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La détresse est de vivre dans un corps qui veut se bat pour survivre (johann 01)

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Ruben Leeroy
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La détresse est de vivre dans un corps qui veut se bat pour survivre (johann 01) Original

• âge : 30
• pronom : il.
• côté ♥ : Célibataire, une relation plus intime semble se tisser avec un de ses protégés. Il ne cherche pas à cataloguer cette relation. Il vit l'instant présent sans se poser de questions et prendre les évènements tels qu'ils viennent. La seule chose qu'il sait est que cette relation lui fait du bien, chasse peu à peu le fantôme de Wilfried de son coeur et qu'il se redécouvre homme et désirable à côté d'un autre.
• orientation : homosexuel. Il l'a toujours su, mais comme d'autres, il a tenté de rentrer dans la norme avant d'embraser sa véritable naturel. il ne se cache pas. Il aime les muscles fins et robustes des hommes, même s'il reconnait la beauté des femmes.
• occupation : Producteur et propriétaire de son propre label de musique. ancien pianiste de renommé. son talent était reconnu dans son domaine et il s'est fait connaitre du grand public en innovant son art.
• quartier : Beverly Hills, dans une maison qui ressemble plus à l'homme qu'il est aujourd'hui. De plein pied, il en a fait son cocoon dans lequel il aime bien passer du temps pour écrire et composer.
• avatar : Eduard Linares
• crédits : @mary
• messages : 1529
• date de naissance : 01/04/1994
Ruben Leeroy
La détresse est de vivre dans un corps qui veut se bat pour survivre (johann 01)
Jeu 27 Aoû - 19:07

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La détresse est de vivre dans un corps qui veut se bat pour survivre avec un esprit qui cherche à mourrir.
☾☾ -- (Ruhann [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien])



Suffoquer. Il n’avait jamais éprouvé cette sensation d'étouffement. Du moins jusqu’à que la vie le conduise dans cette chambre d’hôpital. Depuis combien de temps n’a-t-il pas vu le soleil qu’au travers de la fenêtre de sa chambre ? Il ne saurait le dire. Le temps s’est distillé sans en avoir conscience. Il a du mal à croire que de nombreux mois se sont écoulés avant son réveil et que les journées se poursuivent depuis son réveil. Ses proches sont présents, s’efforcent de le rassurer, de puiser la force en lui d’avancer, mais lui, à ce poids oppressant dans la poitrine qui semble l’acculer jusqu’à l’asphyxie. Il est complètement dévasté depuis que son esprit est assez éveillé pour assembler les différentes pièces d’un puzzle qui lui semble irréalisable. Il a l’impression de vivre un véritable cauchemar. Il ne parvient pas à accuser le coup, malgré les sourires qui ourlent ses lippes, ses paroles qu’il s’efforce de rendre rassurantes. Il s’efforce de prendre les nouvelles avec une attitude positive alors que toute son âme saigne. Il ne peut leur dire la vérité, à ces êtres qui se sont tant inquiétés pour lui au cours de ces mois d’inconscience. Il ne veut pas leur faire porter plus de poids qu’ils ne le font déjà. Pourtant, le pianiste sombre dans une désolation profonde. Lorsque la solitude comble le bruit dans sa chambre, il ne voit que ce qu’il a perdu. Il ne pourra plus jouer. La sentence a été irrévocable. Son identité s’est retrouvée détruite par ce simple constat médical. « Nous avons pu sauver votre jambe, mais pas votre main. Elle ne pourra pas gagner plus en motricité qu’actuellement. Je suis navré. » Une annonce qu’il a accusée avec un faible sourire, lâchant un simple. « Merci, au moins je suis vivant, je n’ai pas à me plaindre. » Un mensonge qui s’est étiolé hors de ses lèvres comme un cruel poison. La vérité est qu’il aurait préféré mourir plutôt que de devoir vivre avec cette réalité. Être amputé d’une partie de son corps, qui recelait tout son talent, grâce à laquelle il vivait sa passion comme un affamé. Désormais, il ne pourra plus faire chanter son piano. Il ne pourra plus faire rêver ses milliers de spectateurs qui venaient l’écouter jouer en s’extasiant sur sa dextérité, son talent et sa manière de réinventer la musique classique. Il ne sera jamais plus artiste. Il retombera dans l’ombre comme l’un de ces destins brisés qu’on aborde furtivement avant de les oublier. Tous ses rêves s’effondrent. Ils ne représentent que des amas de cendres sur lesquels rien ne peut être reconstruit. A quoi bon se battre ? Cette sensation d’étau se resserre si douloureusement qu’il a la sensation de manquer d’air. Son corps s’agite sous la montée d’angoisse qui vient accentuer ses inspirations et expirations. Le besoin d’air se fait pressant et il s’efforce de se relever de son lit avec difficulté. Il se retient à ce qu’il peut, alors que sa jambe valide manque de flancher à plusieurs reprises. Il manque de perdre l’équilibre à plusieurs reprises et finit par s’effondre au bas de sa porte pour tenter de reprendre son souffle, amoindrir cette sensation d’oppression qui manque de lui faire perdre la tête. Perdu dans son esprit, il fait totalement abstraction de son environnement. Sa respiration est vive et la douleur implose à lui, manquant de le faire suffoquer. Une douleur physique, qui se mêle à une souffrance psychique qui le laisse à terre, prête à rendre les armes tant que cet enfer cesse. Il ne veut pas de cette vie. Il ne veut pas de cet avenir insipide. Encore moins, s’il n’est pas là, lui, dont il attend la venue et qui demeure absent, lui qui l’a trompé et abandonné à son triste sort. Cet homme qu’il pleure en silence à défaut de pouvoir afficher sa tristesse. Il a tout perdu. Absolument tout.

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La détresse est de vivre dans un corps qui veut se bat pour survivre (johann 01)
Dim 30 Aoû - 19:53


La détresse est de vivre dans un corps qui veut se battre pour survivre
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Il y avait très peu de nuits calmes à l’hôpital. A vrai dire, les médecins et le personnel en général s’interdisaient de prononcer le mot « calme » car il agissait comme une sorte de malédiction qui faisait pleuvoir sur l’hôpital une pluie de nouvelles urgences, des patients en rechute, de nouvelles entrées, des opérations qui dégénéraient, des problèmes, toujours des problèmes. Tous les chirurgiens devaient régulièrement passer un bilan psychiatrique complet, dans leur intérêt, parfois, la pression devenait beaucoup trop importante et, dans la folie furieuse qu’un hôpital d’une ville aussi immense pouvait devenir, il était bien facile de l’oublier et de la laisser faire des dégâts.
Johann n’aimait pas ces bilans, sans grande surprise. Mais il s’y soumettait. Par obligation. A vrai dire, il comprenait leur importance mais il n’aimait pas le fait que quelqu’un cherche à déterminer s’il était apte à continuer à travailler. Lui pour qui le travail était toute la vie…
Après deux codes bleu, un code rose, voilà qu’on lui avait assigné un code blanc. Si le code bleu représentait un arrêt cardiaque et le code rose un arrêt cardiaque dans le service pédiatrique, ils étaient relativement habituels. Johann étant traumatologue, il ne traitait pas grand-chose d’autre que des urgences. Mais le code blanc était arrivé comme un cheveu sur la soupe. Une personne violente. A vrai dire, Johann se doutait bien de quel genre de violence il s’agissait. L’hôpital était plus que capable de gérer des personnes alcoolisées ou droguées qui perdaient toute notion de réalité et pouvait avoir des comportements agressifs. Non. Le code blanc était utilisé quand la menace était au niveau supérieur et quand il arriva aux urgences, il se maudit d’avoir eu raison. Ce n’était pas une personne bourrée, ce n’était pas une personne droguée. C’était un homme qui en quinze secondes avait eu le temps de menacer l’intégralité des infirmières et deux docteurs. Johann n’était pas habilité à le neutraliser mais se devait d’agir. S’approchant de l’homme, se présentant comme une nouvelle personne qui allait pouvoir l’aider, il soupira, gardant un visage neutre et sérieux


« Bonjour monsieur, je peux vous demander quel est votre problème ? »



Et l’homme se remit à vociférer, lui hurlant dessus des choses que Johann n’écoutait même plus, ne faisant que hocher la tête. A vrai dire, ce n’était qu’une diversion pour qu’un médecin s’approche de lui par derrière pour lui faire une piqure de morphine. Le produit fit rapidement effet et l’homme se tut presque instantanément, se rasseyant mollement dans la salle d’attente. La police avait été prévenue, ils n’avaient plus rien à craindre. S’approchant d’une infirmière qui tenait l’accueil, il fronça les sourcils


« Il s’est passé quoi ? Il a l’air d’aller bien si on prend pas en compte la rage… »



Elle sourit et baissa les yeux vers son registre.


« Il crie parce qu’on lui empêche de voir sa femme. Qui est en réa. Parce qu’il l’a tabassée. »



Johann eut un long soupir et finit par hausser les épaules. Il avait une réputation étrange. On l’accusait parfois d’être apathique, comme si le malheur des autres ne le touchait pas et qu’il voyait ses patients comme des corps sans vie qu’il fallait réparer. Certains, les autres, le pensaient trop empathique, trop proche de ses patients à vouloir écouter leurs histoires, parler avec eux, les rassurer, et cette fois ci, ce fut les seconds qui eurent raison.

A la fin de sa garde, alors qu’il traversait les couloirs de l’hôpital en pleine nuit pour se diriger vers les vestiaires, un bruit sourd lui fit tourner la tête vers la porte d’une chambre. Le bruit semblait venir d’un corps. Les chutes de patients étaient légions mais leur nombre élevé ne voulait pas dire qu’elles n’étaient pas graves ni importantes. Alors il actionna la poignée ne pouvant ouvrir la porte que sur quelques dizaines de centimètres avant qu’elle ne bute sur quelque chose. Réussissant à se faufiler dans l’encart, il tomba sur un jeune homme, le visage baigné de larmes, la respiration courte.

Agir dans l’urgence n’aurait fait que l’angoisser encore plus. Il ne lui fallut d’ailleurs pas plus de quelques secondes pour reconnaître le patient. Ruben Leeroy. Il avait été admis suite à un grave accident et si Johann avait pu partiellement sauver sa jambe, il n’avait pas réussi à reconnecter les terminaisons nerveuses de sa main. Elle était entière et c’était le principal mais il n’aurait aucune sensation et ne pourrait gagner en mobilité. Johann ne connaissait pas Ruben, il ne savait de lui que son dossier médical mais il savait que l’opération était lourde et sa sortie du coma n’avait pas été de tout repos. Mais c’était débile de penser que le plus dur avait été fait. Le plus dur venait de commencer et si ce n’était plus son travail puisqu’il était maintenant au tour du chirurgien orthopédique et du kiné de s’occuper de lui, Johann ne pouvait pas se résigner à le laisser là. Alors il ferma la porte derrière lui et s’agenouilla au sol, posant sa main nue sur son épaule pour le notifier de sa présence. Sa respiration était rapide, trop rapide. Johann pria silencieusement qu’il n’ait pas besoin de repartir au bloc. Une opération si tôt après son réveil aurait pu laisser des séquelles à vie, ou même le tuer. Alors, il saisit doucement ses deux jambes et les étendit, l’aidant à s’adosser contre le mur pour ne pas perdre l’équilibre, manipulant ses jambes dans le noir, il en connaissait l’anatomie par cœur. Appuyer à certains points pouvait grandement réduire la douleur mais une telle manipulation n’allait en rien aider sa crise d’angoisse. Alors il posa doucement sa main sur son ventre et souffla, d’une voix calme, basse.


« Tu sens ma main ? Essaie d’inspirer, du plus profondément que tu peux, essaie de la pousser le plus loin possible. »



Il laissa passer quelques courtes secondes et hocha doucement la tête,


« Maintenant expire. Ferme les yeux, et recommence. Tout va bien d’accord ? Je suis là, je ne te lâche pas. »


Au bout de quelques respirations, sa main lâcha son ventre et commença à manipuler sa jambe, l’aidant à détendre ses muscles avant qu’il ne le lâche complètement, restant à genoux devant lui.


« Je suis le docteur Meister. C’est moi le chirurgien qui t’a opéré à ton entrée aux urgences. »



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• orientation : homosexuel. Il l'a toujours su, mais comme d'autres, il a tenté de rentrer dans la norme avant d'embraser sa véritable naturel. il ne se cache pas. Il aime les muscles fins et robustes des hommes, même s'il reconnait la beauté des femmes.
• occupation : Producteur et propriétaire de son propre label de musique. ancien pianiste de renommé. son talent était reconnu dans son domaine et il s'est fait connaitre du grand public en innovant son art.
• quartier : Beverly Hills, dans une maison qui ressemble plus à l'homme qu'il est aujourd'hui. De plein pied, il en a fait son cocoon dans lequel il aime bien passer du temps pour écrire et composer.
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La détresse est de vivre dans un corps qui veut se bat pour survivre (johann 01)
Sam 3 Oct - 0:13

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La détresse est de vivre dans un corps qui veut se bat pour survivre avec un esprit qui cherche à mourrir.
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La sensation de blocage qui oppresse ses poumons est effroyable. Elle crée une véritable vague d’angoisse qui vient s’immiscer dans chaque parcelle de son organisme. Son esprit tente de rappeler à son corps de respirer par des inspirations et expirations, mais il semble déterminer à n’en faire qu’à sa tête. Cette perte de contrôle est paralysante et accentue la douleur physique qui le cloue au sol. Il perd ses repères, résolument égaré dans ces pensées affolées qui ne semblent plus avoir la capacité de faire agir ses membres. Ses repères temporels et environnements deviennent flous alors qu’il manque d’air au point des larmes dues à l’impuissance viennent encombrées ses prunelles devenues aveugle. Il y a une forme d’instinct de survie qui le pousse à lutter pour retrouver sa respiration alors qu’il n’en ressent pas forcément l’envie. Du moins, c’est ce qu’il s’efforce de croire, mais son corps semble lui prouver le contraire malgré son incompétence à lâcher prise. C’est la pression d’une menotte contre son ventre qui parvient à l’ancrer à l’instant présent. Il prend conscience après coup des mouvements de ses membres sans parvenir à l’expliquer. Son esprit s’égare de nouveau avant de s’accrocher à la voix d’une inconnue. Sa voix est basse, calme et s’efforce d’accaparer toute son attention. Elle lui dicte ce qu’il doit faire, comme s’il n’avait plus la capacité de le faire par lui-même. Ce qui est résolument le cas. Son esprit se concentre sur cette voix et le mouvement de cette menotte contre son ventre. Il suit ses recommandations et rapidement la sérénité vient envelopper ses pensées vagabondes. Sa respiration se calme, devient moins sifflantes et il parvient à regarder un rythme habituel. Son esprit retrouve sa capacité à contrôler ses membres alors qu’une vague d’épuisement vient engourdir ses membres. Son regard aveuglé par la panique retrouve peu à peu une vision panoramique et la silhouette floue finit par se préciser. Dans la pénombre de sa chambre, il retrouve la silhouette d’un homme, d’un médecin. Celui qui s’est chargé de lui, qui l’a sauvé d’une mort certaine et qui s’est efforcé de soigner ses membres désormais atrophiés. Ses prunelles embrumées par ces larmes qu’il ne verse pas devant autrui, il observe cet homme, le même qui lui a annoncé qu’il ne pourrait pas récupérer sa main, son instrument de travail, anéantissant tout son bonheur de s’être sorti vivant de cet accident. Une détresse qu’il a dû garder pour lui pour faire bonne figure devant sa mère profondément inquiète et qui n’aurait sans doute pas supporter que son cadet avoue qu’il aurait préféré être mort que d’être privé à jamais de son instrument de musique fétiche. « Je me rappelle de vous. » Il murmure dans une voix rauque. Les séquelles de sa crise de panique viennent teinter le timbre de sa voix. « Merci… » Il murmure faiblement en venant poser sa tête lourde contre le mur contre lequel il se retrouve adossé. « Je n’arrivais plus à respirer. J’avais besoin d’air… » Il souffle dans un semblant de justification en plongeant ses iris sombres dans celles du médecin. Son cœur bat encore vigoureusement dans sa poitrine. Il l’entend battre dans ses tempes et dans ses oreilles. Il s’efforce de maitriser ses inspirations et expirations. Il est inquiet vis-à-vis de ce qu’il vient se produire. Cela lui fout la trouille comme jamais.

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La détresse est de vivre dans un corps qui veut se bat pour survivre (johann 01)
Lun 5 Oct - 21:55


La détresse est de vivre dans un corps qui veut se battre pour survivre
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Un léger sourire compatissant s’empara des lèvres de Johann et il hocha doucement la tête. Il ne pouvait pas comprendre. Il ne pouvait pas même imaginer. Ruben avait perdu sa raison de vivre, son gagne-pain, sa passion. Il n’allait plus être capable de jouer du piano. D’ailleurs, au bloc, son interne avait même suggéré de l’amputer en vue de l’état déplorable dans lequel il était arrivé mais Johann n’écoutait que très rarement les suggestions, ce qui le rendait excellent en tant que chirurgiens mais exécrable en chef de service. Johann était du genre à se battre jusqu’au bout, à tout tenter, à tout essayer, tant qu’il n’avait pas son échec devant les yeux et c’était exactement ce qu’il s’était passé avec Ruben.


Mais son travail n’était pas de le comprendre. A vrai dire, son travail n’était même pas de lui parler. Il était chirurgien, pas psychologue. Il s’était occupé de le recoudre, de le rafistoler, de sauver ce qui avait été sauvable. Mais ça ne lui suffisait pas. Il ne supportait pas le fait de l’abandonner comme ça.

Il avait été celui qui lui avait annoncé que sa main n’était plus fonctionnelle et qu’il allait être contraint d’arrêter le piano. Il avait été celui qui avait dû soutenir son regard et s’il avait réussi, ce n’était que parce qu’il en avait tristement l’habitude. L’habitude de regarder ses patients dans les yeux en leur annonçant que l’opération avait échoué. Il avait dû avouer des échecs plus cuisants, avouer que le corps du patient avait très mal supporté l’opération et que celle-ci n’avait fait qu’avancer la maladie ou l’empirer.


Alors il ne chercha pas à comprendre mais simplement à écouter. Maintenant que sa respiration avait recouvert un rythme normal quoique toujours un peu rapide, il se devait d’être là pour lui. C’était ça aussi son rôle, rassurer. En tant que chirurgien, son badge portant son nom et son métier lui conférait instantanément une sorte d’aura qui faisait que sa parole était plus écoutée que celle d’un médecin ou d’une infirmière. Et il s’était toujours battu contre ça. S’il pensait souvent mieux savoir que les autres, il était contre le fait que les infirmières soient traitées comme des moins que rien ou des esclaves bonnes qu’à faire passer les scalpels et faire les pansements.



« Tu sais, c’est normal d’avoir besoin d’air, mais tu n’es pas censé te lever comme ça en pleine nuit. Tu aurais dû appeler une infirmière. Tu connais celles qui sont de garde ce soir ? »




En vérité, ce n’était pas de vraies questions, c’était simplement un moyen de détourner l’attention de Ruben pendant qu’il l’aidait à se relever pour l’asseoir sur son lit. Sa jambe était douloureuse et il préférait tenter de le faire se concentrer sur autre chose avant de choisir de lui injecter de la morphine. Une fois installé, il prit place sur la chaise à côté de son lit, face au dossier de cette dernière, les coudes posés sur celui-ci.



« Tu sais, j’ai 46ans, ça fait plus de 20ans que j’opère, je n’ai jamais été à ta place, mais il faut que tu saches que tu n’es pas le seul. Tu n’es pas seul. Ce que tu ressens et ce que tu expérimentes c’est un phénomène très peu agréable mais très commun qui s’appelle l’anxiété post-opératoire. »



Johann savait aussi que la parole pouvait aider, du moins à se concentrer sur autre chose, détendre ses muscles, prendre conscience de son environnement, en somme, sortir de la crise d’angoisse.

Alors, Johann continua à parler. Et même, au-delà des mots et des faits, le simple son de sa voix pouvait lui permettre de se raccrocher à la réalité. Puis, il s’autorisa un simple regard à son montre, enfin, celle qui pendait à une poche de sa blouse, ayant déposé la sienne au vestiaire en même temps que son téléphone et le reste de ses effets personnels. A l’hôpital, il se débarrassait de tout ce qui faisait de lui Johann et devenait le docteur Meister, chirurgien traumatologue et chef du département chirurgie, une machine, comme un robot qui allait devoir oublier ou du moins ne plus tenir compte de ses sentiments. Mais dans des moments comme celui-ci, il s’autorisait à les laisser réapparaître, à l’abri des regards.


« Tu sais, si tu veux je te pose sur un fauteuil et on va faire un tour dehors pour que tu puisses respirer un peu ? »


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• orientation : homosexuel. Il l'a toujours su, mais comme d'autres, il a tenté de rentrer dans la norme avant d'embraser sa véritable naturel. il ne se cache pas. Il aime les muscles fins et robustes des hommes, même s'il reconnait la beauté des femmes.
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Sam 10 Oct - 13:14

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Lorsqu’il évoque les infirmières de garde, il revoit juste des silhouettes avec des visages sans nom. Il n’a pas prêté attention à ces personnes qui œuvrent autour de lui pour lui permettre d’aller mieux et d’avancer. Depuis son réveil, il a l’impression d’être dans un univers à part où plus rien n’a de sens. La venue de ses proches est une étape toujours complexe pour lui parce qu’il doit porter un masque qui devient lourd à porter. Il n’arrive pas à trouver un sens à sa survie, surtout lorsque l’absence de Wilfried se fait si cuisante. Il l’a abandonné. Sans doute est-il désormais dans les bras de cet homme avec qui il l’a trompé. Il ne veut même pas l’imaginer tant cette pensée lui retourne les tripes et met à mal ses émotions déjà au bord de l’implosion. « Non, je ne me souviens pas de leurs noms. J’ai à peine conscience du monde qui m’entoure. » Il admet simplement dans une voix faible et dénuée d’entrain. Il se dévoile dans cet instant de faiblesse qui l’a pris en traitre et qui le rend si fébrile. Son corps à suivi naturellement le mouvement impulsé par le médecin sans en prendre conscience. C’est en le voyant s’éloigner qu’il percute ce qu’il vient de se produire. Cette pensée lui arrache un soupir. Il n’est clairement au top de sa force et cela le perturbe profondément. Il observe cet homme prend place sur la chaise située dans sa chambre particulière qui l’isole de tout. Le médecin essaye de lui expliquer ce qu’il vient de se passer et il se contente de hocher la tête à ses propos. Il n’a aucune idée de quoi il s’agit, mais il n’aime vraiment pas ça. « Et qu’est-ce qu’il faut faire pour ne plus en souffrir ? » Il questionne dans une voix ferme, car s’il doit continuer à vivre, il ne veut absolument pas trainer cette merde dans son sillage, sans se rendre compte qu’il ne s’agit pas d’une maladie qu’on peut soigner en un claquement de doigts par des médicaments. Ses sens semblent revenir à la réalité alors qu’il laisse son regard trainer dans toute la pièce. Sa respiration semble avoir repris un rythme normal même si l’impression d’enfermement persiste. Il s’intime à inspirer profondément et à suivre les conseils du médecin en mettant sa menotte valide contre son abdomen pour suivre le rythme de sa respiration. La voix du médecin devient un son apaisant qui l’ancre à l’instant présent. Sa proposition lui arrache un soupir de soulagement. « Oui, je veux bien. J’en ai marre d’être enfermé entre ces quatre murs. » Il lâche dans un murmure alors qu’il observe cette chambre dénuée de couleur et de vie. Il se sent emprisonné dans cet espace et finalement avec du recul la présence de sa mère vient tronquer le vide de la pièce. Il évite de demander à sa mère de l’aider, car il n’aime pas apercevoir son regard plein de tristesse lorsqu’elle le voit faire ses transferts avec difficulté. Tant que sa jambe n’aura pas regagné en vigueur, il aura besoin d’une aide humaine dans ses transferts. « Vous savez combien de temps il faut pour se remettre d’une telle opération ? Je veux dire. Est-ce que vous pensez que je pourrais marcher prochainement sur ma jambe ? » Il n’arrêtait pas de poser cette question. Il s’en rend compte. « Non oubliez ma question. Mon Kiné n’arrête pas d’y répondre. » Pourtant il l’oubliait à chaque fois, sans doute parce que la réponse le déprimer. Avec du temps et de la patience, peut-être que vous pourrez vous reposer sur elle pour marcher avec une canne, mais les longues distances risquent d’être compliquées. Ce qu’il comprenait, c’était qu’il serait toujours un invalide à vie. Perdre une jambe c’était gérable selon lui. Perdre une main également, mais les deux, c’était au-dessus de ses forces.
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La détresse est de vivre dans un corps qui veut se bat pour survivre (johann 01)
Dim 11 Oct - 1:12


La détresse est de vivre dans un corps qui veut se battre pour survivre
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Ne plus souffrir. Longtemps, Johann s’était posé la question. Comment faire pour ne plus souffrir ? La souffrance se décomposait, la souffrance se déclinait, la souffrance était partout, comme le bonheur. Il était si facile de souffrir et si compliqué d’être heureux pourtant. Malheureusement, il n’y avait pas de médicaments contre ce genre de souffrances. Ruben était sous anti-douleurs, plutôt puissants, qui calmaient ses douleurs s’il ne jouait pas trop avec ses limites et plus il le voyait, plus Johann se demandait s’il ne valait pas mieux le mettre sous anti-dépresseurs. Il n’avait pas été amputé, mais c’était tout comme. Sa main était inactive, mais bien entière. Ce que Johann voyait comme une réussite pouvait tout aussi être vue comme un échec. Après tout, à quoi bon garder un membre mort ? L’espoir. Pour Johann, l’espoir avait réponse à tout. Sans espoir, il aurait tout simplement refusé de prendre Ruben en charge. Son cas était désespéré. Sans espoir, il aurait tout simplement demandé à un chirurgien orthopédiste de l’amputer, tout net.

« Pour ne plus en souffrir ? »


Croisant les bras sur le dossier de la chaise pour y apposer son menton, laissant sa barbe de trois jours chatouiller son épiderme, il haussa les épaules, un sourire presque paternel au visage

« Tu sais, la souffrance c’est bien étrange comme sensation. La peine, la douleur, on a souvent l’impression que c’est en train de nous consumer de l’intérieur. Comme un parasite, comme si on avait envie de nous échapper de notre propre peau. Dans les services psychiatrie, souvent c’est ce que les patients ressentent. Certains se grattent jusqu’au sang même pour évacuer cette souffrance, mais elle ne part jamais. Tu sais pourquoi ? »

Johann était totalement hors de sa fonction. Il n’était pas psychologue. Mais ce qu’il faisait là n’avait rien d’une thérapie. Il tentait juste d’être là pour Ruben, lui qui n’avait jamais été là pour les seules personnes qui avait réellement compté pour lui jusqu’à présent. Triste ironie qu’une fois toutes ses personnes perdues à cause de son absence il reste à l’hôpital en dehors de ses heures de travail pour être là pour un patient, qu’il ne connaissait pas.

« Parce que la souffrance a un but évolutif. La souffrance laisse toujours une trace, la souffrance, c’est une chance de recommencer, de faire mieux. D’échouer encore peut-être, mais d’échouer mieux. Je reviens. »

Se levant de sa chaise, il sortit quelques instants dans le couloir pour en revenir avec un fauteuil roulant qu’il cala à côté du lit, sans rien dire dessus, pour le moment

« Tu sais, on n’opère pas tout de suite sur des êtres humains, enfin, tu dois te douter que ma toute première opération n’était pas sur une vraie personne. Quand j’ai commencé, il y a 20ans, on s’entrainait sur des cochons ou sur des cadavres, ceux qui donnent leur corps à la science. Maintenant, quand je regarde mes internes s’entrainer, c’est sur des organes réalisés avec une imprimante 3d. Ma première opération, sur un véritable patient c’était à mes 23ans. Une Cholécystectomie, une ablation de la vésicule biliaire sur une ado de 18ans. Et tu sais quoi ? J’ai foiré. Je m’étais entrainé des mois et des mois et on m’a laissé opérer seulement quand mon taux de réussite était supérieur à 90% et j’ai foiré. »

Lentement, alors qu’il continuait à parler, il installait Ruben sur le fauteuil, sans lâcher les freins pour que ce dernier reste un point d’appui solide.

« J’ai touché l’artère cystique et j’ai provoqué une hémorragie et mon chef a dû prendre la main. J’étais mortifié. Dans le bloc, la gamine endormie sans que je sache si elle allait y rester, le sang sur mes mains, toutes les machines qui bippaient comme pour me rappeler de plus en plus fort mes erreurs, je tremblais de partout, j’ai cru que j’allais vomir et d’ailleurs je suis parti du bloc en courant, persuadé qu’on allait me virer et surtout sûr que j’étais pas fait pour être chirurgien. »


Un léger sourire étira ses lèvres, étrangement, si ces souvenirs n’avaient rien d’agréable, ils étaient utiles et se les remémorer aussi.

« Et puis, une dizaine de minutes plus tard, le chef de la chirurgie de l’époque est venu me voir, il m’a assis sur une chaise et m’a parlé et il m’a dit exactement ce que je t’ai dit : réessaie, échoue encore, échoue mieux. Aujourd’hui des Cholécystectomies j’en fais dix par semaine et ça fait partie des opérations que je peux faire les yeux fermés. Je n’ai plus peur de rentrer dans un bloc, je n’ai plus peur du son des ambulances tous les soirs, et tout ça, parce que je sais ce que ça fait de faire des erreurs, de se ramasser lamentablement. C’est pareil pour toi. Accepte ta souffrance, accepte que tu as mal, que ça va, peut-être que ça ira jamais pire d’ailleurs mais c’est pas important. Ce qui est important c’est la suite. C’est ce que cette souffrance t’as appris. »


Et au moment où il termina sa phrase, les portes coulissantes menant à l’héliport s’ouvrirent devant eux. L’héliport était un endroit calme. Johann connaissait les horaires des atterrissages prévus par cœur, pour les imprévus, il serait appelé bien avant de voir l’hélicoptère arriver à l’horizon et aurait le temps de dégager la piste. Alors, pour le moment, ce n’était qu’une immense cour bien dégagée qu’un léger vent frais balayait. Il laissa passer un long silence après s’être assis en tailleur à même le sol, à côté de lui, puis souffla, coupant le silence d’une voix calme et douce

« Flora, Claire, Mborika, Lisa, Matthew, Antonio et Alex. »

Puis un autre silence, un peu moins long cette fois

« C’est les infirmiers de garde cette nuit. C’est souvent eux l’équipe de nuit, tu peux les appeler quand tu as besoin. Ils sont géniaux. Mais ne leur dit pas que j’ai dit ça, surtout pas à Matthew, après ils prennent la grosse tête. »

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Ruben Leeroy
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La détresse est de vivre dans un corps qui veut se bat pour survivre (johann 01) Original

• âge : 30
• pronom : il.
• côté ♥ : Célibataire, une relation plus intime semble se tisser avec un de ses protégés. Il ne cherche pas à cataloguer cette relation. Il vit l'instant présent sans se poser de questions et prendre les évènements tels qu'ils viennent. La seule chose qu'il sait est que cette relation lui fait du bien, chasse peu à peu le fantôme de Wilfried de son coeur et qu'il se redécouvre homme et désirable à côté d'un autre.
• orientation : homosexuel. Il l'a toujours su, mais comme d'autres, il a tenté de rentrer dans la norme avant d'embraser sa véritable naturel. il ne se cache pas. Il aime les muscles fins et robustes des hommes, même s'il reconnait la beauté des femmes.
• occupation : Producteur et propriétaire de son propre label de musique. ancien pianiste de renommé. son talent était reconnu dans son domaine et il s'est fait connaitre du grand public en innovant son art.
• quartier : Beverly Hills, dans une maison qui ressemble plus à l'homme qu'il est aujourd'hui. De plein pied, il en a fait son cocoon dans lequel il aime bien passer du temps pour écrire et composer.
• avatar : Eduard Linares
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Ruben Leeroy
La détresse est de vivre dans un corps qui veut se bat pour survivre (johann 01)
Ven 20 Nov - 17:32

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La détresse est de vivre dans un corps qui veut se bat pour survivre avec un esprit qui cherche à mourrir.
☾☾ -- (Ruhann [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien])



L’idée d’être la proie de crise d’angoisse est désagréable. Elle l’exècre, car il n’a pas l’habitude d’être anxieux par nature. Ce n’est pas lui. Pourtant, la montée d’inquiétudes qui vient de le terrasser est réelle. Il n’a rien pu faire pour la contrer. Elle s’est abattue sur lui telle une vague scélérate et l’état dans lequel elle l’a laissé est déroutant. Il veut se sevrer de cette menace. Il refuse devenir la proie à des pensées sombres qui pourraient le faire véritablement sombrer. Il est un battant, pas un estropié même si ça demeure l’image qu’il a de lui-même. Il ne préfère pas y songer et se concentre sur les propos de son médecin qui semble bien philosophique à cet instant. Ses paroles ne le rassurent absolument pas. Il n’aime pas l’idée que son adversaire soit invisible, car effectivement il se voit dans l’impuissance totale. C’est dans sa tête il semblerait. Cette pensée le fait froncer des sourcils alors qu’il ne peut pas s’empêcher d’être gêné par cette réalité. Il ne répond pas à sa question, car il n’a aucune réponse à lui apporter. Il est toujours en train d’accuser le coup de ce qu’il vient de se passer. Il a du mal à voir le côté positif de la chose. Il ne voit pas en quoi cette réalité pourrait lui permettre d’aller mieux. Il a cru qu’il allait y passer. Il n’a pas envie de vivre avec ça. Il veut s’en débarrasser. C’est primordial pour lui. Il profite de son départ pour atténuer la frustration qui le gagne. Il se sent d’un seul coup plus impuissant que jamais et il n’a même plus la force nécessaire pour lutter contre cette fatalité. Lorsqu’il le voit apparaitre avec le fauteuil roulant, sa première réflexion est de repoussé cette aide technique. L’idée de se retrouver dessus est insupportable. Pourtant, il sait pertinemment que sa jambe ne pourra pas tenir le coup. Elle est encore bien trop faible et son kinésithérapeute a beau lui rappeler qu’il a besoin de temps pour s’en remettre, cela ne rend pas la réalité plus tolérable. L’anecdote de son médecin lui glace le dos. Sans doute parce qu’il a du mal avec l’idée qu’on puisse toucher des animaux ou même des corps morts, encore plus des vivants. C’est indispensable, il en a conscience, mais il a du mal à imaginer devoir vivre avec les réalités de son médecin. Avoir la vie des personnes entre ses mains, c’est tellement lourd à porter. Il se laisse manier, prend la place sur ce fauteuil qu’il repoussait quelques instants plutôt de manière résignée. Il n’a pas le choix s’il désire se déplacer. Il note dans son esprit qu’il faut avoir un sang froid presque inhumain pour faire le métier exercé par l’homme en face de lui. Ruben garde le silence, concentré sur la narration du chirurgien, qui l’éloigne de sa propre histoire. Cela fait du bien d’entendre autre chose qui ne le concerne pas réellement. Réessaie, échoue encore, échoue mieux. Une ligne de conduite à suivre et à garder en tête même si à cet instant, l’avenir lui semble plus incertain que jamais. Il prend une grande inspiration lorsque l’air vient frapper son visage. Il a vraiment la sensation de respirer de nouveau et cela n’a pas de prix. Ses paupières se ferment alors qu’il profite de la brise de cette nuit avant de plonger ses prunelles dans celles de son médecin, assis en tailleur à ses côtés. Une série de prénom s’épanchent hors des lippes du professeur qui lui indique que ce sont les prénoms des infirmiers de garde de cette soirée. Il essaye de les mémoriser, mais il n’est pas certains d’y parvenir. Il se dit qu’il fera plus attention à eux à compter d’aujourd’hui. Un léger sourire ourle ses lippes alors qu’il profite du calme de l’endroit. L’air fouette son visage et il se sent bien à cet instant. « Vous devez avoir des nerfs d’acier pour faire le travail que vous faites, mais vous devez faire la part des choses, vous fermer aux émotions. Contrairement à vous, mon métier est de ressentir pleinement les émotions pour parvenir à les exprimer. Enfin, c’était avant mon accident. Aujourd’hui, je ne pourrais plus jouer de mon instrument comme par le passé… » Sa voix est faible, empreinte de la tristesse qui l’assaille face à cette réalité. Et ça me tue de l’intérieur. Il garde cette vérité pour lui, car il demeure particulièrement introverti dans ce domaine-là. Surtout face à un étranger. « Ma vie a basculé en une nuit. Je sais que je ne suis pas le plus à plaindre. Mon accident aurait pu me coûter la vie. J’essaye d’encaisser ses changements autant que possible même si clairement mon deuil est loin d’être fait. J’avais le monde à mes pieds. Aujourd’hui, j’ai l’impression de n’être plus rien. Ce qui faisait le moteur de mon existence ne sera plus possible. Je suis supposé accepter cette réalité. Essayer. Echouer. Continuer d’essayer en échouant mieux. Juste espérer que je vais avancer, pas après pas. Mais putain, c’est tellement dur d’accepter d’être faible. » Il lâche dans une voix frustrée alors que son poing vient marteler le bras du fauteuil. Le chemin que le médecin lui dépeint est empli de tant d’embuches qu’il n’est pas certains de pouvoir les affronter en gardant son sang-froid. Il n’a clairement pas celui du médecin et l’idée d’être la proie de nouvelles crises d’angoisses est horripilante. Pourtant, les solutions magiques n’existent pas et il va devoir apprendre à faire avec malheureusement.  
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