être pour ne pas perdre de vu qui je suis et donner à chacun des différents personnages que j’incarne la possibilité d’être eux aussi les plus authentique possible. Même si l’ on met toujours un peu de soi dans chaque rôle, c’est inévitable. Alors c’est vrai la présence charismatique d’Eden me trouble un peu, mais je cherche pas à me cacher derrière un personnage, je reste fidèle à qui je suis. C’est avec franchise que je partage mon impression sur notre présence dans les studios. Je perçois les regards sur nous, mais surtout sur la productrice et très franchement je comprends que ses employés puissent être un peu perturbés par le fait de la voir déambuler ici. C’est son droit le plus légitime, mais elle ne doit pas en user souvent parce que réellement la plupart ont l’air surpris. Attraction ou crainte, peu importe, une chose est sûre c’est qu’une fois de plus je me rends compte que cette femme ne passe jamais inaperçu. Encore moins quand elle rit de mes remarques, ça a tout l’air d’être inédit. Pas que je sois mal à l’aise, à vrai dire je me sens plutôt flattée d’avoir comme guide la propriétaire des lieux alors que ce n’est pas dans ses habitudes de faire la visite elle-même. La seule à avoir eu ce privilège c’est sa fille, alors j’ignore ce que me vaut ce traitement de faveur mais je ne vais certainement pas m’en plaindre. « Elle ne devait plus savoir où donner de la tête. » dis-je avec un léger sourire tout en observant les décors avec attention.
C’est assez amusant de déambuler dans les rues de New York tout en étant à Los Angeles, c’est là une partie de la magie de la fiction. La visite prend un tournant beaucoup plus exotique quand nous entrons dans un autre hangar où il règne une température tropicale. Le décor est plus vrai que nature et je me sens transportée ailleurs, encore plus loin de L.A. Un tournage est en cours, nous restons quelques minutes qui suffisent à me laisser penser que j’aimerai assez être à la place de ces acteurs. Nous quittons ce plateau de tournage afin de ne pas perturber son bon déroulement et retrouvons un environnement plus classique mais surtout une température moins élevée. Je regarde ces nouveaux décors autour de moi, ils ne me sont pas inconnus au contraire. Eden me demande si je reconnais les lieux, je suis surprise par la spontanéité avec laquelle elle vient de me tutoyer, s’en est-elle rendue compte ? « Oui… c’est plutôt incontournable. » j’affiche un large sourire, là je me sens vraiment comme une gamine à Disneyland à la différence que j’ose à peine me déplacer pour faire le tour des lieux, je ne sais pas de quoi j’ai peur, il n’y a personne. Je suis juste intimidée je crois. « Je n’avais aucune idée que cette série était tournée ici. » en même temps comment j’aurais pu ? Tais toi Rayan tu dis des trucs inintéressants. « C’est fou… d’être au milieu de ce salon dans un appartement qui n’existe même pas vraiment. » dis-je en faisant le tour de l’emblématique canapé qui trône dans la pièce factice. J’échappe un rire « Ça doit sembler stupide, pour vous c’est juste le quotidien. » je fais une légère moue et nuance mon propos « Enfin en quelque sorte. Ton… votre quotidien c’est plutôt les affaires et son lot de machos qui essayent de négocier. » je lui adresse un regard complice. La glace se brise petit à petit et la quadragénaire à fait un pas en avant en me tutoyant mais je ne parviens pas à faire de même, probablement encore impressionnée par son charisme, ou étrangement pour maintenir une certaine distance et ne pas être d’autant plus troublée. « Vous produisez des séries et des films, mais je serais curieuse de savoir quel genre vous préférez. » demandé-je, véritablement intriguée.

Je me souviens du jour où j’ai amené ma fille ici pour la première fois, et les étincelles qui illuminaient ses yeux. Rayan a beau avoir quelques années - dizaines - de plus, elle semble retrouver une forme d’innocence, je peux le voir dans ses sourires, dans la manière qu’elle a de tout regarder. J’aime cette sensation de pouvoir lui offrir quelque chose d’unique, quelque chose dont elle pourra se souvenir longtemps, du moins, je l’espère. Je m’amuse de remarquer les regards de mes employés, que je ne connais pas pour la plupart. Un tour dans les fausses rues de New York, puis dans un endroit plus exotique dans lequel nous ne restons pas bien longtemps étant donné qu’un tournage était en cours. Je l’amène alors dans un endroit qui j’espère lui fera plaisir, ou du moins, pourra lui faire se rendre compte que ma boîte de production, c’est pas un petit truc. Vouloir lui en mettre plein les yeux ? Peut-être. Pas pour me vanter non, seulement pour voir ses yeux briller d’une lueur que je ne lui connaissais pas encore. « Je n’avais aucune idée que cette série était tournée ici. » Je la laisse faire le tour, observer tout ce qu’elle voudra, de toute manière il n’y a personne ici, mis à part nous. « C’est fou… d’être au milieu de ce salon dans un appartement qui n’existe même pas vraiment. Ça doit sembler stupide, pour vous c’est juste le quotidien. » Je ne la lâche pas des yeux et souris. « J’ai eu une période de découverte moi aussi. » Il fallait bien, je n’étais pas du tout du métier. « Enfin en quelque sorte. Ton… votre quotidien c’est plutôt les affaires et son lot de machos qui essayent de négocier. » Je souris, amusée de voir qu’elle s’est essayée au tutoiement mais que de toute évidence, ce n’est pas une réussite. « C’est vrai, je suis plus souvent dans mon bureau à négocier avec des investisseurs plutôt qu’ici, bien que j’adore venir mettre un coup de pression parfois, ou simplement me faufiler pour assister au travail d’une scène avant qu’elle ne soit jouée face caméra… » Je m’installe dans le canapé, croise mes jambes et la regarde déambuler dans la pièce, scrutant chaque détail. « Vous produisez des séries et des films, mais je serais curieuse de savoir quel genre vous préférez. » Appuyant mon coude sur l’accoudoir, je fais reposer ma tête sur mon poing fermé, et continue de regarder la jeune femme, profitant qu’elle soit parfois de dos pour admirer ses courbes gracieuses. « Je ne suis pas très série en général, plutôt films d’action, ou films d’auteur. Enfin, pas tous, mais certains sont vraiment intéressants. Je ne visualise pas tout ce qui est produit ici, je n’ai pas le temps, d’autres personnes font ça aussi pour moi… » Elle se retourne et je me dois de remonter mon regard dans le sien pour ne pas qu’elle se sente trop scrutée. Je lui souris. « Et toi, dans quoi tu aimerais jouer ? » Ce qu’elle regarde est pour moi une question secondaire, c’est étrange. Le boulot avant tout, ça doit être ça. Mais il est clair que si je veux a faire passer quelques castings, j’ai besoin de savoir au moins un peu ce qu’elle se sent de jouer.

Si quelques semaines auparavant on m’avait dit que je rencontrerai la directrice d’une boite de production de film et de série, et qu’en plus cette dernière me ferait visiter les studios en personne… je crois que j’aurais rit. Et pourtant je suis là, avec une guide de marque pour me faire découvrir un peu plus cet univers qui m’a toujours fasciné et passionné. Le théâtre est un passage obligé, plus abordable que le monde fermé de l’audiovisuel mais d’une manière générale c’est être comédienne qui me plait. Je ne cache pas mon émerveillement, Eden devait sans doute s’y attendre et dans le cas contraire au moins elle sait désormais que je suis du genre à savoir m’émerveiller même à trente ans passé. Il n’y a pas d’âge pour ça de toute façon. La quadra admet avoir eu une période durant laquelle elle aussi a découvert cet univers. C’est vrai qu’entre l’informatique et l’industrie cinématographique il doit y avoir quelques différences. Peut-être pas tant sur l’aspect business, des investisseurs et des financiers restent les mêmes, apprendre à nager avec les requins des affaires est une compétence qui n’est jamais perdue je présume. La jolie blonde, du peu que j’en ai vu, a l’air d’être totalement dans son élément avec ce genre d’exercice, néanmoins elle apprécie également venir de temps en temps dans les studios. Je souris quand elle admet adorer mettre un coup de pression, je comprends mieux les regards qui nous ont suivis un peu plus tôt. Habituée au lieu, presque stoïque alors que je bouillonne de curiosité intérieurement, Eden s’installe sur le canapé alors que je satisfais mes interrogations quant à des petits détails du décor. Je m’intéresse alors à ses goûts en matière de série et de films, si la première catégorie ne rencontre pas de succès chez la quadra, je suis en revanche amusée par le contraste entre les deux styles cités ensuite. Je me retourne, sourire aux lèvres « Les films d’action, vraiment ? » pour les films d’auteurs, j’ai toujours pensé que beaucoup de gens travaillant dans le milieu ont un attrait particulier pour ce genre pas toujours très accessible. Surprise par la question de la productrice j’échappe un rire et secoue la tête « Je n’en ai aucune idée. » ou peut-être n’ai-je jamais osé y réfléchir sérieusement. Je prends le temps de la réflexion venant m’asseoir à mon tour sur le canapé « Etant donné mon goût pour le sport je dirais que jouer dans un film d’action ou d’aventure me plairait assez. » devoir faire certaines cascades soi-même, apprendre des chorégraphies de combats, ça doit être intéressant et l’aspect physique ne m’effraie pas. « Mais m’ayant vu sur scène, peut-être as-tu une idée ? Dans quoi est-ce que tu me verrai jouer ? » cette fois je l’ai tutoyé sans effort, sans doute parce que la discussion m’anime au point que j’en oublie cette distance que je voulais garder avec la quadragénaire, par respect ou une autre raison qui m’échappe, celle d’être irrémédiablement intriguée par cette femme.

« Les films d’action, vraiment ? » me demande-t-elle visiblement surprise de ma réponse. Alors je me contente d’un sourire et d’un hochement de tête pour confirmer. Sauf que je ne m’arrête pas là, à moi de poser une nouvelle question. « Je n’en ai aucune idée. » me répond-elle visiblement pensive quant à la réponse à donner. Je la laisse y réfléchir, et elle me rejoint sur le canapé avant de poursuivre son raisonnement. « Etant donné mon goût pour le sport je dirais que jouer dans un film d’action ou d’aventure me plairait assez. » Un sourire prend place au coin de mes lèvres, j’en étais sûre. Connaissant son goût prononcé pour le sport, c’est exactement dans ce genre de film que je l’aurai vue tourner. Quelque chose de rythmé, poignant, avec des cascades qu’elle voudrait sûrement faire elle-même. « Je l’aurai parié. » que je lui réponds en lui adressant un petit sourire amusé. « Mais m’ayant vu sur scène, peut-être as-tu une idée ? Dans quoi est-ce que tu me verrai jouer ? » Je suis agréablement surprise qu’elle se mette elle aussi à me tutoyer, je me sens d’un seul coup allégée du poids des années et de la distance qu’elle continuait de mettre, sans doute à cause de mon rang dans cette entreprise. Je continue de la regarder sans ciller, avant de répondre à la question posée. « Un film d’action, c’est sûr. Mais pas quelque chose de bête et con, l’action pour l’action ça n’a aucun sens. Peut-être plus quelque chose d’un peu fantastique, tu ferais une jolie Tomb Raider… » Et c’est un compliment, étant donné que j’adore ce personnage. « J’ai une idée, viens avec moi. » Je ne vais pas la laisser là, elle ne saurait même pas comment rentrer chez elle, c’est tellement un labyrinthe par ici. Je lui fais signe de me suivre et elle ne met pas longtemps à s’exécuter, je trépigne déjà d’impatiente face à l’idée que j’ai en tête. Nous marchons quelques minutes et je pousse finalement la porte d’un nouveau hangar, immense. A l’intérieur, l’odeur de plastique et de sueur est caractéristique. On peut entendre des bruits de frappe, de gémissements de douleur ou de coups. En fermant les yeux, on pourrait presque se croire dans un tournage de film porno, quelle horreur. Heureusement, notre vue fonctionne, et Rayan peut découvrir cet immense plateau d’entraînement pour les acteurs sportifs. Deux rings de boxe, des tonnes de tapis, agrès de gymnastique, un trampoline, tout ce qu’il faut pour apprendre les chorégraphies nécessaires aux films d’action. D’ailleurs, plusieurs entraînements sont en cours pour différents fils, dont quelques acteurs connus et, d’autres cascadeurs qui servent de doublure. Je longe le mur qui mène plus loin vers un des coachs les plus en vogue de sa génération, il vient de terminer une séance d’initiation avec un jeune cascadeur. « Bonjour Tony, tout se passe bien ? » Je discute quelques secondes avec l’entraîneur, laissant Rayan observer tout ce qu’elle voudra, et je me retourne vers elle pour lui demander. « Tu veux faire un essai ? » Elle se trouve prise de cours, et ça m’amuse plutôt pas mal. L’idée de la voir en petite tenue en train d’apprendre quelques mouvements de base de combat pour le cinéma me semble être une idée alléchante, à voir si ça l’intéresse.

Enigmatique et mystérieuse comme l’est Eden je n’ai sans doute pas fini d’être surprise. En plus elle cultive ça à merveille, se contentant d’un simple petit sourire quand d’autre préciserait leur propos. La quadra préfère poser les questions, mener l’échange, peut-être par déformation professionnelle, toujours en quête d’un nouveau profil qui pourrait donner un truc en plus à l’un des projets de sa boite. J’ai l’air d’avoir retenu son attention sans avoir rien fait pour ça, et si c’est flatteur c’est également un peu déroutant. Alors quand la jolie blonde m’interroge sur le type de film dans lequel je me verrai jouer, j’ai du mal à répondre. Ma réflexion est de courte durée, j’aime que ça bouge, que ça soit physique… l’action est donc un choix finalement pas étonnant me concernant. Pourtant ce n’est pas comme si la productrice en savait beaucoup sur moi, mais elle en sait assez pour l’avoir deviné. Mais après tout c’est elle qui est du milieu, ainsi je l’interroge sur son avis, vers quoi elle m’aiguillerait. De l’action, mais avec du fond, un film qui a du sens et une base assez solide pour ne pas être un simple enchainement de cascade. Tomb Raider ? Je souris, flattée et hoche la tête « J’avoue que j’adorerai. » Lara Croft est un personnage emblématique pour moi, une icône avec laquelle j’ai grandit. « Je ne dirais pas non pour Wonder Woman non plus… » ajouté-je sur le ton de la plaisanterie. Le regard de la quadra trahi qu’elle a une idée en tête, elle ne tarde d’ailleurs pas à me proposer de la suivre. Ce que je fais, car même si je n’ai de toute façon pas le choix je suis curieuse de savoir à quoi elle vient de penser. D’un pas rapide et déterminé elle m’emmène jusqu’à un nouveau hangar. A peine entrons nous à l’intérieur que je comprends que nous sommes dans une salle de sport, un lieu où s’entrainent cascadeurs et acteurs.
Je suis Eden, ne manquant pas pour autant d’observer les lieux. Elle va à la rencontre d’un homme dont je déduis facilement la fonction de coach. Ils discutent pendant que je regarde un acteur apprendre une chorégraphie de combat. Quand la quadra s’adresse à moi j’ai un court instant de doute, c’est vraiment à moi qu’elle parle ? Un essai de quoi ? Je la regarde interloquée puis comprends où elle veut en venir. Je me regarde et fais une légère moue « Pourquoi pas, mais je ne suis pas franchement dans une tenue adéquate pour le sport. » même si je ne me suis pas mise sur mon trente et un, le jean n’est pas le vêtement le plus indiqué. Visiblement ça n’a pas l’air d’être un problème, ou en tout cas tout problème ayant sa solution on me trouve rapidement de quoi me changer. Ok… dois-je prendre ça comme un test ? Peu importe, je ne suis pas du genre à rechigner à faire du sport, au contraire. Prête je rejoins l’entraineur, Tony, pour ce fameux essai de je ne sais toujours pas quoi. Les sports de combat ne sont pas ma discipline de prédilection mais on m’a toujours dit que j’apprends vite. J’adresse un regard amusé à la productrice « C’est un essai ou un test ? » demandé-je, amusée puis j’écoute avec attention les directives du coach. Il m’indique des principes de bases, me conseille sur mon placement et j’enchaine les mouvements. Il rend ça très ludique et j’ai l’impression de progresser assez vite, nul doute que c’est un excellent pédagogue. Je me prends vraiment au jeu, et ressentant inévitablement les effets de la chaleur je relève un peu le débardeur que l’on ma prêté. Mettant les différents exercices bout à bout, l’ensemble fini par ressembler à quelque chose et j’en retire une certaine fierté, gagnant aussi une pause méritée. « Alors ? Lara Croft ou pas Lara Croft ? » j’arque un sourcil et me mets à rire, je suis vraiment comme une gamine et tout ça m’amuse réellement.

Effectivement, je la vois très bien incarner une héroïne, elle a le charisme pour, je suis sûre que bien dirigée par un metteur en scène et un réalisateur, elle pourrait faire des miracles. Je ne sais pas si je suis tout à fait objective puisque pour être honnête envers moi même, j’ai complètement craqué pour la jeune femme. Pourtant, j’ai le sentiment qu’elle est capables de belles choses dans ce métier, et je décide de la mettre à l’épreuve une première fois. C’est alors que nous nous dirigeons vers l’endroit où se passent une bonne partie des entraînements physiques. Rayan semble absorbée par tout ce qu’il se passe ici, et après avoir demandé à Tony de faire passer un essai à la jeune femme, je le lui propose à elle. « Pourquoi pas, mais je ne suis pas franchement dans une tenue adéquate pour le sport. » J’en profite pour laisser cette fois ouvertement glisser mon regard sur sa silhouette et le replonge dans le sien en souriant. « On va arranger ça. » Tony accompagne la jeune femme vers les vestiaires où il a pour ordre de lui prêter quelques vêtements dans lesquels elle sera plus à l’aise pour un essai sportif. Un short de boxe et un débardeur. Elle est pieds nus et des bandes ont été enroulées autour de ses mains et ses poignets. Ça lui va divinement bien. Je m’auto congratule de cette idée. Elle prend place sur le grand tapis pendant que je reste en retrait, mes yeux pourtant ne la quittant pas. Tony prend son rôle à coeur, ce qui n’est pas étonnant vu le billet que j’ai glissé dans sa main pour qu’il allonge un peu sa journée face à mes ‘caprices’. « C’est un essai ou un test ? » demande Rayan visiblement amusée par la situation, ce qui me fait sourire de plus belle. « Qui sait ?! » Je ris un peu et la laisse continuer son apprentissage rapide. Elle apprend vite, et bien, elle est douée. Après une petite demi-heure à enchaîner la petite chorégraphie face à Tony, ça ressemble vraiment à quelque chose, et Rayan a l’air de vraiment s’éclater, ça fait plaisir à voir. Soulevant son débardeur à cause de la chaleur, la jeune femme me donne à moi aussi une bouffée de chaleur, mais pas pour les mêmes raisons. Je tente de rester concentrée mais c’est vraiment compliqué. L’entraînement se termine après quasiment une heure, et je n’ai pas vu le temps passer. « Alors ? Lara Croft ou pas Lara Croft ? » me demande-t-elle en s’approchant vers moi, son corps en sueur la rendant affreusement sexy. Bon dieu Eden, respire. « La relève est assurée. » lui dis-je, complice, en lui souriant largement. Tony nous rejoint et me permet d’arrêter de me concentrer sur le souffle rapide de Rayan qui aurait pu me faire tourner la tête à force d’attirance. « Elle est douée, je ne sais pas ce que vous comptez en faire, mais avec un vrai entraînement, je pense qu’elle est capable de jolies choses. Elle apprend vite. » Je regarde Rayan en souriant, elle est juste à côté, elle a entendu les compliments. Je n’ai pas graissé la patte à ce bon vieux Tony pour qu’il la complimente, seulement pour qu’il lui fasse faire un test. Et le test est réussi. « Je sais pas encore ce que je vais faire d’elle, mais elle est entre de bonnes mains. » Si seulement ce n’était pas qu’une image… Tony prend congé après nous avoir saluée et je me tourne vers Rayan, sourire aux lèvres. « Tu vois, je ne suis pas la seule à le dire. Tu peux aller prendre une douche, j’ai un coup de fil à passer, on se retrouve dehors. » Je passe près d’elle et la laisse aller se rafraichir, il faut juste que je ne pense pas à son corps nu sous la douche. On se calme Eden. On se calme.

Je suis venue pour une visite des studios et je me retrouve pieds nus sur un tapis, équipée pour un entrainement au combat. J’ai l’impression que depuis que mon chemin a croisé celui d’Eden je ne cesse d’aller de surprise en surprise. Elle est ce genre de personne capable de changer votre existence sans même avoir à faire grand chose pour cela. Elle vit dans ce monde là, celui de la fiction et sa simple invitation suffit à me faire toucher du doigt un rêve que je n’avais même pas osé avoir. Je reste lucide, tout ça ne fait pas office d’un quelconque engagement, mais il m’est permis de voir une ouverture au fil des allusions faites par la productrice. Cet entrainement peut faire office d’attraction, mais il a comme des allures de tests même si la quadra ne l’admet pas. J’aurais pensé qu’elle s’éclipserait peut-être, profitant d’avoir trouvé à m’occuper pour aller vaquer à d’autres occupations, mais non, elle reste là et observe tout de mon apprentissage. J’y mets du cœur, comme chaque fois que je vois un challenge à relever. C’est dans ma nature et j’aime la satisfaction ressentie après avoir donné le meilleur de soi. Parfois les résultats ne sont pas toujours au rendez-vous, ça peut être frustrant, mais en l’occurrence je vois clairement que tout se met en place petit à petit et je ressens une pointe de fierté en parvenant à relever ce défi. J’ignore tout du temps qui passe, je suis trop concentrée pour ça. Finalement la séance prend fin, j’ai eu chaud, je vais avoir besoin d’une douche mais je me sens bien et je me suis éclatée, c’est ça le plus important. Puisque Eden a assisté à l’entrainement, je lui demande son avis, faisant référence à la discussion que nous avons eu plus tôt. Ai-je l’étoffe d’une héroïne ? Son sourire est la preuve que la glace fond encore un peu plus, j’y perçois une certaine complicité et mes lèvres s’étirent également dans un rictus qui s’élargit en entendant sa réponse.
Mon coach du jour nous rejoint et il s’adresse à la productrice parlant de moi en des termes plus que positifs, comme si je n’étais pas là juste à côté de lui. La blonde pose à nouveau son regard sur moi, je suis un peu gênée par tant de louanges, mais c’est plaisant à entendre je ne peux le nier. L’avenir est encore flou mais Eden assure que je suis entre de bonnes mains, elle n’a pas l’intention de me lâcher n’importe où, c’est rassurant. Je salue Tony, le remerciant à nouveau pour l’entrainement, la quadra évoque une douche pour moi et un coup de fil pour elle, le programme me semble parfaitement adapté « Je fais vite. » dis-je dans un sourire alors qu’elle passe près de moi. Je rejoins les vestiaires où j’ai laissé mes affaires et y trouve tout ce qu’il faut pour que je puisse me doucher. Comme promis je sors rapidement, relevant mes cheveux mouillés dans un chignon improvisé alors que je sors du hangar. Je rejoins Eden, laquelle semble en avoir fini avec son appel téléphonique « Peut-être ai-je raté ma vocation… plutôt que le volleyball c’est un sport de combat que j’aurais dû faire. » plaisanté-je « Merci pour…ça, c’était vraiment super. Je me suis beaucoup amusée. » toujours la même gamine à Disneyland. Je capte dans le regard de la productrice quelque chose de différent sans vraiment savoir de quoi il s’agit « Tout va bien ? » demandé-je, un peu interloquée. J’ai remis mon haut à l’envers ou un truc comme ça ?

Je dois absolument calmer mes ardeurs, je ne voudrais pas faire peur à la jeune femme avant d’avoir pu lui proposer quelque chose de croustillant. Je ne voudrais pas non plus qu’elle imagine qu’elle doit ‘passer sous le bureau’ - pour l’expression loin d’être glamour - pour avoir le droit de débuter une carrière. Rien de tout cela, ce n’est pas parce qu’elle me plait, qu’elle m’attire, que je dois être irrespectueuse avec elle, bien au contraire. Alors je tente au mieux de rester à ma place, je m’efforce de ne pas me faire griller quand je regarde avec attention chacun de ses muscles tendus pendant l’efforts, et sa peau qui ruissèle déjà d’une fine pellicule de sueur, la rendant davantage sensuelle et attirante. Une fois l’essai terminé et l’échange avec Tony achevé, je lui propose d’aller se rafraichir dans une douche pendant que je l’attendrai dehors. Une fois à l’extérieur, je souffle un peu, tente de me sortir ces images de la tête, mais ce n’est pas simple, et j’ignore pourquoi je me sens autant attirée par cette femme. Il y en a eu d’autres avant elle, des femmes qui me plaisaient, m’attiraient, mais très rarement comme elle. Je ne parviens pas à comprendre ce qu’il se passe exactement, et alors que j’étais partie dans mes pensées, j’entends la brune refaire son apparition. « Peut-être ai-je raté ma vocation… plutôt que le volleyball c’est un sport de combat que j’aurais dû faire. » Je me tourne alors vers elle et lui offre un sourire à cette réflexion, sans y apporter aucune réponse. « Merci pour…ça, c’était vraiment super. Je me suis beaucoup amusée. » Nouveau sourire face à ses yeux pétillants de plaisir, qui me font d’ailleurs chavirer un peu plus en la regardant plus longuement. « Je suis contente que ça t’ait plu. » Mais je n’ai pas le temps d’ajouter autre chose que je sens le regard de Rayan devenir quelque peu plus inquisiteur. « Tout va bien ? » me demande-t-elle visiblement inquiète. Je plisse les yeux légèrement et penche la tête sensiblement sur le côté. « Bien sûr, je n’ai pas l’air d’aller bien ? » Je ne vais pas lui dire qu’elle me perturbe plus que je ne le voudrais. Quand même. Nous n’en sommes pas encore là, du moins je crois. Si avec n’importe qui d’autre j’aurai passé la vitesse supérieure bien plus tôt, là, j’ai cette étrange sensation que je dois attendre avant de me lancer dans une tentative de séduction avec la jeune femme. J’ignore pourquoi, mais mon intuition ne me trompe jamais. Je tente un sourire pour faire passer le doute et récupère une petite mèche de cheveux oubliée dans son chignon. « C’est joli ton chignon. De toute manière je crois que tout te va comme un gant. » Je ris un peu tout en entourant la mèche en question autour de son chignon, avant de m’écarter pour ne pas être trop tentée. « On y va ? Je sais pas toi mais j’ai un petit creux, y’a un café un peu plus loin, tu m’accompagnes ? Et après je te libère. » Nouveau sourire et je prends la direction du café en question, café où beaucoup de texchniciens et acteurs se retrouvent régulièrement. Autant dire qu’il y a du beau monde par là bas. Je n’y vais que rarement, en général c’est mon assistant qui court jusqu’ici plusieurs fois par jour pour accéder à mes envies, parfois les plus farfelues. « Tu dois être affamée après cette séance de sport intensive, non ? »