You're a part of me [Loan]

Il est 13 h et je fini ma matinée de cours. Je dois rejoindre Loan pour le déjeuner, il est déjà assez difficile de caler un peu de temps pour se retrouver alors si je dois le faire le weekend ! Elle bosse comme une acharnée, et le soir en particulier. Etant donné qu’elle n’est pas du genre lève tôt et qu’elle est encore à la bourre, autant vous dire que ça devient une religion, je lui ai commandé un grand café, pendant que je me décide sur quelle grande salade choisir.
Loan a une vie tellement décousue depuis son divorce, et encore, je la trouve plutôt équilibrée pour une nana qui a toujours tout fait selon les inspirations du moment. J’admire sa façon de voir les choses, je me suis toujours posé un peu plus de questions. Mais maintenant, les réponses ne se trouvent plus.
J’ai toujours un tas de trucs à lui dire, et la chopper entre deux services devient difficile.
Oh j’imagine que je vais commencer à boire mon rosé toute seule et qu’elle ne se pointera qu’une fois qu’il sera à moitié vide, parce que j’aurais commencé mon examen de conscience et que ma petite déprime lui incombera. Et si elle ne déprime pas plus que moi, je lui raconterais. Ça marche comme ça entre nous, la plus déprimée commence.

J’en suis à deux clopes et deux verres de vin, ça n’a rien de raisonnable. Et elle finit par gentiment se pointer. « Ta présence est un honneur ma chérie. » Lunettes sur le nez, en plein soleil, sur une terrasse. Je ne reprends pas tout de suite, heureusement, il ne faut juste pas être pressée quand il s’agit de ma meilleure amie. « Tes filles sont tellement ponctuelles, je me demande si c’est suite à un traumatisme ou une conviction devenue personnelle chez elle. » Lui souriant en l’embrassant tendrement sur la joue, passant mon bras autour de son cou. « Petite nuit ? Ou agitée ? »

« Stacy ! Tu te fous de ma gueule !? T’as vu l’état des tables là bas ? » Je ne m’énerve que très rarement, mais alors celle là c’est une empotée, elle m’a déjà flingué la moitié de la vaisselle en l’air, trois fois j’ai dû lui faire passer la serpillère depuis ce matin pour réparer ses conneries, et elle ne prend même pas le temps de nettoyer les tables, je vais devenir folle. Je suis à deux doigts de m’arracher les cheveux. Le temps passe à une allure folle, encore du temps de perdu à essayer de lui faire comprendre les choses, je crois qu’il lui manque des cases à cette pauvre gamine. Je finis par abandonner, passant près de Teagan, ma plus ancienne manager, je lâche « J’abandonne, elle va me tuer. En plus faut que je file j’ai un rendez-vous, je te la confie. Bon courage ! » Elle ricane, mais elle ne va pas ricaner longtemps. Un regard à ma montre, déjà plus de 13h30 et j’avais rendez-vous avec Ellen à 13h, je suis une meilleure amie en carton. Je file rapidement au volant de ma vieille mustang et me gare un peu n’importe comment tout près du restaurant où je suis sûre Ellen m’attend en terrasse. « Ta présence est un honneur ma chérie. » « Fais gaffe tu vas fondre là ! » Avec sa peau de rousse, j’ai toujours peur qu’elle finisse par cramer au soleil. Je m’approche pour la prendre dans mes bras et dépose à mon tour un baiser sur sa joue. « Tes filles sont tellement ponctuelles, je me demande si c’est suite à un traumatisme ou une conviction devenue personnelle chez elle. » Je ris face à sa taquinerie et m’installe en face d’elle, ou le terme ‘échouer’ serait d’ailleurs plus approprié. Soupirant, je secoue la tête. « Heureusement mes filles ont pris ça de leur autre mère, Dieu merci. Je suis désolée c’était le rush au boulot, comme tu t’en doutes ! » Elle a déjà beaucoup de chance que j’ai réussi à me libérer pour être là avec elle. Je tends la main pour attraper son verre de vin et en bois les deux dernière gorgées. « Petite nuit ? Ou agitée ? » J’arque un sourcil et souris un peu. « Depuis qu’on vit toutes dans l’appartement de Stella, c’est clair que les nuits sont courtes ! Je rentre entre deux et trois heures du matin, et tout le monde se lève sur les coups de six ou sept heures… » Je passe mes mains sur mon visage en soupirant. J’aime être à nouveau entre les mêmes murs que mon ex-femme et mes trois filles, mais mon rythme de vie est obligé de changer et c’est loin d’être reposant. « Et toi ? Ça va ? »

« Fais gaffe tu vas fondre là ! » « Et ce sera de ta faute ! » Lui lançant un regard comme si elle était ma petite sœur et que nos parents lui avaient donné raison à elle et pas à moi. Elle se croit maligne. Elle s’est toujours cru maligne concernant mes tâches de rousseur, ma tendance à cramer au moindre rayon de soleil et mes cheveux plus roux que le permet la raison. Personnellement je le vis bien, enfin maintenant, elle a toujours dû jouer les gros bras pour moi. Ça m’a plu en fait, d’avoir une épaule sur laquelle m’appuyer. Je faisais constamment ses devoirs, ou presque, et elle jouait les gardes du corps. Je n’aurais pas été me frotter à Loan trop longtemps, petite blonde téméraire qui peut vous mettre KO rien que parce que vous ne vous y attendez pas. On ne se méfie pas d’elle, et pourtant ! C’est elle le dragon, pas moi !
« Heureusement mes filles ont pris ça de leur autre mère, Dieu merci. Je suis désolée c’était le rush au boulot, comme tu t’en doutes ! » « C’est pour ça que je n’attends pas que ça se calme pour te dire qu’on doit déjeuner. Je ne suis que prof, je suis en vacances les ¾ de l’années, tu le sais. » Je lui souris, taquine. Elle passe son temps à me foutre du temps que je peux passer en vacances ! Je dois avouer que j’ai plus de temps libre qu’elle, mais affronter une bande d’étudiants chaque jour est tout de même une sacré épreuve. Allez les passionner avec la littérature poussiéreuse du XVII° siècle.
« Depuis qu’on vit toutes dans l’appartement de Stella, c’est clair que les nuits sont courtes ! Je rentre entre deux et trois heures du matin, et tout le monde se lève sur les coups de six ou sept heures… » « Alors fait les choses à fond comme tu l’as toujours fait et mets ces quelques heures de sommeil à profit pour reconquérir Stella ma chérie. » Je plaisante, je sais que c’est dur pour elle d’être séparée de la mère de ses filles, mais je pense qu’elle se fait du mal à tourner autour du pot. Alors soit elles ont une discussion franche et claire, soit elles vont s’abimer toutes les deux. « Est-ce-que tu sais au moins ce que tu fais Loan ? » D’une voix plus tendre, et plus maternelle aussi sans doute, malgré moi. Je l’ai toujours protégée à ma façon, pas en rendant les coups, mais en veillant à ce qu’elle ne fasse pas n’importe quoi, pas de choix inconsidérés, elle a toujours été très fonceuse.
Elle a l’air de dormir debout, et prend mon verre de vin. « Je t’ai commandé un café, vu l’heure… » Mais non, elle tape dans mon apéro ! « Et toi ? Ça va ? » « Je prends des cours à la fac. » Elle fait mine d’avoir entendu. Je la fixe, au travers de mes lunettes de soleil. « Depuis deux ans, et j’ai une double vie aussi, et je m’envoie quelques étudiants de mon cours de littérature française. Trois pour être précise. Mais l’un d’eux fait des trucs… » Elle ne m’écoute pas, et moi je m’épanche, juste pour voir jusqu’à quel point elle s’en fout. Je ne lui reproche rien, au contraire je m’en amuse. Elle est tellement perchée quand sa journée commence avant midi.

« C’est pour ça que je n’attends pas que ça se calme pour te dire qu’on doit déjeuner. Je ne suis que prof, je suis en vacances les ¾ de l’années, tu le sais. » Et c’est là que je me demande pourquoi j’ai choisi de faire un boulot comme le mien, quand on voit l’emploi du temps de ma meilleure amie, ça fait rêver. Elle me connaît tellement par coeur qu’elle sait exactement pourquoi j’ai cette tête, je suis exténuée, et pour cause. « Alors fait les choses à fond comme tu l’as toujours fait et mets ces quelques heures de sommeil à profit pour reconquérir Stella ma chérie. » Je fronce un peu les sourcils, je ne sais pas pourquoi je suis toujours étonnée après trente cinq ans à ses côtés, qu’elle sache encore aussi lien lire en moi. Je ne lui ai encore pas parlé du remue-ménage de mes sentiments concernant Stella, mais force est de constater qu’elle n’a pas besoin que je lui en parle. « Est-ce-que tu sais au moins ce que tu fais Loan ? » Je cligne des yeux quelques fois, je crois que je suis déjà partie dans un tourbillon de questionnements internes, je me faufile droit dans une bulle de réflexion que je suis seule à pouvoir pénétrer, et Je sais déjà que je vais avoir du mal à m’en sortir. « Je t’ai commandé un café, vu l’heure… » « Je suis debout depuis six heures j’ai déjà avalé six cafés faudrait que je freine un peu.» Oui, le vin c’est toujours bien, et les choix d’Ellen en la matière sont toujours parfaits, la preuve ce midi. Je lui demande distraitement comment elle va, mais je n’écoute pas vraiment la réponse, je suis encore perchée dans mes questionnements rapport à Stella. « Depuis deux ans, et j’ai une double vie aussi, et je m’envoie quelques étudiants de mon cours de littérature française. Trois pour être précise. Mais l’un d’eux fait des trucs… » Je relève les yeux vers elle et esquisse un sourire, elle me connaît sur le bout des doigts, elle sait que j’étais partie et que je ne l’ai pas écoutée. « C’est super ça. » C’est LA phrase qui veut rien dire, ou alors qui dit 'ouais génial mais j'ai rien écouté'. « Attends mais… pourquoi tu me demandes si je sais ce que je fais ? » Retour en arrière dans la conversation, je suis un peu trop bloquée sur mon ex-femme je crois. « J’deviens dingue j’te jure ! Je dors dans un canapé hyper inconfortable, Casey continue de m’en foutre plein la gueule, et savoir que Stella dort dans la pièce juste à côté je… aaah ! » Je passe mes mains vivement sur mon visage comme pour me réveiller d’un rêve beaucoup trop bizarre.

Je connais Loan mieux que j’aurais connu ma petite sœur si mes parents m’en avaient donné une. Je crois que ça n’aurait pas été une si bonne idée que ça d’ailleurs, étant donné les conneries que j’ai pu faire gamine et ado… Plutôt tranquille dans l’idée, mais pas la dernière pour mettre en œuvre les illuminations que j’avais et il faut reconnaitre que mon sens de l’équilibre étant plutôt précaire, j’ai cassé un nombre incalculable de choses et manqué d’attenter à mes jours un nombre incalculable de fois. Loan ne cesse de me répéter de faire attention, quoi que je fasse et elle a en partie souvent raison. Je me blesse très vite et très souvent mais je m’en remets toujours. Quand elle a repris le bar et qu’il nous a fallu donner un coup de main pour le remettre en état, les coups de peintures à passer étaient plus une partie de « fait gaffe à ton t-shirt et ne renverse pas le pot » qu’une franche peinture party. Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai marché dedans non plus. Mais c’est moi.
Et je connais ma meilleure amie tellement par cœur que je n’ai plus besoin qu’elle me dise les choses pour les traduire, je lis en elle comme un livre ouvert, et même si j’ai toujours été perspicace, avec elle c’est encore différent.
Je sais à quoi elle pense et je sais surtout ce qui la chagrine le plus en ce moment. Elle vit sous le toit de la mère de ses filles, elle est encore raide dingue d’elle, comment elle peut dormir tranquille ? Je n’en n’ai pas la moindre idée, mais je ne laisserais pas les choses se faire sans agir à sa place. « Je suis debout depuis six heures j’ai déjà avalé six cafés faudrait que je freine un peu.» « Et tu vas tenir combien de temps à ce rythme-là ? » Sans doute pas longtemps avant de faire une véritable déprime. Je sais que le manque de sommeil mène à tout ça, et ce n’est pas le moment, elle doit être en pleine possession de ses moyens si elle veut vouloir y voir très clair dans leur situation.
« C’est super ça. » Je savais qu’elle n’attendait aucune réponse à sa question, elle est déjà repartie dans les plus profonds tréfonds de son cerveau, réflexion à l’appui. Mais on s’y fait à sa tête en l’air pour tout avouer. Ça me fait presque rire. « Attends mais… pourquoi tu me demandes si je sais ce que je fais ? » Ah ça y est, ça vient de faire le tour, on va pouvoir discuter maintenant. « Parce que soit sûre qu’il y ait de l’espoir avant de te faire des films Loan. » Qu’elle pose les choses avec Stella et une fois qu’elle saura à quoi ‘en tenir, elle avisera et ajustera sa stratégie. Mais rien ne sert de se faire du mal tout de suite. « J’deviens dingue j’te jure ! Je dors dans un canapé hyper inconfortable, Casey continue de m’en foutre plein la gueule, et savoir que Stella dort dans la pièce juste à côté je… aaah ! » « Alors tu as deux solutions. Soit tu subis, soit tu rejoins Stella après ton service et tu lui fais l’amour. A partir de là vous décidez. Quant à Casey, envoi la moi quelques jours, mes étudiants attendront… » Elle n’a rien suivi de la conversation que je lui ai tenu, je le sais. Je pose ma main sur la sienne. « Loan, ça va aller. C’est juste un passage, d’accord ? Mange un bout, t’es livide. » Elle ne dort pas, et j’imagine qu’en dehors du café, elle n’avale rien non plus. Ma salade arrive et je lui commande la même, faisant glisser la mienne vers elle. « Tu en as sans doute plus besoin que moi là tout de suite. » Elle m’inquiète mais je sais qu’elle saura rebondir, c’est un principe qui ne déroge pas chez elle, se relever, encore et toujours. « Mais si tu changes de vie tu me préviens avant, qu’on le fasse à deux ma chérie, d’accord ? » Je crois que ça me ferait du bien à moi aussi.

Je suis littéralement en train de péter un plomb, j’ai l’impression que tout me tombe sur la tête, et mon seul échappatoire c’est mes parties de jambes en l’air avec la meilleure amie de ma fille aînée. Franchement, on a vu mieux comme équilibre. « Et tu vas tenir combien de temps à ce rythme-là ? » Je hausse les épaules, je sais déjà pas comment je tiens présentement, alors pour l’avenir, qui s’en occupe hein ? Je pars dans les dédales de mes pensés sans vraiment écouter Ellen, je sais qu’elle a l’habitude. Je suis pas totalement une meilleure amie en carton, je sais l’écouter, être là quand elle en a besoin, parce que c’est ce que nous sommes, mais en ce moment, j’ai juste pas du tout la force de me centrer sur quelqu’un d’autre que moi et mes problèmes qui me semblent insurmontables. Je m’en veux un peu de ne pas être trop présente pour elle, j’espère au moins que si elle avait besoin de moi elle me le demanderait franco ? Oui. Je suis sûre que oui. « Parce que soit sûre qu’il y ait de l’espoir avant de te faire des films Loan. » Je fronce les sourcils. De l’espoir ? Me faire des films ? Je secoue un peu la tête. « Le souci ça a toujours été moi de toute manière, c’est à cause de moi qu’on a divorcé, à cause de moi que mes filles m’en veulent parce qu’elles ne voient plus autant leur mère qu’elles le voudrait. Je te jure des fois je me foutrais des claques… » Bien sûr qu’il y avait trop de tensions à la maison, qu’on arrivait plus à vivre en harmonie. Mon bar a tout fait foirer, ou alors c’est juste parce que j’ai pas réussi à gérer mon temps comme je l’aurai voulu, mais toujours est-il que j’en paie le prix fort. « Alors tu as deux solutions. Soit tu subis, soit tu rejoins Stella après ton service et tu lui fais l’amour. A partir de là vous décidez. Quant à Casey, envoi la moi quelques jours, mes étudiants attendront… » Pourquoi elle parle de ses étudiants là au juste ? Elle va pas arrêter de bosser pour remettre les idées en places de ma fille ! Je secoue la tête vivement. « Non Casey est invivable depuis notre divorce, elle essaie même de faire croire à Stella que je l’ai trompée avant notre séparation, je te jure ça me dépasse… » Imaginez un peu les tensions à la maison. « Loan, ça va aller. C’est juste un passage, d’accord ? Mange un bout, t’es livide. » Je soupire et hoche un peu la tête, la laissant glisser sa salade devant moi. J’ai même pas faim, mais je vais faire un effort. « Mais si tu changes de vie tu me préviens avant, qu’on le fasse à deux ma chérie, d’accord ? » Je la regarde et lui souris. « J’ai pas l’intention de changer de vie, à moins que tu me payes un tour du monde tout frais payé. » Je ris un peu et pique une tomate dans ma salade. « Au fait, tu l’as revue l’escort que je t’avais commandée ? » Je lui adresse un petit sourire taquin. Elle m’avait dit qu’elle avait succombé, mais que c’était purement et simplement parce qu’elle avait bu. Oui. Bien sûr.

Je m’inquiète sincèrement de l’état de ma meilleure amie. De sa santé, tant physique que psychique. Elle se fait du mal à espérer autant de son histoire avec son ex-femme. Elle a sans doute fait des conneries, comme tout un chacun dans un mariage, mais elle doit savoir le fin mot de l’histoire, s’il est bon de persister ou pas. Et je refuse qu’elle se fasse plus de mal qu’elle ne le fait déjà, elle ne le supportera pas sur le long terme. Loan donne l’impression de quelqu’un de solide et de parfois un peu trop je m’en foutiste mais pourtant, elle n’a jamais aimé plus que ce qu’elle aime sa famille, ses filles et sa femme. Je sais ce qu’elle ressent, je n’ai pas besoin de lui demander de poser des mots pour le savoir, je le sais, c’est tout.
« Le souci ça a toujours été moi de toute manière, c’est à cause de moi qu’on a divorcé, à cause de moi que mes filles m’en veulent parce qu’elles ne voient plus autant leur mère qu’elles le voudrait. Je te jure des fois je me foutrais des claques… » « Ca c’est fait Loan, et tu ne reviendras pas en arrière, alors fais-moi plaisir et regarde devant. Comment tu peux te rattraper ? » Elle m’écoute à peine mais je sais que son subconscient sera touché par mes mots, qui ne tente rien n’a rien de toute façon.
« Non Casey est invivable depuis notre divorce, elle essaie même de faire croire à Stella que je l’ai trompée avant notre séparation, je te jure ça me dépasse… » « Elle est en colère ma chérie, ça va lui passer. Elle réagit avec les moyens du bord et tout ce qu’elle a trouvé c’est de te faire passer pour un bourreau. C’est encore une ado, c’est tout. » Je tente de la rassurer, mais tout le monde y laisse des plumes dans une séparation, c’est logique. Mais elle commence sincèrement à douter de ses capacités de mère. « Loan, tu es une super maman d’accord ? Un peu délurée, certes, mais une bonne maman. » Posant ma main sur la sienne pour la rassurer. Nous parlons maintenant de changer de vie, je me demande si ça ne m’aiderait pas, de couper les ponts avec tout mon quotidien, de changer d’air un peu. Qu’est-ce-que j’aurais encore à perdre ? « J’ai pas l’intention de changer de vie, à moins que tu me payes un tour du monde tout frais payé. » « Et on partirait sur les routes dans un vieux van comme on en rêvait étant ado ? Ce serait génial, me tente pas… » Je grignote un bout de sa salade qui fut la mienne, je meurs de faim et elle ne daigne toucher à son assiette, trop dans ses pensées.
« Au fait, tu l’as revue l’escort que je t’avais commandée ? » « Je t’ai dis que j’avais bu le soir où on a dérapé ! » Elle se joue de moi avec son petit sourire en coin. Je la connais par cœur. « Tu veux entendre quoi ? Que j’ai pris mon pied avec une fille ? Et ben oui, peut-être, mais c’est une escort et elle… Elle a la moitié de mon âge. Franchement, t’en n’as pas marre de me foutre dans tes plans foireux là ? » Loan a toujours une bonne idée, toujours ! Enfin bonne, pas toujours par contre, mais une idée, ça vous pouvez en être sûrs. Elle me toise, encore une fois, je le sens même derrière ses lunettes de soleil. « Tu veux me poser une question ? Vas-y qu’on en finisse, j’ai l’impression de devoir rendre des comptes à ma grande sœur après une grosse bêtise. Je suis une adulte, ce qui implique que j’ai le droit de ne pas vouloir m’envoyer en l’air tout le temps. » Mais de temps en temps, en tout cas un peu plus souvent, sans doute que ça me ferait du bien. Je ne sais pas. Loan est bien plus à l’aise sur la question. Moi j’étais cool avec ça tant qu’il s’agissait de Thomas, me donner pleinement à lui et expérimenter j’étais carrément pour, mais c’était lui, j’avais une confiance pleine et entière en lui…

« Ca c’est fait Loan, et tu ne reviendras pas en arrière, alors fais-moi plaisir et regarde devant. Comment tu peux te rattraper ? » Je hausse les épaules. J’en sais bien rien. Tout ça me dépasse totalement. Et puis voilà que nous en venons à parler de ma cadette qui me déteste profondément. « Elle est en colère ma chérie, ça va lui passer. Elle réagit avec les moyens du bord et tout ce qu’elle a trouvé c’est de te faire passer pour un bourreau. C’est encore une ado, c’est tout. » Sans doute qu’elle a raison, mais bordel, elle n’a jamais vécu avec des ados à la maison. Je sais que je ne peux pas lui faire part de cette réflexion, je serai un monstre. Alors je me retiens et serre simplement les mâchoires. « Loan, tu es une super maman d’accord ? Un peu délurée, certes, mais une bonne maman. » Ma meilleure amie vient poser sa main sur la mienne et je soupire longuement. « T’es la seule à le penser je crois bien… » Il est clair que ce n’est pas moi qui penserait une chose pareille, et mes filles, tu parles…

J’ai besoin de changer de sujet, alors je retourne la discussion sur la rouquine en face de moi, j’ai besoin de ne pas rester centrée sur moi, j’ai besoin de respirer un peu. J’avale une tomate cerise et lui demande si elle a revu l’escort que je lui avais commandée. « Je t’ai dis que j’avais bu le soir où on a dérapé ! » Un sourire - sans doute le premier - naît au coin de mes lèvres. Bah voyons. « Tu veux entendre quoi ? Que j’ai pris mon pied avec une fille ? Et ben oui, peut-être, mais c’est une escort et elle… Elle a la moitié de mon âge. Franchement, t’en n’as pas marre de me foutre dans tes plans foireux là ? » Je ris cette fois et hoche la tête. « Oui, c’est une partie de ce que j’avais envie d’entendre. Arrête de te plaindre, t’as pris ton pied, faut pas cracher sur ce genre de choses. » Je sors de ma veste un paquet de clopes et m’en allume une, profitant que nous soyons en terrasse. « Tu veux me poser une question ? Vas-y qu’on en finisse, j’ai l’impression de devoir rendre des comptes à ma grande sœur après une grosse bêtise. Je suis une adulte, ce qui implique que j’ai le droit de ne pas vouloir m’envoyer en l’air tout le temps. » Je lève les yeux au ciel en souriant. « J’ai aucune question à te poser, mon petit cadeau a fait son effet, c’est tout ce que je voulais entendre. » Je lui souris, mutine, joueuse. « AH SI ! » Elle sursaute et ça me fait rire. « T’as pas eu envie de retenter l’expérience, avec une autre, mais pas bourrée ? Enfin… je sais que t’aimes les mecs tout ça. Mais varier les plaisirs ça peut être sympa aussi non ? »

« T’es la seule à le penser je crois bien… » « Non, je ne suis pas la seule à le penser, mais la seule à avoir envie de te le dire en ce moment, sans doute. » Tout est une question de perspective. Ses filles lui en veulent et sa femme n’est plus sa femme, alors ce genre d’aveux et de compliments, ce n’est pas le moment, mais moi je suis là pour lui rappeler. Elle assure avec ses filles. C’est pourtant une nana un peu perchée, quelqu’un qui oublie ses filles à l’école le mercredi midi parce qu’elle a l’habitude de les laisser à la cantine, mais franchement on s’y fait ! J’ai rattrapé le coup une paire de fois, mais ça ne retire en rien l’amour et les sacrifices qu’elle peut avoir fait pour elles. Pour toutes les trois d’ailleurs ! Je ne suis pas juge mais je parle beaucoup avec mes nièces. Je fais attention à elle, tout comme elle sait faire attention à ses filles, et puis il faut dire qu’elles ont la chance d’avoir Stella pour les cadrer et Loan pour le côté un peu plus fun.

On en revient à parler du sujet de l’escort. Et puis je sais pas, on n’avait pas dit que ce genre de cadeau on ne les faisait pas ? C’est tout à fait ce à quoi je fais allusion quand je me dis qu’elle est délurée. Ça la fait marrer. Moi je vais finir vieille fille et elle, elle me commande une escort. Alors jolie, polie, intelligente, diablement douée, mais une escort quand même ! Ce n’est même pas un délire pour mon anniversaire, c’est juste qu’elle est jetée, elle est comme ça. « Oui, c’est une partie de ce que j’avais envie d’entendre. Arrête de te plaindre, t’as pris ton pied, faut pas cracher sur ce genre de choses. » « Non, surtout dans mon cas. Mais ça reste une escort Loan, et les escorts ne sont pas censées coucher, si ? » M’approchant de la table pour parler un ton plus bas. Je suis légèrement plus prude qu’elle, bon, j’ai envie de vous dire, il en faut relativement peu, Loan est une aventurière, dans tous les sens du terme, on a tous toujours eu du mal à la suivre. « J’ai aucune question à te poser, mon petit cadeau a fait son effet, c’est tout ce que je voulais entendre. » « Tu es le mal. Personnifié. » Je lui dis, ça me soulage et ça la fait rire, mais je le pense parfois ! Comment peut-on avoir un si mauvais sens moral en étant mariée et mère de famille ? « AH SI ! » Bordel. « T’as pas eu envie de retenter l’expérience, avec une autre, mais pas bourrée ? Enfin… je sais que t’aimes les mecs tout ça. Mais varier les plaisirs ça peut être sympa aussi non ? » Je la sens arriver, mais alors gros comme une maison là ! Je l’arrête tout de suite en levant la main. « Je t’arrête, c’était très sympa, mais vu la tranche d’âge dans laquelle je trempe je vais sagement attendre qu’un mec fraîchement divorcé veuille bien me rendre service. » Elle s’indigne. « Mais je te demande toi si t’as pas envie de prendre un bon coup de… » Mimant un truc énorme. « De temps en temps ? » Non mais ça va, elle les varie elle, les plaisirs ? Non, la seule qui n’ait jamais compté c’est Stella, et elle n’est pas capable de faire le premier pas, alors chacune son souci ! « Ca détend, je te jure ! » Lui piquant sa clope.

« Non, je ne suis pas la seule à le penser, mais la seule à avoir envie de te le dire en ce moment, sans doute. » Je lève les yeux au ciel. C’est ma meilleure amie, elle n’est pas objective, je le sais mieux que personne. Elle est sans doute la seule personne au monde à me connaître mieux que quiconque, même mieux que Stella, j’en ai bien peur. Elle connaît tous mes travers, tous mes doutes, mes angoisses, mes démons, toutes mes envies et même lorsque je ne dis rien, elle lit en moi. Parfois c’est même carrément flippant.

Je choisis volontairement de change de sujet, et c’est moi qui le choisis, évidemment. L’escort que je lui avais commandée. « Non, surtout dans mon cas. Mais ça reste une escort Loan, et les escorts ne sont pas censées coucher, si ? » Je hausse les épaules en souriant. « En principe, non. Mais c’est que tu lui plaisais suffisamment, je te rassure, je ne l’ai pas payée plus cher pour qu’elle mette sa tête entre tes cuisses… » Je ne mâche pas mes mots, surtout pas avec Ellen, et elle en fait de même d’ailleurs, même si je suis sans doute la plus crue de nous deux. « Tu es le mal. Personnifié. » Je lève les yeux au ciel. « Tout de suite, les grands mots… » Je secoue finalement la tête en souriant un peu. Cette discussion aura au moins eu le privilège de me faire retrouver le sourire. « Je t’arrête, c’était très sympa, mais vu la tranche d’âge dans laquelle je trempe je vais sagement attendre qu’un mec fraîchement divorcé veuille bien me rendre service. » Je pique une fourchette et l’enfourne dans ma bouche en l’écoutant, même si je ne suis pas tout à fait d’accord avec ce qu’elle avance, quoi que ça ne pourrait pas lui faire de mal. Un fraîchement divorcé…

« Mais je te demande toi si t’as pas envie de prendre un bon coup de… de temps en temps ? » J’ouvre grand les yeux en la voyant mimer une horreur pas possible. Elle ose ? Je secoue la tête et grimace clairement, une moue de dégoût sur le visage. « Erk arrête, j’ai plus faim à cause de tes conneries ! » Ça m’a retourné le bide. « Ça détend, je te jure ! » Elle en profite pour me piquer ma clope et je soupire un peu, me laissant tomber contre le dossier de ma chaise. « J’ai pas besoin des mecs pour me détendre chérie, les femmes savent très bien faire. D’ailleurs y’a une de mes petites serveuses, mon dieu… » Je secoue ma main vivement tout en me mordant la lèvre inférieure. « Enfin bref. T’as pas envie de recommencer quoi. Tu sais pas ce que tu loupes MAIS… je vais pas te forcer. » Je croise mes bras et la regarder en souriant. « Et un petit jeune super bien foutu, qui couche ou qui couche pas d’ailleurs, ça pourrait pas faire de mal à ta libido ça… Doit bien y’en avoir des mignons dans l’agence où je t’ai commandé la russe ! »

Loan n’a aucune morale. Mes parents me trouvaient un peu turbulente gamine, mais ils n’avaient pas Loan à la maison à élever ! Elle se tenait toujours tellement bien quand elle passait la nuit chez moi la garce. Elle s’est toujours faite voir comme un ange, elle a un don pour ça, charmer les gens, sans trop savoir comment elle s’y prend, mais c’est un fait, tout le monde l’écoute et adhère. Bon peut être sauf ses filles et sa femme en ce moment, mais je ne la voyais de toute façon pas autre part que derrière un comptoir.
« En principe, non. Mais c’est que tu lui plaisais suffisamment, je te rassure, je ne l’ai pas payée plus cher pour qu’elle mette sa tête entre tes cuisses… » « Donc tu es en train de dire qu’elle a eu pitié ou que je plais aux nanas ? » Je ne me suis jamais posé la question en dehors de cette jeune femme, pour moi ma sexualité était établie et puis c’était Thomas, pas un autre. Croyez-moi, il y avait bien assez à faire avec lui, pas le temps de s’ennuyer. Je ne me suis jamais plainte de mon orientation sexuelle mais depuis leur disparition, tout est remis en cause. Même ce qui se passe sous la couette !

Mais puisqu’elle veut me vendre sa came, pourquoi je n’en ferais pas autant ? Je lui propose un bon coup de je sais quoi pour la détendre. Nous sommes des femmes, certes, mais pas distinguées pour autant. Ça ne choque plus personne et nous encore moins. Laon est le genre de femme très libérée, qui n’a aucunement honte de sa façon de penser ou d’agir et elle a entièrement raison. « Erk arrête, j’ai plus faim à cause de tes conneries ! » « C’est ça, bien sûr. Tu sais, ça coupe pas l’appétit à tout le monde. » Je ris, parce que je sais que si elle n’aime pas les hommes, elle ne cracherait pas sur ce genre de propositions concernant une femme. Au contraire ! « J’ai pas besoin des mecs pour me détendre chérie, les femmes savent très bien faire. D’ailleurs y’a une de mes petites serveuses, mon dieu… » « Et j’imagine qu’elle atteint à peine l’âge de la majorité. T’as un sérieux souci avec la jeunesse Loan. C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes. » Et je crois à ce que je dis ! Je n’ai jamais rien eu contre les hommes plus âgés. Bon, certes, certains de mes étudiants qui me font du gringue ne sont pas à jeter. Mais ça ne se fait pas, question de morale. En tout cas pas si jeunes. « Enfin bref. T’as pas envie de recommencer quoi. Tu sais pas ce que tu loupes MAIS… je vais pas te forcer. » « Quel honneur. Je dis pas que c’était pas bien, je dis juste que je saurais pas faire le premier pas. Je serais pas à l’aise, tu peux parler toi, tu fais ça depuis que t’as 12 ans ! » Loan n’a jamais eu froid aux yeux et encore moins à l’école. Un véritable terrain de chasse pour elle et elle a toujours assumé tout ça avec une facilité déconcertante. « Et un petit jeune super bien foutu, qui couche ou qui couche pas d’ailleurs, ça pourrait pas faire de mal à ta libido ça… Doit bien y’en avoir des mignons dans l’agence où je t’ai commandé la russe ! » « Donc tu tiens absolument à ce que je m’envoi en l’air avec un truc tout frais. Ils auraient l’âge d’être mes gamins Loan, c’est pas sain ! » Elle me fait halluciner. Je ne me vois pas franchement m’envoyer des gamins de son agence, mes étudiants ont au moins la vingtaine bien tassée, quoi que pas tous. Mais je ne passerais pas sous la barre des 40 ans, c’est dit. « En fait c’est plutôt toi qui est en manque et ça t’arrangerais que je le sois aussi pour pouvoir chasser pour deux. » Je m’en amuse, parce que je sais que Loan ne tient jamais très longtemps en ce qui concerne l’abstinence, ça n’est pas son truc, elle en a besoin pour réfléchir, se sentir vivante, être productive. En gros, c’est son huile de moteur. C’est pas glam mais c’est comme ça. « Avoue-le, tu te sens seule sur le canapé de Stella. »

« Donc tu es en train de dire qu’elle a eu pitié ou que je plais aux nanas ? » Je lui souris en guise de réponse, ne voulant pas me projeter quant à une éventuelle réponse plausible. Moi, je pense que n’importe quelle femme peut potentiellement plaire à une autre femme. Ça dépend plus de la 2ème catégorie que de la première. Mais ça n’est que mon avis. « Je vois pas pourquoi elle aurait eu pitié de toi, mis à part parce que tu avais cet air déconfit. Oui, celui là ! » Je hoche la tête en lui adressant un signe du menton, souriante, taquine. Mais elle est forte pour me remballer et la voilà qui me parle d’attributs masculins, et c’en est fini de moi. J’en profite pour lui dire qu’il n’y a pas que les mecs qui savent faire correctement les choses, au contraire même. « Et j’imagine qu’elle atteint à peine l’âge de la majorité. T’as un sérieux souci avec la jeunesse Loan. C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes. » J’ouvre la bouche l’air faussement outré. « N’importe quoi, je te rappelle que ma fem- … mon ex-femme, a le même âge que moi. » A quelque chose près. « Et j’y peux rien si la mode est aux gamines qui bavent sur les plus vieilles, merde je vais pas m’en plaindre ! J’aurai tort de pas en profiter, et tu ferais bien d’en faire de même ! Vieille bique ! » Oui parce que y’a que venant de l’une ou de l’autre qu’on peut accepter ce genre d’insulte qui nous ressemble plutôt pas mal. « Quel honneur. Je dis pas que c’était pas bien, je dis juste que je saurais pas faire le premier pas. Je serais pas à l’aise, tu peux parler toi, tu fais ça depuis que t’as 12 ans ! » Elle n’a pas tout à fait tord. « Donc tu tiens absolument à ce que je m’envoi en l’air avec un truc tout frais. Ils auraient l’âge d’être mes gamins Loan, c’est pas sain ! » Je lève les yeux au ciel en soupirant. « Mais il ne le sont pas, alors la question se pose pas. Merde t’as pas 90 ans faut que tu vives quoi ! » J’ai pas envie qu’elle se traîne et que dans 10, 20, 30 ans elle en soit toujours au même point de dépression parce qu’elle a perdu l’homme qu’elle aimait. Je ne peux qu’imaginer à quel point ça a dû être difficile, et à quel point ça l’est encore aujourd’hui, mais elle doit surtout réapprendre à vivre, au lieu de se laisser crouler dans une routine mortelle. « En fait c’est plutôt toi qui est en manque et ça t’arrangerais que je le sois aussi pour pouvoir chasser pour deux. » J’ouvre grand les yeux, surprise de ce qu’elle avance. « Avoue-le, tu te sens seule sur le canapé de Stella. » Je hausse les épaules. « Je suis en phase de reconquérir mon ex-femme. Pour l’instant, rien de concret, alors je ne fais pas voeu d’abstinence, je te rassure. C’est pas parce que je dors sur le canapé que je n’ai pas de vie sexuelle. Je te rassure, ma libido va très bien. Pourquoi tu crois que je suis en retard. » Je lui souris, mutine, coquine même. Je sais qu’elle ne va pas aimer, mais ça me fait rire de la pousser dans ses retranchements.

« Je vois pas pourquoi elle aurait eu pitié de toi, mis à part parce que tu avais cet air déconfit. Oui, celui là ! » « Quoi ? Mais n’importe quoi ! Tu… ! » Elle me piège à chaque fois, je ne sais pas comment elle fait et je détestais ça étant gamine parce qu’elle avait toujours une longueur d’avance sur moi. Mais le fait est qu’elle a raison, je suis trop prévisible et non elle n’a pas eu pitié.
« N’importe quoi, je te rappelle que ma fem- … mon ex-femme, a le même âge que moi. » « Mais ce n’est pas le cas de tes maîtresses. Comment tu fais pour toutes les faire tomber ? » Je sais qu’elle plaît, elle est sublime, et elle le sait, elle en joue. Loan a très tôt eu un truc pour charmer les gens, c’est naturel chez elle, une intelligence sociale rare je dirais. En même temps fascinante quand on la voit faire. Déjà gamines, quand on se promettait de ne pas rentrer seul un soir, elle gagnait toujours son pari. Avec une bombe venue de l’espace, et moi… J’étais plus timide. Je me contentais du gentil garçon un peu paumé, je ne visais pas le quaterback de l’équipe de foot de l’école ! Et paradoxalement, elle a toujours eu beaucoup de succès auprès des hommes. « Et j’y peux rien si la mode est aux gamines qui bavent sur les plus vieilles, merde je vais pas m’en plaindre ! J’aurai tort de pas en profiter, et tu ferais bien d’en faire de même ! Vieille bique ! » « Et va te faire foutre, j’aime le charme du vieux bois, c’est tout. » J’ai toujours eu un truc avec les hommes un peu abimé par la vie. Je les aime joyeux, pas de souci, mais les visages marqués, les mains de travailleur. Loan n’a jamais compris mais une chose est sûre, on ne s’est au moins jamais disputée pour une histoire de cul.

« Mais il ne le sont pas, alors la question se pose pas. Merde t’as pas 90 ans faut que tu vives quoi ! » « Ouais ouais, je sais Loan, faut que je vive. » Et elle me le répète aussi souvent que j’ai besoin de l’entendre, pour autant ça n’est pas si simple. Mais je préfère détourner la conversation sur ma meilleure amie parce qu’il y a d’avantage à dire et que je ne tiens pas à ce que le visage de Thomas hante encore plus mes jours qu’il ne le fait déjà.
« Je suis en phase de reconquérir mon ex-femme. Pour l’instant, rien de concret, alors je ne fais pas voeu d’abstinence, je te rassure. C’est pas parce que je dors sur le canapé que je n’ai pas de vie sexuelle. Je te rassure, ma libido va très bien. Pourquoi tu crois que je suis en retard. » « Tu t’envoies en l’air ailleurs alors que tu veux reconquérir Stella ? Mais tu viens d’où toi ? Je sais ça c’est moi qui divorce ! » Je suis outrée ! Enfin, presque. « Arrête tes conneries Loan. Les petites jeunes c’est fini et jure moi que la prochaine nana à qui tu feras l’amour ce sera ta femme. Personne d’autre. T’es pas assez déterminée là. Trouve-toi une bonne raison de mettre les bouchées doubles. » Comme jouir, si ça peut la motiver. Mais si elle n’a plus que Stella comme solution, elle saura se défoncer pour la retrouver. « Ne me regarde pas comme si j’étais une bonne sœur. J’ai jamais trompé Thomas alors que je dormais sur le canapé. Même si c’était lui qui prenait le canapé. Enfin tu vois. » Sur ce point je crois que je suis un peu trop limitée à mes clichés de fidélité, principe auquel je tiens. « En fait, il te faut un plan. »

« Mais ce n’est pas le cas de tes maîtresses. Comment tu fais pour toutes les faire tomber ? » Je me contente de sourire et hausser les épaules. Je n’ai pas la réponse à cette question, ça a toujours été, je n’ai jamais vraiment compris d’où ça pouvait venir exactement, j’ai ce don, ce pouvoir de séduction. Je sais avoir la chance de ne pas être dégueulasse à regarder, m’enfin Ellen ne l’est pas non plus, mais elle a sans doute jamais voulu développer ce sex appeal qui sommeille en elle. J’imagine que c’est la différence entre nous. Je la taquine, parce qu’elle veut absolument se trouver un mec vieux et chiant à mourir, et moi je voudrais qu’elle tente un peu de profiter de ce qu’il nous reste comme jeunesse avant de ne plus pouvoir tenir la cadence. Mine de rien, la cinquantaine approche et ce sera de plus en plus compliqué avec les années qui se succèdent. Autant en profiter aujourd’hui avant de ne plus pouvoir.

J’avoue à Ellen que je continue d’avoir une vie sexuelle malgré mon envie de reconquérir Stella. Je lui ai toujours tout dit, je n’ai jamais eu peur du jugement qu’elle pourrait avoir sur moi, parce qu’elle est sans conteste la personne qui me connaît le mieux au monde. « Tu t’envoies en l’air ailleurs alors que tu veux reconquérir Stella ? Mais tu viens d’où toi ? Je sais ça c’est moi qui divorce ! » J’ouvre les yeux un peu plus grand devant les remontrances de ma meilleure amie. « Arrête tes conneries Loan. Les petites jeunes c’est fini et jure moi que la prochaine nana à qui tu feras l’amour ce sera ta femme. Personne d’autre. T’es pas assez déterminée là. Trouve-toi une bonne raison de mettre les bouchées doubles. » Je grimace et grogne un peu, parce que je sais qu’au fond, elle a raison. Elle a toujours été le côté raisonnable de notre binôme. « Mais le sexe et les sentiments ça n’a rien à voir. » Je dissocie les deux, il n’y avait qu’avec Stella que j’arrivais à lier les deux. « Ne me regarde pas comme si j’étais une bonne sœur. J’ai jamais trompé Thomas alors que je dormais sur le canapé. Même si c’était lui qui prenait le canapé. Enfin tu vois. » Je lève les yeux au ciel. Oui, c’est vrai qu’Elle a sans aucun doute toujours eu plus d’intégrité que moi. « En fait, il te faut un plan. » Je croise mes bras et m’appuie sur le dossier de ma chaise sans la lâcher des yeux. « Je t’écoute. » Je la laisse réfléchir, ça prend du temps. « T’as toujours été meilleure que moi pour faire des plans, mais on dirait que t’es rouillée chérie ! » Je me fous d’elle, c’est de bonne guerre. J’adore ça, et je sais qu’elle aussi. « Je vois pas trop bien ce qu’on peut trouver comme plan. A part que je m’explose le dos sur le canapé et que je lui demande si je peux dormir avec elle, franchement je vois pas… »

La morale de Loan m’a toujours beaucoup surprise, ça n’est pourtant pas nouveau. Mais encore une fois quand je l’entends parler, je me dis que soit je suis trop prude et trop rangée, soit elle est complètement dévergondée. Mais ça me plaît. Je ne l’ai toujours connue que comme ça, aller de front quitte à se casser la gueule, mais son talent et sa chance font qu’elle ne s’est jamais planté, ou rarement en tout cas. C’était encore une fois quelque-chose que je trouvais particulièrement admirable chez elle.
« Mais le sexe et les sentiments ça n’a rien à voir. » « Heu, si Loan. Quand tu fais l’amour avec ta femme et avec une autre, tu vois pas de différence ? Ca s’appelle les sentiments. » Elle ne peut pas dire le contraire elle m’a toujours vanté les mérites du bon coup qu’était Stella. De toute façon si ça ne suit pas sur le plan sexuel, peu de chance que Loan se retourne sur vous. Elle a tout de même eu trois enfants avec elle, c’est que ça doit être une sacré histoire. « En dehors de la nouveauté, y a quand même un sacré truc en plus avec Stella, non ? »
Elle ne s’épanche pas mais je sais qu’elle l’aime éperdument. Elle a l’air très ouverte et expansive comme ça mais Loan est au final très pudique sur ses sentiments, il faut les deviner plus que les entendre.

« Je t’écoute. » Je viens de lui dire que j’ai un plan, j’ai intérêt à assurer, merde alors, je n’étais pas prête à ça. D’habitude elle me coupe dans mon élan et fait comme si je n’avais rien dit. Son changement d’orientation commence à me mettre en porte à faux. « T’as toujours été meilleure que moi pour faire des plans, mais on dirait que t’es rouillée chérie ! » « Je réfléchis, tu permets ?! » C’est pas parce que je suis la plus cérébrale de la bande que c’est encore à moi de trouver toutes les solutions. Quoi que, les moins craignos ça vient quand même de moi. Je ne dirais pas que j’ai la solution à tout mais Loan a au moins pour elle ses idées fantaisistes et ça n’est pas toujours pour nous arranger. « Je vois pas trop bien ce qu’on peut trouver comme plan. A part que je m’explose le dos sur le canapé et que je lui demande si je peux dormir avec elle, franchement je vois pas… » « Nan, elle te dira que t’as que ce que tu mérites… » Mon esprit tournant plein tube pour trouver une solution comme il se doit. « Tu pourrais recommencer à zéro, et la draguer comme au début. Enfin non, la charmer. Ce qui est en soit un peu plus classe que des sextos à 4 h du mat quand t’en a plein le dos de ta soirée au bar. Tu vois ? » Non parce que Loan et le romantisme… Viens que je te prenne sur mon bar après le service, c’est tout à fait le genre ! Je parle d’un truc adulte et romantique, ce qui plairait sans doute à Stella. Elle est prête à faire des efforts, exploitons le filon ! « J’ai des tas d’idées. » Sourire vainqueur sur le visage. Elle veut être coaché ? Elle va l’être.