I guess I'm a good learner, do I ? (Spencia#10)

Tout est organisé dans ma vie, en tout cas au maximum que je puisse le faire. Ce que je n’avais pas prévu, c’est l’entrée de Spencer. C’était soudain, inattendu, et jamais je n’aurai cru qu’on en arriverait là. Et pourtant, c’est bel et bien la vérité. Elle est là, ses lèvres pressées contre les miennes. Une fois sur mon lit, c’est avec envie et une légère précipitation que nous nous effeuillons mutuellement, non sans une douceur inouïe. Je prends une seconde de recul pour vérifier que tout ça est bien réel, et je m’en veux de lui faire cette petite frayeur même si elle ne dure qu’un très court instant. Heureusement elle ne m’en veut pas et j’ai tout le loisir de récupérer ses lèvres dans un nouveau baiser ardent. Comme un doux supplice, nous ne nous précipitons pas, laissant la place au désir de s’immiscer pleinement en nous. Alors quand la jeune femme débute une descente de baisers au sud de mon corps, je me sens frémir davantage. Mon souffle court fait se soulever mon ventre plus rapidement. Elle joue avec mes nerfs et ça a le don de me rendre folle. J’ai envie de lui hurler de ne pas me laisser plus longtemps dans cet état, et, comme si elle m’entendait, je peux enfin sentir la chaleur de ses lèvres, de sa langue, pour me faire chavirer. Je ne retiens aucun signe de plaisir, ni n’en exagère aucun. Chacun de ses gestes me rend un peu plus folle, et mes doigts qui serrent les draps en sont l’un des témoins. Ma lèvre inférieure emprisonnée entre mes dents devient presque douloureuse d’être ainsi maltraitée, et si je tente de contenir au maximum le plaisir pour en ressentir les effets dédoublés, je ne peux tenir bien longtemps et lâche totalement prise, accueillant cette vague de plénitude qu’elle vient de m’offrir. Je prends quelques secondes pour retrouver mes esprits et compte bien lui faire vivre la même chose.
Lorsque mon téléphone sonne pour annoncer qu’il est l’heure d’aller chercher Ugo à l’école, je refuse de l’écouter et profite d’un dernier instant, avant de laisser la frustration me gagner. 9 minutes de répit avant la nouvelle sonnerie du téléphone, heureusement j’avais prévu le coup. « Faut vraiment que j’y aille… » C’est un supplice. « Reste ici si tu veux, j’en ai pas pour longtemps. Mais rhabille toi quand même… » Je ris contre ses lèvres, et peine vraiment à me décoller d’elle. « Quand il sera couché ce soir, on pourra reprendre où on s’est arrêtées… » Je lui souris et me lève à contre coeur pour me rhabiller. J’aurai préféré avoir le temps de prendre une douche, mais j’assume mon choix d’avoir pris ces neuf minutes de répit contre le corps de Spencer. J’attendais ça depuis si longtemps..

De l’attente nait le désir, paraît-il. C’est en partie vrai, l’attente a nourrit notre désir mutuel. Et nous nous retrouvons enfin Mia et moi, incapables de continuer à lutter contre ce qui nous anime. Et pourtant rien n’est précipité, au contraire, je savoure chaque seconde, chaque minute, prenant même le luxe de faire languir la jolie brune. La frustration semble encline à ne pas s’inviter à la fête et c’est l’esprit serein, totalement ancrée dans l’instant présent que nous partageons enfin ce plaisir tant attendu. Celui de cette connexion, de ce partage. Donner et recevoir, être là dans cette bulle avec elle dans un moment hors du temps. Ou presque… Car celui-ci nous est malgré tout compté. Le portable de Mia sonne, indiquant que l’heure est venue pour elle d’aller chercher son fils à l’école. Néanmoins elle s’octroie une petite dizaine de minutes pour trouver la motivation à me quitter. Je suis tentée de la retenir, mais ce n’est pas n’importe qu’elle raison qui la pousse à mettre fin à ce moment. Finalement la frustration aura quand même réussi à faire une petite apparition. « Je sais qu’il faut que t’y aille. Sinon tu vas être fichée “maman en retard“. » je l’embrasse une dernière fois, elle me propose de rester ici en l’attendant. J’ai quand même pour consigne de m’habiller « Si ça ne t’embête pas je vais prendre une douche. Et évidemment je m’habillerai en sortant. » répondis-je, mon rire faisant écho au sien. S’il est difficile de la laisser partir, la perspective de reprendre notre “discussion“ plus tard, lorsque son fils sera couché, m’aide à me faire une raison. Mia se lève et je ne la lâche pas des yeux « Tu as intérêt à t’habiller vite, sinon tu risques de ne pas sortir de cette pièce avant un moment… » dis-je en riant. La brune est rhabillée, je fais l’effort de me lever à mon tour « T’en fais pas, je serai présentable à votre retour. » lui affirmé-je dans un sourire. Mia partie, je récupère mes affaires pour aller prendre une douche rapide. Un moyen aussi de ne pas trop cogiter pendant ce laps de temps. Parce que si je suis parfaitement au courant et ok avec son statut de mère, ça reste une certaine petite pression que de rencontrer son fils. Ça ne sera pas la première fois mais lors de la précédente les circonstances étaient très particulières. C’est sans doute pour cela que je me demande comment ça va se passer… Se souviendra t’il de moi et de toute cette histoire ? Même si sa mère a tout fait pour le préserver, je le sais, il a forcément compris que quelque chose se passait et puis Tamara est partie, elle faisait partie de sa vie. Ok. J’avais pas justement dit que j’allais éviter de trop penser à tout ça ? Une fois propre et rhabillée, je me demande si je ne devrais pas partir. Ce serait un peu lâche mais Mia comprendrait sans doute. Non. Elle le prendrait assez mal, et elle aurait raison. De toute façon il n’est plus temps d’hésiter, ils arrivent et j’affiche un sourire de circonstance.

Je savais que je détesterai la sonnerie de ce foutu réveil. Comme un rappel à l’ordre, pour me faire redescendre sur Terre alors que je n’en ai pas la moindre envie. Mais il le faut, je suis mère, j’ai des responsabilités, et mon fils passera toujours au premier plan. « Je sais qu’il faut que t’y aille. Sinon tu vas être fichée “maman en retard“. » Je ris contre ses lèvres et hoche un peu la tête. « C’est ça, et c’est pas sérieux. » Je suis quelqu’un de sérieux. Et c’est mon fils. Elle me demande si elle peut prendre une douche, même si ce n’est pas vraiment une demande de permission, j’approuve la requête tout en cherchant la moitié de mes fringues. « Tu as intérêt à t’habiller vite, sinon tu risques de ne pas sortir de cette pièce avant un moment… » Mon rire se mêle au sien, et avec un sourire mutin je finis par disparaître de son champs de vision, alors qu’elle me promet d’être présentable a mon retour.
Une fois dans la voiture, je jette un oeil à ma montre, je devrais pouvoir être dans les temps. Un sourire pendu au coin de mes lèvres, je fais le trajet jusqu’à l’école de manière un peu automatique. Lorsque mon petit prince sort de l’école, je salue son institutrice et glisse mes doigts dans les cheveux du petit bonhomme. « Coucou mon amour, ça a été à l’école ? » Comme à son habitude, petit moulin à paroles, il est parti pour un récit détaillé de toutes ses aventures de la journée. Je le laisse s’installer dans la voiture et s’attacher, avant de prendre le chemin de la maison. Une légère angoisse me saisit en imaginant que Spencer ait pris la poudre d’escampette. Serait-elle capable d’une chose pareille ? « … et du coup, Timothée était tout décoiffé ça lui donnait une tête trop drôle. Ben un peu comme toi. » Hein ? Quoi ? De quoi il parle ? Je le regarde à travers le rétroviseur central, interrogatrice, et il me sourit. Une fois arrivés à la maison, je me regarde dans le rétroviseur extérieur et me rends compte qu’effectivement j’ai les cheveux en bataille. Génial. Je remets un peu d’ordre dans tout ça et ouvre la porte à mon fils pour le laisser descendre. « Ah je t’ai pas dit, j’ai invité une amie à dîner avec nous ce soir. » « Je la connais ? C’est qui ? » « Tu l’as déjà vue mais je suis pas sûre que tu t’en souviennes. » Nous entrons à la maison et Ugo tombe rapidement nez à nez avec Spencer. J’offre un sourire à cette dernière, alors que le petit garçon prend la parole. « Ah c’est la dame qui a renvoyé Tamara chez elle. » Oui, alors pas vraiment en ces termes. Comment me sentir mal à l’aise d’un coup. Je me racle un peu la gorge. « Hum, non, pas tout à fait. Mais c’était à ce moment là que tu l’avais vue, oui. C’est Spencer. » Je glisse à nouveau ma main dans ses cheveux, une habitude. « Bonjour Spencer. Pourquoi tu es déjà à la maison ? Maman m’a dit que tu venais dîner avec nous. » Ah. Nouvelle question. Les enfants et leurs questions.. C’est vrai qu’il n’est que 17h…

Quelle taille on fait à huit ans ? Un mètre vingt ? Un truc comme ça ? Ce qui en soit n’est pas grand chose, et pourtant ce un mètre vingt là suffit à me faire stresser. Je ne devrais pas, habituellement je m’en sors assez bien avec les enfants. Sauf que là les circonstances sont quand même assez particulières… C’est le moins que l’on puisse dire. Mia et son fils arrivent, je m’avance vers l’entrée, sourire aux lèvres et masquant au mieux mon appréhension. Le ton est donné presque immédiatement par le petit garçon, lequel se souvient de moi et m’associe directement au départ de Tamara. Ça commence très bien. Je pars tout de suite ? Je trouve un meuble sous lequel me cacher ? Petit regard vers Mia qui vient à ma rescousse pour clarifier la situation. Finalement son fils semble intégrer l’information et me salue, non sans enchainer sur des questions parfaitement logiques. Perspicace ce petit individu. Je lui adresse un sourire en hochant la tête « Bonjour Ugo. Oui, elle m’a invité à diner et je suis venue plus tôt pour l’aider. » je hausse les épaules « Et comme c’était l’heure d’aller te chercher à l’école j’ai attendu ici. ». Je m’en sors pas trop mal, non ? J’en sais rien. Il a l’air de trouver l’explication convaincante, je crois puisqu’il se tourne à nouveau vers sa mère « Je peux aller jouer ? » elle acquiesce et c’est avec enthousiasme que Ugo rejoint sa chambre. « Il a le sens de l’observation. » dis-je à Mia avec un petit rire, relâchant la pression. « Moi qui me demandait s’il allait se souvenir de moi… J’ai la réponse. » je soupire « Tu crois qu’il m’en veut ou quelque chose comme ça ? » notre relation avec la brune a prouvé combien elle pouvait être compliquée, elle l’est toujours d’ailleurs, mais si en plus son fils me prend en grippe je crains que ça deviennent mission impossible. Il est sa priorité et c’est tout à fait normal. L’avantage, c’est qu’il est jeune et même si le départ de Tamara l’a sans doute perturbé il va passer au dessus au fil du temps. Je l’espère en tout cas. « Bon… Je crois qu’on a un dîner assez conséquent à préparer si on veut être crédibles. » ajouté-je plus bas, m’approchant de Mia sans pour autant oser avoir un geste tendre dans sa direction. J’imagine qu’elle veut que nous soyons discrètes, ce que je comprends et respecte, même s’il va m’être difficile de résister à l’envie de l’embrasser. Je la suis vers la cuisine, m’autorisant à poser ma main dans le bas de son dos « Qu’est-ce qu’on prépare, chef ? » je plante mon regard dans le sien, ça va être une torture. L’avantage ? La tension va monter et la soirée n’en sera que plus prometteuse.