it's a new day, it's a new life... for you only // loumi #9

C'est le grand jour pour Yumi : c'est aujourd'hui qu'elle emménage officiellement sur le campus, dans sa chambre d'étudiante. Sa nouvelle aventure à l'université commence maintenant, mais je ne suis malheureusement pas de la partie. Nous avions pourtant imaginé être ensemble, pour prendre même une colocation toutes les deux, mais la nouvelle de mon redoublement est venue foutre en l'air tous nos plans. Voilà pourquoi je ne peux m'empêcher de rester mitigée par rapport à cet évènement. Je suis contente pour elle, pour nous aussi, parce qu'on va pouvoir se voir en dehors de l'appartement des Lane, mais j'ai un peu peur aussi. Et si cette nouvelle perspective venait bousculer le semblant d'équilibre que nous avions trouvé dans notre début de relation ? C'est un risque qui peut malgré tout changer beaucoup de choses. Sa chambre étant déjà meublée, Yumi n'a pas spécialement beaucoup d'affaires à prendre. Mais ses parents voulaient à tout prix l'aider et être là pour elle dans ce moment important qui représente tout de même un tournant dans sa vie. Je suis là aussi, un peu sur la réserve. Ça me fait quand même un petit pincement au coeur de la voir emménager ici. Et je me sens un peu conne d'avoir loupé mes examens surtout. L'année qui s'est écoulée a été particulière pour moi, c'est vrai, mais je ne me cherche pas spécialement d'excuses. Je n'ai pas suffisamment travaillé et je ne peux m'en prendre qu'à moi-même. Résultat des courses : j'ai gagné le pompon et j'ai le droit de me retaper ma dernière année de lycée. Pas sûre que cet échec m'encourage à travailler plus cette année mais ça, c'est une autre histoire. Pour une chambre étudiante, la chambre de Yumi est quand même spacieuse. Petit bémol pour le lit une place qui trône au fond de la pièce. En même temps, je ne suis pas sûre qu'une personne étrangère au campus puisse rester après le couvre-feu... ou alors il faudra être discrète, ce qui est ironiquement l'un de mes points forts. Après réflexion, je ne sais pas si c'est plus pratique pour nous que Yumi vienne s'installer ici. Encore une fois, les choses auraient été plus simples pour nous si je n'avais pas foiré mon année. On en revient toujours au même point... fais chier ! Après le plus gros de l'emménagement terminé, ses parents nous laissent finalement seules pour finir de ranger les dernières affaires. Je fais alors le tour de la pièce scrutant la chambre de tous les côtés. « C'est cool, tu vas être bien ici. » Ok, mon ton manque clairement d'enthousiasme. Je crois que je n'arrive pas à faire semblant. Je m'assois sur sa chaise de bureau, continuant à l'aider à déballer quelques unes de ses affaires. Je tombe sur une photo de nous que j'installe fièrement au dessus de son bureau. « Ça, c'est pour que tu ne m'oublies pas. » Je tente malgré tout un léger sourire.

L'université. Voilà ce qui m'attend maintenant. Ce n'était pourtant pas gagné d'avance. Je n'ai jamais été la meilleure de la classe, pas la pire non plus, mais j'ai longtemps été dans le flou le plus total concernant mon avenir. En réalité, je le suis toujours un peu. Plutôt douée en dessin, j'ai fait le choix de me diriger vers les arts et le design. Cependant, pour dire ce que je souhaite vraiment faire, comme métier, c'est encore compliqué. Je crois que cela effraie un peu mes parents, mais je suis sûre qu'après plusieurs semaines ou mois ici, les choses seront plus claires pour moi. Aujourd'hui, c'est mon premier jour sur le campus. Accompagnée de ma famille et de Lou, j'ai amené différentes affaires pour remplir ma chambre étudiante. Ça me fait un peu bizarre, car c'est la première fois que je quitte l'appartement familial. Bizarre, oui. Mais c'est assez satisfaisant quand même, car je vais pouvoir gagner un peu d'intimité. Pour moi. Pour Lou aussi. Je l'espère en tout cas. Je ne peux m'empêcher de penser que cette chambre nous permettra de passer un peu plus de temps rien que toutes les deux, mais comme elle n'est pas à l'université, je crains que venir ici ne l'enchante pas trop. Ce ne serait pas personnel et je le sais. « C'est cool, tu vas être bien ici. » Même si sa phrase est gentille, elle ne semble pas vraiment le penser. Comme je m'y attendais un peu, la jeune femme semble déçue de ne pas être là elle aussi. « Ça, c'est pour que tu ne m'oublies pas. » Dit-elle, alors qu’elle pose une photographie de nous au-dessus de mon bureau. C’est quand même assez dingue de voir comment notre relation a évolué. Il y a un an, jamais nous n’aurions cru nous retrouver ici. Même prendre une photo ensemble, hormis avec le reste de l’équipe de natation, ça n’aurait pas été possible. « Tu penses vraiment que c’est possible ? Je veux dire, tu hantes mon esprit jour et nuit. » Je lui offre un sourire, espérant bien lui en sous-tirer un nouveau avec cette révélation. « Je n’aurais peut-être pas dû dire cela, tu vas t’en servir contre moi. N’est-ce pas ? » Elle va vraiment finir par penser que je suis folle amoureuse d’elle. J’ai de réels sentiments pour elle, je ne m’en cache pas avec elle, mais de là à me considérer comme "folle", je ne pense pas. « C’est petit à côté de l’appartement, mais ce n’est pas si mal. » Disons que c’est surtout un bon début. Après avoir toujours vécu avec ma famille, je ne pouvais pas espérer déménager dans un palace. « C’est surtout sans parents. Tu pourras venir ici parfois, si tu en as envie. » Mon regard en dit long. Il faut dire que depuis la fois où nous avons été surprises par Ethan, tout a été assez calme entre nous.

Cette fois, c'est vraiment concret. Même si nous en avons parlé pendant l'été et que nous avons eu du temps pour nous préparer à l'idée d'être 'séparées', le fait d'être réellement confrontée à la situation est encore différent. Je pense que c'est plus facile pour Yumi, dans un sens, parce que c'est le début d'une nouvelle vie pour elle, d'un nouveau départ. Elle va étudier dans un domaine qui lui plait, se faire de nouveaux amis, et même si l'inconnu peut parfois faire peur, ça a quand même un côté excitant. Pour moi, ce n'est pas du tout la même histoire. En réalité, je me sens un peu à l'écart. La voir évoluer me refout constamment devant le triste constat de mon échec. Voilà pourquoi j'ai un peu de mal à me réjouir pour elle. Mais ce n'est pas de sa faute et je ne vais pas l'en tenir pour responsable pour autant. « Tu penses vraiment que c’est possible ? Je veux dire, tu hantes mon esprit jour et nuit. » Un sourire un peu niais se dessine inconsciemment sur mes lèvres. « Je n’aurais peut-être pas dû dire cela, tu vas t’en servir contre moi. N’est-ce pas ? » Elle voit tout de suite le mal partout, c'est dingue. « C'est possible. » Répondais-je dans un petit rire amusé. C'est encore que le début de notre relation, et même si nous avons assurément des sentiments forts l'une pour l'autre, nous restons tout de même prudentes. Surtout moi en fait. Parce que c'est pas dans mes habitudes de dire ce que j'ai sur le coeur. Ça viendra peut-être avec le temps... mais j'ai toujours peur de m'exposer un peu trop, et de devenir vulnérable. Avec moi, on ne sait jamais. Je ne veux pas non plus risquer de tout foutre en l'air, comme je pourrais très facilement le faire. « C’est petit à côté de l’appartement, mais ce n’est pas si mal. » C'est déjà bien même. Elle va pouvoir commencer doucement son indépendance avant d'espérer s'installer réellement dans un futur appartement. « C’est surtout sans parents. Tu pourras venir ici parfois, si tu en as envie. » Mon regard croise le sien, et il ne m'en faut pas plus pour être sur la même longueur d'onde qu'elle. J'y ai évidemment déjà pensé, même si je ne sais pas encore quelles libertés le règlement du campus nous offrira réellement. « C'est une invitation officielle ? » Je la taquine, me levant pour me jeter sur son lit avant d’ajouter. « Il va falloir que tu me fasses un peu de place dans ton lit alors. » Même sur un lit une place, il y a toujours moyen de tenir à deux. Ce n'est pas le genre de détail qui me fait peur. « Fais gaffe, je suis plutôt encombrante comme fille. » Pour appuyer mes dires, je prends volontairement toute la place sur le lit en rigolant. En tout cas, elle me connait, elle est bien placée pour le savoir. Je me relève pour me mettre sur le bord du lit, en position assise. « Bon, tu me fais visiter le campus ? » Yumi a déjà visité les lieux, mais pour ma part, je n'ai pas eu cette chance. Et ça m'intéresse de découvrir le nouvel univers de ma petite-amie.

Officiellement, ça fait maintenant deux mois que nous sommes ensemble. Bien sûr, nous n’avons pas vécu les mêmes choses que chaque couple que l’on peut croiser dans la rue. Mais nous avons tout de même essayé de passer le plus de temps ensemble, quand nous le pouvions. Ce n’est pas parce que nous cachons notre relation à beaucoup de personnes que nous ne ressentons rien l’une pour l’autre. Loin de là même. Cependant, ça rend peut-être la déclaration de nos sentiments plus compliquée. « C'est possible. » Je savais bien que je visais juste, mais ce n’était pas un reproche. Disons que c’est le genre de taquinerie que l’on se fait entre nous. « C'est une invitation officielle ? » Je hoche la tête en simple réponse. Je suis une femme de parole, je n’aurais jamais envoyé une invitation comme celle-ci si je ne voulais pas vraiment l’honorer. « Il va falloir que tu me fasses un peu de place dans ton lit alors. » À côté de l’appartement familial, ça change. Il est possible que je regrette mon doux lit de deux places dans quelques semaines. Mais ce n’est pas quelque chose d’insurmontable. Je finirais par m’y habituer et puis, je ne suis pas ici pour le restant de mes jours. « Fais gaffe, je suis plutôt encombrante comme fille. » Elle a pris place sur le lit et voilà que maintenant, elle s’y installe sur toute sa longueur. « Mi casa es tu casa. » Encombrante ou pas, je l’accepte telle qu’elle est. Elle se redresse, afin de s’asseoir sur le bord du matelas. « Bon, tu me fais visiter le campus ? » Je me rapproche un peu plus d’elle. Lorsque j’arrive à quelques centimètres, je viens encadrer son visage de mes mains.Je lui vole un baiser avant de m'éloigner de nouveau. « Oui, allons-y ! » Je n'ai pas encore eu l'occasion d'avoir cours ici, mais j'ai déjà eu l'occasion de faire un tour des lieux. Lors des portes ouvertes et plus récemment, pour donner des papiers et pour découvrir un peu. Je ne suis pas du genre anxieuse pour cela, mais c'est beaucoup plus grand qu'au lycée : me perdre en venant à mon premier cours, ça serait quand même dommage. « On pourra en profiter pour se trouver à manger. » Ici, nous pouvons seulement dormir. Autant se trouver à manger rapidement, ça nous évitera de courir après ça plus tard. Je récupère une veste, ainsi que quelques affaires et rapidement nous partons. Nous quittons l'espace dédié aux logements étudiants pour rejoindre la zone où se trouvent les enseignements. Ce n'est pas très loin, à pied, en cinq minutes nous y sommes. « C'est ici que je vais avoir une grande partie de mes cours. » L'architecture du bâtiment laisse facilement comprendre que nous sommes dans la partie artistique de l'université. À l'extérieur, il y a déjà des expositions. Sûrement celles des étudiants de l'année précédente. « L'une des cafétérias du campus est juste à côté. Ça m'évitera de devoir courir le midi. » Ce n'est sûrement pas cela qui inquiète Lou. Ça, c'est plutôt quelque chose que j'aurais dû dire à ma mère. « La piscine n'est pas à côté par contre, c'est dommage. J'espère que je pourrais continuer à nager. » Au début, ce sera peut-être un peu compliqué. Je vais devoir trouver mon rythme et me concentrer sur mes études. L'université, c'est différent du lycée. Ici, je ne pourrais pas m'appuyer sur mes facilités. Je vais devoir écouter et travailler. La natation devra malheureusement passer après tout ça.

Le fait que Yumi s'installe officiellement sur le campus de l'université est à double tranchant. D'un côté, nous serons séparées et nous n'aurons plus vraiment le même rythme de vie. Finalement, c'est un changement important et j'ai peur qu’inconsciemment les choses finissent par changer entre nous. Mais de l'autre, son début d'indépendance pourra enfin nous permettre de passer plus de temps ensemble. Comme un véritable couple j'entends. Parce que même si nous sommes ensemble depuis deux mois maintenant, nous n'avons pas vraiment les mêmes libertés que les autres couples. C'est plus compliqué pour nous d'avoir des moments rien que toutes les deux étant donné que notre relation est encore secrète. Alors pour ça, c'est quand même une bonne chose. Honnêtement, là, tout de suite, c'est ce à quoi je tente à tout prix de me raccrocher. Je n'ai pas spécialement envie de plomber l'ambiance avec des pensées négatives. Au lieu de ça, je préfère demander à Yumi une visite guidée du campus. Peut-être que de savoir exactement où elle sera et ce qu'elle fera de ses journées pourrait commencer m'aider à ne plus avoir peur, ou un peu moins déjà. « Oui, allons-y ! On pourra en profiter pour se trouver à manger. » Parfait. Pas que je commence déjà à avoir faim mais presque. Je suis un véritable estomac sur pattes. Nous partons rapidement en direction des bâtiments universitaires, situés à quelques minutes du campus à pied seulement. « C'est ici que je vais avoir une grande partie de mes cours. » C'est beaucoup plus impressionnant que le lycée, aussi bien par l'architecture des bâtiments que par leur taille. En même temps, c'est normal, il y a beaucoup plus d'étudiants à l'université, regroupés dans tous les cursus différents. Yumi, quant à elle, étudiera les arts et le design, un domaine qui à mon sens lui convient à la perfection. « L'une des cafétérias du campus est juste à côté. Ça m'évitera de devoir courir le midi. » Je souris à sa remarque avant d'ajouter. « C'est cool, ça me fait plaisir de voir un peu où tu seras. » J'imagine plus facilement ce à quoi va ressembler sa nouvelle vie. « La piscine n'est pas à côté par contre, c'est dommage. J'espère que je pourrais continuer à nager. » Ah mince. « Pourquoi, elle est où ? » A mon avis, c'est jouable. Il faut juste qu'elle s'organise comme il faut. Elle aura sans doute besoin d'un temps d'adaptation mais une fois qu'elle aura pris ses marques, il n'y a pas de raison qu'elle ne puisse plus nager. « Si tu veux, on peut y aller ensemble ? Je suis sûre que ce n'est pas si loin. » Si ça peut l'aider à se rassurer un peu. « Ça serait quand même dommage que tu finisses par te ramollir... » Ajoutais-je pour la taquiner un peu. « Déjà que j'étais meilleure que toi mais alors là ! » Ma remarque est évidemment à prendre au second degré, et en même temps, ça nous rappelle un peu le bon vieux temps et l'esprit de compétition qui régnait entre nous à l'époque quand nous nous détestions. Quand on y repense, c'est dingue de se dire que nous sommes en couple maintenant.

Arrivées vers les bâtiments d'enseignement, je fais de mon mieux pour expliquer à la jeune femme mon futur quotidien. Si c'est un peu flou, c'est normal, ça l'est encore un peu pour moi. « C'est cool, ça me fait plaisir de voir un peu où tu seras. » Même si je ne le dis pas vraiment, je suis effrayée de ce qui m'attend. L'université c'est quelque chose de gros quand même et c'est synonyme de changements, de beaucoup de changements. J'aurais préféré que la jeune femme soit avec moi pour cette étape, mais le destin en a décidé autrement et je suis sûre que de nous deux, c'est elle qui est la plus déçue, il est donc inutile de parler de cela. Sans aborder directement ce sujet, j'essaye de parler de la faculté, de ce qui m'attend dans les jours à venir : les cours, oui, mais pas que. « Pourquoi, elle est où ? » Je n'y suis encore jamais allée, mais quand j'ai posé la question à l'accueil des étudiants, la personne avait l'air dépitée de me répondre, comme si finalement, c'était elle qui allait devoir traverser tout le campus pour y aller à pied. « Si tu veux, on peut y aller ensemble ? Je suis sûre que ce n'est pas si loin. » Machinalement, je hoche doucement la tête avant d'écouter ce qu'elle a à ajouter. « Ça serait quand même dommage que tu finisses par te ramollir... Déjà que j'étais meilleure que toi mais alors là ! » « Dans tes rêves ! » Dis-je, tout en fronçant légèrement les sourcils. Il n'y a pas de méchanceté dans mes propos, comme je sais qu'il n'y en avait pas dans les siens. « C'est inné chez moi, je te bats où tu veux, quand tu veux. Même les yeux fermés. » Un peu de compétitivité, ça n'a jamais fait de mal à personne. Je lui donne un petit coup d'épaule, avant que nous prenions la direction supposée de la piscine. « Tu vas voir, c'est différent du lycée. C'est beaucoup plus grand. » Si je n'y suis pas encore allée, j'ai néanmoins fait quelques recherches. Cette enceinte sportive est réservée aux étudiants et il s'y déroule plusieurs week-ends par an des compétitions. « Je crois que c'est le maître mot ici. Tout est plus grand. » Mais ça, je pense qu'elle a déjà eu l'occasion de s'en rendre compte, même si elle n'a pu qu'apercevoir certaines parties du campus. « Je ne suis pas ici depuis longtemps, mais pour l'instant, je n'ai croisé personne que je connaissais. » Pourtant, je sais que des personnes du lycée sont ici aussi. Sur des centaines d'élèves, je ne peux pas être la seule. « C'est l'occasion où jamais de ne plus avoir les étiquettes que j'avais au lycée. » Un léger sourire se dessine sur mes lèvres, alors que je tourne le visage vers elle. Si je ne connais pas beaucoup de personnes ici, ça veut aussi dire que peu de personnes me connaissent et que je suis donc libre de pouvoir être qui je suis, d'aimer qui je veux. C'est sûrement plus facile à dire qu'à faire, mais c'est déjà un bon début. Ici, nous n'avons pas besoin de nous cacher, c'est ce que j'essaye de dire à Lou.

Cette petite visite improvisée du campus n'était pas une si mauvaise idée. Ce n'est peut-être pas grand chose en soit, mais ça m'aide quand même à mieux visualiser la vie que Yumi pourra avoir ici. J'essaye un peu de me raccrocher à tout et n'importe quoi. Garder notre passion commune, la natation, est quelque chose d'important pour moi. Même si nous sommes plus physiquement ensemble, ça me ferait chier qu'elle arrête de nager. Ne cherchez pas spécialement à comprendre pourquoi, c'est comme ça. C'est d'ailleurs ce que je tente de lui dire, déguisé sous ma pointe de taquinerie préférée. « Dans tes rêves ! » Je l'ai piqué au vif, et c'est exactement ce que je cherchais à faire. « C'est inné chez moi, je te bats où tu veux, quand tu veux. Même les yeux fermés. » Je fais mine de m'étouffer avant de pouffer de rire. Alors là, on aura tout entendu. « Ça, c'est ce que tu crois. » Nous étions les deux meilleures de notre équipe de natation. C'est d'ailleurs pour ça qu'il y a toujours eu cette histoire de rivalité entre nous. Parce que l'une faisait inconsciemment de l'ombre à l'autre. Et inversement. Mais finalement c'est aussi grâce à ça que nous étions encore plus fortes. Cet esprit de compétition nous poussait à toujours nous surpasser. Nous voilà donc parties en direction de la piscine universitaire. « Tu vas voir, c'est différent du lycée. C'est beaucoup plus grand. Je crois que c'est le maître mot ici. Tout est plus grand. » Il ne m'a d'ailleurs pas fallu longtemps pour le remarquer. Ici, Yumi sera comme une aiguille dans une botte de foin ou presque. Il y a tellement d'étudiants sur le campus qu'elle pourra facilement se fondre dans la masse. Ça ne peut qu'être une bonne chose pour elle. « Je ne suis pas ici depuis longtemps, mais pour l'instant, je n'ai croisé personne que je connaissais. C'est l'occasion où jamais de ne plus avoir les étiquettes que j'avais au lycée. » Mon regard croise le sien, et son sourire est communicateur. Je jette un œil aux alentours mais à cette heure-là, il n'y a pas grand monde dans les environs. La rentrée n'a pas encore officiellement commencé, c'est aussi pour ça. « Est-ce que ça veut dire que je peux faire ça ? » Je n'attends pas son autorisation pour venir lier mes doigts entre les siens, discrètement. Rien que le fait de pouvoir lui tenir la main dans un lieu "public" est une grande avancée dans notre couple. Et même si je m'amuse de la situation, ça me fait quand même du bien. Arrivées dans l'enceinte sportive de l'université, je suis effectivement surprise par la taille de toutes les infrastructures. Il y en a pour tous les goûts, de la piste d'athlétisme au stade de football, passant par tous les divers gymnases accueillant tous les sports possibles et imaginables. « Tu avais raison, c'est vraiment de la folie ici ! » Je me mets à courir, trouvant rapidement le panneau indiquant la piscine. Le bâtiment n'a pas l'air ouvert à cette heure-là, et pourtant, nous arrivons à trouver une porte restée entrouverte pour nous faufiler à l'intérieur. Après avoir traversé les différents vestiaires, nous arrivons finalement près de l'eau. Il ne m'en faut pas plus pour me donner envie d'y aller. « Maintenant qu'on est là, on pourrait se faire un petit plongeon. » Je m'empresse déjà d'enlever mes chaussures, sous les yeux un peu surpris de ma petite amie.

Mettre un terme à la natation, ce n’est pas ce que je veux. C’est un domaine où je suis plutôt douée, alors ce serait quand même dommage de décider de m’arrêter là. Néanmoins, avec mes études, je n’aurais peut-être pas le choix. Je suppose que l’enseignement supérieur demande plus de temps et mes parents ne me laisseront jamais arrêter tout cela pour un sport. Bien sûr, je n’en suis pas encore là et il est sûrement mieux de ne pas penser à tout cela pour l’instant. Et pour cela, il n’y a rien de mieux qu’un peu de compétition. Avec Lou, ça nous connaît plutôt bien, puisque c’est comme cela que les choses ont commencé entre nous. « Ça, c'est ce que tu crois. » Face aux autres, je n’irai jamais dire que je suis meilleure que la jeune femme. Ça ne me ressemble pas, mais face à elle, c’est plus facile. Je sais qu’au fond d’elle, elle comprend que je ne dis pas cela pour l’écraser, pour réduire sa confiance en elle ou quoique ce soit dans le genre. Ces quelques piques échangées, nous prenons la direction de la piscine et de toutes les structures sportives en général. C’est sur le chemin que je lui fais part de la possibilité pour moi de recommencer à zéro. Enfin non.. pas complètement. Disons juste qu’ici, je ne suis qu’une personne parmi des milliers. Ce que je suis importe peu, je suis donc libre de pouvoir faire ce que je veux. Avec elle notamment et ça, elle semble le comprendre bien assez vite. « Est-ce que ça veut dire que je peux faire ça ? » Dit-elle, tout en venant lier sa main à la mienne. Je hoche vivement la tête, un sourire sur les lèvres. C’est bien à cela que je faisais référence ou encore à un baiser, mais nous aurons bien l’occasion de revenir là-dessus plus tard. Après plusieurs minutes de marche, nous finissons par arriver face à tout ce qui est proposé pour le sport à l’université. « Tu avais raison, c'est vraiment de la folie ici ! » L’excitation devient palpable chez la brune. Elle cherche la piscine et m’attire avec elle dans son élan. Nous nous faufilons, sûrement illégalement, jusqu’à la piscine. Maintenant que nous avons eu l’occasion de la voir, nous pouvons repartir. « Maintenant qu'on est là, on pourrait se faire un petit plongeon. » Visiblement, Lou n’est pas du même avis que moi. « Quoi ? Tu vas me dire que tu avais prévu le coup et que tu as un maillot de bain sous tes affaires ? » Oui, bizarrement, c’est la seule option que je vois pour l’instant, pour finir dans l’eau. Mais très vite, mes neurones se connectent et je comprends ce qu’elle s’apprête à faire. « Non.. Lou, non. » Qu’elle m’écoute ? Je pense que c’est très peu probable. Alors je tente une autre approche. « Et si quelqu’un arrive, qu’est-ce que l’on va dire ? » Venant de moi, ça sonne peut-être un peu bizarre. Il est vrai que je ne suis pas du genre à chercher les problèmes, mais il ne faut pas oublier que bien souvent, je me rends dans des endroits abandonnés, alors que c’est interdit par la loi. « Tu veux que je finisse blacklistée de la piscine, c’est ça ? » Si elle veut que je continue de nager, nous faire prendre ici n’est clairement pas la meilleure solution.

Une fois arrivées vers la piscine, ça me donne forcément des idées. Il n'y a personne à cette heure-là, et même si ça avait été le cas, je ne suis pas certaine que ça aurait changé quelque chose. Là, maintenant, tout de suite, j'ai juste envie de me jeter à l'eau. Avec elle d'ailleurs sinon ce n'est pas marrant. « Quoi ? Tu vas me dire que tu avais prévu le coup et que tu as un maillot de bain sous tes affaires ? » Un maillot de bain ? Pour quoi faire ? Je hausse les épaules comme si ça n'avait aucune foutue importance avant de rire. « Absolument pas. » Je suis de nature impulsive, et pour le coup, cette envie l'est totalement. Ce n'était pas du tout calculé. Mais me connaissant, Yumi ne devrait pas être étonnée. D'ailleurs, je crois qu'elle comprend rapidement ce que je m'apprête à faire. « Non.. Lou, non. » Trop tard, j'ai déjà enlevé mes chaussures. Il ne m'en faudra pas plus pour commencer à me déshabiller. Pour l'instant, je la regarde paniquer sans rien dire. « Et si quelqu’un arrive, qu’est-ce que l’on va dire ? » C'est marrant que ce soit elle qui dise ça. Est-ce qu'elle y pense quand elle arpente volontairement des endroits abandonnés ? « Tu veux que je finisse blacklistée de la piscine, c’est ça ? » Je lève les yeux au ciel en soupirant. Là, je reconnais la Yumi un peu trop sage que j'ai longtemps voulu décoincer. « Arrête un peu de flipper, il va rien nous arriver. » Et au pire, ce n'est pas très grave. Ils ne vont pas la virer pour si peu quand même. Je suis prête à prendre toutes les responsabilités sur le dos, si ça peut la rassurer. « Détends-toi et commence à te déshabiller... à moins que tu veuilles finir dans la piscine toute habillée ? » Je ne peux m'empêcher de planter mon regard dans le sien pour lui sourire. « Ne me tente pas hein. » Je suis capable de le faire. Ou sinon, si ce n'est que ça, je peux aussi bien m'occuper de la déshabiller par moi-même. Ce n'est pas un problème pour moi, bien au contraire. De mon côté, je ne tarde pas à le faire en retirant mon haut puis mon pantalon. Se baigner en sous-vêtements ou en maillot de bain, c'est pareil non ? On a qu'une vie, qu'une jeunesse, et j'ai simplement envie de profiter de ce moment hors du temps avec elle. Ni une ni deux, je plonge dans l'eau sans attendre une seule seconde de plus. « Elle est super bonne ! » Que je réplique en sortant la tête de l'eau. « Allez, arrête un peu de te faire désirer. » Je la regarde avec des yeux de chat potté pour la faire craquer. C'est maintenant que le jeu va devenir intéressant : c'est là que je vais pouvoir voir si elle est capable de me résister ou pas. Entre nous, j'espère évidemment qu'elle n'y arrivera pas...

J’étais loin de penser que Lou souhaiterait se baigner en venant ici. En le sachant, j’aurais sûrement essayé de l’en dissuader. « Absolument pas. » Je commençais déjà à m’en douter, mais voilà que la jeune femme me confirme tout cela. Ce n’était pas dans mes plans de finir à l’eau et en réalité, ça ne l’est toujours pas. Cependant, Lou semble déterminée et je ne sais pas combien de temps je pourrais faire pour tenir. Avant même d’en arriver là, il faut que j’arrive à la dissuader de faire cela. Ce qui ne sera pas une tâche facile. « Arrête un peu de flipper, il va rien nous arriver. » Ça, elle n’en sait rien. Mais je la reconnais bien, Lou l’aventurière, celle qui n’a peur de rien. Dans d’autres situations, je la suivrais les yeux fermés, cependant aujourd’hui nous sommes dans un endroit nouveau, dans un endroit où je dois faire mes preuves et je n’ai pas envie de gâcher tout ça. « Détends-toi et commence à te déshabiller... à moins que tu veuilles finir dans la piscine toute habillée ? » Beaucoup de personnes pourraient penser que la jeune femme plaisante, mais je sais que ce n’est pas le cas. « Ne me tente pas hein. » Je sais bien qu’elle n’a pas besoin de cela pour se faire prier. Mais avant d’en arriver là, la brune se déshabille et plonge rapidement dans la piscine. « Elle est super bonne ! » Je ne peux m’empêcher de soupirer en l’entendant dire cela. Tout aurait été plus simple si elle était restée au sec. « Allez, arrête un peu de te faire désirer. » J'ai conscience que je ne peux pas rester sur le bord du bassin indéfiniment, je vais devoir finir par la rejoindre. En réalité, maintenant, ce n'est plus l'envie qui manque : la voir dans l'eau m'en a donné envie aussi. Je finis par l'imiter en retirant mes chaussures, puis mes vêtements. « Je te déteste, tu le sais ça ? » Dis-je, tout en fronçant les sourcils, sûrement pour paraître vraiment énervée. Je m'éloigne un peu du bord, prends de l'élan et plonge dans l'eau. De retour à la surface, je passe l'une de mes mains dans mes cheveux pour les mettre en arrière. « Tu veux essayer de me prouver que tu es meilleure que moi ? Dans tes rêves. » Je la défie du regard et sans attendre plus longtemps, je me lance à l'assaut du bassin. La tête la première dans l'eau, je nage le crawl comme si nous étions actuellement dans une compétition. Ce n'est pas le cas, enfin pas totalement, même si une part de nous aura toujours à cœur de battre l'autre. Lorsque j'arrive de l'autre côté, je m'arrête contre le mur et attrape la poignée au plongeoir au-dessus de moi. « Maintenant que tu nous as mis dans une telle position, c'est à toi de trouver une solution pour qu'on puisse sortir. » En réalité, sortir n'est pas vraiment le problème. Ce qui l'est, c'est la tenue dans laquelle nous le ferons : mouillées, il nous sera difficile de remettre nos vêtements.

Finir à l'eau n'était pas un acte prémédité de ma part. Mais maintenant qu'on est là, pourquoi devrait-on s'en priver ? Si Yumi ne le fait pas d'elle-même, je suis tout à fait capable de la pousser dans la piscine. Et toute habillée en plus. Elle me connait, ce ne sont pas des paroles en l'air. Mais avant ça, je préfère lui laisser l'opportunité de me rejoindre de sa propre initiative. Je suis convaincue qu'au fond d'elle-même, elle en meurt d'envie. Surtout depuis que je me suis jetée à l'eau et que je la supplie du regard. Entre nous, on sait très bien qu'elle ne pourra pas me résister trop longtemps. Très vite, elle commence à retirer ses chaussures et je ne peux m'empêcher de sourire. J'ai gagné ! « Je te déteste, tu le sais ça ? » J'en profite pour la reluquer se déshabiller sans aucune gêne, gardant un petit sourire fier au coin de mes lèvres. « Non, tu m'aimes. » C'est évident non ? Bien que nous n'ayons pas encore franchi l'étape des aveux sur nos sentiments respectifs, je pense que ce que nous vivons est vraiment sérieux. Pour ma part, en tout cas, c'est bel et bien réel. Même si je ne suis pas du genre à le crier sur tous les toits ou à l'assumer ouvertement. Je ne suis jamais trop à l'aise quand il s'agit de parler de mes sentiments. Mais je pense que depuis qu'elle me connait, j'ai quand même pas mal évolué sur le sujet. Elle prend finalement de l'élan pour plonger, venant rapidement me rejoindre dans l'eau. « Tu veux essayer de me prouver que tu es meilleure que moi ? Dans tes rêves. » Elle me défie et ne perd pas de temps pour enclencher ses mouvements de crawl jusqu'à l'extrémité de la piscine. Je me rue à sa suite essayant de ne pas trop me faire distancer, mais elle est partie légèrement en avance. Mais c'est de bonne guerre après ce que je l'ai poussé à faire juste avant. « Maintenant que tu nous as mis dans une telle position, c'est à toi de trouver une solution pour qu'on puisse sortir. » Sortir de la piscine ne sera sans doute pas l'étape la plus difficile. « C'est un détail ça. » Que je réplique sans trop réfléchir. Mais le fait que nous soyons toutes les deux mouillées est en réalité un détail un peu plus gênant. « Je suis sûre qu'on pourra trouver des serviettes propres dans les vestiaires. » Ou pas d'ailleurs, mais soyons optimistes. « Tu veux déjà t'échapper ? » Je me rapproche d'elle, plongeant mon regard dans le sien. « On pourrait aussi en profiter un peu. » Je viens déposer un baiser à la limite de ses lèvres avant de lui sourire, comme si de rien n'était. Il n'y a personne aux alentours, on ne risque rien. Et si jamais un bruit se fait entendre, on pourra toujours se planquer dans les vestiaires « Sauf si tu as d'autres projets pour nous dans l'immédiat... » Cette dernière phrase est lourd de sens. Personnellement, ce serait mentir de dire que j'en ai pas pour la suite de notre soirée... mais nous avons encore du temps devant nous, alors autant en profiter.

Être toutes les deux dans l'eau, je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée. J'ai l'habitude de me rendre dans des lieux privés, c'est vrai, mais ceux-ci sont abandonnés, contrairement à ici. La présence de quelqu'un dans les locaux est fort probable et ça me fait un peu peur. Cependant, je finis par céder à la proposition de Lou. « Non, tu m'aimes. » Pour le coup, elle a l'air bien sûr d'elle. Peut-être parce que dans le fond, c'est vrai. Mais là, tout de suite, il n'est pas question de cela : si ces mots se sont échappés de mes lèvres, c'était pour l'embêter un peu. Je ne la fais pas attendre plus longtemps et la rejoint dans l'eau, en sous-vêtements moi aussi. J'ai l'habitude de porter un maillot de bain une pièce pour nager, mais sinon, nous ne sommes pas si loin des tenues que toutes personnes peuvent porter dans une piscine. Rapidement, je la défie et me lance à l'assaut de l'eau. Comme nous le faisions au lycée, je réalise une longueur jusqu'à l'un des plots pour plonger. Si la jeune femme s'est rapidement mise à l'eau, il va maintenant falloir trouver une solution pour en sortir. Ou plutôt, pour sortir de cet endroit : mouillées, il nous sera difficile de remettre nos vêtements. « C'est un détail ça. Je suis sûre qu'on pourra trouver des serviettes propres dans les vestiaires. » Je la regarde, quelque peu amusée. « Je vois que tu as réponse à tout. » Même si selon elle, tout cela n’était pas prémédité, elle a l’air prête à toute éventualité. C’est un mal pour un bien : elle aura toujours quelque chose à me répondre, mais elle arrivera forcément à nous sortir du pétrin si quelqu’un débarque. « Tu veux déjà t'échapper ? » Lou se rapproche doucement de moi et je la suis du regard. « On pourrait aussi en profiter un peu. » Elle se rapproche encore un peu et vient m’embrasser à la limite de mes lèvres. Bon.. si je veux faire semblant de lui en vouloir, je vais devoir être forte. « Sauf si tu as d'autres projets pour nous dans l'immédiat... » « Ici ? Tout de suite ? » Dans l’eau, je ne pense souvent qu’à une seule chose : à nager. Étant quelque chose que nous avons en commun, ça ne serait pas si dérangeant que ça, mais tout de même, avec Lou sur le campus, j’imaginais autre chose. Surtout qu’en y réfléchissant bien, c’est l’une des premières fois où nous ne sommes que toutes les deux, loin de l’appartement familial. « Il ne faut pas oublier que je te déteste. » Dis-je, tout en haussant légèrement les épaules. À la base, je ne voulais pas venir dans l’eau, c’est donc à elle de trouver ce que l’on pourrait faire maintenant. « La première chose à faire serait donc de te faire pardonner. » C’est une solution aussi. Je serais bête de ne pas en profiter, non ? « En plus, je suis sûre que tu as de la suite dans les idées pour cela. » Pour arriver à ses fins, mais aussi parce que ce serait mentir de dire que de nous deux, je suis celle avec un petit grain de folie.

Maintenant que nous sommes là, pourquoi ne pas en profiter ? L'eau est notre point commun, notre passion à toutes les deux. Notre relation même est née dans une piscine. Bah oui, c'est un peu ce qui a tout déclenché entre nous non ? Qui sait, sans ça, sans l'équipe, sans notre rivalité, nous en serions probablement pas là aujourd'hui. En réalité, c'est même presque sûr. D'être ici avec elle me rassure un peu pour la suite. Pourtant c'est rien, mais le simple fait de partager ce moment dans cet endroit, l'un de ceux qui deviendront son nouveau quotidien, me fait du bien. J'ai comme l'impression de vivre cette nouvelle avec elle. Ce sentiment risque d'être éphémère, mais je décide justement d'en profiter pendant ce laps de temps. La vie est trop courte, je suis malheureusement bien placée pour le savoir. « Ici ? Tout de suite ? » Et pourquoi pas ? Parfois, il n'y a pas besoin de mots pour se faire comprendre. Sur le coup, le sourire que je lui offre en guise de réponse est entièrement suffisant. Dans ma tête, en tout cas, ce n'est pas les idées qui manquent. « Il ne faut pas oublier que je te déteste. » Entre la haine et l'amour, il n'y a souvent qu'un pas... Nous en sommes d'ailleurs la preuve vivante. « La première chose à faire serait donc de te faire pardonner. » Ok, je vois. Madame veut jouer. « En plus, je suis sûre que tu as de la suite dans les idées pour cela. » Un rire s'échappe d'entre mes lèvres alors que je ne peux m'empêcher de la bouffer du regard. Ce même regard qui dérive sur le haut de son corps sans aucune gêne. C'était définitivement une bonne idée de se baigner en sous-vêtements. En soit, la tenue n'est pas si différente que si nous étions toutes les deux en maillot de bain. Et pourtant... à mes yeux, c'est quand même autre chose. Peut-être parce que c'est la première fois que nous nous baignons toutes les deux, en intimité. « Je ne vois pas du tout où tu veux en venir. » Répliquais-je, innocemment. Je fais volte face pour nager jusqu'à l'autre extrémité de la piscine, le seul coin où nous avons pied. J'invite la jeune femme à me rejoindre du regard. Ça sera plus confortable d'avoir pied, si nous ne nageons pas. A l'aide de mes bras, je remonte pour m'asseoir au bord de la piscine, gardant les pieds dans l'eau, non loin d'elle. Je me penche un peu, volontairement, tout en la défiant du regard. La vue qui s'offre à elle est sans équivoque. « Si on part du principe que j'ai vraiment à me faire pardonner - ce qui n'est évidemment pas le cas - je commencerai sans doute par faire ça. » Je me penche encore un peu, jusqu'à venir capturer délicatement ses lèvres. Ma langue s'invite sans prévenir à la danse, et le baiser que je lui offre devient rapidement plus passionnel. L'une de mes jambes vient frôler ses côtes dans un mouvement verticale. Je finis par me redresser, laissant à notre baiser un léger goût d'inachevé. Je lui souris pendant quelques secondes, comme si je profitais de ce moment de la plus belle des manières. D'un geste habile, je dégrafe alors mon soutien-gorge dans un rire légèrement amusé. « Oups. » Dans cette situation, je la surplombe et lui laisse donc tout le loisir d'en profiter. Je suis peut-être en train de faire une connerie, dans un lieu public, mais là, tout de suite, je ne pense plus à rien d'autre qu'à elle. A nous. A cette bulle dans laquelle nous sommes plongées rien que toutes les deux.

Ce que nous pourrions faire dans l'immédiat, je l'ignore. Venir ici, c'était déjà son idée et étrangement, même si je suis dans un endroit où j'ai l'habitude d'être à l'aise, Lou amenuise ma confiance. Il y a de ça, mais aussi un peu de panique. C'est sûrement un peu bête, mais d'être seule avec elle ici, pour la première fois depuis bien longtemps maintenant, ça me fait peur : il faudrait être idiot pour ne pas imaginer que des gestes plus tendres, plus intimes pourraient arriver et je ne sais pas si je suis prête pour cela. « Je ne vois pas du tout où tu veux en venir. » J'ai comme l'impression que sa phrase est ironique, mais je n'en serais sûre qu'une fois où j'aurais compris où elle veut en venir. Sans un mot de plus, la jeune femme nage jusque de l'autre côté du bassin. Malgré ce geste, je n'en sais pas plus sur ses intentions, alors je reste là, sans bouger, jusqu'à ce que Lou m'invite à la rejoindre. Je m'avance dans l'eau, jusqu'à l'endroit où elle se trouve. Grâce à ses bras, elle se hisse en dehors de l'eau et s'assoit sur le bord de la piscine. « Si on part du principe que j'ai vraiment à me faire pardonner - ce qui n'est évidemment pas le cas - je commencerai sans doute par faire ça. » Elle se penche un peu plus vers moi, suite à un rapprochement qu'elle a initié avant sa phrase, et m'embrasse. D'abord tendre, ce baiser prend une tout autre tournure lorsque la langue de la jeune femme s'immisce au milieu de tout cela. C'est peut-être bête, mais Lou a un réel effet sur moi. Cet échange à peine commencé, je sens la chaleur monter dans le bas de mon ventre. Ce genre de baiser, je pourrais en faire et en recevoir à longueur de journée, par la jeune femme et uniquement elle bien sûr. Malheureusement, elle décide d’y mettre fin et se redresse légèrement. Je fronce légèrement les sourcils, dans l’incompréhension de ce qui est en train de se passer. C’est alors qu’elle dégrafe son soutien-gorge, un large sourire sur les lèvres. « Oups. » Avec la gravité, le morceau de tissu ne tarde pas à s’éloigner de sa peau. Naturellement, mon regard s’attarde sur ses formes, avant que je ne relève la tête. « Qu’est-ce que tu fais ? » Les battements de mon cœur se sont accélérés : je crois que je panique un peu. Parce que nous sommes dans un lieu public et que quelqu’un pourrait arriver à n’importe quel moment, oui, mais aussi parce que j’ignore quoi faire. Je reste statique face à elle et pour éviter d’une certaine gêne s’immisce entre nous, il est peut-être préférable que je lui donne des explications. Je m’avance un peu vers elle et me glisse entre ses jambes, alors que mes mains viennent encadrer ses cuisses. « Je n’ai jamais fait ça. » Plus vite on arrache le pansement, moins ça fait mal, non ? Malheureusement, ce n’est pas la partie la plus difficile. Cette révélation n’est pas tant une surprise que ça pour elle, que Lou soit la première fille avec qui je sors, n’importe qui pourrait le dire, si jamais ils étaient au courant. Mais par contre la nouveauté, c’est mon inexpérience la plus totale sur toutes les relations intimes. Je baisse légèrement la tête et continue sur ma lancée pour ne plus rien avoir à lui cacher. « Ce n'est arrivé qu'une fois, comme ça. Je n'étais pas vraiment maîtresse de mes émotions. » C'était consenti, ce n'est pas ce que j'essaye de dire là. Mais disons que j'ai fait cela pour la forme, plus que par envie.

La situation se prête à un éventuel rapprochement. Et entre nous, je ne vais pas me faire prier pour en profiter. Qu'on soit rien que toutes les deux dans cet endroit me donne quelques idées. Et le fait que ce soit dans un lieu public rajoute en plus une pointe d'excitation qui ne me laisse pas indifférente. Parfois, j'oublie que Yumi n'est pas aussi expérimentée que moi avec les filles. C'est un détail auquel je ne pense pas, dans le sens où je ne m'arrête pas à ça. Je suis bien avec elle, tellement bien que j'ai envie d'aller plus loin. Jusqu'à maintenant, nous n'avons pas vraiment eu l'occasion d'être intimes. A part la dernière fois où ses parents n'étaient pas à la maison. Mais il ne s'est rien passé d'extraordinaire puisque son frère était venu semé le trouble dans notre moment. En attendant, j'ai besoin aussi de passer des moments comme celui-là avec elle. Alors oui, là, dans l'eau, mon esprit commence facilement à divaguer. Si ma petite-amie a tout d'abord l'air perplexe, le baiser que je lui offre en dit long sur mes véritables intentions. En bonus, je viens retirer mon soutien-gorge que je laisse flotter dans l'eau, un sourire aux lèvres. « Qu’est-ce que tu fais ? » Sa réaction n'est pas vraiment celle que j'attendais. Et en même temps, je ne peux pas lui en vouloir. Je crois que le contexte un peu particulier de la situation ne joue pas en ma faveur. Je me contente de sourire, tout en haussant les épaules, d'un air innocent. Je crois qu'elle a très bien compris ce que j'étais en train de faire - ou ce que je tentais d'initier d'une quelconque manière que ce soit. « Je n’ai jamais fait ça. » Jusque là, je suis au courant : je suis la première fille avec qui elle est en couple. Et ce n'est pas pour me déplaire. C'est toujours flatteur d'être "la première" de quelqu'un. Encore plus quand cette personne est quelqu'un à qui on tient. « Ce n'est arrivé qu'une fois, comme ça. Je n'étais pas vraiment maîtresse de mes émotions. » Ah. Avec cette nouvelle révélation, je comprends mieux sa réaction. Même avec les garçons, Yumi n'est pas réellement expérimentée. « T'étais bourrée ? » C'est la première chose à laquelle je pense lorsqu'elle me dit ça. Mais ce n'est pas une question piège, juste de la curiosité. Je veux qu'elle se sente en confiance avec moi. Elle ne doit pas avoir peur de se confier à moi, ou de me parler. Je suis d'ailleurs contente qu'elle le fasse. « En vrai, on s'en fout, ça ne change rien. » Je secoue un peu la tête avant de lui sourire. « L'important, c'est que tu sois prête. » Je me laisse glisser à nouveau dans l'eau pour venir la rejoindre, l'enroulant de mes bras. « Je ne veux pas te forcer à faire quoi que ce soit. Si tu n'as pas envie, il n'y aucun problème avec ça. » Je préfère la rassurer sur le sujet. « On dirait pas comme ça, mais je sais me tenir. » Ajoutais-je en rigolant. Il faudra juste que je prenne sur moi pour contenir certaines de mes pulsions. Le problème, c'est qu'un simple baiser avec elle fait naître en moi des émotions légèrement incontrôlées.