Um novo começo com você, meu amor - ft Iago

Son employeur lui avait donné sa journée. C’était une manière de le remercier pour les nombreuses heures supplémentaires qu’il effectuait sans envisager d’être payé. Iago ne comptait pas ses heures, sans doute parce qu’il affectionnait tout particulièrement le métier dans lequel il s’était reconverti à la suite de son accident de terrain. Si l’idée avait été douloureuse au début, car il avait passé plus de dix ans dans l’armée, il avait finalement pris conscience de la chance qu’il avait d’être encore vivant. Il aurait pu y passer comme nombre de ses coéquipiers si Alessandro n’avait pas tout fait pour lui sauver la vie. Il avait eu du mal à entendre qu’il avait eu cette chance, car les premiers mois, il y avait eu cette saveur amère dans sa bouche qui lui avait retourné bon nombre de fois le ventre. Alessandro avait été son roc comme toujours et petit à petit, il lui avait rappelé qu’effectivement il valait mieux qu’il soit vivant que mort, même si cela signifiait qu’il avait une jambe en moins. Le deuil est une science inexacte. Tout le monde a sa manière de le vivre, de l’affronter ou de le fuir. Sans Alessandro a ses côtés, de nombreuses fois, il aurait sombré dans les ténèbres. Alessandro était son sauveur, celui qui avait maintenu sa tête hors de l’eau lors des mauvais jour quitte à s’oublier lui-même et malheureusement, c’est ce qui s’était produit. Il avait mis de longs mois pour s’en rendre compte. Il avait su pour son trouble, mais n’avait pas encore eu la capacité de réellement le comprendre. Lorsque la vérité avait éclaté, il avait dû faire face à la réalité, la sienne et la leur. Les conséquences que cet accident avait eu sur leur vie en dehors du champ de combat. Il avait fait face à la jalousie, à la froideur de l’épouse de son ami lors de leurs rares rencontres. Cela lui avait fait prendre conscience que l’équilibre sur lequel avait reposé leur vie avait été chamboulé et qu’Alessandro avait encore trop les idées chamboulées pour réellement prendre conscience de la réalité. Alessandro était à ses côtés, mais c’est son âme de secouriste qui essayait de le sauver, de le maintenir hors des ténèbres. Seulement en faisant cela, en le privilégiant, il blessait inexorablement sa femme et restait en retrait par rapport à son enfant, creusant d’autant plus le fossé que des années de service avait créé entre eux. Iago ne pouvait pas le regarder prendre le risque de cacher sa famille, alors il avait pris la décision de quitter New York pour rejoindre Los Angeles, y construire les nouvelles fondations de son existence. Cela n’avait pas été une décision facile à prendre, mais le poids sur les épaules d’Alessandro, son irritation face à des remarques qui l’agaçaient, lui conférant une attitude plus sombre avaient fini par le convaincre. Il avait pris la bonne décision. Iago le savait, même s’il se sentait égaré dans ce quotidien sans lui. Ils avaient été camarades durant près de dix ans, deux frères d’armes, qui ne s’étaient jamais quitté en dehors de leurs permissions ou entre deux missions. Le manque était toujours conséquent, même des mois après son retour malgré la présence plus qu’appréciable de Zephyr. Zephyr qui était la raison par le passé de son regard assombri au cours de sa convalescence tant le manque était conséquent. Les rôles avaient changé et une fois de plus, Iago se sentait incomplet. Suffisamment pour ressentir le besoin de le contacter tout en sachant qu’il ne le ferait pas. Iago avait accepté de passer en second plan, de laisser Alessandro faire le tri dans ses sentiments. Un peu comme à l’époque où les lèvres d’Alessandro s’étaient posées sur les siennes alors qu’il venait tout juste de découvrir qu’il était père. S’il était le choix final d’Alessandro, il voulait être certain que c’était une décision prise en son âme et conscience. La même approche qu’il avait avec Zephyr depuis leur adolescence. Une cigarette aux coins des lèvres, son regard se perd naturellement sur les deux clichés de ces deux hommes, ceux qui possèdent une partie de son âme, de son identité. Un soupir s’épanche hors de ses lèvres alors qu’il rejette la fumée au travers de la fenêtre ouverte contre laquelle il s’est calé pour fumer. Il se rend compte qu’il n’a pas reçu de SMS d’Alessandro de la journée. Fait plutôt rare de sa part même s’ils sont peu nombreux. Il a bien senti que la nature de leur relation n’était plus un secret pour sa conjointe ou même les proches de son amant. Son regard se porte naturellement sur les esquisses d’un nouveau tatouage qu’il compte ancrer sur sa peau prochainement. Il prend son temps pour bien le travailler, qu’il corresponde exactement à ce qu’il a en tête. Un moyen d’immortaliser ces deux hommes dans sa chair à défaut de les avoir à ses côtés au quotidien. La sonnette attire son attention et il écrase naturellement son mégot dans le cendrier posé sur sa table basse alors qu’il se dirige vers l’interphone. Il se demande qui cela peut être. Il accueille peu de visiteurs à part Ugo et Zephyr, peu de personnes connaissent son adresse. Il s’est efforcé de rester discret depuis son retour à Los Angeles, afin de s’assurer de rester loin des affaires familiales. Une voix familière l’accueille au bout du fil même s’il ne la reconnait pas immédiatement à cause des interférences de l’appareil, à moins qu’il n’envisageât absolument que cela puisse être cette personne. Pourtant lorsque son identité se fait connaître, c’est une véritable explosion qui ravage son cœur alors que son esprit prend conscience de la réalité. Alessandro. Il en est dérouté alors que ses doigts viennent naturellement actionner le bouton pour lui permettre de monter. Que fait-il là ? Est-ce qu’il s’est passé quelque chose ? L’incrédulité et l’inquiétude se mêle à cette joie qui menace de submerger son échine. Une fébrilité qui le gagne alors qu’il entend de nouveau la sonnette raisonner dans son appartement, lui prouvant que son esprit s’est échappé à sa raison. Il ouvre naturellement la porte pour se retrouver face à lui, prenant réellement conscience de la réalité sans réellement la comprendre. Il lui a manqué. C’est une évidence si brûlante qu’elle manque de le clouer sur place s’il ne le savait pas déjà. Sa respiration se fait courte alors qu’il le sent approcher, réduire à néant la distance entre leurs deux échines qui se percutent dans une étreinte passionnée. Alessandro débute ce baiser, mais les sens de Iago se mettent immédiatement en action à son contact. Ses phalanges glissent autour de sa hanche, son autre menotte retrouve sa nuque pour plonger dans ses boucles ébènes qui se sont tant faites désirées sous ses doigts. Le bruit sourd de son sac est un fait que son esprit omet dans cet instant de passion amoureuse où il retrouve la pulpe de ses lèvres et du grain de sa peau sous ses doigts. Le baiser se fait vorace et il ne peut retenir un grognement qui exprime le plaisir qui l’étreint de l’avoir tout contre lui de nouveau, après des semaines d’absence. Pourtant le manque d’air se fait ressentir et il lui semble avoir parcouru un marathon lorsque leurs lèvres décident de se désolidariser pour reprendre un souffle qui leur manque. Sa respiration est hachée alors qu’il vient plonger son visage dans sa nuque pour s’enivrer de son odeur tout en tâchant de garder un brin de raison à son contact. Sa chair est brûlante. Son excitation est évidente tant il lui a manqué. « C’est tellement bon de te sentir de nouveau, mio bello. » Il murmure dans le creux de son oreille tout contre sa nuque. « Qu’est-ce qui t’amène à LA ? » Il le questionne alors que ses phalanges caressent sa hanche et sa nuque. Il s’intime à s’éloigner doucement de lui, de rompre le contact pour l’inviter à entrer. Il n’aimerait pas qu’un de ses voisins s’immiscent dans leur intimité. Elle leur appartient, à défaut que cet homme lui appartient réellement un jour. « Entre, je t’en prie. » Il lui indique alors qu’il vient refermer derrière lui pour rejoindre son frigo où il en extirpe deux canettes de bière. Il en tend une à son amant alors qu’il vient se poser à ses côtés. Son regard s’égare sur le sac d’Alessandro, s’efforçant d’obtenir des informations précieuses pour avoir une idée claire sur la situation, et ce malgré le fait qu’il meurt d’envie de s’emparer de ses lèvres et de retrouver la chaleur de ses bras. Il vient naturellement ranger ses esquisses dans son cahier à dessin alors qu’il lui offre un sourire sincère. Il vient doucement presser sa cuisse pour lui signifier qu’il est heureux de l’avoir là même s’il ne sait pas trop s’il doit s’en réjouir ou si c’est de mauvais augure.

Toi ! La raison est aussi simple que cela. Elle ne devrait pas le surprendre, mais c’est bel et bien le cas. Elle le déroute et l’ému à la fois, car il semblerait qu’Alessandro a pris une décision. Laquelle, il l’ignore encore et il compte bien en savoir plus dans les détails. Ce n’est pas qu’une visite de courtoisie. Il le sent au fond de ses tripes. L’espoir de l’avoir de nouveau dans sa vie fleurit dans sa poitrine, mais il s’efforce de ne faire aucune hypothèse. L’espoir est parfois une dangereuse chose. En conséquence, malgré le plaisir brut de l’avoir tout contre lui, Iago prend la décision de rompre cette étreinte, de l’inviter à prendre place dans son appartement afin de leur permettre de retrouver une intimité nécessaire, loin des regards des indiscrets. Il lui sert une bière avant de le rejoindre sur le canapé. Sa main se perd sur sa cuisse, car il est évident qu’il ne peut masquer son besoin d’être en contact avec son amant. Il savoure une gorgée de sa bière à son tour, laissant le temps à Alessandro de faire le tri dans ses pensées. Le silence n’a jamais dérangé le tatoueur, qui est d’une patience à toute épreuve. La vérité éclate dans un soupire. J’ai demandé le divorce à Naomi. Iago perçoit une forme d’indifférence dans sa voix qui l’oblige à lui octroyer toute son attention pour percevoir réellement ses émotions. C’est une décision murement réfléchi de la part de son amant. Il n’a aucun doute à ce sujet tant Alessandro semble assuré sur sa décision. Le bras de l’ambulancier glisse autour de son cou, l’attire à lui pour s’enivre de son odeur, rendant le contact entre leurs deux échines que plus étroit. Son souffle s’égare sur sa peau et Iago n’y est pas indifférent. Il se sent bien, à sa place, sa hanche contre la sienne et son bras autour de son coup. Sa remarque lui arrache un sourire amusé, car Alessandro a un ton tendre en la disant. Il sait qu’Alessandro l’a beaucoup moins apprécié lorsqu’il avait indiqué son attention de retrouver Los Angeles. Il n’avait pas eu à préciser qu’il le faisait pour lui permettre de reprendre ses esprits, d’abandonner son rôle de sauveur avec lui pour s’assurer qu’il prenait bien la voie qu’il souhaitait prendre. Alessandro l’avait compris tout seul, comme toujours, car ils se connaissaient parfaitement. C’est sans toi que je ne peux pas vivre. Un aveu si doux à entendre, qui reflète sa propre vérité. La caresse de ses doigts dans sa chevelure lui arrache un frison alors que son trouble s’intensifie. « Il fallait que ça soit ta décision. Et non parce que tu pensais que tu devais prendre celle-là pour veiller sur moi. » Il lui rappelle avec douceur en venant doucement caresser sa cuisse du bout de ses doigts. Au final, cette décision de partir était peut-être arrivée trop tard pour sauver quoi que ce soit, mais en s’éclipsant, il leur avait donné la possibilité de travailler dessus pour recoller les morceaux. « Tu sembles déterminé alors je ne vais pas te faire l’affront de te demander si tu es sûr de toi. » Il lui indique dans un petit rire alors qu’il vient tourner sa tête vers le sien. « Tu comptes t’installer à LA ? » Il le questionne pour s’assurer qu’il suit bien sa logique. Le sac est maigre pour un voyage définitif, mais suffisamment pour quelques temps. Le temps de se retourner et de prendre ses marques avant de faire venir ses affaires. Son regard se perd dans le sien alors que sa menotte accentue sa pression sur sa cuisse. Ses émotions sont à fleur de peau à cet instant alors qu’il laisse sa seconde main retrouver sa nuque pour l’attirer vers lui, ses lèvres, poussé par un besoin de sentir ses lèvres contre les siennes. « Tu m’as manqué, mio Bello. C’est difficile sans toi. » Il lui avoue à son tour comme pour lui faire comprendre qu’il n’est pas aussi détaché qu’il n’en donne l’impression. Simplement parce qu’il a pris sur lui pour avancer sans lui au quotidien, mais rien que l’idée de l’avoir de nouveau à ses côtés le rend fébrile. Parce que c’était ce qu’il voulait et quand bien même la présence de Zephyr est merveilleuse lorsque cette âme libre se fraye un chemin jusqu’à lui, lui offre une parenthèse apaisante, il a comme la sensation d’être amputé d’une partie de son être. Celle qui a toujours vécu avec l’ambulancier. Il lui vole naturellement un baiser, délicat avant de poser son front contre le sien, s’enivrant de son souffle contre le sien alors qu’il se laisse imprégner par le bonheur de le sentir à ses côtés.  

Oui, c’est mon idée. L’idée le rassure et lui est grandement plaisante. Il n’aura plus à se contenter d’attendre ses voyages à New York pour pouvoir le retrouver dans un café ou un bar puisque la porte de son domicile newyorkais lui était désormais interdit. Iago n’avait pas eu le cran de s’y rendre depuis ce fameux jour où sa relation avec Alessandro avait basculé, prise un chemin totalement différent de leur amitié. Il n’aurait pas eu le cœur de regarder en face la compagne de son ami, car il avait bien trop de respect pour elle et Octavio, ce petit ange qui ressemblait énormément à son père. « J’espère que ces entretiens se passeront bien. » Il lui indique simplement dans un sourire léger alors que ses doigts retrouvent le toucher de sa cuisse au travers du tissu. Cela attise son besoin de contact, de retrouver cette échine qui lui a tant manqué. Il se laisse tenter par un baiser. Il ne peut contenir ce besoin de savourer de nouveau la texture de ses commissures contre les siennes. Le baiser est délit et révérencieux. Il cherche à partager une intimité qui s’est tant faite désirée depuis leur dernière rencontre, seuls. L’émotion semble commune. Elle se diffuse dans la pression de leurs menottes au creux de leurs nuques ou de leurs chevelures. Leurs myocardes battent à l’unisson, raréfiant leur souffle alors que l’émotion gronde en eux. Il retrouve une partie de lui, sans oublier l’autre. Il se sent moins bancal, plus entier alors qu’il laisse ses sens prendre le contrôle de son échine. Les caresses et baisers voluptueux d’Alessandro lui arrachent des frisons, des soupirs de plaisir qu’il ne retient pas. Sa respiration s’alourdit alors que la chaleur qui se diffuse dans son organisme l’étourdit. Iago se soumet aux caresses de son amant, à sa manière de redécouvrir ses formes. Il vient naturellement grimper sur ses cuisses, s’offrant au regard du brésilien qui l’observe avec intensité. Il lui offre un sourire, ses doigts glissent dans sa chevelure pour pencher sa tête à arrière pour plonger ses iris claires dans les siennes. Ses phalanges frôlent sa mâchoire à son tour. Elles descendent le long de son cou alors que ses lèvres lui volent des baisers légers. « Tu peux vivre avec-moi si tu le souhaites. Ce n’est pas le grand luxe, mais je m’y sens bien ici. » Il lui indique avec douceur sans le lâcher du regard. « Par contre, il faut que tu saches que Zephyr est toujours à Los Angeles. Dans ma vie. » Il lui annonce, car il ne veut pas lui mentir ou prétendre qu’il en est autrement. Zephyr est toujours dans son existence et le restera assurément tant qu’il voudra bien de lui. « Est-ce que ça risque de te poser un problème ? » Il le questionne avec sincérité, sans chercher à poser un ultimatum par ce biais. Il a conscience qu’Alessandro l’a choisi, qu’il a laissé derrière lui l’affection qu’il avait pour sa femme. Ils ont accepté de se partager l’un l’autre durant toutes ces années, mais qu’en est-il désormais qu’il l’a choisi. Va-t-il lui réclamer une exclusivité que Iago ne pourrait lui offrir ? Pourront-ils jouer avec les lignes et trouver des concessions qui leur assurera le bonheur ? Il espère qu’il n’en sera rien, qu’Alessandro ne reviendra pas sur cette réalité et qu’il pourra compter sur sa compassion, sa compréhension et son amour, comme il a toujours pu le faire.

Le mensonge est inenvisageable pour l’Italien. La sensation d’avoir vécu toute son existence dans un mensonge renforce cet état de fait. Il ne peut tolérer le mensonge et quand bien même l’avait-il accepté par amour pour Alessandro à l’époque où leur relation avait basculé, il s’était toujours efforcé de se tenir loin de la famille de son compagnon, car il avait bien trop de respect pour la femme de son ami pour faire partir de son environnement alors qu’il faisait également partie de la couche de son époux. Alessandro a fait son choix, car embourbé dans des non-dits, il a malheureusement semé les graines de la discorde. Peut-être que leur présent serait différent s’ils avaient agi d’une autre manière. Personne ne peut le dire et Iago se garde bien d’envisager ses possibilités qui ne feraient que les tourmenter d’autant plus. Aujourd’hui, c’est potentiellement Iago qui va devoir faire un choix. Zephyr fait de nouveau partie de son quotidien. Même si les rencontres se font aléatoirement, il ne compte pas se priver de cette parenthèse dans son existence où il reprend son souffle en compagnie de l’Asiatique. Il sent que l’évocation de son Passerotto trouble son compagnon. Son regard ne franchit pas, mais il perçoit le tiraillement qui envahit la lueur de sa rétine. Son soupir confirme son tourment alors que la main de son Bello s’égare sur sa mâchoire. Son toucher le rend fébrile alors qu’il est suspendu à ses lèvres ou la moindre de ses réactions. Le mouvement négatif de la tête d’Alessandro lui permet de reprendre son souffle. Il se rend compte qu’il avait cessé de respirer en attendant une réaction de sa part. Son baiser est léger et il sent l’émotion lui retourner les tripes. Sa demande est légitime bien qu’elle l’ébranle. Cette émotion est perceptible dans la lueur de son regard alors qu’il lui informe qu’il sera sans doute absent souvent pour ses gardes. Cette pensée lui arrache un frison qui n’a rien à voir avec ceux qui parsèment sa chair en temps normal. C’est une sensation désagréable, similaire à une sueur froide qui le met en branle. Un soupir s’échappe de ses lèvres alors qu’il vient quitter ses cuisses pour retrouver sa place initiale. Il ne s’éloigne pas plus, mais il ressent le besoin de reprendre contenance alors que ses émotions sont chamboulées. Ses phalanges glissent sur sa propre nuque alors qu’il baisse les yeux sur ses cuisses. « Je ne sais pas si je serai capable de te mentir. Ce n’est pas ce que je veux pour nous. La seule fois où je l’ai fait, où j’ai omis la vérité, tu m’en as voulu pendant des semaines, parce que la vérité t’a ébranlé. Tu crois sincèrement que l’omission va te permettre de mieux accepter la vérité ? » Il le questionne dans un murmure en venant plonger son regard dans le sien. « Je pense sincèrement que ça ferait que te ronger de l’intérieur. A chacun de mes silences, tu te demanderas pourquoi je ne te réponds pas. Est-ce parce que je travaille ou parce que je suis avec lui ? Est-ce que je refuse de te retrouver à un endroit parce que j’ai un rendez-vous personnel ou parce que je suis avec lui ? Les mêmes questions que Naomi a dû se poser durant toutes notre convalescence. » Il lui indique avec sincérité, sans jugement. « Cela ne ferait que nous détruire Alessandro et je finirai par te perdre d’une manière ou d’une autre. Et ça, je ne peux pas l’accepter ou même le tolérer. C’est au-dessus de mes forces. » Il lui avoue sincèrement sans le lâcher de son regard océan. « Il a toujours fait partie de nous et tu le sais. C’est juste qu’aujourd’hui, sa présence est plus réelle et il va falloir apprendre à la gérer, parce que je serai incapable de choisir entre vous deux. Vous m’êtes indispensable et j’accepterai toujours ce que vous voulez me donner, aussi dur que cela pourra l’être pour moi, mais ne me demande pas de me trahir, s’il te plait. » Un murmure qui sonne comme une supplique alors qu’il sent une agitation monter en lui. Sa respiration est plus vive alors qu’il s’intime à respirer lentement et camoufler les légers tremblements qui s’emparent de lui, en attente de la réponse de son frère d’arme, de son roc, sans qui il n’aurait pas trouvé la force de se reconstruire.  

Iago a conscience que les émotions d’Alessandro sont aussi chamboulées que les siennes. Par le passé, il était aisé d’accepter la vérité de l’autre, car il n’était pas le seul dans le cœur de l’autre. L’évolution de leur relation d’abord amicale les avaient pris de court. L’attirance avait pris le pas sur l’affection pure et fraternelle qu’ils avaient éprouvé l’un par l’autre dès leur première rencontre. Iago y avait résisté naturellement, car il avait pleinement conscience qu’Alessandro était inaccessible. Du moins, jusqu’à ce soir où tout avait basculé. Il avait tenté de maintenir la distance avec Alessandro, d’être la voix de la raison face à la passion de son amant. Une passion qui demeurait toujours intacte à ce jour et qu’il pouvait cerner dans l’intensité de son regard, renforcée par une affection sans limite qui avait définitivement basculée leur relation dans une intimité sans limites. Il était son roc sur le champ de bataille comme dans la vie. Il avait survécu grâce à lui, à sa déraison qui avait manqué de lui faire perdre la tête à son tour et de s’oublier avant que Iago ne soit assez fort pour s’en rendre compte et tente de le ramener à la réalité, au fait qu’il devait également prendre soin de lui, de sa famille, celle qu’il formait avec une autre et qui devait rester un équilibre pour son fils. Cette prise de conscience avait été tardive, mais Alessandro avait fini par l’entendre, y adhérer, même si elle arrivait trop tard. Aujourd’hui, il n’y avait plus Naomi dans l’équation. Il était libre de son côté, désireux d’être à ses côtés, lui qu’il choisissait de nouveau, sans lequel il ne voulait vivre. Iago ressentait la même chose. Vivre sans l’avoir dans son environnement avait été pénible. Bien plus qu’il ne concède à l’afficher. Pourtant, Iago n’était pas en mesure de faire un choix. Il n’avait pas eu à le faire jusqu’à ce jour et il se sentait peut-être égoïste de ne pas pouvoir le faire, mais c’était au-dessus de ses forces. Il avait mis du temps à accepter qu’il pût aimer deux âmes si similaires et différentes à la fois. C’était encore une interrogation qu’il se posait avant de prendre conscience qu’il avait ces deux hommes dans la peau. Il pouvait se passer de tout, sauf d’eux. C’était ça sa réalité. Mentir, camoufler la vérité sur ce qu’il était se serait bafoué l’amour qu’il leur portait, ternir l’éclat de cette affection, rendre abject des sentiments qu’il jugeait sincère et profond, sans artifice. Il était amoureux de leurs âmes et de leurs souls. Alessandro semble prendre conscience du poids de sa demande, des conséquences qu’elle pourrait avoir. Il semblait aussi perdu qu’il ne l’était à cet instant. Il ne savait pas où cet échange allait mener. Le bonheur de se retrouver est ternie par l’ombre d’un autre. Un autre qui avait toujours été là, présent dans le cœur du militaire, mais qui était qu’une image et non une réalité. Tout était différent maintenant. L’émoi d’Alessandro est perceptible dans l’agitation de ses mouvements. Iago le laisse retrouver la fenêtre du salon pour se griller une cigarette. Il demeure à sa place, lui offrant l’espace nécessaire pour lui permettre d’exprimer librement ses émotions, quand bien même le poids de ses mots pourrait troubler plus intensément les siennes. Il finit par s’excuser pour sa demande même s’il n’a aucune rancœur à ce sujet. Sa passion l’aveugle et elle transluit dans ses propos. Ses propos le touchent. Ils ne le rendent pas insensible. Bien au contraire, il aimerait avoir une solution miracle qui pourrait apaiser les inquiétudes de son amant. Il craint de n’avoir pas avoir la bonne réponse. « Il n’est pas question de me décevoir, mio bello. » Il lui murmure avec douceur en venant se redresser pour le rejoindre au niveau de la fenêtre. « Ce sentiment de possession et de jalousie. Je le connais tellement, mio bello. » Il lui rappelle avec douceur en venant doucement frôler sa mâchoire du bout de ses doigts. « Je ne t’en veux pas et ne t’en voudrais jamais de le ressentir. Ce sont tes émotions et elles t’appartiennent. Je ne veux juste pas que tes sentiments pour moi te blessent plus qu’ils ne te rendent heureux. Vous avez toujours été ma priorité. Je suis prêt à prendre la place que vous voulez que j’aie à vos côtés et si un jour, pour votre bonheur, je dois m’éloigner d’un de vous, j’accepterai d’amputer une partie de mon cœur pour vous laisser être heureux loin de moi. Parce que votre bonheur est ce qui compte le plus pour moi, mio bello. Cela l’a toujours été. » Il lui avoue dans un murmure en venant poser son front contre le sien. « Tu as toujours été là avec moi et tu es toujours avec moi quand je suis avec lui et vice-versa. C’est juste ma vérité. » Il conclut sans le lâcher du regard en venant déposer un baiser contre ses lèvres.

Spoiler:

La fébrilité d’Alessandro ne le laisse absolument pas indifférent. Il aimerait pouvoir le délester de cette jalousie qui vient prendre possession de son organe vital et de son esprit pour qu’il se sente serein, mais il a conscience que c’est impossible. Il accepte cette jalousie, car il sait ce sentiment naturel et qu’il doit juste être maîtrisé pour ne pas devenir destructeur. Alessandro ne doit surtout pas oublier qu’il peut lui faire confiance et qu’il est profondément sincère avec lui. Il semble que cette réalité parvient à amoindrir l’agitation qui gagne son compagnon, car il sent ses muscles se détendre. Meu amor. Ce mot d’amour qui s’échappe des lèvres du Brésilien apaise son organe vital. Mon bonheur se tient à tes côtés. Un sentiment partagé par l’italien, mais il n’a nul besoin de le dire pour que son compagnon le sache. Son bonheur est cependant dépendant de l’existence de deux autres hommes. Il ne l’a jamais voulu. Cette réalité s’est imposée à lui et s’il a conscience que son image parfaite du bonheur restera qu’un fantasme inaccessible, il peut se contenter de vivre pleinement les instants avec ces deux âmes indispensables à son bien-être, sans demander rien de plus. Rien de plus qu’ils ne pourraient lui offrir. Il les aime avec la même intensité et ils devaient juste l’accepter. Le rire d’Alessandro le prend de court, mais il peut comprendre que ses paroles le déstabilisent. Il voit son regard se diriger vers la porte d’entrée comme si une personne pouvait apparaitre d’une minute à l’autre. Sa voix chaude contre ses lèvres le déroute, tout comme ce regard coquin qui vient faire prisonnier le sien pour l’entrainer dans un baiser plein de fièvre. Un baiser affamé, dénué de toute douceur. Un baiser exigeant qui met immédiatement le feu à son corps alors que le brésilien joue habilement avec ses sens. L’idée fantasmée d’avoir Zephyr dans cette pièce avec eux avive ses sens. Des images fantasmées secrètement s’invitent dans ses pensées alors que les touchers du brésilien enflamme le brasier qui sommeille en lui. Sa peau se parsème de délicieux frisons alors que son myocarde s’emballe dans sa poitrine. Est-ce que le Zephyr fantasmé le voit faire cela ? Bien sûr et il ne fait pas que les regarder. Il viendrait s’inviter à la danse, coller son corps au sien en venant ajouter ses mains à celles du brésilien. Sa bouche glisserait sur son omoplate, sa nuque, son oreille avant de réquisitionner ses lèvres. S’il laissait ses fantasmes allaient plus loin, assurément que ses deux hommes se lanceraient des regards joueurs et complices, que leurs lèvres viendraient également se perdre sur la chair de l’autre, juste pour renforcer l’état d’excitation dans laquelle cette étreinte les plongerait. Mais aussi délicieuses soient ses fantasmes, ils ne deviendront pas sa réalité. Sa réalité ne sera pas forcément la leur et ses idées resteront dans son esprit et son cœur. Une illusion de ce que sa vie pourrait être. Alessandro attise des désirs qu’il juge impurs, mais qui s’impose à lui. Apprécierait-il que Zephyr les voit agir de manière si intime ? Assurément. Il voudrait partager son plaisir avec le sien, l’amener dans leur danse, même par un regard, lui montrer qu’il fait parti de lui, qu’il demeure un homme dont le regard brûle son épiderme même au contact d’un autre, de son plus grand adversaire. Alors lorsqu’Alessandro lui demande s’il voudrait qu’il le voie agir de cette manière, il ne peut contenir sa vérité. « Oui. Oui je le voudrais. » Dans une voix étriquée à la fois de plaisir et de tristesse, parce qu’il ne sait pas trop ce que cette réalité dévoile de sa personne. Son désir est réel et profond. Il n’ose regarder son compagnon après cet aveu, car elle fait exploser une fébrilité qu’il ignorait. Son bras vient se poser sur son visage qu’il a basculé en arrière sur la tête du canapé. « Désolé… » Il murmure dans une voix brisée, car il se rend compte que ce n’était peut-être pas cette réponse que son amant voulait entendre. Il sent qu’Alessandro le regarde, que ses gestes expéditeurs se sont suspendus, mais est-ce dû à la déception, à la colère ou simplement parce qu’il le sent fébrile ? Il n’ose pas lire la réponse dans son regard.

Spoiler:

Spoiler:

Spoiler: