Care about your generosity [Laumie]

Ce soir, c’est un gala de charité. Un gala de charité organisé par mes soins, comme chaque mois, sous couvert d’une de mes associations caritatives. Et il s’agit, une fois encore, de récolter des fonds, qui rejoindront un fond de solidarité pour les orphelins de la ville. Je suis plus sensible à la cause des gamins qu’à n’importe laquelle. Pour autant il ne faut pas perdre de vue que pour les inciter à lâcher leur fric, il leur faut une bonne raison, une ambiance, une émotion. Rien de plus facile qu’avec des dorures. Ce n’est pas leur pathos que je veux, c’est leur chèque. Ça peut paraître un peu pragmatique, et pompeux, dit comme ça. Et objectivement ? Ça l’est. Chacun y va de son commentaire, de sa plus belle tenue, et de son jugement. Qu’importe ? Si à la fin ils payent l’addition qui leur donnera bonne conscience ? Je ne suis pas un mécène, en tout cas pas exactement. Je sais ce qui est rentable et je donne un peu de ça pour obtenir ce qu’il faut, améliorer le quotidien de ces gamins. Altruiste ? Sans doute, un peu, dans le fond. Ce n’est pas la première édition, loin de là. Et si les grosses fortunes se précipitent, c’est tout d’abord pour être vus. Parce que c’est ça que je leur offre, une couverture médiatique. Des on dit, à propos d’eux, d’être vus dans un gala de charité, de projeter une image clairement positive, et altruiste, on y revient. Tant qu’ils lâchent un peu de leur pognon dans la cause… C’est autant d’améliorations dans les foyers, de vacances pour les gamins, de fringues pour aller à l’école et de livres pour étudier.
C’est une hauteur sous plafond de pas moins de 4 mètres, des colombages, des tentures, de la dorure, ce qu’il faut pour faire rêver. Des tables rondes en grand nombre et un rond de serviette au nom de chacun, histoire de les laisser sentir qu’ils ont leur place, à ces tables de luxe, cet honneur. C’est important la suggestion. C’est même fondamental pour la plupart des donateurs, leur donner le sentiment d’être une exception. D’être LE sauveur de la cause. Et pour ça, ils n’emploient pas des armes, non, ils emploient un bout de papier à leur nom sur lequel ils apposent leur précieuse signature.
Champagne, bien évidemment, et il m’en faut une coupe pour me donner une contenance, pour ne pas avoir l’air d’épier mes inviter, et me mêler à la foule, comme tout un chacun est chargé de le faire. Tout va bien, la salle se remplie. En même temps, un évènement comme celui-là dont tout LA risque de parler, ça ne se manque pas. Pour la plupart, ils sont en manque d’égo, à l’égard de leur propre famille, alors si tout le reste de la ville se met à les louer… Comment manquer l’occasion ? Je vends une part de rêve, et de gloire, en échange d’un peu de confort pour ces mômes.
J’ai plutôt le coup d’œil quant à qui a répondu présent à l’invitation, seulement sur carton. Histoire encore une fois d’accentuer le côté privilégié. Je fais le tour de mes invités, les salue, les remercie. Et près du comptoir buffet où le champagne coule à flot, c’est un visage relativement familier que je croise. « Mademoiselle Fawkes, anciennement Dikens, si je ne m’abuse. C’est donc vous, qui vous acquittez à présent du devoir de générosité envers la ville ? » C’est toujours son mari, qui avait pour habitude de se mettre en avant. Et si je ne m’abuse, un parfait connard égocentrique. Mais ça n’est pas à moi d’en juger. Je me suis renseigné sur chacun de mes participants et invités, il va de soi d’avoir une longueur d’avance pour les rendre importants. « Puis-je vous offrir une coupe de champagne ? » Faisant signe à mon serveur de nous en servir deux coupes.

([Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]) Un gala de charité. En voici un bien joli mot pour désigner une fête barbante où l'hypocrisie flotte dans l’air. 90% des invités ne sont pas là pour faire preuve de générosité, envers une quelconque association ou cause. S’ils sont présents, c’est pour faire gonfler leur égo, augmenter leur cote de popularité, voir faire de la publicité pour leur propre business. C’est triste, et pourtant, c’est la vérité, c’est le monde dans lequel chacun vit aujourd’hui. Tout n’est qu’apparence et faux semblants. Heureusement, dans le lot, il reste des personnes honnêtes, ravi(e)s de venir participer à l’événement et de contribuer à aider une cause. C’est le cas de Laurel, qui réponds toujours présente quand une invitation arrive dans sa boîte aux lettres ou boîte mails. Il y a quelques mois, quand elle était encore madame Dikens, femme de Joseph Dikens, c’était une obligation de venir, plus qu’un plaisir. L’obligation d’être accrochée au bras de son époux pour parader à ses côtés, en arborant un sourire du début à la fin de la soirée. Aujourd’hui, c’est l’une des premières fois depuis son divorce qu’elle peut venir par envie, et avec un réel souhait d’apporter sa pierre à l’édifice. L’altruisme n’est plus à prouver chez elle, et pourtant, ce n’est pas un concours de celui qui en aura le plus. Ce soir, elle compte bien donner un chèque en faveur des orphelins de la ville. Non pas pour se faire bien voir, mais car ça lui tient à coeur. Grâce (ou à cause) de son métier, Laurel sait qu’ils sont nombreux, parfois victimes d’un accident ou d’un incendie. Des enfants qui étaient dans des familles merveilleuses, et qui du jour au lendemain, se retrouvent sans parents pour avancer dans la vie. Dans d’autres cas, ce sont des enfants victime d’un mauvais karma. Ils enchaînent les mauvaises nouvelles, parfois dès la naissance. Laurel sait que l’argent ne peut pas tout résoudre, mais s’il permet de construire des foyers pour ces enfants, faire des stocks de couvertures quand la température baisse à l’extérieur, ou même acheter de la nourriture pour ne pas qu’ils meurent de faim, il ne faut pas hésiter à mettre la main à son portemonnaie.

C’est dans une magnifique robe longue, avec un dos plongeant, qu’elle se balade dans la pièce. Le tissu est d’un blanc virginal, comme elle ne le sera plus jamais, agrémenté de sequins faisant briller l’ensemble. Une tenue presque osée, qu’elle est fière de porter ce soir. Désormais, elle peut faire ses propres choix, sans penser aux conséquences envers son ex mari. D’ailleurs, il n’est pas là ce soir, ce qui n’étonne pas la jeune femme. Des deux, ça a toujours été elle le cerveau concernant les événements importants. C’est elle qui gérait l’agenda du couple. Dommage pour Joseph, il doit se débrouiller seul désormais, et à en croire par son absence, c’est loin d’être gagné. Une constatation qui fait sourire la blonde, en conversation avec une dame. Le sujet n’est pas passionnant, assez superficiel, et elle n’est pas mécontente de la voir s’éloigner pour discuter avec une autre dame de la soirée. Si elle s’en va, elle est très vite remplacée par une nouvelle personne, et pas n’importe qui : l’hôte de la soirée, en personne. « Monsieur Ukhar. Oh mais ça a toujours été moi. Mon cher ex mari n’y pensait jamais, et venait uniquement pour faire de nouvelles alliances, car je lui faisais penser. Le voyez-vous ce soir ? Non. » Et cette absence la ravie. Non pas qu’elle soit en mauvais terme avec son ex époux, mais moins elle le voit, mieux elle se porte. Aux dernières nouvelles, il avait déjà remplacé Laurel par une femme plus jeune que la Fawkes, histoire d’avoir un joli accessoire à montrer aux autres. C’est d’un pathétique. « Avec grand plaisir. » Dit-elle en prenant la coupe de champagne entre ses doigts fins. « À la réussite de cette soirée. » Car il faut bien porter un toast lorsqu’une coupe de champagne arrive entre nos mains. Elle vient faire tinter le verre contre celui de son hôte, avant de le porter à ses lèvres pour boire une gorgée. Un délice, comme à chaque fois. « Vous vous êtes surpassé, la salle est magnifique. Quoiqu’un peu trop tape à l’oeil à mon goût.» Voici le parfait exemple de la Laurel 2.0, celle qui peut enfin dire le fond de sa pensée, sans le modérer.

Je sais très bien à qui je m’adresse. A une femme récemment divorcée, qui, rien qu’à sa tenue, suggère qu’à présent, c’est elle qui tient les rennes et qu’elle n’est pas ici pour reprendre le flambeau hypocrite. C’est même courageux, de se rendre à une soirée où elle est d’habitude accompagnée. Pas que ce soit une honte de divorcer, plus à notre époque, Dieu merci. Mais pour autant, elle n’était pas nécessairement obligée de faire bonne figure. Ce qui indique que si elle est là, elle le doit uniquement à son volontariat. Nous passons toujours des soirées intéressantes, que l’on soit observateur, ou bien dans l’action. Des tas de gens à rencontrer, des contacts à se faire, ou, dans le cas où le carnet d’adresse n’est pas un intérêt particulier, observer. Il y a tellement à apprendre du genre humain, rien qu’en observant… Je n’ai toujours pas fini de m’en étonner, et pourtant, il me faut ce soir être pleinement au cœur de l’action. Mais j’aime être bousculé, ne pas avoir le temps de trop penser, c’est encore comme ça que je suis le plus efficace, même si au premier abord, j’ai l’air très calme. Et je me le dois, c’est une question d’image. De quoi aurais-je l’air à gesticuler partout ? Les lois de la nature se mettent en place, les égos se rencontrent et une fois que le vin aura fait effet, ce sera une guerre sans pitié pour faire savoir à celui qui aura noté le plus grand nombre de zéros. C’est une question de fierté, ni plus ni moins, et de testostérone. C’est un cas qu’on observe beaucoup moins chez les femmes, pour ne pas dire jamais. Elles sont bien plus fines, et agiles, plus sournoises même, et les choses se savent d’elle-même, pas parce qu’elles crient plus fort. L’élégance, c’est ce qui les différencie, en somme.
« Monsieur Ukhar. Oh mais ça a toujours été moi. Mon cher ex mari n’y pensait jamais, et venait uniquement pour faire de nouvelles alliances, car je lui faisais penser. Le voyez-vous ce soir ? Non. » « Pourquoi croyez-vous que l’invitation lui était toujours adressée ? C’est comme ça que nous attirons nos plus gros donateurs. En leur offrant une vitrine. Même si je ne devrais certainement pas vous le dire… » C’est un marché, un marché aux affaires, un marché au carnet d’adresse, une plateforme pour échanger sur fond de bonne action. Au fond, personne ne vient pour la cause, ou ils sont très peu, je peux les compter sur les doigts d’une main. Des contacts, une image, se faire voir, une alliance, tout ça se mélange, mais ce que je sais, c’est qu’à la fin, ils finiront par passer devant la boite aux dons, quoi qu’il puisse se passer. C’est tout ce qui compte. La façon dont je leur vends l’idée…
Je lui propose par la même une coupe de champagne, de ce que j’en sais, elle est venue seule. « Avec grand plaisir. À la réussite de cette soirée. » « Aux orphelins de Los Angeles. » Trinquant avec elle. Pour une fois, je n’ai pas besoin de jouer un rôle, je crois fermement en cette cause, quoi qu’on puisse en dire. Je suis un homme convaincu par certaines causes, qui croit même encore en certaines valeurs.
« Vous vous êtes surpassé, la salle est magnifique. Quoiqu’un peu trop tape à l’oeil à mon goût.» « Tape à l’œil… » Je prends une seconde pour parcourir la salle du regard. « C’est ce qu’il faut non ? Donner le sentiment à nos donateurs qu’ils font partie d’une élite. Tout n’est qu’affaire d’image finalement. Vous savez de quoi je parle. » Affirmais-je sans la quitter des yeux. Elle comme moi savons parfaitement de quoi il en retourne. Je connais son mari, et elle le connait encore mieux que moi. L’image, c’était clairement la raison de sa venue et la raison de mon invitation. Il suffit d’attiser un peu les foules, de leur promettre une première place, et le reste en découle. « Vous êtes donc une des rares à vous soucier d’avantage de la cause que de votre réputation. Vous faites baisser mes statistiques, attention. » Sourire en coin, je lève un sourcil, terminant ma coupe de champagne. Les statistiques visent à dire que la plupart sont les plus grosses fortunes de la ville. « Alors si vous le permettez, j’aimerais entendre ce qui vous a pousser à venir ici. Seule. De votre propre chef. Et vêtue de la sorte… » Je n’appose qu’un regard admiratif, pas critique, au contraire.

Son désir n’est pas de rabaisser son ex mari, de le traîner dans la boue. C’est juste qu’aujourd’hui, ils n’ont plus rien en commun. Laurel ne doit rien à Joseph. Ils ne partagent plus rien. Ni nom de famille. Ni enfant. Ni maison. Ni animal de compagnie. Plus rien. La blonde ne doit pas aligner son discours pour convenir à l’image de son ex mari. En fait, elle ne doit même plus penser à lui, ni son intérêt. C’est le sien qui passe avant le reste désormais. Et il lui tarde d’arriver au jour où on la verra comme Laurel Fawkes à part entière, et plus comme l’ex femme de. L’hôte de cette soirée lui prouve que ce n’est pas pour ce soir, mais Laurel va être patiente, et bénir ce jour quand il arrivera. En attendant, rien ne l’empêche de profiter pleinement de cette soirée, comme elle l’entends. Et celle-ci commence de façon assez agréable. Quelques mots échangés, et déjà un rire cristallin (mais discret) s’échappe de ses lèvres. « Vous pouvez me dire ce que vous voulez, nous ne sommes pas en affaire, vous et moi. Et de vous à moi, je ne cotois les gens présents dans cette salle uniquement lors des réceptions comme celle-ci. À l’extérieur, ce sont de parfaits inconnus. » Et c’est mieux ainsi. Grâce à son statut de femme mariée, durant quelques années, elle a pu voir de ses propres yeux les personnes de ce monde. Et ce n’est pas très beau à voir. En fait, c’est surtout une belle brochette d’hypocrites, ayant énormément de complexes d’infériorité. Et pour remédier à cela, rien de mieux qu’une jolie réception où pavaner et s’élever plus haut que son statut, le temps d’une soirée. C’est le meilleur plan pour gonfler son égo, et être en forme pour toute une semaine à venir. Heureusement, Laurel n’est pas comme ça. D’ailleurs, sa tolérance envers ces personnes là est limitée. Une soirée, c’est suffisant. Si elle devait également les supporter au quotidien, lors de brunch ou réunion d’affaire, sa santé mentale serait en péril ! Pour les supporter quelques heures, rien n’est mieux qu’un bon champagne, pour faire passer ça. Ça tombe bien, Jamie lui en propose, avant même qu’elle n’ait l’idée d’en vouloir, comme s’il lisait dans ses pensées. Le verre en main, ils peuvent trinquer à cette cause très importante : celle des orphelins. Si seulement plus de monde pouvait s’en soucier. Même si c’est plus pour l'appât du gain que charité, les dons de ce soir vont permettre de les aider. Un mal pour un bien.

Comme toute bonne invitée, Laurel n’hésite pas à complimenter l’homme pour l’organisation de cette soirée, ainsi que pour la décoration des lieux. À la différence près, elle y va de son commentaire personnel. Les dorures. Les tentures. Ou les attentions pour les invités. C’est trop à son goût. Trop pompeux. Tape à l’oeil, comme elle dit. De quoi vexer son hôte, qui heureusement, semble avoir l’esprit ouvert. « À vous entendre, les femmes n’ont pas leur place ici. Il ne manque que le velour et des boîtes de cigares cubains pour compléter le tableau. » Dit-elle avec un air de défi dans le regard. Ce n’est pas ce qu’il a dit, mais ça pourrait être le message qu’il voulait faire passer. De toute façon, Laurel ne se fait pas d’illusion. Le monde des affaires est principalement composés d’hommes puissants. Les femmes peinent à se faire une place, et si elles y arrivent, elles se font vite éclipser par un homme voir un mari. Mais ce n’est pas du domaine de la Fawkes. En fait, elle se moque bien de qui fait quoi ce soir. Elle est ici pour son bon vouloir, et rien d’autre. Elle n’a rien à vendre. Tout ce qu’elle peut faire, c’est rappeler qu’en cas d’urgences, il faut composer le 911. Et là dedans, elle n’y gagne rien, car son but n’est pas de recevoir des milliers d’appels. Moins elle en reçoit, meilleure est la nouvelle, car ça signifie que peu de monde sont en danger. La blonde écoute, et observe. Elle sait tenir en regard sans ciller. C’est ce qu’elle fait, portant la coupe de champagne à ses lèvres pour déguster une nouvelle gorgée. Un sourire se forme déjà, à la mention des statistiques de son hôte. « J’aime me distinguer des autres, que voulez-vous. » Plutôt meneuse que mouton, et fière de l’être. Il y en a bien assez dans cette salle pour en rajouter un nouveau. Elle lève un sourcil, intrigué par cette série d’affirmations. Intéressant. « Seule, car il vaut mieux être seule que mal accompagnée. » C’est un fait, qu’elle a pu tester. Next. « De mon propre chef, car je refuse que très rarement une invitation, surtout quand elle défends une cause qui me tient à coeur. Et vêtue de la sorte… ma robe vous déplait donc ? » Nouveau défi dans la voix, ainsi que dans le regard. Laurel sait parfaitement que les apparences sont importantes dans ce genre d’événements, alors elle est curieuse d’avoir l’avis de Jamie à ce propos.

« Vous pouvez me dire ce que vous voulez, nous ne sommes pas en affaire, vous et moi. Et de vous à moi, je ne cotois les gens présents dans cette salle uniquement lors des réceptions comme celle-ci. À l’extérieur, ce sont de parfaits inconnus. » « Et à l’extérieur, ce sont de parfaits rivaux. C’est en ça que c’est intéressant. De les observer sur un tout autre terrain. Laisser trainer ses oreilles. C’est aussi pour ça qu’ils sont tous là. » Les affaires sont une arène immense, et tout le monde s’y bat, à sa façon. Que l’on soit frontal ou plus discret, il y a toujours une information ou deux à récolter, au détour d’une conversation, d’un homme qui se pavane, je dis bien un homme, parce que ce sont eux qui ont la langue trop pendue ici, pas les femmes. Il n’y a qu’à s’en référer au cas de cette jeune femme. Piquante, apparemment sûre d’elle, avisée, et observatrice. Charmant cocktail. Mon sourire charmeur s’élargit, légèrement, assez en tout cas pour notifier mon approbation.
« À vous entendre, les femmes n’ont pas leur place ici. Il ne manque que le velour et des boîtes de cigares cubains pour compléter le tableau. » J’accuse un rire contenu et lui accorde un regard entendu. « Ce n’est pas ce que je dis, bien au contraire. Pour qui pensez-vous que ce genre de mise en scène est indispensable ? Pour eux. Il ne leur viendrait jamais l’idée de donner quoi que ce soit pour les orphelins sans toute cette… mascarade. Les hommes ont besoin de faire savoir ce qu’ils font. Les femmes le font sans qu’on le leur rappelle. C’est inné. C’est maternel. J’offre simplement une scène ouverte à ces égos surdimensionnés. » Ce qui me fait sourire au final, ce sont ces élans d’indignation, qui se lisent sur son visage. Je ne dirais pas qu’elle soit réellement féministe, tout du moins pour l’égalité… la parité. Ça tombe bien, nous en sommes au même point. « Je ne suis que l’auteur d’un parcours fléché. » Pour les inciter à se rendre face à la boite à dons. Ce qu’ils font du reste de leur sentiment de fierté, ça ne me regarde pas.
« J’aime me distinguer des autres, que voulez-vous. » « Et ça vous va plutôt bien. » Un compliment ? C’en est un, pas même à demi-mots. Je dispose d’une aisance plutôt prononcée avec les mots, ce qui ne fut pas toujours le cas, plutôt muet étant môme.
« Seule, car il vaut mieux être seule que mal accompagnée. » J’acquiesce, elle a on ne peut plus raison. Une femme indépendante en plus du reste ? Son pauvre ex-mari doit s’en mordre les doigts de l’avoir laissé filer.
« De mon propre chef, car je refuse que très rarement une invitation, surtout quand elle défends une cause qui me tient à cœur. Et vêtue de la sorte… ma robe vous déplait donc ? » « Aucunement, bien au contraire. Et elle suffit à vous sublimer, à l’inverse de certaines pour qui… même 3000$ dépensés dans les meilleures boutiques ne parviennent pas à vous égaler. A ce stade-là c’est du talent, rien de moins. » Savoir comment se mettre en valeur, avec goût, et simplicité, est un art, quoi qu’on en dise. Il suffit de regarder les marques de grands couturiers qui habillent certaines. Elles ne sont pas vilaines à proprement parler, disons plutôt qu’avec un bon chirurgien, tout le monde peut prétendre à la beauté. Celle de cette jeune femme est… authentique, et sauvage, par certains aspects. « Vous allez finir par croire que je vous drague. »

Tout ceci n’est qu’une mascarade, une vaste pièce de théâtre où rares sont les spectateurs. La plupart sont des acteurs, sans avoir conscience de l’être. C’est ce que pense Laurel, en écoutant les dires de l’homme qui lui tient compagnie. Elle le pense, mais elle n’ira pas jusqu’à le dire à haute voix. Même si elle n’a rien à perdre, elle sait encore quand il faut exprimer son avis, ou se taire bien gentiment pour le bien de tous. Et à cet instant, c’est clairement l’un de ces moments où le silence est préférable à la parole de trop. Un peu quand elle accuse presque Jamie d’être misogyne en mettant les femmes à l’écart dans son discours. C’est osé, un peu risqué, mais cela prouve qu’elle sait dire ce qu’elle pense tout haut, partager son avis avec la personne concernée, en face à face. « Vous êtes un homme très intéressant, monsieur Ukhar. Vous parlez de la gente masculine, en mettant tout le monde dans le même sac, excepté vous. À cause de mon ex mari, je suis assez d’accord avec vous sur l’égo surdimensionné des hommes, mais j’ose croire qu’il y a des exceptions. Des personnes sincères, sans arrière pensée. » Laurel l’espère de tout son coeur. Non pas qu’elle pense déjà à se remettre avec quelqu’un, mais d’un point de vue général, un oeil large sur l’humanité. Si tous les hommes sont égocentriques, tournés vers les affaires, avec des femmes superficielles et peu éclairée niveau intellectuel, le monde court à sa perte d’ici les prochaines années. Et pour y échapper, il ne restera que l’option de s’exiler sur une autre planète, pour tout reprendre à zéro.

Laurel mène sa propre barque désormais, depuis son divorce, et elle est fière de le faire comprendre à qui souhaite l’entendre. Trop souvent sous estimée, réduite à l’état d’objet plutôt qu’une personne à part entière. Si elle est ici ce soir, à ce gala de charité, elle le doit qu’à elle-même. Personne ne l’a forcé à venir. Sa présence, le montant inscrit sur le chèque, sa tenue... c’est son choix, sa volonté. D’ailleurs, en parlant de sa robe, ça plaît à Laurel de prendre à son propre jeu Jamie. Ce qu’elle ne s’attendait pas, c’est à recevoir autant d’éloge sur sa personne. Tout ça grâce à une modeste robe qui n’est même pas signée d’un grand couturier, contrairement à un grand nombre des femmes présentes dans la pièce. La blonde laisse échapper un rire discret, et cache le possible embarras de cette réflexion en prenant une gorgée dans sa coupe. « En aucunement. Et si c’est le cas, l’un de nous deux est dépassé dans la maîtrise de la séduction. » Très certainement la jeune femme, prisonnière d’un mariage d’illusions depuis trop longtemps pour déceler aisément toutes marques d’attentions à son égard. Mais si elle en juge par la tournure de la phrase de l’hôte, elle peut cesser de réfléchir, car ce n’était pas son intention. La question est réglée. Et pour passer à autre chose, rien de mieux qu’une tentative de diversion. « Est-ce que vous dansez, monsieur Ukhar ? » Demande t-elle, le plus sérieusement du monde.

« Vous êtes un homme très intéressant, monsieur Ukhar. Vous parlez de la gente masculine, en mettant tout le monde dans le même sac, excepté vous. À cause de mon ex mari, je suis assez d’accord avec vous sur l’égo surdimensionné des hommes, mais j’ose croire qu’il y a des exceptions. Des personnes sincères, sans arrière pensée. » « L’avantage d’être ôte réside en le fait de pouvoir décemment se mettre à l’écart, et jouir de l’observation la plus totale. » Buvant une coupe de champagne, après un discours assuré. « Quant aux hommes sans arrières pensées je n’y crois pas. C’est proprement humain de voir plus loin. Pour autant, est-ce que ça devrait être intéressé ? » Je crois à la générosité, pas chez tout le monde, mais je suis sincèrement persuadé qu’un homme peut avoir une idée derrière la tête, sans pour autant que ce soit pour son confort personnel. Il m’est arrivé de nombreuses fois de me montrer calculateur pour l’intérêt de ma compagne. Il n’y a rien de mal aux arrières pensées, nous sommes construits sur l’intérêt. Reste à savoir à qui on en fera profiter.
Je lève un sourcil, ma réflexion semble la laisser perplexe, mais je ne me démonte pas. Puisque nous sommes en conversation… je ne me prive pas de la complimenter sur sa tenue, qui, selon moi, lui va à ravir.

En aucunement. Et si c’est le cas, l’un de nous deux est dépassé dans la maîtrise de la séduction. » « D’accord, je prends donc cela à mon compte. » D’être dépassé par la séduction. S’il le faut… Je reste persuadé que chaque femme se séduit différemment, et que tout se joue sur les nuances, sur l’observation, sur ce qu’on peut apprendre d’une femme rien qu’à son comportement, et la façon dont elle défend ses idées.
« Est-ce que vous dansez, monsieur Ukhar ? » Me voilà pris de cours, et je m’éclaircit la gorge pour me donner une contenance je pose mon regard sur la foule ambiante. Danser… Je n’aime pas me mettre en scène quand je ne maîtrise pas le sujet. « Et bien, disons que ça n’est pas mon domaine de prédilection, non. » Terminant ma coupe de champagne. « Vous prenez un malin plaisir à me tester et je ne pense pas me tromper en affirmant que vous êtes plutôt fière de vous. » Elle m’en fait même perdre de vue la salutation à chacun des arrivants.

Elle acquiesce doucement, sincèrement fascinée par ce qu’elle entends. Ce n’est pas si étonnant, quand on sait que son mari ne prenait pas forcément le temps de lui expliquer les choses, et dans le cas contraire, le faisait sur un ton qui témoignait un profond mépris. Là, elle sent que l’échange est naturel, apprécié, et que les réponses qu’il lui formule ne sont pas forcées. Serait-ce donc ça, un échange mutuel avec une envie réciproque ? Intéressant. « Je dois avouer que j’ai un peu d’mal à vous suivre. Comment peut-on être visionnaire sans être intéressé ? Enfin si, c’est possible d’avoir un but et d’être désintéressé mais n’est-ce pas contradictoire avec cette certitude que les hommes ne peuvent se soustraire aux arrières pensées ? » Bon, pour le coup, c’est Laurel qui est en train de se perdre elle-même dans ses explications. Elle a la sensation qu’ils sont tous les deux en train de patauger dans la semoule, alors qu’à la base, ils partagaient la même idée. C’est ça, à trop vouloir jouer avec les mots. Le jeu se retourne contre nous-même. Heureusement que le sujet change de lui-même, vers un autre jeu tout aussi amusant que le précédent : celui des sous-entendus. L’un des nombreux avantages à être célibataire, pouvoir sous entendre tout et n’importe quoi, sans conséquence. « Intéressant et unique, je note. Peu d’homme mettrait la faute sur eux, surtout quand ce n’est pas le cas. » Car des deux, c’est certainement la jeune femme qui n’est plus dans son élément, qui devrait se remettre dans le bain, que ce soit dans le jeu de la séduction ou dans la position de celle qui accepte de se faire séduire. Mais comme ce n’est pas à l’ordre du jour, ou pas intentionnellement du moins, elle opte pour une autre tactique, en demandant de but en blanc à son hôte s’il pratique la danse, lors des soirées comme celle-ci. Elle s’attendait à une réponse toute fait, qui le mettrait en valeur tout en refusant poliment l’invitation indirecte. Mais à nouveau, elle est surprise, agréablement. Un sourire se dessine sur ses lèvres, s’élargissant un peu plus à mesure des mots qui lui sont prononcés. « Il faut savoir jouir de tous les petits plaisirs que la vie nous offre. Si aujourd’hui, c’est de pouvoir déstabiliser un homme dégageant une certaine prestance, je ne vais pas m’en priver. » Un aveu donné sur un ton assuré, avant de terminer sa coupe de champagne. « Vous êtes donc en train de dire que vous ne sortez jamais de votre zone de confort ? Pardonnez-moi, mais ça doit être ennuyeux. J’ai conscience d’être une catastrophe en cuisine, mais ça ne m’empêche pas d’essayer une fois de temps en temps, au cas où un miracle se serait produit. » Ça n’arrive pas souvent, car les cas de ce genre ne sont jamais en gros titre dans les journées, pour la bonne raison que les miracles ne se produisent pas au milieu de la nuit. Si vraiment elle voulait des résultats, elle pourrait toujours se payer un chef cuisinier particulier, et lui demander des cours pour s’améliorer, mais pour l’instant, ce mode de vie lui convient, alors pourquoi changer.

Pleine d’esprit, ça n’ôte rien à son charme. Quel idiot quand j’y repense, d’avoir laissé filer une femme comme la sienne. Sans doute n’appréciait-il pas sa conversation, ou ne savait pas le faire. Un peu surdimensionné au niveau de l’égo, j’imagine ce qu’il a dû ressentir quand il s’est rendu compte qu’elle pouvait bien un jour le réveiller et l’aider à se rendre compte qu’elle était bien moins con que lui. Je ne l’appréciais guère avant, ça ne va pas en s’arrangeant. « Je dois avouer que j’ai un peu d’mal à vous suivre. Comment peut-on être visionnaire sans être intéressé ? Enfin si, c’est possible d’avoir un but et d’être désintéressé mais n’est-ce pas contradictoire avec cette certitude que les hommes ne peuvent se soustraire aux arrières pensées ? » « Et bien… prenons un exemple très simple. » Je pose ma coupe de champagne et désigne la salle devant moi, comme s’il n’y avait que nous deux à un balcon, et le reste à nos pieds. « Ce soir, je vous ai rencontrée à nouveau. Et j’ai bien des arrières pensés. Qui pourraient être celles que vous croyez, alors qu’en fait, elles visent simplement à vous faire passer une bonne soirée. Dans le but ou non, que vous vous souveniez de moi. Alors dans un sens, oui, c’est intéressé. Mais l’intention première est altruiste. » J’ose espérer que mes explications sont claires, en tout cas ma voix est fluide et assurée, et constitue un réel échange. C’est plutôt plaisant d’obtenir une réponse franche et directe, plutôt qu’un consentement bien fourni pour flatter mon âme masculine et charmeuse.
« Intéressant et unique, je note. Peu d’homme mettrait la faute sur eux, surtout quand ce n’est pas le cas. » « La galanterie n’est pas un art désuet vous savez. » Je prends cette fois un scotch, le champagne c’est bien mignon, mais c’est uniquement pour faire bonne figure. Un whisky irlandais.
« Il faut savoir jouir de tous les petits plaisirs que la vie nous offre. Si aujourd’hui, c’est de pouvoir déstabiliser un homme dégageant une certaine prestance, je ne vais pas m’en priver. » « Je retiendrais la prestance. » Haussant les sourcils, sentant parfaitement que je suis en train de me faire avoir. Avoir parce qu’elle est subtile et que je ne l’ai pas vue venir, contrairement à d’habitude. Je suis plutôt fin, mais là…
« Vous êtes donc en train de dire que vous ne sortez jamais de votre zone de confort ? Pardonnez-moi, mais ça doit être ennuyeux. J’ai conscience d’être une catastrophe en cuisine, mais ça ne m’empêche pas d’essayer une fois de temps en temps, au cas où un miracle se serait produit. » « Ce n’est pas ennuyeux, c’est pragmatique. » Rétorquais-je pour appuyer mes dires, et une nouvelle gorgée de scotch. « Vous attendez donc de moi que je me lance en cuisine. » Puisque nous devons échanger en métaphores. Je me décide, après tout, elle a fait preuve d’audace jusque-là. Plus qu’aucune ne l’a jamais fait ces dernières années. Je pose mon verre sur le comptoir et lui tend une main. « Mademoiselle Fawkes, accepteriez-vous une danse, ce soir, après le dîner et les conjectures d’usages. » A moi de la surprendre, elle pensait que je l’inviterais tout de suite, mais une autre idée me paraît plus judicieuse, la surprendre, bien entendu, mais le faire bien. Je lève un sourcil et arbore un sourire malicieux, je viens de renverser la situation et je n’en suis pas peu fier.

Il n’y a pas à dire, tout devient plus simple à comprendre avec un exemple concret. Elle devient soudainement attentive, le regard qui flirt vers le reste de l’assemblée pour comprendre les explications de Jamie. Cette habilité à faire les questions et les réponses dans une même phrase est déconcertante. Il ne s'embarrasse pas des suspenses. Il va droit au but. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Laurel comprends parfaitement où il souhaite en venir, ce qu’elle essaye de lui faire comprendre par un hochement de tête entendu. Cela reste encore un peu tiré par les cheveux, et surtout trop beau pour être entièrement vraie, mais ça se tient. « L’intention première serait altruiste s’il n’y avait pas l’espoir de recevoir un chèque en retour. » Il l’a dit lui-même, c’est une soirée pour les orphelins, et le but de toute cette mise en scène est de faire claquer le plus d’argent à tous les participants, hommes ou femmes confondus. Même si la mascarade est plus grande pour la gente masculine, car il y a cette question d’égo à flatter, les femmes sont aussi visées, grâce aux dorures ou à ce champagne hors de prix qui peut rendre toute chose la première greluche venue. Si après ça, Jamie n’a pas encore compris le malin plaisir que Laurel prend à avoir le dernier mot, elle ne sait quoi faire de plus.

Une nouvelle fois, elle acquiesce. La galanterie. Voici un bien joli mot qu’on voit très peu en action. C’est dommage, car les petits gestes galants font pourtant plaisir au quotidien. Il faudrait que les règles de savoir vivre soient remises au programme, pour mettre à la page certaine personne ignorante. Savoir tenir une porte, proposer une main, ou une simple veste quand le vent se lève. À croire qu’on voit ces comportements que dans les films à l’eau de rose, désormais. La blonde profite du passage d’un serveur pour se débarrasser de son verre vide, et refuse poliment qu’il soit remplacé. L’alcool, c’est à petite dose pour elle. Par ailleurs, elle sait parfaitement qu’il y en aura avec le repas, donc autant se modérer. Les mains libres, elle reporte son attention à son interlocuteur, toujours plus éloquente au fils des minutes qui s’égrainent. Pragmatique ? Peut-être, mais ça n’en retire rien au côté ennuyeux du comportement. Sans prise de risques. Lorsqu’il parle de cuisine, elle lève un sourcil intrigué, pas certaine de suivre son raisonnement (ou alors en poussant la réflexion un peu trop loin). Elle suit ses gestes avec attention, tout en essayant de comprendre où il souhaite en venir, jusqu’à le voir tendre une main vers elle. Elle est surprise, et ça doit se voir sur son visage, car Laurel ne cherche pas à cacher cette émotion. Elle pourrait lui dire que c’est fin, que le coup est bon. « J’en serai enchantée monsieur Ukhar. » Lui dit-elle, la surprise faisant place à un radieux sourire sur ses lèvres, tout en approchant sa main de la sienne. Sauf qu’au dernier moment, elle se ravise, et récupère sa main avant même d’avoir pu frôler ses doigts. « Mais seulement si j’estime avoir passé une bonne soirée. Après tout, n’est-ce pas votre intention ? » Laurel a été surprise par cette prise de risque, alors qu’à peine quelques minutes avant, il disait que la danse n’était pas son domaine de prédilection. Mais il doit savoir que la jeune femme a plus d’un tour dans son sac, et qu’elle ne se laisse pas avoir dès les premières galanteries.

Je ne dirais pas qu’elle est un adversaire à ma taille, tout simplement parce que je ne veux pas la voir comme telle. Je préférerais la voir jouer dans mon équipe, plutôt que contre moi. Pleine d’esprit, c’est un fait, intelligente, ça transparaît, stratège, j’y viendrais. Une chose est sûre, elle n’est pas inintéressante, bien loin de là. Je peux entendre le fait qu’elle tape sur les nerfs de certains qui pensent comme acquis une femme séduite. Malheureusement, elles sont bien moins naïves que ce que l’on veut bien croire. Ce sont elles qui dominent en partie le monde, mais dans l’ombre, à notre contraire qui avons besoin de briller pour se sentir important, et c’est cette part d’estime d’elles même qu’elles n’ont pas besoin de crier haut et fort. « L’intention première serait altruiste s’il n’y avait pas l’espoir de recevoir un chèque en retour. » « Mais je n’oblige à rien. Personne n’est contraint de glisser une récompense dans cette boite au fond de la salle. Mais ils le font, parce que c’est alors leur propre estime d’eux même que ça flatte. Je ne suis qu’un entremetteur. Et les gagnants de l’histoire, ce sont ces gamins. Alors si pour ça je dois passer pour un homme intéressé, je signe. » Je n’ai pas honte des causes que je défends, mais je dois reconnaître en tirer quelque-chose. Tout d’abord la satisfaction de voir que cette fondation fonctionne, et également, indirectement, l’idée que les autres ont de moi, à savoir que je ne suis pas qu’un sale con arrogant, ni un requin sans cœur en affaires. Je le suis, certes, d’une certaine façon, mais c’est en ça également que je me fais respecter dans le milieu. Pour mon côté intraitable.

Quant au fait d’être galant, je l’ai appris très jeune. A mes dépends, bien entendu, et ayant la ferme intention de reproduire le contraire de ce dont j’ai pu être témoin. Je me suis aussi vite rendu compte que les femmes devaient être nos alliées, plutôt que nos ennemis. Nous n’avons aucune chance quand elles se mettent à jouer de la solidarité féminine, et je n’admets aucune hiérarchie, elles sont nos égales, même si ça ne me réjouis pas toujours de savoir que je peux trouver plus malin que moi. J’y trouve également un certain plaisir, dans le fait de séduire une femme. C’est non seulement comme un défi, mais un vrai sentiment d’accomplissement quand il s’agit de parvenir au but de sa mission. Ça n’est pas qu’un jeu, bien entendu, c’est même plutôt une chose étrange que de séduire. Si on se laisse à son tour séduire, c’est là qu’on a tout à perdre… Je lui propose cependant une danse, je me mets en danger, c’est maintenant que je prends des risques. « J’en serai enchantée monsieur Ukhar. » Accepté. Je n’en doutais pas vraiment. Le jeu prend une autre dimension. Je ne suis plus en terrain conquis, je sors de ma propre zone de confort et je n’en n’ai plus vraiment l’habitude. « Mais seulement si j’estime avoir passé une bonne soirée. Après tout, n’est-ce pas votre intention ? » Le dernier mot, voilà encore une autre forme de défi. Je remballe ma main et la passe derrière mon dos, en buvant une gorgée de mon scotch. « Et bien, marché conclus. Vous me ferez part de vos impressions à la fin du dîner. Je vous dis à très vite. » Je lève un sourcil et prends congés, m’occupant du reste de mes invités. Sans manquer de jeter un œil de temps à autre à la jeune femme, à laquelle je pense malgré moi durant un moment.

La soirée prend fin, après un repas digne de ce nom, un menu gastronomique, dont les montants facturés sont totalement indécents, mais qu’importe, je compterais ma recette demain. Pour l’heure, j’ai à cœur de surveiller la présence de cette invitée… Qu’elle ne s’éclipse pas avant la fin… quand bien même, qu’elle n’oublie pas notre marché. Le monde commence à s’éclipser, et alors que je m’entretiens avec huissiers et comptables, voilà qu’elle transparaît de loin, me lançant un regard que je traduis sans mal. Oui, je suis encore là, à l’attendre.

Ce jeu est amusant, et pourrait durer une grosse partie de la soirée. Néanmoins, il faut savoir reconnaître quand l’adversaire remporte la manche. C’est le cas pour Laurel, consciente qu’elle ne pourra pas ajouter d’arguments supplémentaires pour déjouer la parade de Jamie. De base, ce n’était pas son intention, cela c’est fait de fil en anguille. À mesure des mots, c’était amusant, et au lieu de mettre un terme à l’échange, la blonde a voulu continuer, jusqu’à être à court de mots. Cependant, elle partage le même avis que l’homme d’affaire, même si son attitude a pu laisser penser le contraire. Si ça avait été une autre cause, elle aurait pu chercher dans le fond de son esprit de quoi alimenter cette discussion, mais pour les orphelins, elle est prête à admettre qu’ils sont les seuls gagnants, que la question d’égo n’a peu d’importance face à cette cause. Il y a trop de malheur dans le monde, rien que dans les rues de cette vaste ville pour fermer les yeux, et vivre dans l'opulence. Laurel est habituée à ce confort, grâce à son ex mariage, grâce à l’argent durement gagné durant les dernières années, mais malgré le nombre de zéro qui s’inscrivent sur son compte en banque, elle ne désire pas vivre recluse avec les membres de son statut social, comme si les autres classes étaient inférieures. C’est faux, totalement faux. Chaque individu est égal en tout point, avec un peu d’humanité.  

Une qualité en voie d’extinction, quand on voit qu’il existe encore les trafics d’être humain, l’esclavage et autres amoncités. Grâce à cette soirée, le temps de quelques heures, il est possible d’oublier la misère. Aucun appel avec une voix terrifiée au bout de la ligne. Pas de pleurs désespérés d’une mère ayant perdu son enfant. Pas d’appel à l’aide d’une personne prisonnière d’une maison en flamme. Seulement la magie des lieux, des conversations légères, et des mets à venir digne d’un restaurant étoilé, sans aucun doute. Et puis cette invitation à danser, sortie de nul part, à la fin de la soirée. Une proposition gratifiante, qui fait grand bien à la jeune femme. Mais ce serait si facile d’accepter, comme ça, comme si c’était acquis, alors que depuis le début de leur échange, c’est une petite d’un jeu où eux seuls connaissent les règles qui a débuté. Laurel accepte donc, à une condition : que la soirée se passe bien et à son goût. « Je n’y manquerai pas. » Une promesse dite avec un sourire énigmatique sur les lèvres, accompagné d’un geste de la tête pour le saluer. Elle le laisse s’éloigner, vaquer à ses occupations d’hôte. Laurel, quant à elle, trouve le courage de se mêler à la foule.

Il lui en faut une dose supplémentaire pour participer à certaines conversations, toutes beaucoup trop pompeuses à son goût. Durant le repas, la tendance suit son rythme. Entre l’étalement des richesses d’un côté, le concours de la villa la plus somptueuse de l’autre, Laurel est ravie. Elle est heureuse de ne pas être novice dans cet exercice, d’avoir pu s'entraîner grâce aux nombreuses soirées où elle a pu venir comme Madame Dikens. Au moins, elle n’est pas jetée dans la fosse aux lions sans armes. Elle connaît la parade pour couper court à une conversation déplaisante, et si elle tombe sur une personne un peu trop insistante, le mieux est encore l’excuse des toilettes, pour se repoudrer le nez. L’un des points positifs de cette soirée reste le repas. Il était somptueux, et délicieux. Le parfait exemple de ce que la blonde ne pourra jamais faire de ses dix doigts. Alors, il n’y a pas à dire : elle l’a savouré. Mais toutes les bonnes choses ont malheureusement une fin, et c’est le cas pour ce gala de charité. Les premiers invités font part de leur intention de s’en aller. C’est le balai des au revoir qui se joue, et Laurel ne tarde pas à rejoindre le flot qui se dirige doucement mais sûrement vers la sortie. Toutefois, elle ne peut partir avant d’avoir réglé une dernière petite chose. Elle déambule donc dans la pièce, à la recherche d’une personne en particulier. Quand son regard se pose sur lui, elle est presque étonnée de le voir encore présent, mais elle ne va pas s’en plaindre, bien au contraire. Elle se rapproche donc, à pas lent pour laisser Jamie finir de s’entretenir avec les hommes présent à côté de lui. C’est seulement quand la voie lui semble libre qu’elle fait les derniers pas pour combler la distance. « Je suis agréablement surprise de vous voir encore là. Je vous pensais déjà loin de ce nuage toxique d’égo surdimensionné, de peur d’être vous-même contaminé. »

Pari réussi, encore une fois. Les dons affluent et je n’ai aucun souci à me faire quant au bouche à oreille. Je sais que certains n’attendent que le moment où ils recevront eux aussi leur propre carton d’invitation. Car tout ceci est une question de réseau au final. Qu’est-ce qu’un bon homme d’affaires sans un réseau ? Rien, il n’est rien, même pas aux prémices de sa carrière. Tout est question de relations. Alors ici, je leur offre un théâtre, idéal pour y jouer la scène de leur choix, parfois de façon un peu trop évidente, parfois de façon plus subtile. Encore une fois, j’en ai beaucoup appris du genre humain. Bien que je le connaisse déjà assez pour ne pas placer mes espoirs de façon impromptue.
Je n’ai cependant pas oublié ma promesse, jamais. Laurel est encore une fois dans un coin de ma tête, et je me surprends à me rendre compte que je cherche à faire accélérer le temps. Nous en venons pourtant relativement rapidement à la fin du repas, et aux dons, que chacun a pu glisser selon son humeur, dans cette boite au fond de la salle, à son rythme et selon son bon vouloir. Quand chacun s’éclipse, parfois quelques-uns pour poursuivre leur soirée en boite de nuit, d’autres aller se coucher avec leur épouse qu’ils ne regardent même plus, ou encore d’autre qui n’attendent qu’une nuit d’amour avec leur jeune maîtresse tout juste acquise, il est temps pour moi de m’entretenir avec mon huissier. C’est la procédure à suivre, celle recommandée pour que tout soit sous contrôle et parfaitement légal. Une façon aussi de m’assurer que cet argent ira bien pour la cause que je défends. Bien que ce soit ma propre fondation, je ne la gère pas seule, pas en roue libre, je délègue, je désigne des gens pour ça, en qui je suis censé avoir confiance. Il ne reste que les serveurs, qui s’occupent de l’ordre de la salle, et cet homme de loi pour qui je signe le testament de conformité, et le versement sur les comptes de la fondation. Suivant le plan logistique monté avant la soirée. Cet argent a un but bien précis et sera reversé sur différents projets, toujours pour les orphelins de la ville.
Si je tiens mes promesses, je ne suis pas le seul. Je remercie mon collaborateur et viens à la rencontre de Laurel, une fois encore. « Je suis agréablement surprise de vous voir encore là. Je vous pensais déjà loin de ce nuage toxique d’égo surdimensionné, de peur d’être vous-même contaminé. » « Qui a dit que je ne disposais pas moi aussi d’un égo surdimensionné ? C’est principalement pour cette raison que je sais comment les amener à dépenser. » Je ne nie pas, ce serait de toute façon très inconvenant de ma part, étant donné qu’il n’y a rien de plus vrai… Je suis un homme plutôt… présent. Avec des idées et des idéaux. Je ne dis pas que je suis le plus facile à vivre, mais je sais où je vais, principalement pour cette raison. « Et je ne manque jamais à mes promesses. » Tendant la main pour récupérer la sienne. « La mienne tient donc toujours. Si le cœur vous en dit. » La salle se vide entièrement, j’ai fait passer la consigne, je donnerais le signal pour la fin du nettoyage de la salle, plus tard.
D’une manipulation sur mon téléphone, je mets un peu de musique, qui s’échappent des hauts parleurs de la salle. « Mademoiselle Fawkes, m’accorderiez-vous cette danse ? » Elle n’est obligée de rien, elle a finalement encore tout contrôle sur la situation. Et c’est le meilleur moyen de mettre une femme en confiance, à dessein ou non. Mais le mien n’a rien de vicieux. Bien au contraire.

La soirée se termine, et si la plupart des convives prennent la direction de la sortie, Laurel prolonge sa présence dans la salle. Elle ne désire pas profiter de la décoration plus longtemps, ni n’est dans un état d’ivresse avancée. Sa présence n’est que le fruit de cette promesse faite en début de soirée, avec l’organisateur du gala de charité. Une danse contre une bonne soirée. Le deal est correct. Maintenant, il reste à savoir si va se faire, ou non. Pour le savoir, la blonde quitte la table où elle a été assise une bonne partie de la soirée, avec des gens promptement ennuyeux, et s’aventure dans la salle à la recherche de Jamie. L’objet de ses recherches se matérialise très rapidement, occupé un peu plus loin avec des professionnels. Ces hommes ne sont clairement pas des invités, mais des petites mains qui opèrent dans l’ombre, pour que tout se déroule correctement. Laurel patiente, en attendant qu l’homme d’affaire se libère. La patience est l’une de ses qualités. L’eau tranquille qui s’écoule dans un ruisseau, dans un silence presque absolu. Quand son tour sonne, elle fait claquer ses talons sur le sol, se rapprochant de Jamie. À sa hauteur, elle peut user d’une réplique comme elle lui en a servi en début de soirée, entre franchise et air de défi. Oh, elle pourrait tout aussi bien être mielleuse, douce et délicate, mais elle n’en voit pas l’intérêt, si ce n’est pour traduire une certaine fatigue qui ne se trouve pas dans son organisme. « Je ne suis que déception d’apprendre cela. » dit-elle en affichant une petite moue sur son visage, et apposant sa main libre sur sa poitrine, au niveau de son coeur, pour l’effet théâtral. C’est seulement une mise en scène, car en vérité, cela n’importe peu à Laurel. Il peut bien être tout ce qu’il veut, sur le plan caractère, ça ne concerne en rien la jeune femme. Après ce soir, il y a de fortes chances que leurs chemins ne se recroisent que d’ici plusieurs semaines, plusieurs mois, lors d’un énième événement de notoriété publique. Il est une connaissance de ce monde, de cet univers, comme tous les invités précédemment présent dans la salle. La main toujours posée à la naissance de sa robe, l’autre occupée par sa pochette, Laurel baisse son regard jusqu’à cette main tendue. C’est la deuxième fois qu’elle vit cette scène, lors de cette soirée, et elle sait parfaitement ce que ça présage : la promesse d’une danse. « Et je ne manque jamais aux miennes. » Une nouvelle qualité chez la jeune femme. Elle n’est pas adepte des promesses en l’air, celles que l’on formule pour se débarrasser de quelqu’un, pour se sortir d’une situation sans la tenir. Quand elle dit quelque chose, elle va jusqu’au bout. Toutefois, Laurel ne serait pas Laurel sans un peu de d’obstacles. « Sauf que, voyez-vous, le deal était que je passe une bonne soirée. Or, c’est loin d’être le cas. » Elle appuie cette information en hochant de la tête, avec un air certain. Doucement, elle baisse sa main pour venir la poser sur celle qui tient son sac, sans rompre le contact visuel d’avec Jamie. « Le repas était délicieux, c’est ce qui sauve un peu cette soirée. Malheureusement, l’ambiance était catastrophique. J’ai passé plusieurs heures à assister à un concours de richesse, à savoir qui avait le meilleur domaine, la meilleure exploitation. À la fin, j’ai cru qu’on allait passer à des mesures physiques. » Pour ça, c’est presque un air outré qui passe sur son visage, avec un peu d’amusement, il faut l’avouer. Car elle prend tout ça avec du recul, et un peu de peine pour ces personnes qui n’ont aucune conversation profonde. « À la prochaine invitation, si invitation il y a, j’aimerai être placée à côté d’une personne pouvant aligner plusieurs mots censés. Et qui ne me donnera pas un début de migraine à la fin de la soirée. » Car c’est le cas. Alcool + mauvaise compagnie, ça fait des ravages. « Du coup, me voilà bien embêtée. Dois-je vous accordez cette danse ou non… qu’en pensez-vous, monsieur Ukhar ? » Au fond d’elle, Laurel est prête à accepter mais elle aime aussi ce jeu de taquinerie, alors pourquoi ne pas le faire perdurer un peu plus longtemps. C’est risqué, mais on ne gagne rien à rester dans sa zone de confort. Il faut prendre des risques dans la vie, pour bousculer les codes, et peut-être attirer la chance.

Si je suis content de la tournure lucrative de la soirée, il faut maintenant que je gère un aspect bien différent, celui de l’humain. J’ai invité la jeune femme à danser, après la soirée, si tant est que ça se soit bien passé. Pas que j’ai de doutes là-dessus, encore que… Il faut bien avouer que sans but précis, ce genre de mascarade devient vite écœurant. Je ne perds jamais mon objectif de vue et bien sûr que j’y trouve aussi mon compte, en organisant tout ça. Non seulement pour la cause mais aussi pour moi-même. Rien n’est jamais gratuit quand il s’agit d’argent et de générosité demandé à autrui. Je dirais qu’en dehors des affaires de couple, rien n’est jamais sincère dans notre monde, finalement, elle avait raison. Pour autant, je garde cette qualité là pour les femmes que j’aime. Généralement, elles ne sont pas déçues. J’ai pour réputation d’être un mari exigeant de lui-même, beaucoup trop investi dans son travail, mais concerné par sa moitié. Je ne fais pas les choses à demi, jamais, ni en affaires, ni en amour. Même si la vie ne me le rend pas toujours comme je le voudrais. Mais ce n’est que détail qui importe peu ce soir. Tenir mes promesses est important, mais il m’arrive de devoir y déroger, face à ma fille par exemple, quand le travail m’empêche de le faire. Certaines affaires en cours requièrent toute mon attention, jour et nuit. Et elle est à présent à l’âge où elle ne peut plus attendre, où elle ne veut plus attendre, par contre, me faire attendre… ne lui pose pas le moindre souci.
« Et je ne manque jamais aux miennes. » La barre est haute, le défi est lancé, je suis prêt, semble-t-il. J’attends la suite de son discours avec la plus grande impatience. « Sauf que, voyez-vous, le deal était que je passe une bonne soirée. Or, c’est loin d’être le cas. » Une emmerdeuse, tient, je ne l’avais pas vue venir celle-là, même si je dois reconnaître un petit côté plaisant à tout ça. Ça lui donne même un certain charme. Je dois avoir un foutu problème avec ce genre de femmes. « Le repas était délicieux, c’est ce qui sauve un peu cette soirée. Malheureusement, l’ambiance était catastrophique. J’ai passé plusieurs heures à assister à un concours de richesse, à savoir qui avait le meilleur domaine, la meilleure exploitation. À la fin, j’ai cru qu’on allait passer à des mesures physiques. » J’esquisse un sourire, elle a de la répartie et ne se laisse pas emmerder, c’est au moins ça. Je dois reconnaître qu’encore une fois elle a un foutu charme et ce regard de défi qui veut bien dire qu’elle peut être gentille mais pas complètement con. « Ne vous en faites pas, ils arrivent à un âge où ils préfèrent taire ce genre d’information. Tout ça… ce n’est qu’histoire de souvenirs. » Je me moque, je suis encore en âge de me foutre de la génération passée, c’est de bonne guerre non ? Je suis parfois encore le jeune con plein d’ambitions qui veut leur piquer leur place, et vous savez quoi ? J’ai réussi.
« Du coup, me voilà bien embêtée. Dois-je vous accordez cette danse ou non… qu’en pensez-vous, monsieur Ukhar ? » « Qu’un marché est un marché. J’ai manqué au mien, je passe volontiers mon tour. » Vaincu, beau joueur, mes mains rejoignent mes poches, mais j’ai de la suite dans les idées. « Je tiens tout de même à remédier à ça. Alors je vous propose une soirée, une vraie soirée en tête à tête. Vous me laissez choisir le restaurant et le trajet. Je viendrais vous chercher à 20h, votre part à vous, c’est d’accepter de vous laisser guider, et de choisir une robe qui vous mette à peu près autant en valeur que celle-ci. Je m’occupe du reste. Alors, nous sommes à nouveau en affaires ? » Lui tendant une main. Ma proposition est on ne peut plus sérieuse, je tiens à me rattraper.