in a world that we design (violet + alexander)

in a world that we design @Alexander Ferguson

Tu as arrêté de compter les mois de tentatives vaines, c’est probablement plus sain. Mais si toi tu ne fais plus attention au nombre, l’horloge ne s’arrête pas pour autant. Elle tourne même frénétiquement et tu ne peux pas l’arrêter. Certains t’ont conseillé de faire une pause pendant un ou deux mois, histoire de faire retomber le stress et de retrouver une approche un peu plus joyeuse à l’idée d’avoir un enfant, mais tu sembles incapable de t’y résoudre. Alors, tu te retrouves une nouvelle fois allongée sur ton lit queen size, à contempler le plafond pendant que tu espères que la chance vous sourira cette fois ci.

Du coin de l’œil, tu aperçois ton meilleur ami bouger, et ta réaction est immédiate : « Alexander Ferguson, reviens ici tout de suite. » Tu réussis l’exploit de prendre un ton à la fois semblable à celui d’une mère agacée et à celui d’une enfant suppliante. « Si je suis coincée comme ça, la tête en bas, comme une idiote, y’a pas de raison pour que tu ne le subisses pas aussi.. » Comme pour ponctuer ta phrase, tu places un coussin sous ton bassin, le surélevant ainsi, et ajustes tes talons calés en l’air contre le mur. Tu n’y crois pas à toutes ces petites astuces de grand-mères glanées sur le net, pas vraiment, mais tu ne perds rien à essayer après tout. Quelques minutes que tu aurais, de toute façon, passées à te ronger les sangs. « Raconte-moi quelque chose. Une visualisation positive. Une terre fertile, un pommier gorgé de fruits… Un truc de la sorte. . » Ca aussi, c’est un conseil que tu as lu, mais jamais encore essayé. Apparemment, avoir un état d’esprit positif serait la clé de la réussite. Il ne faut pas seulement que le corps soit prêt, il faut que la tête suive et qu’elle soit réceptive. C’est probablement le plus difficile pour toi, qui es d’habitude si solaire, si enjouée. Tu connais souvent des hauts et des bas, tu as même eu des périodes bien plus sombres que celle-ci, mais tu peines à garder un moral au beau fixe quand l’univers semble décidé à te faire des pieds de nez. Les mains croisées sur le sternum, tu finis par tourner la tête pour regarder Alec. C’est d’une voix beaucoup moins assurée que précédemment que tu demandes, derrière des yeux de biche : « Ca va marcher cette fois, hein ? »