expect the unexpected // OKSANA&JULES

expect the unexpected
@Jules Vaughn

« Who would have thought writing could make you that rich… » soufflait-elle en arrivant dans le quartier de Bel Air. Elle suivait ce que son téléphone lui dictait, observant les alentours, surprise de se retrouver dans un tel coin de la ville. Elle avait trouvé l’adresse en ligne, mais malgré la mention 'Bel Air' dans cette dernière, elle s’était tout de même imaginée sonner à la porte d’un appartement un peu délabré et en voir surgir un homme négligé avec une barbe touffue. Mais voilà qu’elle se retrouvait à suivre google map jusque dans les beaux quartiers, au pied d’un immeuble bien trop luxueux pour qu’un simple écrivain y réside. « Next thing you know my father is gonna be bloody JK Rowling. » marmonnait-elle alors que son téléphone lui indiquait qu’elle était à la bonne adresse. Elle le glissant dans la poche de sa veste en jean avant de se racler bruyamment la gorge pour s’adresser au doorman qui faisait le pied de grue devant l’entrée. « Hi, Jack Burton lives here, right? » L’homme hochait la tête et l’espace d’un instant Oksana s’imaginait qu’il allait la prendre pour une fan de l’écrivain. « I’m his daughter, not a groupie. » clarifiait-elle aussitôt. L’homme l’observait de haute en bas, visiblement pas vraiment convaincu ; peut-être avait-il déjà entendu ce genre d’excuse au paravant. Oksana n’attendait pas d’autorisation de sa par, après tout il n’était que là pour ouvrir la porte, il n’avait aucune autorité… right? Elle se glissait entre les portes d'entrée avant de presser le pas jusqu’à l’ascenseur. Les portes de se dernier se refermaient derrière alors qu’elle restait un peu bête devant le nombre de bouton qui lui faisaient face. Très vite elle réalisait qu’elle ne pouvait pas se rendre jusqu’en haut sans un badge et optait donc pour l’avant dernier étage. Le trajet en ascenseur lui paru durée une éternité, à croire qu’elle montait jusqu’au centième étages d'une tour à Dubai. Les portes en métal se rouvraient enfin sur un long couloir dans lequel elle s’engouffrait, rejoignant ensuite les escaliers, avant de gravir les marches quatre à quatre pour pousser une porte l’amenant dans un petit hall d’entrée. « ok… this gotta be it. » chuchotait-elle en s’approchant de la porte. Prenant une profonde inspiration elle se décidait rapidement à sonner, ne voulant pas faire durer le suspense plus longtemps. « Hi there, I’m…. -oh you’re not a Him. » lâchait-elle alors que la porte s’ouvrait enfin, non pas sur un barbu mais sur une magnifique rousse, bien trop féminine pour que ce soit son père. « Hm…sorry, i’m looking for Jack Burton, I thought he lived here but maybe I googled it wrong. » admettait-elle dans un sourire navré. Cette rousse devait certainement être sa femme. Oksana n'était pas naïve, elle se doutait bien que s'il n'avait jamais été dans sa vie c'est qu'il en avait une autre ailleurs.

expect the unexpected
@Oksana Belyaev

Les nombreuses invitations qui, jadis, rythmaient tes semaines et contribuaient probablement à combler un certain vide émotionnel et le silence du penthouse qui te contrarient aujourd’hui. Elles te drainent de ton énergie et pèsent sur tes épaules, tout simplement parce que tu préfèrerais être ailleurs. Tu te surprends, de plus en plus, à refuser les sorties, à aligner les excuses pour esquiver tel dîner, ou telle soirée de lancement. Mais cette fois-ci, malgré tes efforts, tu ne peux pas y échapper. Tu te sens un peu coupable, il faut dire. Fêter la publication du nouveau roman de l’un de tes auteurs fétiches, l’un des premiers que tu as signés chez Capulet, devrait te réjouir au plus haut point et te faire plaisir. La solution serait toute trouvée. Si tu pouvais seulement arriver au bras de Nicola plutôt que d’inventer une énième excuse pour expliquer l’absence de Jack… Ton existence retrouverait une agréable intégrité, et ton cœur cesserait de balancer comme sur un manège infernal.

C’est donc avec un enthousiasme absent des radars que tu te prépares à quitter ton cocon pour les heures à venir, une chemise pas encore totalement boutonnée sur le dos, et ornes tes oreilles de simples perles. La sonnette qui retentit dans l’appartement ne te surprend qu’à moitié. Il n’est pas rare que le concierge monte livrer des colis, du courrier ou autres délicates attentions destinées à ton charmant mari – plus occasionnellement des manuscrits urgents que tu attends depuis plusieurs semaines. La porte que tu ouvres ne laisse cependant pas entrevoir la silhouette familière de Sam, mais celle d’une jeune femme. « Hi there, I’m…. -oh you’re not a Him. » D’un ton froid et protecteur, tu retorques aussitôt : « Obviously. » Trop habituée à ce genre d’intrusion, tu refermes légèrement le panneau de bois pour ne pas dévoiler ton intérieur et percer encore plus votre intimité. « Hm…sorry, i’m looking for Jack Burton, I thought he lived here but maybe I googled it wrong. » Maudissant intérieurement la sécurité – d’habitude beaucoup plus efficace dans cet imeuble de luxe – et internet car on peut y dégoter n’importe quelle information pour peu savoir où chercher, tu lui dis pour toute réponse : « You really shouldn’t be here. » Toi qu’on connais si souvent avec une voix douce et un sourire mielleux, tu te transformes en femme de glace qui défend son territoire. « Please leave. » Tu ne prends même pas la peine de la questionner, de lui demander ce qu’elle fait là. Des groupies, tu en as croisé à la pelle. Et si tu admets que celle-ci n’a pas la même allure que les autres, pourquoi en serait-il autrement ?

expect the unexpected
@Jules Vaughn

L’accueil était glacial, la rousse refermant déjà en partie la porte sur Oksana tout en lâchant un simple: « You really shouldn’t be here. » Est ce qu’elle savait déjà qui elle était et refusait de faire face au tromperie de son époux ? ou est ce qu’elle la chassait simplement comme elle chasserait n’importe quel intrus? L’anglaise ne savait pas trop mais elle ne comptait pas partir à peine arrivée. Elle n’avait pas fait tout ce chemin pour rien, elle voulait le rencontrer, au moins une fois, se présenter, lui dire « salut, je suis ta fille. » même si la réaction de son père risquait certainement de la décevoir. « Please leave. » Elle secouait rapidement la tête. « No, no, please don't send me away. You don’t understand : I’m his daughter. » lâchait-elle aussitôt. Ca lui semblait toujours étrange de dire ça, parce qu’elle avait grandi sans père et quasiment sans mère vu que celle ci avait pris le rôle de coach très tôt, alors s’identifier comme étant la fille de quelqu’un semblait vraiment étrange, comme si ce mot était étranger à son vocabulaire. « I’ve even been told I kinda look like him… I’m not too sure about that though, since I’ve only seen pictures of him… » Ajoutait-elle, échappant un léger rire comme pour rendre la conversation plus légère, même si en soit elle venait de dire à cette femme que son mari l’avait trompé et qu'elle en était la preuve vivante. « I’m so sorry to barge in like this... and to introduce myself like that, but I’ve recently moved in town and I was hoping to finally meet him… to see what he’s like. » Son regard était doux, limite suppliant, elle avait vraiment envie de le connaitre, qui qu’il soit. Alors oui, s’il fallait chambouler la vie de cette belle rousse pour ça, tant pis. La sienne avait été assez chaotique comme ça, elle avait bien le droit de réclamer un peu de cet amour parental qu’elle n’avait jamais eu.

expect the unexpected
@Oksana Belyaev

« No, no, please don't send me away. You don’t understand : I’m his daughter. » Tu n’as jamais eu une pokerface très performante, mais l’espace de quelques microsecondes tu es certaine qu’elle peut lire avec exactitude la stupeur qui flash sur ton visage. La douche froide qui glace ton sang et le doute qui te monte au cerveau depuis le fin fond de ton estomac, teintant sur son chemin ta peau diaphane de cramoisi. Mais rapidement, tu les balayes d’un revers de main en te disant qu’il est bien facile d’inventer des histoires pour arriver à ses fins. « I must admit, I had never heard this one before. » Des fans – voir même des tabloïds – qui racontent des bobards à ne plus savoir démêler le vrai du faux, c’est monnaie courante. Tu as appris, avec les années,  à fermer les yeux et à calmer ton cœur inquiet. A fermer ta porte, également.

Tu t’apprêtes justement à te calfeutrer dans l’intimité de ton chez toi quand la blonde te décroche une nouvelle hésitation. « I’ve even been told I kinda look like him… I’m not too sure about that though, since I’ve only seen pictures of him… » Tu ne peux t’empêcher de froncer les sourcils pour étudier la jeune femme. Non, tu ne le vois pas. Ses traits sont beaucoup plus fins et doux que ceux de Jack. Ses cheveux trop clairs, ses yeux légèrement trop foncés. Non, décidément l’imposture a assez duré. Mais alors que ton expression se referme dans son masque de sévérité, ça fait tilt. Si elle n’a pas grand-chose en commun avec ton mari, celui que tu connais depuis des années, la ressemblance avec la photo qui trône sur la commode de Tess, sa mère, est saisissante. Aussitôt, tu entends sa voix qui résonne dans tes oreilles, murmurant « my sweet little angel » et qui regrette la bouille innocente de l’enfant qui deviendra écrivain. Un frisson parcourt ton échine. Non, c’est tout bonnement impossible. Tu as beau avoir envie de le réfuter catégoriquement, ton cerveau s’emballe déjà dans des calculs dangereux. Des calculs dont tu redoutes le résultat. Une équation qui ne tournera en ta faveur que si x, l’âge de celle qui se tient en face de toi, est supérieur à 28. Et là, pas besoin de calculatrice, l’erreur est grosse comme une maison.

« I’m so sorry to barge in like this... and to introduce myself like that, but I’ve recently moved in town and I was hoping to finally meet him… to see what he’s like. » Elle te tire de ta torpeur dans une supplication. Malgré le choc et l’incrédulité, malgré ta raison qui fait des pieds et des mains pour te rassurer, tu la trouves touchante. Alors, dans un dernier élan de générosité, tu décides de ne pas cracher davantage de venin, te contenant de répondre : « I’m sorry, you’re mistaken. He’d tell you himself, but he isn’t here. » Tu restes fermes mais comprehensive, et ajoutes même quelques mots plus doux : « I hope you find what you’re looking for. » Tu espères juste que ce ne sera pas dans ta maison.

expect the unexpected
@Jules Vaughn

 « I must admit, I had never heard this one before. » Oksana n’arrivait pas à savoir si cette remarque jouait ou non en sa faveur. D’un côté elle passait pour une fan folle, mais d’un autre la folie de la situation ferait peut-être ouvrir les yeux de la femme qui se tenait devant elle. La rousse était vraiment sur le point de refermer la porte quand soudain son regard s’attardait sur les traits de Oksana. Peut-être qu’elle le reconnaitrait dans son visage ? Après tout on lui avait souvent dit qu’elle lui ressemblait. Mais la rousse restait de glace, imperturbable, bien que Oksana aurait juré voir le doute voiler légèrement son visage. « I’m sorry, you’re mistaken. He’d tell you himself, but he isn’t here. » une certaine tristesse venait assombrir le regard pétillant d’espoir de l’anglaise. « I hope you find what you’re looking for.  » Oksana perdait espoir, reculant d’un pas avant de soudainement trouver une autre façon de peut-être convaincre la rousse: « He was in England during the month of April, or March, 1997, wasn’t he? nine months later I was born. I swear I’m not making this up. I can show you my ID. » Et sans attendre de réponse de sa part, la blonde tirait son porte feuille de son sac pour en sortir son permis de conduire sur lequel figurait sa date de naissance. « I’m a capricorn so I’m not donna let it go that easily. » ajoutait-elle en pouffant de rire avant de rendre son sérieux. « Could you let me know when he’ll be around ? So I can finally meet him…  »

expect the unexpected
@Oksana Belyaev

Décontenancée, ton malaise se transforme rapidement en agacement quand tu vois que la jeune femme ne semble pas prête à lâcher l’affaire. « He was in England during the month of April, or March, 1997, wasn’t he? nine months later I was born. I swear I’m not making this up. I can show you my ID. » Tu lèves les yeux au ciel en répondant aussitôt : « You know what? Yes. Probably. And I’m sure he was in Ukraine the next year. He’s always travelling for his books, you know that. It doesn’t prove or mean anything. » Tu te retrouves avec son permis de conduire dans les mains sans l’avoir demandé et y jettes un coup d’œil pendant qu’elle continue. « I’m a capricorn so I’m not donna let it go that easily. » Elle t’a perdue, définitivement. L’astrologie, très peu pour toi, et tu n’as vraiment pas envie de rire.« Could you let me know when he’ll be around ? So I can finally meet him…  » La frustration commence à se lire sur ton visage. « Look miss, I think I have been nice enough. » Tes pas te conduisent vers la porte, et c’est fermement que tu finis par ordonner à la blonde de te laisser tranquille. « You need to leave now. » Coupant court à la conversation, tu ne lui laisses pas l’occasion de protester ou de continuer à plaider son dossier et verrouilles ton appartement derrière elle.