let's enjoy and have fun tonight (maia #2)

Le temps défile à une allure folle depuis que Gioia est arrivée chez moi. On passe des journées de folie, entre chez mon père et chez ma mère. Même au lycée, c'est trop bien. On a déjà l'impression d'être en vacances. Franchement c'est le feu ! J'adore cette fille, notre complicité est tellement évidente. J'ai l'impression de la connaitre depuis toujours, c'est dingue. C'est bizarre en même temps parce que je n'ai jamais ressenti ça avec personne d'autre. C'en est même un peu... troublant. Ouais c'est le mot. En tout cas je commence déjà à appréhender le jour de son départ. En même temps il m'a fallu genre trois secondes pour m'habituer à sa présence. Ça va faire tellement vide sans elle... Ouais bon ok, faut pas que je pense à ça. Pas tout de suite. Je préfère profiter de chaque moment avec elle, de chaque minute. Parce que le temps nous est précieux. Ce soir, on a été invité chez Tom pour une soirée en l'honneur de nos correspondants. Ses parents sont en voyage d'affaires ou un truc dans l'genre, et il a sa baraque pour lui tout seul. Ça tombe franchement à pic ! Il a invité tous les gens de notre classe, même si j'aurais préféré que certaines filles ne soient pas de la partie. Mais bon, je vais pas faire ma relou non plus. Ça va quand même être cool avec les correspondants. Pour certains, il y a la barrière de la langue qui coince un peu mais bon. Moi j'ai pas ce problème avec Gioia. D'ailleurs c'est sans doute celle qui s'est le plus naturellement intégrée avec les autres. Ça aide qu'elle soit bilingue, et qu'elle connaisse déjà L.A. J'ai dû légèrement négocier avec mon père pour qu'on puisse rester dormir chez Tom - d'ailleurs il sait pas qu'il n'y aura pas d'adultes avec nous mais bon, ça, c'est un détail. Rhoo c'est bon, on est plus des gamins. C'est juste une soirée tranquille entre potes. Avec Gioia, on se prépare dans ma chambre avant de partir, enfilant chacune une petite robe et en se maquillant un peu. Je reluque volontairement l'italienne des pieds à la tête avant de m'exclamer. « Waouh, attention Gioia est dans la place ! » C'est humain d'être aussi belle ? En vrai elle est magnifique. Une fois prêtes, mon père nous dépose devant la maison de Tom qui sort instantanément pour nous accueillir. Il me serre dans ses bras dans une accolade chaleureuse, et ça me rend un peu mal à l'aise. Heureusement que mon père était déjà parti. Je regarde Gioia du coin de l’œil, avant de me saisir de sa main pour rentrer à l'intérieur. Il y a déjà tout le monde, ou presque, et nous nous joignons rapidement au groupe. Je suis déjà venue chez Tom, je suis à l'aise et je fais direct comme chez moi. Je me sers une bière avant d'en proposer une à Gioia aussi. « Bière ? » Elle acquiesce et je souris. Il est temps de profiter et de s'amuser tous ensemble. Je sais pas ce que Tom a prévu, mais le connaissant, ça sent le jeu de la bouteille à plein nez.

Ce soir est un grand soir. C’est samedi, et il y a une soirée organisée chez le fameux Tom. Au départ, j’étais un peu réticente, principalement parce que Maé m’avait dit qu’elle plaisait à ce Tom. Et je crois que j’ai un peu ressenti de la jalousie, j’en sais rien en fait, mais ça m’a pas emballée de suite. Mais pas grave, c’est un bon moyen de nous amuser un peu, sortir de l’ambiance du lycée, se changer les idées. Dans la chambre de Maé, on se prépare tout en papotant, comme si on avait toujours fait ça, depuis toujours. C’est tellement naturel entre nous… j’enfile une petite robe légère, un peu habillée mais pas trop, et me maquille légèrement. Je n’aime pas quand c’est too much. Une paire de sandales, et me voilà prête. « Waouh, attention Gioia est dans la place ! » dit-elle en me regardant de haut en bas. Je rougirai presque. « T’es pas mal non plus, Ukhar… » Un sourire au coin des lèvres, j’entre dans son jeu. Toute manière, on fait que ça depuis que je suis là. On joue. Nous voilà parties pour la soirée. Lorsque Tom prend Maé dans ses bras, je ressens comme un pincement au coeur. Une sensation désagréable. J’ai presque envie de faire demi-toi. Il me salue bien moins chaleureusement, je me contente d’un vrai-faux sourire et d’un ‘salut’ accompagné d’un signe de tête. Petit con. Je l’aime pas lui c’est bon. Maé me prend la main et je sens une vague cheloue qui fait fourmiller tout mon bras. Elle me propose une bière, ouais, je crois que je vais en avoir besoin. Je hoche la tête et récupère la bouteille qu’elle me tend avant de trinquer avec elle, et d’en boire deux ou trois bonnes gorgées. Ça commence mal. « Et bah dis-donc, il était content de te voir, Tom.. » Est-ce qu’on sent un peu trop l’amertume dans ma voix ? Merde, faudrait pas. « Un peu plus il te pelotait quad même… » Ouais, j’crois que c’est mort. Est-ce que c’est de la jalousie ou de la protection ? J’en sais rien à vrai dire. « Avoue t’as kiffé. » Prêcher le faux pour avoir le vrai, quitte à ce que ça fasse mal.

Cette soirée va être cool ! Il n'y a pas de raison que ça se passe mal en même temps non ? De toute façon tant que je peux passer encore plus de temps avec l'italienne, moi ça me va. Le reste n'a pas réellement d'importance. Et c'est un bon moyen de se changer les idées par rapport à l'ambiance du lycée. Là, c'est différent. Même si d'entrée de jeu, l'attitude de Tom à mon égard me fout légèrement mal à l'aise. Peut-être parce que c’est justement lui qui est à l'origine des problèmes que j'ai avec certaines autres filles de ma classe. Jusqu'à maintenant je ne voyais pas forcément le mal, mais là, ce soir, je sens un peu plus le malaise. Il me kiffe peut-être vraiment. Mais je ne veux pas forcément penser à ça. Inconsciemment, ce qui me dérange le plus, c'est qu'il agisse comme ça avec moi juste sous les yeux de Gioia. Enfin j'en sais trop rien, mais y'a comme un truc. J'en profite pour nous servir à boire, deux bières, pour essayer un peu de me détendre. Je crois que j'en ai besoin. Je trinque avec la brune, à l'écart des autres, alors qu'elle remet justement le sujet de Tom sur le tapis. « Et bah dis-donc, il était content de te voir, Tom.. Un peu plus il te pelotait quand même… » Une grimace se fige au coin de mes lèvres, alors que je tente de faire comme si ce n'était pas si important que ça. « N'importe quoi. » Je hausse les épaules balayant le vide d'un geste de la main. « Avoue t’as kiffé. » Elle va pas s'y mettre elle aussi. Mais stupidement je rentre un peu dans son jeu sans même savoir pourquoi. « Il est pas désagréable en même temps. » Ce n'est pas un "oui" direct, mais ce n'est pas un "non" non plus. En réalité je ne sais pas pourquoi je ne joue pas simplement la carte de l'honnêteté avec elle. Parce que non, j'ai pas kiffé justement. Quelque chose qu'on apprécie n'est pas censé nous foutre mal à l'aise n'est-ce-pas ? C'est con, mais je crois qu'une petite partie de moi a envie de voir ce que Gioia pourrait en penser. C'est elle qui a commencé à en parler en même temps. « Bah quoi ? » Elle me regarde d'un air étrange, et je ne sais pas trop comment l'interpréter. Et puis d'ailleurs pourquoi ça m'intéresse autant de savoir ce qu'elle en pense ? Est-ce que c'est un moyen de savoir si elle peut potentiellement être jalouse ? Ouais non, enfin bref. « Tu trouves pas qu'il est chou ? » Chou, c'est peut-être pas le mot exact à employer mais on s'en fout. Ça m'intéresse de savoir comment elle le trouve.

C’était trop bizarre. Elle me dit qu’il lui fait ni chaut ni froid, mais franchement quand je vois comment elle a réagit quand il l’a prise dans ses bras, je me pose la question. So weird. Une fois un peu plus au calme juste toutes les deux, je prends la bière qu’elle me tend, et remets le sujet ‘Tom’ sur le tapis. Je vais pas laisser passer ça, faut que je sache ce qu’elle mijote. « N'importe quoi. » Je hoche la tête pour affirmer que si, il était à la limite. Et je pense que je lui aurais vomi sur les pieds. En vrai nan, si elle le kiffe et qu’il est repectueux avec elle, ça ira. Enfin j’imagine. Je continue de la titiller pour essayer de savoir ce qu’elle en pense vraiment. Je devrais pas mais c’est plus fort que moi. « Il est pas désagréable en même temps. » Je grimace un peu, parce que franchement là, je suis pas d’accord. Enfin, en tout cas il est clairement pas à mon goût. « Perso j’aime pas. J’te le laisse. » En même temps, c’est pas après moi qu’il en a. Vaut mieux. Et ça m’arrange pas vraiment qu’il en ait après elle, je sais même pas pourquoi. « Bah quoi ? Tu trouves pas qu'il est chou ? » Je me mets à rire cette fois. « Chou ? On dit chou pour un gamin de trois ans. Lui il est pas chou. » En plus j’sais pas, on dirait qu’il veut pas juste sortir avec elle, j’ai pas confiance, les gars de notre âge ils ont que le cul dans la tête. Et puis Maé est jolie, elle est bien foutue, ce serait presque logique qu’il en veuille qu’à son cul. Ça me argh. Je bois deux nouvelles bonnes gorgées de ma bière. « Bon, bah si tu veux choper, faut que j’me trouve une cible moi aussi… » Je fais une petite moue et commence à regarder au loin les gens qui sont invités. Je laisse de côté mes camarades de classe que je connais déjà et qui ne m’intéressent pas. Je n’exclus pas non plus les filles, après tout pourquoi pas. Maé est silencieuse, et je me retourne pour le regarder, et lui demande finalement, un peu dans la provocation. «  Y’en a un que tu me conseilles ? Ou une, remarque… » Je hausse un peu les épaules et repose mon regard sur le groupe de personnes un peu plus loin.

Je joue un peu, en essayant d'en rajouter pour voir sa réaction. Ce n'était pas des conneries quand je lui ai dit qu'avec Tom il n'y avait rien la dernière fois. On est potes, peut-être qu'il m'aime bien effectivement, et vu sa réaction ce soir je comprends mieux pourquoi mes copines le disent, mais il n'y a rien. Et en réalité je ne sais même pas quoi penser de tout ça. « Perso j’aime pas. J’te le laisse. » J'en rajoute une couche en lui demandant si elle trouve pas qu'il est 'chou'. Tais toi Maé. « Chou ? On dit chou pour un gamin de trois ans. Lui il est pas chou. » Elle semble catégorique, et je ne sais pas comment le prendre. Je n'arrive pas à déceler ce qu'elle pense et ça m'énerve. Est-ce que c'est juste un avis purement objectif ou est-ce que ça cache quelque chose ? Peut-être que je me surprends à espérer qu'il y ait autre chose derrière. « Bon, bah si tu veux choper, faut que j’me trouve une cible moi aussi… » J'avale difficilement ma salive, légèrement surprise. Gioia laisse courir son regard sur les autres invités et je sens comme une boule se loger au creux de mon ventre. Je reste silencieuse, essayant d'encaisser sans broncher. Mais ça me fait tellement bizarre que ça me ferait presque du mal. «  Y’en a un que tu me conseilles ? Ou une, remarque… » Outch. « Vas-y, fais toi plaisir. » Ça me brûle les lèvres tellement ça sonne faux. Qu'elle ne se fasse surtout pas plaisir surtout. Pourquoi ça me broie le coeur de l'imaginer flirter avec quelqu'un d'autre ? En vrai j'en sais rien, mais je crois que ça m'énerve déjà rien que d'y penser. Je ne veux surtout pas voir ça. « Si tu peux juste éviter de choisir une des connasses de ma classe, ça m'arrangerait. » Je hausse les épaules d'un air faussement détaché. En réalité, ça m'arrangerait qu'elle jette son dévolu sur personne en fait. Je veux profiter de passer du temps avec elle, pas qu'elle se retrouve à me laisser tomber pour un gars - ni pour une meuf d'ailleurs. Encore moins une meuf. « Ou on peut juste profiter de la soirée ensemble. On a pas besoin de pièces rapportées non ? » Ouais c'est mieux ça. Beaucoup mieux. Un moyen de la garder rien que pour moi, d'une manière ou d'une autre. « Les filles ! Vous venez, on va jouer au jeu de la bouteille. » Tom est un adepte de ce jeu, et je crois que c'est pas bien compliqué de comprendre pourquoi. Mais si Gioia est dans l'optique de vouloir choper ce soir (comme elle dit), bizarrement je préfère m'abstenir. Je n'ai pas envie de jouer si c'est pour la voir embrasser un(e) autre. Je cherche ma correspondante du regard, essayant de voir ce qu'il en est de son côté.

J’aime pas ce Tom. J’vais pas mentir, faire un grand sourire à Maé et lui dire ‘ouaiis, il est canon fonce !’ Clairement c’est pas mon genre, et puis ça me donne la gerbe rien que de les imaginer s’embrasser, ou qu’il aille foutre ses mains partout sur le corps de Maé et… oh gosh, faut pas que je pense à ça. Je sens une sorte de colère se pointer et c’est pas bon. Alors pour me protéger, ou peut-être pour voir un peu ce qu’elle a dans le bide, je commence à la provoquer un peu. Faut que je me trouve un gars, ou une nana. Une cible qui pourrait me faire oublier que Maé pourrait bien kiffer ce petit con de Tom. « Si tu peux juste éviter de choisir une des connasses de ma classe, ça m'arrangerait. » Je repose mon regard sur la blonde et fronce les sourcils, vexée qu’elle me pense de ce genre là. « Merci de me prendre pour une des leurs. J’suis pas là pour te faire la misère. Moi. » Je suis un peu trop sèche, faut que j’me calme. Ça va mal finir. Je sais même pas pourquoi je réagis comme ça. Finalement, Maé fait un pas vers moi, et je me calme doucement. « Ou on peut juste profiter de la soirée ensemble. On a pas besoin de pièces rapportées non ? » Un sourire étire mes lèvres. C’était presque inespéré et pourtant. Je hoche la tête, ravie qu’elle le prenne comme ça. Mais c’est sans compter l’autre cruchon qui propose de jouer au jeu de la bouteille. Je regarde Maé, cherchant à savoir si ça l’intéresse. Ça n’a pas l’air. Je relève la tête, répondant pour nous deux. « On passe notre tour. » « Petites joueuses. » Il me cherche celui-là, qu’est-ce qu’il veut exactement ? Que je lui botte son petit cul de merdeux prétentieux ? « Ok. » Je fais confiance à la vie. Enfin je crois. J’espère. Si ça tombe sur eux deux par contre, faudra que je me barre. Je prends Maé par la main et on va s’installer toutes les deux dans le cercle qui a été créé, autant de mecs que de nanas. Premier lancer, premier baiser, ça s’enchaîne, pour le moment sur aucune de nous deux, fort heureusement. Et puis la bouteille désigne Tom et là je serre les dents. Pitié pitié pitié pas Maé. Ça tombe sur un mec, et je commence à me marrer. J’attends qu’ils le fassent mais ils se pissent dessus. « C’est qui les petits joueurs là ? Franchement si vous jouez pas le jeu vous êtes juste des p’tites bites. » J’y vais un peu fort non ? « Ok, mais alors si on le fait, t’embrasses une nana. » Je hoche la tête. « Deal ! » Tu parles d’un baiser, leurs lèvres se sont à peine frôlées. Je lève les yeux au ciel, un peu dépitée. A mon tour. « Vous êtes des petites bites. Un vrai baiser c’est ça. » Je me tourne vers Maé et sans réfléchir je me saisis de son visage entre mes doigts fins, et m’approche sans lui laisser le temps de réfléchir. Je presse mes lèvres sur les siennes mais je n’en reste pas là. J’appuie davantage le baiser, le fait devenir plus réel, plus sensuel, même si je ne vais pas jusqu’à glisser ma langue non plus. En réalité, c’est pas l’envie qui manque.

Clairement, ça me fait chier. Imaginer l'italienne en mode flirt me fait mal au coeur. Bon ok, j'aurais peut-être pas dû insister sur Tom moi aussi, j'suis un peu conne. J'ai tendu le bâton pour me faire battre et c'est bien fait pour ma gueule. Ça m'apprendra. J'essaye quand même de rattraper le coup, de garder Gioia que pour moi. Et je ne peux m'empêcher de me sentir plus légère quand je vois que ça fonctionne. Le sourire qu'elle m'offre vaut tout l'or du monde. Et là, franchement, je me fous complètement de Tom ou de n'importe qui d'autre d'ailleurs. Il n'y a plus qu'elle qui compte à mes yeux. Enfin ça c'était sans compter l'idée de génie de Tom de lancer le jeu de la bouteille. Ouais... mais non, sans façon. J'ai pas la tête à jouer à ces conneries. Ça aurait pu être différent mais non. Je laisse tout de même le choix à ma correspondante, ne voulant pas répondre à sa place. Pour ma part, je crois que mon regard en dit suffisamment long sur ce que je pense. « On passe notre tour. » J'esquisse un petit sourire, contente de voir que la brune refuse. « Petites joueuses. » Je lève les yeux au ciel, parce que je le connais et que je sais exactement pourquoi il fait ça. « Ok. » Bah voilà, gagné. Il a eu ce qu'il voulait, et ça m'énerve. Mais je tente de rester stoïque sans rien montrer. On s'installe dans le cercle et la bouteille commence à tourner. Je redoute le moment où elle tombera sur l'italienne. Je sais pas trop pourquoi mais mon coeur se serre rien qu'à l'idée de savoir qu'elle pourrait embrasser quelqu'un d'autre. Mais pour le moment, nous sommes toutes les deux épargnées. Entre nous, c'est pas plus mal. La bouteille désigne Tom avant de tomber sur un autre des garçons. Fou rire général. « C’est qui les petits joueurs là ? Franchement si vous jouez pas le jeu vous êtes juste des p’tites bites. » Elle cherche un peu, mais en même temps après ce que Tom a dit tout à l'heure, c'est de bonne guerre. « Ok, mais alors si on le fait, t’embrasses une nana. » Ah. Merde. Je grimace inconsciemment, les mots de Gioia refaisant surface. Je sais très bien qu'elle ne va pas se défiler et que ça ne risque pas de la gêner... bien au contraire. « Deal ! » Evidemment qu'elle accepte. Fais chier. « Vous êtes des petites bites. Un vrai baiser c’est ça. » Je n'ai pas le temps de comprendre ce qui se passe que Gioia a déjà réduit la distance qui nous sépare pour venir s'emparer de mes lèvres. Oh putain. Mon coeur s'affole dans ma poitrine, c'est  la folie. Et contrairement à eux, le baiser se prolonge encore un peu. Je me laisse faire, complètement submergée par les papillons qui se sont logés dans le creux de mon ventre. Je suis littéralement sur un nuage. Elle se recule, et je mets quelques secondes à ouvrir de nouveau les yeux encore un peu dans mon monde. Merde alors. Je ne sais même plus comment je dois me comporter maintenant. « Ah ouais c'était kiffant. » Ta gueule Tom franchement. « Alors t'as pris ton pied Maé ? Après la prof de sport, c'est sur elle que tu vas fantasmer maintenant. » Là, je sais plus où me mettre. Cette pouf de Jenny ne rate pas une occasion de m'enfoncer. Quelle conne sérieux. Je me lève d'un bond, et me barre dehors sur la terrasse sans rien dire. J'ai les larmes qui me montent aux yeux, je n'arrive rien à contrôler. Je n'ai parlé de Rayan à personne pourtant, mais faut croire que mon crush pour elle n'est pas passé inaperçu. Et bizarrement c'est toujours la même qui cherche la merde. Je m'appuie contre le mur de la maison, la tête entre les mains. Je me sens mal putain.

Je suis joueuse. Faut pas me cherche, sinon je marche pas je cours. Mais en même temps, je fais courir les autres aussi. C’est de bonne guerre. Et il n’est pas question que les mecs s’en sortent aussi bien, à éviter de s’embrasser sous prétexte que c’est deux mecs. Et si moi j’aimais que les filles et que je me retrouvais à devoir embrasser un gars ? Bah ce serait pareil. Donc ils s’embrassent, c’est tout. Le deal est passé, à moi d’embrasser une fille à mon tour, après eux. Ils ont respecté leur part du marché, à moi d’honorer la mienne. Et qui de mieux que Maé pour ça. Je sais, je lui demande même pas son avis, ça arrive un peu comme un cheveu sur la soupe. On va éviter de trop penser au consentement et tout ce qui s’en rapporte. En même temps, une fois mes lèvres sur les siennes, je pense plus à rien. Je vis juste le moment présent, et bordel ce que j’aime ça. Elle me laisse faire, ne me repousse pas, au contraire même, on dirait bien qu’elle me rend mon baiser, et… wow. J’avais jamais vécu ça avant. C’est dingue. Quand je me sépare d’elle et que je réouvre les yeux, les siens sont encore fermés. Et quand nos regards se croisent, là aussi c’est dingue. Il se passe quoi au juste ? « Ah ouais c'était kiffant. » J’ai juste le temps de tourner la tête vers le Tom en question, comme pour simplement lui faire comprendre que ouais, j’ai carrément gagné. Et voilà que l’autre pouffiasse ramène sa fraise. Elle parle d’une prof de sport, que Maé aurait probablement fantasmé. Quoi ? J’ai pas le temps de comprendre ce qu’il se passe que la blondinette a déjà fui. Je lance un regard noir dont j’ai le secret à Jenny, et me lève rapidement pour courir après Maé. J’ai beau l’appeler, elle ne s’arrête pas. Je la retrouve dehors, la tête entre ses mains. « Hey ! » J’approche doucement, ne voulant pas la brusquer, ou j’en sais rien. Elle a pas l’air bien. « J’suis désolée, j’aurai dû te demander ton avis avant de faire ça, c’était idiot j’ai pas réfléchi, je voulais juste lui faire fermer sa gueule. » Je parle pas de cette histoire de prof. Après tout, je m’en fous. Elle fantasme sur qui elle veut. Même si évidemment, j’aurai aimé qu’elle m’en parle, pas parce que j’ai besoin de savoir ce genre de truc, mais parce que c’est ce que les amies font, elles se confient. Mais là, je veux juste m’excuser, parce que j’ai fait n’importe quoi, même si j’ai aimé, j’aurai pas dû faire ça comme ça, et je m’en veux. « Tu veux que j’aille lui casser la gueule ? » A Jenny. Et a Tom aussi tiens au passage. Je peux aussi me foutre une baffe, ce serait une bonne idée.

Je m'attendais absolument pas à ce que Gioia m'embrasse, pas comme ça en tout cas. Pour être tout à fait honnête, l'idée d'un baiser avec elle pendant le jeu de la bouteille m'a quand même effleuré l'esprit. Disons que ça ne m'aurait pas déplu de tomber sur elle. Au contraire, c'était même plutôt tentant. Mais qu'elle le fasse de son plein gré pour provoquer Tom comme ça, c'est encore différent. Et pourtant... waouh. J'ai ADORÉ. Je crois que je suis incapable d'expliquer ce que j'ai ressenti tellement c'était puissant... et inattendu aussi. C'est comme si le temps s'était arrêté, comme si mon cœur avait implosé dans ma poitrine. Un vrai feu d'artifice d'émotions. Je n'ai jamais ressenti une chose pareille de toute ma vie. C'est nouveau pour moi, et peut-être un peu perturbant aussi. A la fin de ce baiser, nos regards se croisent et pendant une seconde j'ai l'impression que l'italienne a ressenti la même chose que moi. On dirait bien que c'était réciproque. Mais je n'ai pas le temps de réfléchir à ça que Jenny est déjà en train de m'attaquer. Elle fait référence à mon crush pour Rayan, et je ne sais plus où me mettre. A croire qu'elle prend toujours un malin plaisir à m'afficher devant les autres. Tout le monde me dévisage comme si j'étais un extraterrestre et il ne m'en faut pas plus pour décamper. Fuir au plus vite, pour ne surtout pas craquer devant eux. J'ai besoin de prendre l'air. Une fois dehors, je ne peux retenir plus longtemps mes larmes. Ça fait mal putain. Je me sens humiliée, un peu conne aussi. Parce que je n'aurais jamais pensé que les choses pourraient en arriver là. Gioia me rejoint, et j'ai encore plus honte de moi. Je ne voulais pas qu'elle me voit pleurer. Et je ne voulais pas non plus qu'elle apprenne cette information sur moi comme ça. « Hey ! » Elle se rapproche, et mon cœur s'emballe. « J’suis désolée, j’aurai dû te demander ton avis avant de faire ça, c’était idiot j’ai pas réfléchi, je voulais juste lui faire fermer sa gueule. » Ce n'est pas notre baiser le problème. « C'est pas de ta faute. » Elle n'y est pour rien si Jenny est une grosse conne. Et puis elle ne pouvait pas savoir ce que son geste allait déclencher. Je peine à soutenir son regard, préférant fixer un point invisible sur le sol. « Tu veux que j’aille lui casser la gueule ? » J'esquisse un semblant de sourire, parce que je la trouve trop mignonne de vouloir prendre ma défense. Mais ça ne ferait qu'empirer les choses et je n'ai pas envie de la foutre dans mes problèmes. « Laisse tomber, elle le fait exprès pour foutre la merde. » C'est limite ce qu'elle cherche en plus. Faire du buzz, créer le conflit et pouvoir se sentir puissante. Je soupire, parce que même si je sais que je ne devrais absolument pas faire attention à ses provocations, je n'y arrive pas. « En fait c'est moi qui suis désolée... à cause de moi, elle va te faire chier aussi maintenant. » Et elle, elle n'a rien demandé pour ça.

J’avais rien prévu de tout ça, c’est juste dingue ce qui vient de se passer. Si en arrivant à la soirée on m’avait dit que mes lèvres allaient finir sur celles de Maé, j’aurai halluciné. Et c’est pourtant bien ce qui s’est passé. J’ai encore du mal à y croire. Et j’ai grave aimé en plus. Je sais pas si elle aussi, j’ai eu l’impression, mais est-ce que j’étais pas perturbée par ce que je ressentais moi ? J’en sais rien. J’ai pas vraiment le temps d’y réfléchir, que Maé se barre déjà, assaillie par la connerie de cette pute de Jenny - toutes des putes ces Jenny. Je rejoins Blondie à l’extérieur, ça me fait mal au coeur de la voir la tête entre ses mains, en train de pleurer. Je culpabilise et je m’excuse directement, parce que j’ai pas super bien agi, c’était sous le feu de la provocation, et j’ai pas pensé que ça puisse à ce point la bouleverser, et moi avec. « C'est pas de ta faute. » Ben si, un peu quand même. Enfin sauf si c’est pas ça le souci ? Ça me rassurerait un peu si c’était pas moi. Je lui demande si elle veut que j’aille lui casser la gueule. C’est pas du tout mon genre, en fait, c’est plutôt pour détendre un peu l’atmosphère. Elle sourit à peine, elle me fait trop mal au coeur. « Laisse tomber, elle le fait exprès pour foutre la merde. » « Je sais ouais. C’est une vraie bitch. Queen bitch ! » Je passe ma main sur son bras doucement, pour essayer de la réconforter un peu, je sais pas trop comment m’y prendre, je suis un peu nulle pour ça. Comme Harley en fait. « En fait c'est moi qui suis désolée... à cause de moi, elle va te faire chier aussi maintenant. » Je ricane un peu. « T’en fais pas pour moi, j’ai pas peur d’elle. Elle peut raconter ce qu’elle veut j’en ai rien à foutre. Par contre, qu’elle continue de t’emmerder, ça ça va pas l’faire. » Je suis prête à sortir les crocs pour défendre Maé s’il le faut. Parce que moi, je serai partie dans quelques jours, donc je m’en tape. Mais elle, elle va continuer d’être dans le même bahut et ça c’est pas cool. « Bon, tu m’en veux pas trop de t’avoir embrassée ? J’suis désolée, c’est juste que j’avais pas envie d’embrasser une inconnue. Même pour la provocation. » Je lui fais une petite moue, j’espère vraiment qu’elle m’en veut pas trop. Et puis pour l’histoire avec la prof de sport, elle m’en parlera si elle veut. Ça me regarde pas après tout.

Déjà que le temps passé ensemble nous est compté, mais là, ça me fait encore plus chier. Je voulais pas que la soirée se passe comme ça. C'était censé être fun, une soirée cool avec nos correspondants. Au lieu de ça, c'est la merde. Me voilà en train de chialer pour des conneries. J'ai envie de profiter de Gioia le plus possible, pas de me prendre la tête avec une conne. Faut toujours qu'elle gâche tout aussi celle-là. C'est quoi son problème ? Ça me fait surtout chier que l'italienne ait pu être spectatrice de la scène. Finalement avec ce baiser elle se retrouve un peu impliquée aussi en quelques sortes, et ça, ça me gêne. Peut-être encore plus qu'elle soit au courant pour cette histoire de crush. J'ai pas honte de ça, mais disons que je n'ai pas spécialement envie que ça change quelque chose entre nous. Je veux pas qu'elle pense que... j'en sais rien en fait. J'ai pas envie que ça créé une sorte de retenue chez elle, ou un sentiment de gêne. « T’en fais pas pour moi, j’ai pas peur d’elle. Elle peut raconter ce qu’elle veut j’en ai rien à foutre. Par contre, qu’elle continue de t’emmerder, ça ça va pas l’faire. » C'est moi ou elle est vraiment trop mignonne quand elle sort les crocs ? Bon ok, je crois que depuis notre baiser, j'ai un peu l'esprit embrumé. Je ferme quelques secondes les yeux, essayant de me remettre les idées au clair. Mais quand je croise à nouveau son regard, mon coeur s'enflamme. Faut qu'elle arrête de me regarder comme ça aussi. « Bon, tu m’en veux pas trop de t’avoir embrassée ? J’suis désolée, c’est juste que j’avais pas envie d’embrasser une inconnue. Même pour la provocation. » Je secoue la tête dans un réflexe. Je préfère largement que ça soit moi qu'elle ait eu envie d'embrasser. Enfin... je ne sais pas trop si c'était une réelle envie de sa part ou si c'était juste pour le défi de Tom. Mais bref. Ça m'aurait fait trop bizarre de la voir embrasser quelqu'un d'autre de toute façon. « Pourquoi je t'en voudrais ? » C'est pas de sa faute si ça a provoqué la connerie de Jenny. « T'inquiètes pas. » Je veux pas qu'elle s'en veuille de quoi que ce soit, vraiment. Parce que je ne lui en veux pas, au contraire quoi. Le baiser, j'ai kiffé. « Gioia, je... » Ouais non je peux pas lui dire ça comme ça. « Non rien, laisse tomber. » Je me relève et souffle un bon coup. C'est peut-être mieux de passer à autre chose. Et si on ne retourne pas à l'intérieur avec les autres, je sais que ça va encore plus jaser. Je ne veux pas leur faire ce plaisir. « On ferait mieux d'y retourner non ? » On est censées dormir ici ce soir, alors autant que les choses se passent bien. Je vais ignorer Jenny, et essayer de passer une bonne soirée. Voilà tout.

Maé s’excuse, elle a pas besoin de s’excuser. C’est moi qui l’ait même pas prévenue avant de l’embrasser. J’ai fait ça sur le coup et puis j’ai réfléchi après, comme souvent. Trop impulsive. J’en ai rien à foutre ce cette conne de Jenny, faut pas qu’elle s’inquiète pour moi. Je suis prête à la défendre s’il le faut. J’ai juste pas envie que ça lui retombe dessus si je remets l’autre tepu à sa place. J’essaie quand même de savoir si elle m’en veut pas trop, c’était peut-être un peu abruti de faire un truc pareil, mais en même temps je regrette pas une seule seconde. Bon, sauf si elle me dit que j’aurai pas dû. Mais j’ai pas eu l’impression que ça lui avait déplu non plus. « Pourquoi je t'en voudrais ? » Je hausse un peu les épaules. J’sais pas, p’tetre parce qu’elle aime les mecs, et que c’était bizarre d’embrasser une copine ? Perso, ça m’a pas donné l’impression d’embrasser une copine, mais bref. Faut pas que je m’inquiète, selon elle. Je hoche la tête, on va dire que je me contenterai de ça. Mais elle reprend. Je la regarde droit dans les yeux quand elle prononce mon prénom, et puis plus rien. Que je laisse tomber, bah voyons. Je déteste quand on me fait ce coup là, le truc de ‘je vais t’avouer quelque chose’ et en fait non. « On ferait mieux d'y retourner non ? » Je sais pas si je dois la pousser à me parler ou si je dois faire semblant de rien. Je soupire un peu et hoche la tête, on va retourner à l’intérieur oui, on va dire que c’est la meilleure chose à faire, même si à l’intérieur de moi, je sais que c’est pas le cas. J’me connais, je sens que ça bloque, j’ai un noeud au bide. Je vais essayer de faire comme si de rien n’était. Je suis plus trop dans le même mood, j’essaie mais j’y arrive pas. Et je sais que Maé le sent. Après tout, on est liées toutes les deux. Je sens dans son regard qu’elle me questionne, c’est le monde à l’envers. J’hésite un peu, et puis après avoir vérifié que personne nous regardait, je la prends par la main et la tire dans une salle, la première porte que je trouve. C’est genre une buanderie, personne viendra nous chercher là. « Bon dis moi. » Je crois que je la prends un peu de cours là, nan ? « Tu voulais me dire quoi tout à l’heure ? » Faut qu’elle crache le morceau maintenant. C’est mort.

J'essaye de ne plus penser à ce qu'il s'est passé tout à l'heure, au baiser, à Jenny, tout ça quoi. J'ai pas envie de continuer à me faire des nœuds au cerveau, on est pas là pour ça. A la base la soirée était censée être fun. Pour s'amuser tous ensemble, profiter. Avant que nos correspondants ne retournent en Italie. Mon dieu. Rien que de penser à ça, ça me donne mal au coeur. Je n'ai pas envie que Gioia s'en aille. La soirée continue, mais je sens qu’il y a un truc qui coince. Autant de son côté que du mien. Tout à l'heure, j'étais à deux doigts de lui avouer un truc. De lui dire ce que j'ai ressenti pendant son baiser. Mais non. En réalité je ne sais pas trop quoi penser de tout ça, je suis perdue. Je sais pas trop ce que ça veut dire. Et en même temps j'ai pas envie que ça change quoi que ce soit entre nous. On est proches et notre amitié m'est précieuse, je n'ai pas envie de tout gâcher avec des conneries. Après tout on s'en fout de ce que j'ai pu ressentir non ? Je laisse tout ça dans un coin de mon coeur, et essaye de profiter un peu de la soirée. Je bois une nouvelle bière, tentant de faire comme si de rien n'était. Mais Gioia est étrangement distante, je le sens. Y'a un truc qui ne va pas. Et ça me fait chier. Parce que c'est tout ce que je voulais justement éviter. Tout mais pas ça. Je m'en fous que certaines filles de ma classe me cherchent des noises. Je peux tout endurer, ou au moins faire semblant, mais quand il s'agit de Gioia, tout est différent. Je la questionne du regard, cherchant à comprendre ce qui peut bien se passer dans sa tête. Est-ce que c'est à cause de tout à l'heure ? A cause de moi ? J'en sais rien, et c'est en train de me rendre dingue. Sans que je m'y attende, la brune me prend alors par la main pour me guider dans une autre pièce. Je sais même pas où on est, j'ai jamais mis les pieds ici même si je suis pourtant déjà venue chez Tom. La pièce ressemble à une espèce de buanderie, un peu sombre, avec des étagères de rangement un peu partout. « Bon dis moi. » Elle plante son regard dans le mien, et mon coeur s'emballe. « Tu voulais me dire quoi tout à l’heure ? » Alors c'est pour ça... Qu'est-ce que je peux bien lui dire moi maintenant ? « Rien d'important. » Je secoue un peu la tête sans assumer. Mais je comprends très vite dans son regard que Gioia ne compte pas lâcher l'affaire si facilement. Et merde. Pourquoi faut-il qu'elle soit aussi têtue quand elle s'y met ? Je sais qu'elle ne me laissera pas tranquille tant que je n'aurais pas craché le morceau. Il faut que je trouve quelque chose à dire. Un truc, n'importe quoi. Je soupire un peu, fuyant le regard en direction du sol. « Ce que Jenny a dit tout à l'heure avec cette histoire de prof... » Je grimace un peu. Je sais pas pourquoi, mais j'ai un peu honte maintenant. J'arrive pas à lui dire que c'est vrai. Comme si Gioia pouvait me voir d'un œil différent si je venais à lui avouer la vérité. On a jamais vraiment parlé de ça toutes les deux. « C'est pas vraiment ce que tu crois. » Pourtant, si. C'est exactement ce qu'elle croit. « Enfin bref, on s'en fout. » Je sais pas pourquoi mais j'assume pas.

Je déteste remuer un truc dans ma tête pendant des heures. C’est pas dans mon tempérament. Si quelque chose coince, je préfère le décoincer, quitte à ce que ça fasse mal, mais qu’au moins je sois fixée. Alors jouer à faire semblant que tout va bien pour faire plaisir à Maé, ça va une heure, mais pas plus. Finalement, je décide d’emmener ma correspondante dans une pièce où personne ne pourra nous voir ou nous entendre. Je veux savoir. Je sens que quelque chose cloche, et j’ai besoin de savoir ce que c’est. Je mets les pieds dans le plat directement, j’ai pas envie de passer par quatre chemins ou tourner autour du pot. Trop peu pour moi. « Rien d'important. »[/color] qu’elle me répond en essayant de me fuir du regard. Elle m’aura pas comme ça. C’est mort. Je pose mes deux mains sur mes hanches, arquant un sourcil, comme si clairement, j’allais pas la laisser me berner. Je suis pas conne, qu’elle s’essaie pas à jouer avec moi. « Ce que Jenny a dit tout à l'heure avec cette histoire de prof... » Cette fois je croise mes bras, mais ne la lâche pas des yeux pour autant, alors qu’elle, elle a fui mon regard depuis un moment déjà. « C'est pas vraiment ce que tu crois. Enfin bref, on s'en fout. » Je fronce les sourcils. « Non on s’en fout pas ! » J’y vais peut-être un peu fort, mais au moins elle me regarde. « Tu sais le nombre de personnes qui ont eu un crush pour un ou une prof pendant leur scolarité, t’as pas le monopole. Moi aussi j’avais des vues sur ma prof d’anglais l’année dernière. » Je hausse un peu les épaules, essayant de lui faire comprendre que y’a pas de mal à ça. « Alors quoi, c’est parce que c’est une prof que t’assumes pas ? Franchement, elle fait la maligne l’autre tepu là, mais j’suis sûre elle bave devant votre prof d’histoire. » faut dire il est canon, et fallait voir comment toutes les filles le regardaient. « Y’a autre chose que tu veux me dire ? Il s’est passé un truc avec elle ? Je m’en fous Maé sérieux, j’vais pas changer mon comportement avec toi juste parce que t’as eu un crush pour une de tes profs, et même si tu la kiffes encore… » Même si cette idée qui vient de poper dans ma tête me plait moyen, mais ça, je vais le garder pour moi. « Pourquoi t’es toute cheloue depuis tout à l’heure là ? » Faut qu’elle me dise parce que ça va me rendre dingue.

Gioia me confronte, et je ne sais plus trop où me mettre. Pourquoi ne peut-elle pas simplement profiter de la soirée comme si de rien n'était ? Bon ok, j'arrive pas à le faire non plus... mais c'est pas une raison. Du coup, je me retrouve un peu comme prise à mon propre piège. Je ne sais pas trop quoi lui dire pour qu'elle passe à autre chose. Et en même temps, si je lui dis vraiment pourquoi je suis bizarre, ça peut foutre le bordel. Entre nous je veux dire. Dans notre amitié, parce que dans ma tête c'est déjà suffisamment la merde. J'essaye de lui parler de cette histoire avec Rayan. Maintenant que Jenny a balancé l'info, je ne peux pas vraiment faire comme si de rien n'était. Et je sais pas, je ressens comme le besoin de me justifier. Comme si j'avais des comptes à rendre à ma correspondante. Pourtant, non. Cette histoire ne regarde que moi. Alors pourquoi ça me fait autant bizarre qu'elle soit désormais au courant ? « Non on s’en fout pas ! » Je relève la tête pour croiser finalement son regard. En vrai elle est trop mignonne quand elle fronce les sourcils comme ça. Elle avoue elle aussi avoir eu des vues sur sa prof d'anglais l'année dernière, et cette information n'est pas tombée dans l'oreille d'une sourde. Ça veut dire que potentiellement... ouais ça y est, dans ma tête, je me fais déjà des putains de films. Ça n'aide pas mon coeur à se calmer tout ça. Oui, j'assume pas. Enfin pas totalement. Et alors ? On sait jamais trop comment les gens peuvent réagir alors bon. Même si ok, j'suis rassurée maintenant. Je sais que l'italienne ne me jugera pas sur ça. « Y’a autre chose que tu veux me dire ? Il s’est passé un truc avec elle ? » Je secoue instinctivement la tête à la négative. « Je m’en fous Maé sérieux, j’vais pas changer mon comportement avec toi juste parce que t’as eu un crush pour une de tes profs, et même si tu la kiffes encore… » Non, c'est fini tout ça. Rayan, je l'aime bien. Ça restera toujours Rayan quoi, mais avec tout ce qui s'est passé, voilà quoi. « Pourquoi t’es toute cheloue depuis tout à l’heure là ? » Elle ne lâchera pas l'affaire si facilement. « J'suis pas chelou. » A mon tour de froncer un peu les sourcils légèrement sur la défensive. Bon ok, peut-être que si. Mais juste un peu alors. Et en réalité c'est pas vraiment pour ça que je le suis. « C'est juste que... » Faut qu'elle arrête de me regarder comme ça, ça ne fait qu'empirer les choses. Le souvenir de notre baiser passe en boucle dans mon esprit. Je respire un grand coup essayant de chercher un peu mes mots. Mais la seule chose qui me vient en tête, là, tout de suite, c'est l'envie de recommencer. Sans réfléchir plus longtemps, je viens réduire la distance qui nous sépare, posant délicatement mes lèvres sur les siennes. Les actes valent bien plus que les mots n'est-ce-pas ? Voilà ce que j'avais à lui dire d'autre.