Shake the room with that boom - feat. Meg

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Il y avait des trucs que tu ne pensais plus avoir à refaire dans ta vie. Jamais ! Comme là, ça et maintenant. Pourtant tu y étais et personne ne t’avais forcée. D’ailleurs, c’était peut-être bien car tu avais pris seule le choix d’accepter le deal de Leona Swanson, que tu vivais mieux cet étrange retour en arrière. Car tu agissais à ton avantage. Tu avais un but en tête et - clairement - lorsque tu savais ce que tu voulais, tu t’en donnais les moyens ! Ce qui - clairement également - semblait bien arranger la grande musicienne. Elle n’en perdait pas une. That bitch. Se faire désirer de la sorte était un art que tu ne connaissais que trop bien. Enfin bref.

Au volant de ta voiture (assez rare pour être mentionné), stationnée devant la demeure, tu observes ce à quoi tu as affaire. Une bâtisse plutôt imposante au charme certain. Il y a des parterres de fleurs particulièrement bien entretenus, une herbe fraîche et coupée de manière égale. Des haies taillées avec soin et une petite enseigne en bois près de la porte d’entrée. Tu n’arrives pas à lire d’où tu es mais tu devines un classique “Welcome” ou “Home sweet home”. Tu inspires et souffles un grand coup. Tu jettes un oeil à ton visage dans le reflet du rétroviseur et ajustes du bout de l’auriculaire le trait de ton rouge à lèvre à la couleur assez neutre. Une main dans les cheveux et c’est parti. Tu sors, tu attrapes un luxueux sac de sport sur la banquette arrière. Tu le passes sur ton épaule et embarques ta propre barre en partie rétractée. Une fois les deux portières de voiture refermées et le véhicule verrouillé, tu empruntes la petite allée te menant à la porte principale. Tu repenses une dernière fois à ce que tu convoites : ce foutu générique. Leona a intérêt à finir par craquer où ta vengeance serait salée. Soit. Appuyée nonchalamment sur ta barre, tu sonnes et tu attends.

Il ne faut quelque quelques secondes pour que la porte s’ouvre et dévoile une frêle silhouette. Une femme blonde, pomponnée comme un dimanche de messe et le sourire à l’innocence que tu ne connais plus depuis longtemps. Ok this  must be a joke … Tu lâches un petit rire face au tableau qui se dessine. “Hi ! I have a special delivery for Meg Barnes …” Tu restes là un instant, sans bouger, impatiente de voir si tu fais face à la bonne, la nounou ou l’éventuelle intéressée.

Tu as pris ta matinée pour te pencher sur les documents administratifs de l’association. Depuis chez toi, dans le calme de la maison vide, il t’es beaucoup plus aisé de te concentrer. Tu sais pertinemment qu’une fois arrivée à l’hôpital, tu ne pourrais pas résister à l’appel de tes petits malades, et qu’une minute par ici, une autre par-là, se transformeront très vite en des heures envolées. Et si tu ne considères pas ce temps comme perdu, jamais, c’est après tout le cœur de ce que tu fais, il est crucial que tu puisses terminer de lire cet appel à projet qui pourrait vous être très bénéfique, dans le long terme.

C’est donc vêtue d’une robe portefeuille en lin, et tes lunettes de lecture vissées sur ton nez que tu essaies de te concentrer, assise à la table de la cuisine. Tu n’as pas l’habitude de voir le monde à travers ces montures, mais elles sont la marque indéniable du temps sur ton corps. Sans elles, il te faudrait un bras à rallonge pour réussir à déchiffrer de simples phrases. Tu sursautes en entendant la sonnette de la porte d’entrée, mais t’empresses de sauter sur tes pieds nus pour aller ouvrir. Tes lunettes dans une main, l’autre remettant en place tes mèches blondes, tu te demandes qui peut bien débarquer chez toi à cette heure-ci. Il est beaucoup trop tôt pour que Lise ne pointe le bout de son nez et elle ne sonnerait de toute façon pas. Les enfants sont à l’école, Mark à l’hôpital. Non, tu devais résolument seule ce matin.

Sur le perron, tu découvres une brune, pas plus grande que toi, mais dont le charisme et la prestance te feraient presque reculer. Un peu impressionnée, tu lui souris. « Hi ! I have a special delivery for Meg Barnes. » Un sourcil arqué, tu réponds, quelque peu destabilisée : « Yes ? This is she. » Tu ne peux t’empêcher de te dire qu’elle n’a pas le look d’une livreuse, et que si elle n’avait pas été une femme, tu te serais probablement inquiétée. « I’m sorry… I don’t think I’m expecting anything today ? »  

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Le regard dans lequel tu as plongé le tien, hésite. Tu ne bouges pas, attends sa réponse. « Yes ? This is she. » Ok. This is going to be interesting … Tu ne peux empêcher un sourire amusé de venir étirer le coin de tes lèvres. Amusé et peut-être un peu agacé également … Car - évidemment - tu allais devoir te coltiner ‘Maman Gâteau’ et - évidemment - celle-ci n’était au courant de rien. « I’m sorry… I don’t think I’m expecting anything today ? » Tu inspires profondément et fini par bouger. D’un pas plutôt assuré, tu soulèves ta barre et te laisses entrer dans la demeure sans vraiment y avoir été invitée. “Well then she wanted this to be a ‘fun’ little surprise.”

Tu t’arrêtes au milieu du hall d’entrée et te retournes vers Meg, probablement encore un peu déstabilisée de ta présence et ton entrée. “Where can I put all of this ? It’s pretty heavy.” Affirmes-tu comme pour sommer ton hôte forcée de se dépêcher un peu. Tu n’as clairement plus l’habitude de porter quoi que ce soit toute seule et tu n’as pas envie de te faire une luxation de l’épaule. “Oh and we’ll need a pretty empty room. Or a large one. With solid ceiling fondation” Une fois encore, le silence résonne … Il faut dire que c’est un peu le clash des cultures. Autour de toi, et laissant ton regard percer au travers de l’une ou l’autre pièce non loin, tu repères des photos dans de jolis cadres, des dessins d’enfants, des paires de chaussures bien rangées et trop de plantes pour qu’il soit impossible d’oublier d’en arroser une … Pas vraiment ton monde, ton univers. Ni l’actuel ni le passé. “Yes, sorry, I’m Gabrielle sent by Leona …” Oui car tu en oubliais presque l’essentiel. Dans ta petite bulle hermétique, tu ne prenais plus le temps de te présenter à qui que ce soit. “I’m here to teach you Pole Dancing.” Tu laisses ton regard glisser de haut en bas sur la silhouette de Meg avant d’ajouter sans vraiment t’en rendre compte “Or at least, try to …”

Tu laisses ta lèvres inférieure délicatement rouler sous tes dents, plus par impatience que délectation de quoi que ce soit. Un haussement de sourcil vient appuyer ton ressenti avant que tu n’exprimes une nouvelle fois ton impatience. “Ok, lady, let’s go ! Let’s move. Chop chop ! I’m not gonna stay in this hallway for hours. And If your trying to find a way to get out of this, know that I have strict instructions … I’m not leaving.” Cette fois c’est un sourire éclatant et peut-être un peu carnassier qui illumine ton visage.  

Sans que tu ne puisses rien y faire, la brune s’engouffre chez toi. Une part de toi ne peut s’empêcher de se demander si la maison est en ordre, la peur du jugement de l’inconnue remplaçant, l’espace d’un instant, la confusion. Evidemment, tout est impeccable, comme d’habitude. “Well then she wanted this to be a ‘fun’ little surprise.” Tu ne comprends pas. En te retournant vers la voix qui te parle, tu demandes à demi-mot : « She did ? »  Tu es totalement décontenancée, chose qui devrait te faire peur. Comme gelée sur place, tu te protestes pas plus que ça en voyant quelqu’un que tu ne connais ni d’Eve ni d’Adam s’introduit au cœur de ton foyer.

“Where can I put all of this ? It’s pretty heavy.” Le désarroi doit se lire sur ton visage. Tu ne réagis d’ailleurs pas, ce n’est de toute façon pas comme si tu étais plus forte que ton invitée surprise. “Oh and we’ll need a pretty empty room. Or a large one. With solid ceiling fondation” Un peu machinalement et sans vraiment réfléchir, tu lui dis : « Erm… Yeah, I have a garage that sounds like that. » Tu ne veux pas lui donner le code de ta carte bleue et lui indiquer où tu caches tes bijoux, aussi ? Tu finis tout de même par reprendre tes esprits. En faisant un mouvement brusque de tes mains crispées, tu l’arrêtes. « Wait… Stop. Who are you ? What are you doing here ? »  Tu aurais peut-être pu être plus polie, mais au diable les ronds de jambe. “Yes, sorry, I’m Gabrielle sent by Leona …” Leona, qui d’autre ? Tu ne sais pas à quelle sauce tu vas être mangée, mais ça ne prédit rien qui vaille. “I’m here to teach you Pole Dancing, or at least, try to …” Tu manques de d’étouffer. « You’re WHAT ? » Oh non. Il en est tout bonnement hors de question. La brune va t’entendre. Tu l’imagines déjà, hilare, à exiger une démonstration.

“Ok, lady, let’s go ! Let’s move. Chop chop ! I’m not gonna stay in this hallway for hours. And If your trying to find a way to get out of this, know that I have strict instructions … I’m not leaving.” Tu deposes tes lunettes sur la commode de l’entrée et bafouilles : « Ok, fine, follow me. »  Malgré tout, tu ne lui proposes pas de la décharger et de partager le poids de ses sacs. N’exagérons rien. Tu la conduis en silence jusqu’au grand garage, désormais à moitié vide de la voiture et des affaires de Mark. T’appuyant contre une desserte, tu passes une main sur ton front, te demandant comment tu vas bien pouvoir te sortir de là. En croisant les bras sur ta poitrine, tu tentes d’expliquer : « Look, »  Tu as comme l’impression, avant même d’entamer ta phrase, que c’est peine perdue. « I’m really sorry to be wasting your time, and I’m sure you’re a great teacher. But this is not happening. »  Non seulement tu n’oserais jamais, mais en plus tu n’en as pas envie. « What did she promise you ? Money ? »  Sex ? Avec elle tu ne sais pas. Mais s’il faut payer ladite Gabrielle pour qu’elle s’en aille aussi vite qu’elle est venue en prétendant t’avoir donné ce fameux cours… Tu n’es pas contre.

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Il avait fallu un petit moment et quelques incitations peu subtiles de ta part pour qu’enfin la mère de famille te réponde et atterrisse. « Erm… Yeah, I have a garage that sounds like that. » Tu réfléchis et finis par acquiescer en une moue sans joie particulière. “That’ll do, I guess” Ce n’était pas ce qu’il y avait de plus fancy et cela te changerait clairement de tes habitudes mais bon. A la guerre comme à la guerre, pas vrai ? “Hope it’s heated !” Grommelles-tu dans ta barbe, tant pour ton confort personnel que celui de la situation. Ce cours n’allait clairement pas se dérouler en jogging et hoodie, que les choses soient bien claires.

Meg fini également par enfin te questionner quant à ton identité. Cette fois tu ne peux te retenir de lâcher un petit sourire amusé. Il était temps ! Tu aurais aisément pu la tuer 3 ou 4 fois si tu avais été engagée pour autre chose que de la danse exotique. Ainsi et sans le mentionner, tu espérais sincèrement pour la quadra que ceci lui serve de leçon pour une prochaine fois. Mais pour aujourd’hui, ton nom ainsi que celui de Leona avaient été donnés. A l’entente de ce dernier, les yeux de Meg font le tour de leur orbite. De l’agacement mais pas vraiment de surprise. Oh well … ces deux là devaient entretenir une bien drôle de relation et très franchement : cela ne te regardait pas. Tu étais là par pur égoïsme et ne pensais qu’à ta récompense !

L’annonce du reste a beaucoup plus d’impact. « You’re WHAT ? » La frêle silhouette te faisant face se raidit mais tu ne lui laisses pas le temps de se laisser envahir par l’émotion. Tu coupes court et enclenches un mouvement avec détermination. A ce rythme, vous seriez toujours là demain à débattre et - once again - tu n’avais pas que ça à faire. A nouveau surprise par ton assurance et emportée dans ton élan, Meg suit. Ou plutôt : ouvre la marche en bafouillant : « Ok, fine, follow me. » . Meg passe le seuil du garage, se décolle pour te laisser entrer et reste plantée là, près de la porte, visiblement sur la défensive. « Look, » Tu laisses enfin tomber ton sac et te mets à dévisser ta barre doublant très rapidement de taille. « I’m really sorry to be wasting your time, and I’m sure you’re a great teacher. But this is not happening. »  Leona t’avait prévenue. Et puis tu aurais tout aussi bien pu l’imaginer. Ton élève forcée n’était pas prête. Pas l’envie. Pourtant, tu continues d’installer ton matériel. En quelques secondes à peine et d’un geste expert, la pole est fixée par pression entre sol et plafond. Tu t’arrêtes pour observer et tester son bon maintien. Là tout de suite, tu es plus étonnée et fascinée par ta propre maitrise du geste que le bla-bla de Meg dans ton dos. Il fallait dire que tu n’avais plus fait ça depuis plus d’une décennie ! « What did she promise you ? Money ? »  Tu te retournes venant de nouveau faire face à ton hôte. Tu te rapproches d’elle et te plantes tout à ses côtés, contre l’encadrement de la porte du garage que tu viens soigneusement refermer derrière vous. Le deal est scellé. “First of all, I’m not a teacher. This is a one time thing, I’ll forget about it right after and I suggest you do the same. Or not … your call !” Ton regard hypnotisant ne lâche pas celui, bien plus mal à l’aise, de Meg. “Second of all, I told you earlier that I was not leaving. So spare us some time and your energy. You’ll need it.” Tu clignes et quittes ton poste non sans venir légèrement bousculer de l’épaule la mère de famille. “And finally, this is not about money. Believe me I wouldn’t be here if I knew how to get what I want differently.”

Au milieu du garage, tu tournes sur toi-même avant d’ouvrir grand tes deux bras. Cette fois, tu laisses enfin un sourire venir éclairer ton visage. Voilà qui devrait faire du bien à Meg et peut-être la rassurer. Tu n’avais pas plus envie qu’elle d’être là mais tu ne bougerais pas. Alors autant essayer d’en profiter. “Come on ! Don’t sweat it ! Let’s do this ! Have fun, get loose, get wild. Who cares ?! We don’t even know each other, right ?” Tu te penches vers ton sac, ouvres la fermeture éclaire et commences par sortir ton enceinte préalablement rechargée. Tu choisis un morceau de musique sur ton téléphone et laisses l’ambiance s’emparer de la pièce. Tu replonges dans ton sac et sors une paire de talons plutôt vertigineux mais par autant des plus vulgaires. Tu fais glisser les deux chaussures aux pieds de Meg “She gave me your size, this should fit.” Levant ensuite un index en signe d’éclair soudain, tu ajoutes “Oh, and you’ll need to show me a little bit more skin. You need to stick to that pole. Not slide. Or else you’ll break your neck” Petit silence “That’d be a shame” …  

Passées l’apathie et la confusion, tu as désormais décidé de bouder. Tu refuses de participer à une énième farce de Leona qui ne semble avoir que deux choses en tête : te torturer et que tu cèdes à ses avances. Peut-être les deux en même temps, d’ailleurs. Tu as du mal à la comprendre… Tu te dis parfois que c’est sa façon à elle de gérer ses élans de jalousie qui n’a pas lieu d’être ? Ou simplement qu’elle est comme ça, et que tu dois renoncer à essayer de déchiffrer ses actions.

Gabrielle s’approche de toi, visiblement décidée à mettre les choses au clair, mais tu restes impassible.“First of all, I’m not a teacher. This is a one-time thing, I’ll forget about it right after and I suggest you do the same. Or not … your call !” Du moins tu tentes de l’être. Tu la trouves tout de même gonflée de s’imposer ainsi, chez toi. Mais c’est surtout toi que tu trouves un peu pitoyable de la laisser faire. “Second of all, I told you earlier that I was not leaving. So spare us some time and your energy. You’ll need it.” L’espace d’une seconde, tu considères l’option d’appeler la police. Ce serait radical, au moins… Mais que pourrais-tu bien leur dire ? Au secours, j’ai une femme qui veut me forcer à faire de la pole dance dans mon garage ? Niveau crédibilité, on fait mieux. “And finally, this is not about money. Believe me I wouldn’t be here if I knew how to get what I want differently.” Sans grande conviction, parce qu’elle a l’air très sérieuse dans ce qu’elle dit, tu essaies : « Alright then. I’ll tell her it’s done, pretend I loved it and you were brilliant ! There you go ! » Car après tout, comment pourrait-elle vérifier ?


“Come on ! Don’t sweat it ! Let’s do this ! Have fun, get loose, get wild. Who cares ?! We don’t even know each other, right ?” En la voyant tournoyer sur elle-même, tu esquisses un sourire. Il est vrai qu’elle respire la confiance et l’assurance. “She gave me your size, this should fit.” Un pas en avant, deux pas en arrière. Il est hors de question que tu enfiles ces chaussures. “Oh, and you’ll need to show me a little bit more skin. You need to stick to that pole. Not slide. Or else you’ll break your neck” Il te faut quelques secondes pour réaliser ce qu’elle te demande. “That’d be a shame” Logique après tout, tu aurais dû te méfier, mais l’idée ne t’avait pas traversé l’esprit. Comme par réflexe, tu baisses la tête et tes yeux se promènent le long de tes jambes, sur le tissus de ta robe jusqu’à ta poitrine. Finalement, c’est en croisant à nouveau le regard de la danseuse que tu comprends que tu n’auras jamais l’ascendant sur la situation.

Alors tu te résignes. « Fine. I’ll be right back. » Dans ta voix, il est impossible de lire le moindre entrain, la plus petite once d’enthousiasme. Tu tournes les talons direction ta chambre à coucher, et te disant que si tout ceci était un stratagème pour te cambrioler… Tu viens probablement de perdre gros. De ton armoire, tu extirpes un shorty et une brassière de sport que tu enfiles après avoir déposé tes vêtements sur le lit. Il ne te faut que quelques minutes pour la rejoindre. « Don’t argue. You’re not getting anything better than this. »  Si elle s’attendait à des sous-vêtement en dentelle ou un string affriolant, elle a clairement frappé à la mauvaise porte. Elle a droit à une tenue de sport, qui n’a d’ailleurs rien à faire dans ta penderie, et tu n’es pas prête à négocier. « And I’m not wearing the shoes. Breaking my ankle is not on my schedule today. »  Une moue semble avoir élu domicile sur ta bouche. Alors, what now ?

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L’argumentation et la bataille trainent encore un peu. Techniquement, la capitulation de Meg est assez rapide au vu des circonstances. Il fallait dire que tu avais ta ‘petite’ personnalité bien rodée et l’art de manier l’imposition comme personne ! Cela dit, ce chit-chat inutile te lasse très vite. Heureusement pour la gentille mère de famille, elle craque avant que tu ne commences à t’énerver. « Fine. I’ll be right back. » Tu peux bien entendre à la monotonie de sa voix, qu’elle râle ! Son visage ronchon se retourne et disparait le temps d’aller se changer tel que suggéré. Finally ! Pendant que Meg est allée enfiler une tenue plus appropriée, tu en profites pour t’adonner à quelques étirements précis, histoire d’échauffer la machine. Seule dans ce garage, tu dis que tu es peut-être allée trop loin … Tu n’as plus vraiment ondulé ton corps autour d’une barre depuis ce qui te semblait être un millénaire. Il allait falloir assurer et surtout ne rien laisser transparaitre.

Le retour de ton invitée forcée se signe par un nouveau ronchonnement : « Don’t argue. You’re not getting anything better than this. » Tu t’octroies quelques longues secondes afin observer sa silhouette. En détail. “Ok. I can work with that” Et bien évidemment, tu ne parlais pas de vêtements. Concernant ceux-ci, tu valides le choix : shorty et brassière de sport. C’était parfait. D’ailleurs, tu en profites pour ôter ton propre haut ainsi que ton pantalon de jogging griffé. Arborant l’exact même type de tenue, tu te permets de remettre la blonde en place : “I’m not a stripper. I’m not asking for a thong and glittery nipple covers. Look around, “mom” : No one here ’s gonna slip you dollar bills in weird places, ok ? So yet again : Relax !!” Tu aurais pu imaginer laisser passer, ignorer et réellement insuffler à cet endroit, un sentiment de sérénité. Oui mais … ce serait mal te connaitre. Meg pouvait bien induire ce qu’elle voulait, elle apprendrait tout aussi vite que tu serais là pour lui répondre à la volée sans exception. No attitude welcome !

« And I’m not wearing the shoes. Breaking my ankle is not on my schedule today. »  Tu lèves les yeux au ciel, inspires longuement avant d’expirer bruyamment. Sur le ton d’une mère de famille nombreuse épuisée mais particulièrement assurée, tu réponds : “Put the damn shoes on. You’re gonna be fine. So are your ankles.” Tu te penches à nouveau pour ressortir de ton immense sac, ta propre paire. Tu les enfiles avec aisance déconcertante et t’approches de Meg d’une démarche assurée et chaloupée. “It’s not really about the shoes themselves. It’s all about confidence. And it will help with that terrible posture of yours” Alliant le geste à la parole, tu réduis l’espace te séparant de la femme au foyer, à néant. Venant appuyer une main sur le haut de sa poitrine pour ouvrir sa cage thoracique, et pressant l’autre à hauteur de ses reins; tu la forces à se redresser considérablement. “See ?!” “Plus, it will help you get into character. … I think you’ll need it” Tu lâches ton emprise et retournes vers la barre le temps qu’elle s’exécute. Tu hausses légèrement le volume de la musique, te laissant finalement prendre au jeu de cette leçon particulière. “Watch !” Ta première main s’appose sur le métal froid. Puis la seconde. A peine deux tours de chauffe et tes pieds décollent du sol. Tu sens tes muscles se contracter. Si tu travailles maintenant depuis des années à sculpter ton corps pour tenter d’effacer les traces du temps qui passe, il n’en reste pas moins que l’activité de cette danse unique est rude ! En quelques secondes, tu te rappelles de la force qu’il fallait avoir ainsi que de la douleur. Ta peau frotte et brule contre la pole. Cela allait laisser des marques. Des ecchymoses. Comme à tes débuts. Pourtant, tes mouvements sont encore maitrisés. Ils ont perdus de leur précision mais tu te rassures quant à ton niveau. You still got it !

Terminant deux trois enchainement de poses, tu reprends place aux côtés de ta barre, debout, et dos appuyé contre celle-ci. Ton regard croise celui de Meg. “Don’t worry, we’ll start easy …” Tant est que “facile” soit un mot que l’on puisse associer à la discipline. “First of all, I want you to walk around. Feel the energy !” Te décollant de ton appuis, tu montres par l’exemple, déambulant à ton aise dans l’espace vous étant consacré. “Make that garage your bitch !” Tu continues ta parade, emportant Meg dans ton sillage. “Forget about everything ! Be someone new. Just for today. Tell me : Who are you ?” Face au silence et à l’hésitation comme seul écho, tu insistes en élevant la voix et plantant tes iris dans celle de ton élève : “Who are you ?! Tell me your name, your story ! And I want you to end it by getting around that pole and freestyle. Just around it. No flying stuff for now. Just get to know your new friend …” Bien que le ton dont tu fasses usage soit toujours emprunt d’autant d’assurance un peu brutale, il est également plus entrainant. Si Meg devait se lâcher et abandonner les armes, il en était en partie pareil pour toi. Au final, ce rôle t’amusait peut-être un plus que prévu … mais tu te garderais bien de l’avouer à Leona ! 

“Ok. I can work with that” Tu t’es rarement sentie aussi nue et vulnérable qu’à cet instant. Ses yeux détaillent le moindre centimètre carré de ta peau alors que ton souffle se coupe et que tout ton corps crie please make it stop. “I’m not a stripper. I’m not asking for a thong and glittery nipple covers. Look around, “mom” : No one here ’s gonna slip you dollar bills in weird places, ok ? So yet again : Relax !!” Ce n’est pas en te répétant de te calmer et de te détendre que tu vas y arriver. Il va bien falloir que Gabrielle s’y fasse, tu n’es pas dans ta zone de confort et ce n’est pas près de s’arranger. Sur la défensive, tu réponds alors : « Well, I don’t know who you are. » Et c’est vrai. Sans vouloir la vexer, qui te dit qu’elle n’est pas strip-teaseuse. Tout ce que tu sais d’elle c’est qu’elle est envoyée par Leona et qu’elle ne s’est pas gênée pour entrer chez toi. Rien qui ne joue en sa faveur, en somme.

Tu comprends rapidement que tu ne réussirais pas à esquiver les chaussures. Tu ne sais pas vraiment pourquoi tu réagis de la sorte. Elle est chez toi, tu étais occupée, mais pourtant elle t’intimide beaucoup trop pour que tu réussisses à t’en débarrasser. “It’s not really about the shoes themselves. It’s all about confidence. And it will help with that terrible posture of yours” Tu t’apprêtes à protester une nouvelle fois quand sur sens ses mains sur ta cage thoracique, puis ton dos, et que ton corps te trahit en lui obéissant au doigt et à l’œil. “See ?!” Tu soupires, sans même essayer de masquer ton agacement. “Plus, it will help you get into character. … I think you’ll need it” Pinçant les lèvres et ravalant ton amertume, tu te baisses pour ramasser les fameux souliers et les enfiles difficilement. “Watch !” Levant la tête en essayant de trouver un semblant d’équilibre, précaire et inconfortable, tu l’observes à ton tour. Sur ton visage on peut clairement lire que tu es impressionnée par les mouvements de Gabrielle, tu te demandes avec incrédulité si elle a l’intention de te faire reproduire une routine similaire. Si c’est le cas, tu lui souhaites bon courage.

“Don’t worry, we’ll start easy …” Elle semble lire dans tes pensées, ou bien l’inquiétude se lit vraiment sur tes traits comme dans un livre ouvert. “First of all, I want you to walk around. Feel the energy !” Tu t’attendais à contester l’instruction, la trouvant beaucoup trop compliquée… Mais marcher, jusque-là tu devrais pouvoir le faire. Tu ne vas pas très vite, évidemment, perchée sur des plateforme que tu n’aurais même pas osé porter à l’université. Suivant son sillages et essayant d’imiter son pas assuré, tu sursautes en entendant son : “Make that garage your bitch !” Qu’elle laisse ton garage tranquille, il n’a rien demandé à personne. Et puis qu’est-ce que ça veut dire ça ? Il est évident que ta professeure du jour et toi êtes à des années lumières l’une de l’autre. “Forget about everything ! Be someone new. Just for today. Tell me : Who are you ?” Tu fermes les yeux, essayant de te concentrer sur tes pas et d’ouvrir ton esprit à toutes les possibilités qui s’offrent à toi, aussi effrayantes puissent-elles être.

“Who are you ?! Tell me your name, your story ! And I want you to end it by getting around that pole and freestyle. Just around it. No flying stuff for now. Just get to know your new friend …” La frustration grandit en toi, et tu es incapable de retenir tes mots. « What do you mean who are you ? I’m Meg, what else do you want ? My social security number ? » Aussitôt tu regrettes de t’être emportée. Ca ne te ressemble pas de mettre autant de mauvaise volonté dans quelque chose, mais tu n’as pas non plus l’habitude de te voir imposer pareilles activités. « Look. I know what you’re trying to do, and I can tell that it’s how it should be. » Dans une autre vie, si tu t’étais inscrite à un vrai cours de pole dance, tu aurais aimé une instructrice comme Gabrielle. Quelqu’un qui respire l’assurance et qui le transmet à ses élèves, qui t’aide à te sentir mieux dans ton corps. « But the whole attitude, confidence thing, that’s too much to ask for today. » Tes yeux se font Presque suppliant. Tu as besoin qu’elle comprenne qu’il ne faut pas te pousser trop loin. Tu es à fleur de peau, stressée et épuisée, et tu ne sais pas jusqu’où tu supporterais qu’on te bouscule. « Just teach me some things. Some moves. I promise I’ll try my best. » Hochant la tête pour appuyer ton propos, voilà ta promesse, ton contrat. Tu arrêtes de rechigner si elle tone everything down.

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D’un pas mal assuré, Meg tente de t’imiter. Elle s’efforce, tant bien que mal, de suivre et de se mettre dans l’état d’esprit de l’activité surprise. Très clairement - et malgré ton enthousiasme violent - cela ne fonctionne pas. « What do you mean who are you ? I’m Meg, what else do you want ? My social security number ? » Elle craque. S’arrête. Te répond. Sa voix porte et l’agacement n’est plus uniquement une ombre timide flottant dans l’air, mais bel et bien un ressenti assumé. Tu te figes à ton tour et l’observes. Contrairement à toute attente, ton visage ne se ferme pas. Nul énervement au compteur. A l’inverse, ton visage s’illumine d’un large sourire : “There you go ! Finally some real gut in you ! Let that temper out !” Enfin “temper” était un bien grand mot. Et soyons clairs, tu étais du genre bien parée et plus que solidement équipée pour affronter la vaguelette naissant au creux du ventre de la mère de famille. « Look. I know what you’re trying to do, and I can tell that it’s how it should be. » Mains déposées sur tes hanches, pose assurée et regard transperçant, tu continues d’écouter. Pas de surprise jusqu’ici. Elle a osé grogner une fois et maintenant, le gentil chien-chien se sentirait plus à l’aise en rentrant dans sa niche. « But the whole attitude, confidence thing, that’s too much to ask for today. » A l’observer et à l’entendre, le supplice semble réel. Tu la pousses dans ses retranchements et ça fait mal. Ça chamboule. C’est bien là le but.  « Just teach me some things. Some moves. I promise I’ll try my best. » La moue presqu’enfantine ne fonctionne pas sur toi. Tu lèves les yeux au ciel dans un mélange d’agacement et de … pitié ? Surement.

Tu aurais tout aussi bien pu acquiescer et en finir en 30 minutes à peine. Mais pour une étrange raison dont tu ne peux encore vraiment pointer la source, tu insistes : “Bullshit ! What’s different about today than yesterday or tomorrow ? I see your life, I can imagine it all in a few seconds.” Tu lâches tes hanches et te rapproches de Meg dont la posture a de nouveau perdu de sa prestance. Reposant tes mains, exactement au même endroit que la première fois, tu la redresses à nouveau avec fermeté. “Stand tall woman !” Tu esquisses un pas en arrière, inclines légèrement la tête de côté et ajoutes : “Listen ! Swanson clearly sent me here as a bad joke. Wouldn’t it be so satisfying for you to prove her wrong ? To own this like no other pathetic moment in the slow days of your weak ?” Les mots sont forts, dérangeants, impolis. Ils sont là pour titiller un peu plus le caniche énervé de tout à l’heure.

Tu ne t’acharnerais probablement pas des heures. Et si Meg décidait de passer à côté de la leçon et des perches tendues, c’était tant pis pour elle. Tu ne ferais pas marche arrière. Mais tant que ta bonté passagère te le permettait, il aurait été très stupide de passer à côté. Il ne restait plus qu’à voir si la frêle quadra prendrait le risque de sauter le pas. Tu te remets en mouvement, pas assurée et en rythme avec la musique qui n’a de cesse de tourner. Lançant un regard par dessus ton épaule, tu t’impatientes : “I’m waiting …” Les talons claquent. Pas de relâchement. “So let’s try this again : who the hell are you ?!” Time for Meg to let her warrior roar. Oserait-elle seulement enfin respirer et “être” ? 

“Bullshit ! What’s different about today than yesterday or tomorrow ? I see your life, I can imagine it all in a few seconds.” Piquée au vif, tu serres les dents sans toutefois relever la tête. « You know nothing about my life. » Oh ce que c’est facile de faire des suppositions. La white picket fence, les 3 enfants… Il ne manque plus que le chien qui dort à l’ombre d’un arbre pour compléter le tableau de la famille américaine moyenne qu’on peut voir dans les nombreuses propagandes du parti républicain. Pourtant, il suffit de gratter un tout petit peu la surface de la toile, juste comme ça du bout de l’ongle, pour que toute la peinture vole en éclat, révélant des couches et des couches de pigments en bataille. Elle pénètre à nouveau dans ton espace personnel, envahissant ta zone de confort et posant à nouveau ses mains sur ton corps. “Stand tall woman !” Ce n’est pas de gaité de cœur que tu te redresses, encore une fois.

“Listen ! Swanson clearly sent me here as a bad joke. Wouldn’t it be so satisfying for you to prove her wrong ? To own this like no other pathetic moment in the slow days of your week ?” Tu ne vois pas du tout ce que ça lui prouverait. De ton point de vue, tu es perdante quoi que tu fasses. Si tu trouves un moyen de faire partir l’inconnue qui a débarqué chez toi, elle t’accusera de n’avoir aucun sens du fun, d’être coincée et ennuyeuse. Si tu cèdes, elle ne pourra se défaire d’un sourire satisfait qui dit ‘J’ai gagné’. Et ce ne serait même pas ça le pire… Elle t’exigera une démo, c’est évident. “I’m waiting …” Tu as envie de lui crier de te laisser 30 secondes de réflexion. Juste un peu de silence et de paix. C’est trop demander ? Tu as besoin de trouver une stratégie, et ce n’est pas avec ses yeux qui criblent ta peau de balles de plomb que tu vas réussir. La musique te martèle les oreilles. Pourquoi ne peut-on pas te laisser tranquille ?

“So let’s try this again : who the hell are you ?!” Tu la sens tourner autour de toi, les talons qui claquent contre le béton. Même les yeux fermés tu ne peux y échapper. Du bout des lèvres, tu murmures les mots que tu as si souvent entendus de la bouche de ta grand-mère. « ¡Venga, Margarita! » Sans décoller tes pieds du sol, tu bouges frénétiquement les jambes, assouplissant tes genoux. Tes poings serrés se fixent sur tes hanches, dans la position du super-héros que tu obligeais ta team à adopter avant chaque performance. Tu avais lu quelque part que ça stimulait la confiance. Avant d’ouvrir les yeux, tu te projettes 25 ans en arrière, à la recherche d’une Meg en uniforme à jupette et grandes chaussettes. Tu viens d’être nommée capitaine, et c’est le premier grand match de la saison. Le moment pour toi de faire tes preuves, de savoir si votre travail collectif a payé, si ton enthousiasme et ta passion ont su être suffisamment communicatifs pour rayonner dans tout le stade. Au rythme de la musique et des applaudissements, ton cœur bat la chamade, mais tu es prête. « Let’s go. » Tu plantes des prunelles déterminées dans celles de Gabrielle avant de te remettre à marcher.

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Tu t’imposes. Tu en imposes tout court d’ailleurs. Tu la bouscules. Verbalement. Physiquement, un peu également. Mais ce sont surtout tes mots que tu lances comme des uppercuts. Décoincer maman gâteau relevait du défi. Et si celui-ci se montrait trop ambitieux, tu finirais vite par lâcher les armes et disparaitre. Tu savais choisir tes batailles et si la course ou le challenge avait généralement de quoi te pincer l’égo et titiller ton esprit de compétition, il n’y avait ici, absolument rien à retirer pour toi (enfin presque). Alors, soit Meg accrochait rapidement son wagon au tien, soit tu lui rendais sa liberté et son ennui de première classe. « You know nothing about my life. » Tu lèves les yeux au ciel comme on laisse un enfant boudeur râler dans son coin. “Sure Honey, If you say so …” . Aussitôt cette inutile interruption balayée d’un revers d’attitude, tu relances - une dernière fois - la machine.

La musique reprend le lead, vous offrant le tempo. Tu redresses le corps de la mère de famille, ta démarches s’envole et tu l’interpèles pour “the last call”. Soudain, contre toute attente, Barnes reste droite. Venant flanquer ses poings sur ses hanches, elle élève même le menton et fermes les yeux. Bien ! Enfin ! « ¡Venga, Margarita! » Ça c’est la surprise du jour ! Tu t’arrêtes en plein élan, mine interloquée mais ne pouvant réprimer un rire muet à la vision de cette étrange concentration et de ses guiboles maigrelettes en mouvement. “Dear God, is she gonna take off and fly away now ?” Les mots passent à peine la barrière de tes lèvres. Un murmure tout au plus. Une pensée plus bruyante que prévu. Les paupières de Meg s’ouvrent à nouveau et c’est un regard bien plus ancré qui vient se planter dans le tien. On est encore loin des requins que tu côtoies au quotidien mais l’assurance n’est pas feinte et probablement bien moins anecdotique. « Let’s go. » Elle se met à marcher et emboite rapidement ton pas une fois la routine de début reprise. Quelques tours de chauffe et tu t’étonnes d’observer la blonde se débrouiller plutôt pas mal sur ses talons. Au fur et à mesure, elle prend ses aises. Peut-être que ce cours allait enfin et finalement prendre une tournure intéressante. “¿Quién hubiera pensado que tenías sangre latina en ti? ¡Estaba bien escondido! * ” Tu t’approches de la barre et lui fais signe de te rejoindre. Fini de jouer au bac à sable. “Time to get serious ! Show me what you got !” Mais avant de lui laisser la place, tu effectues une rapide démonstration. Deux trois mouvements simples, classiques et parfaits pour débuter. Ce sont toujours les mêmes. Te revoir les effectuer, et qui plus est, les enseigner à une autre, te replonge des années en arrière en un soudain flashback désagréable. Tu t’arrêtes, lâches l’objet de ta présence et passes dans le dos de la mère de famille que tu pousses par les hanches. “Your turn ! Give it all to me and remember that attitude is 60% of the job !” Job … pas le bon mot. C’était sorti tout seul. Tu ne relèves pas. Pas besoin.
Tu gardes tes distances pour laisser à Meg le champ libre, mais tu restes toute proche, assez pour l’aider en cas de besoin. “For that last one, I’ll help you get your butt in the air. No matter how tiny yours is, you won’t be able to do it alone the first time. Tell me when you’re ready”.

traduction:

 

“Dear God, is she gonna take off and fly away now ?” Tu fais comme si tu ne l’avais pas entendue, ignorant le sentiment d’humiliation qui rosit tes joues. Tu es dans un état très paradoxal, retrouvant d’un côté des sensations perdues depuis des années, mais dépossédée de toute la confiance qui t’habitait à l’époque. Rien ne pouvait ébranler la jeune Meg, elle avait beau être tiny, elle était in charge et personne n’aurait osé, ni même voulu, la bousculer. Retrouver ne serait-ce que 10% de cette Meg-là te suffirait à te sortir de ce mauvais pas avec un semblant de dignité

“¿Quién hubiera pensado que tenías sangre latino en ti? ¡Estaba bien escondido!” Encore une fois, tu ne réponds pas. Tu ne sais d’ailleurs pas comment interpréter son commentaire. Un compliment, une marque de satisfaction de voir que tu fais partie, de près ou de loin, de la même communauté qu’elle ? Ou plutôt un reproche de ne pas avoir été plus ouverte, ou de ne pas être assez digne ? De ta grand-mère, tu n’as pas hérité de grand-chose, si ce n’est de son cœur beaucoup trop gros pour sa poitrine, et ses talents de cuisinière qui ont sauté une génération.

“Time to get serious ! Show me what you got !” Tu la rejoins près de la barre et recules aussitôt lorsque tu comprends qu’elle va s’y élancer. Il ne manquerait plus que ça, qu’elle te balafre à coup de talon aiguille. Tu l’observes attentivement, te concentrant sur la position de ses mains, sur les mouvements de ses pieds et son port de tête. Tes hanches battent distraitement la mesure du tempo entrainant. “Your turn ! Give it all to me and remember that attitude is 60% of the job !” Génial. Tu pars donc déjà avec un sacré handicap. Tu poses le bout des doigts contre le métal de la pole et tournes lentement autour de celle-ci pour laisser passer le pont musical et retrouver un air familier et rythmé. “For that last one, I’ll help you get your butt in the air. No matter how tiny yours is, you won’t be able to do it alone the first time. Tell me when you’re ready”. Tu hésites à protester, tu préfèrerais éviter qu’elle ne te touche, encore, et ta fierté te serait reconnaissante d’y arriver seule. Mais il ne faut pas te voiler la face. Il y a vingt ans, tu l’aurais attaquée sans problème, mais tes muscles semblent avoir fondu avec les années et l’absence d’entrainement régulier. « Alright, let’s try. »

Tu répliques ses premiers enchainements sans trop de difficulté, retrouvant même, étonnamment, un plaisir certain à danser. D’un signe de la tête, tu lui indiques que tu es prête à tenter le fameux mouvements et puises en toi une force enfouie pour t’agripper au métal froid de la barre. Tu glisses une première fois, avant même qu’elle n’ait eu le temps de s’avancer pour t’aider, et ne regrettes pas de ne pas avoir refusé son assistance. En bon soldat, saisie d’une surprenante persévérance, tu te lances à nouveau. Quelque chose fait clic dans ta tête, tu comprends où tu dois poser tes mains, comment répartir le poids de ton corps pour le faire décoller sous l’impulsion brève de Gabrielle. Ce n’est pas bien différent des pirouettes, finalement.

Tu regagnes le sol avec grâce, du moins c’est ce que tu espères, tu n’es pas capable de le garantir, avant de dire amusée, en essuyant tes paumes contre le tissus de ton short : « I thought it’d be worse. » En faisant rouler tes poignets pour les échauffer davantage, tu regardes ta professeure du jour. « Come on, let’s get this over with. » Si tu n’es toujours pas convaincue par l’exercice, et ne t’es pas remise de l’agacement de voir débarquer une inconnue chez toi, à l’improviste, tu finis par te résigner et te dire que ces moments seront peut-être moins désagréables que ce que tu pensais.

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« Alright, let’s try. » La leçon est enfin lancée. Meg a lâché les armes et accepte de jouer le jeu. Tu t’élances en exemple, elle suit. Tu indiques, elle exécute. Tu l’aides d’une impulsion légère pour la dernière figure et te laisses aller à observer, ton élève de fortune, se débrouiller bien mieux que tu ne l’aurais cru aux premiers abords. Lorsque celle-ci retombe sur ses deux pieds, tu ne peux empêcher une petite moue mêlant respect et amusement. La mère de famille se racle doucement la gorge, replace une mèche de cheveux pourtant pas vraiment chiffonnée, et ose avouer : « I thought it’d be worse. » . Ses fins poignets remuent au vent dans une continuité d’échauffement. Un pouffement s’échappe de tes lèvres : “You and me both, lady !” Il était clair que le commencement de cette entrevue d’un autre monde, n’avait pas présagé une suite - au final - aussi ‘smooth’. “See ?! God, all the drama for nothing” Meg grimace face à ton insolence permanente et se contente de garder la tête haute. Good girl ! « Come on, let’s get this over with. » Tu inspires, venant - d’un geste expert - attacher ta crinière en une queue de cheval. “My thoughts exactly” !

Aussitôt dit, aussitôt fait. Tu enchaines les chorégraphies et trouves ton rythme de croisière avec la blonde. La séance se passe plutôt bien. Le temps s’écoule et tu finis par la laisser s’exercer seule; prenant un peu plus de recul. Appuyée sur une jambe plus que l’autre, bras croisés, tu te perds quelques secondes dans l’analyse de ce qui se déroule sous tes yeux. “Yup, good !” “Keep this toes pointed” Tu n’as plus grand chose à lui redire. Pas pour les figures de la journée. Et tu n’allais pas te lancer dans une séance de niveau supérieur ce jour. Ni demain. Ni jamais. Tu laisses ton regard glisser sur son corps. De manière un peu moins professionnelle. Juste pour checker. Juste parce que c’est devant toi et pas franchement désagréable. “Nice butt by the way” Ce que tu précises sans honte à la concernée. Apres tout, le compliment était toujours bon à prendre n’est ce pas ? Un peu skinny pour tes goûts mais bien en forme.

Tu te retournes ensuite avec nonchalance, te penches au dessus de là où tu as posé ton téléphone portable et t’en empares. Quelques doigts glissés avec habitude sur l’écran et tu lances la video de l’appareil. Le temps que Meg se rende compte de ton geste, tu as déjà terminé et pianote un message qui s’envoie dans la seconde. Tu n’as pas demandé d’autorisation, ni prévenu. Cela te semble superflus. Tu t’efforces juste de remplir ta part du contrat et en apporte les preuves concrètes à qui de droit. La Swanson ne pourrait pas reculer ni prétendre à l’imposture.

“See ?! God, all the drama for nothing” Tu serres les dents, décidée à ne pas te braquer à nouveau. Tu as bien compris que ça ne fera que vous faire perdre du temps à toutes les deux, et c’est bien inutile à ce stade. Ta professeur d’un jour pourrait toutefois s’armer d’un peu plus de tact et de compréhension… Malgré tout, tu veux en finir. “My thoughts exactly”

Vous optez toutes les deux pour un style d’enseignement relativement silencieux. Les mots échangés ne sont qu’utiles, jamais superflus. Tu suis ses instructions au mot, retrouvant la Meg bonne élève de jadis, qui s’applique et veut bien faire. “Yup, good !” Peu à peu, tu te détends, oubliant les moments passés à rechigner. L’espace d’un instant, on pourrait croire que tu fais tout ça de ton plein gré, et que ça te plait. “Keep this toes pointed” Tu comprends assez rapidement les mécaniques de la discipline, pour laquelle tu as soudain beaucoup plus de respect. C’est difficile, mais tu te surprends à apprécier l’effort et à ressentir des relents de fierté quand tu réussis à reproduire les enchaînements les plus compliqués. Il y avait bien longtemps que tu n’avais pas eu de sentiment positif à ton propre égard… “Nice butt by the way” Tu essaies de ne pas te déconcentrer en levant les yeux au ciel. Tu n’es toujours pas parvenue à voir clair dans son jeu. Se moque-t-elle de toi ? Le débat est ouvert. « I thought you said it was tiny. »

Tu ne prêtes pas vraiment attention lorsque tu la vois faire quelques pas en arrière, et dis, plus pour toi-même qu’autre chose : « Let me try this one again… » Tu entreprends de t’atteler à un mouvement trompeur qui t’a donné du fil à retordre un peu plus tôt. Un franc sourire se dessine sur tes lèvres lorsque tu touches finalement le sol, satisfaite d’avoir dompté l’animal, mais il retombe aussi vite qu’un soufflé sorti du four. « What are you… ? » Les yeux rivés sur le téléphone entre ses mains, tu as un mauvais pressentiment, et celui-ci est confirmé par le bruit distinctif d’un message qui s’envoie. « No, no, no, no ! » Tu franchis les derniers mètres qui la séparent de toi et lui arrache le smartphone des doigts, sans la ménager. La conversation active ne trompe pas. Tes progrès de la journée sont déjà en possession de Leona.

C’est avec une certaine violence que tu lui rends son portable en le plaquant contre sa poitrine. Entre des dents serrées, tu murmures : « Get out. » Un mélange de colère et de frustration te monte aux joues. Quelques enjambées suffisent à te mener à la porte du garage que tu ouvres en grand. Ton calme s’est fait la malle, tes mains tremblent et tes canaux lacrymaux menacent de te lâcher. Tu la foudroies du regard. « I said : OUT ! » Dire que le dernier mot est prononcé fort serait un euphémisme. Tu hurles, tout bonnement, incapable de faire face au sentiment de trahison qui te paralyse.

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Ton téléphone est dégainé avec aise, tu filmes le moment parfait. La scène est impeccable, les images claires. Il était évident que tu venais de solder ton job avec succès et non sans surprise. Tu avais beau eu râler et pester contre Swanson à l’annonce de sa demande des plus farfelues, tu avais finalement cédé et remporté la bataille. Meg - pourtant rapide - ne l’est pas assez. « What are you… ? » Ses yeux viennent se visser sur ton iPhone et sa silhouette entière se fige. Dommage. Elle qui venait de faire preuve de tant de grâce et de souplesse … « No, no, no, no ! » Elle s’avance en panique et t’arrache le téléphone des mains. Un rictus insupportable aux coins des lèvres, tu ne résistes aucunement. Ta mission est accomplie. Il n’y a plus rien à faire pour Meg. Les images sont désormais en possession de Leona. Son visage se décompose. Tu ignores la relation unissant les deux femmes et - très franchement - tu t’en fous royalement. Tu te doutes simplement qu’il ne s’agit pas là d’une blague innocente. Oh well …

Barnes te rend l’objet de tous les diables en le plaquant sur ta poitrine avec violence. Sa mâchoire grince et ses yeux te tueraient s’ils en avaient le pouvoir. « Get out. » Voilà une soudaine assurance que tu ne lui soupçonnais pas jusque là. Tu en aurais presque été fière si tu prenais ce rôle de mentor à coeur. Ce qui n’est pas le cas. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, la porte du garage est ouverte. Un geste brusque mais tremblant. Les failles renaissent et prennent le dessus. Sa faiblesse était prévisible … à nouveau : dommage. Tu finis par inspirer lentement, nullement perturbée par la situation et tu ramasses ton enceinte ainsi que ton sac. Tu lui laisses les chaussures et la barre. Tu n’as que faire de ce matériel qui ne te sert pas. Plus. « I said : OUT ! » Cette fois, les mots sont hurlés. Sac sur l’épaule, tu inclines légèrement la tête vers la droite et - d’un pas chaloupé - t’approches de Meg plutôt que de t’en éloigner. Lui passant presque sous le nez, tu souffles : “You learned something today. Be thankful.” Tu lui offres un clin d’oeil provocateur avant de t’éloigner en déverrouillant les portières de ta voiture. Tu jettes ton sac à l’arrière et prends place au volant, sans un seul regard de plus à la maisonnée de poupée derrière toi. Tes pneus crissent dans un demi-tour maitrisé et déjà ton esprit est loin.

terminé