full of secrets and lies // dylake #14

Le calme et l’apaisement reviennent. Le stress m’a quitté puisqu’il n’est pas à l’ordre du jour de me faire larguer. Je l’ai cru, je l’ai crains et si les révélations de Blake n’en n’ont pas été moins surprenantes, je me concentre sur ce soulagement ressenti. Je le sais, être ensemble n’est pas toujours synonyme de long fleuve tranquille, nous avons fait des erreurs dans le passé, en referont sans doute encore mais ce qui change c’est ce point d’honneur mis sur la communication. Comme un nouvel engagement envers ce fonctionnement dans notre couple j’implore Blake de ne plus me laisser dans une telle situation d’incertitude et d’ignorance. On peut tout ce dire. Ça me va bien de dire ça, moi qui n’ai pas su verbaliser mes peurs à l’époque où nous étions sur le point de nous marier. J’ai même tout foutu en l’air à cause de ça. C’est peut-être la preuve que j’ai évolué, que j’ai grandit. Fini les silences et les non-dits, le dialogue et la communication doivent être des moteurs si l’on veut que ça marche. J’en ai envie, je ne rêve que de ça me réveiller encore longtemps à ses côtés, pouvoir la soutenir et avoir son soutien également. Blake met en application notre nouveau crédo dès le début du repas, abordant un sujet duquel nous n’avons effectivement jamais vraiment parlé. Maintenant que j’en sais plus sur cette partie cachée de son histoire qu’à été sa grossesse, je comprends mieux pourquoi. Ai-je envie d’avoir des enfants ? Bonne question. Je ne m’attendais pas à ce qu’elle la pose ici, ce soir mais ok, on se dit tout et visiblement elle veut savoir.
« Je… » un haussement d’épaule accompagne la recherche de mes mots « Je n’en sais rien. Je ne me suis jamais vraiment posée la question. » parce que je n’envisageais pas de relation qui soit durable dans le temps, pas d’engagement. Blake est la seule à me donner cette envie. « Je ne crois pas vouloir porter un enfant. » dis-je après un petit temps de réflexion, une fois ma bouchée avalée « Etre enceinte ne m’attire pas. Elever un enfant, peut-être. » je suis dans le flou, ce n’est pas le genre de chose qui se décide à la légère, c’est beaucoup de responsabilités. Est-ce que pour le moment cette envie est présente ? Je ne crois pas, mais c’est certainement parce que nous sommes toujours en voie de reconstruction. Est-il judicieux de lui retourner la question étant donné les circonstances actuelles, je n’en suis pas sûre. Et un enfant elle en a un… J’ai dû mal à me faire à l’idée, ça me semble presque fictif. « Tu veux partager ton avis sur la question, ou.. ? » je ne la force à rien cependant si elle souhaite en parler je lui en laisse l’espace. Tout ce qui compte pour moi à cet instant c’est que nous soyons ensemble et qu’elle sache que je suis là pour elle, peu importe son passé.

Le début de soirée a été chaotique. Mais au final, c'était peut-être un mal pour un bien. Si Dylan ne m'avait pas surprise dans ce bar, nous n'en serions certainement pas là. Au moins, maintenant, les choses sont claires. Et je suis contente de pouvoir retrouver un semblant de calme et d'équilibre avec elle. La soirée se terminera sans doute sous de meilleurs auspices. En tout cas, je vais tout faire pour. En commençant par le diner que j'ai pris plaisir à lui préparer. C'est rien d'exceptionnel, mais comme on dit, les petites attentions sont souvent celles qui comptent le plus. J'ai envie de croire en nous, en notre couple. Et même si nous avons encore du chemin à parcourir, il est important pour moi de savoir où nous allons. C'est sans doute pour ça que je lui pose cette question. Savoir si elle a envie d'avoir des enfants ou pas. Parce que le sujet s'y prête mais aussi parce que nous n'en avons jamais vraiment parlé ensemble. « Je… » Elle est surprise par la question, et je peux comprendre. C'est un peu venu comme un cheveu sur la soupe. Mais nous venons justement d'insister sur le fait que nous pouvions tout nous dire. Je pense que ça commence par là. « Je n’en sais rien. Je ne me suis jamais vraiment posée la question. » Je crois que je l'ai prise de cours. Mais à sa place, j'aurais très certainement été dans la même situation. Quoique... depuis le retour d'Eliot dans ma vie, c'est un sujet qui a déjà commencé à me traverser l'esprit. A croire que ça a bouleversé pas mal de choses dans ma tête. « Je ne crois pas vouloir porter un enfant. Être enceinte ne m’attire pas. Élever un enfant, peut-être. » Ok, peut être, c'est déjà pas mal. Bon, ça n'a pas l'air de l'emballer plus que ça non plus. Mais en même temps, c'est un sujet à ne pas prendre à la légère. Au moins ce n'est pas un non catégorique. « Tu veux partager ton avis sur la question, ou.. ? » Le sujet pourrait paraitre délicat pour moi, après Eliot, mais non. Au contraire, c'est ce qui m'a probablement permis d'ouvrir les yeux sur mes envies futures. Je hoche un peu la tête pour acquiescer avant de répondre sincèrement à la question. « Oui, je crois que j'en ai envie. » A l'époque je n'étais pas prête pour devenir mère. Mais maintenant, les choses sont différentes. « Étant petite, j'ai toujours rêvé de pouvoir fonder une famille... » Je suis une rêveuse dans l'âme, qui croyait au grand amour avant d'enchaîner malheureusement les déceptions... Alors oui, je me suis souvent imaginée mariée avec des enfants. Et j'aurais pu l'être, mariée je veux dire. A elle. Pour les enfants, effectivement, j'en ai déjà un. Mais avec Eliot, je n'ai pas pu en profiter pleinement. Il est mon fils biologique mais je ne suis pas réellement sa mère. « J'ai l'impression d'avoir loupé quelque chose. » Avec Eliot. J'ai connu la grossesse, l'accouchement, mais pas l'étape finale d'être une véritable mère pour lui. D'avoir de l'amour à donner à sa progéniture. « Si ça n'arrive pas, je pense que je ressentirais vraiment un manque. » C'est la suite logique de la vie : d'avoir des enfants et de les voir grandir, les faire évoluer avant de les laisser s'envoler de leur propre ailes. En réalité, c'est une certitude, je ne m'imagine pas finir ma vie sans avoir d'enfants. Maintenant, j'espère que cet aveu ne va pas la faire fuir...

Je n’anticipe pas la question de Blake. J’aurais pu, mais je pensais plutôt qu’elle allait éviter de rester sur le sujet enfant et maternité étant donné sa réaction face à l’apparition de son fils dans sa vie. Elle me prend de cours, jusqu’à maintenant ma situation sentimentale n’avait rien de stable, elle était même quasi inexistante vu mon incapacité à me projeter dans une histoire avec qui que ce soit. Victime de mes vieux démons, trop accaparée à ronger mes regrets et ma culpabilité. Les choses ont changées depuis que nous nous sommes retrouvées, j’ai retrouvé l’envie de faire des projets à deux. Pas au point de songer à fonder une famille, pas encore… Mais puisque la question m’est posée je tache d’y répondre avec les éléments en ma possession actuellement. A ce jour, j’en suis là de ma réflexion, rien n’est gravé dans le marbre je dois juste me poser vraiment la question de ce dont j’ai envie pour le futur. Je suis presque sûre d’une chose, je ne veux pas être enceinte. Tous ces changements corporels, devoir quitter mon boulot pendant plusieurs mois… Je ne l’envisage pas, je ne me sens pas cette âme là et puis j’ai presque quarante ans, c’est à prendre en compte.
Ne sachant pas trop où en est Blake émotionnellement, je tâtonne, lui retournant la question prudemment avec une porte de sortie grande ouverte si elle ne souhaite pas aborder le sujet. Son hochement de tête me fait comprendre qu’elle est encline à le faire, d’ailleurs elle répond sans hésitation aucune, je crois qu’elle a même besoin d’en parler. Par le passé, nous l’avions fait, rapidement comme on peut le faire en parlant d’avenir sans trop s’avancer et elle était assez réservée sur le sujet. Maintenant que je connais son histoire, je comprends mieux pourquoi. Blake veut fonder une famille et revoir son fils, à eu comme un effet de déclic je crois, lui donnant le sentiment d’être passée à côté de quelque chose. Je pose ma main sur la sienne, lui offrant un sourire bienveillant « Je crois que je comprends. » je ne peux pas en être certaine, n’ayant jamais été à sa place. Et sa dernière phrase est un aveu, presque une condition. La priver de cela serait la condamner à ressentir un manque, un vide. Décidément cette soirée est forte en émotion et conversations importantes. Je hoche la tête sans la quitter des yeux « Ok… » soufflé-je ne sachant pas trop quoi dire, prise au dépourvu par tout cet ensemble d’informations que j’ai eu à encaisser ce soir après avoir cru que Blake allait purement et simplement me quitter. Je crois que nous sommes à un tournant, je dois m’interroger sur mes envies, mes besoins tout en prenant les siens en considération maintenant qu’ils sont clairement posés. « On aura le temps d’en reparler. » dis-je dans un sourire « Pas que je veuille pas en discuter ce soir, mais… La soirée a été bien remplie, non ? » là je veux juste que l’on se retrouve.

Cette soirée est vraiment remplie d'émotions. Et en même temps, c'est le moment idéal pour moi pour mettre le sujet sur la table. C'est un sujet important bien que délicat à aborder, surtout dans nos conditions. Notre deuxième chance est récente et nous cherchons encore, malgré nous, notre équilibre. Pourtant, il n'y a qu'avec elle que j'ai eu envie de faire des projets de vie commune. Ce n'est pas pour rien si à l'époque nous étions sur le point de nous marier. Parce que je savais que c'était elle et pas une autre. Cette sensation ne m'a jamais quittée. Même après tout le mal qu'elle a pu me faire. Et s'il est question de fonder une famille, je suis convaincue que c'est avec elle et uniquement elle que je serai prête à le faire. Prête, je ne l'étais pas encore il y a de ça quelques temps. Je crois que le retour d'Eliot dans ma vie m'a vraiment aidé à avoir le déclic. Mais maintenant, les choses sont claires dans mon esprit. J'ai envie de devenir maman. Pas maintenant, tout de suite, évidemment, mais sans doute rapidement dans les années à venir. Avant que le cycle de la vie m'en empêche et qu'il soit trop tard. Je suis honnête avec Dylan sur la question, au risque que mon aveu lui fasse peur. Mais si ce n'est pas le moment de jouer carte sur table avec elle ce soir, ça ne le sera jamais. « Je crois que je comprends. » Elle comprend et pour ça, je ne peux que lui en être reconnaissante. Mais je la connais, et je vois bien qu'elle a un peu de mal à encaisser la révélation. En même temps, si nous ne sommes pas sur la même longueur d'onde, c'est maintenant ou jamais que nous devons nous poser les bonnes questions. Le temps nous est précieux. « On aura le temps d’en reparler. Pas que je veuille pas en discuter ce soir, mais… La soirée a été bien remplie, non ? » C'est vrai, la soirée ne nous a pas épargné niveau émotions. « Tu as raison. » Je lui souris avant de me rapprocher pour lui voler un baiser juste au coin des lèvres. Les grandes discussions sur notre avenir commun peuvent encore attendre. Ce soir, nous avons juste besoin de nous retrouver.