blood relationship (elila)

Ma vie, c’est un peu tendu en ce moment. En réalité, c’est comme si rien ne devait jamais aller bien. Depuis que j’ai foutu en l’air mon histoire avec Sofia, y’a plus rien qui va. Comme si le karma s’amusait à m’en foutre plein la gueule pour me punir de l’avoir trompée à plusieurs reprises. C’est plus fort que moi, le chaos, c’est ma manière de vivre. Un art de vivre tiens. On dirait que je ne m’autorise pas à être heureuse. Avec Ellen, ça allait bien, elle ne me donnait pas l’impression de vouloir me mettre en cage, j’étais libre, on se faisait du bien l’une et l’autre, on prenait que le bon. Et puis Ella est arrivée, a lâché la bombe, et tout a explosé dans ma tête. Avec Ellen, j’y arrive plus, je vois bien qu’elle fait des efforts, et j’ai pas envie de la perdre. Mais pour le moment, c’est pas possible, j’ai la tête en morceaux. J’ai recommencé à boire plus que de raison, à ingérer des trucs franchement pas clairs, comme pour tester la résistance de mon corps, et de mon esprit. J’en suis pas fière, mais je sais pas comment me sentir à nouveau vivante. C’est peut-être juste une punition que je m’inflige inconsciemment, j’en sais rien. Mais on peut pas dire que je sois heureuse. Sans compter qu’Ella s’est encore tirée. Elle lâche un pavé dans la marre et elle se barre en me laissant vivre le tsunami. Je la déteste.

Au boulot, je me donne sans compter, ça me permet de pas trop réfléchir, ça me fait du bien malgré tout. Et puis ça change pas de d’habitude, c’est toujours moi qui en fait le plus, pendant que mes collègues s’enfilent bières sur bières. Je ne compte plus les blagues sexistes, le harcèlement moral, sexuel verbal… Heureusement que j’ai de la gueule et que j’arrive à les remballer, voire même leur foutre une beigne quand ils font genre qu’accidentellement ils me foutent une main au cul. Pourquoi tu crois que j’aime que les nanas, sérieux ? Bosser avec des gars comme eux, ça vaccine ! « Tiens Donovan, y’a une belle plante qui t’attend dehors. » Je finis d’installer ma fenêtre, évidemment, y’a personne qui me donne un coup de main. « Elle est comment ? » « Quarante, brune, pas bien grande. Elle demande après toi. » Je fais le tour, personne ne rentre dans cette description. « N’empêche, si t’en veux pas, moi j’lui ferai bien sa fête. » Bordel je déteste quand ils parlent comme ça des femmes, ça me donne envie de leur en foutre une. « Fermez vos gueules putain ! » Je fais le tour de la pièce et à travers l’ouverture qui accueillera bientôt une fenêtre, j’aperçois Ella. Mon coeur s’emballe. « Bon alors tu l’as déjà marquée au fer rouge ou je tente ma chance ? » Je me retourne et fusille mon collègue grassouillet - merci la bière - du regard. « Ferme ta gueule, c’est ma mère. » Ah là, silence dans l’assemblée. « Garde tes mains et tes yeux où ils sont sinon j’te fais bouffer tes couilles. » Voilà. J’essuie mes mains sur mon bleu de travail et sors pas l’encadrement de la fenêtre pour rejoindre Ella, sans savoir si elle a entendu ce que j’ai pu dire à mon collègue. « T’es pas à Paris toi ? » Non. Pas bonjour, ni même comment tu vas.