save me. (alyn #2)

Alma avait doucement commencé à perdre espoir à la voir ainsi inerte et avait jeté son dévolu sur son téléphone, son pouce planait déjà sur la touche verte mais un sursaut la prit quand une voix résonna dans son oreille droite. Le portable fut aussitôt abandonné sur le sol comme un vulgaire objet et la voilà genoux, le cœur soulageait d’un poids bien trop lourd à porter. « Max… » Lentement un sourire s’empara de son visage et sa main était au bord de l’aventure à vouloir ainsi se perdre dans la crinière blonde dans une caresse rassurante, mais il suffit à l’angoisse de s’envoler pour que la raison ne frappe la latina de sa claire vision. La demoiselle en face d’elle était en tenue d’Eve et ses yeux ne purent s’empêcher d’admirer cette image. Un unique détail la fit tiquer et rougir comme un brasier, étaient-ce des piercings qu’elle voyait là ? Cette image chaste qu’elle s’était fait de la blonde se brisa à cette révélation et Alma tira légèrement sur le col de son t-shirt, soudainement attaquée d’une vague de chaleur inhabituelle.

Puis elle se leva et l’observa se perdre dans la couette qu’elle venait de déposer sur elle. « C’est de ma faute… J’aurais pas dû te surprendre comme ça. » Elle se souvint qu’elle avait craché le morceau sur Merida et jura intérieurement, elle n’avait pas souhaité le dire pour ne pas affecter le lien qui liait les jeunes sœurs mais le mal était fait, il lui était désormais impossible de faire machine arrière. Il semblait que Maxyn commençait à se détendre sous la couette et Alma déposa un baiser contre sa tempe. « Hors de question que je te laisse seule pour la nuit. Je reste dormir. » Par raison de sécurité mais aussi parce qu’elle appréciait le temps passé avec elle, il lui donnait l’impression de se rattraper, de se frayer lentement un chemin dans sa vie pour y trouver sa place. « Laisse-moi deux minutes d’accord ? » Elle lui sourit et quitta la chambre.

Une fois dans le couloir, Alma s’appuya contre le mur et prit sa tête dans les mains. Bordel de merde. Diverses pensées se bousculaient dans son esprit embrouillé. Pendant une fraction de secondes, elle avait ressenti ce besoin de se fondre sur elle pour s’emparer de ses lèvres et explorer son corps inconnu, ça lui avait fait peur soudainement, elle avait toujours pensé que son attirance pour Maxyn avait disparu au fil des années mais elle s’était lourdement trompée sur la question. Il fallait donc trouver un moyen de rester chez Maxyn sans dépasser les limites, elle ne voulait pas tromper son petit-ami, c’était un interdit moral et familial. Elle réfléchit une fraction de secondes et alla voler le matelas de Théo pour ensuite rejoindre la chambre de la blonde.

« Je te préviens, je ronfle. » Elle déposa le matelas et retira ses chaussures, chaussettes et pantalon pour ensuite s’asseoir en tailleur sur le matelas, attrapant une main de Maxyn pour plonger son regard dans les yeux. « T’as l’air crevé, il faut que tu dormes d’accord ? Je reste cette nuit et tu m’entendras ronfler demain matin. Je vais pas t’abandonner Maxyn, pas cette fois je te le promets. » Elle se redressa lentement pour embrasser son front. « Je ne ferai pas les mêmes erreurs. »

Je suis à l’ouest, complet. Je mets du temps à me rendre compte que je suis encore nue, encore un peu mouillée à cause de la douche et que mes cheveux sont trempés. Du coup, j’ai froid et je me glisse sous la couette en soupirant. Je ne réfléchis pas quand je demande à Alma de rester près de moi cette nuit, c’est instinctif, j’ai besoin d’une présence, de SA présence. « Hors de question que je te laisse seule pour la nuit. Je reste dormir. » Je me laisse aller à soupirer et à me détendre en entendant qu’elle va rester suite à ma demande. Je me sens étrangement apaisée. « Laisse-moi deux minutes d’accord ? » Un hochement de tête plus tard, Alma s’éclipse de ma chambre et je sens que le sommeil est déjà en train de s’emparer de moi. Je crois que ce petit malaise vagal sans importance m’a pompé tout ce qu’il me restait d’énergie. Je lutte encore un peu, attendant qu’Alma revienne, parce que je n’ai pas envie qu’elle me fasse faux bond, pas cette fois. Je crois que je ne m’en remettrai pas, et je ne pourrai pas lui pardonner cette fois. « Je te préviens, je ronfle. »[/color] Je sursaute un peu, comme pour me forcer à me réveiller un peu, et je laisse échapper un léger rire d’enfant endormi. « J’te crois pas. » J’ai du mal à l’imaginer en train de ronfler. Mes yeux embrumés par la fatigue se rendent pourtant compte de ce qu’elle trafiquait dehors. Un matelas ? Sérieusement ? « T’as l’air crevé, il faut que tu dormes d’accord ? Je reste cette nuit et tu m’entendras ronfler demain matin. Je vais pas t’abandonner Maxyn, pas cette fois je te le promets. Je ne ferai pas les mêmes erreurs. » Je ferme les yeux un peu plus longuement lorsqu’elle vient embrasser mon front et je sens mon coeur s’emballer plus que de raison. Je ne dois surtout pas retomber dans mes vieux démons, ceux qui étaient raides dingues d’elle. Elle a quelqu’un. Merde. « Pourquoi tu dors par terre, il est pas assez grand mon lit ? » Je sais même pas comment j’arrive encore à parler, mes yeux sont déjà fermés, ma voix endormie, et je souris, prête à sombrer dans les bras de Morphée. « T’as peur de moi c’est ça… » Je dois avoir l’air d’une tarée, mais j’ai conscience de rien, je suis déjà partie dans mon sommeil et même si elle voulait répondre, mon cerveau n’imprimerait même pas la réponse. Je sombre totalement, ma respiration devenant plus apaisée, plus sereine. Elle est là, c’est tout ce qui compte.

Alma la regarda s’endormir avec un petit sourire sur les lèvres, elle restait adorable malgré son changement de comportements, là sur ce visage paisible elle revoyait la blonde de son passé, mais ça ne l’apaisa pas pour autant. Oui elle avait peur de Maxyn mais pas pour les mêmes raisons que l’on craignait un monstre ou le noir, non mais parce qu’elle faisait ressortir ses sentiments refoulés à une telle vitesse que la Latina n’arrivait pas s’y faire. Dans un soupir, elle lui caressa distraitement la joue puis se laissa tomber sur le matelas. Elle aurait finalement pu la rejoindre dans le lit mais elle connaissait ses limites et ses faiblesses, Maxyn était son talon d’Achille, sa kryptonite. Ses yeux se fermèrent lentement et son souffle se cala sur celui de la blonde dans une tentative désespérée de trouver Morphée et ses bras accueillants. Ce fut après vingt longues minutes qu’Alma sombra à son tour. Et elle ronfla.

Pourtant ce fut la première à se réveiller et pour cause, son rêve avait été trop mouvementé pour qu’elle puisse rester sage dans les bras du sommeil. Il avait été question de tromperie et de choix. Ses doigts vinrent frotter ses paupières fatiguées et elle sursauta en entendant des bruits précipités dans le couloir, Théo devait déjà être debout. Une pile électrique vivante ce bonhomme. Alma tenta de se rendormir mais en vain, ce fut comme si elle se souvenait subitement de la présence de la blonde à ses côtés. Elle se redressa d’un coup et tourna la tête vers Maxyn qui dormait encore. Un nouveau sourire étira ses lèvres, elles s’étaient bien retrouvées, les messages étaient déjà un mauvais souvenir dans sa mémoire.

Elle ne comptait pas la réveiller tout de suite, elle avait besoin de dormir. Peut-être pouvait-elle prendre une douche pendant ce temps ? Alma quitta le matelas et s’empara de son téléphone. Victor avait essayé de la joindre une bonne dizaine de fois. « Mierda. » Il lui avait laissé un message qui lui souhaitait une bonne journée et qui la prévenait que ses parents se faisaient un sang d’encre. Elle était encore une gamine inconsciente à leurs yeux. Personne ne la traitait comme une véritable femme, tout le monde excepté Maxyn étrangement. Furieuse, elle s’enferma dans la salle de bain pour se détendre sous le jet brûlant de la douche. L’eau contre sa peau lui balança le souvenir de Maxyn nue et elle ferma brusquement les yeux mais ça ne fit qu’amplifier l’image.

« T’es ridicule Alma… » pesta-t-elle tout bas avant de quitter la cabine pour se sécher. Elle remit ensuite son t-shirt et se glissa dans la chambre. Maxyn était toujours dans son lit et Alma ne résista pas à son envie de la rejoindre. Elle bondit sur le lit comme une enfant et se glissa dans son dos pour l’enserrer d’un bras. « Allez marmotte faut se lever. »

Une longue nuit de sommeil lourd et réparateur. Agité par moment, parce que j’ai cette étrange sensation d’être à une période charnière de ma vie. Evidemment, le retour d’Alma dans mon existence n’y est pas pour rien, ce serait me mentir que de penser une telle chose. J’ai rêvé de la retrouver pendant si longtemps, en silence, et voilà qu’aujourd’hui elle est là. Je la sais quelque part dans ma chambre, et je me sens paisible à cette simple pensée. Sa présence me rassure, ça a toujours été le cas. Je comprends mon petit frère qui semble être complètement amoureux d’Alma, et je comprends aussi Merida qui déteste Alma pour le mal qu’elle a pu me faire. Parce que côtoyer Alma, c’est se heurter à une foule de sentiments, parfois même contradictoires. Mais il est impossible de rester de marbre au contact de la brune. Un seul regard d’elle et je crois que je pourrai fondre comme neige au soleil si je me laissais aller, mais je dois garder la tête haute. Un rêve étrange me secoue, un rêve où je la vois, elle, couler une vie heureuse avec mari et enfants, pendant que je suis là à la regarder sourire, rire même avec cet homme dont je n’ai pourtant croisé le regard qu’une seule fois.

Je sens le lit bouger et je me réveille en sursaut, Alma me tirant de ce rêve étrange qui aurait bien pu me réveiller en pleurs quelques secondes plus tard. Elle est arrivée à temps, avant que je me ridiculise, avant qu’elle ne me demande de raconter mon cauchemar. « Allez marmotte faut se lever. » dit-elle en m’enserrant de son bras, laissant la trace d’un sourire au bord de mes lèvres. Je grogne un peu, ça fait longtemps que je ne suis plus vraiment matinale, mais l’ai-je vraiment été ? Je me retourne et me faufile dans les bras de la brune, la bouille encore endormie. Heureusement, la couette nous sépare, parce que j’ai complètement oublié que j’étais totalement nue. Peu à peu mon cerveau se réveille et les souvenirs de la veille en même temps. Je dois très certainement avoir les cheveux d’un Jackson five. « J’ai perdu mon pari contre moi-même… » Je relève un peu mes petits yeux pour croiser ceux de la brune. « J’étais quasiment sûre que tu serais plus là à mon réveil… » C’est peut-être pas cool de penser ça, mais c’est la stricte vérité.

C’était agréable de la tenir comme ça dans ses bras et de ne penser à rien, juste à attendre qu’elle se décide à se réveiller et à donner signe de vie. Alma redécouvrait sa nonchalance et son calme d’avant, celui qui avait dû séduire la blonde et la briser par la même occasion. Personne ne viendrait les séparer cette fois, elles étaient seules dans cette chambre silencieuse et chaleureuse que la latina s’était permise d’observer pendant que Maxyn s’était réfugiée dans les bras de Morphée, elle avait ainsi pu découvrir quelques éléments de sa nouvelle vie et peindre une esquisse de sa nouvelle personnalité qui pourtant ne changer pas énormément en sa présence. La blonde remua et Alma sortit de ses pensées pour la regarder s’agiter sous les bras pour se blottir contre elle. Une chaleur nouvelle et apaisante s’empara de son corps endolori par le manque de sommeil et un sourire presque idiot étira ses lèvres. Sa nudité ne la dérangeait plus puisqu’elle était planquée sous la couette, elle espérait seulement que la blonde ne ferait aucun mouvement brusque, histoire d’éviter tout dérapement de leur part. Son regard se posa sur la coiffure de mouton de Maxyn et elle se mordit la lèvre pour ne pas éclater de rire. C’était mignon et ridicule en même temps mais comme elle ne voulait pas se prendre un coup d’oreiller, elle gardait ses remarques pour elle. Le rire mourut aussitôt quand Maxyn avoua ses pensées et Alma manqua de se raidir contre elle. « Tu me verras toujours comme une fuyarde ? » Elle était presque blessée de l’apprendre et eut presque envie de se détacher pour prendre ses distances, se protéger. Au lieu de ça, elle changea sa position pour ainsi plonger son regard dans celui de Maxyn, l’inquiétude se lisait dans ses pupilles chocolat.

Je ne sais pas pourquoi je parle comme ça sans réfléchir. Alma avait le sourire et d’un seul coup il s’efface, comme si j’avais dit la pire connerie de ma vie. Mais merde j’y peux rien, c’est ce que je pense, j’ai peut-être pas de filtre, c’est comme ça. « Tu me verras toujours comme une fuyarde ? » me demande-t-elle visiblement blessée par ma remarque. Elle s’éloigne même de moi et mon coeur se serre à cet instant. Son regard plongé dans le mien, je m’en veux de l’avoir blessée ainsi, mais j’estime que ce n’est rien vis à vis du mal qu’elle a pu me faire en partant sans même se retourner. « Je… » Quoi répondre à ça ? Hum ? Est-ce qu’il faudrait que je lui dise exactement le fond de la pensée ou plutôt que je lui mente pour la protéger ? Mais la protéger de quoi au juste. « C’est plus fort que moi, j’ai l’impression que si je m’accroche encore à toi, tu vas finir par t’échapper, encore… » Cette fois, c’est moi qui baisse les yeux, fuyant son regard qui me trouble bien plus que je ne voudrais l’avouer. « J’ai peur Alma… » Une boule se forme doucement dans ma gorge et je soupire pour moi-même avant de poursuivre. « Je pensais pas te revoir un jour, je pensais pas pouvoir… » Ma main vient chercher la sienne et j’entrelace nos doigts, fermant les yeux pour simplement profiter de cet instant, cette sensation. « J’ai pas envie de te perdre encore… tu comprends ? » Cette fois je réouvre les yeux, un peu brumeux par l’émotion, et la regarde avec une intensité qui m’est propre. Je ne sais pas si je dois continuer dans ma lancée, ni même si j’attends un mot ou un geste de sa part. Mais il fallait qu’elle sache quelle peur me ronge maintenant qu’elle est revenue. Je ne dois rien attendre d’elle, elle a quelqu’un, depuis un certain temps, et elle a l’air heureuse avec lui. Il n’est pas question que je détruise son bonheur comme elle a pu détruire le mien en s’enfuyant comme une voleuse. Je ne suis pas de genre de personne, même si j’y ai pensé, même si j’en ai eu envie. Peut-être mérite-t-elle le même sort qu’elle m’a fait subir, mais je suis incapable de lui faire du mal volontairement…

Elle ne s’était jamais réellement questionnée sur la profondeur des traumatismes qu’elle lui avait laissé mais la voilà pleinement exposée aux conséquences et la culpabilité la saisit à la gorge. La blessure ne s’était pas toujours pas refermée et il semblerait qu’Alma n’aidait pas à la guérir. Elle la regarda sans rien dire, elle ne pouvait rien dire pour le coup à part s’excuser encore une fois, mais ça ne rassurerait pas Maxyn. Que lui avait-elle fait ? Pourquoi avait-elle tourné les talons face à sa sœur ? Rien de tout ceci ne serait arrivé si elle avait eu le courage de la défier et de rejoindre la blonde pour tout lui expliquer. Peur, le mot était fort et Alma détourna le regard, se sentant coupable. Elle avait forgé son bonheur de son côté après s’être dit que Maxyn avait dû l’oublier sans savoir que cette dernière était toujours hantée par le passé. Elle pinça les lèvres pour retenir les larmes de colère envers elle-même. Elle se trouvait stupide. La douceur de sa peau contre la sienne la soulagea et elle trouva le courage de la regarder. Sans un mot, elle se rapprocha d’elle, toujours allongée, elle prit le visage de Maxyn et posa son front contre le sien. « Tu ne me perdras plus Maxyn. » murmura-t-elle, une vérité qui faisait trembler son amour pour Victor. Il avait beau être pur et sécurisant, il ne pouvait faire le poids face à cet ange qui avait eu raison d’Alma qui l’attirait comme une douce lumière. « Je ferai tout pour me rattraper. » Elle ferma brièvement les yeux. « Moi aussi j’ai eu peur. Peur que tu me détestes et peur de ne plus jamais te revoir. » Un sourire illumina paresseusement son visage. « Mais je suis là et je ne bouge pas. »

Je suis bien obligée de lui livrer le fond de ma pensée, mes sentiments, la peur qui me ronge. Je ne veux pas la perde, une fois, ça a été une fois de trop. Je sens bien que cette conversation effraie un peu Alma, j’ignore si c’est parce qu’elle a peur de mes sentiments, ou des siens, ou parce qu’elle comptait encore me fausser compagnie. Je suis dans le flou le plus total, mon coeur s’emballe plus que de raison, j’aimerai qu’elle brise le silence, rapidement, avant que je ne me liquéfie. Et enfin elle bouge, s’approche, se saisit de mon visage et j’ai l’impression que je suis en train de sortir de mon propre corps. Trop d’émotions. « Tu ne me perdras plus Maxyn. » Mes yeux se ferment un instant, un instant un peu plus long que simplement clore mes paupières. Je dois encaisser ses mots, les assimiler. « Je ferai tout pour me rattraper. Moi aussi j’ai eu peur. Peur que tu me détestes et peur de ne plus jamais te revoir. » Oh que oui je l’ai détestée, au moins autant que je l’ai aimée, si ce n’est plus. Je lui en ai voulu si longtemps, je me demande encore comment j’ai pu ne pas tout lui balancer à la gueule lorsque je l’ai retrouvée par le plus grand des hasards. « Mais je suis là et je ne bouge pas. » ajoute-t-elle en souriant légèrement. Mon coeur continue de tambouriner dans ma poitrine, et j’ai la sensation de perdre mon souffle. Je ne sais pas si je dois la croire, si je peux y croire. J’aimerai, bien sûr, mais une part de moi n’y arrive pas, parce que la confiance n’est pas totale, parce que la peur prend le pas sur le reste. Alors je réouvre les yeux pour plonger mon regard dans le sien, et je crois que c’est à cet instant que je comprends qu’elle aussi a souffert. Il faut peut-être que j’arrête de me regarder le nombril. J’approche mon visage du sien dans l’espoir de pouvoir quérir ses lèvres, mais le bruit de la porte me fait m’écarter du corps d’Alma. « Theo qu’est-ce que tu fais là ? Tu peux pas frapper avant d’entrer comme tout le monde ? » Frustration.

Elle était trop près, elle le savait et pourtant ne bougea pas d’un pouce comme irrésistiblement attirée par le visage lumineux de Maxyn. Elle se fichait bien de son corps nu uniquement séparé du sien par la couette, non elle ne voyait que ses yeux envoûtants qui avaient hanté ses rêves les plus fous et les plus doux. Et ses lèvres qui l’appelaient silencieusement, cette tentation bien trop forte et bien trop retenue. Résister n’était plus une option, elle était prête à franchir la ligne, à l’embrasser sans se préoccuper des conséquences parce que c’était le moment, il n’y en aurait sûrement pas d’autres. Les visages se rapprochèrent et Alma retint sa respiration dans l’anticipation du baiser mais la porte s’ouvrit en grand sur le petit frère. Elles s’éloignèrent brusquement l’une de l’autre et la latina se redressa en position assise, la bouche entrouverte, se rendant compte de ce qui aurait pu se passer si Théo n’avait pas débarqué. Elle s’empara d’un oreiller et le balança au visage du parasite. « Dégage ! » Il poussa un cri mais ne quitta pas la chambre pour autant. « Non ! Les parents arrivent bientôt et c’est toujours le bordel ! » Alma glissa un regard en direction de Maxyn. Merde, elle ne voulait pas que la blonde passe un mauvais quart d’heure involontairement par sa faute. « Je m’en occupe. » Elle quitta le lit et embrassa la joue de la blonde, le cœur battant au bord des lèvres, le baiser avait failli avoir lieu, elle avait failli tromper Victor sans pour autant culpabiliser. C’était horrible et fou à la fois. Maxyn était irrésistible et Alma ne pouvait lui résister. « Allez Théo, en route on va tout nettoyer ! »

Je sursaute presque en entendant Alma demander à mon jeune frère de dégager. Mais elle a pas tort, il a rien à foutre là. Sauf que ce petit con n’a pas tout à fait tort non plus, mes parents arrivent, et c’est encore le bordel en bas. Merde ! « Je m’en occupe. » dit-elle en déposant un baiser rapide sur ma joue. Quoi ? Mais c’est pas à elle de faire ça ! « Je m’habille et je viens vous aider. » Je soupire en les voyant quitter ma chambre tous les deux, et je me lève une fois seule pour enfiler quelque chose, un sous-vêtement, un t-shirt un peu ample - celui de la veille - et un short en coton. Une fois fait, je descends pour rejoindre Alma et Théo en bas, me dépêchant de ranger un minimum avant que mes parents arrivent. Faut dire que c’est bien le bordel, et leur aide n’est pas de trop. Nous finissons de ranger alors que j’entends déjà la voiture de mes parents dans l’allée. « Tu devrais y aller, je sais pas s’ils seraient contents de te trouver là. » Je grimace un peu en regardant Alma et ne résiste pas à l’envie de la serrer contre moi alors je me presse contre elle, soupirant en sentant ses bras se refermer autour de mon corps. « Merci. » que je murmure au creux de son oreille avant de déposer un baiser au coin de ses lèvres, presque involontairement. Je lui souris et prends sa main pour l’emmener avec moi jusqu’à la porte qui mène à l’arrière de la maison. « Appelle-moi, écris-moi, tout ce que tu veux mais me laisse pas des jours sans nouvelles. » Merde, j’ai vraiment envie de l’embrasser, comme elle l’avait fait la première fois, avant de s’échapper sans jamais revenir. Mais prise d’un instant de panique, j’ai l’impression que l’histoire va se répéter, alors je pose ma main sur son ventre et la pousse à l’extérieur. « File, avant qu’ils te voient. » Ça fait très dramatique comme ça, on se croirait dans Romeo et Juliette.

Les parents ne tardèrent pas à débarquer et Alma comprit qu’elle devait filer avant qu’ils ne fassent leur entrée dans la maison. Peu de personnes l’aimait dans cette famille, elle allait devoir s’y faire un jour ou l’autre. Ce fut Maxyn qui lança tout haut ce qu’elle pensait tout bas mais elle ne protesta pas. « Non clairement pas heureux de me voir. » plaisanta-t-elle amèrement avant de lui rendre son étreinte, son nez se glissant presque naturellement dans le creux de son cou. Elle inspira son odeur si familière et rompit le contact dans un sourire, le cœur battant, sa peau encore brûlante là où ses lèvres s’étaient posées. Elle aurait aimé l’embrasser comme dans le passé mais ce n’était pas une bonne idée, elle le savait.  

Elles rejoignirent la porte et Alma se tourna ensuite vers Maxyn, ne voulant pas partir, trouvant ridicule le fait de devoir fuir alors qu’elle avait vingt-six ans et qu’elle assumait désormais ses responsabilités. « Je t’écris dès que possible. » lui sourit-elle, prête à la serrer une nouvelle fois dans ses bras pour sceller la promesse mais Maxyn la poussa dehors. Elle pouvait déjà entendre les pas des parents dans l’entrée. La latina lui fit un geste de la main avant de prendre la fuite comme elle le faisait si bien dans le passé, se glissant entre les buissons, elle contourna la maison pour rejoindre sa voiture toujours garée devant. Elle grimpa à l’intérieur et mit le contact pour démarrer en trombe. Un sourire idiot étira ses lèvres sur toute la route du retour. Elle avait retrouvé Maxyn, c’était clairement le plus beau jour de sa vie.