Let's play (Chuyu)

   


[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] ~ Debout devant ton miroir, depuis maintenant plus d'une dizaine de minutes, tu ne sais pas quoi mettre. Tu as le choix entre deux tenues : une bien habillée, te donnant un côté femme sexy. Ou bien une qui fait décontracté, un jean slim et un croc top ne dévoilant qu'une petite partie de ton ventre. Aujourd'hui, tu ne vas pas en faire des tonnes. Tu as simplement rendez-vous avec ton amie Tsuyu pour un match de baseball. Un soupir s'échappe de tes lèvres, et tu viens donc demander l'avis de ton frangin en lui envoyant deux photos. Tu attend quelques minutes, et lorsque sa réponse arrive, tu attrape vite ton téléphone. Bon... Il préfère la tenue décontractée. Bien. Tu choisi donc l'inverse de ce qu'il dit et enfile la jolie robe blanche, par dessus un mini short que tu auras mis au préalable. Pas besoin qu'on voit ta culotte non plus hein. Bref, trêve de bavardage. Ton conducteur t'attend en bas de ton immeuble. Tu files donc mettre une dernière couche de maquillage, attrapes ton sac a main puis descend de l'immeuble pour saluer ton ami Jinsun. Il a accepté de t'accompagner au point de rendez-vous en voiture, pour éviter de marcher trop longtemps. Tu le remercie d'un sourire et t'installes sur le siège passager. En même temps, tu gardes un œil sur ton portable au cas où ton amie t'enverrais un SMS. Le trajet se fait dans la bonne humeur, et étant assez bavarde tout comme Jinsun, vous ne faites que papoter jusqu'à atterrir au bon endroit et pile a l'heure. Tu ne sais pas encore si la jeune demoiselle est arrivée, a première vue tu ne vois aucune silhouette qui lui ressemble. Tu décides donc de patienter après que ton conducteur préféré soit reparti chez lui.

Quelques minutes seulement. Quelques minutes où tu passes ton temps scotchée sur ton téléphone. Lorsque tu sens une présence a tes côtés, tu relève la tête et sourit grandement. « Tsuyu ! Enfin tu es là ! » lances-tu en venant la prendre dans tes bras pour un câlin. Toujours aussi tactile tu es, que ce soit avec tes proches ou bien des personnes que tu connais peu comme certains de tes camarades de classe. La regardant un peu, sans supprimer ton sourire de ton visage, tu hoche la tête. « Tu es toute belle et mignonne comme ça. Ça va nous porter bonheur pour notre match héhé. On y va du coup ? » Tu attend une réponse de sa part avant d'avancer vers l'entrée, bras-dessus bras-dessous, prête a dégainer ton billet. Il y a déjà du monde au rendez-vous. Un match a ne pas rater, confrontant les deux meilleures équipes de baseball. Tu as parié vingt dollars avec l'un de tes amis, que ton équipe gagne. Tu as donc espoir en eux, foi en eux presque. Avec tes petits boulots, tu ramasse assez d'argent pour ce genre de petits trucs débiles. Pourtant tu essaie de ne pas abuser. Tu te dois de garder des économies de côté pour faire des travaux dans ton logement. Entre l'isolation, la chaudière, et tout ce qui concerne l'humidité,etc. Bref. Trop de chose qui fait que tu vis dans un appartement insalubre. Et il faut que ça change. Mine de rien, tu en acquiert de l'autonomie. Et ça te fait du bien. Tu préfères ça plutôt qu'on vienne te coller dans le dos. Bien qu'évidemment, tu aimes énormément avoir Kang-Dae proche de toi. Tu ne te sens pas seule. Pas abandonnée.  

Le baseball a toujours été une passion pour Tsuyu. Se rouler dans la poussière, courir après une balle la tête en l’air ou alors taper de toutes ses forces dans cette dite balle. Ce n’était pas une sport de princesses, de celles qui préféraient le tennis ou encore les sports plus fins tel que la danse ou l’équitation. Chacun de ses sports ayant leur propre difficulté, de la sueur coulant toujours à la fin de chaque performance. Et le baseball était son exutoire à elle. Depuis toujours, elle adore. Et forcer ses amis à venir voir un match avec elle ne la dérange pas le moins du monde. Elle y avait déjà entraîné son frère et parfois même, elle y allait seule. Mais pas cette fois. Cette fois, il s’agissait de sa partenaire de bêtises préférée, Chung-Ae, avec qui elle avait une relation en béton. Toute excitée dans la voiture conduite par son chauffeur, Tsuyu tente tout de même de ne pas trop laisser transpercer son engouement. Mais ses pieds toujours faussés de talons bougent tout seul, s’activant de haut en bas avec rapidité. Sa jupe glisse doucement sur ses genoux. Elle aime s’habiller ainsi. Elle aime être girly. Et elle assume aussi complètement aimer se rouler dans la poussière ou alors se plaindre de tout. Elle n’aime pas être gnangnante et arrogante comme on voudrait qu’elle le soit. Une princesse, certes, mais une princesse qui se respecte.

Alors que la voiture s’arrête proche du stade, le téléphone de la jeune fille vibre dans sa main, la faisant s’arrêter dans son élan. Les yeux rivés sur l’écran, elle pince légèrement les lèvres en observant le message. Son père lui annonce qu’il repart en voyage dans une semaine. « Affaire urgente ». Urgente, mes fesses oui. Tsuyu n’était pas aveugle. Elle se rendait bien compte de toute la mascarade de son paternel. Et sa mère ne disait rien. Combien de femmes avait-il vu, comme pour la mère d’Haru ? Combien de femmes avaient partagé son lit ? Combien d’enfants en étaient né ? Claquant de la langue sur son palet, elle finit tout de même par ouvrir la porte, sortant dans l’air chaud de Los Angeles. Elle indiqua à son chauffeur qu’elle l’appellera lorsqu’elle aura besoin de rentrer. Et bien sûr, elle lui sourit, ce qu’il lui renvoi, avant de démarrer et de quitter les lieux. Ses yeux s’arrêtèrent sur une silhouette connue et s’approchant d’elle, elle répondit à son câlin, heureuse d’être avoir Chung pour ce moment. C’est une rencontre tellement importante, tellement grandiose.

« Oh merci ! rougit-elle avant d’observer son amie. Et toi tu es sublime, comme toujours ! Oui, allons-y ! »

Bien sûr, elle avait ris à sa remarque sur le porte bonheur. Tsuyu l’espère, en quelque sorte, que ce sera le cas. Mais d’un autre côté, elle est uniquement venue pour voir du jeu. Elle aime observer pendant des heures des matchs de baseball. Maintenant, elle pouvait reconnaître un bon jeu d’un jeu moyen ou d’un jeu sans aucune valeur. Ce n’était pas être pro, mais c’était connaître son métier en quelque sorte. Souriante, tout contre son amie, elle se dirigea vers l’entrée, billet à la main. Une fois l’entrée passée, elles se retrouvèrent dans un grand hall remplie de magasins et de boutiques. Restaurants, fastfood, tout y passait. Surtout parce qu’il y avait toujours du monde lors des matchs et donc de l’argent à se faire. La Satou, le regard vagabondant sur les affiches, finie par sauter une seule fois, avant de tirer Chung avec elle.

« Viens ! Je te paye un hot-dog et un soda ! C’est immanquable pour un match ! »

Une bonne tradition américaine. Mais c’était tout de même marrant de s’y plier, elles deux qui venaient de deux pays de l’autre côté du Pacifique. Choisissant ton leur encas, Tsuyu paya sans demander l’avis de son amie, lui offrant le repas avant de l’embarquer pour aller rejoindre leurs places. Il y a du monde, mais la petite taille des demoiselles leur permet d’atteindre sans trop de difficulté leur emplacement. Avec un soupire, Tsuyu s’assit, déposant à plat leur repas du match sur ses genoux. Ses yeux s’allumèrent en voyant les joueurs entrés sur le terrain pour s’échauffer un peu avant le début du match. Bien sûr, elle repère des numéros importants, qu’elle pointe du doigt, en expliquant leur importance à son ami. Puis elle parla des noms, des positions, de l’importance d’un bon lanceur et du fait que c’est assez marrant à voir, lorsqu’il y a un fail dans le lancer. Elle avait déjà expérimenté un bon nombre de fois où la lanceuse de l’équipe adverse avait une détente si courte que la balle n’arrivait même pas jusqu’à Tsuyu qui devait taper de sa batte. S’était navrant d’un côté. Navrant et amusant. Puis les joueurs rentrèrent dans les vestiaires et Tsuyu ne fit que tressauter d’impatience encore plus. Chung allait en avoir marre avant la fin du premier passage. Et bien sûr, lorsqu’ils rentrent de nouveau, en fil, Tsuyu se met à crier avec les supporters, heureuse et prête pour un match inoubliable.

   


[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] ~ Les petits compliments entre vous, et les regards complices te font du bien. Tsuyu, tu la considère plus que comme une amie. Sûrement comme la meilleure des amies que tu as pu avoir. En Corée, la plupart des filles te suivaient simplement car tu faisais partie des plus populaires dans ton école. Pas de quoi se vanter, parce qu'au final, tu n'as jamais eu de grandes amitié dans ta vie. Ça ne t'attriste pas, loin de là, vu que tu te concentres sur le présent. Et le présent égal Tsuyu. Le sourire aux lèvres et le rouge aux joues, tu rigoles doucement et avance à ses côtés. « Nous sommes des princesses, voilà tout. Je suis contente de passer ce moment avec toi ! » lances-tu doucement, tout en venant tendre ton billet vers l'agent qui garde l'entrée. Et ce n'est qu'une fois l'entée passée que tu écarquilles les yeux, complètement impressionnée, étonnée par cette immensité qui vous fait face. Des magasins, restaurants à perte de vues. Et du monde. Beaucoup de monde. Pas de quoi te faire peur, mais de quoi te donner envie de voir la suite. La proposition de ton amie te fait hocher la tête, jamais tu ne refuserais un hot-dog. Toi et la malbouffe, c'est une belle histoire d'amour. « Je te suis ma douce ! » Tu marche doucement jusqu'au petit stand, et attend quelques secondes avant de faire une moue lorsque Tsuyu s'occupe de tout payer. Tu aurais pu payer ta part, mais elle a été plus rapide que toi malheureusement. Tu te retiens de soupirer et attrape seulement ton sachet de nourriture ainsi que ta boisson, reprenant votre chemin vers vos places qui vous attendent aussi.

Quelques minutes et petites bousculades plus tard, te voilà enfin arrivé à votre emplacement. Tu regarde ton amie s'asseoir et fait alors de même, glissant une main dans ta longue chevelure. Tu n'as pas le temps de dire quoi que ce soit d'autre que les joueurs arrivent sur le terrain, faisant rugir les spectateurs déjà présents. Tu regarde tout autour de toi, toujours aussi impressionnée. Intimidée même. Il faut dire encore une fois que c'est ta première fois, ça peut paraître incroyable. Restant attentive, tu essaies de comprendre les flots de paroles de ton amie. Tu hoches la tête, et lui demande un peu plus de précision par moment. Parce que bon, tu as du mal à tout retenir, et tu es sûre et certaine que tu vas te perdre en suivant le match. Il faut un début à tout. Dans tout les cas, voir Tsuyu aussi excitée que ça te faisait rire. Tes mains viennent se glisser de part et d'autres de son corps, la regardant alors tendrement. « Tout va bien se passer, hein ? Tes joueurs ne vont pas s'envoler. » tu t'amuse, avant de te concentrer sur ta nourriture. Tu croques déjà un bout dans ton hot-dog, le mâchant lentement et longuement pour savourer ce met pas si raffiné que ça, mais tellement bon. Tu fais attention à ne pas t'en mettre partout, essuyant par moment le coin de ta bouche avec les serviettes que tu as pu rapporter dans ton sac. Tu en passes à Tsuyu, tressautant alors en entendant tout le monde crier y compris la jeune fille assise à côté de toi. Eh bien... Tu croises les doigts pour pas devenir sourde à la fin de ce match.

Match qui a l'air de commencer un peu mal, car au vu des exclamations des spectateurs – et surtout de la part de Tsuyu – votre équipe favorite n'en mène pas large. Toi tu ne comprends pas, alors tu poses des tonnes de question à ton amie, du genre Qu'est-ce qu'il se passe ?, Il a bien tiré lui, non ? Une vrai novice dans le sujet du baseball. Tu te frottes souvent la nuque et préfère passer ton temps à manger, tout en essayant quand même de comprendre les règles sur le tas et encourager les joueurs. Ta voix ne se porte pas trop, mais bon, tu ne peux pas faire plus. Tu ne peux pas faire plus, mais au moins tu passes un agréable moment. Puis, voir le visage rayonnant de la jeune Satou te donne le sourire. Et la voir s'énerver par moment, sautiller sur place te fait presque fondre tellement tu la trouves adorable. Lorsque la mi-temps arrive enfin, tu viens lui caresser les cheveux pour la détendre un peu. Cette fois-ci, les équipes sont au coude-à-coude. Un point d'écart. Tu tend alors ta boisson vers elle, un petit fond restant. « C'est pas encore fini, faut pas se décourager. Eh ! On est venu pour eux, ils ont pas intérêts à perdre ! » tu lances, tout en faisant une bouille grognon. Tout ça avant de te poser un peu mieux au fond de ta chaise, profitant d'un peu de calme. Enfin. Presque. Le calme s'en va rapidement. Les présentateurs s'enjaillent, et tu fronce les sourcils en voyant l'écran qui filme tous les spectateurs. Avant de comprendre en un éclair. Une kiss cam. Tu souris largement et observe alors attentivement. Certains couples désigné se font timide, d'autres plus sauvages mais dégoûtants. Ça en devient un peu embarrassant. Tu te racles la gorge, et jette un œil vers ton amie. « Heureusement que c'est pas n- » Trop tard. Tu as parlé trop vite. En voyant le visage de Tsuyu changer complètement, tu fixe devant toi. Pour voir que vous avez été désigné comme le prochain couple. Ah oui ? Vraiment ? Ils savent pas à quoi ils s'attendent tiens. Tu te retournes donc de nouveau vers Tsuyu et sourit plus franchement. L'une de tes mains se glissent sur sa nuque, et tu te rapproches dangereusement de son visage. « Laisse-toi faire... » murmure-tu contre ses lèvres, les tiennes venant s'y déposer dessus avec délicatesse. Ton baiser que tu lui offre se fait doux au départ. Mais rapidement, tu le rends plus sensuel. Tu ajoute une pression sur la nuque de la Satou, et vient laisser ta langue glisser sur ses lèvres pour rendre le tout plus excitant à voir. Tout ça, jusqu'à ce que ta langue vienne jouer avec la sienne. Elle reste ton amie, mais pourtant, tu ne peux pas mentir. Ça te plaît vachement.

C’est vrai qu’elle avait un peu traîné Chung Ae dans le match, sans réellement prendre en compte les connaissances de la jeune fille. Mais, d’un autre côté, elle avait accepté. Alors, cela ne devait pas tellement la déranger. Bonbons et boissons en main, les fesses posées à leur place, les deux meilleurs amies ressentaient les vibrations du stade en effervescence. Les joueurs étaient sur le terrain, et même Tsuyu ne pouvait s’empêcher de les encourager en criant. Elle faisait parti de ses gens qui vivaient leur passion jusqu’au bout, qui se fascinaient pour elle. Même si, elle n’en arrivait pas encore au fanatisme, comme beaucoup d’autres individus, qui pouvaient pousser le vice un peu trop loin par moment. En entendant Chung lui dire qu’ils n’allaient pas s’envoler, la plus petite ne put que lâcher un rire, buvant un peu de son soda avant de répondre, sans se départir de son sourire :

« Je me doute bien ! Nous sommes les pygargues de Los Angeles, (en référence à la mascotte de la ville, bien sûr) pas de simples hiboux random ! Nous, on reste et on combat ! »

Oui, elle était positive. Oui, elle y croyait. Mais il fallait bien ça pour se motiver. Tsuyu était l’énergie qu’il manquait à beaucoup de personnes. Par sa petite taille, elle accumulait beaucoup plus de ressources, là où les plus grands les dépensaient juste pour se mouvoir sur terre. Elle fit claquer sur ses talons sur le sol alors que toute la foule se mettait à en faire de même pour encourager le début du match. Enfin, tout était en place, tout était bien partie. Et le coup d’envoie déclencha autant d’effervescence sur le terrain, que dans les tribunes. L’atmosphère d’excitation était magique pour la Satou. Elle se sentait hors du temps, hors de la réalité. Elle vivait autre chose, dans un univers que seulement une minorité d’individus pouvait entrevoir. (Dans ce cas : seulement les personnes dans le stade et un minimum intéressé par ce qu’il se passait devant eux.) D’ailleurs, Chung Ae lui posait des questions à chaque action, auxquelles Tsuyu était plus que ravie de répondre. Elle adorait parler de sa passion, cela lui donnait des frissons de plaisir sur sa peau. Mais rassurez-vous, elle possède une autre passion. Qui est de survivre à son adolescence sans devenir folle ou dépressive. Et elle semblait plutôt bien partir pour terminer comme la première option.

Néanmoins, plus le temps avance, et plus la frustration montait dans les tribunes. La japonaise n’y échappait pas, lâchant des exclamations de mauvaises dois par moment. Elle possédait l’esprit du sport, mais là, il fallait avouer que, en plus des erreurs d’arbitrage qui n’aidaient en rien l’équipe de la ville, cette dernière donnait toutes les raisons d’être menée comme ça, par le bout du nez. Le score la désespérait. Et Chung dû le remarquer, car elle l’encouragea à la mi-temps. Lui offrant un petit sourire pour en réponse, Tsuyu se remit à se plaindre de la nullité de ces premières actions qui avaient complètement plombé le jeu. Elle avait toujours été confiante en ses choix et sur ses paris durant les performances comme celle-là. Mais là, l’angoisse commençait à monter. De un, parce qu’elle songeait à ce que cela signifierait pour l’équipe féminine de baseball de la ville, et donc son petit club. Il ne fallait pas être un idiot pour se rendre compte que le jeu féminin de ce sport n’était pas très représenté, malgré des matchs intenses et exaltants. Mais si en plus, l’équipe masculine se plantait, la ville allait définitivement les laisser de côté. Et de deux, elle avait emmené sa meilleure amie voir ce match, pour lui faire découvrir son univers. Le spectacle était donc doublement décevant.

De soudains sifflements autour d’elle la sort de ses pensées, alors qu’elle regarde les spectateurs pour voir de quoi il s’agit. Puis, Tsuyu posa ses yeux sur l’écran géant du stade. Une grimace se forma sur son visage, alors qu’elle observait des couples s’embrasser. Certains refusaient par moment, d’autres acceptaient avec un peu trop d’enthousiasme. Se sentant observée, elle tourna la tête vers l’homme à côté d’elle qui la regardait comme s’il était prêt à lui mettre sa langue dans sa bouche. Lui lançant un regard noir, elle se détourna en faisant voler ses cheveux, avec autant de mépris qu’il était possible d’en avoir pour un homme aussi ingrat. Mais ses yeux tombèrent de nouveau sur l’écran. Il lui fallut un instant pour comprendre ce qu’il se passait. Son visage à elle se trouvait affiché devant la foule, ainsi que celui de sa meilleure amie. Avec panique elle dévia son attention vers cette dernière, les yeux grands ouverts en l’observant. Et elle se figea en sentant la pression de la main de Chung sur sa nuque, son visage se rapprochant du sien dangereusement. Son esprit était vide, son cœur battait la chamade, elle était perdue.

« Qu - ? » fut tout ce qu’elle put prononcer avant de sentir les lèvres de l’autre jeune fille se déposer sur les siennes.

Comme premier baiser, on aurait pu rêver pire. Quoi que le principe de se faire embrasser par sa meilleure amie pouvait être un cauchemar pour d’autre. Etrangement, Tsuyu ne trouvait pas cela si dégoutant. Au contraire même. Ses joues se teintèrent de rouges, ses yeux se fermant. La petite pression sur sa nuque, comme pour l’inciter à répondre en entrouvrant ses lèvres, la convainc, et elle se plia à la demande avec plaisir. Les sifflements, les exclamations, tout, lui passaient bien au-dessus de la tête. Elle avait l’impression que son estomac se réchauffait. Chung Ae embrassait bien. Et Tsuyu était presque heureuse d’avoir perdu son premier baiser avec elle. Ce genre de souvenir continuait d’hanter l’esprit encore un moment. Et le sien se faisait dans un endroit qu’elle aimait, avec une personne qu’elle appréciait. Que demander de plus ? En plus, c’était si doux, malgré la sensualité qui se dégageait des lèvres de son amie sur les siennes. Elle avait presque envie de continuer encore un peu. Juste pour savoir et apprendre. « A but scientifique » comme on disait. Une bonne excuse.

Mais tout devait prendre une fin. Alors, lorsqu’elles se séparèrent, et que la caméra passa sur quelqu’un d’autre, la Satou évita le regard de son amie. Ainsi que l’homme à côté d’elle qui se faisait prononcer. Son esprit était dans un brouillard indescriptible. La sensation restait trop présente, trop chaude, sur ses croissants de chaire. Remarquant de toute l’attention du stade était désormais tournée vers les mascottes qui faisaient leur show, le petit bout de femme qu’elle était se leva à la va-vite, s’excusant auprès des gens, pour sortir de la rangée avec rapidité, aussi vive qu’une petite souris, même sur ses talons. Son sac à main accroché à l’épaule, les restes finis de leur repas dans la main, elle les jetait rapidement avant de s’éclipser pour rejoindre les toilettes, ignorant complètement si sa meilleure amie l’avait suivie ou non. Elle ne comprenait rien. Tout n’était qu’un bouillon flambant dans la marmite de son esprit. Une fois enfermée dans une des cabines, elle s’assit sur la cuvette, reprenant son souffle en posant une main sur sa poitrine. Puis, les souvenirs lui revinrent. Tout comme le rouge qui remonta en fusion sur son visage. Se redressant alors, elle saisit ses joues, se rendant compte de leur chaleur. Elle était cramoisie. Et elle ne comprenait plus rien. Tout était tellement bousculé en elle, qu’elle était même prête à rater une partie du match, juste pour se remettre de ses émotions. La perceptive d’appeler son frère pour lui raconter lui effleura l’esprit. Mais que pourra-t-il faire ? Elle voulait encore savoir ce que cela faisait d’embrasse Chung Ae. Mais elle était sa meilleure amie. Et surtout, elle était une fille.

   


[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] ~ Tu n'y étais pas allé de mains mortes dans le baiser échangé avec ton amie. Elle devait sûrement penser qu'un simple baiser ferait l'affaire. Mais toi, tu sais que dans ces moments-là avec la kiss cam, il faut faire vibrer les gens. Et embrasser Tsuyu n'est pas un problème. Même si tu es en couple avec un homme déjà, ça ne te dérange pas le moins du monde. Après tout, il n'y a rien de sentimental là-dedans. Mais tu n'as pas vraiment fait gaffe à ce que pouvait ressentir la Satou. Alors une fois le contact de vos lèvres rompus, son regard qui t'évite, tu fronces les sourcils en comprenant ce qu'il a l'air de se passer. Tu as fait une grosse connerie. Et c'est trop tard pour réparé tout ça. Ta bouche s'entrouvre pour que tu puisses dire quelques mots, mais pas assez rapidement. Tu regarde Tsuyu qui s'enfuit à la vitesse de l'éclair, et reste alors assise toute seule au milieu de la foule qui est désormais en train de rire face aux mascottes du match. Pendant quelques minutes, tu restes là, sans bouger, réfléchissant à ce que tu pourrais faire pour arranger les choses. Tu te ronges les ongles d'une main, moyen pour toi de contrer ta nervosité. Un geste que tes parents n'aiment pas. Mais depuis qu'ils ne sont plus proche de toi, tu as repris cette mauvaise habitude. Tu soupires un coup, et ne la revoyant vraiment pas revenir, tu te relèves et essaie tant bien que mal de passer à travers les gens installés sur leurs sièges. Tu t'excuse par moment, et finit enfin par atterrir devant la sortie des gradins.

Tu ne sais pas par où commencer à chercher, mais tu imagines qu'elle a dû se cacher dans un endroit isolé de toutes personnes. Un endroit calme. Tu fais un peu le tour, regarde dans toutes les toilettes du stade. Et il y en a des toilettes. Pourtant tu n'abandonne pas. Tu n'as pas envie de la laisser seule comme ça, sachant qu'elle doit t'en vouloir peut-être. Oui, c'est ça. Elle t'en veux de t'avoir voler un baiser de la sorte. Tu t'arrêtes d'un coup. Son premier baiser ? Ton cœur accélère d'un coup. Là, la peur s'empare de toi. Ce serait mille fois pire si tu lui avais volé son tout premier baiser. Tu pries donc pour que ce ne soit pas le cas. Tu continues tes recherches, et arrive enfin aux dernières toilettes. Tu entre lentement, referme la porte derrière toi, puis te stoppe au milieu de la pièce. Tu regarde vers le bas, voir si tu vois des pieds. Bingo ! Tout au fond. Tu avances encore de quelques pas, puis t'arrête de nouveau devant ladite porte. « Tsuyu ? C'est Chung-Ae. » Bah bien sûr ducon, c'est pas quelqu'un d'autre qui vient la chercher dans des toilettes des filles et qui connait son prénom. Tu te tapes le front, puis t'abaisse un peu. Tu t'accroupis, et pose une main sur le bois. « Je suis désolée si je t'ai fais du mal en t'embrassant. Vraiment... Je n'ai pas pensé aux conséquences que ça pourrait engendrer. J'ai été idiote. » dis-tu sincèrement, tout en te mordant les lèvres. Tu apprécies énormément ta meilleure amie, et tu n'as surtout pas envie de la perdre comme ça. Surtout si la faute vient de toi. Tu attend alors un peu, le silence se faisant. Tu hésites, et finit par glisser tes doigts sous la porte, pour lui montrer que tu es là. « Tu.. Tu peux ouvrir ? »

Les battements de son cœur résonnaient dans tout son corps. Assise sur la cuvette des toilettes, les mains sur les oreilles, Tsuyu tentait tant bien que mal de calmer son palpitant. La scène se rejouait dans sa tête, pire que n’importe quelle chanson de pub enquiquinante qui venait hanter les journées. Elle pouvait presque encore sentir la sensation chaude sur ses lèvres, accentuant encore un peu plus l’affolement de son organe. Ses jambes sautaient toutes seules, faisant claquer ses talons sur le sol de carrelage. Elle n’allait pas bien. Quelque chose n’allait pas bien. Ce n’était pas normal de réagir comme ça. Embrasser une amie, la Satou avait déjà vu beaucoup de monde le faire sans que personne ne réagisse aussi impulsivement qu’elle. Etait-elle la seule à comprendre la symbolique de cet échange ? Ne valait-il donc rien aux yeux des autres ? Pourquoi Chung-Ae avait-elle autant insisté dans ce baiser s’il ne voulait rien dire ? La jeune fille dû ouvrir la bouche pour inspirer de l’air, ses poumons s’étant bloqué à cette pensée. Chung… Elle n’avait sans doute rien ressenti. Pour elle, ce n’était qu’un baiser en plus. Tsuyu connaissait sa sexualité, n’ayant absolument aucun problème avec la bisexualité de son amie. A vrai dire, ce n’était pas vraiment quelque chose qui lui importait. Mais l’idée simple que la coréenne n’est absolument rien ressentie en l’embrassant lui retourner le cœur. Pourquoi ? Pourquoi son corps réagissait-il ainsi alors qu’elle n’avait aucune idée de ce qu’elle ressentait elle-même ?

Finissant par reprendre un minimum le contrôle, Tsuyu décida de prendre son téléphone, ouvrant ses contacts pour envoyer un message à la seule personne en qui elle avait assez confiance pour en parler. Son frère, Haru. Il devait sans doute travailler ou draguer, mais qu’importe, elle avait besoin de lui dire ce qu’il se passait. Ses yeux papillonnèrent alors qu’elle tentait d’écrire le message sans trop de faute, privilégiant sa langue maternelle pour ne pas se perdre dans un anglais qui lui était compliqué actuellement. Même s’ils avaient déménagé à Los Angeles lorsqu’elle était très jeune, Tsuyu avait toujours plus de facilité avec le japonais que l’anglais. Lorsqu’elle était réellement en colère, par exemple, elle se battait en japonais. Du coup, personne ne comprenait. Et elle pouvait insulter la Terre entière, que personne ne l’arrêtera. Lorsqu’elle vit que son message fut bien envoyé, elle soupira, allant s’adosser à ce qui se trouvait derrière elle, ses cheveux lui tombant légèrement devant le visage. Elle les repoussa de la main, effleurant ses lips en même temps. Les sentiments, les relations amoureuses, les petit.e.s-ami.e.s. Tout ça, elle ne connaissait pas. Elle avait toujours vécu en sauvageonne à l’extérieur. De sa petite taille, on la prenait pour une cible facile, alors des coups dans le ventre, elle en avait donné beaucoup. Mais voilà… Jamais elle n’avait eu de sentiments. Tout cela était un nouveau monde. La vague qui venait de déferler dans son être était peut-être le départ de quelque chose. Son pragmatisme lui avait souvent sauvé la vie lorsqu’elle n’avait pas la réponse. Mais il ne pouvait pas toujours avoir réponse à tout.

Un bruit la sortit de ses pensées. Quelqu’un venait d’entrer. Le silence planait, seulement comblé par les pas de la personne qui se rapprochait de sa cabine. Evidemment, cela ne pouvait être qu’elle. (Ou alors il s’agissait d’un psychopathe, mais il doublait très bien les voix des gens dis-donc.) En l’écoutant, Tsuyu se mordit la lèvre inférieure, fermant les yeux en respirant doucement. Inspire, expire. C’était idiot. Tellement idiot. Elle était idiote. Tellement idiote. Chung ne l’aime que comme une amie, Tsuyu le savait très bien. Il n’y avait rien d’autre en être que de l’amitié. Mais alors quelle était cette cage de fer qui encerclait ses côtes et la privait d’air ? Ses mains remontèrent de chaque côté de sa poitrine, essayant de reprendre contenance. Il ne fallait pas qu’elle le sache. Mais quoi donc ? Il ne fallait pas que Chung découvre que Tsuyu avait des sentiments pour elle qui n’étaient pas que de l’amitié. Après quelques secondes d’un nouveau silence qui suivirent les dernières paroles de son amie, la japonaise finit par se relever, allant déverrouiller la porte, la gardant fermée encore un instant, calmant ce qui lui restait de sensation imprudentes. Puis, lorsqu’elle ouvrit, elle sourit. Elle lui sourit, réellement, penchant la tête sur le côté en haussant une épaule, gênée.

« Désolée de t’avoir inquiétée… Mais c’est juste que… C’était mon premier baiser tu vois ? avoua-t-elle avant de lâcher un petit rire. Il fallait que je m’en remette ! »

Tout n’était que mensonges. Elle ne s’en était pas complètement remis, avait toujours son cœur qui tambourinait frénétiquement dans sa cage thoracique, qu’elle attendait encore le message de retour de son frère, qu’elle n’arrivait pas à oublier la sensation sur ses lèvres. Pourtant, elle continua de lui sourire, passant devant elle pour aller s’observer dans le miroir, remettant en place des mèches brunes, sortant un gloss juste pour en remettre un peu. Il fallait que l’image quitte son cerveau. Plus facile à dire qu’à faire, mais elle allait y arriver. Elle le devait. Oublier les sentiments, oublier les émotions. Après tout, elle avait fait ça toute sa vie. Faire la princesse pour ses parents, être toujours polie et courtoise, faire bonne impression. Elle était l’apologie de la fille domestiquée. En tout cas, lorsqu’elle était chez elle. A l’extérieur, elle redevenait Tsuyu, fan de base-ball et de grenouille, maladroite et rigolote, toute petite mais perchée sur ses talons. Il le fallait. Il fallait qu’elle apprenne à passer par-dessus l’amour. Pour le moment en tout cas. Cette nouveauté l’avait effrayé et elle la terrifiait toujours. Mais, pour garder cette amitié si chère à ses yeux, elle ne devait pas plier. Ce n’était qu’un bisou et toutes les deux, elles ne sont que meilleures amies.