tell the world i'm coming home (middleton sisters)

« Tu sais où sont les tabliers de cuisine ? J'étais persuadée de les ranger ici avant... » Machinalement, tu pousses la porte pour dévoiler un crochet supportant le poids de plusieurs tabliers colorés. « Tiens, regarde, ici. » Tu te demandes si c’est toi qui as déplacé, inconsciemment, ces bout de tissus pour leur offrir la place qu’ils auraient eu chez toi. Ou si simplement tu n’as fait que reproduire une organisation qui s’est mise en place bien longtemps avant ton arrivée, et qui a été effacée par l’oubli. Tu retournes à tes préparatifs et poses un instant les yeux sur ta sœur, avant de lui demander si elle ne préfère pas se reposer et te laisser faire. « Ça va Polly, tout va bien. » Tu pinces les lèvres en sondant son regard, pour chercher à savoir si tu dois la croire. « Je te jure que je me sens bien. » Hochant la tête doucement, tu lâches l’affaire, plus parce que tu sais ce c’est que d’être à sa place, que parce qu’elle t’a convaincue. Consciente de ton hypocrisie latente, toi qui a refusé toutes les mains qui t’ont été tendues, toutes les attentions qu’on a pu vouloir te donner, tu ne peux pas lui reprocher de vouloir garder la tête haute. Le sang des Vasileva coule dans ses veines aussi, après tout.

« Bon par contre je te laisse battre les blancs en neige avec plaisir, j'ai quand même envie que le résultat soit mangeable. » Tu ris de bon cœur avec elle. « Allez, occupe-toi des fraises va. » Tu saisis les œufs que tu casses un à un, en prenant soin de séparer les blancs des jaunes, en ajoutant, mutine : « Ca va, tu t’en sens capable ? » Cette fois-ci, plus d’inquiétude envahissante, de prudence vertigineuse, juste une taquinerie d’une grande sœur pour sa benjamine. Ainsi, tu laisses glisser l’après-midi dans une douce humeur nostalgique. Tu finis par te débarrasser du goût doux-amer des années perdues qui tapissait ta bouche pour empoigner avec ferveur les promesses d’un futur qui n’attend que vous.