Ta fille, nos emmerdes [Jaden #2]

Jamie est en train de monter dans les tours, et je sais par expérience que si je ne désamorce pas la bombe maintenant, elle va m’exploser à la gueule alors que je n’ai rien demandé. Il est comme ça, il part dans tous les sens, s’énerve, comment à penser à l’envers, et assez peu de choses peuvent arrêter le mécanisme. Sauf que moi, je le connais, et j’ai appris - il y a longtemps - à le ‘manipuler’, si on peut dire les choses ainsi. Dans ce genre de situation, il suffit de jouer l’adulte, puisque lui n’est pas en mesure de le faire. On dirait qu’il y a dans sa tête un gosse qui court dans tous les sens et appuie sur tous les boutons. C’est infernal. « Tu m’excuseras, mais c’est un peu nouveau pour moi de t’imaginer en voix de la sagesse. » dit-il après que j’ai tenté de le radoucir un peu. Bien que ce ne soit pas nécessairement le terme, la douceur n’étant pas vraiment au top de ses qualités. Avec sa fille sans doute, mais pour le reste, on repassera. Et ça m’a toujours été égal, ce n’est pas ce que je recherchais, quand je suis tombée sur lui. Alors oui, aujourd’hui, je préfère jouer la voix de la sagesse, pour qu’il arrête de partir dans tous les sens. Il se calme, je le vois, et le sourire qu’il arbore me rassure un peu. Notre fille est en sécurité, il ne lui est rien arrivé, tout va bien. Maintenant il faut qu’il se calme.
Je lui demande depuis combien de temps il ne s’est pas lâché un peu. La réponse est sans appel. « En tant que père ou en tant qu’homme ? » J’arque un sourcil. « En tant que père, jamais. Je sais. En tant qu’homme, on dirait que ça fait un bail ! » Il a voulu me chambrer un peu plus tôt, cette fois c’est mon tour. Maintenant qu’il est un peu plus calme et enclin à une discussion plus légère, j’en profite. Il me tend la nouvelle clope allumée et je la récupère pour tirer deux bouffées. « Je sais que tu es inquiet, je le suis aussi. Mais ça va aller, on est deux maintenant. » Je l’ai laissé seul avec l’éducation de notre fille, je n’en suis pas fière, mais maintenant on peut se soutenir, et même si parfois il est difficile de tomber d’accord, sur le principe, on sait qu’on veut le bonheur de notre fille, et c’est encore le plus important.