When dreams and reality become confused... Who are you? [Andrea]

Je la regarde boire et je souris de la voir galérer avec son premier verre. Je l’avais prévenue, c’est corsé. C’est pas le même genre d’aguardiente qu’on peut trouver dans le commerce en Colombie. « C'est.. Whouu…T'es sur que ton oncle à toujours un foie avec ça! » Je hausse les épaules en riant de la voir s’étouffer à moitié. « Là bas ils sont habitués, leurs foies ont vu pire que ça. » Oui, parce qu’il y a pire. Je lui en demande si elle en veut un autre. Voyons voir si elle a le coeur bien accroché la minette. « Tu veux me tuer?! Je sais qu'on y passera tous un jour, mais je ne suis pas duuuuu tout pressée, crois moi! » Je lui souris, sans doute de manière un peu plus charmeuse. « Te tuer ? Non loin de moi cette idée. Mais te faire boire et parler… je suis pas contre… » Je plaisante mais c’est une manière comme une autre de faire ‘connaissance’. Je la défie du regard et je la sens hésitante. Quelques secondes défilent et elle se décide enfin. « Bon si on doit boire cette chose… » Elle porte le goulot à sa bouche, j’hallucine, elle va se brûler l’oesophage. « Autant y aller franco! Parce que je peux te dire, que je ne mettrai RIEN d'autre sur mon foie.. Il n'y survivrait pas! » Je la regarde les yeux grands ouverts, choquée. Oui parce que clairement ce genre d’alcool, la plupart des femmes n’ont pas les épaules pour encaisser ça. Mais elle… elle est différente. « Ben quoi?! Et d'ailleurs, tu ne vas pas m’arnaquer.. » Elle me tends la bouteille, ses yeux déjà brillants et ses pupilles dilatées, c’est que ça fait vite effet cette connerie. « A ton tour! On va la finir, ca nous détendra car de toi à moi je sais toujours pas ce que je fais là! » Je prends la bouteille entre mes mains en arquant un sourcil. « Va bien falloir trouver une raison à ta présence ici… » Je port à mon tour le goulot à mes lèvres et bois une rasade, quelques gorgées qui me brûlent, les yeux clos, plissés même sous la douleur. « Bordel. » Je secoue la tête, ça cogne déjà. « Je déteste mon oncle ! »

Les lignes ne sont plus droites, le sol semble faire des vallons et des vallées, j’ai la sensation de ne plus voir tout à fait correctement, et pour cause, le degré d’alcool continu dans cette bouteille est absolument pharaonique. « Okkk, ton oncle est...dééééfinitivement, une cause perdu! » Je ricane comme une adolescente et hoche vivement la tête. « L’aguardiente coule dans ses veines. » Elle me laisse finir la bouteille, il ne reste que quoi, trois ou quatre gorgées. « moiiii j’abandonne! » « On peut pas laisser ça… » Mon corps entier est anesthésié par l’alcool et je finis la bouteille en la reposant un peu brusquement sur le bar. « D’ailleurs... J'abandonne ces instruments de tortures aussi! » Je ris toute seule comme une conne sans savoir de quoi elle parle mais quand je tourne les yeux et que je la vois en train de marcher pieds nus dans le salon, je comprends qu’il s’agissait de ses chaussures. Mon cerveau fonctionne encore. Au ralenti mais il fonctionne. « Tu t'es assez rincé l'oeil comme ça! J'suis une déesse.. pas besoin de souffrir pour sublimer ce qui est déja parfait! » Je souris sans la lâcher des yeux et reste accoudée au bar. « D’ailleurs je crois que tu n’as besoin de rien du tout pour te sublimer. » Non, c’est encore nue qu’elle est la plus belle, du moins, c’est ce que les souvenirs de mes rêves me racontent. « Pfff, il fait super chaud, cette robe m’étouffe! » J’ouvre un peu plus grand les yeux en la voyant retirer sa robe, là, devant moi, finissant en sous-vêtements. Bordel. Ouais il fait chaud là. « tu n'aurais pas un grand T shirt, ou une chemise à me passer? Quoi que tu as déja vu pire... non?! » J’ouvre la bouche pour répondre mais rien n’en sort,je suis juste aveuglé par le spectacle auquel j’assiste. « Un T-chemise. Shirt. Un T shirt. Une chemise. Je… je dois avoir ça. » Je me racle la gorge et me redresse. « T’as raison ça donne chaud ce truc. » Tu parles, c’est pas seulement l’alcool qui donne chaud. Je vais dans ma chambre pour récupérer un t-shirt, j’en ai pas de super grands, ça ira. Je me passe un peu d’eau sur le visage et enfile quelque chose de plus léger. Je retire mon jean et enfile un mini short en coton. Un soupir plus tard,je rejoins la blonde dans le salon. « Tiens, j’espère que ça ira… » Je me laisse tomber dans le canapé, pas loin d’elle, toujours sans la lâcher des yeux. « Pourquoi tu dis que j’ai déjà vu pire ? » Mon cerveau est au ralenti j’ai dit.

Une fois changée, je rejoins Leither dans le salon. Au fond, il y avait une petit partie de moi qui espérait qu’elle serait endormie dans le canapé. Ça m’aurait empêché de penser à faire des conneries. Mais non, elle est bel et bien là, et visiblement bien éveillée. Je lui tends le t-shirt, j’ai pas trouvé mieux, ça court pas les rues les t-shirt trop grands dans mon armoire. « Si tu ne voulais pas que je sois couverte, il suffisait de le dire… » Je mets une seconde avant de comprendre son sous entendu et je lâche un rire un peu bête. Je me retiens de lui dire que si ça avait été moi, je lui aurai plutôt retiré ses sous-vêtement à la place d’être allée chercher un truc pour la couvrir davantage. « J’ai pensé à toi, c’est altruiste. Il fait chaud ici et avec un truc qui te couvrait encore plus, t’aurais fini par fondre ! » Je lui adresse un sourire complice avant de lui demander ce qu’elle a voulu dire un peu plus tôt lorsqu’elle parlait du fait que j’avais vu pire. Parlait-elle d’elle, ou d’autre femmes ? La belle change de position mais ne me lâche pas du regard pour autant, et je reste pendue à ses lèvres, comme à un phare en pleine tempête. « Pourquoi... Tu n'as jamais vu pire? Tu veux me faire croire qu'aucune femme ne s'est mise à nue dans cette maison? Dans cette pièce? Sur ce canapé?! » Les lèvres entre-ouvertes laissant passer à peine un souffle un peu plus irrégulier, je sens mon sang bouillir à l’intérieur de mon corps tout entier en entendant la voix qu’elle utilise. Elle veut me rendre folle, si j’avais un doute, j’en ai désormais la certitude.

Elle s’approche davantage et je ne bouge pas, seul mon regard alterne entre ses yeux brûlants et ses lèvres se mouvant dans une danse sensuelle, et dont les mots et les intentions me font chavirer un peu plus à chaque seconde qui passe. « Combien... Combien dans cette maison? Dans cette pièce? Sur ce canapé? » Cette fois, j’ancre mon regard au sien avec une passion et une animosité qui m’est propre. « Aucune qui ne t’arrive à la cheville… » J’ignore encore si j’ai réellement connu cette femme, dans une autre vie, dans celle ci, ou si tout ça n’était que le fruit de mon imagination. Mais ce que je sais c’est que je n’ai jamais partagé avec aucune femme ce que j’ai partagé avec elle. Jamais je ne me suis sentie en si parfaite osmose qu’avec elle. Et la sentir jouer avec mes nerfs commence à me rendre dingue, d’autant plus que j’ai beaucoup bu, et que de ce fait, ma patience n’a plus vraiment de limites. « Qu’elles aient été cinq ou cinquante ça changerait quoi ? Tu te sentirais plus l’âme d’une guerrière si elles avaient été cinquante ? » Leither est une femme de défis, qui aime les challenges et qui n’a pas peur de se battre pour prouver qui elle est, ou arriver à ses fins. Je sens son regard pétiller d’une nouvelle malice à mes mots et je continue mon manège à mon tour, pas question qu’elle soit la seule à me rendre folle. Je m’approche d’elle à mon tour et viens faire glisser le bout de mes doigts sur sa jambe, remontant le long de sa cuisse. « Stratégiquement, il faudrait que je te dise qu’il y en a eu une bonne centaine alors… si tu veux la première place il va falloir te battre… » Ma voix est brûlante et incroyablement sensuelle. Je veux qu’elle craque, mais j’ai peur de me heurter à la Leither que je connais, qui aime le défi plus que n’importe qui, et qui serait prête à me résister juste pour me rendre dingue encore un peu plus. Malheureusement, je suis coriace et ne m’avoue jamais vaincue.

Je suis totalement absorbée par son aura, par ce qu’elle dégage, son regard, son attitude. Tout me rend déjà folle. Mais je me méfie encore beaucoup, parce que mine de rien, cette histoire est quand même vraiment étrange et je ne peux pas totalement me laisser aller avec elle alors que nous venons à peine de nous retrouver. Ce n’est pas l’envie qui manque pourtant. Je retrouve mon côté joueur, celui qui m’animait lorsque j’étais avec elle. Mais la jeune femme face à moi n’est pas en tout points identique à celle de mes rêves, de mes souvenirs. Je ne sais pas encore tout à fait ce qui a changé mais je la sens différente. Je m’approche, féline, m’amuse à jouer avec les mots et avec ce que je ressens en l’approchant. Tout mon corps réagit à sa présence, c’est presque dingue quand on y pense. Mes doigts se faufilent sur sa peau et j’adore la sensation que ça me procure. « Il semblerait que tu ne sois pas une bonne stratège… Un bon stratège ne dévoile jamais ses intentions, et les tiennent sont plus qu’évidentes… » Je plisse les yeux sans la lâcher du regard, sentant son doigt caresser ma main. « Chance pour moi, je ne suis pas une novice… Une novice aurait répondu à ces provocations… et se serait jetée à corps perdu sur le champs de bataille… » Je ne la vois venir qu’à moitié et déjà elle change de position pour se positionner à califourchon sur moi, ses cuisses entourant les miennes. Je ne peux m’empêcher de sourire. Parce que même si elle veut se la jouer détachée, à ne pas répondre à mes avances, c’est quand même elle qui se retrouve assise sur moi, et je ne vais pas m’en plaindre. « Et qui te dit que je ne fais pas exprès pour voir jusqu’où tu es prête à aller… » Je n’ai aucune stratégie la concernant, c’est sans doute la le plus gros de mes soucis. « Alors qu'une guerrière avisée inverserait la donne et provoquerait à son tour...attendant que l'ennemi fasse ce premier pas, qui lui serait inéluctablement fatal! » A qui serait fatal ce premier pas, tel est la question. Je vois bien dans son regard que je ne suis pas la seule à éprouver du désir ce soir. On ne me la fait pas à moi. elle veut jouer la fille détachée qui contrôle tout, qu’elle joue, ça m’est égal, si elle veut y croire, je la laisserai y croire. Si elle veut me dominer, qu’elle le fasse, on verra qui de nous deux est la plus douée à ce petit jeu. « J’aimerai beaucoup savoir ce qu’est la définition de ‘fatal’ pour toi… » Un sourire provocateur prend place sur mes lèvres et le bout de mes doigts vient remonter à nouveau le long de ses cuisses, la griffant un peu au passage pour sentir le grain de sa peau s’élever sous mes ongles. Mon dos qui épousait le dossier du canapé, se redresse pour être plus proche du corps de la blonde. « Qu’est-ce que je risque hum ? » Une baffe ? Qu’elle essaye de m’attacher à un radiateur ? Je souris à cette simple idée et m’approche en même temps de son visage, mes lèvres des siennes, et je les frôle presque lorsque je prends la paroles. « Je suis prête à parier que ce serait l’arroseur arrosé. » Nouveau sourire et cette fois mes mains se posent à plat sur ses cuisses, à l’extérieur, remontant à l’arrière pour venir caresser ses fesses. Plus fort que moi. « Qu’est-ce que tu veux ? Que j’arrête ? »

Elle est dans la provoc, et j’en fais de même, avec un plaisir non dissimulé. Je joue de ses sensations, profite de l’alcool qui boue dans son sang et lui donne chaud, l’empêche sans doute de réagir comme si elle était totalement lucide. « Tu ignores la partie que tu joues... Avec qui tu joues! » Nouveau large sourire qui étire mes lèvres et je murmure d’une voix brûlante en guise de réponse. « Alors j’ai hâte de le découvrir. » Je n’ai peur de rien, et encore moins de ce qu’elle peut bien cacher. J’ai toujours été attirée par les ténèbres et j’imagine bien qu’elle n’est pas blanche comme neige. Je viens frôler ses lèvres pour la faire languir davantage, jouer avec ses nerfs comme elle le fait avec les miens. Je ne cherche pas à prendre l’ascendant sur elle, simplement à lui montrer que je suis une bonne joueuse, et que je ne m’avoue pas vaincue si facilement. « Tu es un peu trop sure de toi.. » répond-elle en s’approchant davantage en attrapant mes poignets fermement, ne faisant que remonter ma température corporelle et mon désir pour elle. Pas que j’aime être dominée, bien au contraire, mais plutôt parce que je suis droguée aux défis, et je crois qu’elle est meilleure que n’importe qui à ce petit jeu. «  Et je ne crois pas t'avoir donné la permission de me toucher! » Je souris de plus belle, dévorant ses lèvres de mon regard avant de plonger dans ses yeux avec une intensité folle. « Ce que je désire, c’est… » Dis-moi tout beauté… Elle ondule son bassin et je sens mon coeur s’accélérer, mon corps qui répond à sa proximité, mon intimité qui se contracte à son contact. « …que tu me dises ce que tu as en tête… » Elle s’approche de mon cou, mon oreille pour venir me rendre encore plus folle. « Que tu me fasses jouir sans poser les mains sur moi… » Bordel. Ce simple mot sorti de ses lèvres pourrait bien me rendre complètement tarée. Pupilles dilatées, j’accueille à nouveau son regard, le mien empli d’une nouvelle intensité. « Que tu m'arroses, mais… au sens propre du terme! A moins que, cela ne soit  l’inverse! » Je ne peux m’empêcher de rire un peu à sa manière de présenter les choses. Je ne peux cacher l’excitation qui monte en moi. « Sans les mains hum ? ». Je profite d’un moment d’inattention de la parte de la blonde et me sert de mes techniques de défense pour retourner la situation avec la seule aide du bas de mon corps, des appuis stratégiques pour arriver à basculer la jeune femme sur le canapé sans avoir besoin de mes mains. Me voilà donc au dessus d’elle, entre ses cuisses, une main posée sur s’assise du canapé au dessus de son épaule, et l’autre sur l’accoudoir. Bien décidée à relever le défi de ne pas la toucher, j’ancre mon regard au sien tout en exerçant une pression de mon bassin sur le sien. « Ça s’applique à toi aussi. On va voir laquelle est la plus douée à ce petit jeu… » Si c’est la seule règle, je crois que ça va être drôle. Elle n’a pas parlé de ne pas utiliser nos lèvres, et je viens m’approcher de sa bouche pour emprisonner sa lèvre inférieure entre mes dents, passant ma langue sur le morceau de chair avant de serrer un peu plus, et la lâcher, sourire carnassier sur les lèvres. Je joue à nouveau d’une ondulation de mon bassin pour créer une friction divine, une vague électrique parcourant tout mon corps…

Je ne peux m’en empêcher, je retourne la situation en cherchant à la déstabiliser. « Coach sportif hein?! Quand à ces règles, elles ne s'appliquent évidement qu'à toi! » Je lève les yeux au ciel. Pas question. Si je joue, elle joue aussi. Il n’y a pas vraiment de règles, si ce n’est celle qu’elle vient de poser là. Mais un jeu est un jeu, les règles sont les mêmes pour tout le monde. Je viens alors jouer comme il se doit, refermant mes dents sur sa lèvre inférieure tout en y passant ma langue avec envie. Voilà que mon corps prend part à l’échange en ondulant contre le sien, faisant pétiller son regard davantage. « Tu es une trèèès vilaine fille! » « Je sais » que je lui réponds en souriant de manière malicieuse. Son regard me bouleverse, me happe complètement. « Andrea… » lâche-t-elle dans un soupir qui me fait fermer les yeux une seconde de plus, pour ressentir tout ce que mon prénom prononcé de ses lèvres peut faire gronder en moi. Et enfin, enfin elle vient chercher mes lèvres. Mon coeur s’emballe à cette sensation comme retrouvée, et je soupire contre ces dernières, cherchant le contact chaud de sa langue contre la mienne. Notre baiser prend plus d’ampleur, de profondeur, de volupté. Je perds tout contrôle et laisse mon subconscient s’unir au sien, grognant presque de plaisir au fil de cet échange charnel. « Andy… » « Lei… » Je murmure, avec cette impression folle d’être partie sur une autre planète, avec elle, seulement avec elle. Comme si notre bulle revenait s’emparer de nous. Le jeu prend de l’ampleur, je resserre ma prise sur le canapé pour ne pas flancher, et mon corps continue de chercher le contact du sien, plus appuyé, plus sensuel, plus charnel. Je gémis presque en sentant toute cette électricité, et la langue de la blonde qui s’attarde sur mes lèvres, les dévorant comme si sa vie en dépendait. « Tu gagnes toujours, n'est ce pas?!.. » Aucun défi n’a plus de sens que faire flancher cette divinité. Et voilà que notre échange gagne en intensité, nos corps se muant dans une danse lascive et terriblement excitante. « J'abandonne... tu as gagné! » Je réouvre les yeux pour la regarder alors que ses mots se frayent un chemin dans mon esprit. « Je te remercie pour l'aguardiente et la ballade, mais je vais rentrer ! » Mes sourcils se froncent et je tente de comprendre ce retournement de situation. Je n’ai même pas la force de la retenir lorsqu’elle se lève et s’esquive de sous mon corps. Elle m’échappe. Totalement. Je souffle un peu, cherchant à comprendre ce qui est en train d’arriver. Non… non non non non c’est pas possible, elle ne peut pas partir maintenant, s’échapper comme ça. Pas possible. « Leither ! » Je me lève à mon tour et presse le pas pour la rejoindre avant qu’elle ne passe le pas de la porte de ma maison. Je plaque mon corps dans son dos et la pousse contre le premier mur à notre porté, écrasant son corps contre ce dernier. « Tu peux pas partir comme ça… » Un murmure au creux de son oreille, mon souffle encore court, mes mains qui glissent cette fois le long de ses courbes et l’une d’elle qui se fraye un chemin jusqu’à son entre-jambes. « Je sais que tu n’as aucune envie de partir… de quoi t’as peur…? »

Je n’ai pas envie qu’elle parte, je veux qu’elle reste, je ne sais pas ce que je veux plus que ça à l’instant même où je prends cette respiration pour l’appeler comme dans un dernier espoir. J’ai rêvé d’elle tant de vois, rêvé de ce moment, de cette complicité, de ces échanges de regards, ces baisers enflammés. Trop de fois pour me voir retirer ce cadeau à peine effleuré du bout des doigts. Je ne réfléchis plus, j’agis sans penser, je la rattrape, toujours hantée par la chaleur de son corps et de l’alcool qui coule encore dans mes veines. La plaquant contre le mur, je tente de manière désespérée de la récupérer, mais je ne m’attends pas à ce qui va suivre. Sûrement pas. « De quoi ai-je peur?! C'est donc la première fois qu'une femme repousse tes avances? » Elle retire ma main de son corps et se tourne vers moi pour planter son regard dans le mien. Il a changé, plus rien n’est pareil qu’il y a quelques minutes, elle me semble être une autre personne, une personne que je ne connais pas. « Ton envie de me baiser est si forte, que tu ne comprends pas ce qu'est un non?! » Je fronce les sourcils. Elle se fout de ma gueule ? Y’a quelques secondes elle était en train de me bouffer la bouche et là elle fait la mijaurée ? Dites-moi que je rêve. Mon coeur s’accélère et je sens mon sang bouillir dans mes veines. Malheureusement, ce n’est pas l’alcool qui me donne cette sensation, mais plutôt l’incompréhension mêlée à la colère qui fait rage en mon for intérieur. « Ou peut etre es tu en manque? Il faut etre sacrément désespéré pour raconter à une inconnue qu'on la connait et la ramener chez soi quand meme! » Mon visage se décompose à mesure qu’elle lâche ces mots d’une désinvolture folle. Ma mâchoire se serre et mon regard déjà sombre se charge d’une énergie noire. « C'est ca hein… Je te rappel une de tes ex… Il suffisait de le dire mon choux… mais... je ne fais pas dans le social chérie, sooo… » Elle tapote ma joue et je dégage sa main vivement d’un geste sec et un peu brusque. Elle se fout royalement de ma gueule. « Il faudra trouver une autre pour jouer à la poupée… » Je ne trouve rien à lui répondre, elle me dégoûte, je me dégoute d’y avoir cru, d’avoir pensé que je la trouvais, la retrouvais. Mais de toute évidence, ce n’est pas la femme que j’ai connue dans mes songes. Elle n’est qu’une pâle copie, insignifiante, vulgaire. « Va te faire foutre, ça devrait pas être trop compliqué. » Elle veut me blesser ? Elle a réussi. Bravo. Mais qu’elle ne m’approche plus. « Et puis merde! Viens on baise! » Je m’écarte alors qu’elle s’approche et je lâche un rire nerveux, presque diabolique. « Ok, c’est dans un hôpital psychiatrique que tu devrais te trouver. T’es complètement cinglée. » Je secoue la tête, dégoûtée, déçue. J’avais mis tellement d’espoir en nos retrouvailles. J’y ai cru, et bordel ce que ça fait mal. Je regrette amèrement de l’avoir fait venir ici, de m’être laissée aller à mes désirs, mes souvenirs. Je déteste cette sensation de m’être fait rouler dans la farine. Bordel ! Je fais demi-tour pour aller chercher sa robe et ses escarpins, puis je reviens vers elle et lui fous tout dans les bras. « Maintenant tu dégage, et je veux plus jamais te revoir. » Je passe près d’elle pour aller ouvrir la porte et reste près de cette dernière le temps qu’elle daigne sortir de chez moi, et sortir de ma vie.