my worst nightmare #shayan

Ma journée à été éreintante, beaucoup de boulot, des patients difficiles, et ce soir, j’ai la tête au carré. Alors forcément, quand une de mes collègues me propose d’aller boire un verre pour nous détendre un peu, je ne dis pas non. Mon homme risque de rentrer tard, comme souvent à cause de son travail, surtout ces derniers temps. Alors je décide de déposer ma voiture à la maison, et nous repartons avec celle de mon amie. Les heures s’écoulent et je ne les vois pas passer. Je ris, je pense à autre chose. Nous échangeons des anecdotes sur nos boulots respectifs et il faut dire que Julia n’est pas en reste de ce côté là. En étant médecin urgentiste, elle voit forcément de tout.

Il est vingt-deux heures lorsque je pose un pied à la maison. La voiture de Ian est dans le garage, je sais qu’il est là. Mais je ne m’attendais pas à le voir assoupi sur le canapé. instantanément, un sourire étire mes lèvres. Il est beau. Je l’ai toujours trouvé magnifique, je me souviens encore du jour où j’ai posé la première fois mon regard sur lui, je suis tombée amoureuse instantanément. Je retire mes chaussures, pose mon sac doucement dans l’entrée et rejoins celui qui partage ma vie, passant derrière le canapé. Délicatement je fais glisser mes mains sur son torse par dessus son t-shirt, et dépose un baiser sur le haut de son crâne. « Bonjour mon amour… » Souriante, je dépose de nouveaux baisers sur sa tempe, sa joue, histoire de le réveiller en douceur. « Tu as mangé ou tu veux que je te prépare quelque chose ? » Je redouble de tendresse, c’est pire encore depuis que je sais que je ne pourrai pas lui apporter ce que nous attendions, cet enfant tant désiré. Mon frère me dit sans cesse qu’il y a d’autres moyens d’avoir un enfant, mais je ne m’imagine pas faire autrement que porter l’union de nos deux ADN. Je sais que je repousse ce moment depuis trop longtemps, celui d’avouer mes analyses à Ian. « Tu m’as manqué tu sais… » J’embrasse son cou et le laisse se réveiller doucement, pendant que je continue de l’envelopper de ma tendresse.

La tendresse a toujours été de mise entre nous, Ian a beau être une armoire à glace, il ferait peur à n’importe qui quand il utilise son regard de tueur, mais face à moi, il a toujours été doux et attentionné. Un vrai nounours. Je me sens en sécurité dans ses bras, j’aime y être, j’aime y passer du temps. J’ai besoin de sa présence, besoin de le toucher, l’embrasser. Ça n’a pas changé depuis que nous sommes ensemble. « Bonjour toi... » Rien que sa voix me fait frissonner, et je souris presque un peu bêtement. Je fais alors le tour du canapé lorsqu’il m’incite à le faire, et m’assieds sur ses genoux, me collant à lui, un bras autour de son cou, l’autre caressant son torse, son cou, son visage. Je récupère ses lèvres dans un baiser tendre. « Non, je n'ai pas mangé et oui, je serais ravis que tu me prépare quelque chose après ! » Je souris davantage et hoche doucement la tête pour lui dire que c’est acté, qu’une fois que je serai debout, j’irai lui préparer à manger. Je lui dis qu’il m’a manqué, il me répond la même chose. Paysage idyllique, ça serait trop beau de penser que notre couple n’est que ça. Mais le secret que je cache pourrait bien ternir ce joli tableau. « Tu es sortie manger avec des amis ? » Je hoche la tête avant de lui répondre. « Oui, une de mes amies infirmière avait besoin de parler, je me doutais que tu allais rentrer tard, alors j’en ai profité. » Je l’embrasse à nouveau avant de me lever. « Allez, je vais te faire à manger. Ça a été ta journée toi ? Pas trop dur sans Austin ? » Depuis ce qui lui est arrivé, leur supérieur a décidé que tant que je n’avais pas donné mon accord, elle ne pourrait pas retourner sur le terrain. Elle est encore trop dévastée pour ça, elle doit suivre une thérapie pour ne pas péter un plomb et causer du tort à ses collègues, et à elle même. Ian me suit dans la cuisine où nous continuons de discuter tous les deux, de son boulot, du mien, et je ne prends pas conscience que sur le plan de travail sur trouve une lettre du médecin que j’ai ouverte ce matin mais que je n’ai pas pensé à planquer, puisque je comptais rentrer avant mon mari.

Je prends la température auprès de mon mari concernant le boulot sans sa coéquipière, parce que je sais qu’ils ont besoin l’un de l’autre pour bosser, et que malgré moi j’empêche l’avancement de leurs dossiers. C’est pour le bien d’Austin, et par ricochet, le bien aussi de leur équipe, leur binome, et du coup le bien de Ian. Je ne voudrais surtout pas qu’elle finisse par exploser et causer des dégâts autour d’elle, ce qui est fort probable vu le degré de névroses de cette fille. « Tu sais, c’est plutôt calme quand elle n’est pas la, alors c’est assez reposant de travailler sans elle, même si j’ai double dose de boulot ! Néanmoins, elle est quand même venue apporter le café, voir si elle ne pouvait pas fouiner sur une enquête ou deux. Elle est droguée à son taff celle-là… J’espère qu’elle pourra rapidement reprendre le cours de sa vie. » Je souris et hoche la tête. « C’est une dure à cuire, elle a du mal à lâcher prise, à parler. Ça risque d’être plus long que prévu, mais j’y arriverai, tu me connais, je lâche rien ! » Je lui adresse un sourire alors que je continue de lui préparer son repas. « Tu as fait des tests médicaux ? » demande-t-il alors que je sens déjà mon sang se glacer. Quoi ? Je tourne la tête subitement pour voir de quoi il parle et serre les dents en espérant qu’il ne sortira pas la lettre qui se trouve dans l’enveloppe déjà ouverte. « Oui, mais je… enfin… on en parlera tout à l’heure tu veux bien ? » Je mets son repas dans une assiette et lui récupère des couverts, posant le tout dans un plateau, et je me retourne face à lui, souriante comme je peux. « Le repas de Mr est servi ! » Il est loin d’être idiot, il me connaît assez pour comprendre que quelque chose ne va pas. « Faudrait que j'y aille moi aussi... » Je penche un peu la tête sur le côté alors qu’il récupère son plateau. « Tu… non, enfin je pense pas que ce soit nécessaire tu sais… » Je soupire un peu et me mords la lèvre inférieure. Je comptais attendre un peu mais je crois que ça devient urgent d’en parler. « Chéri je… » Je soupire à nouveau, parce que c’est dur. Je passe mes mains sur mon visage frénétiquement pour trouver une manière de lui dire les choses. « Ça fait plusieurs semaines que je suis suivie par un spécialiste pour qu’il m’aide à comprendre ce qui se passe en moi, pourquoi on arrive pas à… enfin tu sais… » Avoir un enfant. Oui. Même ça j’ai du mal à le dire. Ma gorge commence à se nouer et j’arrive pas à poursuivre. « Je.. je pourrai pas. Je pourrai pas te donner d’enfant Ian. Je suis désolée. » Il fallait bien que ça arrive, qu’on en parle. Je baisse les yeux et laisse les larmes rouler le long de mes joues. Trop longtemps que je repousse ce moment.