Ne laisse pas fuir un amour naissant, on ne sait jamais, il peut-être l'amour d'une éternité. (Björben 04)

Les pas du musicien foulent le pavé de sa résidence après une semaine passée à l’autre bout du pays pour ses affaires. Le travail occupe son esprit et lui évite de se torturer l’esprit avec sa vie amoureuse. Le producteur est tout aussi perdu dans ses émotions que le mois précédent. Il est en pleine phase de deuil de sa relation avec Wilfried. Aujourd’hui, aucun retour en arrière n’est possible. Ils ne seront plus un couple et leur adieu dans une totale transparence leur a permis de prendre de la distance vis-à-vis de leur relation. Il n’y a plus ce regret poignant qui manquait de lui faire perdre contenance qui vient étreindre sa poitrine. Il est désormais plus serein vis-à-vis de ce qu’il s’est passé. Il reprend sa vie en main, ne se sentant pas encore totalement prêt à se lancer dans une nouvelle relation. Il ne veut rien précipité. Il ne veut pas réitérer les erreurs de son passé. Björn mérite qu’on l’aime pleinement. Il doit attendre que le fantôme de Wilfried cesse de hanter ses nuits et non détruire leur relation en songeant à cet homme à ses côtés. Björn sera présent au repas familial, comme toujours. Cette réalité s’abat sur lui alors qu’il passe sous le flux d’eau du pommeau de sa cabine de douche italienne. Il savoure le contact de l’eau sur sa peau tendue. L’idée de passer la soirée aux côtés de cet homme sans pouvoir le toucher le tourmente. Va-t-il être en mesure de contenir l’affection qu’il éprouve pour cet homme sans éveiller les soupçons de sa mère ? Elle le connait suffisamment pour lire entre les lignes. Encore une fois, il va devoir museler ses émotions, mais il ne peut pas prendre le risque qu’on découvre que leur relation a évolué alors qu’ils ne sont pas encore ensemble. Un sourire ourle ses lippes lorsqu’il prend conscience qu’il envisage certainement une relation avec cet homme malgré ses inquiétudes. Il ne veut pas brûler les étapes, mais il ne peut masquer son plaisir de pouvoir passer un moment en sa compagnie, de savourer de nouveau ces instants de complicité en sa compagnie comme ils en ont toujours partagés. Après s’être lavé pour dénouer ses muscles après une journée de voyage, il tronque sa serviette contre un jean moulant, une chemise à motif bleu marine et un pull noir au motif poudre de neige qu’il enfile au-dessus. Comme d’habitude, il coiffe ses cheveux avec de laque et travaille sa barbe pour être totalement présentable sans subir le regard inquiet de sa génitrice. Il ne se met pas sur son 31, mais s’apprête pour un diner familial avec ses proches qu’il va retrouver. Une fois habillé et fin prêt, il commande un taxi qui vient le récupérer et il embarque dans le véhicule élégant pour se rendre dans le quartier simple dans lequel vit sa mère. Il lui faut bien une demi-heure pour rejoindre le domicile de sa mère, les embouteillages ralentissant le trafic alors qu’il s’impatiente d’arriver chez sa mère. Sa jambe fait des siennes. Elle supporte mal les positions figées. Arrivé à distance, il fait glisser l’anse du sac autour de son épaule et monte les quelques marches sans laisser une grimace déformer légèrement ses traits. Comme à ses habitudes, il entre sans frapper, mais n’est pas surpris de voir sa mère apparaitre dans le hall d’accueil. « Mi corazon ! » Elle s’exprime avec enthousiasme en venant le prendre dans ses bras. Il lui rend naturellement son étreinte. « Mama. Tu es magnifique ce soir. Te serais-tu faite belle pour séduire un amant caché ? » Il la taquine avec humour alors qu’elle fronce des sourcils en lui donnant un coup de poing dans son épaule. « Ne dis pas de bêtises, petit impertinent ! » Elle lâche dans un petit sourire en coin, le regard brillant, conscient qu’il la taquine pour sa tenue simple, qu’elle revêt avant chaque repas. « Tu as bonne mine, mi corazon. Ça fait plaisir même si tu ne t’arrête pas une seconde. » Elle lance en venant lui caresser sa mâchoire pour déposer un baiser contre sa joue. « Je vais bien. » Il la rassure alors qu’il avance à l’aide de sa nuque. « Björn est dans la cuisine. Alejandro ne sera pas parmi nous. Un imprévu à son boulot. Il viendra peut-être demain si tout va bien. » Elle lui indique alors qu’il pénètre dans la villa. Sa mère l’aide à se défaire de son sac alors qu’elle s’occupe déjà de sortir les différents paquets pour les placer sous l’arbre de Noël. « Je vais aller prendre une douche et m’habiller. Björn s’occupe du plat dans la cuisine. » Elle lui indique alors qu’elle vient grimper les escaliers pour rejoindre l’étage et sa chambre. Ruben la suit du regard avant de rejoindre la cuisine. Sa démarche est lente, mais le battement de la canne sur le parquet trahit son déplacement. Il retrouve rapidement le chambranle de la porte où il aperçoit la silhouette du Norvégien s’appliquer dans le découpage de tomates. Il est élégamment apprêté, un tablier autour de sa taille. La vision est appréciable. Son cœur s’emballe naturellement et un sourire vient ourler ses lippes alors qu’il le dévore du regard. Le regard havane de son ami vient se plonger dans le sien. L’effet est immédiatement grisant. « Salut. » Il le salut avec bonhommie alors qu’il vient rejoindre le plan de travail. « Je vois que monsieur est aux fourneaux. Un parfait gentleman. » Il le taquine dans un sourire espiègle alors qu’il se dirige vers lui pour lui offrir une étreinte coutumière. Son bras invalide vient s’enrouler autour de son tronc alors qu’il s’enivre de son odeur. La proximité de leur épiderme lui arrache des frisons exquis et accentuent les battements de son cœur. Son parfum est tentateur. Tout comme son souffle qui s’échoue contre sa nuque. « Ça fait plaisir de te voir, Björn. » Il lui indique en venant déposer un faible baiser dans son cou avant de s’éloigner. Il ose un contact intime pour lui partager la vive affection qu’il lui porte même s’il n’ose pas encore l’embrasser. Il a conscience que ses longs silences peuvent être troublants pour le Norvégien, mais ils n’altèrent en rien l’affection qu’il lui porte. « Comment vas-tu ? » Il le questionne alors qu’il s’éloigne à regret pour lui permettre de reprendre son action alors qu’il rejoint le plan de travail pour s’installer sur un tabouret et échanger avec lui pendant qu’il termine ses préparatifs.

Min kjaere. Ce dimunitif à la signification si douce est plaisant à entendre de cette voix profonde. Découvrir sa signification l’a profondément ému et l’entendre de nouveau encore plus. Son regard luit de cette émotion qui l’étreint, mais qu’il combat pour ne pas trop dévoilé l’étendue de ses émotions. La caresse de ses lippes contre sa joue lui laisse un gout de trop peu. Son cœur bat la chamade dans sa poitrine alors qu’il s’éloigne, car il pourrait résolument se laisser tenter par cet homme s’il se trouvait trop proche de lui. Il reprend une distance respectable, mais s’installe non loin de lui, près du plan de travail pour continuer à converser en toute intimité pendant que sa mère prend une douche et se prépare pour venir les rejoindre. Il prend de ses nouvelles naturellement, désireux d’avoir une vision de son état d’esprit actuel. Un moyen détourné pour grapiller quelques informations à ce sujet après ces longs mois de silence et d’incertitude. Le sourire chaleureux du Norvégien est plaisant à voir et lui en arrache un. Sa révélation le trouble. Son cœur rate un battement sous l’effet de surprise. Il sent son cœur se gonfler sous l’émotion qui le gagne. Il ne dit mot, mais l’intensité de ses prunelles s’intensifie. Il l’observe avec dévotion, ne masque pas l’affection qu’il lui porte dans l’intimité de la cuisine. « Bjorn… » Son prénom s’épanche hors de ses lippes dans un ton empreint de douceur. Il n’ose pas le toucher, sous peine que ce contact ne lui suffît pas. Pourtant, il désire ardemment caresser sa menotte libre et finit par succomber à son appel. Sa menotte droite glisse sur celle du Norvégien. Ses phalanges frôlent sa chair avec délicatesse pour savourer la chaleur qui en dégage. Il s’autorise ce contact furtif, mais plaisant. « Tu me manquais aussi. » Il lui avoue en venant plonger ses prunelles marrons dans les siennes. « Je vais bien. Bien mieux que la dernière fois qu’on s’est vu. » Il lui indique dans une voix douce en venant doucement glisser ses phalanges entre les siennes. « J’ai énormément de boulot, ce qui m’amène à me déplacer dans tout le pays. Mon label commence à faire un nom grâce à mes premiers protégés. » Il lui indique pour le mettre au courant de ses avancées. « Je me suis même lancé dans la composition ce dernier mois. » Il ajoute dans un petit sourire, car c’est assurément une passion qui les a toujours liés : la musique. Son silence s’explique par sa vie professionnelle très active qui lui laisse peu de temps à se concentrer à sa vie personnelle. La remarque du norvégien lui arrache un rire : « Que serait la cuisine d’un grand cuisinier sans son assistant ? » Il le questionne dans un sourire mutin alors qu’il ponctue ses propos par un clin d’œil. Il cesse ses caresses sur sa menotte pour lui permettre de regagner en autonomie dans ses mouvements. Björn en profite pour dresser les apéritifs alors que Ruben le regard agir avec un vif intérêt. Il observe cet homme, le trouvant magnifique et à sa place dans cet environnement qu’il a toujours connu. La mention de sa mère lui arrache un sourire. « Elle est une féroce défenseuse de l’ouverture des cadeaux le 25 au matin, mais comme elle est sous la douche pour se préparer pour nos beaux yeux, nous pouvons peut-être déroger à la règle si on se montrant discret. Fort heureusement, j’en avais deux pour toi. Un plus personnel que l’autre. » Il lui indique dans un ton qui se veut dans la confidence alors qu’un sourire espiègle ourle ses lippes. « Mais j’aurai besoin de ton aide, car ils sont déjà sous le sapin de Noël. » Il lui indique avec une expression amusée, le grand enfant en lui s’éveille à l’idée de découvrir le cadeau offert par le Norvégien.  

Ce contact est enivrant. Il émut le musicien en lui faisant comprendre qu’il ne lui suffit point, mais il ne l’exprime pas, s’en contente, car il est mal placé pour solliciter un contact plus intime alors qu’il est celui qui fuit depuis des mois. Björn lui a laissé la distance nécessaire pour se retourner, pour se reconstruire en tant qu’individu en dehors d’une relation. Les derniers mois n’ont pas été simple. Il a fait un énorme travail sur lui-même pour se découvrir de nouveau et entrevoir l’homme qu’il désirait devenir. Aujourd’hui, Ruben se sent mieux. Il a avancé dans sa nouvelle voie et il semble faire le deuil de certains éléments de son passé, mais il demeure particulièrement craintif. La crainte de mal faire les choses l’obsède et l’idée de blesser inintentionnellement l’homme qui se trouve en face de lui, lui est insupportable. Elle l’empêche d’agir pleinement comme il aurait pu le faire par le passé. Ce n’est assurément pas le bon moment pour laisser ses émotions pleinement s’exprimer et dans une certaine mesure cela le rassure. Il y a moins de risques d’être maladroit de sa part. « Qui sait, peut-être que le père noël sera clément avec toi. » Il lui indique dans un sourire chaleureux tandis que son ami se décharge de sa tâche et se défait de son tablier. Un sourire ourle ses lippes tandis que ses prunelles s’attardent sur son corps épais et dessiné, mais bien en évidence par la chemise et le pantalon qu’il porte. Il le détaille avec attention, ne prête nullement attention à l’inconvenance de ce geste alors qu’ils se retrouvent tous les deux. Il devra tellement prêter attention lorsque sa mère sera de nouveau parmi eux qu’il désire lâcher prise à cet instant, juste savourer ce moment en sa compagnie. « Il semblerait que tu ais été assez sage pour mériter tout cela. » Il le taquine dans un sourire chaleureux, le regard brillant de cette malice qui lui colle à la peau. Björn l’invite à rejoindre le salon et le musicien ne se fait pas prier pour l’accompagner dans le salon où trône déjà les cadeaux pour la Maisonnée. « Ce sera notre petit secret. » Il lui indique dans un ton chatoyant tandis qu’il vient se poser sur le canapé à la demande de son ami. Ce dernier récupère une enveloppe qu’il lui tend obligeamment avec une lueur amusée dans le regard qui provoque un sourire complice sur ses lippes. « Eh bien que de mystère… » Il lâche avec humour tandis que ses phalanges viennent s’immiscer sous le pli de l’enveloppe pour en extirper ce qu’elle contient. « La dernière fois que j’ai eu droit à une enveloppe, tu m’invitais chaleureusement à un concert et on sait comment cette soirée s’est terminée. » Il le taquine, n’hésitant pas à rappeler au Norvégien qu’ils avaient partagé une nuit d’ivresse commune qui avait fait exploser une alchimie déjà bien présente dans leur relation.  Un rire vient s’extirper de sa gorge alors que des billets d’avion se dévoilent à son regard. La curiosité le titille alors qu’il lit la destination de ce voyage : la Norvège. La terre natale de cet homme dont il lui a parlé lors d’une de leurs dernières rencontres. Son cœur rate un battement lorsque l’information s’immisce dans son esprit. Un voyage commun pour découvrir des contrées que le Norvégien connait sous le bout des doigts et qu’il désire lui dévoiler. Un sourire vient naturellement ourler ses lippes à cette découverte qui le ravit. Ses prunelles viennent se plonger dans celles du Norvégien. Il est faible face à l’intensité et la tendresse que ce regard dégage. L’envie de l’embrasser lui tenaille le ventre et il n’a pas la force d’y résister. En conséquence, il abandonne naturellement l’enveloppe pour glisser sa menotte le long du bras de son ami sans le lâcher du regard. Son expression dévoile pleinement l’affection qui lui porte et qui explose dans sa poitrine. Son visage se rapproche du sien. Son souffle se mêle au sien tandis qu’il murmure : « Ce serait un véritable plaisir de passer quelques jours en Norvège en ta compagnie. » Sa voix est chatoyante alors qu’il conclut ses propos par un baiser chaste, mais qui lui laisse un gout de trop peu. Il réitère son action, ses lippes goûtent de nouveau à ses comparses avant de se frayer un passage entre elles et approfondir ce baiser qui accentue ce feu qu’il a développé pour cet homme. Le baiser gagne en langueur et il se délecte de cet échange dont il se défait avec difficulté par raison. Son souffle est court alors qu’un sourire amusé ourle ses lippes. « Tu ne devrais plus m’offrir de tels cadeaux. Il m’est difficile de rester sage en ta compagnie. » Il lui indique avant de s’éloigner en se pourléchant les lèvres pour conserver son goût. Un rire vient s’extraire de sa gorge. « J’ai hâte que nos emplois du temps nous permettent de projeter une telle expédition. » Il ajoute en posant ses prunelles sur ce cadeau qui l’enchante avant d’ajouter : « A mon tour, je t’invite à récupérer la petite boite emballée dans le papier cadeau bleu roi. » Il indique au Norvégien pour qu’il puisse s’en saisir et découvrir la clé USB qui recèle les morceaux qu’il a composé ce dernier mois et que cet homme lui a inspiré, mais il laissera son amant le découvrir par lui-même. Il préfère lui ouvrir dans cette intimité que sous le regard curieux de sa mère qui sait pleinement lire en lui et saurait que leur relation a glissé vers quelque chose d’encore plus intime qu’elle ne l’était initialement.