You're a part of me [Loan]

« Heu, si Loan. Quand tu fais l’amour avec ta femme et avec une autre, tu vois pas de différence ? Ca s’appelle les sentiments. » Je secoue la tête. « Merci de me prendre pour une conne Ellen ! Je dis seulement qu’on peut dissocier les deux ! » Chose qu’elle, elle ne sait pas faire visiblement. Pas de sexe sans sentiments, ou le moins possible, sait-on jamais qu’elle attrape une maladie. « En dehors de la nouveauté, y a quand même un sacré truc en plus avec Stella, non ? » Je soupire un peu et baisse les yeux dans mon assiette que je triture de ma fourchette, sans grand appétit. « Stella c’est… » C’est Stella. Personne ne lui est jamais arrivé à la cheville. Je me racle un peu la gorge sans pour autant finir ma réponse. Je n’ai pas besoin de la finir, Ellen me connaît mieux que personne et elle sait très bien à quel point mon ex-femme est spéciale pour moi. Je ne serai pas restée aussi longtemps avec elle si elle n’était pas parfaite pour moi. Je ne serai pas là en train de réfléchir à comment la reconquérir non plus d’ailleurs. Elle me manque, terriblement.

Mais lorqu’Ellen parle d’un plan, je relève vivement la tête. Un plan ? Je suis toute ouïe. Mais elle a l’air rouillée un peu, de toute évidence. « Je réfléchis, tu permets ?! » Je ris en hochant la tête et reprends à manger un peu, enfin grignoter serait plutôt le mot. Je tente de trouver une idée mais les miennes sont moins bonnes que les siennes, j’en ai bien peur. « Nan, elle te dira que t’as que ce que tu mérites… » Elle ne se cache pas pour me dire que mes idées sont pourries. « Merci. » Je joue l’offensée mais je sais au fond qu’elle a raison. « Tu pourrais recommencer à zéro, et la draguer comme au début. Enfin non, la charmer. Ce qui est en soit un peu plus classe que des sextos à 4 h du mat quand t’en a plein le dos de ta soirée au bar. Tu vois ? » Je lève les yeux au ciel. « J’adore comment tu me vois. » C’est affligeant. Et on appelle ça une meilleure amie. « J’ai des tas d’idées. » Je secoue la tête à la négative. « Je bosse comme une tarée, on vit dans 70 mètres carrés à cinq, on est jamais que toutes les deux y’a toujours les filles. Comment je suis censée la charmer ? J’ai pas envie que nos filles soient témoin de ça. Si ça marche pas ça les bousillerait. Je veux pas leur donner de faux espoir, je crois qu’elles ont assez morflé comme ça. » Je me laisse retomber contre le dossier de la chaise. « Et si elle voulait pas de moi hein ? » J’ai beau paraître assurée, tout le temps, en ce qui concerne Stella, y’a plus personne.

« Merci de me prendre pour une conne Ellen ! Je dis seulement qu’on peut dissocier les deux ! » « Et moi je te dis que quand tu as la possibilité d’avoir les deux, pourquoi vouloir les dissocier ? » C’est vrai, avec Stella, elle a tout ce qu’il faut, les deux ensemble, alors pourquoi vouloir voir ailleurs pour ne se contenter que d’un seul aspect ? C’est plutôt du genre de Loan de tout vouloir, d’aimer le challenge, de vivre sa vie à 100 à l’heure de peur qu’elle ne la rattrape et ne lui fasse payer je ne sais quoi. Elle ne prend jamais le temps de se poser, jamais elle ne s’ennuie, elle a toujours une idée, une envie, un bon plan, ou pas si bon d’ailleurs.
Nous n’avons de toute façon pas la même vision des choses, mais c’est en grande partie pour ça que nous nous entendons si bien. Elle et moi c’est une histoire à part entière. Depuis que nous sommes toutes gamines. « Stella c’est… » « Oui, je sais, et c’est ça que je te souhaite ma chérie. » Posant une main sur la sienne. Je veux qu’elle prenne conscience de ce qu’elle peut risquer ou de ce qu’elle peut gagner, tout en fait, si elle s’y prend bien.

Et pendant que je lui cherche un plan bien solide, madame se permet de jouer les effarouchée, ça va, ça ne surprend plus personne. « Merci. » Je ne fais même pas cas de son interruption, elle le sait, que c’est bien fait pour elle, non ? Ca ne veut pas dire qu’elle ne mérite pas une seconde chance, mais ça, c’est Stella qu’il faut réussir à convaincre, pas moi. « J’adore comment tu me vois. » « Loan, ne joue pas les Vierges effarouchées, tu me les as fait lire ces textos. Encore bourrée de la veille. » Loan profite de la soirée qu’elle organise chaque soir. Elle dit qu’il n’y a pas meilleure tenancière que celle qui prend part à la fête qu’elle donne et que si elle s’amuse, il est évident que les autres le feront aussi. « Je bosse comme une tarée, on vit dans 70 mètres carrés à cinq, on est jamais que toutes les deux y’a toujours les filles. Comment je suis censée la charmer ? J’ai pas envie que nos filles soient témoin de ça. Si ça marche pas ça les bousillerait. Je veux pas leur donner de faux espoir, je crois qu’elles ont assez morflé comme ça. » « Et bien justement Loan, c’est là la solution, tu l’invites à l’extérieur ! C’est LA bonne raison de l’inviter au resto, ou ailleurs, tout sauf à l’hôtel. Tu prétextes simplement de devoir… Attend. » Je plonge ma main dans son sac à nos pieds et me saisi de son téléphone pour composer un message « Resto ce soir 20h, besoin de te parler, besoin de calme, besoin de toi… » Je le fais partir et repose le portable dans son sac. « T’auras plus qu’à dire merci ! Je sais, je suis géniale. » Toute fière de ma connerie. Mais ça n’en n’est pas vraiment une. « Maintenant t’as intérêt à trouver quoi mettre, et je parle de sobre, pas de ton ensemble porte-jarretelle qui veut clairement dire que tout ce que tu veux c’est la sauter. Fais-lui comprendre que tout ce que tu veux c’est un dîner rien qu’avec elle. »

Ellen sait mieux que personne à quel point je suis amoureuse de Stella, mon amour pour elle n’a jamais flanché, même s’il a été quelque peu voilé par ces nombreuses disputes à propos de mon boulot qui me prenait trop de temps. Je n’arrive toujours pas à croire que j’ai choisi mon boulot face à ma famille, je me foutrai des claques je vous jure. « Loan, ne joue pas les Vierges effarouchées, tu me les as fait lire ces textos. Encore bourrée de la veille. » Je fronce les sourcils et lui adresse un regard réprobateur. Je n’aime pas quand elle me met le nez dans ma merde, et pourtant, c’est souvent nécessaire. Cas d’extrême urgence. J’essaie pourtant de lui faire comprendre que ce n’est pas si simple vu la situation. « Et bien justement Loan, c’est là la solution, tu l’invites à l’extérieur ! C’est LA bonne raison de l’inviter au resto, ou ailleurs, tout sauf à l’hôtel. Tu prétextes simplement de devoir… Attend. » Je fronce les sourcils, dubitative, et la vois récupérer mon téléphone, le déverrouillant parce que bien sûr elle connaît le code, pas bien difficile c’est la date de ma rencontre avec Stella, et voilà qu’elle se met à écrire un message. « Tu fais quoi là ? » Elle lit à voix haute le message et avant que je n’ai eu le temps de l’en empêcher, tendant mon bras dans sa direction, elle envoie le message et remet mon téléphone dans mon sac comme si de rien n’était. « T’es sérieuse ? » C’est la première fois qu’elle me la fait celle là. « T’auras plus qu’à dire merci ! Je sais, je suis géniale. » Je soupire fortement pour lui montrer qu’elle abuse, je n’ai pas besoin qu’elle prenne les décisions à ma place, mais plutôt qu’elle m’aide à trouver des solutions à mon problème. « Maintenant t’as intérêt à trouver quoi mettre, et je parle de sobre, pas de ton ensemble porte-jarretelle qui veut clairement dire que tout ce que tu veux c’est la sauter. Fais-lui comprendre que tout ce que tu veux c’est un dîner rien qu’avec elle. » Je lève les yeux au ciel. « J’pense que je vais y aller à poil. Comme ça je suis tranquille, ça voudra rien dire, et je suis sûre qu’elle aura d’yeux que pour moi. » Je vois le regard réprobateur d’Ellen et je me mets à sourire. « Tu fais chier ok ? T’es pas ma mère. Donc j’irai si je veux, et habillée comme je veux. Sans culotte tiens. » J’en rajoute une couche, histoire de me la jouer adolescente rebelle un peu plus longtemps. « Est-ce que je te commande une escort pour passer une bonne soirée moi hein ? Oui. Bon alors voilà. » Je vois son sourire et le mien lui fait écho. « Et si elle vient pas ? Si elle a du boulot, qu’elle prétexte un truc, qu’elle a pas envie de venir… je fais quoi ? »

« Tu fais quoi là ? » Elle a selon moi besoin d’un coup de main, et je suis ce coup de main, je suis sa meilleure amie, son double et je dois la sortir de là. Ça ne fonctionnera peut être pas, mais si ça le fait, alors elle pourra se targuer d’avoir assez bien appris la vie à sa meilleure amie pour la sortie de ce genre d’impasses. Parce que le culot, je le tiens en grande partie de l’attention que j’ai porté à ses propres conneries, qu’on soit bien claires ! « Je prends ton destin en main… » Concentrée sur son écran. Ce n’est pas si faux au final, tenter le tout pour le tout, ça n’est pas grand-chose, une invitation, ça engage à quoi ?
« T’es sérieuse ? » Je pense que ma non réponse est claire ? Qui ne dit mot consent. Et c’est tout à fait ce qui se passe. Je ne veux pas m’étaler pour si peu, Loan sait très bien que je suis prête à à peu près tout pour lui rendre son bonheur.

. « J’pense que je vais y aller à poil. Comme ça je suis tranquille, ça voudra rien dire, et je suis sûre qu’elle aura d’yeux que pour moi. » « Oui ma chérie, comme ça tu es sure de pouvoir discuter en adulte mature, et qu’elle te prendra au sérieux. » Loan et son don pour la démesure, le pire, c’est qu’elle serait bien capable de débarquer chez elles en toute petite tenue et de passer le reste de la soirée en tenue d’Eve pour discuter, et surtout plus si affinité. Mais je crois que sur ce coup-là il est important de la reconquérir, de A à Z, elles se sont fait du mal et il faut du temps pour le réparer quoi qu’il en soit. « Tu fais chier ok ? T’es pas ma mère. Donc j’irai si je veux, et habillée comme je veux. Sans culotte tiens. » « C’est une solution acceptable. » En convainc-je en hochant la tête.

« Est-ce que je te commande une escort pour passer une bonne soirée moi hein ? Oui. Bon alors voilà. » « Et ben oui, justement, et après je suis forcée de boire parce que je suis gênée, je couche avec, je me pose des questions et je fini avec une autre bouteille de vin. Je te devrais mon alcoolisme ma chérie, mais tu me devras certainement pas ton célibat, que ce soit clair. » Levant la bouteille pour nous resservir. Ça va, le rosé, c’est même pas de l’alcool, pas pour nous en tout cas. « Et si elle vient pas ? Si elle a du boulot, qu’elle prétexte un truc, qu’elle a pas envie de venir… je fais quoi ? » « Parce que tu crois qu’elle va te répondre oui ma chérie en te sautant dans les bras ? Elle va te faire galérer Loan, et tu le sais aussi bien que moi. Alors arme-toi de patience et prépare ta défense. Et si elle te dit non, tu la réinvites autant de fois que tu le peux, ça prendra peut-être du temps mais elle finira par dire oui. » Loan ne semble pas vouloir m’écouter plus que ça, alors je prends sa main par-dessus la table. « Je t’ai dit que ça marcherait, tu vas me faire confiance, oui ? »

Je me comporte comme une gamine insolente, et dire que je vais bientôt sur mes cinquante ans, c’est n’importe quoi. « Oui ma chérie, comme ça tu es sure de pouvoir discuter en adulte mature, et qu’elle te prendra au sérieux. » Je sais, c’est n’importe quoi, mais j’ai juste peur. Peur parce que je n’ai jamais tenu aussi fortement à quelqu’un, mis à part à mes enfants. Mes amis c’est encore autre chose, Ellen est comme ma soeur, mais on ne peut pas comparer. J’ai foiré quelque chose qui me tenait à coeur, et je m’en veux terriblement. Maintenant à moi de trouver comment recoller les morceaux qui pourront être recollés. Certains seront sans doute brisés à jamais.

J’use d’humour, du mieux que je peux, pour arriver à garder le cap. « Et ben oui, justement, et après je suis forcée de boire parce que je suis gênée, je couche avec, je me pose des questions et je fini avec une autre bouteille de vin. Je te devrais mon alcoolisme ma chérie, mais tu me devras certainement pas ton célibat, que ce soit clair. » Je hoche la tête en faisant genre que je m’en fous un peu. « Oui voilà t’as qu’à dire que t’es alcoolique à cause de moi. » Je ris un peu, Ellen n’est pas alcoolique, je la taquine évidemment mais j’essaie au maximum de ne pas trop montrer mes faiblesses même si elle les connait mieux que n’importe qui. Je fais celle que ça ne touche pas, tu parles. Elle nous ressert et je hoche la tête, voilà ce dont j’avais besoin.

Ellen me connait par coeur, je n’ai pas besoin de lui dire que j’ai peur, elle le sait. Mais je le dis quand même, parce que je crois que j’en ai besoin finalement. Mes angoisses s’échappent entre mes lèvres. « Parce que tu crois qu’elle va te répondre oui ma chérie en te sautant dans les bras ? Elle va te faire galérer Loan, et tu le sais aussi bien que moi. Alors arme-toi de patience et prépare ta défense. Et si elle te dit non, tu la réinvites autant de fois que tu le peux, ça prendra peut-être du temps mais elle finira par dire oui. » J’en sais rien, je sais pas si elle va me faire galérer, je sais pas si elle a envie elle aussi de tenter à nouveau quelque chose ou non. En attendant moi je ne sais pas comment me démerder pour m’en sortir. Je sais que je vais y perdre des plumes, mais je pense que ça en vaut la peine, malgré tout. Je n’ai jamais été plus heureuse que lorsque j’étais avec Stella. Ça veut bien dire ce que ça veut dire… Je sors de mes pensées lorsque ma meilleure amie vient poser sa main sur la mienne. « Je t’ai dit que ça marcherait, tu vas me faire confiance, oui ? » J’avale ma salive et hoche à peine la tête, récupérant mon verre pour en boire quelques gorgées. « J’espère que tu as raison… »