• âge : 43 • pronom : Il • côté ♥ : Libre comme l'air après sa séparation définitive avec Ruben. • orientation : Gay • occupation : Wil gére une galerie d'art ainsi que de nombreux artistes. • quartier : Pacific Palisades• avatar : Michael Fassbender • crédits : invité • messages : 330 • date de naissance : 18/12/1980
Comme avant chaque exposition, Wil et son équipe travaillaient d’arrache-pied. Personne ne regardait les heures qui s’enchaînaient. La fatigue qui s’accumulait au fil des jours, sans parler des contre-temps. Ils en avaient tous l’habitude et savaient très bien que le jour J, tout serait oublié et ne resterait que la satisfaction du travail bien fait.
Cette rétrospective en hommage au peintre français Marius Defontaine lui avait causé pas mal d’émotions. La visite du mari de l’artiste défunt avait été un moment pénible. Wilfried avait campé sur ses positions. Avec Kate, ils avaient tout organisé. Tout mis en place pour que l’artiste soit mis à l’honneur. Ils avaient fait appel à tous ceux qui se trouvaient dans leurs carnets d’adresse. Personne n’avait été oublié. Ils avaient réussi à regrouper des œuvres rares et Wil était fier de déambuler entre les murs et de voir les paysages ou les portraits reprendre vie.
Le directeur de l’école d’art, qui se situait en France, près de Nice, avait été invité ainsi que certains professeurs et des élèves. Ils amèneraient dans leurs bagages des œuvres appartenant à des collectionneurs français. Defontaine avait fait ses études dans cette école, et ils avaient songé que cela serait un bel hommage que de mettre ce lieu en valeur. Cela pourrait donner naissance à des échanges avec les étudiants américains. Tout un programme que le galeriste avait en tête et qu’il souhaitait développer avec l’aide de généreux donateurs. La rétrospective ne tenant pas toute la place dans la galerie, Wil avait voulu mettre de jeunes talents à l’honneur. Une sorte de transmission. De plus, les artistes pourraient échanger avec les étudiants qui seraient présents. Ils avaient voulu que cela soit une fête de la transmission et espéraient que cela se déroulerait sous les meilleurs auspices.
Cette exposition lui avait aussi donné l’occasion de reprendre contact avec Thiago. Le jeune homme tenait une place particulière dans le cœur de l’allemand. Il n’avait pas oublié la façon dont le jeune photographe l’avait aidé. Outre le fait d’être diablement beau, Thiago était divinement doué pour la photographie. La première exposition que Wil avait organisé avait connu un immense succès, aussi, il avait immédiatement pensé à son ami, car il le considérait comme tel, pour venir exposer de nouvelles créations. Là aussi, il s’était permis de prévenir certains collectionneurs afin qu’ils puissent voir et acquérir les œuvres en avant-première. Il s’était bien gardé de le dire à Thiago, préférant lui faire la surprise.
Les photos du jeune prodige, côtoyaient d’autres œuvres et le mélange des deux donnaient un résultat fascinant.
Wil avait réussi à obtenir d’autres [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] faites de vieux plastiques. Il avait adoré ses fantômes mouvants et été heureux de les remettre à l’honneur. On aurait pu les penser sorti tout droit des images de Thiago. Un mariage réussi et hypnotique.
Le galeriste s’était dépêché de faire l’acquisition d’une sculpture avant que celles-ci ne soient toutes vendues comme la dernière fois.
Avec toute l’agitation de la nouvelle exposition, Wilfried avait un peu de mal à caler des soirées avec Roman et son ami lui manquait. Ils se voyaient, mais pas autant qu’il l’aurait souhaité.
Immobile devant la [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] qui est sienne maintenant, mais qu’il expose malgré tout, Wilfried laisse ses pensées vagabonder. Se perdre tranquillement. Sans barrière. Embarquer par la ronde des [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien].
Ruben arrive le premier dans ses pensées. Cela fait un moment qu’il n’a pas pris de ses nouvelles. Il n’a pas osé, surtout depuis qu’il sait qu’il a retrouvé quelqu’un. Il ne peut s’empêcher d’être bêtement jaloux et il s’en veut. Tout comme il s’en veut toujours pour l’accident. La culpabilité lui colle toujours à la peau. Un sourire nostalgique arrive sur ses lèvres tandis que sa main s’égare dans sa chevelure qu’il maltraite régulièrement. Les souvenirs s’estompent un peu et le présent revient. Un sourire joyeux éclaire son visage.
Il ne voit plus ce qu’il a devant les yeux. Ses pensées s’envolent près de Roman. Cet homme lui fait du bien. Par sa présence. Sa gentillesse. Sa compréhension.
« C’est quoi ce sourire niais que tu as sur les lèvres ? »
La voix de Kate le tire brutalement de sa rêverie.
« Ne me dis pas que c’est à cause de… »
D’un geste du menton elle désigne [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] de Thiago ce qui lui fait automatiquement froncer les sourcils
« Non, je pense à Roman. Rassurée ? »
Le galeriste tourne la tête vers son amie d’enfance et lui sourit.
« J’aime beaucoup Roman. Je retrouve le goût et la joie de vivre à ses côtés et cela faisait très longtemps que ça ne m’était pas arrivé. »
Il marque quelques minutes de silence avant de continuer sur un ton de confidence afin que personne d’autres ne l’entende. Ils ne sont pas seuls dans la galerie.
« Thiago tient une place particulière dans mon cœur et je sais que tu ne comprends pas pourquoi mais, il était là lorsque j’étais au plus bas et ça, jamais je ne l’oublierai. »
Sa main se lève afin de faire taire tous les commentaires qui pourraient arriver.
« Je sais que tu appréciais Ruben mais, ça ne pouvait plus continuer ainsi entre nous. Je n’en pouvais plus. C’est ma vie Kate. Je la gère comme je peux. Sois mon amie et non mon inquisitrice, s’il te plaît »
Wil a pris entre ses doigts la main de son amie d’enfance et la porte à ses lèvres. Son regard est suppliant. Il ne veut plus parler de tout ça. Il ne veut plus être jugé par qui que ce soit. Il veut laisser son passé derrière lui, une bonne fois pour toutes.
- Je crois que t’as pas bien saisi, je VEUX cette Fender Telecaster ! Mets-y le prix qu’il faut mais je la veux ! […] Ecoute, cet argent, je l’ai, ok… et tu le sais. Alors, fous moi une putain d’option de la mort qui tue sur cette guitare ! […] Non, là je ne peux pas venir, j’ai prévu un truc ce soir. Et de toute façon, je ne changerai pas d’avis, même bourré. […] Ouais, t’es bien gentil, mais je sais comment gérer ma vie de famille et mon budget… Tu vois ça comme une folie, moi comme un truc essentiel ! Tu ne peux pas imaginer le plaisir que c’est de jouer avec une Telecaster, toute en bois, avec ses six cordes et son twang de malade ! Luther Perkins, Bruce Springsteen ! Ils ont joué avec ! […] Je ne te le demanderais pas si je ne voulais pas l’acquérir. Je peux compter sur toi ? […] Merci, Pearce, je te revaudrai ça ! […] Allez, je te laisse, la bise. A plus !
Téléphoner au volant d’un véhicule, ça n’était pas très légal, ni très sûr. Mais Zaïn avait toujours une bonne excuse. Il avait tellement de choses à faire dans la journée avec la musique et le salon de tatouage, qu’il préférait exploiter le temps incompressible de ses trajets à des choses qui ne demandaient rien d’autre qu’un peu d’attention. Tant qu’il ne se faisait pas choper… pour éviter de l’être, il activait le haut-parleur de sa Chevrolet Volt Non, récemment acquise. Cette voiture hybride lui permettait d’avoir de la place pour son fils. Même si celui-ci était quand même plus grand, quand il en avait la garde, il fallait trouver de l’espace pour ranger ses affaires. Et puis un grand coffre lui permettait aussi de récupérer son matériel lorsqu’il devait jouer et d’avoir tout ce qu’il lui fallait à disposition. Il remit la musique, du Jimi Hendrix, à fond les ballons. Il ne put s’empêcher de faire glisser ses doigts sur le volant, au rythme des accords puissants qui résonnaient dans l’habitacle. Pas très prudent, certes. Mais Kerlyne n’avait pas pour habitude de mener une vie plan-plan. Il lui fallait frissonner de temps en temps. En réalité, ce soir, il était libre comme l’air. Pas de plan foireux mais la volonté de profiter un peu de sa soirée en se rendant quelque part où il se sentirait bien. Et quoi de mieux qu’une galerie d’art dans laquelle il pouvait regarder de belles œuvres, s’évader sans penser à son quotidien ?
La particularité, c’était que la galerie était détenue par Wilfried Hoffman, une connaissance. En fait, ils s’étaient rencontrés par l’intermédiaire de son meilleur ami : Roman. Zaïn n’était pas du genre aveugle. Il voyait bien qu'entre eux, il existait une attirance assez évidente. Et quand il les voyait, il n'avait qu'une envie, les secouer pour qu'ils mettent un terme à cette attente frustrante et agaçante. S'ils se plaisaient, pourquoi ne pas se lancer et voir ce que ça donnait ? Il savait que le blocage ne venait pas forcément de Wilfried. Roman avait toujours eu des difficultés à s'assumer. Et il espérait qu'un jour prochain, il soit capable de dire merde à celles et ceux qui auraient l'audace de le juger, pour vivre pleinement son bonheur. En attendant, il était intéressant, pour Zaïn, de graviter autour de Will, ne serait-ce que pour s'assurer aussi que son pote n'était pas menacé par un individu perfide et manipulateur. Bon, dans les faits, le galeriste ne ressemblait pas du tout à ce genre de personnes. A vrai dire, lors des fois où ils s'étaient croisés, Zaïn avait remarqué quelqu'un de plutôt gentil, avec un bon fond. Il se trompait rarement les gens.
Arrivé à l'adresse indiquée par son GPS, il se gara et attendit la fin de la chanson pour couper le moteur. Hors de question d'interrompre Jimi, ce serait un sacrilège ultime ! Il se regarda dans le rétroviseur, passa une main dans ses cheveux. Comme toujours, il avait mis du gel pour se donner un style capillaire désorganisé, qui lui allait très bien. Ça renforçait son côté rock. Il sortit du véhicule, enclencha l'alarme, car mine de rien, à L.A. il valait mieux être prudent, puis il entra dans la galerie. Cet endroit était fréquenté mais calme. Une parenthèse paisible dans une ville toujours en mouvement, agitée, parfois bruyante. Il avait entendu parler de cette exposition sur Marius Defontaine, de la bouche même de Wilfried, lorsqu'ils s'étaient vus chez Roman. Intrigué, Zaïn n'avait pas pu résister bien longtemps à l'envie de l'admirer de ses propres yeux ! Il récupéra une brochure, présente à l'accueil, pour regarder le plan et voir exactement comment le tout était disposé. Il allait commencer par les autres artistes. Il aimait bien l'idée de voir le nouveaux talents en premier. Parce généralement, quand on avait regardé les œuvres d'une personne célèbre, le reste paraissait ensuite plus fade ou de moindre intérêt.
Alors qu'il marchait vers l'endroit voulu, son regard se posa sur Wilfried. Et il fut quelque peu étonné. Celui-ci tenait la main d'une jeune femme, et déposait un baiser dessus. Tiens... tiens... avait-il bien fait d'être un brin trop protecteur envers Roman ? En tout cas, l'occasion était trop belle pour qu'il ne se manifeste pas... Il avança dans leur direction et de sa voix rauque, grave, même terriblement sexy selon ses fans, il s'incrusta dans cet échange dont il ignorait tout.
- Wilfried ! J'espérais te voir ! Comment vas-tu ? Oh, je ne vous dérange pas, au moins ? Sinon, je repasse plus tard !
Wilfried Hoffman
Wilfried Hoffman
• âge : 43 • pronom : Il • côté ♥ : Libre comme l'air après sa séparation définitive avec Ruben. • orientation : Gay • occupation : Wil gére une galerie d'art ainsi que de nombreux artistes. • quartier : Pacific Palisades• avatar : Michael Fassbender • crédits : invité • messages : 330 • date de naissance : 18/12/1980
On sent dans sa voix, un filet de surprise de trouver le musicien juste-là Pris dans sa discussion avec Kate, il n’a pas fait attention, ni entendu qu’une personne se tenait à leur côté. Il se demande depuis quand le brun est arrivé et s’il a entendu la conversation. Un imperceptible plissement de paupières fait apparaître un maillage de fines ridules autour de ses yeux. Un sourire étire ses lèvres. Il avance enfin vers le brun, et lui donne une accolade amicale, se rappelant qu’il manque à toutes ses obligations et que, quelle que soit la surprise que lui cause cette visite inopinée, il se doit de rester poli et affable.
« Non, non, tu ne nous déranges absolument pas et comme tu peux le constater, je vais bien, toujours dans l’organisation de futures expositions »
Tout en parlant, son sourire s’est agrandit et il enchaîne
« Kate, je te présente Zaïn, le meilleur ami de Roman. Le musicien dont je t’ai déjà parlé et que, tu as aperçu, il me semble, lors de la vente aux enchères organisée pour le refuge »
La soirée avait demandé un travail colossal et Kate s’était occupée des ventes. Elle n’avait pas arrêté et il est fort probable qu’elle n’ait pas eu le temps d'adresser la parole à Zaïn.
Lorsqu’elle s’était rendue compte du rapprochement de son ami et de Roman, elle l’avait bombardé de questions pour tout savoir dans les moindres détails sur ce qu’il y avait entre eux – ce qu’il s’était bien entendu abstenu de divulguer, ne sachant pas lui-même comment qualifier leur relation naissante – puis, sa curiosité s’était portée sur ce qui liait Zaïn et Roman, et lui, avait tenté de répondre, comme il pouvait, car, forcément, il n’avait pas toutes les réponses, ce qui lui avait valu des regards méfiants de la part de son amie, dubitative quant à la véracité de ses dires. Wilfried ne pouvait tout de même pas inventer des histoires pour la satisfaire. Lui-même n’avait jamais posé de questions à Roman sur sa vie privée. Il attendait que son ami se livre et ce système lui convenait. Chacun lâchait des brides de sa vie passée, à son rythme.
Kate était une indécrottable curieuse.
« Zaïn, voici Kate. Ma sœur de cœur mais aussi mon associée. On se connaît depuis notre adolescence... »
Wil éclate de rire avant de rajouter, sur un ton goguenard
« Ça ne nous rajeunit pas »
Il adresse un regard moqueur mais sans malveillance à son amie
« On est de Hambourg tous les deux et si tu nous avais entendus parler en allemand, il se serait agi d’une simple mise au point... »
Jolie formulation pour dire qu’ils s’engueulent. Il n’ose pas avouer que cela leur permet de vider leur sac sans que quiconque ne comprenne. Heureusement, ce n’était pas le cas aujourd’hui. Juste quelques propos un peu houleux à l’évocation de Thiago, comme souvent. Wilfried en revient à cette préoccupation de savoir ce qu’a entendu Zaïn, mais, il est trop poli pour demander et préfère faire comme si de rien n’était.
« Que me vaut ta visite entre ces murs ? Es-tu venu admirer la rétrospective Defontaine ? C’est une idée de Kate. Tu as raison d’en profiter. C’est unique et rare. Je ne sais pas si on aura une autre occasion de les faire découvrir au public... »
Il repense à son entrevue avec Neville, le mari de feu Marius. Il espère qu’à l’avenir, cet homme saura aller de l’avant et que les œuvres de Defontaine ne resteront pas dans un entrepôt, oubliées de tous.
« On expose aussi de nombreux jeunes talents mais dans des genres différents. Cela permet à chaque visiteur de pouvoir se retrouver dans une œuvre, d’être ému par un artiste ou plusieurs. Cela dépend de la sensibilité de chacun… »
D’un geste du menton, il désigne une sculpture. Le moindre déplacement d’air fait bouger les morceaux de plastique donnant un semblant de vie à la silhouette. C’est la voix de Kate qui le tire de sa contemplation. À chaque fois qu’il se retrouve devant l’une de ces formes, son attention est comme happée par ses fantômes blancs. Il arrive à oublier ce qui l’entoure. Objets et individus.
« Enchantée d’avoir fait officiellement ta connaissance Zaïn. On sera sûrement amené à se revoir »
Elle lui adresse un sourire, se tourne vers Wil et rajoute
« Je retourne bosser » avant de faire un petit salut de la tête et de s’éclipser.
Wilfried sait qu’elle s’occupe de la livraison de certaines œuvres. Celles de Thiago ont eu un succès retentissement, autant, sinon plus que la première fois et les photographies qui sont encore sur ses murs vont bientôt aller orner d’autres murs. Les collectionneurs ayant répondu présents, au-delà de ses attentes.
« Alors, par quoi veux-tu commencer ? Un café ou préfères-tu aller voir les œuvres du français ? J’avoue qu’elles sont remarquables et que cet homme savait manier les couleurs. Sa mort a laissé un vide dans le monde de l’art ... ou bien, préfères-tu commencer par les autres, moins connus mais très talentueux dans leur catégorie »
Wilfried sourit au brun tout en l’observant. Zaïn lui a toujours paru amical, mais très protecteur envers Roman, ce qu’il ne peut qu’apprécier. Il se demande si cette visite n’est due qu’à Defontaine, ou si elle cache d’autres motivations. Après tout, il ne connaît rien de cet homme, juste ce que Roman a bien voulu lui en dire, donc, pas grand-chose finalement.
C’est peut-être l’occasion pour eux de faire connaissance…
Soeur de coeur ? Voilà qui pouvait expliquer le petit instant qui avait précédé. Peut-être fallait-il se méfier encore, parce que ça sonnait un peu comme une excuse pour un délit flagrant ? Après, si Roman lui faisait confiance, ce n'était peut-être pas à lui d'en décider. Il serait juste attentif à la façon dont Wilfried agirait avec son meilleur pote. D'ailleurs, il était un peu mal placé pour faire son suspicieux, puisque lui-même considérait Roman comme son frère. Il esquissa un sourire quand son interlocuteur fit une blague au sujet de l'allemand. C'est vrai que pour l'avoir déjà entendue, Zaïn comprenait qu'on l'utilise pour se hurler dessus. En fait, c'était un langage très "brut", guttural, qui donnait toujours l'impression que le propos était "guerrier". Il n'en parlait pas un mot, et en toute objectivité, ça ne l'intéressait pas. Il avait bien quelques notions de gaéliques mais ça ne rendait pas pareil pour une joute verbale. Et puis voilà un dialecte encore moins répandu que la langue de Merkel... Non, quand il avait envie de se prendre la tête avec quelqu'un, il utilisait l'anglais et son florilège de mots outranciers, qui restait toutefois moindre comparé au français. Il avait récemment lu un article qui expliquait que la France possédait autant d'insultes que de fromages...
- Je vois ! Un peu comme Roman et moi, finalement. Sauf que nous ne sommes pas vraiment associés, je le dépanne de temps en temps.
Il apportait cette information pour clarifier aussi les éléments dont Wilfried disposait. Il voulait éviter les malentendus. Entre lui et Roman, il existait une très belle amitié, qu'un jour peut-être ils expliqueraient au galeriste. Pour l'heure, il fallait laisser le temps faire son office. Regardant autour de lui, il ajouta :
- Très honnêtement, j'avais envie de me vider la tête ! Et je me suis souvenu que tu avais une galerie, donc je me suis dit pourquoi pas ! Je connais un peu Defontaine, c'était l'occasion de davantage le découvrir. Mais effectivement, c'est une excellente idée, cette exposition.
Il acquiesça quand Wilfried évoqua les jeunes talents. C'était toujours une bonne chose de diversifier les œuvres dans une exposition. Cela permettait de répondre à plusieurs attentes auprès des visiteurs. Voire même, quand la galerie se retrouvait bien aménagée, de susciter la surprise sur les visages, des émotions variées. Kate prit congé. Il la salua du même sourire et la regarda partir. Il porta ensuite son regard autour d'eux avant de le reposer sur Wilfried. Ce dernier était à l'aise. Il n'avait pas peur de parler et honnêtement, tant mieux pour lui ! Autant d'assurance et d'énergie, c'était ce qu'il fallait à Roman, pour le bouger un peu et le sortir de sa zone de confort !
- J'aime toujours commencer par les artistes moins connus. Déjà parce qu'ils ont toujours moins de monde, ce qui dommage. Et aussi parce que je pense que c'est le plus sûr moyen de ne pas être biaisé par la vue d'autres œuvres iconiques. Mais je note pour le café, ça pourrait faire un bon interlude entre les nouveaux artistes et Delafontaine ! Tu seras mon guide ?
C'était une question, qui ressemblait plus à un souhait, dans la façon dont il l'exprima. Quoi de mieux que d'avoir le galeriste en chef comme fil conducteur de sa visite ? Et si en plus, il s'agissait de l'homme qui tournait autour de Roman et dont il ne savait pas grand chose, c'était parfait. L'air de rien, il demanda :
- Alors comme ça, tu es né à Hambourg ? Ca fait quoi... 9000 kilomètres de distance ? Tu es à Los Angeles depuis longtemps ?
Wilfried Hoffman
Wilfried Hoffman
• âge : 43 • pronom : Il • côté ♥ : Libre comme l'air après sa séparation définitive avec Ruben. • orientation : Gay • occupation : Wil gére une galerie d'art ainsi que de nombreux artistes. • quartier : Pacific Palisades• avatar : Michael Fassbender • crédits : invité • messages : 330 • date de naissance : 18/12/1980
Wilfried sourit tout en indiquant la direction à suivre d’un geste de la main. Puisque les sculptures sont les œuvres qui se trouvent à proximité, autant commencer par ça. De plus, Wil ne se lasse pas de les admirer.
Ses yeux ont une lueur amusée en entendant les questions qui surgissent. Il est vrai qu’il vient du vieux continent et, il est toujours étonné de voir la curiosité que cela suscite chez les natifs du nouveau monde. Ils le regardent souvent comme une relique d’un autre temps, ce qui le fait beaucoup rire.
« Oui, je suis né à Hambourg, il y a quelques années »
Son rire éclate en se demandant si Zaïn veut aussi sa date de naissance.
« Mon père était le directeur d’un musée d’art de la ville, le Bucerius et ma mère était restauratrice d’œuvres, spécialiste de la peinture des 15e et 16e siècle. Comme tu peux le constater, j’ai baigné dans l’art depuis que je suis né et j'ai toujours supposé que c'est à cause de cela que j’en avais fait mon métier. »
Il tait le fait qu’il est fan de Bruegel le jeune et d’autres peintres de la renaissance flamande. Qu’il pourrait devenir intarissable tant il trouve leurs œuvres magnifiques. Il aime par-dessus tout la façon dont la lumière jaillit de l’ombre. Qu’il peut rester des heures devant ces tableaux à scruter le moindre petit détail.
Un autre rire ponctue ses paroles.
« Je sais qu’il y a de nombreux kilomètres qui séparent ma ville natale de Los Angeles. Je me souviens des heures de vol... c’était très long … »
Même en voyageant en business class, en travaillant durant le trajet, cela lui avait paru interminable, surtout sur la fin. C’est une raison pour laquelle il ne retourne que peu souvent dans son pays, sauf obligation professionnelle et familiale.
« Cela fait environ une dizaine d’années que je suis ici. Nous avions déjà une galerie d’art à Hambourg avec Kate, et l’on voyageait énormément. Elle n’était pas encore mariée et n’avait pas ses filles. Nous étions jeunes et libres comme l’air »
Le regard du galeriste semble plonger dans le passé. Il voit défiler ses nombreux voyages et bizarrement, ne regrette pas ce temps où il ne se posait jamais. Aujourd’hui, il apprécie le calme apparent de son existence. Les soirées avec Roman. Il se dit qu’il se fait vieux.
« On a décidé de tenter l’aventure américaine et cela nous a plutôt bien réussi. Nous y sommes venus pour le travail et depuis, on y est resté. Kate y a même trouvé l’amour... »
Pas comme lui, mais la situation semblait changer. Il rajoute plus bas, un sourire joueur aux lèvres
« Je dois t’avouer que j’ai une nette préférence pour New-York… mais c’est un secret... »
Ils avaient déjà beaucoup de clients sur ce continent, ce qui avait facilité leur intégration au sein de ce milieu très fermé. La galerie Hoffman avait déjà une bonne réputation. Le reste n’était qu’affaire de communication. Ils avaient choisi une des meilleures agence du pays et tout s’était rapidement enchaîné.
« Lorsque je repense à tout ça, il me semble que je suis vieux et croulant »
Un autre rire arrive. Wil a l’impression d’avoir vécu mille vies. Un tumulte d’évènements heureux et malheureux. Une existence bien remplie. Tout en parlant, ils se sont dirigés vers les sculptures. Le simple fait de se mouvoir près des œuvres les anime.
« Voici un de mes coups de [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], mais je n’ai pas pu l’acheter. On me l’a ravi avant que je puisse réagir. Je suis heureux de l’avoir une nouvelle fois ici, en invité »
Wil souffle sur les bandes de plastique blanc qui se mettent à voleter doucement, donnant vie à ce qui semble être la chevelure du boxeur. Le tout animé par ses taches, rouge sang. Wilfried observe et s’émerveille, comme à chaque fois.
« Je les adore. Elles me fascinent … Pour l’inauguration de l’expo Defontaine, on avait placé de minuscules ventilateurs qui venaient souffler et animer les œuvres … c’était époustouflant… Un coup de génie de l’artiste de ne pas les avoir fait complètement statiques. »
Il secoue lentement la tête à ce souvenir et à l’impression de vie qu’il s’était dégagé des silhouettes. Le succès avait été retentissant.
« Époustouflant si on aime »
Le galeriste comprend que l’on ne puisse pas aimer ces amalgames de déchets que lui nomme « œuvre d’art ».
« Et toi, cela fait longtemps que tu connais Roman ? Depuis la maternelle, comme Kate et moi ? Je suis curieux de savoir comment vous vous êtes rencontrés »
Il adresse un clin d’œil au musicien avant de venir croiser ses bras sur sa poitrine, en attente des réponses. Son attention a quitté les hommes de plastique pour se focaliser sur celui en chair en os qui se trouve à ses côtés.
Zaïn comprenait davantage la vocation de Wilfried pour les arts. Cela lui venait clairement de ses parents, comme un héritage, en quelque sorte. Ca lui rappelait vaguement quelque chose ! Il écouta très attentivement le quadragénaire, pour ne pas en rater une miette. Mieux connaître celui qui tournait autour de Roman, c'était important. Au moins pour s'assurer qu'il s'agisse d'une bonne personne. Le point positif c'est que Wilfried n'était pas quelqu'un de timide ou de réservé. Il parlait. Beaucoup. Et il livrait de nombreux détails sans que l'on ait besoin de trop le cuisiner. Parce qu'il était poli et aussi parce qu'il n'avait strictement aucun intérêt à l'interrompre, il le laissa causer. Ca ne devait pas être simple de mettre les voiles dans un autre pays et de recommencer quelque chose. Encore moins quand on ne connaissait rien sur sa destination. Avec ses voyages, Wilfried put sans doute se constituer une petite opinion, découvrir certaines choses mais la visite "touristique" différait toujours de celles des vrais habitants. On n'apprivoisait pas une ville comme Los Angeles en un claquement de doigts. C'est qu'il était prenant, dans sa façon de raconter, ce Will... Et voilà qu'il ne tarda pas à se comparer à un vieux croulant. Zaïn laissa échapper un rire à son tour et répliqua :
- C'est dans la tête que tout se passe. Tu peux avoir 80 berges, si tu as l'état d'esprit d'un trentenaire, c'est ce qui compte !
Il avait surement raison. L'âge, ce n'était qu'un chiffre, qui pouvait effrayer ou déprimer, comme le nombre 13... par bêtise, superstition ou effet de mode. Le plus souvent, les trois étaient liés. Zaïn suivit Wilfried jusqu'aux sculptures, très originales. Effectivement, on aimait ou pas. En tout cas, le plastique ne finissait pas dans les océans, ici ! Une bonne chose... Il comprit rapidement que son interlocuteur avait un coup de coeur pour ces créations-là. Ca sortait de l'ordinaire, enfin quelqu'un d'atypique ! Roman était bien tombé, si on ne considérait que ce critère. Kerlyne hocha la tête, il était peut-être moins expressif que Wilfried, mais l'ensemble ne lui déplaisait pas, au contraire :
- Elles ont un côté irréaliste et en même temps si vrai. le rouge ajoute une dimension intéressante, je comprends pourquoi elles te fascinent ! C'est un beau travail en tout cas !
Oeil pour oeil, dent pour dent, ce fut à Zaïn d'être l'objet de questions. Il n'avait pas l'intention de s'en défausser. Certes, il entendait un peu cuisiner son interlocuteur mais il ne voulait pas non plus paraitre froid. Après tout, si Roman était tombé sur un type bien, c'était l'occasion pour lui de forcer un peu le destin.
- Très honnêtement, je ne saurais dire avec exactitude. Roman a toujours fait partie de ma vie, d'aussi loin que je me souvienne. J'ai eu une enfance compliquée et ses parents m'ont souvent recueilli. C'est plus qu'un ami, c'est un frère pour moi. Nous veillons l'un sur l'autre. Il a été là dans les moments difficiles et je le suis pour lui, quand ça ne va pas fort.
Il ne voulait pas forcément rentrer dans les détails de son enfance. Il n'était pas venu là pour faire un exposé morbide. Ils en parleraient peut-être, un jour, dans un autre cadre. Pour le moment, Zaïn passait un moment sympa et souhaitait que ça dure. Comme il ne perdait pas le nord, et qu'il n'était pas du genre à tourner mille ans autour du pot, il reprit la parole, en regardant attentivement Wilfried :
- L'avantage d'être un frangin, c'est qu'on voit plus facilement les choses. Roman, il te plait, n'est-ce pas ?
Ca faisait peut-être un peu rustre, de prime abord, mais il n'avait pas un ton menaçant ou dur. Il parlait normalement, désireux de ne pas le brusquer ou le mettre trop mal à l'aise.
- Je vois bien la façon dont tu le regardes. Et même l'éclat dans ton regard lorsque tu prononces son prénom.
Wilfried Hoffman
Wilfried Hoffman
• âge : 43 • pronom : Il • côté ♥ : Libre comme l'air après sa séparation définitive avec Ruben. • orientation : Gay • occupation : Wil gére une galerie d'art ainsi que de nombreux artistes. • quartier : Pacific Palisades• avatar : Michael Fassbender • crédits : invité • messages : 330 • date de naissance : 18/12/1980
Les questions fusent de la part de Wilfried car, il a envie de connaître certains détails, surtout, savoir si Roman et Zaïn ont été proches… physiquement. Certes, il ne pose pas la question directement. Il est trop poli pour ça. D’ailleurs, il ne pense pas que cela changerait quoi que ce soit, mais, si par le passé, les deux amis avaient été plus intimes, il aimerait bien le savoir et ne pas l’apprendre par un tiers et se retrouvait comme un idiot devant le fait accompli. Il détesterait ça. Après, il y a aussi la solution de demander directement à Roman, bien qu’il ne se sente aucune légitimité pour ça. Le récit de Zaïn et sa mention de frère ôte le doute de l’esprit du galeriste. Il n’y a aucune ambiguïté dans leur relation. Le musicien semble plutôt franc et direct, ce qui lui plaît tout en l’étonnant. Il n’est pas habitué à rendre des comptes, ni à se justifier, mais dans ce cas, il préfère considérer cet échange comme une conversation entre amis ayant à cœur de découvrir l’autre et ses petits secrets.
Et forcément, lorsque l’échange dérive sur Roman, Wilfried se raidit immédiatement et tique. Le pli de ses lèvres devient un peu plus sévère et ses iris clairs inquisiteurs scrutent le brun avec insistance. Il se doute que ses propos découlent de sa bienveillance envers Roman mais, le galeriste ne sait pas s’il est prêt à s’ouvrir avec un presque inconnu. Il n’est pas du genre à s’épancher et préfère garder ses états d’âme au fond de lui et montrer aux autres un visage toujours impassible. Ses mains ont glissé au fond de ses poches de pantalon et il joue avec le briquet qui gît au fond de l’une d’elles.
S’il le pouvait, il aimerait bien en fumer une, afin de disparaître derrière un écran de fumée et se soustraire aux questions.
Un sourire revient rapidement sur ses lèvres tandis que ses muscles se détendent. Il se dit qu’il fait ça pour Roman. Pour la relation de confiance qu’ils ont établi et à laquelle Wil est très attaché. Il ne veut plus cacher ses sentiments, ni ses ressentis, mais cela ne vaut que pour Roman et non pour Zaïn. Frère ou pas. Il décide, malgré tout, de jouer le jeu qu’ils ont commencé. Il n’a rien à cacher finalement.
« Je croyais que j’étais moins transparent que ça »
Un petit rire amusé ponctue ses paroles.
« Je dirai même que je ne pensais pas que c’était aussi flagrant que Roman me plaisait »
Son rire continue à retentir parmi les sculptures, faisant à peine voleter les lambeaux de plastique qui les constituent. Comme si les personnages prenaient vie pour rire avec lui de sa naïveté.
« On dirait que je suis découvert »
Un immense sourire barre son visage tandis qu’une main vient malmener sa chevelure.
« Je ne peux plus rien te cacher et je ne vais pas nier les faits. Roman me plaît mais, ça va au-delà de la simple attirance physique »
Son regard s’évade quelques instants dans sa mémoire où Roman, son sourire et sa bienveillance, apparaissent.
« Grâce à Roman, j’ai retrouvé l’envie de revivre. De redécouvrir les autres et lui, en particulier. Il m’a aidé et soutenu dans un moment difficile de ma vie, sans me juger et je suis devenu accro à sa joie de vivre. Il me fait du bien et j'espère sincèrement que moi aussi, je lui apporte des bonnes choses dans sa vie »
Il n’aurait jamais cru se livrer aussi rapidement. L’effet Roman certainement.
« Je suppose que tu veux connaître mes intentions envers lui et surtout t’assurer que je ne lui fasse pas de mal, et je trouve cela admirable »
Wilfried marque un temps d’arrêt, il espère que ses paroles portent et que Zaïn sent sa sincérité.
« Lorsque je songe à mon avenir, j’aimerais que Roman en fasse partie. »
Soudain, un rire tonitruant arrive et Wil s’exclame
« Je crois que je t’en ai assez dit pour aujourd’hui. Viens donc admirer ces superbes photographies d’un artiste extrêmement talentueux. C’est la seconde fois que j’expose ses œuvres et je suis toujours autant ému par ce qu’elles dégagent »
L’allemand trouve qu’il en a assez dit sur sa relation avec Roman. Lui-même ne met pas encore tous les mots sur ce qu’il vit et ressent. C’est trop tôt et il y a aussi la crainte de tout gâcher. Il préfère rester prudent et voir comment les choses évoluent entre eux, même s’il ne peut nier qu’il a des sentiments de plus en plus fort pour Roman. Par contre, il n’est pas encore prêt à le dire à qui que ce soit. Même pas au principal intéressé.
Zaïn avait toujours un certain flair pour cerner les gens. Et il ne manquait pas de l'utiliser dès que ça touchait son entourage. Cela lui avait pas mal servi pour repérer les personnes néfastes et les chasser vite fait bien fait. Dans le rapprochement entre Wilfried et Roman, il sentait bien qu'il existait une attirance. Et pour le coup, ça n'était pas nécessairement à cause du galériste qu'il avait eu la puce à l'oreille. Son frère de coeur se comportait différemment quand ils étaient tous les trois. Suffisamment pour qu'il devine que quelque chose se tramait. Ensuite, il avait suffi d'observer les gestes, les attitudes, pour détecter rapidement que les deux hommes se tournaient autour. Le constat posé, Zaïn s'était mis en tête de cuisiner un peu l'allemand, pour savoir quelles étaient ses prétentions et ce qu'il ressentait vraiment. S'il sentait qu'il s'agissait d'une relation pas trop sérieuse, juste pour le fun, il aurait pris la décision difficile de décourager son interlocuteur. Il ne voulait pas voir son meilleur ami souffrir pour un truc éphémère et sans intérêt. Par le passé, peut-être avait-il suffisamment impressionné deux ou trois mecs qui lui tournaient autour pour son bien. Certes, il s'était bien gardé de le dire à l'intéressé. Sa potentielle influence ne fonctionnait que parce qu'il oeuvrait dans l'ombre, à l'abri des regards, en tête à tête. Et puis Roman aurait sans doute eu en travers l'idée qu'il lui ai flingué deux ou trois plans... A juste titre, parce qu'il ne s'agissait pas d'une méthode très loyale. Qu'importe, il le considérait comme sa famille et à bien des égards, il tentait de le protéger tel qu'il aurait du protéger son petit frère, aujourd'hui six pieds sous terre. On appelait ça l'effet de transfert en psychologie.
- Tu sais, à ta décharge, j'ai toujours eu un certain instinct pour ce genre de choses. Je vois ce que tu veux dire, les sentiments, l'attirance tant physique qu'émotionnelle. Et c'est Roman tout craché, de soutenir les gens dans le besoin. Il a toujours été là... toujours... présent pour les autres, parfois au détriment de lui-même. Il lui arrive de s'en oublier. Je ne peux que comprendre ce que tu me décris.
Il ne lui en dirait pas plus, parce que leur enfance n'était pas une très belle histoire. Surtout pour Zaïn. Ils ne se connaissaient pas suffisamment pour qu'il entre dans les détails, quand bien même l'aurait-il vraiment souhaité. Il ne voulait pas non plus refaire le drama. La vie quotidienne suffisait amplement pour ça, inutile d'en rajouter. Il écouta la suite avec attention, tout en ayant un sourire au coin des lèvres. Wilfried ne savait pas encore vraiment dans quoi il s'engageait. Roman n'était probablement pas l'homme le plus assuré et démonstratif de la terre. Il restait une très bonne personne, entendons-nous bien, mais il se montrait réservé, discret, parfois d'une façon un peu désespérante. Car si Zaïn avait écarté quelques prétendants, il espérait parfois que son pote se case avec quelqu'un. De confiance, attentionné, bref, une personne qui le mérite vraiment. Et ça ne courrait pas les rues ! Alors si en plus, Roman se cachait derrière une armure, ça n'allait pas arranger ses affaires ! Kerlyne jouait à l'entremetteur mais le jeu en valait la chandelle, clairement.
- Ce n'est pas évident, pas vrai ? De savoir ce qu'il pense et ce qu'il ressent dans le fond ? Roman a toujours été assez... discret... il peut même paraitre froid, vu de l'extérieur. Mais je sens bien, même s'il ne le dit pas, qu'il t'apprécie. Il te faudra du temps pour arriver à le faire réagir ou alors le bousculer un peu. Sauf si tu veux prendre ton temps, dans ce cas-là, vas-y au feeling.
Wilfried était intelligent, il comprit rapidement pourquoi Zaïn lui posait ces questions et pourquoi il attendait des réponses. Il ne le prenait pas mal, ce qui représentait déjà un bon début. Pas simple de voir quelqu'un que l'on ne connaissait pas, vous juger un peu et vous cuisiner sur votre vie privée. Au moins, il n'allait pas se faire envoyer paître. Et de fait, n'aurait pas besoin de se montrer cinglant. C'est qu'il n'avait pas la langue dans sa poche, le Kerlyne.
- C'est un peu ça... Ne le prends pas mal, mais je veux être sûr que Roman n'ait pas le coeur brisé ou qu'il ne se fasse pas flouer. C'est mon frangin, et je n'apprécierais pas qu'il se fasse enguirlander par un mec.
« Lorsque je songe à mon avenir, j’aimerais que Roman en fasse partie. ». Cette phrase là ne tomba pas dans l'oreille d'un sourd. Au contraire, elle fut un gage de sincérité parce qu'il sentait bien à la façon dont Wilfried l'avait prononcé, qu'il le pensait. Ce n'était pas de bons mots sortis pour noyer le poisson. Il se mit à rire à son tour :
- Ouais... j'arrête de te cuisiner sur Roman, du moins je vais essayer. Juste si je peux me permettre un petit conseil, n'hésites pas à prendre les devants, il lui arrive d'être un peu coincé... et je dis ça affectueusement, hein !
Tant qu'à faire, puisqu'il avait affaire à un mec bien et réellement intrigué par son frangin adoptif, autant donner un coup de pouce à leur relation ! Wilfried revint bientôt à la photographie et reprit le fil de leur visite. Il ne tarissait pas d'éloges devant certains clichés. Zaïn les observa. Effectivement, ils présentaient quelque chose d'inhabituel. De touchant et de splendide. Il y eut un silence, de quelques minutes, pendant lesquelles Kerlyne fut totalement absorbé. Il finit par demander :
- Je n'ai jamais vu de telles photographies. On dirait que tout est vivant derrière l'objectif. Ca me remue les tripes. C'est qui l'artiste ? Dis-moi tout, je veux tout connaitre à son sujet ! A tout hasard, d'ailleurs, certaines pièces sont à vendre ?
Wilfried Hoffman
Wilfried Hoffman
• âge : 43 • pronom : Il • côté ♥ : Libre comme l'air après sa séparation définitive avec Ruben. • orientation : Gay • occupation : Wil gére une galerie d'art ainsi que de nombreux artistes. • quartier : Pacific Palisades• avatar : Michael Fassbender • crédits : invité • messages : 330 • date de naissance : 18/12/1980
Les paroles de Zaïn cheminent dans les méandres de l’esprit du galeriste et il apprécie les conseils d’une personne qui connaît aussi bien Roman.
« Merci pour les conseils ... »
Wil lui en est reconnaissant parce que depuis sa rupture avec Ruben, il ne se sent plus très à l’aise pour aller vers les autres. Il n’a plus confiance en lui. Il ne veut pas reproduire le même schéma.
Devant les œuvres de Thiago, Wil ne peut s’empêcher de songer aux instants qu’ils ont partagés. Ces mêmes instants qui ont été le déclencheur. Cette présence qui lui a fait comprendre combien il était seul et combien cette situation lui pesait et était devenue insupportable. Il ne s’est jamais demandé comment serait sa vie s’il n’avait pas croisé la route du jeune photographe. S’il n’avait pas été charmé. Serait-il encore avec Ruben ?… ou la distance et le fait de ne pas assumer en public pour son compagnon auraient inéluctablement dégradé leur relation …
Avec Roman, il ne se pose pas ce genre de question. Pas encore mais, il sait qu’il abordera le sujet si la situation évolue entre eux. Wilfried ne tolérera plus de se dissimuler. Il a passé l’âge de jouer à cache-cache.
Un regard vers Zaïn suivi d’un sourire avant qu’il ne dise
« Tu as vu cette intensité dans le cadrage et les sujets mis en valeur sont absolument fabuleux. J’ai beau connaître certaines de ces œuvres, j’ai toujours l’impression de découvrir des détails au fur et à mesure du temps. Thiago est un magicien. »
Le galeriste se recule légèrement pour avoir une vue d’ensemble.
« L’artiste s’appelle Thiago Simões. Il commence à avoir une jolie réputation dans le milieu et certains amateurs d’art photographique sont à l’affût de ses dernières créations. Lors de la première exposition que j’ai organisé ici, sache que j’avais déjà vendu des pièces avant même que cela commence. Thiago déchaîne les passions avec ses œuvres. Il est touchant et bouleversant. J’ai beaucoup d’admiration pour l’homme qu’il est »
Un rire ponctue cette tirade.
« Je suis intarissable lorsqu’il s’agit de parler des artistes que j’expose »
Son regard plonge dans une autre photographie.
« Oui, il en reste encore quelques-unes à vendre, par contre, elles ne devraient pas rester sans acquéreurs bien longtemps »
D’un geste, il désigne les bustes en plastique blanc qui semblent voler tels des fantômes le long des murs.
"Ces œuvres d'un autre artiste aussi s'arrachent comme des petits pains. J'ai dû me battre pour en obtenir une"
Il s'approche de celle qu'il possède et la fixe un moment, comme hypnotisé avant de revenir vers Zaïn.
« Je suis certain que Thiago doit en avoir d’autres en réserve, si tu ne trouvais pas ton bonheur. Je n’ai ici qu’une petite partie de ce qu’il a fait cependant, je pourrais le contacter au besoin »
L’allemand avance un peu avant de se mettre devant une autre œuvre.
« Fascinant, tu ne trouves pas ? »
Il avait oublié à quel point les photographies de Thiago étaient belles et à quel point elles lui parlaient. Il se perd souvent dans la contemplation de celle qu’il a acheté. Cette chambre vampirisée par la nature où la présence humaine a été effacée doucement, mais sûrement. Cette chambre qui lui avait fait immédiatement à son couple avec Ruben. Ce couple qui se disloquait et se délitait lentement, mais sûrement lui aussi. Cela lui a au moins appris à savoir exactement ce qu’il veut et quel type de relation il ne veut plus.
Il revient vers Zaïn et murmure
« Je sais que tu t’inquiètes pour Roman, mais sache que je ne veux que le meilleur pour lui. Je ne ferai jamais rien qu’il le fasse souffrir, je te le jure. J’ai déjà vécu ce genre de relation et il n’est pas question que ça recommence. Cette histoire qui s’est mal finie m’a fait prendre conscience de beaucoup de choses … »
Un demi-sourire étire ses lèvres.
« J’ai eu une vie avant et je ne peux pas effacer ce que j’ai fait. Les bonnes comme les mauvaises actions, mais aujourd’hui, je ne veux garder que le positif. J’espère que tu es rassuré »
Il plante ses iris clairs dans ceux plus sombres de Zaïn.
« Je tenais à ce que tu sois au courant et même si Roman me plaît énormément, je compte aller à son rythme. Je veux bien faire. Ne rien précipiter malgré mon désir d’évoluer vers une relation plus sérieuse et moins… amicale, même si l’un n’empêche pas l’autre. Après, si tu as d’autres conseils pour débloquer la situation, je suis preneur. Du genre, ce qu’il aime ou pas du tout, histoire que j’évite de me planter »
Un petit rire conclut ses aveux. Il ne voit pas Roman se fâcher ou être contrarié s’il venait qu’à gaffer. Le musicien est bien trop adorable pour avoir ce genre de réaction. Du moins, c’est ce que pense Wil. Il trouve qu’il se livre beaucoup à Zaïn. Certes, le galeriste n’est pas prêt à raconter toute sa vie au meilleur ami de Roman mais, il peut lâcher quelques bribes afin de l’éclairer sur ses intentions envers lui. Il n’a rien à cacher.
« Je peux te confier que je cherche une maison, pas « pour nous » car il est encore trop tôt, mais, pour y être plus à l’aise. Moins ‘show-room’ comme celle que j’ai actuellement »
Un autre rire arrive, un peu gêné de s’entendre parler aussi librement de sujets très personnels.
« Si un jour tu veux changer de carrière, tu pourras toujours devenir ‘conseiller matrimonial’, tu es assez doué dans ton genre »
Cette fois, son rire est plus franc tandis qu’il ne peut empêcher une pensée de s’envoler vers Ruben. Cela les aurait peut-être aidé d’en consulter un. Peut-être que la tragédie qui a suivi aurait pu être évitée. Wil secoue légèrement la tête. Pas question de vivre avec des ‘peut-être’ stériles et démoralisants. Ne plus recommencer les mêmes erreurs que par le passé. C’est sa doctrine actuelle. Celle à laquelle il se raccroche chaque jour.
Thiago... lorsque Wilfried prononça ce prénom, Zaïn sentit un frisson lui parcourir l'échine. Serait-il possible qu'il s'agisse de l'ex petit-ami de son frère ? Il n'eut même pas besoin de le demander. Son interlocuteur le lui confirma. Le monde était petit et décidément le destin savait comment se jouer des sentiments. Silencieux, Kerlyne observa les clichés avec encore plus d'attention. En chacun d'eux, il sentait une âme... une émotion et il ne savait pas pourquoi, cela lui faisait penser à Ethan. Il s'arrêta un moment sur la photographie noir et blanc d'un phare, face à une mer agitée. Le ciel, obscurci, annonçait un orage, à n'en pas douter. En contrebas, sur une plage, deux ou trois surfeurs faisaient fi du danger pour aller affronter les vagues. Douloureux écho... et en même temps, si hypnotique. Kerlyne sentait son coeur s'accélérer en imaginant la scène. A ce moment-là, hélas pour lui, Wilfried avait beau lui parler des bustes en plastique, de ses acquisitions, Zaïn n'en avait absolument rien à faire. Il l'avait perdu. Et ce malgré ses immenses qualités de guide et de pédagogue.
- Celle-ci... tu... tu peux me dire si elle est disponible ? Je veux l'acheter... ton prix sera le mien.
Il n'avait même pas remarqué qu'il lui montrait une autre oeuvre. Il restait obsédé par celle là. Il semblait sortir de sa transe et observa l'image, émerveillé. Effectivement, c'était une très belle oeuvre, à la fois surprenante par son réalisme et hypnotisante par ce qu'elle colportait comme émotions.
- Celle-là aussi.
Pas difficile à convaincre ? Cela faisait des années qu'il n'avait pas vu Thiago et voilà que maintenant il tombait sur ses créations ! Il ne pouvait s'empêcher de les apprécier et même d'en être subjugué. Il préféra toutefois éviter que Wilfried ne l'appelle. Ce n'était pas le bon timing. Et puis, qu'aurait-il pu lui dire ?
- Pas besoin de le contacter... je n'aime pas rencontrer les artistes dont j'achète les oeuvres. J'ai toujours la crainte qu'ils ne me les expliquent et que cela casse la vision que j'en ai.
C'était en partie vrai. Cela ferait office d'argument principal pour Thiago. Il refaisait sa vie, il avançait. Tant mieux pour lui ! La conversation revint sur Roman et Zaïn devait bien l'admettre, son frère de coeur, là, n'était plus trop sa priorité du moment. En fait, il eut même du mal à reprendre le fil, tellement ce qu'il venait d'apprendre l'avait ébranlé.
- Roman ? Je ne suis pas inquiet, plus maintenant. Tu m'as l'air d'être sincère et je pense que tu l'es. Et puis, honnêtement, si tu arrives à le conquérir, c'est que tu es le bon. Je connais Roman, il ne s'ouvre pas à n'importe qui. Pour ce qui est des conseils, je te dirais un truc bateau : sois toi-même. Si tu ne joues pas franc-jeu, il le saura très vite. Roman aime la vie, rire, danser, chanter. Il t'en faudra peu pour lui faire plaisir. Mais si tu veux conquérir son coeur, il te faudra créer une complicité qui va au delà de l'amitié. C'est assez dur à expliquer, mais en gros, sois sincère, vas-y au feeling. Et n'hésite pas à le surprendre, à oser de choses. Roman n'est pas du genre timide, c'est plus compliqué que ça. Il a du mal à s'attacher... si tu arrives à le mettre en confiance à créer entre lui et toi, un parfait cocon, un filet de sécurité, ça ne peut que marcher.
Zaïn essayait de ne pas trop en dire sur Roman, notamment sur son passé, sur sa mère... Il viendrait peut-être un moment où son frère de coeur se confierait. Peut-être était-ce déjà le cas, en tout cas, Kerlyne ne s'estimait pas légitime pour en parler. Wilfried se confia davantage et cela le fit sourire. Quand il vanta ses talents de conseiller matrimonial, il éclata d'un rire franc. Amusé, il répliqua :
- Ma foi, je me garde ça en possible évolution de carrière ! Tu sais, je t'aime bien. Je pense que tu peux apporter à Roman, je me trompe rarement sur les gens. C'est intéressant que tu recherches une maison pour toi, plus discrète. Comme je te l'ai dit, il faut que tu créés un nid douillet, pour vous deux, même s'il n'y vient que par intermittence. Ce n'est pas à moi de te parler de ça, mais Roman a besoin de sureté et de stabilité. En tout cas, ce n'est pas très difficile de te tirer les vers du nez ! Je pensais devoir te cuisiner bien plus intensément que ça ! Je suis agréablement surpris !
Wilfried Hoffman
Wilfried Hoffman
• âge : 43 • pronom : Il • côté ♥ : Libre comme l'air après sa séparation définitive avec Ruben. • orientation : Gay • occupation : Wil gére une galerie d'art ainsi que de nombreux artistes. • quartier : Pacific Palisades• avatar : Michael Fassbender • crédits : invité • messages : 330 • date de naissance : 18/12/1980
La surprise est totale pour le galeriste qui ne s’attendait pas à ce que les œuvres de Thiago remportent aussi rapidement autant de succès auprès de Zaïn. On dirait que le brun a eu un coup de foudre. Que les photographies l’ont envoûtées. Il est vrai qu’elles sont envoûtantes. Wil se surprend parfois à rester planter devant un paysage. Il s’y noie. S’y perd. Déniche les plus infimes détails. Tressaille en en découvrant d’autres. Une vraie chasse aux trésors. Voir ce que Thiago a vu lorsqu’il était derrière son objectif.
« Excellents choix »
Il adresse un sourire à Zaïn avant de revenir porter son attention sur l’image en noir et blanc. Ce phare dressé. Ses minuscules silhouettes qui se jouent des éléments.
« Ces photos semblent parler à quiconque les regardent. C’est la magie de Thiago »
Il se déporte juste assez pour être dans la ligne de mire de Kate, à qui il adresse un petit signe discret.
« Kate va s’occuper de tes acquisitions. Tu as de la chance, elles n’avaient pas encore trouvé preneur, ce qui est rare. Si c’était possible, j’aimerai les garder le temps de l’exposition, mais je comprendrais que tu sois impatient de les accrocher chez toi. On a un service de livraison spécialisé. Il suffit de donner tes disponibilités et tu reçois tes œuvres bien emballées à l’endroit de ton choix. »
Il se dit qu’il faudra absolument prévenir Thiago pour qu’il ramène d’autres photographies à la galerie. Il connaît les acheteurs et leur besoin de posséder immédiatement ce qu’ils ont acquis.
« Tu vois que Defontaine ne monopolise pas forcément l’attention et que d’autres artistes, tout aussi talentueux, mais dans un autre registre arrivent aussi à capter les regards et arracher des émotions. J’espère que tu te rends compte que le meilleur n’est pas pour la fin mais, plutôt pour chaque œuvre que tu découvres. »
Un petit rire ponctue ses paroles. Wilfried sait que chaque artiste peut provoquer des émotions, différentes certes, mais des émotions quand même. La preuve avec cet engouement pour les photographies de Thiago.
« Je pense qu’il va tout de même falloir que je contacte ce jeune prodige, car je n’arrive pas à garder ses photographies. Elles se vendent dès que je les accroche. »
Un autre rire.
« Je suis content pour lui. Il le mérite. Je sais que je me répète, mais ce garçon est très talentueux. Il faudra que je le fasse revenir à la galerie pour une soirée présentation »
Wilfried est reparti dans ses plans d’avenir. Toujours la tête dans le boulot. Malgré tout, son attention revient se porter sur les conseils de Zaïn. Il écoute attentivement la description que fait le musicien de Roman. Il retient le mot ‘confiance’, ‘cocon’, ‘être soi-même’. Toutes ces choses qu’ils n’avaient pas trouvées utiles lors de sa relation avec Ruben, mais qui prennent un nouvel écho aujourd’hui. Le galeriste se sent même un peu honteux d’extirper des renseignements à Zaïn. Comme s’il faisait quelque chose de mal. Une cachotterie dans le dos de son ami. Il sait qu’il en parlera à Roman. Ça aussi, c’est un nouvel aspect de sa vie. Être plus ouvert. Dialoguer.
« Je dois ce changement à Roman, justement. Il a instauré le dialogue entre nous. Chose que je ne pratiquais pas. La politique de l’autruche est la pire attitude qu’on puisse avoir. Je l’ai trop pratiqué et j’en ai aussi vu les conséquences sur mon existence. Aujourd'hui, je dialogue. Je m’efforce de dire mes ressentis à l’autre afin d’être sur la même longueur d’onde »
Un autre rire conclut sa tirade, preuve qu'il est décontracté et en confiance.
« Roman a fait de moi un véritable moulin à paroles »
Il rit un peu plus, s’amusant du nouveau Wilfried. De l’homme qu’il essaie d’être. Un homme meilleur.
« Et si on continuait cette visite ? »
Wil souffle sur les plastiques diaphanes des silhouettes ce qui a pour effet de leur donner vie tandis qu’il murmure
« Je les adore. Je suis complètement fan »
Il se poste devant celle qu’il a réussi à acheter et continue, d’une voix empreinte de révérence.
« Quand on pense qu’il s’agit de déchets. De plastiques voués à la poubelle. Et passés entre les mains de l’artiste, ces immondices deviennent… magnifiques »
Il sent le regard moqueur de Kate sur lui. Elle a eu l’affront de lui dire que s’il ne trouvait personne pour supporter son sale caractère, ces silhouettes muettes seraient parfaites. Il avait dédaigneusement haussé les épaules et tourné les talons en relevant le menton. Il avait aussi dû lâcher quelques petites insultes dans leur langue natale... le tout enrobé par de grands sourires.
« Prêt à découvrir Defontaine ? Les photographies de Thiago ne t’ont pas trop chamboulé ? Ébloui ? Hypnotisé ? Tu penses pouvoir apprécier ce qui va suivre ? »
Il ne peut s’empêcher de le taquiner. Ça aussi, c’est un aspect de sa personnalité que Roman a dévoilé.
- Ne te fais pas d'inquiétude, j'attendrais la fin de l'exposition. Je passerais les prendre quand tu me feras signe. Il faut que tout le monde puisse admirer ce sublime travail.
Zaïn n'était pas pressé au point de vouloir récupérer ses acquisitions sur le champ. Il se disait qu'elles n'allaient certainement pas s'envoler. Donc à partir de là, il n'aurait plus qu'à les récupérer au moment venu. Avec son métier, il n'était pas sûr que la livraison soit une bonne idée, surtout qu'il travaillait sur des répétitions en vue de la tournée d'un grand artiste, dans les mois à venir. Il ne serait pas souvent à son domicile. Les entraînements, ça commençait généralement en matinée et ça finissait à 5h du matin, avec 5 ou 6 cadavres de bouteilles de whisky au sol, tout le monde vautré dans un canapé de la loge commune, entouré de mégots, de quelques traces de poudre aussi... bref, pas vraiment le cadre idéal pour gérer la réception d'oeuvres d'art. Et puis, cela pouvait éventuellement leur servir de prétexte pour se revoir ? Hors du boulot, ils disposeraient de temps pour faire plus ample connaissance. Après tout, si Wilfried devenait un jour son beau-frère, il valait mieux qu'ils en sachent un peu plus sur l'autre. Kerlyne aimait sympathiser avec les gens, même si de prime abord, quand on le croisait dans la rue, avec ses 2 mètres presque atteint, sa barbe bien fournie, son allure musclée, on pouvait aisément ne pas être très rassuré. Cet air un peu "qui s'y frotte s'y pique", n'était pas qu'une illusion. Il ne fallait pas trop le chauffer, parce qu'il n'avait pas peur de dire les choses comme il les pensait et encore moins de coller un bourre-pif à quiconque lui prenait un peu trop le chou. Après, quand on apprenait à l'amadouer et à le connaître vraiment, il était quelqu'un d'amical, de bonne compagnie. Il acquiesça quand Wilfried lui fit remarquer que l'exposition Delafontaine masquait un peu les autres artistes. C'était vrai.
- C'est pour ça que je voulais commencer l'exposition par ces artistes là et ensuite voir ses oeuvres. Quand tu passes une bonne heure à t'en mettre plein la vue, c'est très fréquent que tu trouves le reste insipide ensuite, alors que ça ne l'est pas vraiment.
Physiquement, ça s'expliquait par la capacité du cerveau à occulter tout ce qu'il considérait comme non essentiel. Et quand on allait dans un musée, les informations étaent si nombreuses, qu'il ne retenait que le plus facile : ce qui était connu, prestigieux et bénéficiait d'une bonne image. Au final, l'analyse du galériste était exacte.
- Si tu organises une soirée de présentation, envoie-moi un carton d'invitation. Je serais intéressé. Je ne promets pas d'être disponible, mais au pire, je te le dirais.
Les confidences au sujet de la relation entre Wilfried et Roman, l'amusèrent. Il n'avait pas fallu beaucoup d'arguments pour le mettre en confiance. Et pourtant, le blond se livrait sans avoir beaucoup d'états d'âme. Il se mit à rire quand Roman fut désigné responsable de sa loquacité. C'est vrai que Roman avait le don pour nourrir les conversations et les animer. Ils continuèrent leur visite. Nouveau sourire en coin. Ca devait faire au moins la cinquième fois que Wilfried s'extasiait devant les silhouettes en plastique. L'idée même de leur création était originale. De déchets à oeuvre d'art... il avait fallu beaucoup d'audace à l'artiste pour imaginer cela. Au moins, cela ne flotterait plus dans les océans. Et le rendu, au final, n'était pas si mal ! Bon, Zaïn n'y mettrait pas la même passion que son interlocuteur, mais il hocha la tête quand il parla de leur côté magnifique. Le travail réalisé avait quelque chose de très agréable à voir.
- Je t'avoue que je n'en sais rien ! Ce que j'ai vu était déjà très beau... je ne sais pas du tout si je suis prêt. Mais je te fais confiance pour me guider ! Je ne doute pas que tu sauras m'épater !
Wilfried Hoffman
Wilfried Hoffman
• âge : 43 • pronom : Il • côté ♥ : Libre comme l'air après sa séparation définitive avec Ruben. • orientation : Gay • occupation : Wil gére une galerie d'art ainsi que de nombreux artistes. • quartier : Pacific Palisades• avatar : Michael Fassbender • crédits : invité • messages : 330 • date de naissance : 18/12/1980
Dès qu’ils arrivent dans la partie de la galerie consacrée à Defontaine, les couleurs explosent. Elles semblent inonder les murs. Déborder de leurs cadres. L’ordre semble bouleversé. Mis à mal. Avec un sourire, Wilfried dit
« Bienvenue dans le monde de Defontaine. Un artiste hors norme, emporté trop tôt. »
Le peintre français était un génie. Un de ces hommes dont la création reste exceptionnelle. Les collectionneurs ne s’y sont pas trompés. Après le blanc des plastiques et les œuvres toutes en pudeur de Thiago, les couleurs du français agressent et dérangent presque. Mais, elles sont aussi une fabuleuse ode à la vie, comme s’il savait que son passage ici-bas serait bref. Qu’il devait peindre toutes ses émotions. Les figer à jamais afin qu’il subsiste une palette de couleur de ce que fut sa vie. Il comprend mieux l’émotion de Neville devant ce qu’il appelle « un testament ». Chaque artiste veut laisser sa trace. Celle qu’ils ont devant leurs yeux retrace un bout de vie.
Le galeriste reste silencieux un long moment. Vue de l’extérieur, on pourrait croire qu’il se recueille devant les toiles et c’est un peu ce qu’il fait. Il a mis tellement d’énergie à faire revivre cet homme que maintenant qu’il est là, grâce à sa création, il savoure qu’il n’ait pas été oublié. Qu’il soit mis en lumière le temps de cette rétrospective. Que les gens qui l’aimaient et l’appréciaient puisse venir redécouvrir son œuvre. C’est une sorte de ‘grande messe’ à la mémoire de Defontaine. Il coule un regard sur Zain avant de le déranger et demande
« Alors ? Tu ne trouves pas qu’on en prend plein la vue ? »
Devant ces peintures on peut se recueillir, mais jamais s’endormir. Trop de couleurs. De mouvements. De vie. L’œil est attiré par toutes sortes de détails et le cerveau est en perpétuelle ébullition. Du moins, c’est ce qui arrive au galeriste lorsqu’il déambule dans cette partie.
« Bien sûr que je te ferai passer un carton pour l’inauguration. Tu verras, il y aura d’autres surprises qui doivent arriver de France avec le directeur de l’école d’art dans laquelle le peintre a fait ses études. Même moi, j ne sais pas de quoi il s’agit. Il ne veut rien dévoiler »
Un rire ponctue ses paroles.
« Je dois avouer que découvrir des œuvres inconnues, c’est toujours extrêmement excitant pour n’importe quel amateur d’art. Par contre, en tant que galeriste en charge d’une expo, c’est moins marrant. Je n’ai que les formats des œuvres pour me guider. Je pense qu’avec mon équipe, on va encore passer une nuit blanche avant le jour J »
Wilfried en a l’habitude. Les changements de dernières minutes, c’est monnaie courante.il rajoute, un grand sourire sur le visage
« C’est en cela que Roman est un ange. Il comprend que je doive travailler durant toute une nuit. Il accepte de ne pas me voir. Il me soutient même dans ce genre de situation »
Il rajouterait volontiers « comment veux-tu que je ne l’aime pas » mais, il se doute qu’avec tout ce qu’il lui a dit, Zain a dû se faire une idée de ses sentiments pour son frère, comme il l’appelle. Il en revient à l’exposition et rajoute
« Si cela peut te décider à venir, il y aura Philippe Neville. Le mari de feu Defontaine. Un saxophoniste de talent avec qui j’ai établi une play-list pour mettre en valeur les tableaux de son homme. Ils étaient unis à la ville, mais aussi dans leur art. Je trouvais normal que l’hommage soit dans les deux sens. »
Il espère surtout que les émotions de Neville resteront là où elles se trouvent et ne referont pas surface avec la même violence que lors de leur première rencontre.
« C’est sympa pour les œuvres. J’avoue que je demande toujours, à ce qu’elles restent en place le temps que je puisse m’en procurer d’autres. Pas de souci, tu feras comme bon te semble pour les récupérer »
Il rajoute avec un petit rire « le client est roi » tout en lui donnant une tape amicale dans le dos. Finalement, cette rencontre avec son ‘beau-frère’ s’est plutôt bien passée. Wilfried en est certain, Roman est l’homme qu’il lui faut.
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Mer 17 Mar - 19:27
