Excuse bidon /Roman&Chuck\

La recrudescence des portées est à son apogée. Le nombre de nouveaux protégés qui arrivent dans le refuge est croisant, au point que l’ensemble des efforts de Roman est de trouver de nouvelles familles d’accueil. Chaque jour, il lance un appel sur les réseaux sociaux et contactent ceux qui sont présents. Cet exercice est nécessaire pour ne pas laisser des chatons et des chiots sur le carreau, faute de capacité d’accueil. Il n’y a rien de plus déchirant que de devoir refuser une arrivée alors l’hispanique s’efforce de trouver des ressources autant qu’il en a la possibilité. Seulement, il faut se rendre à l’évidence, les adoptions ne croissent pas en comparaison et malgré tous ses efforts, il devra prochainement stopper l’arrivée de ces protégés. L’idée lui arrache un frison, mais il n’y a pas d’autres solutions dans l’immédiat. Un stylo entre ses phalanges, il le fait tourner dans un geste étourdi alors qu’il s’efforce de songer à la meilleure approche à prendre pour la suite. Réfléchis, Roman. Réfléchis bien. Il s’intime alors qu’il observe son écran d’ordinateur, regardant les chiffres de la comptabilité qui lui font entrevoir qu’une nouvelle opération de ressources sera nécessaire. Un concert ? Cela peut se faire. Il connait assez d’artistes pour tenter le coup. Sans compter qu’il pourra également y participer avec son groupe pour apporter sa pierre à l’édifice. Il commence à griffonner quelques noms sur un morceau de papier et regarde son calendrier pour tenter de trouver une date qui pourrait faciliter l’opération qui se dessine dans son esprit. Cela va demander un temps de travail considérable, mais Roman n’est pas le genre d’homme à se laisser intimidé par les obstacles. Il a appris à passer au-dessus et à donner le meilleur de lui-même.  Les échecs lui permettent d’avancer et il s’efforce de toujours en retirer le meilleur. Perdu dans ses réflexions, c’est la sonnette de l’accueil qui l’en extirpe, lui faisant comprendre qu’il y a un visiteur. Se sentant seul dans les bureaux à cette heure-ci, il vient naturellement se relever de son bureau pour rejoindre l’accueil où son regard rencontre la silhouette d’un jeune homme. Un sourire avenant vient naturellement ourler ses lippes alors qu’il referme la porte derrière. « Bonjour Monsieur. Roman, le responsable du refuge, que puis-je faire pour vous ? » Il le questionne en venant se rapprocher de lui, derrière la borne d’accueil. « Vous souhaitez avoir des renseignements ou adopter un de nos protégés ? » Il ajoute dans un sourire qu’il rend engageant alors que ses prunelles noisette viennent se perdre dans les prunelles claires de cet homme. Un regard qui lui rappelle celui d’un galeriste, ce qui lui arrache un léger sourire même s’il s’extirpe de cette pensée pour donner toute son attention à cet homme qui semble résolument très intrigué par sa personne. Il ne saurait dire pourquoi, mais il a la sensation d’être dévisager, mais il ne s’en formalise pas, se montrant aussi accueillant qu’il est possible de l’être sans être lourd.

Un sourire aimable ourle ses lippes pour accueillir dignement cet homme. Il se montre attentif aux mouvements et propos de ce potentiel adoptant. Il retient sa volonté à ce qu’il l’appelle Chuck et il se le note dans un coin de sa tête pour ne pas aller à son encontre. Il désire adopter un chaton pour trouver le futur compagnon de son chat actuel. De préférence un chaton au caractère qui conviendra à celui de son animal. Il fronce légèrement les sourcils à la référence qui lui est inconnue. Sans doute qu’elle pourrait parler à Isabel, sa princesse, mais celle-ci est chez sa mère. « Très bien Chuck. Cela me va totalement de vous appeler par votre prénom. Je préfère. » Il indique dans un ton chaleureux alors que son sourire s’accentue. « Navré, je ne connais malheureusement pas la référence, mais je suppose que vous préférez prendre un mâle qu’une femelle ? » Il questionne simplement avant d’ajouter : « Quel type de caractère à Dave pour que je puisse vous orienter convenablement ? » Il le questionne résolument attentif aux informations que cet adoptant va lui apporter alors qu’il vient quitter le poste d’accueil pour passer devant la borne. « Je vais vous présentez nos protégés. On a malheureusement pas mal de choix. La saison des chaleurs a été fructueuse pour ces pauvres créatures qui ont mis bas, pas forcément dans les meilleures dispositions. » Il lui indique d’une voix légèrement morne face à cette réalité. Il l’incite à le suivre en venant ouvrir la porte qui les séparer de la nurserie où les chatons sont malheureusement placés dans des enclos qu’ils ont tenté de rendre aussi confortable que possible. La question de l’adoptant ne le surprend guère et n’éveille aucun soupçon de sa part. « Depuis deux ans. J’ai pris la suite du précédent gérant qui a malheureusement quitté la ville pour des projets personnels. » Sa voix se fait plus sombre. Sans doute parce que songer à Alexander fait remonter des regrets et obscurcit son esprit. Le manque se fait connaitre même s’il s’intime à penser qu’il a commencé à faire son deuil sur cette relation qu’il a laissé mourir au lieu de vivre, car il ne parvenait pas à embraser réellement ses émotions et sentiments à son égard. Une attitude morose contre laquelle il lutte en s’efforçant de s’en extirper. « Ce n’est pas toujours simple. J’avoue avoir craqué pour deux de nos protégés qui ont atterri chez moi. Seulement, je suis rarement chez moi alors ils sont peut-être mieux ici, entre les bons soins de nos bénévoles ou dans les familles qui les adoptent. D’ailleurs, vous avez déjà un chat n’est-ce pas ? Est-il encore un bébé ou est-il adulte ? Vous avez une préférence au sujet du pelage ? de sa teinte ? Nous avons du choix actuellement. J’espère que nous parviendrons à leur trouver une place. Il en vient des dizaines chaque jour. » Il indique alors qu’ils arrivent près des enclos de chatons. « Il est préférable d’éviter de les toucher dans un premier temps. Je vous propose de vous montrer ceux qui pourraient convenir à vos attentes et ensuite, on pourra les sortir de l’enclos et vous emmener dans une pièce à côté pour que vous puissiez faire connaissance avec eux. Est-ce que cela vous convient, Chuck ? » Il le questionne dans un sourire toujours aussi aimable, prêt à agir une fois qu’il aura une réponse à sa question.

Roman accueille chaleureusement ce possible nouvel adoptant. Il essaye d’en savoir plus sur les attentes du jeune homme pour pouvoir lui présenter le chaton qui lui conviendra le mieux même si à cet âge, tout chaton à sa chance. Il l’écoute attentivement, retient chaque information qui lui permettra de le guider dans la bonne voie. Chuck semble très expressif et expansif, ce qu’il apprécie naturellement chez ses personnes, car elles ont tendance à être sincère dans leur manière d’agir. Roman malgré son aisance à parler demeure quelque peu réservé, sans doute des séquelles de ce traumatisme qui l’a plongé dans le mutisme dans son enfance et qui est resté très présent dans sa vie jusqu’à qu’il finisse par accepter cette perte et fasse son deuil. Il note les caractéristiques voulus par l’animal et il s’active en conséquence en l’invitant à le suivre au travers du refuge pour retrouver l’enclos où les petits chatons sont regroupés par petits groupes. Il s’exprime avec cette aisance qui lui colle à la peau alors qu’il répond obligeamment aux sollicitations de Chuck, qui semble avoir de l’intérêt pour le travail réalisé au sein du refuge. « Je suis bien d’accord avec vous, mais malheureusement tant que nous ne pourrons pas atténuer le fléau de la non-stérilisation de ces petites créatures, nous aurons malheureusement des grossesses non désirées et des portées abandonnées à tout coin de rue. » C’est résolument le plus triste dans cette affaire : l’être humain capable d’abandonner des pauvres âmes sans défense dans la rue ou dans un champ. Quelle cruauté inconcevable pour le musicien qui s’efforce de lutter contre cela jour après jour. Il lutte contre cela depuis des années et s’efforce de donner une nouvelle chance à ces frêles créatures en leur trouvant une famille. Fort heureusement, il peut compter sur ses bénévoles pour l’aider dans cette tâche. « Il est toujours possible d’aider en donnant un peu de son temps, vous savez ou de l’argent pour soutenir une œuvre qui vous tient à cœur. C’est le geste qui compte. » Il lui indique dans un sourire pour lui faire comprendre que chaque geste compte et que donner potentiellement un peu de temps ou de l’argent quand cela nous est possible, c’est une bonne chose. Il ne peut pas tous les adopter, mais il a pu ouvrir la porte de sa maison à deux de ces anciens protégés devenus les gardiens de sa demeure, de sa famille. Ce qui est déjà bien. Il sourit aux propos de Chuck, reconnaissant de sa bienveillance à son égard. Un petit rire vient s’épancher hors de ses lippes à une de ses remarques. « C’est tout ce que j’aime entendre chez de futurs adoptants. Et normalement, si je ne me trompe pas, on considère que les chats de moins d’un an demeurent des chatons, car ils sont encore en pleine croissance. On va laisser la magie s’opérer entre vous et nos petits protégés. » Il lui annonce alors qu’ils arrivent dans l’enclos, emplis de petits chatons qui miaulent pour avoir toute l’attention qu’ils désirent. Une bénévole s’occupe en arrière blanc des petits en donnant du lait à ceux qui sont encore en train d’être allaité. Il observe les différents chatons, liste les petits qui pourraient convenir à la description faite par Chuck. Il en identifie trois, qu’il saisit avec toute la délicatesse nécessaire pour les blottir contre ses bras. Chaque chaton vient chercher sa chaleur en se blottissant contre son torse, sa clavicule, son cou. « On va s’installer dans la pièce d’à côté. » Il indique à Chuck alors qu’il l’invite à le suivre. Il retrouve une pièce vide où il vient déposer les petits dans un petit espace de jeux alors qu’il tend la main vers les chatons pour inviter Chuck à se rapprocher. « Venez, je vous en prie. Je vous laisse faire connaissance avec eux. Vous aurez peut-être votre Dave. » Il lui indique dans un sourire chaleureux alors qu’il laisse le jeune homme se rapprocher et faire connaissance peut-être avec son nouveau protégé si le coup de cœur opère.

Il ne renchérit pas sur les propos du jeune homme, mais il est en total accord avec ses propos. Il ne comprend pas la bêtise humaine et la tendance qu’ont certaines personnes à prendre des décisions qui mettent en danger des créatures qui ne demandent qu’à aimer. La vie est malheureusement ainsi faite et malgré toute sa bonne volonté, il ne pourra pas changer les choses. Son seul rôle est de s’assurer de pouvoir prendre soin de ces créatures lorsqu’elles arriveront face à lui. Pour cela il a besoin de bras et d’aide financière pour faire tourner le refuge. Chaque personne volontaire pour améliorer le quotidien de ses protégés est les bienvenus tout comme les généreux donateurs. Il découvre que le jeune homme occupe un emploi où il est géré par un agent. Il ne le questionne pas à ce sujet, mais il retient l’information simplement, car elle a attiré son attention. Il sourit obligeamment au jeune homme alors qu’ils retrouvent l’ensemble des chatons dans l’aile qui leur sont allouées. Il s’applique à les caresser alors qu’il sélectionne quelques chatons pour leur permettre de faire connaissance avec leur possible futur protecteur. Il les laisse chercher sa chaleur, se louver contre son cou, son épaule ou son torse avant de les conduire dans une pièce à part où les miaulements seront moins intensifs. Il invite le jeune homme à le suivre et il dispose les chatons dans un petit enclos où quelques jouets les attendent. Chuck apprécie grandement les animaux et cela se voit dans sa gestuelle et dans la bienveillance dont il recouvre les protégés de Roman. L’hispanique en est rassuré. Généralement, on voit lors des rencontres si les personnes vont être de bons propriétaires et pour l’instant les signaux sont au vert.  Il l’observe avec attention. Son sourire ne masque pas le plaisir qu’il prend à voir le jeune homme s’amuser avec les chatons qui tournent autour de lui. « C’est plutôt variable. On a quelques visites en semaine, mais l’essentiel de nos visites et adoptions se font en week-end. Généralement, c’est le moment idéal pour les familles pour partir à la recherche du nouveau membre de leur famille. Surtout lorsqu’ils ont des enfants et que le nouveau compagnon va devenir leur nouveau meilleur ami. » Il indique avec douceur alors qu’il se rapproche pour jouer également avec les petits monstres dont un ne se fait pas prier pour grimper sur son dos pour chasser le jouet tenu par Chuck. Ce geste lui arrache un rire doux. « Un d’entre eux a attiré votre attention ? » Il le questionne pour voir s’il a répondu à son attente et si le jeune homme a rencontré son nouveau compagnon. « Ce sont de braves petits. Ils sont arrivés dans un sal état, mais ils se sont battus et sont en bonne santé désormais. Des petits Warriors. » Il lance dans un rire en venant doucement gratouillé le ventre offert par le petit monstre qui a sauté entre ses cuisses. Roman pourrait passer des heures à jouer avec ses protégés et pour rien au monde il regrette son passé d’enseignant. Il s’épanouit pleinement dans ce travail au sein du refuge, même si tous les jours ne sont pas faciles.