in your eyes, i see there's something burning inside you (thibaz 01)

L’été bat son plein après une année passée à parcourir des sentiers perdus au quatre coins du monde, à s’imprégner de mille et une coutumes des pays traversés au cours de son périple. C’est à Santos qu’il vient clôturer son périple pour découvrir ses origines, cette branche de sa famille qu’il n’avait jamais eu l’occasion de rencontrer. Cela fait une semaine qu’il est arrivé chez une de ses tantes. L’accueil a été chaleureux et Thiago a rapidement pris ses marques, appréciant le naturel convivial de ses cousins et cousines avec qui il s’entend bien. Son manque d’appétit semble dénoter face à ceux vorace de l’ensemble des membres de sa famille, mais personne n’en fait grand cas. Il est parvenu à soigner son anorexie, grâce à l’aide de professionnel, mais l’appétit n’est toujours pas là. Il ne prend aucun plaisir à manger malgré la saveur délicieuse des plats locaux qu’on l’invite à goûter. Il se sent assez à l’aise pour leur expliquer son végétarisme et utilise souvent son régime pour expliquer son manque d’appétit. Cela évite d’éveiller des inquiétudes bienveillantes, mais qui le pèse au quotidien, même s’il ne doute pas que son géniteur leur a divulgué des informations à ce sujet. Au moins, il n’a pas la sensation d’être fliqué, ce que son paternel aurait résolument fait. Après une semaine intense à découvrir les coins les plus prisé de la ville, il profite de la chaleur estivale pour s’octroyer du temps. Il lit, écoute de la musique et part parfois en vadrouille seul dans la nature sauvage qui entoure la ville grâce au prêt d’un véhicule.

Aujourd’hui, il est seul au sein de la résidence de sa tante, ces cousins et cousines vaguent à leurs occupations, même s’ils ont essayé de l’inviter à les rejoindre. Il savoure la vision offerte par la terrasse sur la plage qui se trouve un peu plus bas. L’eau semble l’appeler alors il décide de tronquer ses habits pour son maillot de bain. Il regroupe l’ensemble de ses affaires, laisse son téléphone dans sa chambre et rejoint les abords de la plage. L’envie de piquer une tête se fait pressante alors il abandonne rapidement son sac sur la plage, retire son débardeur pour l’abandonner près du reste de ses affaires. Il retrouve avec félicité la texture de l’eau qui vient se perdre sur sa chair avide de son contact. Il profite du contact agréable du soleil sur sa chair halée alors que ses pas le dirigent vers le rivage. Il savoure la fraicheur de l’eau cristalline sur son épiderme et finit par plonger tout son être dans ce cocoon bienfaiteur. Il laisse tout son être se relâcher, alterne entre nage et mouvement de détente. Il se sent bien à cet instant, ses prunelles ancrées au ciel ou au paysage qui l’entoure. Un sentiment de sérénité le gagne et le temps s’égrène sans qu’il en prenne conscience, perdu dans un univers où il s’isole. Un sourire se niche sur ses commissures même s’il se fait mélancolique lorsqu’il songe au fait qu’il aurait aimé profiter de cet instant en sa compagnie. Malgré sa tragique disparition, Ethan reste une composante essentielle à son existence, l’être qui le manque cruellement même si désormais, il lui est possible de s’accrocher aux meilleurs moments de leur relation que sur la fin. Il aurait voulu que j’avance. Il le sait au plus profond de son être, mais cela ne rend pas pour autant la tâche plus facile. Il décide de regagner la plage, déterminé à glisser sur sa serviette et se lancer dans la lecture d’un de ses bouquins de cours pour prendre de l’avance. L’élancement au niveau de son mollet toujours sensible commence à se faire connaitre et l’incite à nager plus vite. Avoir une crampe en pleine mer n’est pas une bonne option. Dans son expédition, il semble s’être éloigner de son point de départ, mais cela ne l’inquiète pas. Il peut reconnaitre la demeure de sa famille. Il retrouve rapidement le sable fin de la plage sur lequel il secoue ces mèches bouclées pour les sécher à défaut d’une serviette. A l’image d’un chien mouillé, ce qui lui arrache un sourire. Il relève son regard pour parvenir à se situer lorsque qu’il plonge ses iris océan dans des prunelles ambrées qui le captive immédiatement. Cette couleur singulière l’hypnotise alors que tout son corps s’arrête dans son action, son geste suspendu dans le temps. Magnifiques. Ils sont magnifiques. Il glisse son regard sur le reste de ce regard qui le dévisage à son tour. Ses prunelles s’attardent sur ses lèvres charnues qui viennent titiller ses sens.  Il est magnifique. Il pense sans réellement se l’avouer alors qu’il vient simplement lancer dans son portugais qu’il maitrise depuis sa plus tendre enfance. « Salut. » Il déclare en venant rapprocher son échine de ce corps dont le charme magnétique l’attire dans ses filets. « C’est la première fois que je te vois là. Cela fait plaisir de croiser quelqu’un de nouveau. Thiago. » Il indique en venant lui tendre la main. « Je réside chez mon oncle et ma tante. » Il ajoute en indiquant d’un signe de tête la demeure en question. « Tu lis quoi ? » Il conclut en venant indiquer du bout de son menton le bouquin qu’il tient entre ses menottes suspendues dans l’air. Il ose une discussion puisque cet homme est seul et qu’un peu de compagnie est appréciable. Surtout s’il peut se perdre dans le reflet de ces ambres qu’il crève d’immortaliser avec son appareil photo. L’idée fait battre son myocarde, même s’il ne s’attarde pas sur cet état de fait.

« Olá mamã, ça va ? »
« La mer est extra, tu ne veux pas venir ? »
« Tu me manques mamã... »
Le jeune homme se dandine sur sa serviette, sourire jusqu'aux oreilles.
« Je t'aime, minha linda mamã ! Tu serai parfaite dans ton maillot de bain bleu azur, au milieu des palmiers. »
Cette vision soudaine lui donne envie de tracer ses courbes sur le sable fin devant lui. Son doigt s'enfonce doucement et glisse.
Un soupire s'expulse de ses lèvres avant de laisser sa tête tomber sur la serviette chaude.
« Ok, profite bien. Gros bisous. »
Il attend qu'elle raccroche et pose le téléphone dans une de ses tennis blanches, le cœur triste. Là, dans ses bras, il essaye de se rassurer, de s'imaginer ce soir avec sa mère sur la terrasse à partager une limonade bien fraiche. Mais la vérité réside autre part, dans un appartement où le diner attend d'être prêt pour satisfaire les besoins d'un mari qui déshonore tout son être. Comment peut-on être aussi dégueulasse envers une si belle personne ? Question parmi une longue liste qui s'agrandit au fur-et-à mesure des années qui passent sans se ressembler. Son enfant douce et tranquille lui semble bien lointaine, à chaque fois qu'une déception, une horreur de la nature humaine l'arrachent de sa zone de confort et enserrent sa poitrine sous un étau désagréable qui le quitte difficilement.
Mais il faut se relever, avancer, ne pas se laisser abattre. Basilio donnerait cher pour laisser échapper sa peine et ses sombres pensées dans la douleur d'une étreinte charnelle. Loin de la ville, seul dans la villa, point tanné sur la plage, il est pieds et mains déliées, et n'a d'autres escapades que cette pièce de théâtre qu'il tient en main. La tragédie l'emporte sur un nuage dont le ciel de Santos est pour l'instant dénué.
Tant d'amour et de beauté le font rêver, annulaire coincé entre ses lèvres. Son regard se perd un instant dans l'espoir de voir apparaître une Phèdre de son temps, mais c'est sur un corps d'éphèbe que ses iris se rétrécissent de curiosité. L'eau perle sur sa peau brûlée et ses pectoraux bien dessinés, Basil en lâcherait un petit gémissement de satisfaction. Le visage de l'inconnu suscite néanmoins une toute autre réaction. Belíssimo. Vision qui lui octroie un frisson le long de l'échine et une impossibilité de détourner des yeux quand les leurs se croisent. Un instant s'échappe de la réalité, les laissant se jauger l'un et l'autre, Basilio derrière les pages de son livre. Quelle bonne surprise lorsqu'il remarque que le brun a décidé d'entreprendre une conversation. Il reste immobile, allongé ainsi sur sa serviette, et se cache même les lèvres. Comme un mystère. Dieu sait combien ses pupilles suscitent l'intérêt de certains frères. Basil attend et tend l'oreille, ne prononçant pas un mot. Thiago, noté. Le bouclé tend la main pour serrer celle de son nouvel interlocuteur. Le reste ne l'intéresse guère. D'un mouvement de la main, il agite un peu le livre qu'il serre, le penchant pour que ce Thiago puisse lire le titre par lui-même. Une fois fait, il délie enfin sa langue. « Bonjour Thiago. Tu connais ? », se détachant du papier et laissant entrevoir son visage. Une de ses menottes invite le jeune homme (quoiqu'un peu plus vieux que lui, il semblerait) à s'installer à ses côtés. Apparemment, il recherche un peu de compagnie ici, non pas que cette dernière se fasse rare. Beaucoup d'autres jeunes gens se pavanent sur le sable, c'est pourtant sur lui que la providence s'est posée. Ça ne l'étonne pas plus que ça, Basilio est habitué aux regards des autres. « Je viens de São Paulo. J'ai fini mes partiels alors je profite des vacances. » Cela suffira pour l'instant, il est beaucoup plus curieux à l'encontre de son voisin de plage qui n'a pas l'air de venir ici souvent. Ou tu saurais que je viens à chaque vacance de l'année. « Et toi, tu es d'ici ? » Il l'aurait sûrement remarqué beaucoup plus tôt. On ne rate pas un tel visage, pas même entouré de ceux de nymphes attendant d'être accostées.

Il se laisse tenter par une conversation, ayant depuis longtemps abandonné sa réserve naturelle, qu’il conserve cependant vis-à-vis de ses émotions. Il apprécie rencontrer de nouvelles personnes, apprendre à les connaitre et s’enrichir de leur beauté, les trésors qu’ils enferment. Parcourir les quatre coins du monde lui a permis d’entrevoir que derrière des visages inconnus se cachent des richesses inconcevables et qu’il suffit de tenter sa chance pour pouvoir en bénéficier. Sa démarche est désinvolte, ses traits détendus et avenants alors qu’il brise le silence pour lier leurs deux âmes et franchir une barrière invisible. Ce bel homme au regard ambré ne semble pas désapprouvé son initiative. Étendu sur sa serviette, il représente un objet de contemplation qu’il s’efforce d’observer avec subtilité. Il a vu de beaux hommes durant ses expéditions à travers la map monde, mais ses prunelles sont les premières à l’attirer telles des aimants. Leurs phalanges se frôlent et s’étreignent dans une poigne ferme et détendue. Le geste du portugais possède une certaine déférence qui lui confère un charme plutôt que de le rendre hautain. Il est distingué et ça lui plait. Un sourire s’épanche sur ses lippes à la lecture du titre de l’ouvrage. « Une tragédie classique, bon choix. » Il déclare en osant venir prendre place à ses côtés sur le sable dans un sourire complice. Il retrouve la texture chaude du sable contre son épiderme. Il ne prête pas très attention au fait que le sable va imprégner son short de bain ou les paume de ses mains. Il ne se préoccupe peu de son apparence, se contente d’être juste lui-même. « De même pour moi. » Il déclare en venant tourner son visage vers le sien, prenant le risque d’ancrer de nouveau ses rétines aux siennes. Ce regard pénétrant qu’il meurt d’envie d’immortaliser. « Enfin, pas exactement. » Il se reprend en venant poser ses avants bras sur ses genoux qu’il a relevé pour adopter une posture confortable. « Je suis originaire de Los Angeles. J’y suis retourné pour repasser mes examens, mais je n’avais pas envie de passer mes vacances là-bas alors je suis venu rendre visite à la famille. » Il lui annonce dans un sourire décontracté. « C’est vraiment magnifique. Je n’avais pas encore eu l’occasion d’y venir, mais je ne le regrette pas. C’est à la fois civilisé et sauvage. Tout ce que j’aime. » Il déclare en venant plonger ses iris sur l’horizon qui s’offre à ses yeux. Cela s’applique à la nature, mais cela pourrait s’appliquer au bel inconnu, qui reste mystérieux. D’ailleurs, il ne lui a pas encore donné son prénom. Essayerait-il de garder le mystère pour l’intriguer encore plus ? Un sourire s’affiche sur ses lippes. « Et toi ? Tu viens souvent à Santos ? » Il le questionne en venant hausser un sourcil. « D’ailleurs, je crains que tu ne m’aies pas encore dit comment tu t’appelles. Ce n’est pas vraiment sympa, tu ne penses pas ? » Il conclut en venant lui donner un petit coup d’épaule. Il est tactile alors ce geste lui vient naturellement et cela lui permet d’instaurer un climat bon enfant entre eux si le bel inconnu mort à l’hameçon.    

Ce Thiago n'est pas désagréable à regarder, bien au contraire. Son regard qui se pose sur le brésilien ne le laisse pas de marbre, c'est certain, mais il lui en faut généralement beaucoup plus pour le désarçonner face à un autre mâle. Basilio recherche dans ses derniers une trempe qui ne le laissera pas déçu au creux des reins, et non pas une beauté dont il ne se laisse séduire que par la gente féminine. Pourtant, ce serait mensonger que de renier celle qui habite dans ce brun qui vient se poser sur le sable à ses côtés. Il est beau, ainsi sorti de l'eau saline, ses cheveux noirs collés contre ses tempes et sa nuque, sa peau brillant de perles ensoleillées. On aurait dit un demi-dieu aquatique, un Achille des temps modernes. Le jeune homme se laisse donc aborder et détailler de la tête au pieds par ce nouvel arrivant. Brésilien, clairement, mais pas de Santos. Peut-être d'ailleurs. Ou d'une Atlantide cachée sous l'océan. Cette pensée fait frémir Basilio d'adrénaline et d'excitation alors qu'il laisse son livre fermé sur la paillasse. « Ah oui, tu as déjà eu l'occasion de visiter les environs indomptés par l'Homme ? » Le brun a l'air de vouloir faire plus ample connaissance, et ce n'est pas pour l'en déplaire. Tu es très bavard... et tactile. Son coup de coude le prend au dépourvu, mais sa pique rattrape le tout et lui jette un nouveau frisson le long de la colonne vertébrale, doucement cambrée sur sa serviette. Un sourire naît de cette réaction épidermique qu'il n'a pas l'habitude de ressentir depuis bien des semaines à cause des révisions, du travail, de ses hobbies et de sa solitude ici. « J'attendais justement que tu me le demandes. » Pourquoi imposer à une personne des informations dont elle n'en voit pas forcément l'intérêt. Le sourire se décline en petite malice au coin des commissures. La vérité, c'est que j'aime entretenir le mystère Thiago. « Moi, c'est Basilio, mais tout le monde (enfin presque) m'appelle basil. », lâche-t-il finalement, lui laissant le temps d'intégrer son prénom. Puis, le concerné laisse son corps balancer sur le côté alors qu'il s'accoude d'un bras par terre, se découvrant entièrement devant le vacancier. « Je viens dès que je peux... pour échapper à la ville et aux obligations d'un fils envers son père. C'est reposant et très inspirant ici. » Mais peut-être ne le sent-il pas, lui. Tout dépend de sa sensibilité artistique. Certain n'en ont pas, s'en moque éperdument. Est-ce ton cas ? « Que veux-tu savoir de plus ? » La provocation est douce et gentille, elle se veut presque coquine, Basil ressentant des vibrations particulières à l'encontre du brun. En vaux-tu seulement la peine ? « J'ai dix-neuf ans, célibataire. J'étudie les arts à l'université et j'aime ce que je vois devant moi. » Son regard perce à cet instant là celui de Thiago pour en capter une quelconque réaction physiologique. Oh qu'il adore s'amuser, se jeter lui-même d'une falaise sans savoir sur quoi retomber. « Et toi Thiago, quelles sont tes études ? Quelle est l'histoire de ta vie ? » Basil contient un sourire de contentement en se mordant discrètement la lèvre inférieure. Que me réserve ce bel éphèbe sorti tout droit des eaux azurées ?

Désireux de poursuivre l’échange avec ce bel inconnu, Thiago vient prendre à ses côtés en retrouvant la texture chaude et fine du sable sous son épiderme humide. Ses yeux voguent entre l’Océan qui s’offre à leur vue et les prunelles ambrées du Brésilien qui éveille ses sens. Il s’abreuve de son corps appréciable, fin, mais délicieusement dessiné, de ses lèvres pulpeuses qui semblent n’attendre que d’être embrassées qui ne font qu’accentuer le magnétisme que dégage ces iris captivantes. Cet inconnu dégage un charme qui l’attire irréductiblement à lui. Cela le trouble profondément même s’il n’en montre rien. Il conserve une posture détachée, participe activement à la conversation alors que le beau Brésilien semble se délecter de titiller sa curiosité. Il doit résolument en faire tourner des têtes. Il ne peut pas s’empêcher de songer, le regard vigilant aux actions de son partenaire. Cette révérence est naturelle dans ses actions, il le sent au fond de ses trippes et c’est sans doute ce qui lui plait chez lui, à cet instant précis, et ce, contre toute attente. Il fait la conversation, conscient d’être celui qui se dévoile plus que son homologue. Il faut parfois prendre son courage à deux mains pour espérer découvrir de nouveaux trésors. C’est ce que la vie lui a inculqué. C’est en sortant des sentiers battus, en empruntant de nouvelles voies qu’on s’ouvre réellement aux beautés de la nature et de la vie. La question du Brésilien lui arrache un sourire franc, car il prend conscience qu’il attise à son tour sa curiosité. « Oui et il n’y a rien de plus incomparables que les richesses qui se cachent loin de nos regards. Des beautés de la nature endormies. Je vis dans l’espoir de toutes les découvrir. » Sa voix se fait plus suave, empreinte de cette passion qui le dévore depuis des années et qui lui a fait quitter son existence bien tranquille pour arpenter les quatre coins du monde. Il est tenté de se laisser happé par les souvenirs de ces lieux capturés en dehors du temps, mais il y a actuellement un homme à ses côtés qui éveille en lui le même besoin d’immortaliser le temps. Il vient doucement le taquiner sur le mystère qu’il laisse planer au-dessus de lui. Il aime entretenir le mystère. Il n’a aucun doute sur la question lorsqu’il perçoit cette expression mutine sur ses lèvres pulpeuses. Basilio. Basil. Baz. Il aime bien la sonorité du surnom qu’il lui donne immédiatement. Une nouvelle fois son attention se retrouve attiré par la gestuelle érotique de son corps. Il est à l’aise avec son corps, sait en user pour charmer ses interlocuteurs. Thiago en prendre immédiatement conscience et cela le grise. Il dégage ce petit quelque chose qui l’enivre. « Je comprends totalement. » Il indique dans un sourire amusé. « Un petit Havre de paradis pour se ressourcer. Parfait pour y trouver l’inspiration et savourer les beautés. C’était exactement ce dont j’avais besoin. » Il indique pour lui donner le change tandis que le brun vient doucement le provoquer. Sa question le prend tellement de court qu’un rire fin vient s’échapper de ses lippes. Il est cristallin, révèle totalement la gêne qui vient doucement enflammer sa poitrine. Sa franchise est plaisante et sa manière de lui faire comprendre qu’il ne lui déplait pas également. Son regard pénétrant affriole ses sens et le contraint à s’humecter les lèvres pour essayer de contenir une soif que ses paroles semblent avoir provoquer en lui. Il me plait. C’est un fait qui s’impose à lui alors que ses prunelles ne quittent pas les siennes. Un sourire charmeur vient naturellement se dessiner sur ses lippes. « L’histoire de ma vie ? Seulement ça ? » Il demande dans une expression mutine. « Désolé, mais je te laisserai peut-être l’occasion de percer mon mystère, mais uniquement lorsque tu en auras fais de même avec moi. » Il le provoque à son tour avec ses prunelles brillantes de cette malice qui rend son expression plus enfantine. « J’ai 21 ans. Je suis une formation pour devenir éducateur spécialisé. A la base, je voulais aider des jeunes comme moi, homosexuel, mais j’ai finalement opté pour les enfants en situation de handicap mental ou psychique. » Il lui indique sur le ton de la conversation sans chercher à approfondir ses propos. Il lui donne quelques informations sur lui, telles des miettes de pain qu’il parsème ici et là pour l’appâter. « Mais en vrai, ce qui me fait vibrer sont les voyages, les rencontres et les immortaliser la beauté de ces instants avec mon appareil photo. » Il lui indique dans un sourire complice. « Alors, Baz, étudiant en art à l’université et qui aime ce qu’il voit devant lui. Quelle est la matière qui te fait vibrer ? La lecture ? La peinture ? La sculpture ? La photographie ? » Il questionne dans une voix qui devient murmure comme s’il cherchait à l’envouter autant qu’il parvient à le faire depuis le début de leur échange.    

Les paroles de ce Thiago s'envolent de sa bouche et titillent merveilleusement les tympans de Basilio dont les yeux ambrés ne font que plus pétiller. Il l'aime bien, ce bellâtre apparu soudainement sur cette plage où le seul le sable, l'eau et la végétation captivaient son attention et son admiration. Voilà que le brun complète le paysage de son corps tanné par les rayons du soleil. Je te ferai découvrir ces fruits de la Nature avec grand plaisir. A mesure qu'il gobe ses mots qui font sens à ses oreilles, qui résonne dans sa tête et font naître un sentiment exquis dans sa poitrine, Basil plante ses iris dans les siennes, le provoque gentiment, en manque d'adrénaline. Il est envieux de découvrir qu'elle sera la réaction de son homologue qui ne peut, apparemment, pas se détacher de ses lignes et de ses mires. C'est réciproque, Thiago. Pourquoi donc s'en cacher s'ils ressentent la même chose ? Il faut, au contraire, goûter à ce majestueux concours de circonstances, le destin, qui les a réuni en ce point précis sur Terre, à cet instant donné de l'Univers. Finalement, ils n'ont pas besoin de s'aventurer trop loin pour trouver un lieu où réside la beauté, et sont d'ailleurs en train d'en prendre doucement conscience alors qu'ils apprennent à se connaître. Tu n'as pas tord, il ne faut pas hésiter à percer un trop grand mystère. Tout dépend de la manière dont il s'y prend, et à l'entendre réplique à propos de l'histoire de sa vie, Basil en est déjà contenté, ne lâchant pas son sourire de ses lèvres pulpeuses. Ainsi, tu es plus âgé. Il avait donc vu bon, au premier regard. Quelque chose dans ses yeux et sur ses traits l'avaient quelque peu mis sur la piste. Gay, bon à savoir. Très bon à savoir, même si le bouclé cache parfaitement son ravissement. Ses pupilles pétillent de malice à l'idée d'être une source d'admiration venant de Thiago. Oh, toi aussi tu recherches la beauté partout où tu erres ? C'est sûrement cette information sortie de sa bouche fin qui atteint le plus Basil dont le sourire se déride, laissant place au sérieux et à la curiosité. Il n'a jamais été très proche de la photographie, ayant eu rapidement ras-le-bol des paramètres à établir sur un numérique. Cette approche ne l'avait pas du tout attiré, lui qui aime créer de ses propres mains, mais il ne serait pas contre une petite exposition des clichés qu'a capturé l'américain. Il garde cette pensée dans un coin de sa tête avant de se délecter de l'intonation qu'a pris Thiago à son encontre. « Baz, sérieusement ? », lâche-t-il sur un ton amusé et coquet. « Comment vais-je te surnommer ? Titi ? », toujours le rire menaçant de se déployer de sa gorge, mais les pommettes hautes et rosies, les cils battant comme les ailes d'un papillon. Un lien commence à se tisser entre eux et le frisé en est tout émoustillé, étrangement confortable à se laisser séduire par un mâle. Le brun ne ressemble en rien à ses anciennes conquêtes, moins complexes, moins sensuelle et intellectuelle. On se comprend, toi et moi. On vit sur le même astre. « C'est mignon. Ton Baz a trouvé son refuge et son bonheur dans la sculpture. J'aime beaucoup modeler l'argile et le plâtre. Ce sont définitivement mes armes de prédilection. » Petit rire à l'appui. L'art peut être une arme parfois. Dangereuse et transcendante. Fascinante. « J'apprécie aussi la sculpture sur plaxtine, mais pour faire des moules qu'on coule ensuite. C'est un autre résultat, assez difficile à obtenir, assez imprédictible. » Il n'a pas assez de connaissances à ce sujet, en terme de résines, de chauffage puisqu'il faut faire fondre un métal. Peut-être qu'un jour, il aura la foi, l'envie et la patience d'apprendre tout cela. Le sérieux tue. « Bref, j'aime me salir les mains. » Le revoilà parti dans un de ses regards langoureux et malicieux, peinant de contenir le frétillement qu'il ressent dans sa cage thoracique. « Tu as amené ton appareil photo ici ? Je serai bien curieux de voir quelques uns de tes clichés, si ça te dit. » Après tout, l'art est très personnel, il y a des sculptures, des croquis que Basilio n'a jamais révélé, même à ses amis les plus proches. Ils restent enfermés dans sa chambre et n'en sortiront probablement jamais. « Je connais des endroits sauvages sympathiques à photographier, pas loin d'ici. On pourrait y aller... » Maintenant ? Oui, maintenant. Dis oui, oh Thiago.

Le charme opère entre les deux âmes d’artistes. C’est une sensation qui s’accentue au fil des minutes qui s’égrènent et que l’échange se poursuit. Il se laisse grisé par cette complicité qui se tise dans chacun de leur sourire. Ce sourire vaut de l’or. Sans doute parce qu’il demeure révérencieux et accentue l’effet de mystique qu’il donne à cet homme. Il est distingué, maniéré mais dans le bon sens du terme. Il dégage une sensualité qui vient doucement titiller le creux de ses reins. Une flamme qu’il n’a pas éprouvée depuis bien des années. Trois ans pour être exact lorsque la cocaïne lui a pris l’homme de sa vie. Le plaisir d’un corps contre le sien ne lui avait pas manqué jusqu’alors, mais l’attirance qui se développe à cet instant pour Basilio est appréciable. Elle ne l’effraie pas, ni ne le met mal à l’aise. Il n’y a rien de réprobateur à ce sujet, sans doute parce qu’il avait espéré que cette année de voyage lui permette de trouver la force d’avancer, de s’ouvrir de nouveaux aux autres et plus si affinités. Une affinité se créé entre les deux brésiliens qui savourent l’instant avec intensité. Leurs prunelles sont solidement ancrées entre elles, brillantes d’un plaisir qu’elles ne camouflent que faiblement. Des sourires amusés ourlent leurs commissures qui cherchent incontestablement à charmer sa comparse. « Basil est trop basique. Baz me semble plus approprié, plus intime. » Il déclare dans un petit sourire en coin alors que ses pupilles s’agrandissent sous l’effet de l’amusement. « Seuls mes amis proches m’appellent comme ça, mais peut-être que tu peux parvenir à me persuader de te laisser m’appeler de la sorte ? Qu’est-ce que tu me proposes ? » Il poursuit ses provocations avec la même légèreté que celles de l’artiste. Sa voix se fait murmure, créant une intimité entre eux, subtile, mais bel et bien présente. Mon Baz. L’idée lui arrache un sourire franc, car elle ne le dérange point à cet instant, sans doute parce qu’il n’y a rien de sérieux dans cette marque de possession. Il s’agit d’un jeu de séduction qui se met en place entre eux toujours en délicatesse et dans la bonne humeur et tous les deux ressentent que cette flamme s’embrase entre eux. Cela me plait tout comme il me charme. Basilio finit par dévoiler son art et Thiago l’écoute avec intérêt. Un sculpteur ? Intéressant. Quel genre de sculpture réalises-tu, Baz ? Sa curiosité est piquée à vif et une part de son être espère qu’il pourra admirer une de ses œuvres. Peut être si la providence est de mon côté. Un rire vient s’expulser hors de ses commissures lorsqu’il sort sa dernière remarque. « Je n’ai aucun doute sur le sujet. Je ne serai pas contre l’idée de te voir en pleine création. Juste par intérêt purement artistique, bien entendu. » Il précise avec un sourire en coin qui se veut taquin. Il use de la plaisanterie pour faire glisser quelques vérités qui ne se réaliseront sans doute pas, mais qui restent plaisantes à envisager. « J’ai toujours mon appareil sur moi. Je l’ai juste laissé chez ma tante pour me baigner. Mes affaires sont un peu plus loin, mais si ça t’intéresse, je peux effectivement te montrer quelques beautés secrètes de la nature. Enfin si tu es gentil avec moi, Baz. » Il déclare dans un clin d’œil complice avant que Basilio attise sa curiosité. Il ne peut que se laisser par l’opportunité donnée. « Carrément. Quand tu veux. Je dois juste retourner récupérer mes affaires et mon appareil photo, mais si t’as du temps devant toi, je suis carrément partant pour que tu me montres tout ça. En plus, je serai en charmante compagnie. De quoi encore plus profiter du panorama. » Il se laisse tenter par le jeu de séduction qu’il conserve plutôt détachée et bon enfant. Il désire le faire sourire, continuer à faire pétiller ses prunelles ambrées qui l’obnubilent à chaque seconde. Peut-être que je pourrais en profiter pour l’immortaliser dans le paysage qu’il me promet ? L’idée l’envoute terriblement alors qu’il attend que le top départ du Brésilien pour le suivre après avoir récupérer ses affaires au passage.

La séduction et la provocation sont de mise en cette belle après-midi ensoleillée qui ne demande qu'à se terminer dans un crépuscule rouge feu. Thiago et Basilio sont telles deux flammes qui se rencontrent dans un brasier, se jaugent, se lèchent et s'entremêlent par effleurements. Pour toi bébé, je pourrai être intime, plus que tu ne puisses l'imaginer. Son pseudo l'émoustille ainsi lancé depuis la bouche de l'inconnu, qui ne tardera pas à se faire connaître, à raconter certaines bribes de son histoire. Les pupilles du brésilien brillent de malice à mesure qu'il tisse un lien qui l'attache au brun sans vraiment savoir ce qu'il adviendra. Le sentiment qu'il ressent à ce moment lui suffit pour continuer de lui parler et de lui sourire plus que de raison, avec entrain, curiosité et excitation. « Je croyais qu'on était intime... tu m'appelles Baz et moi je t'appelle par ce surnom. On est quitte. Mais si tu veux un compensation en plus, ce sera avec grand plaisir. » Le jeu continue, il ne s'en lasse pour l'instant pas. Il n'aurait pas duré plus de deux minutes avec un autre homme, un dont il connait la teneur ou l'aboutissant, ne priorisant pas le temps passé en leur compagnie. Basil préfère les femmes pour les histoires de coeur et le partage des sentiments et du vécu. Les mâles ne sont qu'un moyen de décompression totale et sauvage. Tu es différent des autres, toi. Ton âme, elle brille sous mes yeux. Est-ce sa beauté délicate ? Son sourire lumineux et avenant ? La profondeur de ses iris ténébreuses dont il n'arrive pas à se détacher ? Sa sensibilité vis-à-vis de la Nature, de l'Art ? Est-ce parce qu'on se ressemble un peu ? Il saurait dire, et parfois il est bon de garder le mystère où siège le palpitant. Le basané se laisse donc tomber sur le côté, abandonnant toute explication rationnelle et logique, et se laissant aller à cette brise rafraichissante et plaisante. Il se présente et n'hésite pas à glisser quelques sous-entendus au jeune homme. Mon ainé, artiste photographe. Il est certain de ne pas être déçu de la véracité de ses clichés. Le brun est fin observateur et sensible à ce qui l'entoure, ce sont des savoir-êtres qui ne ratent pas quand on capte le monde avec un appareil. « Bien entendu... quel autre intérêt t'attirerait mise à part la curiosité. », souffle-t-il en lui rendant la balle tout sourire. L'imaginer en train de salir le corps de Thiago de ses mains argileuses ne tarde pas à monter dans sa tête et à griser son esprit, entraînant d'autres images plus obscènes à se découvrir. Meu Deus. Même s'il n'y croit pas, le mot a perduré durant les décennies et revête un sens très puissant. L'idée de s'en aller de cette plage colonisée et d'investir un endroit plus sauvage et intime germe alors dans sa tête. Il la propose au brun qui ne tarde pas à accepter pour sa plus grande joie. Basilio se relève fugacement de sa serviette, prêt à ranger ses affaires pour guider son homologue masculin jusqu'à la jungle bordant le littoral. « Super ! Je serai extra gentil, je le suis toujours. », lâche-t-il en papillonnant des cils comme un garçon qui n'a d'angélique que son visage. Je le suis vraiment. Du moins, il n'a jamais eu d'histoires sulfureuses avec ses amis, ni entendu de plaintes murmurées derrière son dos. Cette tranquillité amicale doit sûrement être une conséquence directe de sa bonne entente avec eux. « Je suis tout seul ici, depuis deux jours, j'ai plein de temps à t'accorder Thiago. J'espère que la vue te plaira. » Il lui lance un clin d'oeil avant de se lever sur ses deux jambes et de prendre en main ses chaussures, son livre et sa paillasse. Un brésilien n'a besoin de rien d'autre pour passer une bonne journée, si ce n'est un verre de cocktail qu'il a commandé d'une baraqua. « C'est là-bas chez toi, tu m'as dis ? », lui pointe-t-il la maison de sa tante et de son oncle. Sans vraiment attendre son approbation, Basil s'y faufile, enfonçant ses pieds dans le sable chaud à chaque pas. Une fois arrivés devant, il l'attend, sans même cacher son impatience. « Je t'attends là. N'oublie pas de mettre des chaussures, c'est plus prudent. » Si le brun se blesse ou se fait piquer, il s'en voudrait beaucoup. Il est son guide, son conseiller, il est responsable de lui durant cette petite escapade à deux. Pendant que l'américain part chercher ses affaires, Basil se perd dans ses pensées, songeant à tout ce qu'ils pourraient faire loin des regards. Il rêve sûrement un peu trop, mais l'espoir fait vivre. Il sort de sa transe, mordant rêveusement ses lèvres, et retient son attention sur son voisin et l'appareil qu'il a ramené de l'intérieur. Il a l'air vraiment d'un professionnel ainsi équipé et ça ne fait que battre plus fort le coeur de Basilio. « Ca te va bien. », avoue-t-il à demie voix, un peu sonné par la vision que lui donne le brun. L'esprit complètement brumé, il entame la marche vers les rives plus feuillues de la plage. « On va passer par là, personne ne nous dérangera en chemin. » Il pointe du doigt l'endroit où leurs deux corps disparaîtront bientôt dans une jungle magnifique bordant l'azur de l'Océan.
Des branches lui arrachent des petits rires quand elles lui chatouillent l'épiderme, ici et là. Il s'imagine même sentir les doigts de Thiago l'effleurer à intervalle de temps. Ce dernier le suit d'un bon pas, mais il l'arrête bientôt, d'une main sur son torse. « On peut s'arrêter quand tu veux. On passera bientôt devant une petite crique, et après le chemin s'arrête à une falaise. Tu apprécies pour le moment ? » Un geste de la tête sensuel accompagne sa question à l'encontre du beau visiteur. Les troncs d'arbre secs et longs, distordus, aux grandes feuilles vertes, se marient parfaitement aux petits rochers surplombant l'eau bleue. L'air y serait difficilement respirable sans la brise saline qui souffle régulièrement sur les bords de côte. Déjà, la crique dont parle Basilio, peut se voir d'ici. Elle est abandonnée et n'attend que d'être colonisée par l'Homme. Et quel homme...

Une complicité se tise naturellement entre les deux jeunes hommes qui se découvre. Des sourires brillants ourlent leurs lippes charmées par celles de l’autre. Cette attirance saugrenue est grisante et Thiago ne laisse pas l’inquiétude l’empêcher de savourer l’instant présent. Par le passé sans doute qu’il aurait été plus sur sa réserve, le cœur encore emprisonné par l’affection qu’il porte à Ethan, mais il a évolué. Aujourd’hui, il se sent prêt à s’ouvrir aux opportunités que lui offre la vie et faire de nouvelles rencontres. Il n’en avait pas encore eu l’occasion avant de croiser la route du Brésilien qui par son charme atypique éveille de nouveau ses sens et son intérêt pour l’âme d’une autre personne. Ils se charment délicatement par leurs mots, leurs regards ou le langage de leur corps. Il n’y a pas de pudeur entre eux, juste une intimité qui s’infiltre au sein de leurs veines pour leur apporter un sentiment de bien-être qu’ils ne combattent pas. Un rire cristallin et sincère s’échappe naturellement de ses lèvres à sa réplique taquine. « Je vais réfléchir à ce que je pourrais te demander. » Il déclare de manière spontanée alors que son sourire se fait plus éclatant et malicieux. C’est presque une invitation en bonne et due forme de lui soutirer un quelconque privilège. C’est très plaisant et accentue l’effet envoûtant qu’à le jeune homme sur son corps et son esprit. Leur curiosité réciproque est titillée et se laisse tentée par les richesses cachées par l’autre. C’est enivrant et à un effet magique sur son être qui ne résiste pas à cette attraction qui l’enserre de ses griffes acérées. C’est léger et décontracté, parfait en cette belle journée d’été au bord d’une plage, au point que cela pourrait sembler irréel, mais cet homme est bel et bien là, à ses côtés et attirant à souhait. Il veut s’abreuver de sa beauté et sensualité autant qu’il lui sera possible de le faire même si l’idée de goûter à cette peau halée est terriblement plaisante. Une ambition qui s’accentue délicieusement face aux provocations du frisé qui l’observe avec cette effronterie enfantine, mais subtilement attrayante dans ce ton sensuel. Son sourire s’accentue au sous-entendu évoqué. « Je me demande… » Il répond dans un rire complice en venant hausser un sourcil. Il le provoque à son tour, tous les deux se renvoyant la balle comme s’ils se lançaient dans un match de tennis, ce qui ne lui déplait absolument pas. Après tout, c’est son sport de prédilection. Il est vraiment très plaisant. Il ne peut s’empêcher de penser alors qu’ils se décident à suivre les projets du Brésilien. Ils se redressent rapidement, avides de découvrir les beautés promisses par Basiolo. Ils font un petit détour pour récupérer les affaires de plage de Thiago avant de s’envoler pour la demeure de son oncle et de sa tante. Leurs pas sont légers et les coups d’œil complices plus nombreux. Un sourire amusé se niche sur ses commissures face à l’impatience de Basilio qui lui arrache un petit sourire. « Très bien, chef. Je reviens vite. » Il déclare dans un clin d’œil en pénétrant dans la demeure pour rejoindre la chambre d’ami qu’il occupe. Il attrape rapidement son appareil photo dont il fait passer la hanse autour de son cou. Il nettoie rapidement ses pieds remplis de salle pour enfiler ses baskets avant de rejoindre l’entrée pour y retrouver son compagnon d’aventure. Et quel guide… Il retrouve la couleur ambrée de ses prunelles avec plaisir, un sourire satisfait orne ses lèvres alors que son cœur reprend sa course folle dans sa poitrine. Je vais pouvoir t’immortaliser, Baz. L’envie lui démange cruellement les doigts bien plus que l’idée d’immortaliser le paysage alentour. Il a déjà fait des portraits de personnes rencontrées lors de ses voyages, mais il sent qu’à cet instant, prendre ce cliché est différent pour lui. « Merci. Le style photographe fait toujours fureur. » Il déclare avec malice alors qu’ils prennent la direction de leur destination. « Je te suis. » Il ajoute alors qu’ils se dirigent vers un point qui les éloigne des chemins coutumiers arpentés par les locaux et touristes. Cela ne l’inquiète pas. Thiago aime s’aventurer où personne n’est allé avant lui. Il retrouve la beauté naturelle de la jungle, celles de ses arbres secs et longs, distordus par la vie qui les a incités à prendre cette forme. Il se laisse gagner par l’adrénaline de l’instant, ses prunelles brillent d’enthousiasme alors qu’elles viennent également se perdre sur la perfection de ce corps qui le mène à travers ces feuillages denses. Le contact de sa paume chaude contre son épiderme lui arrache un frison le long de son échine. Ses prunelles s’assombrissent et son souffle se fait plus court. Cette proximité l’enivre et il boit les paroles du frisé sans pudeur. « Beaucoup. » Il déclare dans un ton chaud alors qu’un sourire vient poindre sur ses lèvres. « La vue est splendide et je crois que ce qui m’attend s’annonce beaucoup plus prometteur. » Il ajoute en venant glisser sa main au-dessus de celle de Basilio pour l’effleurer de ses phalanges. « Merci de partager ton jardin secret. » Il ose en avançant son visage près du sien, sans le lâcher une seconde du regard. Leurs souffles se mêlent, s’envoutent alors qu’il murmure : « Je ne me trompe pas, n’est-ce pas ? C’est là où tu viens t’isoler pour y puiser ton inspiration. » Les lieux semblent hors du temps. Il n’a aucun doute sur ce qu’il avance et est d’autant plus satisfait de cette rencontre avec cette personne unique qui lui offre son petit havre de paradis en signe de cadeau de bienvenue. « J’ai hâte d’en découvrir plus. » sur cet endroit, surtout sur toi, Baz... Il ne dit point ses mots, mais son regard parle pour lui comme la caresse légère de ses phalanges sur les siennes avant de les retirer délicatement en frôlant son poignet. Il amorce un contact innocent, mais intime, se laisse porter par son envie sans y réfléchir. Il embrasse l’instant et ce lien imperceptible qui se crée entre eux dans cette rencontre unique.

Les environs n'ont plus de mystère pour le jeune homme depuis bien des années puisqu'il les côtoie dès lors qu'il a pu marcher par lui-même. La maison que ses parents ont acheté, près de l'Océan, est rapidement devenu un pieds à terre bien agréable quand la ville devient beaucoup trop saturée et stressante. Aussi, toutes les vacances, il venait, accompagné à cette époque là de sa mère et de son père. Ce dernier n'a ensuite pas tardé à s'absenter des vacances estivales et autres, sûrement pour mieux s'occuper de ses maîtresses. Pensée qui lui révulse les lèvres quand il y pense ne serait-ce cinq secondes. Cinq secondes de trop. La douleur qu'il ressent alors pour sa mère est déchirante, tout comme l'embarras d'être le fils d'un porc qui se salit n'importe, portant toujours son alliance au doigt. Un vice dans le mariage qui le répugne au point de renier toute attache envers cet homme, au point de vouloir un père complètement différent. Il rêve parfois du divorce de sa mère qui retrouverait alors un homme fort et fidèle. Mais ce rêve n'est qu'un songe devenu petit-à-petit un fantasme que Basilio essaye de ménager de temps en temps, avec violence. C'est un échappatoire comme tant d'autres : la sculpture, le dessin, l'écriture, et en enfin ce petit havre de paix qu'il fait découvrir à Thiago. C'est un endroit tranquille et paradisiaque, où aucun regard humain et perfide ne peut les déranger. Seule la Nature plante ses yeux sur eux. Elle les amène même à se rapprocher quand les branches les menacent d'arrêter leur chemin. Le brésilien en tient une dans chaque main, ne les lâchant que quand son invité les contrôle à son tour. Les feuilles au passage se plient et le font sourire, voire rire de chatouille. Il est excité de l'amener sur ce petit bout de paradis sur Terre, là où tout leur sera permis. Ses amours d'été en ont déjà goûté, mais tu es le premier garçon à fouler ce sol Thiago. Le premier à avoir chamboulé son palpitant dans sa cage au point de l'emmener jusqu'ici, à l'orée de la petite crique, entre une forêt vierge et un tapis azuré d'où s'échappe une brise rafraichissante. Basilio ressent soudainement le besoin de l'arrêter à cet endroit afin de garder le suspens, de prendre le temps de déguster chaque vision qui s'offre à eux, à lui et son œil de photographe. Un sourire bienheureux s'acoquine de ses lèvres quand ce dernier avoue se régaler des pupilles. « Tu ne vas pas être déçu. » Personne ne l'est quand je les amène en ce lieu. Et Thiago est comme toutes les autres donzelles à la chevelure encore plus sombre que la sienne, à la peau plus tannée. L'effleurement de leurs doigts soutirent un frisson surprenant au basané dont la pensée se raffermit à l'encontre du brun. Toi aussi, tu joues avec mes sens. Le coeur battant, sa main toujours accrochée au poitrail de l'homme, il se sent irrémédiablement absorbé par l'aura qu'il dégage à cet instant précis, comme s'il libère dans l'atmosphère des phéromones qui le désinhibent et le grisent d'une sensation mielleuse. Leurs lèvres se rapprochent dangereusement sans même se toucher, mais c'est comme s'ils s'embrassaient contre ce tronc d'arbre tordu et aride. « Oui. », souffle-t-il, comme suspendu dans une bulle temporelle. Le rapprochement semble inné, si confortable qu'il en perdrait facilement pied. « C'est ici où je joue, je ris, où je pleure aussi... où j'y fais l'amour. » Un endroit qui ne lui est plus étranger, où il a laissé une trace invisible, un bâton planté dans le sable, des dessins effacés, une feuille de palmier sur un rocher, la marque de deux corps en fusion. L'aveu ne dérange pas Basil qui a fait une croix sur sa pudeur il y a bien des années. Quand un regard l'intéresse et l'intrigue, ses barrières s'abaissent pour le laisser passer. Il ne les dresse que lorsqu'il en décide ainsi, pour maintenant l'anonymat ou le mystère. Mais avec Thiago, lui qui vient de percer son mystère, lui qui arrive à frôler son âme, il a envie de s'abandonner entre ses mains. « Il me tarde aussi. », ses yeux plongeant sur chaque parcelle de sa peau bronzée, sûrement délicieusement salée par l'eau de l'Océan. Mais le moment n'est pas venu pour ce genre de découverte et Basilio glisse donc ses doigts entre ceux du photographe pour mieux le guider et garder ce lien physique entre eux. Le contact est chaud et confortable, pas prêt de se briser. Ils arrivent bientôt à la crique, sans avoir eu à dire quoique ce soit d'autre. Le frisé apprécie ce silence de la part de son ainé, agrémenté de bruissement de feuilles et de chants d'oiseaux exotiques. La petit plage sauvage se révèle enfin sous leurs yeux de nouveau-né. « Et voilà. », lance-t-il en se détachant enfin de sa poigne pour mieux voir si l'attirance se réitérera. Et en combien de temps ? Basilio foule le sable, tourne sur lui-même, tape dans une vague qui s'échoue et s'adosse finalement à un rocher où le soleil réchauffe sa peau noisette. De là, il a une vue parfaite de Thiago en plein milieu de la crique, entouré à la fois par l'Océan et la jungle. Je suis Iracema et tu es mon Martin.

L’intimité qui se créé naturellement avec le Brésilien est résolument ensorcelante. Il se laisse empoigner par ses sensations mielleuses qui l’attire inlassablement vers Basilio. Il est différent des autres hommes qu’il a pu rencontrer jusqu’à ce jour. Ce qu’il dégage lui plait. Il transpire une fragilité derrière ses mystères d’homme inaccessible. Elle est bien camouflée, mais présente et il ne doute pas du caractère ferme et assuré du jeune homme qui s’approche subtilement de son être. Il sait ce qu’il veut et ce qu’il ne veut pas. Il admire cette force de caractère, qui fait qu’il assume pleinement l’homme qu’il est. Il ne se cache pas derrière un masque, sauf lorsqu’il le désire et il se sent honoré de pouvoir l’admirer sans artifice. C’est un très beau cadeau que tu me fais, moi un parfait inconnu. Il a conscience que le côté éphémère de leur rencontre y joue peut-être. Il n’y a pas de réels enjeux pour eux, si ce n’est de passer un bon moment en compagnie de quelqu’un de nouveau, qui rafraichira son existence durant quelques heures, jours ou mois avant de disparaitre comme un songe. Thiago en a fait de belles rencontres durant ce périple, mais avec ses prunelles ancrées à celles du Brésilien, elles semblent insignifiantes. Cette rencontre là est unique comme si leurs âmes pouvaient être connectées comme les héros d’une histoire romanesque. Une sensation déroutante, mais contre laquelle il ne lutte pas. Il est prêt à embrasser l’instant, l’opportunité qui lui est donnée de goûter à une expérience qu’il ne vivra sans doute pas de nouveau. Carpe diem. Ce credo sur lequel il a bâti son nouvel équilibre ne lui jamais semblé avoir de sens qu’à cet instant. Il veut se laisser porter par le présent et ne songer à rien de plus qu’à découvrir la richesse qui se cache dans l’âme de cet homme au regard si captivant. Il lui révèle tant de choses sur lui que cela ne fait qu’accentuer l’inclinaison qu’il développe à son encontre. L’idée de faire partie de la liste de ses amants ou amantes ne lui déplait pas. Il y a quelque chose dans sa formulation qui laisse planer le fait qu’il ne s’agit pas que d’une étreinte charnelle, mais bel et bien un acte d’amour. Je suis sûr d’avoir bien saisi l’allusion que tu tentes de me dire, Baz. Il est ébranlé par la sincérité de ce jeune homme qui éveille tous ses sens. Il rompt le contact de ses phalanges sur les siennes, mais ressent un plaisir de sentir celles du brun s’enliser entre les siennes pour les empoigner. Ce toucher est confortable alors qu’il les entraine un peu plus loin dans ce décor digne d’un roman ou d’un monde hors du temps. Thiago le laisse mener la danse, profite du paysage qui s’offre à lui avec satisfaction. Le silence est appréciable entre eux, seulement brisé par une légère brise qui fait remuer les feuillages autour d’eux. Le chant des oiseaux tropicaux se fait connaitre et rend l’endroit que d’autant plus magnifique, mais il n’est en rien comparable à ce qui l’attend. La crique dans laquelle ils arrivent lui coupe le souffle. « Ma-gni-fi-que… » Il souffle dans une voix rêveuse alors que ses prunelles viennent se perdre sur la roche, l’eau, le sable et la végétation verdoyante. Son cœur bat la chamade alors qu’il s’empreigne des sons des animaux présents non loin d’eux, du mouvement de Basilio qui a relâché sa main pour rejoindre le début des vagues. Très rapidement toute son attention se retrouve captivée par ce jeune homme qui se mouve avec une élégance ensorcelante. Il attrape naturellement son appareil pour figer l’instant. Ses phalanges glissent sur son appareil photo et incite son instrument à capturer les mouvements grâcieux de ce jeune homme pour les rendre éternel. A ce moment précis, il ne cherche pas à faire le plus parfait des clichés, mais lorsqu’il fait un zoom avec son objectif et que la seule chose qu’il voit sont la couleur ambrée de ses prunelles qui lui ouvre une porte sur son âme si poignante, il n’hésite pas à immortaliser ce bout d’âme qu’il lui donne si spontanément. Un sourire sincère vient ourler ses lèvres alors qu’il se rapproche subtilement de lui. Il réduit la distance entre eux dans un mouvement lent, mais déterminé. Ses prunelles ancrées aux siennes, il vient mouvoir son corps tout contre le sien pour venir glisser sa menotte contre sa mâchoire et déposer un baiser voluptueux. « Merci… » Il souffle contre ses lèvres qu’il vient embrasser de nouveau avec une révérence sincère. « Tu me plais, Baz. » Il déclare dans un sourire et rire complice alors qu’il s’éloigne déjà de ses lèvres à regret. « J’ai envie de te prendre en photo. Accepterais-tu d’être mon modèle ? » Il le questionne dans une voix suave, en omettant qu’il s’est déjà permis de le prendre en photo contre son insu. Peut-être que le Brésilien en jouera pour le taquiner ? Une idée qui ne lui déplait absolument pas tant que la magie continue d’opérer entre eux. Il est charmé par cet homme.

Le jeune métis, échoué sur son rocher, abaisse ses cils en offrant au Soleil rouge chaque parcelle de son épiderme brun. Il déguste un fragment de temps les rayons qui dévorent ses cellules et font ressortir les tâches de rousseur sur son nez et ses pommettes. Dans cette position, presque statuaire, qu'on ne voit que dans les musées classiques ou les magazine de mode, il attend que Thiago découvre l'endroit et se l'approprie, imaginant ses prunelles se poser sur les couleurs qui les ravissent et les font luire d'admiration. Prunelles qui ne tarderont pas à retrouver son corps et son visage. Basilio veut témoigner de ce moment qui taraude ses pensées depuis qu'il a lâché sa main et s'est glissé jusqu'ici, à plusieurs mètre de lui, alors il rouvre ses yeux. Ces derniers sont aussitôt captivés par ses jumelles, tantôt claires, tantôt ténébreuses, se dévoilant enfin derrière l'objectif de son Martin. Implantés dans ce paysage sauvage, à l'allure de mythe indien, le brésilien se sent comme le protagoniste d'une romance qui est en train de se tisser et de prendre de l'ampleur à mesure que les regards et les mots s'échangent. Bientôt, s’allieront au reste les caresses, les premières sous lesquelles il frissonnera d'un plaisir qu'il n'a jamais partagé avec un autre homme. Thiago, ce bel étranger qui revient visiter ses terres natales, cet artiste avec lequel la complicité et l'attirance se sont rapidement installé, a comme effleuré et touché une partie de son âme qu'il cache généralement à son propre sexe. Le sentiment est nouveau, il pulse ses veines et son cœur qui soulèvent sa poitrine de spasmes attrayants à mesure que le corps de l'éphèbe se rapproche. Basil comprend instinctivement sa volonté d'embrasser l'instant et donc son corps, comme si l'américain avait lu dans ses pensées. Serais-tu ma moitié, Thiago ? A deviner tout ce dont il désire et dont il a besoin. A s'infiltrer agréablement dans les méandres de son jardin secret. Jamais quelqu'un ne l'a autant approché avec révérence, ne l'a percé à jour aussi intimement. C'est transcendant, plus que son poitrail sur le sien, et sa menotte sur sa mâchoire qui lui arrachent néanmoins un soupire fébrile. Les lèvres salées du photographe laissent une marque indélébile et brûlante sur ses lippes dans un baiser léger et doux. Le jeune homme laisse son ainé l'honorer de ses caresses qui le chamboulent sans ménagement. Il laisse les sentiments le dévaster et le malmener délicieusement en accompagnant Thiago dans son deuxième baiser. « Tu me plais aussi, Titi. » Un sourire s'étire, même quand il sent leurs deux corps se séparer et s'éloigner l'un de l'autre, parce qu'il sait qu'ils se rejoindront bientôt et que d'autres beaux moments plus ou moins nuancés les attendent. A l'image de cette séance photo que l'artiste lui propose et qu'il accepte sans sourciller, plus que ravi d'être une source d'inspiration pour lui. « Bien sûr. Je serai ton modèle tout l'été si tu le souhaites, même. Je n'ai jamais été photographié de cette façon, que dois-je faire ? » Bien sûr qu'il existe des clichés de son minois à la maison et sur les réseaux sociaux, mais tous ont été pris en un clic d'une fraction de seconde, dans une pose symbolique, jamais dans le feu de l'action. Basil se décolle du rocher en y laissant glisser les pulpes de ses doigts. Il aime la rugosité des pierres taillée par les vagues dont le fracas retentit à leurs tympans. Son regard est inquisiteur et ne perd pas de vue Thiago et son objectif photo, comme s'ils le guideraient dans ce qu'il recherche. Peut-être que c'est à moi de te donner ce que tu veux. Le métis s'enlise donc dans le sable, faisant reculer le brun, et s'imprègne d'une marche presque féline, arpentant la petite plage. « Tu veux me prendre en train de marcher dans l'eau ? Ou jouer derrière un coquillage ? » J'adore le jeu de cache-cache. Son corps se plie pour récupérer une coquille dans le sable, aussi blanche qu'une porcelaine ou une église hispanique, qu'il aligne avec son œil. D'un sourire embarrassé et d'un froncement de nez, les premiers en compagnie du photographe, il le jette finalement à l'Océan dans un petit bruit de clapotis. « Je peux te construire une sculpture de sable... ou juste m'en salir la paume des mains. », lâche-t-il sans s'arrêter, se rendant compte qu'il mène la danse sans qu'il n'embête Thiago dans sa création. S'il veut capturer son essence après tout, il doit être lui-même, il doit lui faire confiance. Basilio enfonce ses mains dans les grains humides, les ressort en palme, salies mais prêtes à dessiner. Il se relève et forme un cercle infini sur les abdomens de l'américain dans un petit sourire, cette fois-ci, malin. « Ou tu préfères les ombres de la jungle ? », l'interrogeant du regard, il recule jusqu'à se faire totalement dévorer par la végétation dense. Il réapparait ensuite, encore plus joueur et puérile, s'accoudant à un tronc ressemblant plus à une liane, paume contre joue, invitant Thiago à le rejoindre. Disparaît avec moi dans la forêt. Un frisson d'anticipation lui fait battre des cils.
Le rêve est splendide.

Cet aveu murmuré du bout de ses lèvres est tout nouveau pour l’américain. Il n’avait pas ressenti une telle inclinaison pour une autre échine depuis le jour où il avait donné son cœur et son âme à Ethan. Ce fantôme de l’être qu’il a aimé, qui continue encore de hanter ses nuits malgré les années qui défilent. A cet instant, le souvenir de cet homme s’effrite sans crier garde pour lui laisser embrasser ce rêve éveillé en compagnie de cet astre solaire. Ses prunelles ambrées l’hypnotisent tout comme le moindre de ses gestes. Son myocarde bat la chamade dans sa poitrine alors qu’il s’enivre de l’odeur de cette peau hâlée et salée. La caresse de ses lèvres sur les siennes ont un effet ensorcelant auquel il aimerait se laisser tenter. D’autant plus lorsqu’il lui retourne la confession. Je lui plais. Il n’avait pas de doutes. Du moins, c’était aussi limpide que du cristal de son côté comme du sien, mais c’est doux à entendre, terriblement grisant d’autant plus lorsqu’on est plongé dans une telle intimité avec quelqu’un d’autre. Un sourire complice se niche sur leurs lippes alors que leur proximité s’estompe. Il désire le prendre en photo à cet instant et Basilio semble disposé à devenir sa muse pour le temps d’une séance ou durant tout l’été. Je ne doute pas que tu seras un modèle magnifique à immortaliser si dès le premier jour, tu te montres aussi étincelant qu’à cet instant. La muse qui fera flancher son artiste. L’idée l’enivre, car à cet instant il désire ardemment s’embraser pour cet homme qui l’hypnotise dans le moindre de ses faits et gestes. Il dégage un charme si révérencieux, presque archangélique qui ne le laisse absolument pas indifférent. Enivré par la féerie des lieux et de Basilio, son âme de photographe se laisse guider et toute son attention se retrouve concentrée à cent pour cent sur les mouvements aériens. Il se déplace avec attention, capture l’angle et la lumière de manière intuitive pour sublimer ses actions. Il lui tarde déjà de visualiser les clichés qu’il capture avec une aisance déconcertante. Il ne réfléchit pas tant il est happé par l’instant et l’intimité si naturelle de leur échange. Ils sont tels deux âmes reliées l’une à l’autre par un lien qui relève du mystique. Rien n’aurait pu le préparer à rencontrer cet homme au charisme envoûtant et déconcertant qui lui plait assurément. L’idée de passer tout l’été à ses côtés est une perspective merveilleuse. Il est prêt à se laisser damner pour pouvoir continuer de voir ses prunelles ambrées s’animer dans la panoplie d’émotions dont son être est capable. Il veut toutes les capturer pour ne jamais oublier cette rencontre hors du temps. Tel une abeille, Basilio butine autour de lui avec cette légèreté rafraîchissante qui embaume son cœur d’une douce chaleur. Un sourire distrait ourle ses commissures derrière son appareil photo alors qu’il le suit dans le moindre de ses mouvements tel un paparazzi avec une idole. Tu deviens mon Idole, Baz. Il adore la manière qu’il a de jouer avec lui, de devenir une beauté de la nature difficilement saisissable. Sa magnificence le chamboule. « Je vais adorer te prendre en photo. » Il murmure alors qu’il le suit dans la jungle dense dans laquelle sa peau halée fait un contraste saisissant. Il est fort à parier que ces clichés seront ses trésors, ceux qu’il ne montrera à personne. Son petit secret, celui qu’il aura embrassé durant tout un été et qui lui aura permis de retrouver le plaisir de partager son existence avec un autre être. Il finit par lâcher son appareil photo qui vient pendre autour de son cou alors que son corps se retrouve de nouveau en contact avec celui de son modèle. Sagement adossé contre le tronc biscornu d’un arbre sans doute centenaire. Sa peau tannée retrouve la sienne, son souffle se mêle au sien pour un vrai baiser. Il ose ce qu’il n’a pas n’a jamais fait jusqu’alors. Ses lèvres se superposent à celles de sa muse. Sa langue vient quémander l’entrée de cette bouche pour se mêler à sa comparse. Sa main chaude et moite à cause de la chaleur vient se loger dans la nuque de Brésilien pour un baiser qui se fait lent et langoureux. Il sourit contre ses lippes avant de revenir goûter avec bonheur au goût exaltant de cet homme ensorcelant. Il sent son cœur vibrer dans sa poitrine et lui vriller le cerveau. « Tu es magnifique. Cela fait bien longtemps que je n’ai pas désiré un être autant que je te désire. » Il avoue dans une voix chaude et rauque. Il ne se cache pas derrière des artifices. Il lui révèle ses pensées avec cette franchise et innocence qui lui colle à la peau. L’alchimie n’est pas que charnelle. Il y a quelque chose chez lui qui lui donne envie de percer son âme. Son être fait frissonner la sienne. « Tu es le premier après lui… » Sa confession est sincère et révèle une partie de son mystère pour qu’il commence à entrevoir une partie de son âme. « J’ai envie de tout savoir sur toi, tout ce que tu caches derrière ce regard si envoutant. » Fais moi ce cadeau durant cet été. Je ne te le ferai pas regretter.  

Le gros appareil n'intimide pas Basilio qui parcourt la plage sans le quitter des yeux, pour donner l'opportunité à Thiago d'obtenir les clichés qui résonneront en lui. J'espère qu'il en sera satisfait. Il est difficile pour un artiste de trouver sa perfection, mais le jeune homme sait également que l'inspiration est une part essentielle à la création, qui n'a alors plus aucune limite. On aime ce qui nous inspire, et je vois bien que je t'inspire Thiago. Il aimerait que cet intérêt envoûtant lui colle à la peau pendant toutes ces vacances estivales. Je ne m'en lasserai pas. Il y a, dans le fait de se faire photographier par l'américain, une sensation indescriptible, à la fois nerveuse et euphorique. Basil prend son pied, il l'emmène là où il veut, il fait même ce qu'il veut de lui et de son corps, et Thiago le laisse faire. Il se demande jusqu'à où il serait prêt à le suivre... dans la forêt ? Le brésilien continue son cache-cache éphémère qui l'amuse et l'excite tant, jusqu'à réapparaître accoudé puérilement sur un tronc d'arbre exotique. Tout ici fait parti d'un rêve, d'un mythe dont il n'arrive pas à se détacher. Ses yeux sirupeux non plus, plantés sur la stature de Thiago qu'il admire inconditionnellement. Ils semblent tombés complètement sous le charme de l'un et l'autre. Le voyant s'approcher à nouveau de lui, signe qu'il a compris en une fraction de seconde ses désirs de s'arracher de la lumière pour parcourir avec lui les ombres de la jungle, Basil pense à nouveau à la résonance de ses iris, la douceur de ses lèvres fines et à la puissance de ses phalanges habituées à manier son appareil photo. Un soupire s'expire de sa bouche sans qu'il ne puisse, ni ne veuille le retenir. A l'intérieur de son ventre, c'est comme si des centaines de papillons prenaient leur envol. Je suis une chrysalide. Pour Thiago. Pour ce premier mâle sur lequel son coeur jette son dévolu, sur lequel son âme veut fusionner à tout prix, si ce n'est déjà fait. Il a peut-être besoin que leurs corps en fassent de même ? Pas nécessairement, c'est plus fort que ça, toi et moi, n'est-ce pas ? Il resterait à lui tourner autour, même si Thiago lui serait inaccessible. Il leur suffit d'un regard, de belles paroles échangées pour nourrir le plaisir qui ronronne dans tout son corps. Mais le brésilien ne fuit pas pour autant la présence olympique de cet homme auquel il fait confiance et pour lequel il se jetterai à l'eau, telle une sirène sauvant un beau marin d'un naufrage. Il le veut et ne se refusera pas ce plaisir. Il croque à la vie. J'aimerai bien te croquer, moi, Titi. Son souffle s'alourdit en sentant celui du dénommé à quelques millimètres de son épiderme. Basil n'a pas le temps d'entrouvrir ses lèvres et d'y échapper un demi gémissement d'impatience que son artiste s'en empare. Le baiser est plus long et plus langoureux que le premier, sur la rive, et Basil tombe des nues, dévoré par de nouvelles sensations qui l'acculent contre le tronc. La langue de l'étranger brise le passage et s'enroule contre la sienne, conquérant toute sa bouche. Oh. Mon. Dieu. A cet instant, il y croirait presque, tant l'étreinte est souveraine. Si différente de ce qu'il a ressenti jusqu'alors avec les femmes. Ses mains viennent attraper les côtes de Thiago comme pour le dissuader de partir. Reste. Continue. Enivre-moi. Mais le baiser s'achève, Basil expirant un souffle plaintif à l'encontre de sa moitié, le palpitant en quête sauvage d'oxygène. Ses paroles ont cependant le même effet qu'une caresse sur lui et satisfont ses désirs en tout point de vue. « Tu es divin Thiago. Je n'ai ressenti ça pour aucun homme. » Ils forment donc une belle paire, à découvrir la magie qui s'opère et les attirent irrémédiablement. Puis, le passé s'offre doucement une fenêtre. Lui ? Oh, il devait être exceptionnel... Basilio entend la note révérencieuse envers cet être qui a su gagner par le passé son cœur. Il sent qu'une histoire vibre dans ce pronom lâché dans un instant de vérité. Une histoire qu'il est prêt à entendre même si une émotion intense s'y cache. Mes secrets, je te les chanterait quand tu auras levé le voile sur le tien. « Tu as du beaucoup l'aimer. » Un Amour dont il se souvient encore et qui l'a amené sur ses plages brésiliennes, loin de sa ville natale. « Tu veux me parler de lui ? », lui demande-t-il sur un ton léger, penchant sa tête sur le côté pour mieux y déceler sa décision. Basilio se dit qu'il n'oserait peut-être pas se dévoiler autant, alors il décide de lui donner une petite impulsion et de se révéler à son tour, prenant une de ces poignes et plongeant ses phalanges entre les siennes. « Tu peux remercier la génétique de mes parents pour ce détail. », lâche-t-il dans un petit sourire et plissement attendris, l'émotion lui retournant complètement la poitrine. « Le plus ironique, c'est que... je les tiens de mon père. » Le ton du jeune homme se transforme à la nomination de son paternel. Pourquoi s'évertuer à l'appeler père ? Sa gorge et ses phalanges se resserrent sous l'indignation dont il n'arrive pas à se défaire à l'égard de cet homme grotesque. « Alors, j'essaye qu'ils soient plus sympathiques et réconfortants à regarder. Est-ce que c'est le cas Titi ? Tu t'es dis quoi en les voyant pour la première fois ? » Une réponse à laquelle il s'accrochera à l'avenir. Ne me dis pas qu'ils sont froids. Inconsciemment, cette pensée le fait trembler malgré la chaleur humide de l'air environnant.

La tentation était trop grande pour qu’il ne se laisse pas envouter par ce regard ambré si intriguant. Les mystères qu’il contient est une source d’admiration pour le photographe qui désire ardemment explorer tous les secrets de cette âme qui est bien plus profonde qu’on ne pourrait le croire. Il l’hypnotise et est irrésistiblement attiré par cette âme révérencieuse qui rend son myocarde dingue dans sa poitrine. Il embrasse l’instant présent, goûte de nouveau à ses lèvres qui attisent ses sens dans un baiser qui n’a plus l’innocence de la première rencontre. Il y a l’aveu d’un désir qu’il exprime avec une sincérité déconcertante. Il n’a pas habitude de se cacher derrière des artifices. Il lui semble important de se montrer honnête avec les émotions qu’on ressent, surtout lorsqu’elle sent si puissantes que celles qu’il ressent à cet instant. Il a la sensation d’être le héros qui rencontre une personne qui a le pouvoir de changer sa destinée. Es-tu cette personne pour moi, Baz ? Il aimerait le croire, d’autant plus lorsque la déclaration lui est retournée avec tant de fébrilité. Ce trouble est résolument partagé et lui donne que plus envie de se perdre dans cette relation hors normes qui le lie à ce jeune homme. Au point de lui avouer l’importance que revêt cette réalité à ses yeux. Son âme s’était éteinte à l’annonce du décès d’Ethan et seule sa passion pour la photographie lui avait insufflé la flamme nécessaire pour continuer d’avancer. Basilio est la première âme à le faire flancher et retrouver l’envie de s’impliquer intimement avec une autre personne. Il veut découvrir tous les secrets que cachent ses prunelles énigmatiques qui transcendent son être. « Oui… » Il murmure dans une voix troublée par l’émotion d’évoquer ce fantôme qui hante toujours ses nuits. Je l’aimais à mourir. Et ce malgré les coups durs qu’a subi leur relation sur les derniers mois. Ethan était tout pour lui. L’est toujours malgré sa disparition funeste. Il ne répond pas immédiatement à la question du Brésilien, car il ne sait pas réellement s’il veut parler d’Ethan alors qu’il s’efforce de fuir tous ces souvenirs bons et mauvais, mais en même temps cela permettrait à Basilio d’entrevoir à quel point ces paroles ont un sens, même s’il semble éloquent tant il se retrouve décontenancé par l’effet qu’il a sur son échine. Ses prunelles ancrées dans celles de cette muse qui le captive, sa peau frisonne sous la caresse de ses doigts sur sa main. Cette fébrilité s’accentue lorsqu’il sent ces phalanges se mêler aux siennes dans un geste tendre et attendrissant. Tu m’ébranles Baz. Tu le sais ? Une réalité qui s’accentue lorsqu’il lui révèle une vérité sur sa vie. Il perçoit la douleur qui se cache dans l’échine du Brésilien lorsqu’il évoque son géniteur. Cette rancœur qui vient obscurcir son humeur. « Que tes yeux étaient magnifiques. » Il murmure en venant doucement glisser sa main libre contre la fine mâchoire de son interlocuteur dans un geste tendre. « Ils m’ont attiré comme un aimant. Ils sont chatoyants et si mystérieux à la fois. Ils ont une histoire à raconter et cela se voit. » Il déclare sans le lâcher de son regard pénétrant. « Et j’en suis de plus en plus persuadé que ces mystères vont me plaire. » Un sourire doux vient s’épancher sur ses lippes alors qu’il vient doucement embraser ses lippes du bout des siennes. « Tu es un astre solaire. » Il conclut alors que sa menotte frôle son oreille pour se perdre dans sa chevelure bouclée et pourtant si douce à son toucher. « Lui. Il s’appelait Ethan. C’était mon ami d’enfance, mon meilleur ami et le seul homme que j’ai désiré jusqu’à ce jour. Il était mon premier amour, celui qui a toujours été à mes côtés, mais que j’ai perdu à petit feu, à cause de la connerie humaine, de ma mère. » Il admet dans un ton plus solennel alors qu’il vient porter leurs mains liées à ses lèvres pour les baiser avec douceur. Cela lui apporte le courage nécessaire pour poursuivre. « Il a tout perdu ce jour, sa famille, sa maison. Il m’avait, mais ce n’était pas suffisant. Je n’étais pas suffisant. Je me suis perdu quelques temps avec lui, dans l’effet des drogues, mais j’avais eu plus de chances que lui. Contrairement à ton père, le mien a toujours été présent et m’a donné l’équilibre nécessaire. Parfois, j’aurai préféré qu’Ethan l’est plutôt que moi. Peut-être qu’il n’aurait pas connu ce destin funeste. » Sa voix se brise sous l’effet de l’émotion qui lui prend la gorge qu’il s’efforce de contenir du mieux qu’il peut. Les années ont beau s’écouler cette narration de cette partie de sa vie n’est jamais aisée même s’il a cessé de s’effondrer en larmes à sa simple évocation. « Il est mort, il y a plus de deux ans, une overdose. Du jour au lendemain, il a disparu. Quand on aime, comme je l’ai aimé, on met du temps à se relever. » Il ajoute dans une voix lointaine alors qu’un faible sourire vient s’épancher sur ses lèvres. « Peut-être es-tu l’âme qui me permettra d’avancer de nouveau et que notre rencontre était l’étape ultime de ce voyage introspectif que j’ai mené jusqu’à aujourd’hui. » Il déclare dans un sourire plus éclatant en essayant de chasser le côté sérieux pour impulser de nouveau de la chaleur dans ses propos. J’ai envie que tu le sois. Apprends-moi à m’ouvrir à nouveau, Baz.