Lovely morning (Sunko)

Sunhi se sentait vraiment bien là. Elle était encore à moitié endormie et ses yeux n’étaient pas encore prêts à s’ouvrir, ses paupières pesant bien trop lourd mais elle se sentait vraiment bien. Elle avait chaud sous la couette et elle sentait un je-ne-sais-quoi de confortable contre elle. Elle avait beau ne pas être dans son propre lit, celui dans lequel elle était actuellement était tout aussi bien. Le lit de Keiko, elle le savait. Ce n’était pas comme si elle allait dans d’autres lits de toute façon donc c’était facile de deviner où elle était. Elle essayait de se souvenir de la veille et se rappeler pourquoi elle n’était pas dans son lit et puis les souvenirs vint faire surface d’un coup. Comme à son habitude, elle avait tenu à aider Keiko avec son bébé donc elle était venue la voir avec Joon. Mais au final, elle ne s’occupait pas tant que ça se Sosuke, elle laissait ces moments privilégiés pour Keiko et elle, de son côté, c’était de Keiko dont elle s’occupait. Elle faisait en sorte qu’elle se nourrisse, qu’elle boive, qu’elle se lave et elle lui donnait de précieux conseils de maman également. Elle n’avait pas à se forcer au nom de l’amitié, elle faisait tout ça par plaisir et puis ça lui donnait l’occasion de passer encore davantage de temps en compagnie de sa belle. Elle sentit d’un coup quelque chose de chaud contre sa joue, c’était agréable, elle aimait ce contact, elle ignorait ce que c’était mais elle en voulait encore. Il n’était pas prévu qu’elle dorme chez Keiko mais les heures avaient défilé et quand Keiko s’était endormie, elle était restée là à l’observer en silence, avait profité de son sommeil pour déposer un doux baiser sur son front et au final, elle s’était endormie elle-même, sans s’en rendre compte. La chaleur passait de sa joue à son front, elle aimerait que ça vienne couvrir tout son corps et si elle savait qu’il s’agissait des lèvres de Keiko, elle le voudrait encore davantage. La douce chaleur vint parcourir son corps entier alors qu’elle sentait quelque chose contre elle, un peu comme si un doux nuage venait de l’envelopper. Et puis ses paupières se firent moins lourdes d’un coup, bien que mélangé à la curiosité de découvrir cette si douce source de chaleur. Une paupière après l’autre se soulevait et voilà que ses yeux s’ouvraient et rencontraient ceux de la belle Keiko. Bien sûr qu’il ne pouvait s’agir que d’elle. La proximité avec elle faisait doucement rosir ses joues tant que ses sourcils se fronçaient. Elle avait vu les lèvres de la jeune femme bouger mais elle n’avait pas compris ce qu’elle avait dit. « Quoi ? » Quel beau réveil que celui-là et si seulement elle pouvait avoir le droit à un réveil pareil tous les matins ? Ca serait vraiment le rêve pour la future vétérinaire qu’elle était. C’était un rêve qu’elle avait depuis longtemps maintenant mais jusqu’ici, elle n’avait pas eu le courage de tenter sa chance, bien trop effrayée à l’idée de la perdre, surtout que son corps entier lui criait que ses sentiments ne seraient jamais réciproques. Elle était aussi apeurée que lâche concernant ses sentiments alors elle enfouissait tout au plus profond d’elle et profitait des moments de bonheur que cette amitié lui apportait.

(c) mars.

Sunhi observait la jeune femme après lui avoir posé la question. Peut être était-ce une question importante après tout ? Est-ce que son oreille s’était bouchée pile à ce moment-là ou quelque chose dans le même style ? Elle avait entendu un son mais c’était bien tout et il aurait été inutile de se mettre à deviner les choses, elle n’avait jamais été bonne pour les devinettes en plus de cela. Elle haussait les sourcils de surprise en entendant sa meilleure amie répéter ce qu’elle venait alors de dire. Qu’elle l’aimait ? Sunhi étant Sunhi, elle avait pris ça comme elle le prenait toujours avec Keiko, c’est-à-dire à sa façon. Pour elle, elle parlait d’un amour entre deux meilleures amies, entre deux sœurs presque même et si Sunhi aimait Keiko différemment et beaucoup plus fort que cela, elle restait encore persuadée que ce n’était pas réciproque et donc la possibilité qu’elle parle du même amour qu’elle était une hypothèse impossible à formuler dans son cerveau. « Je t’aime aussi, Keiko. » Elle, par contre, elle y profitait clairement pour lui faire une déclaration déguisée. C’était facile de dire qu’elle l’aimait dans ces conditions, elle ne mettait pas trop en danger après tout. Elle devait prendre ce que Keiko pouvait bien lui offrir et ne pas en demander de trop de peur de ne plus avoir tout ce qu’elle avait actuellement. Si elle lui disait qu’elle l’aimait d’un amour pur et romantique ou bien qu’elle tentait de l’embrasser, Keiko se sentirait gênée en sa compagnie et ça serait la pire des choses pour elle. Elle préférait encore passer sa vie à ne rien dire qu’à risquer de la perdre. C’était idiot et lâche mais elle n’avait pas assez de courage pour le moment. La proximité avec Keiko était très plaisante et même devenue nécessaire mais c’était aussi une bénédiction qu’une malédiction. C’était plaisant mais bien trop pour son cœur qui battait à tout rompre et très frustrant de ne pas pour aller au-delà de tout ça. « Keiko ? » Elle plongeait son regard dans le sien, un regard interrogateur. Leurs doigts s’entrelaçaient, ça non plus elle ne voulait pas tirer un trait dessus. Les caresses, les câlins, les doigts qui s’entrelaçent, son cœur qui battait à tout rompre et les papillons qui s’amusaient à lui triturer le ventre. Les paupières de Keiko se baissaient, lui laissant presque l’opportunité idéale de poser ses lèvres sur les siennes mais ses iris perdus dans les siens l’en empêchaient encore. Sa tête se rapprochait presque instinctivement de la sienne, ses lèvres prêtes à se poser sur les siennes dans un élan de courage qui ne fut pas de longue durée puisqu’au dernier moment ses lèvres déviaient de leur but pour se poser sur sa joue.

(c) mars.

Comment Sunhi pourrait-elle penser que Keiko parlait de l’amour, le vrai quand elle lui disait l’aimer ? C’était très loin d’être le premier je t’aime échangé entre les deux filles donc c’était presque devenu normal pour elles de les prononcer et faire savoir à l’autre l’amour qu’elle lui portait. En plus de cela, son cerveau se refusait de même imaginer que Keiko puisse ressentir les mêmes sentiments qu’elle. Pourquoi le ferait-elle alors que ça faisait des années que les choses étaient ainsi et que Keiko n’avait montré de l’intérêt qu’envers des hommes ? Elle, elle n’était pas un homme, loin de là même puisqu’elle avait des attributs 100% féminins. Il était ainsi plus facile d’imaginer une fille lesbienne intéressée par elle que Keiko, une fille jusque là bien hétéro. Ses lèvres auraient pu toucher les siennes mais elle avait dévié au tout dernier moment, bien trop lâche pour oser assumer au grand chose ses sentiments pourtant tellement évidents. Et alors qu’elle se disait qu’elle irait bien faire un petit tour au petit coin, ses yeux plongeaient dans ceux de Keiko qui disait la phrase la plus mystérieuse du monde. Pas comme ça ? Que voulait-elle donc dire par là ? Mais elle n’eut même pas le temps de dire quoi que ce soit que leurs lèvres se retrouvaient collées. Le choc. Voilà ce qu’elle ressentit en tout premier. Il lui avait d’ailleurs fallu bien quelques longues secondes pour se rendre compte de ce qui était en train de se dérouler. Est-ce que les lèvres de Keiko étaient bien sur les siennes ou bien elle ne faisait que rêver éveillée ? La sensation était douce et sucrée et surtout différent. La dernière personne qu’elle avait embrassé, c’était Jae donc forcément que ça ne pouvait qu’être différent… déjà parce que c’était une fille et lui un garçon et que les sentiments éprouvés n’avaient rien à voir. Elle avait aimé Jae mais jamais aussi fort qu’elle aimait Keiko et elle n’avait pas attendu aussi longtemps avec Jae qu’avec Keiko donc rien ne pouvait être comparable. Une fois le choc passé, elle décidait de profiter de ce beau moment qu’on lui offrait alors. Elle en pleurerait presque tellement elle était émue. Elle attendait ça depuis tellement longtemps et voilà que Keiko l’embrassait, c’était presque trop beau pour y croire. Les yeux clos, elle bougeait à son tour ses lèvres contre celle de celle qu’elle aimait si fort. C’était doux et tendre et humide, ses bras passait dans le dos de la jeune femme et les rapprochaient encore davantage. Leurs corps étaient à présents collés et la chaleur ressentie plus tôt devenait un véritable brasier. Quand le baiser cessait et que Keiko réitérait son amour, elle le comprenait d’une manière totalement différent, de la bonne manière cette fois-ci. Mais elle ne lui laissait pas le temps de reprendre ses esprits et répondre. Non, Keiko décidait de faire un petit boudin à lui tourner le dos. Elle aurait pu trouver ça terriblement enfantin et immature de la part de la jeune femme et pourtant, pas du tout, elle trouvait ça uniquement adorable et complètement irrésistible. Elle l’attirait à elle alors qu’elle lui tournait toujours le dos, la poitrine de Sunhi contre le dos de Keiko, ses bras autour de sa taille pour l’empêcher de s’enfuir. « Je t’aime Keiko, et depuis très longtemps. Je suis désolée de ne pas avoir eu la force de le dire avant. » A défaut de pouvoir poser ses lèvres sur celles de Keiko, elle les posait sur l’arrière de sa nuque toute chaude. De là, elle pouvait humer le doux parfum de son shampoing qu’elle aimait tant. Plus rien ne serait comme avant désormais, pas maintenant que Keiko lui avait avoué l’aimer. Elle ne comptait plus jamais la lâcher et faire d’elle sa femme pour toujours.

(c) mars.

Impossible pour Sunhi de s’éloigner ou même de rejeter Keiko. Elle qui attendait ça depuis tellement longtemps, bien que dans son esprit ce soit elle qui faisait le premier pas mais Keiko avait su la surprendre et lui piquer sa place. Elle avait eu le courage de foncer tout en risquant tout ce qu’elle avait et Sunhi s’en voulait réellement de ne pas avoir été aussi forte que Keiko, surtout après tout ce que la jeune femme avait subi dernièrement. Elle se promettait en son fort intérieur de se rattraper. Elle ne pouvait pas décemment pas la laisser faire son petit boudin dans son coin et encore moins garder leurs corps si éloignés maintenant. Non, elle s’était collée à elle, dos à poitrine cette fois-ci mais le contact était malgré tout très agréable. « Depuis un peu plus de trois ans maintenant… » Elle avait pris conscience de ses sentiments juste avant de tomber enceinte de Jae et c’était cette prise de conscience qui avait d’ailleurs mené à la rupture du couple. Après, les sentiments étaient peut-être présents depuis encore plus longtemps que cela mais elle ne s’en était juste pas encore rendu compte. Elle pouvait parfois être un peu longue à la détente, suffisait de voir les sentiments de Keiko qu’elle n’avait pas su deviner et pourtant, vu tout le temps qu’elle passait ensemble, elle aurait dû s’en douter un peu non ? Elle avait été aveugle et le regrettait. Si elle avait su le voir alors elles seraient ensemble depuis longtemps maintenant. Elle lui sourit alors que Keiko se retournait face à elle et qu’elle déposait sa main sur sa joue tout rouge et bien chaude. « Non, tu n’as pas à t’excuser, au contraire… Si tu n’avais rien dis, peut-être qu’on aurait encore attendu un bail… » Son sourire s’élargissait alors que les lèvres de Keiko se posaient à nouveau sur les siennes. C’était une sensation dont elle ne voudrait plus jamais se passer désormais. Ses baisers, les caresses de sa main bien baladeuse, la sensation de leurs corps collés, de son genou venant lui faire légèrement écarter les jambes, la chaleur de ses baisers dans son cou. Elle la faisait frissonner de la tête aux pieds et comme elle n’avait pas été touchée depuis Jae, forcément qu’elle était encore plus sensible à tout ça. Sunhi fermait les yeux, front collé à celui de Keiko, elle ne pourrait pas être plus heureuse qu’elle l’était aujourd’hui.« Je suis à toi et si tu veux de moi, tu es à moi aussi. Si tu m’acceptes alors je serais la meilleure petite-amie que tu puisses espérer. » Comme devinant les envies de Keiko, elle posait une nouvelle fois ses lèvres sur les siennes. Elle ne pourrait pas s’en passer et pouvait même avouer être prête à passer la journée entière à ne faire que l’embrasser encore et encore. Elle avait attendu si longtemps ce moment qu’elle ne pouvait pas qu’il finisse, ni maintenant ni jamais. Elle voulait la sentir près d’elle et encore plus si désormais elles étaient plus que de simples meilleures amies mais bel et bien un couple. Rien que ce mot lui paraissait impossible il n’y avait pas si longtemps que cela. Elle avait connu le célibat pendant plus de trois ans maintenant et en l’espace de quelques minutes, la voilà casée et probablement pour toujours, c’était tellement intense.

(c) mars.