let's enjoy and have fun tonight (maia #2)

Je peux pas continuer à faire semblant, et puis j’y arrive pas de toute manière. C’est plus fort que moi, il faut que j’en ai le coeur net pour arrêter de me faire des putain de films. Alors ni une ni deux, je choppe la main de Maé pour l’entraîner dans une salle à l’abris des regards, et la cuisiner. Il faut qu’elle parle, il faut que je sache pourquoi elle a commencé à dire un truc tout à l’heure, et qu’elle a pas fini. Ça tourne trop dans ma tête, je dois savoir. Je lui demande s’il s’est passé quelque chose avec sa prof. Là ça pourrait être gênant. Mais elle secoue la tête et je la sais sincère. Finalement, je lui demande pourquoi elle est aussi cheloue depuis tout à l’heure. « J'suis pas chelou. » « Si. T’es cheloue. » Et j’ai besoin de savoir pourquoi. Si c’était parce qu’elle avait peur que je la juge pour cette histoire de crush sur sa prof, au moins elle sait maintenant que je m’en fous. Que ce soit un mec ou une meuf d’ailleurs. Franchement, elle sait que sur ça j’ai aucun souci, elle est au courant que j’avais déjà embrassé une fille avant elle, et que c’est pas quelque chose qui me dégoûte ou me dérange ou quoi. Je me sens pas lesbienne pour autant, je me sens pas bi non plus, en vrai j’men fous juste, je vais où le vent me porte. Mais j’ai pas envie qu’elle me fuit juste parce qu’elle a peur que je la juge. Surtout pas moi quoi, putain ! « C'est juste que... » Je fronce un peu les sourcils, la lâche pas des yeux. Que quoi putain ? Elle va finir ses phrases un jour ou merde ? Je vais commencer à m’énerver si elle continue comme ça, et je vous assure que c’est pas beau à voir. Mais j’ai pas vraiment le temps de me sentir bouillir de colère, qu’elle se met à prendre une grande respiration, et s’approche finalement de moi pour déposer ses lèvres sur les miennes. Wow, alors celle là je m’y attendais pas. Je crois que j’ai arrêté de respirer, à moins que ce soit mon coeur qui s’est arrêté de battre ? Je reste conne pendant une seconde, jusqu’à ce qu’elle s’éloigne, sans que je n’ai eu le temps de faire quoi que ce soit en échange. Comme si j’en avais pas eu envie. Pauvre conne. Et voilà qu’elle fuit mon regard comme si elle se sentait idiote, et ça me brise le coeur. « Eh… » Je m’approche à mon tour, pose ma main sur sa joue, et une fois qu’elle me regarde je lui souris, avant de l’embrasser. Comme une réponse, comme pour la rassurer, mais aussi et surtout parce que j’en ai envie. Il s’est passé un truc immédiat quand on s’est vues avec Maé, je savais juste pas comment le qualifier, j’ai pas eu envie non plus de trop réfléchir, c’était naturel. Et puis c’est maintenant que je me rends compte que c’est pas juste une amie. J’en avais parlé avec ma soeur déjà, et là, ça se confirme. J’intensifie un peu le baiser, prise dans le tourbillon de tout ce que mon coeur et mon corps me font ressentir. Je m’éloigne finalement, le sourire aux lèvres. « C’était donc ça… » Ce qu’elle voulait pas dire. « Ça m’arrange, je préfère ça plutôt que tu aies eu à me dire que tu faisais des rêves érotiques avec ta prof toutes les nuits. » Je la taquine. « Faudra que tu me la montres quand même, que j’vois si j’suis pas trop éloignée du genre qui te plait… »

Je me lance sans trop réfléchir. Je crois que mon cerveau se met volontairement sur pause l'espace de quelques secondes. Je sais pas si c'est cette nouvelle proximité ou quoi, mais une vague de sentiments incontrôlables vient s'emparer inconsciemment de mon coeur. Encore pire que tout à l'heure. Parce que ce n'est plus un défi à la con, ce n'est plus un jeu. Il n'y a plus qu'elle et moi, ici, dans cette buanderie étriquée. Mais ma correspondante ne réagit absolument pas à ce baiser. Et merde, j'aurais pas dû faire ça. Quelle conne franchement. Là, tout de suite, j'ai envie de creuser un trou et me planquer dedans. Ou prendre mes jambes à mon cou et partir en courant. Ça y est, elle va plus jamais me regarder de la même façon maintenant. Je passe pour quoi encore ? La fille complètement gaga qui vient de se prendre un vent. Génial. « Eh… » Je suis prête à faire volte-face mais l'italienne se rapproche, venant poser sa main sur ma joue. Mon coeur manque un battement, et je n'ai pas le temps de réaliser ce qu'il se passe qu'elle m'embrasse à son tour. Waouh. Honnêtement j'ai pas les mots, c'est juste... magique. Je me laisse enivrer par l'émotion, et par toutes ces sensations nouvelles que je peux ressentir dans mon coeur. Dans mon corps aussi. Alors c'est ça l'effet papillons dans le ventre ? Ce n'est pas la première personne que j'embrasse, mais c'est la première fois que ça me fait cet effet là. Et puis le baiser en lui-même n'est pas comparable. C'est pas un smack de rien du tout à la va-vite qui ne veut absolument rien dire. Est-ce qu'elle ressent la même chose que moi ? J'ai l'impression que oui mais je ne veux pas me faire des films non plus. Pourtant Gioia intensifie encore un peu plus notre baiser, et je me laisse complètement envoûtée. « C’était donc ça… » Un sourire un peu cul-cul se dessine alors sur mes lèvres. J'ai l'impression de me sentir comme une gamine. « Ça m’arrange, je préfère ça plutôt que tu aies eu à me dire que tu faisais des rêves érotiques avec ta prof toutes les nuits. » Je lui pince un peu les côtes pour répliquer. « Hey te moque pas ! » C'est de bonne guerre. Et puis si elle veut tout savoir, oui, j'en ai déjà fait des rêves un peu étranges en pensant à Rayan. Bah quoi ? « Faudra que tu me la montres quand même, que j’vois si j’suis pas trop éloignée du genre qui te plait… » La brune a clairement tout pour me plaire si ça peut la rassurer. Elle est M.A.G.N.I.F.I.Q.U.E. Et ça, je le pense depuis la toute première photo que j'ai vu d'elle. Elle est encore plus belle en vrai d'ailleurs. Si, si, c'est possible. « Si je te la montre, tu vas baver dessus toi aussi. Je partage pas moi, t'es folle ! » Je rentre dans son jeu, pour la taquiner aussi. « Mais ça va t'es pas trop mal dans ton genre non plus, si on veut vraiment comparer. » Je fais mine de réfléchir quand même un peu avant de rigoler. En soit ça m'arrange qu'on prenne toutes les deux les choses un peu à la rigolade, parce qu'après ce qui vient de se passer dans ma tête, c'est un peu le bordel. Je veux surtout que les choses restent naturelles. « Bon t'es contente ? » J'ai craché le morceau, enfin plus ou moins, et il n'y a donc plus de raison qu'elle soit dans un mauvais mood à présent. Même si je préfère qu'on en parle pas vraiment en soit. Je sais pas, c'est quand même bizarre tout ça. Gioia repart en Italie dans quelques jours alors... voilà quoi.

Je sais pas pourquoi j’ai pas réagi, peut-être un peu trop surprise ou j’en sais rien, mais du coup je me sens un peu mal qu’elle pense qu’elle a fait une connerie en venant m’embrasser. Ça me dérange pas qu’elle le fasse, au contraire même. Alors pour éviter qu’elle s’enfuit, je la rattrape en venant l’embrasser à mon tour. Pas le même genre de baiser, et putain, c’est genre la première fois que je ressens un truc pareil. Enfin j’sais pas c’est… dingue. C’était déjà agréable tout à l’heure mais là c’est même pas comparable. J’aimais bien embrasser Matt mais alors là. Ok. Bref. Une fois le baiser terminé, je la taquine un peu. « Hey te moque pas ! » Je lève les mains comme si j’étais innocente. « Nan c’est pas mon genre. » Tu parles. Mais bon, j’aimerai quand même savoir à quoi elle ressemble cette prof. Histoire de savoir si Maé a un genre ou si elle s’est un peu rabattue sur moi par dépit. Non ok, vu le baiser qu’on vient d’échanger, ça peut pas être par dépit. « Si je te la montre, tu vas baver dessus toi aussi. Je partage pas moi, t'es folle ! » Je me mets à rire et secoue la tête. « Bah écoute, on bavera à deux. » Après tout, y’a bien des actrices et des acteurs qu’on kiffe toutes les deux et sur qui on bave ensemble. On peut bien faire la même avec sa prof non ? Elle a pas l’air bien d’accord. « Mais ça va t'es pas trop mal dans ton genre non plus, si on veut vraiment comparer. » C’est de bonne guerre, et je le prends comme un compliment. « Bon t'es contente ? » Un petit sourire en coin s’affiche sur mes lèvres. « Pourquoi ? Parce que je sais maintenant ce qui te tracassait ou parce que j’ai enfin réussi à t’embrasser pour de vrai ? » A travers cette question, je lui avoue à demi mot que ça fait un moment que j’y pense. Mais je vais pas entrer dans les détails. « Bon, faudrait sortir de là quand même. » J’ouvre la porte et passe juste la tête pour vérifier que personne nous espionne, et on sort une à une, l’air de rien. Le reste de la soirée se passe mieux, j’en profite pour piquer parfois Jenny quand je peux, avant d’envoyer des petits regards amusé à Maé. Arrive le soir, on dort tous ici. Y’en a qui ont déjà abandonné, d’autres qui sont trop bourrés, certains font les loques devant un film, et y’en a même qui essaient d’invoquer les esprits. Malin. Je commence à fatiguer, j’arrête pas de bailler. « Y’a un canapé dans le bureau, j’crois qu’il est pas squatté, ça te va ? » Je pense pas qu’il soit convertible, mais on sera toujours mieux que sur un tapis, et tous les lits sont pris. Et puis, ce serait pas la première fois qu’on dormirait l’une contre l’autre après tout. Enfin même si là ça risque d’être un peu différent, après ce qu’il s’est passé ce soir.

Si on m'avait dit que la soirée allait permettre un rapprochement entre Gioia et moi, je crois que je n'y aurais pas cru. Pas parce que j'en avais pas envie, parce que clairement c'est pas ça, mais plus parce que je n'aurais jamais imaginé que les circonstances s'y prêtent. Bon ok j'avoue que l'idée de l'embrasser m'avait peut-être déjà traversé l'esprit depuis un moment. Faut dire que nous sommes très proches toutes les deux depuis son arrivée... proches bizarrement, pas comme je peux l'être avec mes autres amies. Et ce soir, à cause de ce défi débile, j'ai pu me rendre compte du pourquoi du comment. Gioia n'est pas comme mes autres potes. C'est... différent. Et de pouvoir goûter une nouvelle fois à ses lèvres, pleinement, comme ça, je suis aux anges. Ça dépasse toutes mes espérances. Mais ça ne m'empêche pas d'avoir peur aussi. Parce que c'est tout nouveau pour moi, et que c'est un peu compliqué aussi. C'est pas comme si nous avions du temps devant nous. Mais je ne veux pas forcément penser à ça pour l'instant. Je profite de ce moment en toute intimité, juste elle et moi. Le coeur battant, je tente de me remettre doucement de mes émotions. « Pourquoi ? Parce que je sais maintenant ce qui te tracassait ou parce que j’ai enfin réussi à t’embrasser pour de vrai ? » Ça veut dire quoi ça ? Un sourire en coin se dessine sur mes lèvres alors que je me surprends un peu à rougir quand même. Heureusement que la pièce est sombre, et que ça ne se voit pas. « Bon, faudrait sortir de là quand même. » Ouais, notre absence va finir par devenir suspecte à force. Et je ne veux pas leur donner plus de crédit encore. On arrive à s'éclipser l'une après l'autre sans que personne ne nous surprenne. Ni vu ni connu je t'embrouille. La soirée se poursuit, et je suis un peu sur mon petit nuage. Je crois que je vais avoir du mal à redescendre. Même Jenny n'arrive pas à me plomber le moral, je suis inatteignable maintenant. Les heures défilent, et il commence à se faire tard. La brune est clairement en train de lutter, et il est temps pour nous de tirer notre révérence. Si certains sont bien partis pour faire nuit blanche, très peu pour nous. « Y’a un canapé dans le bureau, j’crois qu’il est pas squatté, ça te va ? » Je hoche un peu la tête à l'affirmative. Il y a du monde un peu partout, dans les chambres, dans le salon, et le bureau me parait être une bonne option. Arrivées dans la pièce, je remarque rapidement que le canapé est un peu étroit. Ouais on est dans un bureau, c'est pas non plus le canapé du salon quoi. Mais ça fera très bien l'affaire. « Mode koala ? » Je la regarde en souriant, parce que je sais que c'est sa technique pour ne pas trop bouger pendant son sommeil. Si je veux pas me retrouver par terre pendant la nuit, il faut bien que je trouve des solutions. Et puis... dormir contre elle n'a jamais été un problème pour moi. Encore moins maintenant je crois. Je prends le temps de me changer pour me mettre à l'aise, dos à elle, enfilant un débardeur et un short en guise de pyjama. Maintenant qu'on se retrouve à nouveau seules toutes les deux, ça me fait un peu bizarre. Je sais pas trop si elle veut qu'on en parle, ou si elle préfère que ça reste comme ça. De mon côté, j'en sais trop rien non plus. Je crois que j'ai envie de me laisser porter. Je m'allonge de profil contre le dossier du canapé lui ouvrant mes bras pour qu'elle vienne me rejoindre. « Alors t'as passé une bonne soirée ? » Je tâte un peu le terrain avec ma question, pour voir si elle compte en parler d'elle-même. En parallèle, je laisse mes doigts courir le long de son bras pour lui faire des papouilles. Je ne réfléchis pas vraiment, c'est naturel.

Je commence à fatiguer. Je sais que mes cycles de sommeil pourraient me permettre de rester éveillée si je pousse encore un peu, pour ne plus ressentir la fatigue, mais en réalité, je préfère dormir maintenant plutôt que d’être décalée pendant deux jours. Je gère bien le manque de sommeil, je crois que c’est parce que je suis encore jeune, mes soeurs arrêtent pas de dire que quand on vieillit, on gère mal les nuits blanches. Je me fous souvent de leur gueule, mais en vrai, j’aime trop dormir. Du coup, je propose à Maé qu’on aille se coucher. Si elle veut pas, on pourra trouver un arrangement, je pourrai même faire une croix sur mon sommeil pour rester avec elle. Mais elle accepte, et on va ensemble dans le bureau. C’est pas fou, mais c’est mieux que rien. « Mode koala ? » qu’elle me demande en me souriant, et je fais pareil, en hochant un peu la tête. Depuis que je suis là, on a quasiment toujours dormi l’une contre l’autre en mode koala, on échange parfois les rôles, un coup c’est elle dans mes bras, un coup l’inverse. Les deux sont agréables. Comme une conne, j’ai pas prévu de pyjama. Heureusement, j’ai rien renversé sur mes fringues, ça m’aurait fait chier de dormir avec un t-shirt qui pue la bière. Je jette un coup d’oeil à Maé qui se change à côté de moi pendant que je retire mon pantalon. Elle s’installe et je dégage juste mon soutif en le faisant glisser sous mon t-shirt, et je la rejoins, piquant au passage le grand plaid qui était posé sur le dossier du canapé. Je m’installe finalement dans ses bras, dos à elle, mon corps épousant le sien, en cuillère. Je nous couvre correctement et colle mes pieds frais contre les siens pour me réchauffer. « Alors t'as passé une bonne soirée ? » Je souris, je ne vois pas sa tête, ni elle la mienne, mais je vois où elle veut en venir. « Ça aurait pu être pire. » Je ris un peu et me tourne finalement pour lui faire face. Le canapé étant étroit, je suis vraiment au bord, et vraiment près de son visage. « Oui, j’ai passé une super bonne soirée, même si ça a commencé un peu bizarrement, on s’est bien rattrapées. » Je lui souris à nouveau et replace une mèche de ses cheveux derrière son oreille. « J’suis contente qu’on ait osé le faire avant que je parte, j’crois que j’aurai vraiment regretter de partir sans t’avoir embrassée au moins une fois. » Je sais pas ce que ça fait de nous, c’est un peu bizarre du coup, mais en même temps, je suis sincère, j’en avais envie, et je suis contente qu’on ait été sur la même longueur d’ondes. Ça aurait été la merde si on ressentait pas la même envie. Mais bon, si on y réfléchit, c’était un peu évident. On a eu cette connexion directe. « Bon, j’crois qu’il faudrait qu’on dorme… » Je baille encore, mettant ma main devant ma bouche avant de rire. « Bonna notte cara mia » et sans vraiment réfléchir, je plaque un petit baiser sur ses lèvres avant de me retourner pour me replacer contre elle.