week end à seattle (ezorah 5)

Je n’avais aucune envie d’aller à ce séminaire à Seattle ce week end. Mais quand nous avons discuté avec Ezekiel par sms et que j’ai proposé qu’il m’accompagne, les choses ont changé dans mon esprit. Ce week end s’annonce bien plus intéressant qu’annoncé. Comme promis, je demande à mon chauffeur de taxi de faire un crochet pour aller chercher le beau métisse chez lui, avant de nous conduire à l’aéroport. Nos échanges sont encore un peu timides, je ne sais pas exactement comment me comporter avec lui, même si la dernière fois que nous nous sommes vus, c’était assez équivoque. Le vol se passe très bien, je crois même que j’ai pris d’assaut l’épaule d’Ezekiel pendant un petit moment. Nous arrivons à l’hôtel pour déposer nos affaires, et je me rends à l’accueil pour récupérer la clé de la chambre. J’ai hésité à lui prendre une chambre que pour lui, mais ça aurait été bizarre, sûrement plus que de faire comme si de rien n’était, à partager une chambre pour deux alors que nous ne sommes qu’à l’aube d’un début de relation. Si tant est que ce soit ce qu’il désire, je n’en sais bien rien. Clé récupérée, nous montons à l’étage de ce bel hôtel cinq étoiles et découvrons la chambre sans plus attendre. Je fais le tour, elle n’est pas extrêmement grande mais bien assez spacieuse pour la seule nuit que nous avons à passer ici. La vue est plutôt agréable, sur un jardin et les hauteurs de la ville. « Ça te dérange si je prends une douche rapidement, c’est une sale habitude que j’ai à chaque fois que je prends l’avion, je sais pas pourquoi. » Je me doute bien qu’il ne va pas m’interdire d’aller prendre une douche. « Après on ira déjeuner si tu veux, mon séminaire n’est qu’à quatorze heures. » Et je serai libre à 17h pour profiter un peu de la ville, sans compter la journée de demain. D’un sourire je me rapproche de lui, pose une main légère sur son torse et dépose un baiser au coin de ses lèvres. « Je fais vite. » J’ouvre ma valise et récupère ce dont j’ai besoin avant de me faufiler dans la salle de bain. C’est grisant, presque un peu stressant aussi de savoir que je vais partager ma première nuit avec lui. Douche rapide comme promis, je sors de la belle salle de bain, vêtue assez simplement d’une robe légère. « Je suis prête ! » Ne reste plus qu’à enfiler mes talons - l’habitude - et à nous rendre dans un endroit pour pouvoir déjeuner. « Tu veux tester le restaurant de l’hôtel ou on essaie d’aller voir dehors ce qu’ils proposent ? » L’hôtel est bien situé, je pense qu’on peut trouver un peu tout ce qu’on voudra à l’extérieur.

D’un projet de sortie samedi avec Norah mon programme s’est transformé en week-end complet avec elle à Seattle. Les premières secondes j’ai eu du mal à croire qu’elle m’invitait vraiment à l’accompagner, mais une fois la surprise passé je n’ai pas hésité un instant à accepter et annulé tout ce que j’avais prévu de faire. J’adore cette sensation d’euphorie, un peu similaire à celle ressenti quand j’étais un ado lorsque je rendais visite à Owen. Clairement je suis à un niveau au dessus maintenant, et j’évite de penser à combien le destin peut être fou, je profite seulement de l’instant présent. Ma mère a remarqué ma bonne humeur encore plus flagrante que d’habitude. J’ai bien entendu subit un petit interrogatoire, auquel j’ai tenu bon. C’est trop tôt pour parler de quoi que ce soit, j’ignore s’il y aura quelque chose à annoncer un jour et ça me va très bien comme ça, je n’ai pas envie d’y réfléchir. Un jour après l’autre, au rythme de mes pensées vers Norah et du temps passé ensemble, je me laisse porter. Nous verrons bien où ça mène, même si je sais où j’aimerais aller.
Je suis prêt avant l’heure, impatient, un peu comme un gamin le jour j d’une sortie au parc d’attraction. Pas au point de ne pas avoir dormi, mais j’étais réveillé avant que mon réveil sonne et lorsque je repère le taxi s’arrêtant devant chez moi, je sors aussitôt. Si je suis enthousiaste et particulièrement heureux de pouvoir passer le week-end avec Norah, je n’en reste pas moins mesuré dans mes gestes. Il y a une petite retenue, qui n’a rien de gênante, juste un peu de pudeur, je crois. Elle s’estompe un peu au fil du voyage, pour laisser place à plus de naturel et de spontanéité, notamment lorsque la quinqua s’endort sur mon épaule. A notre arrivée à Seattle le programme est clair, direction l’hôtel pour déposer nos affaires, ensuite nous allons déjeuner puis Norah ira à son séminaire, plutôt court, durant lequel j’irais me balader en ville avant de la retrouver en fin de journée. La suite sera de l’impro au gré de nos envies. Elle s’occupe de récupérer la clé de la chambre, et je n’ai même pas à me charger des bagages, c’est un hôtel de luxe quelqu’un s’en occupe. La chambre n’est pas d’une taille extravagante mais très bien décorée, agréable avec une jolie vue. La salle de bain spacieuse, avec au choix une douche à l’italienne ou une baignoire à remous. Si je n’ai même pas besoin de ça pour savoir que le week-end est prometteur puisque je le passe avec Norah, en revanche ça élargit les perspectives… Mon regard qui s’attardait sur la vue à l’extérieur, se pose sur la médecin, alors qu’elle prévoit d’aller prendre une douche « Oh oui, sale habitude que de vouloir être propre, c’est vrai. » dis-je avec le sourire, elle s’approche, m’indiquant faire vite. Son baiser juste au coin de mes lèvres, c’est dangereux, je pourrais prendre ça comme une invitation. Mais c’est un peu tôt pour ce genre d’audace, je me contente d’acquiescer « Je ne bouge pas. ». J’ai tout juste le temps de prendre un peu l’air, Norah réapparait, commis promis, rapidement. Un sourire étire aussitôt mes lèvres, elle est tellement belle, je bloque un peu en la regardant mettre ses talons. Elle me sort de ma contemplation en me demandant ce que je préfère, le resto de l’hôtel ou trouver quelque chose ailleurs « On devrait trouver facilement en dehors. ». Nous sortons de l’hôtel, c’est presque un peu surréaliste d’être là avec elle, mais tellement plaisant. Je crois que j’ai cette sensation presque à chaque fois, en revanche ce qu’il y a de nouveau c’est ces petits gestes que je m’autorise à son égard, comme venir chercher sa main alors que nous marchons à la recherche d’un restaurant. Nous avons le choix « C’est toi qui bosse aujourd’hui, donc tu choisis. » de toute façon je ne suis pas bien difficile du moment qu’il ne s’agit pas essentiellement d’un endroit où ils ne servent que de la viande. « Et ce séminaire, il est sur quoi ? » je n’ai même pas encore posé la question, pourtant ça m’intéresse même si Norah n’avait pas l’air ravie de venir y assister.

C’est étrange de me retrouver là avec lui, dans cette chambre d’hôtel, alors que ça n’était même pas prévu il y a trois jours. Nous ne sommes qu’au début d’une relation, ou quelque chose qui s’en rapproche en tout cas. J’aime à y croire. Je ne sais pas exactement où va nous mener tout ça, notre différence d’âge pourrait bien devenir un frein, mais pour le moment j’essaie de ne pas y penser, je fais le choix de vivre ce que j’ai à vivre avec lui, et on avisera pour la suite, si suite il y a. Ce week end, j’ai décidé de ne pas me prendre la tête. C’est juste lui et moi, si on exclut mon séminaire de quelques heures. Je m’éclipse prendre une douche, non sans avoir ri à la réaction du jeune homme. C’est vrai que c’est une lubie affreuse que de vouloir se sentir propre. En sortant, je me sens grisée par le regard qu’il porte sur moi. Ça me fait un bien fou de me sentir belle dans les yeux d’un homme.
Il est temps d’aller alimenter notre estomac, d’autant que je n’ai pas mangé grand chose ce matin, toujours peur d’être remuée pendant le vol. Ezekiel choisit de prendre notre déjeuner à l’extérieur, et je ne vais pas m’en plaindre. Je sens sa main venir chercher la mienne et bien vite mes doigts se faufilent entre les siens, naturellement. Je me sens comme une ado en plein flirt, les papillons dans mon ventre qui vont avec. Selon lui, c’est à moi de choisir l’endroit où nous allons manger. Je prends cette mission très à coeur, et pendant que nous nous baladons dans les petites rues, je regarde les menus des restaurants sur notre passage, à la recherche du coup de coeur. « Et ce séminaire, il est sur quoi ? » Je suis étonnée qu’il pose la question. Ça me fait plaisir évidemment, mais je ne suis déjà pas très enthousiaste, je ne vois pas comment il pourrait l’être pour deux. « C’est un congrès pour les médecins généralistes, pour toutes les nouvelles normes qui apparaissent chaque année, les avancées médicales sur certaines maladies évolutives, ce genre de chose. Ça fait deux ans que j’y vais pas, il fallait que je me motive cette année. » Bien sûr ce n’est pas obligatoire, mais c’est important pour moi de me tenir au courant autrement que par les brochures que je reçois au cabinet ou les articles de magazines médicaux que je lis le soir dans mon lit. Je trouve mon bonheur au détour d’une nouvelle ruelle. Rien de très extravagant, au contraire puisqu’il s’agit d’une crêperie. Tout le monde aime les crêpes, et il y en a pour tous les goûts. Nous entrons et le serveur nous trouve une table sur le côté, un peu tranquilles, merveilleux. « J’te proposerai bien de venir avec moi, mais tu risques de te faire chier. Et moi de pas être bien concentrée… » Je lui adresse un sourire amusé, complice.

Marcher dans la rue main dans la main avec Norah est aussi agréable que naturel. A cet instant je ne m’imagine nul part ailleurs et surtout avec personne d’autre qu’elle. Alors qu’elle observe les cartes à l’entrée des restaurants pour voir lequel l’inspire le plus, j’interroge la médecin sur le sujet du séminaire auquel elle va assister cette après-midi. C’est un congrès sur la médecine générale, de quoi se tenir au courant des évolutions et nouveautés dans le domaine. Un rendez-vous que Norah a esquivé deux années de suite, sa conscience professionnelle l’a fait se forcer à y venir cette fois-ci. « Oh, vous êtes donc du genre un peu mauvaise élève Dr. Fawkes ? Assise au fond de la salle à côté du radiateur ? » je lui adresse un regard ainsi qu’un sourire complice. La quinqua a fait son choix, ça sera crêperie, dépaysement assuré. Nous sommes installés à une table par le serveur qui nous tend également un menu à chacun, alors que je commence à le parcourir du regard Norah évoque l’idée qu’elle avait de me proposer de l’accompagner au séminaire, mais elle craint que je m’ennuie. Je ris légèrement « Ça sera peut-être très intéressant. » et je suis curieux de nature, je m’ennuie donc que rarement. Mais elle s’inquiète aussi de ne pas pouvoir se concentrer correctement je prends un air innocent « Loin de moi l’idée de détourner ton attention. J’irai me balader en ville. » répondis-je, mon sourire faisant écho au sien. Je regarde un peu autour de nous et ris légèrement, sous le regard intrigué de Norah. « Tu vois le drapeau là-bas ? » dis-je en désignant l’objet accroché à un mur plus loin. « C’est celui d'une région, en France. La Bretagne. Les crêpes c’est leur truc et les Bretons sont partout. » je hausse les épaules « J’ai vu ce drapeau en Asie une fois. ». Avoir beaucoup voyager me fait avoir un bon nombre d’anecdotes en stock, et j’aimerais en créé de nouvelles, pourquoi pas avec elle. En tout cas, je n’ai aucun mal à l’imaginer. Je regarde la carte avec un peu plus d’attention pour faire mon choix « Tu as une idée de ce que tu voudrais faire ce soir ? Un style de resto ou une idée de sortie ? » je relève les yeux dans sa direction « A cet instant elle lui sourit et déclare : “surprends moi.“ » plaisanté-je en lui offrant un large sourire « Cela dit je peux. Mais tu ce n’est pas sans risques. » et je veux pouvoir être au plus près de ses envies, si elle en a.

« Oh, vous êtes donc du genre un peu mauvaise élève Dr. Fawkes ? Assise au fond de la salle à côté du radiateur ? » Je ris et secoue vivement la tête. « Pas du tout ! Mais j’avais des obligations qui étaient plus importantes que ce congrès. » Bon ok cette année encore j’étais à deux doigts de ne pas y aller mais proposer à Ezekiel de m’accompagner était un bon compromis. A vrai dire, j’ai même pensé à lui propose de m’accompagner pour assister au séminaire, mais j’aurai peur qu’il s’ennuie, ou peur de ne pas être très concentrée. « Loin de moi l’idée de détourner ton attention. J’irai me balader en ville. » Est-ce qu’il n’est pas beaucoup trop adorable. Je crois que je l’ai un peu trop dévoré des yeux en l’espace d’une seconde. Je baisse donc le regard un instant, le temps de me remettre les idées en place. Sans attendre, le bellâtre me parle d’un drapeau, une région de France où les crêpes semblent être comme une religion. Je n’avais aucune idée. Je savais que les français aimaient ça, mais pas qu’une région en particulier s’était approprié ce met. « Le drapeau d’une région française en Asie ? Tu as pas rêvé ? » Je le taquine, bien sûr. J’imagine que s’il le dit, il ne l’a pas inventé. Il y avait sans doute une raison derrière ça, mais ça me rend curieuse.
Finalement, le jeune homme change de sujet. « Tu as une idée de ce que tu voudrais faire ce soir ? Un style de resto ou une idée de sortie ? » Je relève les yeux de la carte alors que je cherchais à faire mon choix, au même moment où Ezekiel en fait de même. Je crois que mon coeur a raté un battement, cet idiot. « A cet instant elle lui sourit et déclare : “surprends moi.“ » Mon sourire s’élargit alors et je ne peux me retenir de lui dire sur un ton de velours « Surprend-moi. » Mon sourire en dit long, je le dévore des yeux un instant. Il m’avoue pouvoir tenter de me surprendre, mais ce n’est pas sans risque. « On dirait pas comme ça, mais j’aime l’aventure ! » Je lui avais déjà montré cette partie de mon caractère lorsque nous avons nagé jusqu’à cette petite île pendant notre sortie en mer. Et puis, le fait même de sortir avec un homme plus jeune de 20 ans, montre à quel point je ne suis pas attachée aux conventions. « J’avais pas d’idée particulière, j’ai pas pris le temps d’y réfléchir, j’ai même pas regardé s’il y avait des trucs intéressants à faire ici. Mais si tu as des idées, je te suis. » Je suis pas chiante, et je prends le risque de me laisser surprendre.

Norah se défend d’être une “mauvaise élève“ justifiant ses précédentes absences à ce congrès, d’avoir eu d’autres priorités. Elle se rattrape cette année et je suis ravi de l’accompagner. Si je peux lui rendre ce moment moins pénible, c’est avec grand plaisir que je le fais. Mais pas question de la déconcentrer, pendant qu’elle remplira ses obligations j’irai flâner en ville. Mon regard sur un drapeau qui m’évoque aussitôt une anecdote, à peine croyable selon Norah qui me taquine en m’offrant ce sourire à se damner qui lui est propre. « Non je t’assure, je n’ai pas rêvé. » je me penche un peu en avant et ajoute plus bas sur le ton de la confidence « Je me demande si ce n’est pas une sorte de secte ou quelque chose comme ça. » plaisanté-je. J’adore l’entendre rire, ça ne date pas d’hier, mais ça a pris une autre dimension depuis quelques temps. « Je mènerai l’enquête. » dis-je finalement pour conclure avant d’embrayer sur un sujet qui nous concerne plus directement, notre soirée. Est-ce qu’il y a quelque chose en particulier qu’elle aimerait faire ? Face au regard de Norah j’imagine déjà sa réponse, ce fameux “surprends moi“ que les hommes peuvent redouter. Elle rentre dans mon jeu, dit ces deux petits mots sur un ton qui me charme encore un peu plus si c’est possible. Si c’est ce qu’elle veut, je vais jouer le jeu, la prévenant néanmoins que c’est un risque qu’elle prend. Norah aime l’aventure, j’ai pu en être témoin, donc ça ne l’effraie pas et n’ayant pas prit le temps de préparer le week-end, elle est ouverte à mes propositions. « Ok. Alors je vais faire de mon mieux. » avec comme seul objectif de passer un bon moment ensemble. Je ne cherche pas à l’impressionner, après tout, je suis là, non ? Et je crois qu’elle n’est pas le genre de femme qui aime que l’on en fasse des tonnes. Le naturel, la spontanéité ont fait leurs preuves et je ne compte pas jouer un rôle. Nous passons commande, ce déjeuner est comme chaque moment ne sa compagnie, agréable. Le temps passe donc une fois de plus beaucoup trop vite et arrive l’heure pour Norah de se rendre à son séminaire. Je l’accompagne jusque devant l’endroit où a lieu le congrès « Je te souhaite bon courage ? » demandé-je avec le sourire « Ou bon séminaire suffira ? » je prends un petit air innocent « Parce que pour le courage j’avais bien une idée… » dis-je en me rapprochant pour venir chercher ses lèvres des miennes. « On se rejoint à l’hôtel. » parce qu’après le congrès j’imagine qu’elle voudra reprendre une douche, et quoi qu’il en soit après avoir un peu parcouru la ville c’est moi qui en aura besoin. « Arrêtes de me regarder comme ça, je vais te kidnapper. » je recule et lâche sa main « On se voit tout à l’heure. » conclue-je avant de tourner les talons, sinon je ne partirais jamais.
L’après-midi passe plutôt rapidement, Seattle est une ville sympa et j’ai trouvé à organiser notre soirée sans difficultés. Lorsque je rentre à l’hôtel Norah n’est pas encore de retour, j’en profite pour aller prendre une douche et c’est quand je suis sous celle-ci que la quinqua revient. Je me rince, me sèche rapidement et enroule une serviette autour de ma taille avant de simplement passer la tête par la porte « Alors, c’était comment ? » demandé-je en souriant.

Toujours sur le ton de l’humour, notre échange concernant cette région de France se poursuit. Je le taquine, il est réceptif, mais jamais susceptible, fort heureusement. Il dit qu’il mènera l’enquête, je n’en doute pas. Je hoche alors la tête, comme pour lui dire que je trouve que c’est une bonne idée. Nous passons à autre chose, et je me veux légèrement charmeuse quand il me propose de prendre le lead pour la soirée. « Ok. Alors je vais faire de mon mieux. » Je n’ai aucun doute à ce propos. Ça ne fait pas longtemps qu’on se fréquente, mais assez pour que je me sois rendu compte de son côté volontaire. Il aime faire plaisir, et je ne vais pas m’en plaindre. Le déjeuner se passe à merveille, le plus naturellement du monde, et nous quittons finalement la crêperie française pour rejoindre l’établissement qui accueille le séminaire, tout près de l’hôtel. Je ne suis pas très motivée, je préfèrerai passer l’après-midi avec lui. « Je te souhaite bon courage ? » Je hoche la tête, il va m’en falloir. « Ou bon séminaire suffira ? Parce que pour le courage j’avais bien une idée… » Il s’approche et je le laisse faire, souriante, retrouvant ses lèvres dans un baiser d’une simplicité qui me fait chavirer. Je glisse une main tendrement sur sa joue et le dévore des yeux. « Arrêtes de me regarder comme ça, je vais te kidnapper. » Je ris amusée, et le tire jusqu’à moi pour lui voler un dernier baiser avant qu’il ne s’échappe.

Finalement, le séminaire se passe assez vite, je ne décroche qu’une fois ou deux pour regarder l’heure, mais ça reste raisonnable. C’était intéressant, et j’ai pris les notes qu’il fallait même si je vais recevoir sous peu un résumé des choses importantes à savoir et à mettre en place dans tous les cabinets de l’Etat. Il est près de dix-huit heures lorsque je passe la porte de notre chambre d’hôtel. J’entends la douche couler, et je chasse rapidement cette idée d’aller l’y rejoindre. Trop tôt, même si ce n’est pas l’envie qui manque. Je retire mes talons en soupirant un instant, avant que la bouille d’Ezekiel n’apparaisse dans l’embrasure de la porte de la salle de bain. « Alors, c’était comment ? » Rien que de croiser son regard, je ne peux m’empêcher de sourire. « Moins pire que ce que j’imaginais. Mais je suis contente que ce soit terminé. » Maintenant, place à la détente. Je me lève et réduis la distance qui me séparait de la salle de bain. « J’ai le droit de me laver les mains ? » Petit sourire innocent, et il ouvre la porte pour me laisser entrer. Il a simplement enroulé une serviette autour de sa taille, et malgré toute la volonté du monde, je suis incapable de me retenir, mes yeux glissent sur son corps absolument parfait. Ce n’est pas la première fois que je le vois torse nu, mais ça me fait toujours le même effet. C’est moi ou il fait chaud dans cette salle de bain ? Je vais donc me laver les mains et le question, pour tenter de me défaire de ce même trouble qui me secoue quand je le vois si peu vêtu. « Et toi ? C’était bien ? Tu as trouvé des trucs à faire ? »

Je suis encore sous la douche lorsque Norah rentre de son séminaire. Je termine rapidement, pressé de savoir comment ça s’est passé. Elle y allait un peu à reculons, j’espère que ce n’était pas trop un calvaire. Serviette ajustée rapidement autour de la taille et encore humide, je passe la tête par la porte pour lui poser la question. Moins pire que ce qu’elle pensait, ça ne l’empêche pas d’être soulagée d’être désormais libre. Elle s’avance dans ma direction, réclamant un accès au lavabo pour se laver les mains, je m’écarte et ouvre un peu plus la porte en lui souriant « Absolument. ». Son regard pétillant se pose sur moi, pas sûr que je résiste bien longtemps si elle continu sur cette lancée. Il vaut sans doute mieux que je sorte pour aller récupérer mes affaires dans ma valise… J’ai la mauvaise habitude de ne pas prévoir avant. Ou juste une habitude de mec qui vit seul. Pas le temps de m’éclipser, elle m’interroge sur mon après-midi, mes occupations. « Je me suis baladé, c’était plutôt cool. Et je me suis occupé de notre soirée. » répondis-je avec un petit sourire, me voulant énigmatique. « Ça nécessite que je m’habille. » dis-je avant de sortir de la pièce. Je me sèche rapidement, enfile un boxer, puis un jean mais hésite quant au reste de ma tenue. Je me retourne, entendant Norah qui me rejoint « T-shirt, ou chemise ? » dis-je en tenant les vêtements dans chacune de mes mains. Une fois encore je remarque son regard dévier sur mon torse, elle me donne chaud, vraiment chaud. « Je proposerais bien de rester torse nu mais… » je fais une légère moue « Il paraît que les soirées sont fraîches ici. » j’espère ne pas la mettre mal à l’aise avec ma taquinerie, mais ça n’a pas l’air. Nous avons franchit un cap, et cette petite tension entre nous je la trouve grisante. « Ah moins que tu ne préfères qu’on reste là ? » lâché-je avec un léger haussement d’épaules mon regard soutenant le sien. Rien n’est gravé dans le marbre, je suis ouvert à un changement de programme et prêt à m’adapter aux envies de Norah. Notamment celles que je perçois dans ses yeux, je ne vais pas le nier. « C’est ton week-end, je ne suis là en soutien, c’est tout. » non c’est plus que ça, je le sais et elle aussi, mais je veux qu’elle s’écoute, me fasse part de ses désirs.

Le bellâtre me laisse entrer dans la salle de bain, et je ne compte pas me priver de jeter un oeil appuyé sur son torse dénudé. Je lui demande s’il s’est bien occupé en mon absence, et m’affaire à un lavage de main très poussé, tant que je peux profiter de son reflet dans le miroir. « Je me suis baladé, c’était plutôt cool. Et je me suis occupé de notre soirée. Ça nécessite que je m’habille. » Je lui souris et hoche la tête. « De toute manière je ne te laisserai pas sortir comme ça… » Non, j’aurai trop peur que toutes les femmes lui sautent dessus. Déjà habillé il attire les regards, alors dans cette - non - tenue, n’en parlons pas. J’ai conscience de la chance que j’ai, mais j’ai conscience aussi que ça pourrait s’arrêter à tout moment. Je profite simplement de l’instant présent, du mieux que je peux. Après avoir ajusté mon maquillage, je retourne dans la chambre, retrouvant Ezekiel qui n’a enfilé qu’un jean, alors toujours torse nu. Il veut ma mort j’en ai bien peur. Il me questionne sur le haut à porter et je me contente d’un léger haussement d’épaules. S’il peut mettre du temps avant de choisir, ça me va. « Je proposerais bien de rester torse nu mais… Il paraît que les soirées sont fraîches ici. » Je ne peux réprimer un léger rire. « Je ne voudrais pas que tu attrapes froid… » Je m’approche un peu de lui, je meurs d’envie de… trop tard. Mes mains se baladent déjà sur sa musculature. « A moins que tu ne préfères qu’on reste là ? C’est ton week-end, je ne suis là qu’en soutien, c’est tout. » Je lui souris et le dévore du regard. « On a pas besoin de mettre de réveil demain matin, on est pas obligés de se lever. Je propose que tu enfiles cette chemise, qu’on sorte profiter de la soirée, et que tu me refasses ces yeux doux plus tard, avant que je ne change d’avis. » Je lui souris et m’approche pour lui voler un baiser avant de m’éloigner de lui, me faisant un peu violence, qu’on se le dise. « Je vais prendre une douche aussi et me changer, j’ai hâte de savoir ce que tu as prévu. » Large sourire, je récupère ce dont j’ai besoin dans ma valise, et m’éclipse dans la salle de bain. J’en ressors vêtue d’une robe blanche, ni trop habillée ni trop simple, moulante au niveau du buste et évasée à partir de la taille, m’arrivant au dessus du genou. « Et voilà, je suis prête. On va beaucoup marcher ? » Je demande ça pour le choix de mes chaussures, même si je suis à l’aise en talons aiguilles, ce n’est peut-être pas le plus recommandé. J’opte pour des sandales à talons compensés. Nous quittons la chambre d’hôtel, et je me sens grisée par l’arrivée de cette soirée dont je ne sais rien. Je lui fais confiance, je sais que quoi qu’on fasse, tant que je suis avec lui, ça me va. Dans l’ascenseur qui nous mène au rez de chaussée, je profite que nous soyons seuls pour m’approcher de lui, glissant ma main dans sa nuque. « Merci d’avoir accepté de m’accompagner. T’imagines même pas à quel point je me serai fait chier toute seule… » Je lui offre un sourire dont j’ai le secret, et l’embrasse tendrement, jusqu’à la petite sonnerie qui annonce l’ouverture des portes.

Pas que je sois du genre indécis, incapable de choisir ma tenue, mais j’ai à cœur ce faire plaisir à Norah. Quel look me préfère t’elle pour ce soir ? Visiblement elle serait pour que je ne porte ni chemise, ni t-shirt et ses mains glissent sur ma peau avec délicatesse. La douceur de ses paumes m’électrisent, j’émets l’idée de rester là si elle n’a pas si envie de sortir que ça. Le choix est sien et je suis prêt à m’y plier peu importe qu’elle veuille sortir ou non. Quoi que si elle continue de me sourire ainsi je vais finir par ne plus répondre de rien. Raisonnable, Norah m’invite à enfiler la chemise, que nous sortions comme prévu et de reprendre cette “discussion“ plus tard. Je hoche la tête « D’accord. Faisons ça. ». Ce programme me va à merveille, comment pourrait-il en être autrement ? Elle va se doucher à son tour, se révélant étonnamment rapide à se préparer. Je pense que sa curiosité sur ce que j’ai prévu y est pour quelque chose. Comme d’habitude elle est magnifique, et mon regard doit très certainement me trahir, mais je m’en fous totalement. « Un peu. Si tu as autre chose que des talons ça sera plus agréable pour toi. » à vrai dire il ne sera pas vraiment question de marcher mais plutôt de danser. Je suis pressé de lui faire découvrir ce que j’ai prévu et à la fois j’appréhende un peu d’être tombé à côté, qu’elle soit déçue. Elle n’a émis aucune exigence particulière, mais elle a pu imaginer quelque chose. Dans l’ascenseur descendant vers le rez-de-chaussée, Norah profite se montre une nouvelle fois plus tactile. J’apprécie que ces petits gestes deviennent de plus en plus naturels, je suis clairement en train de prendre vraiment goût à tout ça. C’est encore un peu surréaliste, mais tellement agréable. Elle me remercie d’avoir accepté de l’accompagner ce week-end, me gratifiant d’un sourire à me damner puis d’un baiser auquel je réponds sans me faire prier. Foutu ascenseur qui descend trop vite… Le petit tintement d’ouverture des portes met fin à ce moment, à mon plus grand regret. « C’est vrai qu’être ici avec toi est une telle corvée… » dis-je en souriant contre ses lèvres avant qu’elle ne s’éloigne « Ça demande un réel effort. » continué-je à plaisanter.
Nous marchons un peu de l’hôtel vers le port, nous sommes à l’heure pour le dîner, c’est parfait. « Comme je sais que tu n’as pas le mal de mer, j’ai pensé que ce serait sympa de manger sur l’eau. » dis-je en me dirigeant vers un restaurant sur un bateau, lequel navigue sur la baie de Seattle durant le service. Nous montons à bord et un serveur nous guide jusqu’à la table qui nous est réservée. « On ne va pas vraiment marcher mais… » je désigne la piste de danse du regard « … On pourra danser. » petit clin d’œil à ce repas chez moi, après que nous nous soyons revus à son cabinet médical pour la première fois après de nombreuses années. « Ça va, je ne me suis pas trop planté ? » demandé-je avec un petit sourire.

Je dois me faire violence, même juste un peu, pour détourner son esquisse de proposition. Je propose alors qu’on sorte comme prévu, et qu’on avise une fois rentrés. Je laisse planer l’envie qu’il réitère sa proposition. Une douche rapide, des talons pour être plus à l’aise, et nous prenons la route vers l’extérieur. Je suis impatiente de savoir ce qu’il me réserve, et je sais que si je lui faisais les yeux doux je pourrai probablement avoir une réponse à mes interrogations, mais je préfère garder la surprise. Et pour faire passer le trajet de l’ascenseur plus vite, je réduis la distance qui me séparait de lui pour l’embrasser avec tendresse. « C’est vrai qu’être ici avec toi est une telle corvée… Ça demande un réel effort. » Je ris, parce que je le sais taquin sur les bords, et il ne le pense pas, évidemment. Il n’aurait même pas accepté de m’accompagner si la perspective de passer du temps avec moi ne l’enchantait qu’à moitié, ou s’il avait mieux à faire.
Je le laisse nous guider une fois à l’extérieur, quand il avoue finalement. « Comme je sais que tu n’as pas le mal de mer, j’ai pensé que ce serait sympa de manger sur l’eau. » Sur l’eau ? Mon regard dévie sur le bateau duquel il s’approche. Je souris de plus belle, enchantée par l’idée. Je suis le jeune homme jusqu’à la table qu’il a réservée pour nous. Grand seigneur. « On ne va pas vraiment marcher mais… On pourra danser. » dit-il finalement en me désignant la piste de danse un peu plus loin. Ça me ramène immédiatement à notre première danse, quand j’apprenais à connaître le Ezekiel qui avait bien grandit. « Ça va, je ne me suis pas trop planté ? » demande-t-il finalement, comme un peu stressé de ne pas être tombé juste. « Pas du tout, c’est parfait, j’adore ! » Le cadre, l’ambiance, le fait qu’on pourra probablement danser si je ne bois pas plus d’un verre de vin…
Le serveur nous apporte les menus et je ne tarde pas à choisir, je crois que j’ai faim. Je reste dans le soft, je n’ai pas particulièrement envie d’un repas trop copieux, par peur sans doute d’être un peu trop ‘lourde’ pour le reste de la soirée. Est-ce que j’ai des idées en tête ? Probablement, et en même temps, vu ce qu’il s’est passé la dernière fois et la frustration de ne pas avoir pu poursuivre sur notre lancée, je crois qu’on est assez grands, et qu’on assez attendu. Quand j’y pense, j’ai encore du mal à croire que je me laisse aller à un début de relation avec un jeune homme de vingt ans de moins que moi. J’essaie de ne pas trop y penser. Heureusement qu’il est métisse, on aura moins l’impression que je me promène avec mon fils… L’angoisse. Le repas se passe à merveille, notre complicité est au rendez-vous, il me fait rire, et je crois que j’arrive moi aussi à le faire rire. C’est tellement agréable, tellement naturel. Le fond sonore est agréable et quelques couples dansent déjà sur les airs de piano, plutôt tamisé. Une fois notre plat principal dégusté, j’essuie mes lèvres avec ma serviette, bois une gorgée de mon délicieux Coppola, et me lève pour tendre la main à mon apollon. « Ça y est, c’est l’heure ! » J’ai envie de danser contre lui.

Le programme de la soirée, bien que simple, plait à Norah. Ouf ! Pas que j’en doutais particulièrement, mais j’apprécie de le savoir. J’y suis allé de ma petite touche d’originalité, ce n’est pas tous les jours qu’on dîne sur un bateau. Quoi que me connaissant un peu ce ne doit pas être si surprenant. Ce qui l’est peut-être plus c’est que si l’envie nous en dit nous allons pouvoir danser, ce que j’espère. A peine installé à table, face à Norah je ne pense instantanément combien je suis un homme chanceux d’avoir la chance d’être là avec elle. Nous passons notre commande, patientant avec quelques amuses bouches. La discussion se fait tout naturellement, nous parlons un peu de son séminaire, puis la conversation dérive d’un sujet à l’autre avec fluidité. C’est une femme à la fois brillante et drôle, nous pouvons parler d’un sujet sérieux et basculer ensuite sur un autre plus léger, une chose est sûre l’humour est de la partie. Le repas est délicieux, ce qui ne gâche rien. Nous venons de finir le plat principal quand Norah se lève, enthousiaste et me tend la main déclarant que c’est l’heure. Mais de quoi ? Je hausse les sourcils et me lève en prenant sa main sans aucune hésitation. Je comprends rapidement à la direction prise qu’elle souhaite danser, pour mon plus grand plaisir. Ravi de son initiative c’est avec le sourire que je me place face à elle, une main dans son dos, la seconde tenant toujours la sienne, je ne la quitte pas des yeux. « Je vais faire des envieux… » je lui adresse un sourire charmeur « Et je ne suis absolument pas désolé pour ça. » dis-je avec aplomb. Bien au contraire, j’assume avec fierté d’avoir le bonheur de passer ce week-end en sa compagnie. Tout ça est bien réel, notre complicité, l’attirance mutuelle. Il n’est plus question d’espoir vain et de fantasme, je suis vraiment au début une histoire avec la femme de mes rêves et c’est encore mieux que tout ce que j’avais pu imaginer lorsque j’étais encore adolescent. L’ambiance est tamisée, intimiste, le morceau de piano est lent, c’est une musique d’ambiance, nous tanguons lentement « Tu crois que le pianiste prévoit de nous endormir ? » je prends un petit air innocent et ajoute « Ce n’est pas exactement mon intention mais… » je me rapproche encore d’avantage pour que nous soyons vraiment l’un contre l’autre « Si c’est avec toi je veux bien piétiner sur place encore des heures. ». Spontanément mes lèvres retrouvent les siennes, pour un échange tendre mais sage. Je me fous des regards et j’aurais facilement tendance à nous croire seuls au monde, mais je suis un garçon bien élevé.

Le repas se passe à merveille, il y a bien longtemps que je ne m’étais pas sentie aussi bien en présence d’un homme. Ezekiel renverse toutes mes fausses certitudes sur les hommes et leur manière maladroite d’être en couple. Il est doux et attentionné, à l’écoute de mes envies, de mes désirs, de mes attentes aussi. J’ai l’impression de vivre dans un conte de fées, sur une autre planète, c’est grisant, et à la fois ça fait peur. Parce que j’ai cette voix dans ma tête qui me pousse à penser que tout ça n’est que temporaire, qu’il finira par se lasser d’une femme de vingt ans plus vieille que lui, que les regards des gens auront raison de nous. Mais en même temps, je n’ai pas envie de me saboter, je veux vivre ce que j’ai à vivre avec lui, tant pis s’il y a une possibilité que ça fasse mal quand ça se terminera. « Je vais faire des envieux… Et je ne suis absolument pas désolé pour ça. » Je ne peux réprimer un rire adorable. Il est si gentleman, et je crois que je pourrai me noyer dans son sourire, et dans ses yeux clairs. Nous poursuivons notre danse, avec l’impression que ça pourrait durer toute la nuit sans que ça ne soit un problème. Je suis simplement dans ses bras, et je suis bien. « Tu crois que le pianiste prévoit de nous endormir ? Ce n’est pas exactement mon intention mais… Si c’est avec toi je veux bien piétiner sur place encore des heures. » Mon regard le dévore, d’autant plus maintenant qu’il m’a ramenée aussi près de lui, retrouvant la chaleur agréable de son corps. J’enroule mes bras autour de son cou, comm un slow d’adolescents à une fête tout juste alcoolisée. Ses lèvres viennent trouver les miennes, tendrement. Je le laisse faire, je n’ai cure des potentiels regards sur nous. Je me sens juste terriblement bien, à ma place, étrangement. Et il ya bien longtemps que je n’avais pas ressenti ça. Cette danse langoureuse, ce baiser qui traduit notre attachement mutuel, tout est réuni pour que la soirée soit parfaite. « Je sais pas toi, mais si je prends un dessert ici, je serai trop lourde pour marcher jusqu’à l’hôtel. » Parce que le dîner était copieux, et que vu la lueur dans nos yeux, je n’ai aucune intention de rentrer lourde et m’endormir mollement sur le lit que nous devons partager pour la première fois depuis notre rencontre. Le morceau suivant reprend du rythme, et je ne suis plus dans l’idée de danser, je crois qu’il est temps de rentrer, et nous avons l’air d’accord. Le chemin qui nous ramène à l’hôtel est léger, main dans la main nous prenons notre temps, comme pour apprécier d’autant plus le désir qui nos consume peu à peu.
Une fois devant la porte de notre chambre, je m’appuie sur cette dernière, le temps que le jeune homme cherche la carte dans ses poches. Je finis par rire un peu et m’approche de lui en sentant qu’il commence à perdre légèrement patience. « Laisse-moi t’aider… » Je réduis la distance entre nous et m’empare de ses lèvres avec un désir non dissimulé. « Je suis sûre qu’avec ça elle va réapparaître toute seule… » Y’a plutôt intérêt.

Il n’y a nulle part ailleurs où je voudrais être qu’à cet instant, et si j’étais obligé d’être ailleurs, peu importe tant que c’est avec Norah. Le lieu n’a pas d’importance, c’est sa présence qui rend cet instant si agréable, si précieux. J’en savoure chaque seconde, pas par peur que ça s’arrête, simplement parce que je suis convaincu que le bonheur c’est ça. Savoir profiter des moments comme celui-ci et des gens qui ont un effet positif sur notre vie sans penser à rien d’autres. Nous sommes dans notre bulle, nous tanguons lentement et je lui avoue pouvoir faire ça des heures si elle reste là, entre mes bras. Je ne calcule rien et l’embrasse sans hésitation ni crainte du regard potentiel des gens autour. Nous continuons à danser encore quelques minutes, Norah évoque le dessert sur lequel elle préfère faire l’impasse au risque d’être trop lourde pour le retour. Je lis très bien entre les lignes, elle le sait, mon regard en témoigne et le sien brille de la même lueur « Je suis du même avis. » dis-je dans un sourire. Nous choisissons finalement de rentrer à l’hôtel, je règle l’addition et le trajet du retour se fait lui aussi main dans la main, chastement, alors que le désir est là, montant à chaque pas et que nous partageons cette tension avec complicité. Le hall, l’ascenseur, le couloir, nous arrivons devant la porte, Norah s’appuie contre le montant de celle-ci et me perturbe de son regard. Je cherche la clé dans mes poches, celle de ma veste, puis de mon pantalon, mais je ne sens pas la carte. Je soupire, continue mes recherches et ça semble l’amuser. Elle propose son aide laquelle se traduit par un baiser dévoilant les intentions de la quinqua. Est-ce que ça m’aide ? Oui et non. Je suis encore plus impatient de trouver cette foutue clé dont je finis par me saisir dans la poche arrière de mon pantalon. « La voilà ! » Je déverrouille la porte avec un sourire triomphant, nous entrons et je referme sans tarder. « Apparemment tu as un pouvoir magique… » dis-je avant de venir chercher ses lèvres avec la passion qui m’anime depuis longtemps déjà mais que je tâchais de maitriser. Mes mains apprivoisent ses courbes au travers de sa robe, remontant à ses épaules pour y faire glisser le tissus tout en caressant sa peau. Nos lèvres scellées, le baiser se fait plus langoureux, plus intense, traduisant l’envie qui nous dévore. Je ne cède pas à l’empressement, mes gestes sont francs mais doux, c’est ce que m’inspire Norah. Nous parcourons la distance nous séparant du lit sans jamais s’éloigner et ce n’est qu’en nous allongeant sur celui-ci que je recule un instant pour la regarder « Tu es magnifique… » soufflé-je le regard rempli de désir, mes mains parcourant sa peau, découvrant plus attentivement le dessin de ses courbes alors que mes lèvres partent à l’aventure dans son cou puis jusqu’à sa poitrine que je ne tarde pas à libérer.

Pas de dessert sur place, j’ai plutôt envie d’un dessert à l’hôtel. Mais je ne suis pas non plus du genre à dire ça du tac-o-tac, préférant laisser sous-entendre les choses plutôt que de les dire plus franchement. Le chemin qui nous ramène à l’hôtel est plutôt léger, bien qu’emprunt d’une certaine excitation. Un peu d’appréhension aussi pour ma part. Mais une fois devant la porte de notre chambre, l’appréhension s’envole. Mes lèvres retrouvent les siennes dans un baiser appuyé, le temps qu’il retrouve la clé. C’est chose faite, je savais que ça fonctionnerait. Nous entrons dans notre chambre et, une fois la porte refermée, Ezekiel s’adresse à moi avec un sourire à se damner. « Apparemment tu as un pouvoir magique… » Je n’ai que le temps de répondre à son sourire, que déjà il vient chercher mes lèvres à nouveau, et je le laisse faire avec plus d’envie que je n’en ai eu jusque la. Délicatement il me libère de ma robe pendant que je défais un à un les boutons de sa chemise, sans jamais me défaire de ses lèvres. Ses mains sur ma peau me font chavirer, mon coeur bat à tout rompre. Je ne réfléchis pas, ne pense pas, je me laisse simplement porter par l’énergie du moment. Je retire mes sandales, me retrouvant simplement en sous-vêtements sous ses doigts, et il m’allonge finalement sur le lit. Nos regards se croisent, ma respiration est déjà saccadée. « Tu es magnifique… » lâche-t-il en prenant de la hauteur. Mon corps n’est pas celui d’une jeune femme de vingt ou trente ans, j’en suis consciente, même si je ne suis pas à plaindre. J’ai toujours entretenu ce corps au maximum pour ne pas me sentir vieille et moche avant l’âge. Mais je lis dans son regard tout le désir qu’il peut ressentir, je sais qu’il ne ment pas, et mieux encore, je me sens réellement belle dans ses yeux. Ses baisers reprennent leur place sur ma peau comme si elle leur appartenait. Je soupire, laisse glisser mes mains sur sa musculature, sur sa peau quasiment imberbe. Ma poitrine finalement libérée, je gémis en sentant ses lèvres trouver leur place ici aussi. Je me sens brûler de l’intérieur, et ma patience pourtant légendaire s’amenuise avec les secondes. Je faufile mes mains entre nous pour atteindre sa ceinture que je déboucle, m’attaquant sans tarder aux boutons de son jean pour l’en libérer. « Enlève-moi ça avant que je fasse une allergie. » Je ne suis absolument pas allergique, à aucune matière d’ailleurs, mais mon corps en alerte, ma peau plus sensible qu’à l’accoutumée, j’ai besoin de sentir son corps au plus près du mien, sans tissus parasite. Si la première fois j’avais senti cette immense frustration de ne pouvoir poursuivre de moment avec lui, je sais que ce soir, je vais pouvoir en profiter, toute la nuit s’il le faut. Il y a longtemps que je n’ai pas partagé une nuit avec un homme, et je compte bien vivre chaque seconde comme si elle était la dernière.