I guess I'm a good learner, do I ? (Spencia#10)

Je découvre encore chaque jour un peu plus de ce nouveau milieu dans lequel je travaille. J’apprends à le connaître et à l’apprécier, revoyant un peu certains aprioris sur le milieu de la mode, mais ça je crois que c’est en grande partie grâce à l’esprit de la boite, sa politique dans laquelle je retrouve inévitablement la patte de Mia. Loin des diktats, ici, la bienveillance et l’épanouissement sont de mise. Ça n’empêche pas la rigueur, au contraire, il est d’autant plus facile d’obtenir le meilleur des gens lorsqu’ils se sentent bien. Désormais je maitrise les tâches principales de mon poste, et sais m’adapter rapidement à d’autres demandes. J’aime assez l’esprit d’entraide et de coopération qui règne dans les bureaux, de même que la polyvalence exigée permet de ne jamais s’ennuyer. En bref, je me plais ici, raison de plus pour ne pas risquer de tout foutre en l’air – encore – en craquant pour la grande patronne. Depuis notre petit dîner improvisé nous n’avons fait que nous croiser… J’admets avoir peut-être un peu ramener du boulot chez moi plutôt que de rester plus tard le soir afin de la croiser le moins possible. Pas que se soit l’envie qui manque, non au contraire, et le problème est bien là. Je termine de caler le planning de la fin de semaine quand une de mes collègues s’approche de mon bureau, l’air un peu pressé « Spencer, il faudrait que tu descendes pour aller sur un shooting. Linda est malade, c’est le bordel et comme tu es à jour… » je ne suis encore jamais allée sur un shooting, il faut une première à tout. « Ok. Dans combien de temps ? » elle rit légèrement « Maintenant. ». Je sauvegarde ce que j’étais en train de faire, récupère mes affaires à la hâte et descends comme me l’a indiqué ma collègue. Je suis surprise de retrouver Mia en personne qui semble m’attendre. Quoi que ça ne doit pas être inhabituelle qu’elle aille sur les séances photos, mais je ne l’avais pas anticipé. « Bonjour. » j’esquisse un léger sourire « Tu as besoin de moi… » merde c’est quoi cette formulation à la con « …Il paraît. On m’a dit de descendre. Je ne pensais pas que ça serait toi qui… » je hausse les épaules « Bref. Je suis là. » prête à partir, même si je ne sais absolument pas le rôle que je vais avoir à jouer. Je monte dans la voiture et n’aimant pas particulièrement le manque de préparation je me renseigne « Qu’est-ce que je vais devoir faire ? ». Ne pas la regarder trop longtemps, ça c’est une certitude.

J’ai l’impression d’avoir pris une des meilleures décisions depuis que j’ai ouvert cette agence. Embaucher Spencer. Parce même s’il est parfois -souvent- difficile de travailler avec elle à cause de notre attirance mutuelle, elle est un vrai atout pour Wild Models. Elle travaille extrêmement bien, elle est multi-tâches, s’adapte à merveille, et ne rechigne devant rien. Tout ce qu’on lui demande est réalisé avec précision, et elle ne fait pas semblant de savoir quand elle ne sait pas. Volontaire et dépendante, elle est exactement ce que je recherchais pour ce poste. C’est vrai que parfois, le simple fait de la voir passer dans le couloir peut me déconcentrer pour quelques minutes, laissant mon esprit vagabonder sur ce qu’auraient pu être les choses si la vie n’avait pas cherché à nous empêcher de tenter quelque chose. Je ne cherche pas à comprendre pourquoi, je me contente d’imaginer, avant de me stopper pour me remettre au travail.

Ce matin, nous avons un shooting important pour une couverture d’un hebdo féminin très connu. Ce genre de contrat, c’est pour ça que je bosse comme une acharnée, pour pouvoir mettre en avant mes modèles qui ne sont pas ce qu’on a l’habitude de voir dans le monde de la mode. Les codes de la beauté ont changé, et il est important que les femmes puisses s’identifier à d’autres silhouettes, d’autres stéréotypes, plus proches de la réalité. Choisir un profil a été difficile, mais j’ai trouvé la perle rare. Tout le monde est prêt, nous devons retrouver le photographe à l’autre bout de Los Angeles dans moins d’hune heure. Il ne manque plus que mon assistante. Je reçois son appel, elle est retenue par sa fille malade. Manquait plus que ça. « Peyton, va me chercher Spencer s’il te plait, c’est urgent. » Je ne voyais personne d’autre qu’elle. Il ne faut pas plus de cinq minutes pour que la brune montre sa silhouette. Je lui adresse un léger sourire. « Bonjour. Tu as besoin de moi… » Je souris de l’entendre se reprendre, même s’il n’y avait rien de gênant dans sa première formulation. « Oui. J’ai besoin de toi. En voiture. »[/color] Je lui fais un signe de tête pour qu’elle grimpe dans la voiture, me glisse à sa suite à l’arrière et referme la portière derrière moi. Une autre voiture nous suit, avec la mannequin et l’équipe qui s’occupera d’elle sur place. Une équipe réduite puisque nous serons en extérieur. Un maquilleur, une coiffeuse et un styliste. « Qu’est-ce que je vais devoir faire ? » demande Spencer, toujours aussi professionnelle. Je la regarde et lui sourit à nouveau. « C’est la classe verte aujourd’hui ! » Je ris un peu et lui explique finalement. « On a un shooting en extérieur, mon assistante a été retenue à la dernière minute, j’ai pas réfléchi longtemps, je sais que tu vas gérer. » Je croise son regard, visiblement, elle veut en savoir plus. « Ça va être le rush, je vais probablement te solliciter pour un peut tout et n’importe quoi, mais je peux pas gérer toute la logistique toute seule. » Rien de bien compliqué, parfois expliquer aux passants de passer sur l’autre côté du trottoir pour ne pas gêner le shooting, faire les allers-retour aux voitures s’il manque quelque chose, tenir les fringues de rechange ou les accessoires. L’équipe est réduite pour ne pas avoir à déplacer trop de monde et attirer trop de regards indiscrets. Elle devra donc être multi-tâches mais je sais qu’elle en est largement capable. « Et puis c’est bien, tu vas voir un peu autre chose. » Il faudra juste que je reste bien concentrée, parce que je sais qu’avec elle dans les parages, c’est un peu difficile parfois…

Le changement, ne me dérange pas, j’ai une bonne capacité d’adaptation et j’ai rapidement compris que dans mon nouveau poste c’était un sacré atout. Aller aider sur un shooting ? Aucun problème ! Sauf peut-être en présence de Mia. Non. C’est faux, je sais rester professionnelle, je le sais et je dois me faire confiance. La dernière fois nous avons dîner seules sans plus personne dans les bureaux et il ne s’est rien passé. C’est bien une preuve ça, non ? Pourquoi les choses seraient différentes aujourd’hui ? Ça va être même d’autant plus facile que nous serons dans l’action. D’ailleurs je m’y prépare déjà, questionnant la brune sur ce qu’elle attend de moi. Elle est plus détendue, plaisante sur l’aspect classe verte de cette sortie, avant de répondre à ma question. Séance photo en extérieur, je remplace son assistante, ce qui signifie faire à peu près tout et n’importe quoi. Je vais être la en soutien logistique et ça peut prendre tout un tas de formes différentes, je lui adresse un sourire « Oh, heureusement que je n’ai pas mis de talons aujourd’hui. ». Mia a raison, c’est bien que je vois autre chose, encore un nouvel aspect de ce domaine dans lequel je prends mes marques petit à petit. Et plus encore je suis contente d’avoir l’occasion de la voir à l’œuvre, sur le terrain. Je suis curieuse et à la fois j’appréhende un peu de ce que ça pourrait provoquer en moi… Son charme opère un peu trop facilement et je me connais, j’ai mes petites faiblesses quant il est question de femmes dirigeant les opérations. « Je vais voir autre chose, prendre l’air. » je ris légèrement et hausse les épaules « Une preuve de plus que je suis bien mieux ici que là où j’étais avant. » je le pense sincèrement, je n’ai pas perdu au change. Il fut une époque où j’aimais mon ancien boulot, mais j’avais fini par ne plus tant l’apprécier que ça au fil du temps pour finalement le trouver dénué de sens, en tout cas dans la façon dont on me demandait de procéder. Mia a bousculé beaucoup d’aspects de ma vie, mais je suis convaincue qu’elle est une des meilleures choses qui me soient arrivées ces dernières années, en dépit de nos ratés. « C’est un shooting pour une marque en particulier ? » demandé-je en observant le paysage défiler à travers la fenêtre. « J’imagine que c’est un contrat plutôt important pour que tu te déplaces en personne. » sinon elle délègue, même si je sais qu’elle a dû mal à le faire. « J’ai hâte de te voir sur le terrain. » je n’ai pas pu me retenir de le dire, c’est la pure vérité.

« Oh, heureusement que je n’ai pas mis de talons aujourd’hui. » Je ne peux retenir un rire amusé. J’ai toujours adoré la répartie de la jeune femme, c’est sans doute une grande partie de ce qui m’a fait craquer pour elle. Ça et son sourire à se damner, ses yeux qui pétillent et son corps… ok Mia on arrête de suite ! Faire la liste de ce qui me plait chez elle est une très mauvaise idée. Je me dois de rester professionnelle. C’est le seul moyen de ne pas foutre à nouveau le bordel dans notre relation. « Je vais voir autre chose, prendre l’air. Une preuve de plus que je suis bien mieux ici que là où j’étais avant. » Est-ce que je suis en train de la dévorer des yeux ? Est-ce que ses paroles me font un peu trop d’effet ? Je vais devoir calmer mes ardeurs si je veux réussir à rester concentrée. Je savais que ça allait être compliqué, mais je ne voyais qu’elle pour m’accompagner aujourd’hui. Je n’ai même pas réfléchi plus d’un quart de seconde. « Tant mieux. Ça me fait plaisir de l’entendre. » Ça m’évite de trop culpabiliser de lui avoir fait perdre son ancien emploi. On peut dire que je me suis rattrapée. « C’est un shooting pour une marque en particulier ? J’imagine que c’est un contrat plutôt important pour que tu te déplaces en personne. » Je hoche la tête et lui souris. Elle a très vite compris les ficelles du métier. « La mannequin est jeune, un peu inexpérimentée. Contrairement au photographe qui risque de la bousculer un peu. Je préfère être là en personne pour temporiser les choses si besoin. » Et aussi parce qu’envoyer quelqu’un d’autre à ma place, je fais parfois face à des situations que je ne peux gérer après coup. « Et oui, c’est un gros contrat, je préfère être là pour pas que ça foire, sinon je m’en mords les doigts. » C’est plus fort que moi. « J’ai hâte de te voir sur le terrain. » Je croise son regard et mon coeur s’accélère immédiatement. Y’a rien à faire, elle me fait toujours un effet de dingue, même si j’arrive à peu près à me contrôler. « N’aie pas si hâte, tu vas voir une nouvelle facette de Mia la patronne. Si il faut tu vas détester. » Je ne suis pas si différente en plein boulot, peut-être un peu plus fermée parce que concentrée, mais je n’ai jamais haussé la voix, et m’adresse toujours à mes employés avec douceur, tact et bienveillance. Ce qui me caractérise dans l’ensemble. Nous arrivons sur place et descendons pour faire un repérage des lieux. Je trouve un endroit assez calme pour installer le poste de maquillage, derrière des paravents pour être un minimum tranquilles. Je donne les premières directives pour l’habillage et le maquillage, sur les ambiances qu’on avait choisit en amont. Avec le photographe, nous choisissons quelques plans intéressants, mais je lui fais confiance, il est dans le métier depuis plus longtemps que moi. Pour le moment, Spencer est inactive, et lorsque je la rejoins, je sens qu’elle est un peu perdue. Je lui offre un sourire et glisse tendrement ma main sur son bras. « Profite de quelques minutes de calme. Dans pas longtemps tu ne sauras plus où donner de la tête. »

Je suis le genre de personne aimant apprendre, acquérir de nouvelles connaissances et compétences. Avec ce nouveau boulot c’est en quelque sorte mon quotidien. M’adapter, me diversifier, faire preuve d’esprit d’équipe. J’aime ça, vraiment et je suis totalement sincère en avouant à Mia être bien mieux ici. Bon ok, forcément je me sens encore mieux là dans cette voiture avec elle mais ce n’est absolument pas le sujet. Je la questionne sur le shooting, l’importance de celui-ci. J’ai déjà un semblant de réponse, si elle se déplace en personne c’est que ce n’est pas un petit truc lambda. Mais je crois que la brunette aime tellement son travail qu’elle ne fait pas vraiment de différence entre petit ou gros contrat, elle donne de l’attention à tous. C’est d’avantage ses obligations et le fait que le temps ne soit pas extensible ou qu’il n’y est pas encore de solution pour se dédoubler, qui l’obligent à faire des choix. Présentement la situation est assez simple : une jeune modèle, un photographe expérimenté, elle sera là pour articuler tout ça au mieux dans le respect de chacun. Les choses doivent bien se passer, c’est un contrat important qui ne laisse que peu le droit à l’erreur. J’adore l’écouter me parler de son boulot, elle est réellement passionnée, investie et toujours aussi authentique. Je lui avoue avoir hâte de la voir sur le terrain. Elle temporise mon enthousiasme, émettant l’hypothèse que je puisse ne pas aimer ce que je vais voir. « J’en doute. » merde, ça c’était censé rester dans ma tête. Je lui offre un rapide sourire, heureusement nous arrivons à destination ça évite la gêne.
Première étape l’installation du poste de maquillage et l’endroit où la mannequin se changera. J’aide à tout mettre en place puis reste en attente de consignes alors que Mia et le photographe parle de la séance photo. J’écoute un peu leur échange sans me montrer intrusive. Elle allie la vision claire de ce qu’elle veut avec les idées du photographe, ils trouvent assez rapidement un plan pour le déroulement de la séance, comme une sorte de scénario. Je ne sais pas encore trop ce que je vais bien pouvoir avoir à faire une fois que tout cela sera lancée, mais c’est seulement l’affaire de quelques minutes, le temps de lancer les choses. Mia me rejoint et me le confirme, bientôt je serais en train de courir à droite et à gauche. Je lui souris et hoche la tête « Je n’en doute pas. Le calme avant la tempête. ». Et je ne croyais pas si bien dire. Tout est prêt, ça peut commencer. L’installation a attiré l’attention de quelques personnes à qui j’indique de rester dans une zone spécifique pour ne pas perturber le déroulement du shooting. Une maquilleuse m’appelle à la rescousse et je fonce chercher une mallette oubliée dans le coffre de la voiture. C’est ensuite des tenues que je dois ramener, tout en gérant les curieux. Entre deux requêtes j’ai de brefs moments de répit, parfois mon regard accroche celui de Mia, qui bien que concentrée sur la séance photo ne manque pas de s’assurer que chacun fasse sa part, moi comprise. Malgré le rush nous échangeons quelques brefs et discrets sourires. Est-ce que je suis encore en train de craquer un peu plus pour elle ? J’en ai bien l’impression. Lorsque le shooting est terminé je n’ai aucune idée du temps écoulé et dans un premier temps j’ai même du mal à redescendre, comme si j’allais avoir un truc à faire dans la seconde qui suit. C’était intense, j’ai adoré cette expérience. J’aide au rangement et une fois tout terminé, Mia me rejoint à nouveau « Je confirme, heureusement que je ne portais pas de talons. ».

Elle en doute. Me voir sur le terrain ne semble pas l’effrayer, malgré ce que je viens de lui dire. On verra bien. Je sais que je ne suis pas du genre patron tyrannique, mais quand je suis concentrée sur une tâche, j’imagine que je n’ai pas tout à fait la même image. Qu’importe, je n’ai pas peur de ce qu’elle pourrait penser de moi. Malgré tout, je lui adresse un sourire, et nous quittons l’habitacle de la voiture, prêtes pour démarrer sur les chapeaux de roues. Une fois d’accord avec le photographe sur la dynamique de la séance, je reviens auprès de Spencer pour voir si tout va bien. « Je n’en doute pas. Le calme avant la tempête. » Je ris un peu et hoche la tête. C’est exactement ça. Et d’ailleurs, nous allons pouvoir commencer. J’ai beau être concentrée sur mon travail pour que tout se passe au mieux, ça ne m’empêche pas de parfois adresser quelques regards, quelques sourires à Spencer. Peu importe où elle se trouve, j’ai cette étrange sensation de savoir où elle est, sans avoir besoin de la chercher du regard. Il faut quelques heures avant que les choses ne se calment. Ma petite mannequin peut enfin se poser, et je fais un tour des photos prises par le photographe, directement sur l’écran de son appareil. Juste pour avoir un aperçu avant la post production. Les photographes qui travaillent avec moi savent qu’en ce qui concernent les modèles, il est interdit de faire des retouches. La colorimétrie des photos c’est une chose, mais mes mannequins ne doivent pas être retouchés. C’est le deal. Je retrouve mon équipe après avoir salué le photographe, et retrouve Spencer, qui a aidé à tout ranger. « Je confirme, heureusement que je ne portais pas de talons. » Je laisse échapper un rire amusé, et hoche un peu la tête. « Tu auras fini pieds nus. » Ça m’est déjà arrivé, au début où je bossais chez Elite. Maintenant, je sais courir en talons, même si le soir j’ai besoin d’un bain pour apaiser tout ça. « Merci beaucoup pour ton aide, je sais pas ce qu’on aurait fait sans toi. » On aurait mis quelques heures de plus, j’imagine, ou alors j’aurai couru deux fois plus, et potentiellement raté des moments importants. Cette séance s’est passée à merveille, et chaque membre de l’équipe a donné de sa personne pour le bon déroulement du shooting. Je suis fière de mon équipe. « Décidément, tu es vraiment bonne à tout faire… » Je n’ai pas le sentiment que cette phrase ait pu sonner comme ayant un double sens, mais peut-être finalement. Ou alors est-ce ma voix, un peu plus posée, plus profonde… Ou peut-être mon regard plus appuyé. Je l’ignore. Mais quelque chose se passe à ce moment là, je sens mon coeur qui s’emballe d’un coup, comme si je ne pouvais pas le contrôler. Je reste un court instant à la regarder. J’ai terriblement envie de l’embrasser, mais c’est une très mauvaise idée. Pas ici, pas comme ça. ‘Pas’ tout court d’ailleurs. Je me racle un peu la gorge et baisse finalement les yeux, portant un regard à ma montre. « Et si on allait chercher des cafés pour tout le monde ? » Je ne voulais pas l’envoyer chercher des cafés, parce que ce n’est pas mon assistante et que le travail ‘ingrat’ ce n’est pas pour elle. Mais y aller avec elle, c’est autre chose. Je prends les commandes pendant qu’ils sont en train de finir de ranger, et démaquiller la mannequin. Direction le starbucks au coin de la rue, avec Spencer. La tension est palpable, c’est à la fois grisant, et peut-être un peu dangereux, aussi. Une fois à l’intérieur du café, je passe commande, laisse la jeune femme choisir ce qu’elle veut, et on se décale sur le côté pour attendre que la commande soit prête. Je la bouffe des yeux, c’est plus fort que moi. « Alors, ça t’a plu ? » Retiens toi Mia. Retiens-toi.

J’aime l’intensité et l’effervescence de la séance photo. Le contexte est particulier, je me doute que ce n’est pas toujours comme ça et qu’après plusieurs jours à ce rythme peut-être que je trouverais ça bien moins amusant, mais ça a été une expérience intéressante. Tout est rangé, la mission est accomplie et la tension est clairement retombée. Mia me remercie pour mon aide, je lui adresse un large sourire « Tu aurais trouvé une autre solution et ça se serait bien passé. » j’en suis convaincue, elle est ce genre de personne qui s’efforce de résoudre les problèmes coûte que coûte… Ça lui a même joué des tours, nous en savons toutes deux quelque chose. Elle souligne ma polyvalence dans des termes qui me font rire. Une toute autre tension se réinstalle alors lorsque nos regards se croisent de nouveau, complices, intenses. Et merde. Les battements de mon cœur s’accélèrent, il en faut vraiment peu pour que l’attraction se réveille. Moment de flottement puis Mia propose finalement que nous allions chercher des cafés pour l’ensemble de l’équipe encore sur place. Je hoche la tête « Oui, ok bonne idée. » je suis un peu surprise, sortie de mes pensées qui étaient tout autre.  Et bien allons chercher des cafés. C’est elle la boss, n’est-ce pas ? Une fois les commandes de chacun notées, direction le Starbuck le plus proche, c’est à dire juste au coin de la rue. Un fois la commande énumérée auprès de l’employé, il ne nous reste qu’à attendre que les boissons soient prêtes, il y a un peu de monde dans notre cas, ça va prendre quelques minutes. Il flotte une ambiance un peu étrange, comme si la tension ressentie un instant plus tôt nous suivait. J’aimerais lui dire d’arrêter de me regarder comme ça, mais je crains de céder. Elle me demande si ça m’a plu, nouveau hochement de tête « Oui. C’était vraiment sympa de découvrir cet univers. » je dévie un peu le regard, fuyant le sien par intermittence, incapable de le soutenir si je dois continuer de résister. « Et j’avais raison. Ce que j’ai vu ne m’a pas déplu. Au contraire » oui, je parle d’elle, de son attitude de leader qui lui va à merveille. C’est une connerie d’ailleurs, je ne devrais pas lui dire ce genre de chose, tomber dans la séduction alors qu’il règne déjà une tension palpable entre nous. Mais c’est comme plus fort que moi, j’ai besoin d’être sincère avec elle. J’esquisse un bref sourire puis regarde en direction du comptoir derrière lequel s’agite les employés, priant pour qu’ils nous appellent pour récupérer notre commande avant que je ne fasse une connerie. Rien, encore et le temps me semble ralentit « Je vais en profiter pour aller aux toilettes. » dis-je en essayant de rester naturelle « Si tu veux bien m’excuser. » je la laisse là, filant vers les sanitaires. J’humidifie une serviette en papier et me rafraichie un peu. J’en suis au point où je tends l’oreille pour tenter de déceler des pas au milieu du brouhaha que je perçois en provenance de la salle. Des pas qui seraient les siens, si elle avait décidé de me suivre… Une part de moi le redoute, l’autre l’espère.

Selon Spencer, si elle n’avait pas été là, on aurait trouvé une autre solution. Peut-être, mais je suis contente qu’elle ait été dispo pour venir me prêter main forte. C’était agréable avec elle, je dois bien l’admettre. Je propose que nous allions chercher des cafés pour toute l’équipe, on l’a bien mérité. En général, ce n’est pas moi qui m’en charge, mais je n’aime pas me faire servir à longueur de temps, je peux aussi me débrouiller seule, quand j’ai le temps pour ça. Après que les cafés aient été commandés, et dans l’attente de recevoir notre commande, je demande à la brune si ça lui a plu. Ça change un peu de ce qu’elle a l’habitude de faire depuis qu’elle est employée dans mon entreprise. « Oui. C’était vraiment sympa de découvrir cet univers. Et j’avais raison. Ce que j’ai vu ne m’a pas déplu. Au contraire » Est-ce qu’elle fait écho à notre discussion dans la voiture avant d’arriver au shooting ? Je crois que je rougis un peu, et mon sourire en dit long. J’aime cette tension palpable, elle est agréable, grisante. « Tant mieux. » Je ne peux m’empêcher de la dévorer des yeux, me retenant de faire une bêtise. Ce ne serait pas la première fois, mais l’envie est toujours aussi présente. Les choses sont pourtant un peu différentes maintenant qu’elle travaille pour moi. La jeune femme décide de s’éclipser aux toilettes. Bonne idée, si on ne veut pas se donner en spectacle au milieu du café. Parce qu’on en était pas loin. Je hoche la tête, et profite de son absence pour souffler un peu et essayer de reprendre mes esprits. « Mia ? » Je relève la tête, j’avais oublié qu’au starbucks ils vous appellent pas votre prénom. « Je suis désolée ça risque d’être un peu plus long, mon collègue est parti en réserve chercher du lait de soja. » Je hoche la tête en souriant. « Pas de soucis, prenez votre temps. » Est-ce que je prends ça comme la permission de rejoindre Spencer aux toilettes ? Visiblement. Je passe alors la porte des toilettes et mon regard accroche celui de la brune qui vient de tourner la tête vers moi. Une seconde d’hésitation, et je réduis la distance entre nous pour venir l’embrasser. Ma patience a des limites, et la tentation était bien trop forte… Je finis par mettre un terme à ce baiser langoureux et passionné, le souffle plus court. « Wow… je… pardon, ça faisait trop longtemps que je repoussais l’envie. » Un aveu clair et net. Oui, j’avais envie de retrouver ses lèvres depuis longtemps. En même temps je m’excuse mais… elle ne m’a pas repoussée et n’en a même pas montré ne serait-ce que l’intention. Comme si elle m’attendait.

Je m’éclipse aux toilettes, il faut que je m’éloigne de Mia car la tension devient beaucoup trop difficile à gérer. La complicité, les jeux de regard, tout semble fait pour que je craque alors que je ne me suis promis de ne pas le faire. Surtout pas là comme ça alors que nous sommes en train de bosser. Face au miroir, me passant un peu d’eau fraiche sur le visage je tente de reprendre mes esprits. Je suis clairement en proie à une vraie lutte avec moi-même. D’un côté il y a l’envie de foutre un grand coup de pied dans les barrières que nous avons mise entre nous au risque encore une fois de le payer plus tard, et de l’autre la raison avec l’envie de garder mon boulot. Alors dans un mélange d’appréhension et d’excitation je suis à l’affût des bruits provenant de l’extérieur. Des pas se rapprochent, mon cœur s’accélère, la porte s’ouvre et je tourne la tête pour voir qui est entré. Mia. Evidemment que c’est elle, heureusement. N’est-ce pas un signe ? Celui qu’il nous est impossible de résister. La jolie brune s’approche pour s’emparer de mes lèvres avec détermination et passion. Je ne la repousse pas, bien au contraire, accueillant son baiser comme une délivrance. Son souffle est aussi court que le mien lorsqu’elle recule. “Wow“ oui, c’est bien le mot qui convient pour décrire l’intensité de cet échange. Elle s’excuse, justifie son geste par une envie trop longtemps repoussée. Je secoue la tête, mon regard ancré dans le sien « Ne t’excuse pas… Recommence. » soufflé-je en m’approchant à nouveau, mes mains trouvant leur place dans son dos. Ses lèvres retrouvent les miennes, le temps nous est compté je le sais, mais je profite de cette parenthèse, qui si elle m’essouffle elle est paradoxalement une vrai bouffée d’oxygène. Le désir monte, mais ce n’est ni le moment ni l’endroit. Toute bonne chose ayant une fin, c’est à contrecœur que je recule « C’est une torture. » je caresse sa joue avec douceur, les yeux brillants d’envie « Te voir chaque jour… C’est difficile de lutter. J’ai même l’impression que tu fais exprès d’être un peu plus belle chaque jour. » et voilà où nous en sommes, nous avons fini par céder. « Je crois que si on traine trop ils vont donner nos cafés à quelqu’un d’autre. » dis-je en riant légèrement. Il faut savoir refermer une parenthèse. Je défais mon étreinte dans un soupir et me recompose une attitude professionnelle. Mais pour combien de temps ?
Nous rapportons les cafés à toute l’équipe pour un petit moment de décompression avant que chacun retourne à d’autres occupations. Je m’efforce de rester naturelle, égale à moi-même mais je crains toujours que les regards que nous échangeons parfois Mia et moi ne finissent pas nous démasquer. C’était probablement une connerie ce qu’il s’est passé dans les toilettes, et je suis un peu du genre à partir du principe que je ne suis plus à une connerie près. Alors de retour dans la voiture nous ramenant vers les bureaux j’envoie un message à Mia, bien qu’elle soit assise juste à côté de moi : “Tu es libre ce soir ?“. J’entends la sonnerie de son téléphone, j’observe sa réaction du coin de l’œil un léger sourire flottant sur mes lèvres, alors que ma main vient frôler la sienne dans un geste discret.

Je me retiens depuis trop longtemps, et je suis incapable de rester dans cet état de frustration extrême. Alors sans même me laisser le temps de réfléchir, je rejoins Spencer dans les toilettes et me rue littéralement sur ses lèvres sans même lui demander son avis. Je n’en ai pas besoin, j’ai bien lu dans son regard, et senti la tension, le désir, l’envie. Je n’ai pas inventé ce qu’il pouvait se passer entre nous, notre langage non verbal. Je mets fin au baiser à contre coeur, m’excusant à moitié, parce que j’y suis allée franc jeu. « Ne t’excuse pas… Recommence. » C’est elle qui s’approche alors, entourant ses mains autour de moi pour m’approcher d’elle à nouveau, nous attirant pour un nouveau baiser tout aussi passionné. Ma main dans sa nuque, j’intensifie l’échange en caressant ses lèvres de ma langue, trouvant rapidement la sienne. Le désir gronde en moi, et je crois que nous sommes deux, je peux sentir sa chaleur corporelle qui est montée d’un cran. « C’est une torture. Te voir chaque jour… C’est difficile de lutter. J’ai même l’impression que tu fais exprès d’être un peu plus belle chaque jour. » Je ne peux que sourire à ses aveux, rougir peut-être même un peu aussi. « J’avais presque espéré que ça passerait, que j’arriverai à vivre en te voyant tous les jours sans ressentir tout… ça. » Je secoue la tête et me mords la lèvre inférieure. « Je me suis sur estimée. » Je ris alors légèrement, et la jeune femme me rappelle à l’ordre, nous sommes ici pour des cafés, à la base. Merde, c’est vrai. Je me sépare d’elle et nous retrouvons la salle principale du café, juste au moment où ces derniers sont fin prêts. De retour auprès de l’équipe, nous distribuons les cafés, et il est temps de rentrer à l’agence.
Une fois toutes les deux dans la voiture, je tente de rester concentrée, ne pas regarder Spencer au risque de faire une bêtise. Et même si le chauffeur du Uber que nous avons commandé pour rentrer ne nous connaît pas, je préfère essayer au maximum de rester professionnelle. Mon téléphone émet une petite sonnerie annonçant l’arrivée d’un message, et je porte l’écran face à mes yeux, voyant le prénom de Spencer s’afficher sur celui-ci. Je tourne la tête pour la regarder et ne peux retenir un petit sourire amusé, en retour au sien. J’ouvre alors le message, elle me demande si je suis libre ce soir. Pourquoi je souris bêtement comme ça ? On dirait une adolescente en mal d’amour, c’est ridicule. « Ugo devait aller chez son père mais Elijah a eu un imprévu. Cela dit, tu peux venir dîner à la maison si tu veux. » Ce n’est pas très professionnel ça, mais pas très intime non plus puisqu’il y aura mon fils. Mais c’est peut-être une bonne chose, pour éviter de céder trop vite à ce qui nous anime l’une comme l’autre.
De retour à l’agence, j’essaie de garder le cap, ne pas trop penser à ce baiser dans les toilettes du café. C’est difficile. Chacun reprend son activité, la journée sera bientôt terminée et j’ai encore quelques dossiers à boucler. Mais je ne suis pas concentrée. Un regard à ma montre, j’hésite un instant et cède finalement à mes envies. Je sors de mon bureau et traverse l’open space à la recherche de Spencer. Une fois trouvée, je pose une main sur son épaule et me penche légèrement pour m’adresser à elle puisqu’elle est assise. Les mêmes gestes que j’aurai pu avoir avec n’importe lequel de mes employés. « J’ai un souci avec le planning de mardi, tu veux bien venir voir qu’on arrange ça, avant que ça me grille le cerveau, s’il te plait ? » Evidemment, elle ne refuse pas ma requête et elle me suit jusque dans mon bureau. Une fois la porte refermée, je fonds sur ses lèvres avec un entrain que je ne me connaissais même pas. Visiblement, la frustration n’est pas ma meilleure alliée. Quoi que.

L’attraction entre Mia et moi est beaucoup trop forte. Lorsque je retrouve ses lèvres je me demande même comment j’ai pu avoir l’illusion que nous parviendrons à résister. Après un échange passionné je lui avoue mon calvaire, cette torture de chaque jour. Elle connaît la même et ses espoirs de voir l’attirance s’évanouir étaient aussi vains que les miens. Elle s’est surestimée, nous nous sommes surestimées. Je lui rends son sourire avant de nous ramener à la réalité, notre mission café nous attends. Je vis cet interlude entre collègue dans un état de léger flottement puis c’est le moment du retour. La tension est à nouveau palpable, elle nous suit, telle une ombre et elle finit par avoir raison de moi. J’envoie un message à Mia, bien qu’elle soit juste là à côté de moi, pour savoir si elle est libre ce soir. Son sourire amusé me fait fondre encore un peu plus, je suis dans un état que j’ai rarement expérimenté, sauf durant mon adolescence. Voilà c’est ça, elle me fait sentir comme une ado, tout est décuplé lorsqu’il s’agit d’elle. La jolie brune me propose de venir diner même si son fils sera là. Elle sait que ça ne me pose pas de problèmes, j’ai conscience de sa situation et elle ne m’effraie en rien. « D’accord. Avec plaisir. » répondis-je dans un sourire franc, heureuse à la perspective de pouvoir passer du temps en sa compagnie ce soir. Mais avant cela c’est toute une après-midi de travail qui nous attend. De retour à mon bureau, étonnamment je retrouve assez facilement la concentration nécessaire pour me remettre au boulot. Peut-être à cause du nombre de notes qui m’ont été déposé pendant ces quelques heures d’absence. J’ai de quoi m’occuper suffisamment pour que mon esprit ne vagabonde pas trop en direction de la patronne en personne. Du moins jusqu’à ce qu’elle fasse son apparition et vienne se pencher au dessus de moi pour solliciter mon aide. Sa main sur mon épaule me fait l’effet d’une décharge électrique, mon corps se réchauffe instantanément à ce contact. Il m’en faut vraiment peu. Elle a un soucis de planning pour mardi. Je hoche la tête « Oui, bien sûr. » c’est elle la boss. Je me lève et la suis jusqu’à son bureau sans poser plus de questions, ce qui n’a rien d’exceptionnel aux yeux d’aucun de mes collègues. Une scène en apparence anodine et pourtant je bouillonne d’être sur le point de me retrouver seule à seule avec elle. J’ignore si Mia a vraiment un problème avec le planning et je me demande si je vais pouvoir rester professionnelle, résister à ce semblant d’intimité que va nous offrir cet espace privé. Je n’ai pas besoin de me poser trop de questions, j’entre dans son bureau à la suite de la brune, elle referme la porte derrière moi et dans le quart de seconde qui suit se jette sur mes lèvres avec passion. J’échappe un soupir de soulagement, au moins je n’ai pas à faire d’effort pour résister, elle a cédé la première, pour mon plus grand plaisir. Le désir monte en flèche, il était seulement en veille, mes mains parcours son corps, j’ai besoin de le sentir sous mes doigts que je glisse à même sa peau sous le tissus de son haut. Je fais pression de mon corps contre le sien, la faisant reculer jusqu’à son bureau, dévorant son cou de baisers brûlants « Tu me rends folle Mia. » j’ai tellement espéré, tellement attendu de pouvoir à nouveau l’embrasser, la toucher. Le souffle saccadé je lui fais part de mes intentions « J’ai envie de te faire l’amour, ici, maintenant… ».

D’un sms, Spencer me demande si j’ai quelque chose de prévu ce soir. Je ne compte pas lui mentir, et autant que les choses soient posées de base. Ugo est et restera ma priorité. Alors je lui propose quand même de se joindre à nous pour le dîner. Sa réponse est positive, et je dois admettre que ça me fait quelque chose. Lorsque j’ai compris que d’avoir un enfant pourrait être un frein dans ma vie amoureuse, ça m’a mis un coup au moral. Mes premières relations, j’ai commencé par mentir en me rendant compte que ce n’était pas la meilleure solution. Et par la suite, j’ai pris le parti de commencer par cette information, au risque de briser dans l’oeuf un début de relation. Avec Spencer c’est différent, tout s’est fait sans qu’on puisse projeter quoi que ce soit, imaginer quoi que ce soit. Comme guidées, à la manière des pantins, les ficelles articulées par un destin sur lequel on n’avait aucune emprise. En tout cas, c’est l’impression que j’en avais. Mais les semaines, les mois ont passé, et si j’espérais que cette attirance finisse par s’évanouir, il n’en est rien.
Une fois de retour à l’agence, tout le monde reprend sa tâche initiale, j’ai rendez-vous avec le photographe dans le studio en bas pour une première pré-sélection des clichés faits dans la matinée. Après ça, tout en me rendant compte que ce baiser torride avec Spencer échangé dans les toilettes du café continue de hanter mes pensées, je décide d’aller la chercher. Je ne peux plus attendre, et ce soir, c’est trop loin. Surtout que même Ugo couché, je ne suis pas sûre d’être en mesure de quoi que ce soit en sachant que mon fils dort dans la chambre à côté. Cela dit, ça ne m’a pas empêché de profiter de la présence de Tamara de temps en temps, mais c’est une autre histoire.
Une fois dans mon bureau et à peine la porte refermée, je fonds sans attendre sur les lèvres de Spencer. Employée ou non, les choses sont ce qu’elles sont, et j’en ai marre de lutter chaque jour quand je la vois passer devant moi. Ses mains sur mon corps déjà brûlant ne font que je réchauffer davantage, et je la laisse me guider jusqu’à mon bureau. « Tu me rends folle Mia. » lâche-t-elle entre deux baisers ardents. Mes mains, impatientes, ne savent plus où se poser tellement il y a à explorer, réexplorer. « J’ai envie de te faire l’amour, ici, maintenant… » Je gémis déjà rien qu’en l’entendant. « J’ai un rendez-vous dans trente minutes. Il va falloir faire vite. » J’en ai terriblement envie, mais je me rends compte que trente minutes, c’est court quand on sait combien de temps on a attendu ce moment. Et est-ce le bon endroit ? Le bon moment ? Devoir me retenir de laisser échapper mon plaisir comme j’en aurait envie ? Je suis déjà frustrée d’avance. Le souffle déjà erratique, je suis tiraillée entre deux envies, celle de la laisser me guider vers un plaisir attendu depuis si longtemps, et la peur de ne pouvoir en profiter comme il se doit. Je me saisis finalement de son visage pour la regarder. « Attends. Pas ici. » Je sens la déception dans son regard. « Va chercher tes affaires, on va chez moi. » C’est insensé, mais tant pis. Il n’est que 14h, j’ai des rendez-vous cet après-midi, mais je suis comme une gamine le soir de Noël, je n’ai pas envie d’attendre. Nous sortons de mon bureau ensemble, j’ai déjà récupéré mon sac. Je me dirige vers l’accueil pour m’adresser à l’hôtesse. « J’ai un rendez-vous extérieur en urgence, il va falloir déplacer mes rendez-vous de cet après midi. J’emmène Spencer avec moi puisque Maeve n’est pas là. Si y’a quoi que ce soit et que je ne réponds pas, laisse-moi un message sur mon répondeur, je gèrerai tout ça demain. Merci Peyton. » Je me dirige vers la sortie de l’agence et Spencer me rejoint, puis nous allons récupérer ma voiture, et direction chez moi…

La tension est devenue trop difficile à gérer. Plutôt dans les toilettes de ce Starbuck nous avons réveillées la passion que nous tentions d’enfouir depuis des mois. Est-ce un échec ? J’ai plutôt envie de le voir comme un signe. Nous partageons la même envie Mia et moi, en témoigne la manière dont elle s’est jetée sur mes lèvres à peine entrées dans son bureau. C’est plus que je ne peux endurer, j’ai jusque là fait preuve de self-control et de professionnalisme, mais cette fois je craque. Mes mains parcourent son corps, les siennes font de même et la température monte en flèche. Je lui fais par de mon envie, sans filtre, brute et authentique. Je veux lui faire l’amour maintenant. Le problème ? Son rendez-vous dans trente minutes. Bien sûr j’aimerais plus de temps, profiter d’elle, découvrir son corps et partager ce plaisir tant attendu sans être pressée par quoi que ce soit. Je la sens fébrile sous mes doigts, sous mes lèvres, elle hésite et je m’embrase un peu plus à chaque seconde. Mes gestes se font d’autant plus équivoques, finalement Mia m’invite à m’interrompre, son regard se plantant dans le mien, nos pupilles dilatées par le désir. Pas ici. Je hoche la tête, frustrée, mais consciente qu’elle a raison, c’est trop risqué, ce n’est pas le lieu adéquat. Mais la brunette me surprend alors, m’ordonnant d’aller chercher mes affaires. Nous allons chez elle ? « Ok. » soufflé-je simplement en reprenant contenance « J’y vais. ». Nous sortons de son bureau, Mia se dirige vers l’accueil alors que je récupère mes affaires et éteins mon poste de travail. Je sens la tension dans mon bas ventre, l’excitation que cette petite folie provoque en moi. Je rejoins la jeune femme, l’air de rien, conservant la même attitude que je peux avoir chaque jour et personne ne prête attention à quoi que ce soit. Je retrouve la jolie brune à la sortie, je me fais violence pour ne pas me jeter sur elle sur le trajet menant jusqu’à sa voiture et monte à bord après avoir pris une profonde inspiration. Je m’installe à bord, elle démarre et je regarde par la fenêtre pour ne surtout pas la regarder elle. C’est presque puérile ce que je ressens, cette envie devenue quasi incontrôlable. J’échappe un léger rire « C’est dingue… » je lui adresse un regard en coin accompagné d’un petit sourire « Tu me rends dingue. » je l’ai déjà dit mais je le répète, c’est la stricte vérité. Ma main vient se poser sur la sienne dans un geste sage, bien plus que ce que je peux avoir en tête, mais je travaille sur ma patience.
Mia arrête sa voiture devant chez elle. Je la suis, c’est assez amusant parce que le temps qu’elle ouvre la porte il y a comme un moment de flottement parce que nous savons très bien ce qu’il se passera un fois la porte à nouveau close. Cette fois c’est moi qui fond sur ses lèvres sans lui laisser de répit, mes mains commençant déjà à la déshabiller. Je veux sentir sa peau contre la mienne, m’imprégner de son odeur, de sa douceur et découvrir les courbes de son corps. Le bal langoureux de ma langue jouant avec la sienne se fait plus intense, mais reste emprunt d’une certaine douceur. Je n’ai pas juste envie d’elle, je veux qu’elle sente à travers mes gestes qu’il s’agit de bien plus que cela. Je frissonne au passage de ses mains contre ma peau, et de sentir nos épidermes s’apprivoiser. « Tu me fais visite ta chambre ? » demandé-je en riant entre deux baisers me laissant guider par la belle brune qui n’attendait pas vraiment que je le lui demande.

J’aurai pu m’abandonner dans ses bras, là, dans mon bureau, sur mon bureau, où elle aurait voulu en somme. Mais nous n’avons que trop peu de temps, et je suis frustrée d’avance. C’est très difficile de la stopper maintenant, mais nous avons envie de ça depuis trop longtemps pour se contenter d’une minuscule escapade de ce type. Je veux pouvoir profiter d’elle à cent pour cent. Alors c’est sans attendre que je lui propose d’aller chercher ses affaires pour aller chez moi. Elle ne refuse pas mon offre, le contraire aurait été étonnant. Une fois dans le parking, nous montons dans ma voiture. Mon coeur bat à tout rompre, j’ai l'impression d’être une adolescente qui va faire l’amour pour la première fois. « C’est dingue… Tu me rends dingue. » Je tourne légèrement la tête pour la regarder, le sourire aux lèvres. Je n’ai rien à répondre, elle sait que c’est réciproque, sinon nous ne serions pas en route pour aller chez moi. Nous descendons dans la voiture, mon coeur bat à tout rompre dans ma poitrine, j’ai hâte autant que j’appréhende. Est-ce que l’envie sera toujours aussi présente quand nous aurons passé la porte ? Elle répond à ma question sans tarder, se ruant sur mes lèvres. Je soupire de plaisir et nos corps s’effeuillent rapidement, le désir nous animant autant l’une que l’autre. « Tu me fais visiter ta chambre ? » me demande-t-elle alors que je suis déjà en chemin, reculant tout en la gardant contre moi. « Vos désirs sont des ordres… » C’est le monde à l’envers, quand on sait que je suis sa patronne désormais. C’est simplement en sous-vêtements que nous arrivons dans ma chambre, et je l’attire à moi pour nous faire tomber sur le lit. « Je dois aller chercher Ugo à l’école à 17h. J’ai mis un réveil pour ne pas jouer les mères indignes, ça nous laisse un peu plus de temps que prévu. » Mes baisers glissent dans son cou pendant que mes doigts dégrafent déjà son soutien gorge pour libérer sa poitrine. Ce serait indécent d’avouer depuis combien de temps j’ai eu envie de ça. Mes doigts effleurent sa peau, tendrement, mais avec envie. Je reviens l’embrasser, cherchant davantage de contact entre nos corps, ondulant déjà mon bassin contre le sien pour traduire mon désir. J’ai chaud, affreusement chaud, mais je ne crois pas me souvenir d’avoir autant désiré quelqu’un comme je la désire elle aujourd’hui… « Attends… » Je stoppe mon baiser et prends juste assez de recul pour pouvoir plonger mon regard dans le sien. Je vois la panique dans ses yeux et je souris pour la rassurer. « Non rien, je voulais juste être sûre que c’était bien réel… » J’en rêve depuis si longtemps…

Le trajet en voiture jusque chez Mia n’atténue en rien la tension qui nous anime l’une comme l’autre, au contraire. Je suis impatiente, électrisée par l’attente autant que par les perspectives de ce moment à venir. Malgré un court moment de flottement avant que la porte ne s’ouvre, à peine celle-ci refermée je reprends où nous en étions dans son bureau. Mes lèvres rejoignent passionnément les siennes, nos vêtements sont rapidement éparpillés à même le sol sur le chemin vers sa chambre que je réclame à visiter, bien que la jolie brune m’y guidait déjà. Nos corps ne s’éloignent plus, je la veux contre moi, sentir sa peau contre la mienne, mes mains ne sachant plus où se poser tellement je veux plus d’elle à chaque seconde. Mia m’entraine avec elle sur son lit dans un chute contrôlée, nous avons du temps devant nous, elle a même prévu un réveil pour qu’à présent nous n’ayons plus à penser à rien d’autre que l’instant présent sans risquer qu’elle oublie son fils en ne voyant pas passer l’heure « Ok, parfait. » soufflé-je avant d’accueillir ses baisers dans mon cou, penchant légèrement la tête pour lui facilité l’accès à cette zone particulièrement sensible de mon corps. Elle libère ma poitrine de son carcan de tissu, effleure son contour avec douceur provoquant une vague de frissons venant s’associer à la chaleur ardente qui m’embrase davantage à chaque seconde. Instinctivement nos bassins se rejoignent oscillants de concert, signe de cette envie croissante qui nous dévore. Mia recule, me réclamant d’attendre. Mon cœur s’emballe à nouveau mais pas pour les mêmes raisons. Quoi, attends ? Que se passe t’il ? Elle lit l’interrogation dans mon regard quand je croise le sien et sans doute une légère peur aussi. Son sourire dissipe aussitôt mes doutes et elle m’avoue souhaiter simplement être bien sûre que tout ça est réel. Je pose mes mains sur ses joues, mes yeux ne lâchant pas les siens « C’est réel, bien réel. » je souris et l’embrasse à nouveau, langoureusement, traduisant tout le désir qu’elle m’inspire. Les gestes valent mieux que des mots, les miens se font plus aventureux, plus précis dans leur intention, libérant sa poitrine que j’explore d’abord du bout des doigts avant de la caresser plus franchement. Je suis pleinement là avec elle, dans l’instant présent. Nos corps ondulent ensemble à la recherche d’un contact étroit, cette friction m’extirpe des soupirs plus profonds et me donne envie de plus, je glisse une main entre nous à la rencontre de son intimité, mes lèvres dans son cou, son souffle irrégulier venant m’encourager sur cette voie. Mes caresses ne sont qu’une introduction, mes baisers viennent tracer ma descente le long de son corps, je la débarrasse de son dernier sous-vêtement, qui aussi joli soit-il est devenu un obstacle à mes intentions. J’embrasse le bas de son ventre que je sens se soulever plus rapidement, je relève le regard un court instant croisant le sien, c’est comme une supplique que je mette fin à son attente et si selon elle mes désirs sont des ordres, la réciproque est plus que valable. Je joue un peu avec son envie, son impatience, frôlant la zone convoitée, sensible, embrassant l’intérieur de ses cuisses avec application pour enfin mettre fin à cette douce torture pour lui donner ce plaisir tant attendu.