wedding day (kamaël 4)

Mon histoire n’est pas un secret que je cherche à tout prix à garder. Dans mon entourage, personnel et professionnel, elle est connue. Je n’aime simplement pas trop en parler. Du fait des souvenirs douloureux inévitablement associés, et également parce que je n’ai absolument pas envie de déclencher une quelconque pitié. J’ai conscience de rester un peu bloqué dans le passé, mais ça ne concerne que moi après tout, non ? Je ne cherche pas à me faire plaindre. Et puis présentement, connaissant un peu Knox et sa ténacité, je ne vais pas pouvoir esquiver bien longtemps. Après tout je suis son faux fiancé pour quelques heures, elle a bien le droit de savoir pourquoi je suis si peu à l’aise dès qu’il est question de mariage. La blonde n’est pas idiote, elle se doute bien qu’il y a un truc qui cloche, que quelque chose s’est passé. Et comme souvent, elle imagine sans doute que j’ai vécu un mariage douloureux. La vérité est plus funeste. Je lui résume succinctement mon histoire, je vois son regard changer, passer de l’étonnement à la compassion. Elle comprend, ou plutôt elle imagine ce que j’ai pu vivre. Viennes les excuses que j’ai dû en passer par cette épreuve de la vie, Knox a parfaitement conscience du côté bateau de ces quelques mots, mais je la sens sincère. Un peu désemparée aussi. Je suis habitué à ce genre de réaction, personne ne sait jamais vraiment quoi dire, ça créé toujours un petit choc. « C’est du passé. » répété-je comme pour lui signifier qu’elle n’a pas besoin de trouver les mots justes. Alors que je sirote tranquillement mon whisky, la jeune femme termine sa coupe de champagne d’une seule traite avant de se saisir de ma main, se levant comme un diable sortant de sa boite. Je la suis, sous le coup de la surprise et nous rentrons à l’intérieur. Dire au revoir à sa grand-mère et partir. Je fronce les sourcils, tout en la suivant, posant au passage mon verre presque vide sur une table. La tornade Knox est en action, et en quelques secondes nous sommes face à sa grand-mère, comme tout à l’heure. La blonde sort un magnifique mensonge pour justifier notre départ anticipé, son aînée lui sourit mais je perçois une pointe de déception de voir sa petite-fille partir si vite. Elles s’enlacent, la scène me touche, elle est tellement vraie, naturelle. A mon étonnement, la vieille femme me fait signe d’approcher à mon tour, m’offrant une accolade chaleureuse que je lui rends. Elle chuchote alors à mon oreille quelques mots, je ressens alors une pointe de culpabilité que tout cela soit factice. Je suis aussi un peu perturbé qu’elle ai pu percevoir ma souffrance en si peu de temps. Pour le reste, c’est que mon jeu a été convaincant, je peux me féliciter de ça. Je recule et lui adresse un sourire sincère « Je n’en doute pas. ». Nous quittons la salle et prenons la direction de la voiture garée plus loin sur le parking. En chemin je m’arrête « Knox. » je capte l’attention de la blonde, interloquée par mon arrêt brutal « Tu devrais passer du temps avec ta grand-mère. » déclaré-je. J’ai vu qu’elles en avaient besoin l’une comme l’autre, je crois seulement que la jeune femme manque un peu de courage, car elle sait que ces instants là seront peut-être les derniers. « Je peux gérer cet appel urgent seul. » ajouté-je dans un léger sourire complice « Reste et mets le temps que tu as à ta disposition pour en faire bon usage. » je pose une main chaleureuse sur son avant-bras « Tu t’en fous de ce que pense ta mère, ta cousine ou je ne sais qui. Ce qui compte c’est d’être près de ceux qui ont vraiment de l’importance. » je hausse les épaules « Tu peux me croire. ». J’embrasse sa joue pour lui dire au revoir « J’espère que j’ai été assez convaincant. Tu me diras. » je peux compter sur elle pour ça et plus encore je crois que je peux compter sur elle plus que je ne l’imagine. Je m’éloigne vers la voiture, le sentiment d’avoir bien fait de l’encouragé à rester.

Je suis touchée qu’il me raconte son histoire, qu’il se livre à moi. A vrai dire, je ne pensais pas qu’il le ferait. Il a l’air si… secret. Mais j’ai une des réponses désormais, peut-être la plus grosse - même si je ne doute pas qu’il ait pu vivre d’autres drames dans sa vie - et je comprends mieux son comportement souvent revêche. Le grizly dans sa tanière cache un coeur blessé, et ça me touche. Il m’a rendu service, et je me sentirai mal de continuer à jouer ce jeu avec lui tout en sachant désormais sa relation conflictuelle et douloureuse avec le mariage dans sa globalité. Alors ni une ni deux, presque sans réfléchir, je prends sa main pour l’entraîner à l’intérieur, dire au revoir à ma grand mère et quitter cet endroit. Je ne veux pas lui infliger ça plus longtemps. Les mots de granny me serrent le coeur, je m’en veux de lui mentir mais je me raccroche au fait que ce soit pour les bonnes raisons. Je veux qu’elle parte sereine de me savoir avec quelqu’un de bien. Et même si je ne suis pas en couple avec Sam, il est quelqu’un de bien. Même s’il se cache bien derrière ses airs de gros dur à cuir. Une fois dehors, le flic s’arrêt et m’interpelle, suite à quoi je fais volte-face pour planter mon regard dans le sien. « Tu devrais passer du temps avec ta grand-mère. » lâche-t-il avec aplomb. Mes yeux se plissent, comme pour tenter de décrypter ses intentions. « Reste et mets le temps que tu as à ta disposition pour en faire bon usage.Tu t’en fous de ce que pense ta mère, ta cousine ou je ne sais qui. Ce qui compte c’est d’être près de ceux qui ont vraiment de l’importance. »[/color] Pourquoi ses mots font-il autant résonance en moi, pourquoi me touchent-ils autant ? « Tu peux me croire. » Il finit e m’achever par ces quatre petits mots qui m’enserrent sans tarder la poitrine. Bien. Un simple hochement de tête en guise de réponse, et je reste plantée là, le laissant embrasser ma joue. Un geste tendre qu’il ne s’était jamais autorisé jusque là, mais qui semble m’enflammer de l’intérieur plus que je ne voudrais me l’avouer. « J’espère que j’ai été assez convaincant. Tu me diras. » Il s’éloigne alors, pendant que je reste stoïque, le coeur battant sensiblement plus fort. Un simple regard en arrière, un signe de main, et c’est la gorge presque un peu serrée que je rentrer retrouver Granny pour passer du temps avec elle. Il a raison, je dois en profiter, tant qu’elle est encore de ce monde.