and you are ? (rayden)

Quelques semaines plus tôt.

Quelques coups frappés à la porte de l’adolescente, je me trouve derrière ladite porte, soupirant qu’elle soit partir de cette manière alors que nous étions en train de dîner tranquillement. « Maé ouvre cette porte s’il te plait ! Ouvre ! » J’entends le loquet et je pousse la porte, retrouvant ma fille les bras croisés et le regard noir, les yeux rougis. « Chérie, ça n’a rien à voir avec le fait que je crois ou non en toi, bien sûr que je crois en toi, mais tu sais avec Cora j’ai appris à comprendre que ce métier est un métier de requins, et je voudrais surtout pas que ma petite fille chérie se retrouve à… » Je n’ai pas le temps de finir qu’elle renchérit. « T’en as eu quoi à faire de mon avenir jusqu’à maintenant hein ? » Aïe. Celle là elle fait mal. JE soupire, je sais que je suis en tort et je serai complètement idiote de monter sur mes grands chevaux. « Maintenant je suis là, et je ne veux que ton bien. Je t’inscrirai au théâtre si tu veux, c’est le mieux que je puisse faire. » Maé est fascinée par le monde du cinéma depuis de longues années, et depuis qu’elle côtoie Cora davantage, elle aime tout ce qu’elle raconte, les paillettes, les avant-premières, les films, les tournages, les interviews, elle en rêve. Mais je refuse qu’elle mette les pieds dans ce monde là, et les cours de théâtre, c’est tout ce que je peux faire de mieux.

Aujourd’hui.

Un regard sur ma monte et je fais claquer mes talons sur le bitume en sortant de la voiture. Le théâtre n’est plus très loin, je suis limite en retard, et j’avais envie de profiter un peu de Maé, une sortie entre filles. J’espère qu’elle ne m’en voudra pas d’être venue la chercher, il est vrai qu’à cet âge, les gamins préfèrent ne pas être vus avec leurs parents. Je ne suis venue chercher Maé ici qu’une fois, lors de son cours d’initiation, et c’est là que j’avais rencontré la jeune femme qui leur fait cours, charmante au demeurant. Je compte bien lui poser quelques questions et voir avec elle ce qu’elle pense de Maé et son potentiel d’actrice. Je me présente à l'entrée de la salle, m'avance doucement et cherche quelqu'un des yeux. C'est sur une jeune femme que je tombe nez à nez, me faisant me redresser d'un seul coup, reculant même d'un pas. « Excusez-moi, je ne faisais pas très attention. Je suis bien au cours de théâtre pour adolescents ? » Elle se doutera bien que je n'ai pas l'âge pour venir prendre ce cours, et que donc je ne suis que la mère d'une élève d'ici. En revanche, je ne sais pas qui elle peut être, parce qu'en ce qui la concerne, elle est bien trop jeune pour avoir un enfant de l'âge de Maé. Elle n'a pas l'âge non plus d'être considérée comme une adolescente, alors je n'attends plus qu'une chose, qu'elle se présente à moi. Charmante créature.

C’est aujourd’hui que je me lance dans le grand bain et donne mon premier cours de théâtre au groupe d’adolescent que m’a confié une amie. J’ai pu assister à son dernier cours avant son départ et apprendre déjà à connaître un petit peu chacun d’eux. C’est un groupe sympa, l’ambiance qui règne est vraiment bonne et peu importe qu’ils n’aient pas tous la même expérience théâtrale tout le monde est bien intégré. Enseigner ne me fait pas peur, c’est mon métier et au final le sport et le théâtre ce n’est pas si différent, il faut rendre les choses ludiques, agréables pour faire passer un message, arriver à faire progresser chacun à son rythme tout en le gardant motivé. Il n’empêche que même en ayant l’habitude d’être face à un groupe d’élève j’étais un petit peu stressée avant le début du cours. Tension vite évanouie dès lors que je me suis lancée, même si je ne me sens pas encore très légitime à donner des cours de théâtre alors que j’en fais seulement depuis deux ans. J’ai beau entendre beaucoup de compliments sur mon jeu d’actrice et ma façon d’aborder les choses, il y a toujours une petit partie de moi qui doute. Je suis peut-être trop perfectionniste ou exigeante avec moi-même, c’était déjà le cas quand je jouais au volley. Bien que m’efforçant de garder une certaine ligne de conduite avec leur professeur habituelle, je ne peux m’empêcher de mettre ma touche personnelle à ce cours. C’est peut-être plus dynamique que ce dont ces jeunes ont l’habitude… je ne suis pas prof de sport pour rien. Leur enthousiasme me rassure et m’encourage, j’ai l’air d’être sur la bonne voie. Aimant particulièrement l’improvisation je leur propose un exercice sur ce thème, les rires sont au rendez-vous et je dois admettre que je m’éclate réellement à animer ce cours.
Toutes les bonnes choses ont une fin, à vrai dire je n’ai pas vraiment vu le temps passer et c’est déjà l’heure. Je leur propose de préparer le prochain cours en réfléchissant à des héros de fiction qu’ils aimeraient incarner mais en plaçant ces derniers dans un univers qui n’est absolument pas le leur. Pour illustrer mon propos je me saisi d’une paire de lunette dans le style d’Harry Potter, une écharpe aux couleurs de Gryffondor et un sabre laser. Mes élèves comprennent alors bien mieux là où je veux en venir. Je les invite à ranger les accessoires que nous avons utilisés, rangeant moi-même l’écharpe et le sabre laser. Chacun aide au rangement puis ils récupèrent leurs affaires, c’est alors que je remarque une femme qui vient d’entrer dans la salle. Est-elle seulement réelle ? Je veux dire, ça existe vraiment les gens comme ça avec un charisme pareil ? Elle semble chercher quelque chose, ou plutôt quelqu’un et je me doute que c’est un ado. Je m’avance dans sa direction et bien malgré moi la surprend. Elle est prise d’un mouvement de recul puis son regard croise le mien. Je suis comme figée par ses iris claires, je me sens sondée et bien que j’approche du mètre quatre vingt je me sens presque petite pendant quelques secondes. Je hoche la tête positivement pour répondre à sa question tout en esquissant un sourire. Bah dis un truc Rayan, sois pas con… Je me fous une claque mentale pour reprendre le dessus sur… je ne sais même pas et tends la main dans sa direction « Je m'appelle Rayan. Mademoiselle Johnson est absente durant quelques semaines et c’est moi qui la remplace. » je pensais qu’elle avait prévenu, enfin elle l’a peut-être fait et cette jolie blonde sortie directement de je ne sais quelle dimension n’a pas eu l’information. « Vous cherchez un ado ? J’en ai plusieurs en stock… » plaisanté-je. C’est peut-être pas la meilleur idée de plaisanter auprès d’un parent sur le trafic éventuel de son rejeton, non ? Encore moins quand on a des lunettes de Harry Potter sur le nez, faisant ce constat je les retire l’air de rien « Désolée, j’avais un peu oublié de regarder l’heure. ». Loin de moi l’idée de la mettre en retard, ça doit être quelqu’un d’important, on a pas sa classe sans être importante.

Elle a une carrure, une prestance assez intrigante pour une femme de son âge. Je ne dis pas que le charisme vient avec l’âge mais sans doute est-ce dû à ses iris ébène et ses cheveux noir de jais. Intrigante, mystérieuse, elle donne envie de s’aventurer derrière le miroir. « Je m'appelle Rayan. Mademoiselle Johnson est absente durant quelques semaines et c’est moi qui la remplace. » J’esquisse un sourire, chose qui m’arrive assez rarement lorsqu’il s’agit d’une première rencontre, il faut dire que j’ai plutôt le rôle du dragon des glaces lorsqu’on ne me connaît pas. « Je ne savais pas. » En même temps, il faut dire que je ne connaissais même pas le nom de la personne qui donnait ce cours avant de se faire remplacer. « Vous cherchez un ado ? J’en ai plusieurs en stock… » Cette fois, un sourire un peu plus franc étire mes lèvres et je hoche la tête. « Il se peut que ce soit la raison de ma visite oui, je vous rassure, je ne suis pas inspecteur. » Elle retire les lunettes du bout de son nez, et j’ai l’impression de découvrir de nouveaux traits de son visage. Elle est magnifique. « Désolée, j’avais un peu oublié de regarder l’heure. » « Il n’y a pas de mal, a vrai dire ça m’arrange, je pensais être en retard. » Quelques élèves sortent de ce que j’imagine être des loges ou j’ignore ce que c’est, là où ils rangent leurs affaires sans doute. « Qu’est-ce que tu fais là ? » Je lève les yeux au ciel. « Moi aussi je suis ravie de te voir ma chérie. Je comptais t’emmener dîner chez Lorenzo. » Notre restaurant italien préféré. « Je vais manger et dormir chez Diane, papa est au courant il a accepté. » Bien sûr. Je me pince les lèvres en hochant la tête. « Et bien bonne soirée avec Diane alors. » « Ouais, toi aussi ! » Je lève les yeux au ciel et la regarde partir comme si tout allait bien, comme si je n’avais pas annulé un dîner de boulot pour passer du temps avec ma fille. Je repose les yeux sur la divine créature avant de soupirer un peu. « Rassurez-moi, elle n’est pas aussi insolente pendant votre cours ? Je sais bien que son père se rapproche de Dieu pour elle et que je n’ai aucune autorité sur elle mais quand même… tous les ados parlent comment ça à leurs parents à un moment donné ? J’ai pas signé pour ça… » J’ignore pourquoi je lui dis tout ça, c’est peut-être déplacé, j’en sais rien, ça donne un peu l’illusion d’une mère dépassée, ou qui s’en fout, ou que sais-je. « En tout cas, vous avez beaucoup de courage ! »

Son masque impassible se fissure dans un fin sourire puis dans un second à la suite de mon petit trait d’humour. Cette femme est intimidante de par sa présence et ce regard perçant. Je l’imagine facilement occupant un poste très important avec des responsabilités, elle porte sur elle d’avoir de la poigne et une attitude qui force le respect. Et moi je suis là face à cette femme sortie d’une autre dimension avec mes lunettes d’Harry Potter sur le nez. Les artistes sont souvent perçus comme des gens originaux, je peux toujours me réfugier derrière cela, même si je ne me considère pas comme une artiste. Cependant c’est bon a savoir qu’elle n’est pas une quelconque inspectrice venue contrôler ma manière de travailler. Mais je présente tout de même mes excuses pour le léger retard que j’ai concéder sur l’horaire réglementaire de fin du cours. Elle ne m’en tient pas rigueur, finalement arrangée par ces quelques minutes venues couvrir son propre retard. Je m’apprête à lui demander qui elle est venue chercher mais pas besoin de poser la question j’en obtiens la réponse en voyant Maé se rapprocher demandant à celle que je déduis être sa mère ce qu’elle fait là. La surprise a l’air de la prendre de cours et la suite est pour le moins expéditive. J’assiste à cette brève conversation non sans m’étonner de cet échange. J’étais loin d’imaginer que la jeune fille entretenait une relation un peu tendue avec sa mère, bien que je ne veuille pas tirer de conclusion hâtive sur le sujet après ce seul bref aperçu. Je sens la déception de sa mère un peu désemparé face à l’échec de sa surprise. Je salue quelques élèves qui s’en vont à leur tour et mon interlocutrice s’adresse de nouveau à moi. Elle soupire, visiblement lasse face au comportement de l’adolescente qu’est sa fille. Je secoue doucement la tête, je n’ai pas envie d’enfoncer le clou mais Maé est tout sauf insolente, au contraire « Je n’ai jamais eu de problème avec elle, ni ici aujourd’hui ni dans le cadre scolaire. » sous son regard intrigué j’ajoute « Je suis prof de sport, elle est dans une des classes que j’ai en charge. ».
Oreille attentive j’écoute cette femme charismatique me faire part de ses doutes, elle est soudainement bien plus humaine. Je lui adresse un sourire compatissant « L’adolescence est un passage difficile, pour tout le monde. ». Elle souligne combien j’ai du courage et je hausse les épaules « Je ne vais pas dire que c’est facile tout les jours parce que ce serait mentir, mais jusqu’à présent il n’y a rien qui m’ai dégoûté d’enseigner. ». Les derniers élèves s’en vont, nous ne sommes plus que toutes les deux « Est-ce que vous vous rappelez de votre adolescence ? C’est toujours le défi que je me lance quand j’ai du mal à comprendre le comportement de certains de mes élèves. » je fais une légère grimace « Pour être honnête ces générations très connectées sont différentes… mais sur le fond les problèmes sont les mêmes. On se pose des questions à cet âge là et on remet tout en question. Surtout l’autorité. » après une petite hésitation je poursuis « Je vais devoir fermer la salle mais on peut continuer de discuter ensuite, enfin si vous voulez… » je lui souris à nouveau et désigne un coin de la salle « Je dois juste récupérer mes affaires. » ce que je fais avant de revenir vers elle pour nous diriger vers la sortie « Je dois ramener les clés au concierge, je n’ai pas envie de me faire taper sur les doigts pour mon premier jour de remplacement. » expliqué-je, un peu mal à l’aise qu’un silence s’installe. Une fois ma mission accomplie je regagne l’extérieur en compagnie de la mère de Maé « Je vous offre quelque chose à boire ? Ça sera plus agréable pour parler, qu’ici dans la rue. Je ne détiens pas toutes les vérités sur les ado mais j’en côtoie pas mal… alors si je peux vous être utile ou juste vous écouter. » je ne veux rien imposer, je propose mon aide maintenant la balle est dans son camp mais dans le fond j’espère qu’elle va accepter, j’ignore pourquoi. La curiosité sans doute.

Un peu désarçonnée par le comportement de Maé qui cherche ces derniers temps à me faire payer mon absence, je lâche un soupir, la regardant filer avec son amie. Légèrement inquiète, je demande tout de même à la jeune professeur si ma progéniture est au moins plus respectueuse avec elle. « Je n’ai jamais eu de problème avec elle, ni ici aujourd’hui ni dans le cadre scolaire. » Je plisse légèrement les yeux, peinant à comprendre de quoi elle parle. « Je suis prof de sport, elle est dans une des classes que j’ai en charge. » J’arbore désormais une mine plus compréhensive. Vis à vis de sa silhouette athlétique, ses bras joliment sculptés… Je m’égare. La jeune femme tente de me rassurer quant à l’adolescence. Maé est ma seule fille et je ne l’ai pas vraiment vue grandir, j’ai la sensation que sa crise d’ado est arrivée au moment même où j’ai réapparu dans sa vie, je ne sais pas comment je dois le prendre à vrai dire. « Est-ce que vous vous rappelez de votre adolescence ? C’est toujours le défi que je me lance quand j’ai du mal à comprendre le comportement de certains de mes élèves. » Je plisse un peu les yeux, parce qu’elle est marrante, mais mon adolescence remonte à plus longtemps que la sienne, qu’on se le dise. « C’est un peu loin pour avoir des souvenirs assez précis… » Et puis, je ne crois pas avoir été une adolescente difficile. Elle m’explique que malgré les nouvelles générations plus connectées, les adolescents restent les mêmes. « On se pose des questions à cet âge là et on remet tout en question. Surtout l’autorité. » « J’imagine oui… » Je reverrai sûrement mon jugement vis à vis de ma fille. Peut-être. La jolie jeune femme m’annonce qu’elle doit fermer la salle et me propose de discuter ensemble dehors. « Je vous en prie. » que je lui répond lorsqu’elle parle d’aller récupérer ses affaires et ramener les clés au concierge. Je lui offre un sourire et attends la jolie professeur à l’extérieur de la salle. « Je vous offre quelque chose à boire ? Ça sera plus agréable pour parler, qu’ici dans la rue. Je ne détiens pas toutes les vérités sur les ado mais j’en côtoie pas mal… alors si je peux vous être utile ou juste vous écouter. » Penchant très sensiblement la tête sur le côté, je lui souris légèrement. « Oui, avec plaisir… » Je porte un oeil sur ma montre et après une courte hésitation, je tente. « J’avais une réservation pour Maé et moi pour 20h. Je peux annuler ou vous inviter à dîner ? » C’est peut-être un peu beaucoup alors que nous ne nous connaissons pas au final, mais j’ai envie de l’entendre me parler de son boulot, de son amour pour le théatre, son parcours. Cette jeune femme m’intrigue, je ne vais pas le cacher. Alors autan tenter le tout pour le tout.

Je plisse légèrement les yeux en observant mon interlocutrice. Quel âge a t’elle ? Une petite quarantaine ? Elle a quitté l’adolescence depuis un moment c’est certain mais je suis sûre qu’elle est capable d’en tirer des souvenirs plus précis qu’elle ne le pense. Je fais un léger sourire et conclu en affirmant que cette période a comme base la remise en question de l’autorité, peu importe l’époque à laquelle on se trouve. Commentaire qui n’a pas l’air de rassuré plus que ça la mère de Maé, n’ayant pas d’enfant moi-même je n’ai qu’une vague idée de ce qu’implique ce rôle mais l’inquiétude en est un des passages obligés. Et s’il est l’heure pour moi de fermer la salle et rendre les clés au concierge sous peine de me faire engueuler pour mon premier jour, ce que j’aimerai éviter, je propose néanmoins à la charismatique blonde de poursuivre notre conversation à l’extérieur. Je suis le genre de prof à l’écoute des élèves mais être à l’écoute des parents fait parti du boulot aussi, même si présentement le contexte est un peu différent de celui du lycée. Je dois avouer que cette femme m’intrigue, je crois même qu’elle me fascine un peu de part sa présence. J’ignore comment l’expliquer mais elle a une véritable aura, quelques chose de captivant.
Plutôt que de discuter sur le trottoir devant le théâtre je propose d’aller boire un verre au café d’en face afin d’être installées plus confortablement. Ça ne m’effleure même pas l’esprit que ce puisse être jugé comme déplacé par la mère de mon élève. Ma volonté est simplement d’être à son écoute et de répondre à ses interrogations dans la mesure de mes compétences. Heureusement pour moi la blonde ne s’offusque pas de ma proposition, l’accepte même et le temps que j’esquisse un sourire en accueillant sa réponse elle va même plus loin, proposant que nous profitions de la réservation qu’elle a fait au restaurant. Un peu surprise je marque un temps d’arrêt, il est presque vingt heure cette femme m’invite à dîner alors que nous sommes des inconnues. Mais mon frigo est vide ou presque parce que j’ai complètement zappé de faire les courses, et… ok je me cherche des raisons d’accepter. L’envie n’en est-elle pas une suffisante ? Je hoche la tête positivement après mon petit instant d’hésitation « D’accord… » ce n’est clairement pas mon genre d’accepter une telle invitation et pourtant au fond de moi un truc me pousse à le faire. Autour d’un dîner la conversation ne sera que plus facile, et je dois admettre être curieuse à l’égard de l’impressionnante quadra. Et puis le resto en question est une vraie tuerie, c’est un argument indéniable. Oui c’est vrai je me cherche encore des bonnes raisons d’avoir accepté de dîner avec elle… pourquoi je fais ça d’ailleurs ? « Comme j’habite dans le quartier je suis à pieds. » dis-je à titre d’information et probablement pour masquer ma légère gêne. C’est une réussite, à n’en pas douter.

Je sens la demoiselle hésitante, et elle a tout à fait le droit de l’être. Ce genre de proposition peut s’avérer déplacée, et je ne m’offusquerai pas si elle préférait refuser mon offre. Les réservations dans ce restaurant sont précieuses, il est toujours plein à craquer et d’une notoriété importante. Ça ne m’aurait pas dérangée d’annuler la réservation mais autant en profiter. Il n’est pas dans mes habitudes de proposer ce genre de choses à de parfaits inconnus, mais la jeune femme m’inspire confiance, et plus encore que ça, elle m’intrigue. Je la trouve aussi mystérieuse qu’inspirante. « D’accord… » finit-elle par répondre, laissant un sourire prendre place au coin de mes lèvres. Très bien. « Comme j’habite dans le quartier je suis à pieds. » Je hoche la tête en guise de première réponse avant d’ajouter. « Je suis garée à une rue d’ici. » D’un signe du menton je désigne la direction à prendre et nous nous mettons en chemin, mes talons claquant à nouveau sur les pavés de la rue piétonne. « Maé m’a quelques fois parlé de vous, enfin, de son professeur de sport qu’elle semblait beaucoup apprécier. En ses termes je me suis même demandé si elle ne parlait pas d’un jeune homme qui semblait beaucoup lui plaire. » Je dois dire que le prénom de la jeune femme ne passe pas inaperçu, étant plutôt porté par le genre masculin. Mais ça a son charme je l’admets. Nous arrivons à la voiture qui se déverrouille seule à mon arrivée près de cette dernière, et je laisse la jeune femme monter côté passager pendant que je prends place derrière le volant. La voiture est flambant neuve, elle n’a que quelques jours, c’est le cadeau que je me suis offert pour la signature de ma nouvelle boîte de production. Une magnifique Infiniti Q70 bleue marine, toute électrique et automatique. Un vrai bijou. « Vous connaissez le restaurant chez Lorenzo ? » Sans aucun doute le meilleur restaurant italien de West Hollywood, peut-être même de tout Los Angeles. C’est le restaurant où Luke m’a emmenée dîner la première fois, celui où je lui ai annoncé l’arrivée de Maé, et c’est aussi là où on a l’habitude de se retrouver toutes les deux avec ma fille. Mais désormais, plus rien d’amoureux en ces termes, nous avons de nouvelles habitudes avec ma compagne, et c’est une bonne chose je pense. Le chemin est assez rapide, le restaurant n’est pas si loin et nous sommes rapidement arrivées. Descendant de la voiture, la jeune professeur en fait de même et je verrouille la berline avant que nous nous avancions vers l’entrée du restaurant. « J’espère que vous avez faim ? »

Un hochement de tête d’acquiescement plus tard et me voilà prenant la direction de la voiture de la mère de mon élève. En soi c’est anecdotique, ce qui l’est moins c’est que nous allions dîner dans ce qui est très probablement le meilleur restaurant italien de la ville, en tout cas l’un des plus côté. Les talons de l’impressionnante blonde claque sur le bitume au rythme régulier de nos pas, il se dégage d’elle tant d’aisance et de classe, je pourrais presque avoir la sensation de faire tache. Pas que je sois habillée comme un sac, non j’aime les fringues et avoir un certain style mais c’est une impression que j’ai à marcher ainsi à côté d’elle. Je m’en tiens là de mes pensées quand la mère de Maé évoque cette dernière. La jeune fille a parlé de moi, indirectement en tout cas et… J’écarquille un peu les yeux, surprise par la remarque de sa mère. Un jeune homme qui lui plairait ? Non de toute évidence je ne suis rien ça. C’est la première fois qu’un parent me fait cette révélation, je sais que certains adolescents développent une attirance pour leurs profs parfois mais en général l’information nous vient de part les rumeurs qui circulent au lycée ou tout simplement par les élèves eux même, vraiment peu discrets par moment. Je ne peux masquer ma surprise « Oh... et bien je l’ignorais. » que répondre à cela ? Heureusement nous arrivons à hauteur de la voiture de la blonde, et quelle voiture. J’ai confirmation qu’elle doit avoir une place importante et gagne très bien sa vie. Respectueuse de l’environnement avec ça, si j’en crois le type de véhicule, électrique. Je ne suis pas vraiment habituée à un tel luxe, mes parents étant plutôt dans le bas de la classe moyenne et moi-même en tant que prof je ne gagne pas un salaire astronomique. Mais je ne me plains pas de ma situation, j’ai un petit appartement agréable et bien situé, je mange à ma faim et m’offre quelques loisirs sans avoir à me serrer la ceinture jusqu’à étouffer.
J’esquisse un sourire et hoche la tête positivement « Oui j’y ai mangé une fois. » depuis cinq ans que j’habite à L.A, autant dire que je suis loin d’être très familière avec l’endroit. « J’en ai un très bon souvenir. Mais ce n’est pas le genre d’endroit où je vais spontanément. » le restaurant indien au coin de ma rue, c’est plutôt là mon lieu de prédilection, question de praticité et de budget. « Les réservations sont plutôt difficiles à avoir… » ajouté-je avec un léger rire, ça aurait donc été dommage qu’elle annule la sienne. Loin de moi l’idée de jouer les opportunistes mais c’était difficile de refuser son invitation. Autant pour cette raison que celle qui m’échappe un peu de ma curiosité à l’égard de la charismatique quadra. Nous arrivons sur place, je descends de la voiture et souris une nouvelle fois à mon interlocutrice alors que nous nous dirigeons vers l’entrée de l’établissement « Toujours pour la gastronomie italienne. » sans doute aussi parce que mon déjeuner était plutôt rapide et il y a plusieurs longues heures de ça. « Ma mère a des origines italiennes entre autres… » glissé-je en guise d’explications bien que je n’ai pas spécialement à justifier mes goûts. Cette femme me perturbe, relax Rayan ce dîner n’a rien d’étrange. A peine entrées nous sommes chaleureusement accueillies par un serveur qui nous guide jusqu’à la table réservée au nom de Lewis. Nous prenons place à table, je regarde autour de moi peut-être éviter de fixer mon interlocutrice si intrigante « Je crois qu’ils ont changé un peu la déco depuis que je suis venue la dernière fois. » ce qui n’a aucune importance si ce n’est de m’aider à dissiper ma légère gêne. Est-ce que j’ai vraiment bien fait d’accepter ? Je reprends contenance, chassant mes doutes et posant mon regard sur la femme en face de moi, et quelle femme. Est-ce que je vais m’en remettre ? « Vous venez souvent si j’ai bien compris, avec Maé. » dis-je pour éviter que le silence s’installe « Ne soyez pas trop contrariée par son attitude, les ado n’aiment pas vraiment être pris au dépourvu… » je hausse les épaules, essayant de me montrer rassurante à l’égard de cette mère qui semble un peu dépassée de voir sa fille grandir.

Je fais part à la jeune femme des dires de ma fille à son propos. Elle l’ignorait. Oui, j’imagine bien que Maé n’est pas allée la voir pour lui dire qu’elle avait le béguin pour elle. Cela dit, je ne suis même pas sûre que ce soit le cas, je me souviens simplement que la jeune adolescente m’a parlé de Rayan en me disant beaucoup l’apprécier. Et puis, je ne vais pas m’avancer, mais je ne crois pas que Maé ait une attirance quelconque pour les filles. Là n’est pas la question. Nous montons dans la voiture et le trajet n’est pas bien long. J’en profite cependant pour parler avec la jeune femme, et éviter que des silences désagréables ne s’immiscent entre nous. « Oui j’y ai mangé une fois. J’en ai un très bon souvenir. Mais ce n’est pas le genre d’endroit où je vais spontanément. Les réservations sont plutôt difficiles à avoir… » Je hoche la tête en souriant légèrement. « C’est vrai oui, peu de personnes arrivent à réserver une table le matin pour le déjeuner. » Je ris un peu, c’est ce qui m’est arrivé, mais il faut dire qu’étant une habituée des lieux, j’ai une sorte de passe-droit, et c’est aussi pour cette raison que je n’ai pas voulu annuler ma réservation.

Je lui demande si elle a faim et la réponse ne se fait pas attendre. « Toujours pour la gastronomie italienne. Ma mère a des origines italiennes entre autres… » Je tourne la tête vers elle pour la regarder et lui sourire. « Oh vraiment ? Quelle chance, j’adore l’Italie… » Je l’ai découverte avec Cora notamment, mais il est vrai que c’est un pays absolument magnifique. Nous quittons l’habitacle de la voiture pour entrer dans le restaurant, et je demande ma table, pour que nous y soyons amenées. « Je crois qu’ils ont changé un peu la déco depuis que je suis venue la dernière fois. » me dit-elle une fois installées. « Oui ils ont fait quelques travaux de réaménagement il y a quelques mois. » Je n’étais pas là à cette période là, je suis revenue, tout avait changé, c’est Maé qui m’a dit que ça ne datait pas d’il y a si longtemps. « Vous venez souvent si j’ai bien compris, avec Maé. » Je hoche la tête en souriant, croisant mes jambes sous la table. « Oui, c’est une sorte de petit rituel, j’avais le même avec son père, et depuis que nous sommes séparés, c’est avec elle que je perpétue la tradition. » Je n’ai aucune idée de pourquoi je me confie à elle sur ce sujet, ça semble si naturel… « Ne soyez pas trop contrariée par son attitude, les ado n’aiment pas vraiment être pris au dépourvu… » Je hoche la tête. « Je sais ça, j’ai remarqué. » Je ris un peu et cette fois secoue légèrement la tête dans un petit air désespéré. « Je crois qu’ils sont surtout très centrés sur eux mêmes. Enfin, nous le sommes tous à des niveaux différents, mais les adolescents sont vraiment forts à ce petit jeu. » Je ris à nouveau et pose mon regard sur elle, détaillant sans aucune gène son visage parfait. « Et vous alors. Vous êtes professeur de sport, et professeur de théâtre remplaçante. Laquelle de ces deux disciplines vous plaît le plus ? » C’est une question plus ou moins anodine, mais je travaille maintenant dans le métier du cinéma, et nous sommes tous les jours amenés à chercher de nouvelles têtes, peut-être la jeune femme pourra-t-elle m’être utile à cette tâche un jour ou l’autre, qui sait.

Evidemment cette femme est le genre à obtenir une réservation dans un restaurant côté de L.A en un claquement de doigts alors que d’autres doivent attendre des dizaines de jours. A vrai dire ça ne m’étonne pas, elle a l’air d’être habituée de l’établissement où nous allons, mais plus encore son apparence, son charisme et sa voiture… clairement ce sont des signes qui ne trompent pas. C’est une femme qui a réussi, elle doit sans doute avoir un poste à responsabilités et qui plus est très bien s’en sortir. Le genre de personne aussi impressionnante qu’inspirante. Je fais quoi ici avec elle au juste ? Ah oui, parler de son ado de fille, seule chose qui semble lui échapper. Pas que je juge cette femme, pas du tout ce n’est pas mon genre, mais elle me donne une telle impression de maîtrise que s’en est intimidant. A l’instant où je l’ai vu je me suis demandée si elle était bien réelle, ce n’est pas pour rien. Mais ce dîner sera sans doute l’occasion de me rendre compte qu’elle est beaucoup plus humaine que l’image qu’elle renvoie d’un prime abord. De mon côté je suis fidèle à moi-même, sociable, gérant cette invitation inattendue du mieux que je le peux en restant naturelle. Je justifie mon goût pour la gastronomie italienne du fait de mes origines maternelles et la quadra accueille cette information avec enthousiasme soulignant que l’Italie est un beau pays, ce dont je ne doute pas. « Il paraît oui. Je n’y suis jamais allée. » elle oui, à priori. C’est visiblement tout ce que je glanerais comme information la concernant, cette femme n’est pas des plus affables sur sa personne. Mais je le comprends, nous ne sommes pas là pour faire connaissance et devenir amies, elle est la mère d’une de mes élèves c’est tout.
Je commente la décoration du restaurant, pas tout à fait identique à la dernière fois où je suis venue il y a au moins trois ans de cela. Au moins mes souvenirs sont bons, j’ai la confirmation qu’effectivement des travaux ont été fait récemment. Cet endroit est vraiment familier pour Maé et sa mère, mais apparemment pas seulement puisque la blonde évoque le père de sa fille avec qui elle venait ici également. Une vraie tradition familiale à laquelle l’adolescente a renoncé ce soir. J’essaye de me montrer réconfortante quant au refus de la jeune fille d’accompagner sa mère pour dîner alors qu’elle avait un autre plan prévu. Difficile de passer à côté de cette caractéristique des ado, l’individualisme. Ils sont ni plus ni moins que le reflet de la société, mais parfois à un degré exacerbé. Je hoche la tête et souris « Oui, ils sont très centrés sur eux et à la fois sur l’image qu’ils renvoient aux autres. » je hausse les épaules « C’est en cela qu’ils sont complexes et que cette période l’est tout autant pour eux. », je le vois au quotidien au lycée mais dans une moindre mesure au théâtre où ils sont plus ouverts pour la plupart. Mon interlocutrice me fixe de son regard troublant, m’interrogeant sur ce que je préfère entre être prof de sport ou de théâtre. Je secoue doucement la tête et souris « C’est très différent. Être professeur de sport c’est mon métier, ce qui me fait vivre et j’aime mon boulot. Et le théâtre c’est… plus un hobby, une passion même. Je me suis lancée il y a assez peu de temps à vrai dire, bien que j’ai toujours aimé ça. » petit haussement d’épaules, je poursuis « J’étais très sportive durant ma scolarité, je n’avais pas vraiment de temps à consacré au théâtre et pas la légitimité non plus. Vous savez ce que c’est, on est dans des cases. J’étais dans celle des sportives. Et puis avec l’Université, les sélections pour l’équipe nationale… j’ai eu encore moins de temps. » je parle trop, non ? J’échappe un léger rire « En bref, j’aime beaucoup le théâtre, être sur scène mais aussi tout ce qu’il y a à côté. Et je verrai après quelques séances mais je crois que j’aime assez partager ça avec des plus jeunes et leur enseigner ce que je sais de cet art. » je me risque alors à une question à l’intention de la blonde « Et vous, que faites vous dans la vie ? ».

Je suis assez surprise d’entendre que la jeune femme n’est jamais allée en Italie alors qu’elle en a des origines. Après tout, tout le monde ne peut pas toujours ce genre de voyage, même si ça fait partie de nos gênes. Je ne relève pas et me contente d’un léger sourire alors que nous nous installons. La conversation revient sur ma fille, et sur les adolescents en généralité. C’est pour ça que nous sommes là, parler de ces mi-enfants mi-adultes qui m’échappent totalement au niveau comportemental. « Oui, ils sont très centrés sur eux et à la fois sur l’image qu’ils renvoient aux autres. C’est en cela qu’ils sont complexes et que cette période l’est tout autant pour eux. » Je hoche un peu la tête. Il est vrai que j’ai remarqué à quel point Maé peut changer d’humeur en un temps record. Ce n’est pas agréable, mais on est tous passés par là.

Je choisis volontairement de dévier le sujet pour mettre la lumière sur la jolie professeur. Je suis intéressée par son parcours. « C’est très différent. Être professeur de sport c’est mon métier, ce qui me fait vivre et j’aime mon boulot. Et le théâtre c’est… plus un hobby, une passion même. Je me suis lancée il y a assez peu de temps à vrai dire, bien que j’ai toujours aimé ça. » Je l’écoute avec grande attention, alors qu’elle poursuit en m’expliquant son amour pour le sport d’abord, puis pour le théâtre pour lequel elle a fini par assumer l’amour qu’elle portait à cette discipline. « Et puis avec l’Université, les sélections pour l’équipe nationale… j’ai eu encore moins de temps. » Je plisse un peu les yeux lorsqu’elle parle d’équipe nationale. « Ah oui c’était du haut niveau ! Dans quelle discipline ? » Je ne sais pas exactement quel sport je la verrai jouer. Vu sa taille, peut être le basket, ou même un sport de combat. Tout pourrait lui aller je crois. « En bref, j’aime beaucoup le théâtre, être sur scène mais aussi tout ce qu’il y a à côté. Et je verrai après quelques séances mais je crois que j’aime assez partager ça avec des plus jeunes et leur enseigner ce que je sais de cet art. » Je souris plus largement à sa manière de synthétiser son discours. « C’est le principal je crois. Un professeur motivé est forcément un meilleur professeur. Aimer la discipline ne suffit pas. Je crois. » Après tout, je ne suis pas professeur, je n’ai jamais non plus été très pédagogue. C’est une faculté que tout le monde n’a pas. « Et vous, que faites vous dans la vie ? » Un sourire naît sur mes lèvres et j’ai comme une envie subite de jouer un peu. Le serveur arrive avant que je n’ai eu le temps de répondre à la question de la jeune femme. Le serveur prend nos commandes, vu l’affluence, ils préfèrent que nous commandions directement nos plats principaux pour aller plus vite, je commande tout de même un verre de vin blanc, et laisse la brunette faire sa commande. Une fois le serveur reparti , je repose mon regard pétillant sur Rayan. « Voyons voir l’image que je renvoie. Quel métier vous me verriez faire ? » Je pose mes coudes sur le rebord de la table et repose mon menton sur mes mains jointes, regard ancré dans celui de la jeune et jolie professeur.

Sans vraiment m’en apercevoir je me retrouve à devenir le centre de la discussion avec la mère de mon élève. Elle m’interroge sur mon métier mais aussi ma passion pour le théâtre. C’est légitime qu’elle soit curieuse à mon égard, après tout je suis l’une des enseignante de sa fille et comme toute mère elle a à cœur de savoir par qui son enfant est entourée. J’évoque succinctement mon parcours, essayant d’aller à l’essentiel pour ne pas assommer mon interlocutrice de détails dont elle n’aura pas grand chose à faire. Je la sens attentive, à l’écoute et tout naturellement parle même de ma courte expérience en matière d’art théâtrale. Peut-être suis-je en train de tuer toute crédibilité à ses yeux dans ce domaine, mais tant pis je préfère être sincère. Ce n’est pas mon genre de me faire passer pour ce que je ne suis pas. Je suis passionnée, mais pas très expérimentée et ça n’a pas à être une honte. Après tout c’est à moi que mon amie a demandé de la remplacer, alors que dans notre groupe de théâtre d’autres ont bien plus d’expérience de la scène. Moins en matière d’enseignement, et ça a dû jouer en ma faveur. La blonde semble adhérer à mon discours, soulignant que la motivation à partager son savoir, est un élément essentiel pour enseigner correctement une discipline. Je lui souris et hoche la tête, avant de me lancer à l’interroger à mon tour sur sa profession. Autant jouer la carte du donnant-donnant. Cependant ma question reste en suspend puisque le serveur nous ayant accueilli, vient prendre nos commandes. La quadra s’autorise un verre de vin et pour ma part je préfère rester à l’eau. Il m’arrive de boire de l’alcool, mais dans une situation comme celle-ci ça me semble mal venu.
Le serveur repart, et si j’ai hâte que nos plats arrivent tant ils ont l’air succulents, je n’en demeure pas moins toujours aussi intriguée d’avoir enfin la réponse à ma précédente question. Mon interlocutrice m’adresse un regard plutôt malicieux, c’est presque troublant. J’ignore pourquoi. Toujours est-il que je ne vais pas obtenir de réponse aussi facilement que je le pensais comme dans une conversation banale, la quadra semble disposer à me mettre à l’épreuve de la devinette. Quel métier je la verrai faire ? Vaste question, à laquelle je ne m’étais pas spécialement préparée. Néanmoins ce petit jeu me plait, même si je suis légèrement déstabilisée par l’attitude de ma vis à vis et la manière dont elle me fixe. C’est dingue la puissance de son regard, j’ai l’impression qu’elle pourrait presque lire en moi. Heureusement que les X-Men sont seulement fictifs. « Et bien… » commencé-je tout en mettant en marche ma réflexion sur ce qui me semble lui correspondre le plus « Je pense que vous occupez un poste à responsabilités. ». Je souris et admets, non sans être un peu intimidée « Vous avez beaucoup de charisme, de présence. Vous êtes plutôt une leader. » je hausse les épaules « Dans quel domaine en revanche je ne sais pas. Mais en tout cas je vous vois bien à la tête d’une société quelle qu’elle soit. » la voiture qu’elle conduit, sa tenue, difficile de passer à côté du fait que cette femme doit très bien gagner sa vie. J’échappe un léger rire « Je reconnais que je ne m’avance pas trop en disant cela. Suis-je quand même sur la bonne voie ? » en tout cas je n’ai pas pris le risque de l’offusquer ça c’est certain.

Une fois le serveur reparti, je m’amuse à chercher la manière dont la jeune professeur pourrait bien me voir. Je ne dois pas être si difficile à déceler, beaucoup d’indices aident à savoir beaucoup de choses sur moi, même si j’aime entretenir une sorte de mystère. « Je pense que vous occupez un poste à responsabilités. » Mon sourire fait écho au sien, et je reste silencieuse, la laissant développer ses pensées. « Vous avez beaucoup de charisme, de présence. Vous êtes plutôt une leader. » Je crois que si j’étais du genre à rougir facilement, c’est ce que j’aurai fait suite aux compliments de la jolie brunette. Je me contente de pencher la tête sur le côté dans une mimique plutôt flattée. Qui ne le serait pas en même temps face à de tels compliments. J’aime l’image que je renvoie. « Dans quel domaine en revanche je ne sais pas. Mais en tout cas je vous vois bien à la tête d’une société quelle qu’elle soit. » Je hoche la tête, toujours en souriant. Même si c’était assez facile d’en arriver à ces conclusions, je trouve mignon la manière dont elle l’a amené. « Je reconnais que je ne m’avance pas trop en disant cela. Suis-je quand même sur la bonne voie ? » Je lui souris plus largement et hoche la tête. « J’étais à la tête d’une société informatique lorsque je travaillais encore à New York. Et j’ai dû changer de branche en arrivant à Los Angeles… » Le serveur arrive pour nous apporter mon verre de vin et une carafe d’eau pour la jeune femme. Je le remercie et repose mon regard sur elle. « Je viens d’acheter une boîte de production de cinéma. J’en rêvais depuis des années, c’est chose faite. » Je vois le pétillement dans son regard et je trouve ça absolument fascinant. « Si ça vous intéresse, je pourrai vous faire visiter quelques studios de cinéma, l’envers du décors.. Enfin, seulement si le cinéma vous intéresse. Après tout, vous avez peut-être une préférence pour le théâtre ? » Si souvent les deux se mélangent, il y a aussi des acteurs qui ne jouent qu’au cinéma, et d’autres qu’au théâtre. « J’aimerai beaucoup vous voir jouer. Il y a un endroit où c’est possible, un cours auquel je peux assister pour vous voir jouer ? » Je la sens un peu plus timide et j’ajoute alors. « On a souvent besoin de petits rôles pour des films ou des séries. Ça vous ferait un peu d’argent, si ça vous intéresse bien sûr… » Loin de moi l’idée de la forcer à quoi que ce soit, je ne sais même pas comment elle joue, si elle est douée ou non. Mais je baigne dans le métier, et si je la trouve douée, pourquoi ne pas lui donner sa chance. Elle a le type même de ces femmes jolies et charismatiques qu’on n’a aucun mal à projeter à l’écran.

Pas besoin du sens pointu de la déduction de Sherlock Holmes pour deviner que cette femme a un certain standing. Son attitude, son apparence, les indicateurs évidents d’une aisance financière, je ne prends pas trop de risque en l’imaginant occuper un poste à responsabilités. Pourquoi pas même la patronne de sa propre boite ? Elle en a la trempe en tout cas, ça c’est une certitude. Je donne mon impression sur la quadra avec sincérité, soulignant combien elle est charismatique et occupe l’espace sans même avoir à faire d’effort pour cela. Je ne m’explique pas vraiment ce qui émane d’elle, de son charme froid et magnétique, mais c’est intimidant et fascinant à la fois. Ce genre de personne qui vous fait forte impression. J’ai vu juste, son hochement de tête et son sourire me le confirment et même si ça n’avait rien de difficile j’en éprouve une petite pointe de fierté sans trop savoir pourquoi. Peut-être simplement de la voir sourire plus franchement ? Comme si la glace se brisait un peu plus et que j’allais être autorisée à enfin en savoir un petit peu plus sur cette intrigante blonde. Je l’écoute avec attention m’expliquer qu’après avoir été dans le domaine informatique à New York elle a acheté une boite de production ici à Los Angeles. Rien que ça. Je ne masque pas que je suis impressionnée, qui à ma place ne le serait pas ? Ce monde là m’est étranger et évidemment je suis curieuse d’en connaître l’envers du décor, les rouages. Loin de moi l’idée d’assommer la quadra avec mes questions. Mais c’est comme si elle lisait dans mes pensées, comme si elle n’était déjà pas assez troublante, et me propose une visite des studios à l’occasion. Je hoche la tête, enthousiasmée par cette idée « J’en serai ravie. J’aime beaucoup le cinéma également. » c’est juste quelque chose de moins accessible que de se produire sur scène avec un groupe de théâtre de quartier.
La conversation ne se déroule pas exactement comme je le pensais, mais je ne vais pas m’en plaindre, je viens d’obtenir une invitation à visiter des studios de cinéma directement de la part d’une directrice de production. Je fais l’erreur de penser le sujet clos et peine à masquer ma surprise quand la jolie blonde déclare être curieuse de me voir jouer. J’ouvre la bouche pour dire quelque chose, rien ne vient et mon interlocutrice enchaine. J’ai du mal à croire ce que j’entends. Des petits rôles pour des films ou des séries ? Elle est sérieuse là ? C’est une sorte d’audition informelle qu’elle veut me faire passer en venant me voir jouer ? Ok Rayan, pas de pression, tu sais gérer tout ça. Je souris puis hoche la tête « Oui… j’ai un cours le jeudi soir de vingt heure à vingt et une heure trente. Au même théâtre où votre fille prends ses cours. » je hausse les épaules « Sinon dans trois semaines on donne un petit spectacle d’improvisation avec le groupe. ». Du bout des doigts je joue avec le bord de ma serviette de table laquelle est encore pliée sur la table, j’échappe un petit rire « Ce n’est pas une plaisanterie, n’est-ce pas ? Vous comptez vraiment venir me voir jouer ? » demandé-je, désarçonnée par la manière si spontané dont elle a placé ça dans la discussion. Si l’on m’avait dit quand je me suis levée ce matin que j’aurais ce genre de conversation ce soir dans un fameux restaurant italien, je pense ne l’aurais pas cru. « Excusez moi, c’est simplement que c’est un peu… surréaliste. » le mot est fort mais il traduit assez bien mon ressenti. Un mélange d’excitation et d’appréhension.

Je n’avais pas prévu de lui proposer une chose pareille, c’es venu tout naturellement. Mais je crois que ma curiosité me pousse à découvrir je nouvelle choses, de nouvelles personnes. Depuis que je ne travaille plus à New-York, que je suis revenue à Los Angeles, et surtout depuis mon souci de santé, je crois que j’ai ce besoin nouveau de voir autre chose, profiter plus amplement de la vie qui m’est donnée. Le travail ne fait pas tout, et j’ai aussi envie de pouvoir aimer ce que je fais, et partager avec d’autres cette nouvelle passion que je découvre. « J’en serai ravie. J’aime beaucoup le cinéma également. » Je l’avais deviné. En même temps, qui n’aime pas le cinéma ? Je crois qu’ils ne doivent pas être si nombreux, ça a un côté fascinant, je trouve. Me voilà partie à lui demande s’il est possible de la voir jouer, après tout, nous avons souvent besoin de nouvelles têtes, et je suis assez bien placée pour donner mon avis sur le casting des films ou séries. Je suis celle qui met l’argent, sans moi pas de film, alors mon avis compte. « Oui… j’ai un cours le jeudi soir de vingt heure à vingt et une heure trente. Au même théâtre où votre fille prends ses cours. » Je hoche la tête et récupère mon téléphone dans mon sac à main à mes pieds pour noter et surtout vérifier si je n’ai pas par hasard un trou dans mon emploi du temps justement à ce moment là. Déplacer quelques impératifs n’est jamais bien difficile, sauf s’il s’agit de ma fille, bien sûr. « Sinon dans trois semaines on donne un petit spectacle d’improvisation avec le groupe. » Je relève les yeux sur elle en souriant. « Ah oui ? Intéressant… » L’improvisation est vraiment quelque chose qui me fascine et je suis curieuse de voir ce qu’elle donne dans cette discipline. Je rentre le rendez-vous qui n’en est pas un, mais qui me permettra de ne pas oublier le créneau. Téléphone posé sur le bord de la table, j’entends la brunette échapper un rire que je décèle nerveux. « Ce n’est pas une plaisanterie, n’est-ce pas ? Vous comptez vraiment venir me voir jouer ? » Je penche la tête sur le côté en plissant légèrement les yeux, cherchant à savoir ce qu’elle me demande exactement. A-t-elle déjà eu de mauvaises expériences à ce sujet ? « Excusez moi, c’est simplement que c’est un peu… surréaliste. » Je lui offre finalement un sourire qui se veut rassurant. « J’imagine, je suis désolée, je dois dire que je n’avais pas vraiment prévu de vous parler de tout ça de but en blanc… » Je bois une gorgée de mon verre de vin avant de reposer mon regard sur elle, poursuivant. « Ce n’est pas une plaisanterie, mais attention, je n’ai rien promis ! Ça me ferait plaisir de vous faire visiter les studios, et je viendrai vous voir jouer, soyez-en certaine. Pour le reste, tout dépendra de votre talent ! » Un nouveau sourire, plus large étire mes lèvres, et voilà que le serveur apporte nos plats. Nous le remercions et je tente une approche légèrement différente avec la jeune femme, qui me plait de plus en plus je dois bien avouer. « Vous avec des indices sur ma vie privée, connaissez mon métier maintenant, et je connais le vôtre. Nous ne sommes pas tout à fait à égalité. Dites-moi… quelqu’un partage votre vie ? Des enfants ? » Après tout, elle a l’âge d’en avoir, et elle a l’air de bien s’en sortir avec eux, alors pourquoi pas…