Tatoue moi -Amy

En dehors d’notre couleur d’ch’veux, on semble avoir l’même humour avec Brianna. L’bon humour foireux qui vole au ras des pâqu’rettes. Et encore, à côté d’elle, j’parais être une comique professionnelle. J’s’rai méchante, j’dirai qu’ça provient d’son unique neurone en état d’marche. Mais comme j’suis une femme adorable. Et rigolez pas derrière votre écran sinon j’vous fous une baffe. J’suis la sagesse incarnée. Ou pas. J’vais pas changer à vingt-huit piges. Puis mon côté peste plait à Hazel. J’suis tentée d’surenchérir à sa question. J’suis à doigt d’lui balancer l’cul d’ta sœur ou un truc du genre. J’me ravise, m’rapp’lant qu’on est pas amie. Si l’courant passe plutôt bien entre nous, j’en suis pas au point où j’peux charrier sa famille. Puis j’ignore si elle a une frangine. C’t’un coup à m’prendre un vent. J’pourrai causer d’sa mère. Oui mais non. Jamais les mamans. C’sacré. « L’pubis d’une femme. » J’me souviens parfait’ment d’c’te cliente. Sur l’papier, ça a l’air cool d’pouvoir mater une intimité épilée. Pas vraiment en fait. C’pas une question d’excitation. J’étais dans ma bulle et rien d’sexuel est passé par ma tête. J’avais qu’une hâte : finir et vite. Et d’puis c’t’expérience, j’me suis promis d’plus jamais l’refaire. C’pas une question d’pudeur non plus. J’ai aucun souci à encrer sur des fesses ou des seins. J’suis à l’aise avec la gente féminine. J’suis habituée à voir un corps d’meuf à poil. La cliente était pas moche en plus. Néanmoins, ça m’a pas plu. J’ai pas pris d’plaisir dans mon taf pour la première fois qu’j'l’exerçais. Tout l’inverse d’l’instant présent. Comme j’m’en étais doutée, la peau d’la rouquine est douce. C’t’un délice d’l’effleurer du bout d’mes doigts. J’ai presque envie d’faire durer l’moment histoire d’en profiter plus longtemps. Vues ses grimaces, j’balaye l’idée et lui propose plutôt une pause. J’admire son mignon derrière quand elle s’lève. Y a pas à dire, y a du bon à faire du sport. Par contre, ça a aussi du mauvais. Visibl’ment, ça grille les neurones. Faut vraiment pas être futée pour ouvrir une canette s’couée. J’suis morte d’rire sur ma chaise. Complét’ment pliée en  deux qu’j’en ai mal au bide. J’prends sur moi pour m’calmer. J’me lève, une serviette en main et la r’joins. « Heureus’ment qu’t’ai pas gardienne d’but. » J’pouffe d’nouveau. J’l’imagine dans les cages en train d’essayer d’arrêter l’ballon. J’vois un 10-0 pour ses adversaires. C’pas bien d’se moquer. Surtout qu’f’rai pas mieux. Niveau foot j’suis nulle. J’pense pas être capable d’faire une passe. Après rire est bon pour la santé. Puis y a pas mort d’homme non plus. Y a p’t-être mort d’un t-shirt et d’un soutif dans l’histoire quand même. « J’ai qu’des Cocas ou des bières, désolée. » L’eau ça fait rouiller. C’mon père qui m’l’a appris. C’pas un ivrogne non plus. Gaffe à vos insinuations ou j’vous frappe. « T’es prête pour l’futur concours d’t-shirt mouillé. » J’me marre encore un coup mais j’en pense pas moins. Sa poitrine est bien mise en valeur dans c’tissu trempé. « S’tu veux, j’te prêt’rai un soutif à la fin. J’habite l’appart au-dessus du salon. » Ben quoi ? J’ai l’doit d’lui proposer mon aide. C’pas la première qu’j'prêt'rai des fringues à une pote. C’même dans l’code d’l’amitié. C’qui est à toi est à moi. Et un sous-vêt'ment ou un froc c'pareil. En plus, elle s'rai obligée d'me l'rendre. C'qui signifie une nouvelle rencontre. « On y r’tourne ?! » Car l’temps passe et j’ai pas qu’ça à faire. J’lui ai réservé la matinée, pas la journée.

En posant cette question sur les tatouages je m'attendais vraiment pas à avoir un tel réponse. Amy déconnait hein? c'était encore son humour chelou? non parce que si c'était vrai le meuf en question était bonne à foutre à l'asile. Sérieux, se faire tatouer cet endroit....et pour se faire tatouer quoi? "Poussez fort avant d'entrer?" Je devais avoir un air très étonnée. Sauf que la tête d'Amy était des plus sérieuses, merde alors c'était vrai. Une tarée s'était vraiment fait tatouer là. Mais sérieux à quel moment dans ta vie tu peux penser que de te faire tatouer là c'est cool? Wooow là j'allais pas m'en remettre un peu à cause du dépis que m'inspirer un tel choix mais aussi par toutes les conneries qui passaient par ma tête. Sans parler de l'éventuelle gêne pour Amy, quoi qu'en fait je suis pas sûre qu'il y ai quelque chose qui puisse la gêner ou lui foutre la honte. Mais du coup j'osais pas demander ce qu'elle avait tatoué je ne sais pas si j'allais pouvoir encaisser un autre truc à la con.

La suite fut comment dire? encore un exemple du fait que je réfléchissais pas beaucoup avant d'agir. La canette était fraîche, j'avais soif, je l'avais ouverte. Voilà sans pas plus réfléchir que ça et maintenant j'avais foutu en l'air un tshirt que j'adorais, je collais et je sentais le coca, c'est ti pas merveille tout ça? ah oui et rajoutons une tatoueuse morte de rire sur sa chaise pour compléter le tableau. J'avais encore brillé. "Pourquoi? j'ai attrapé la canette, j'avais pas prévu qu'elle était piégée..." Mais elle avait raison j'étais nulle en gardienne, pire qu'une passoire. Je prends la serviette quelle me tend pour me nettoyer et faire le deuil de mon tshirt. "J'en ai déjà gagné des concours de tshirt mouillé, vive le spring break." Et vive aussi les blackout qui suivent ces jours là. "Un tshirt suffira , c'est gentil." Je remontais sur la table de tatouage reprenant ma position. J'allais pas lui emprunter un sous tif car déjà pas sure qu'on fasse la même taille et j'aimais pas trop emprunter les sous vêtements.

Bon allez on reprenait les choses sérieuses, j'avais hâte de voir cette louve terminée sur mon corps. Je la faisais peut être sur un coup de tête dans trop réfléchir mais elle correspondait à qui j'étais maintenant et elle me servirait surement à ne pas m'oublier dans cette ville. Est ce que ça serait mon dernier tatouage? peut être, en tout cas le dernier gros je pense. J'en avais trois imposants je pense que je pouvais m'arrêter là, les autres seraient plus discrets je pense. La douleur revint aussi vive que tout à l'heure et je réalisais que je commençais à fatiguer d'avoir mal. J'étais maso je crois sinon pour quelle raison je m'infligerais ça? Amy avait retrouvé son air très concentré, terminé le fou rire à mes dépends. Je regardais le plafond du salon sans dire un mot, je ne voulais pas la déconcentrer et j'avais hâte de l'entendre dire que c'était terminé, et que je pouvais me lever pour aller voir le résultat. Peut être même que je lui donnerais un nom à cette louve.

A en voir sa tête, Brianna m’croit pas. J’la comprends. Vrai du peu qu’elle connait d’moi, elle sait qu’j’aime la déconnade. Son doute est légitime. Et mon sourire en coin va pas l’aider à l’lever. Si elle m’connaissait mieux, elle saurait qu’j’mens jamais. Là, elle s’pose des questions sur la véracité d’mes propos. J’pourrai lui confirmer voire lui détailler l’truc. J’préfère rester silencieuse et savourer son état. J’suis trop ravie d’l’avoir mise mal à l’aise. Elle fait moins sa maligne d’un coup. Biens moins même avec ses fringues mouillées par l’Coca. « Car t’as pas l’air habile d’tes mains. » J’me base sur c’qui vient d’se passer. Si ça s’trouve, elle est douée d’ses dix doigts la rouquine. J’ignore toit d’ses compétences digitales. Et non, j’vais pas lui d’mander une démo en live, bandes d’vicieux.euses. J’vais pas m’lancer sur c’terrain glissant. Du moins pas maint’nant. J’dis pas qu’plus tard j’le f’rai pas. Elle est mignonne la rouquine. « Ah ça nous fait un autre point commun ! Sauf qu’moi c’était dans un festival d’métal. » J’devrai pas prendre c’ton d’fierté. J’ai pas d’quoi l’être. Surtout qu’dans ces endroits, ça s’fait pas à la flotte mais à la bière. J’ai pué toute la journée après. Et m’parlez pas douches hein. Y en a pas. C’trois jours à picoler, profiter des concerts et dormir comme on peut. J’avais beau avoir enfilé un haut propre, l’odeur m’a suivi jusqu’à la fin. Après, c’qui passe en festival reste en festival comme dit mon daron. J’suis pas certaine qu’il soit fier d’m’avoir conçu sous une tente. Quoique, quand j’me r’garde dans un miroir, il peut l’être. Comment ça j’me la pète ? En vrai, il est fier d’moi. Pas uniquement car c’mon père. Il est ravi d’voir qu’mon affaire tourne. « Ok. J’dois avoir c’lui avec l’cœur rose en son centre d’propre. » J’lui souris. J’avoue lui mentir là. J’ai pas c’genre d’niais’ries dans ma garde-robe. J’suis plus adepte des t-shirts blancs unis ou ceux d’mes groupes préférés. Ça va la changer du sien d’marque hors d’prix. J’ai pas les moyens d’me payer c’luxe. Et si j’les avais, j’le f’rai pas non plus. Les fringues sont pas mon délire. Vous connaissez mon délire. La plupart d’mon fric par dans ma bécane. L’souci d’son haut réglé, on rattaque. L’plus dur reste à faire. La tête va d’mander du temps et davantage d’précision. Et malheureus’ment pour Brianna, elle va douiller encore plus. J’fais d’mon mieux pour faire au plus vite. J’me refuse d’bâcler mon boulot malgré tout. Tant pis pour ses grimaces. L’aiguille injecte l’encre entre ses côtes. Les minutes défilent. Au bout d’un moment probabl’ment long pour elle, j’arrête. « Ta souffrance est finie. Ça t’plait ? » J’m’écarte d’la table pour qu’elle puisse s’lever. D’mon point d’vue, c’parfait. La louve à l’allure qu’elle voulait. « Comme t’as été sage, j’autorise à piquer à boire dans mon frigo l’temps qu’aille t’cherche un t-shirt. Fous pas l’bazar. » J’l’abandonne. J’quitte la pièce d’artiste et m’fonce vers la porte derrière mon comptoir. J’monte l’escalier en vitesse. J’fonce dans ma chambre. J’me dis qu’faudrait qu’la range un jour tant y a des vêt’ments sales partout par terre. J’ouvre mon armoire et attrape l’premier haut d’la pile d’t-shirts propres. Il est pas r’passé mais elle f’ra avec. J’redescends la r’trouver. « J’ai pas r’trouvé c’lui avec le cœur. J’espère qu’t’es pas trop déçue. » qu’lui balance en lui tendant l’t-shirt. J’la laisse l’enfiler. J’m’aperçois avoir pris un t-shirt bien particulier, c’lui d’AC/DC. « Prends-en soin. Mes parents m’l’ont offert pour mes vingt ans. J'tiens à l'récupérer en un seul morceau. » J’ai pas eu qu’ça pour mon chang’ment d’dizaines. J’ai aussi eu droit à un deux-roues.

Ah les festivals de musique, j'adorais ça, d'ailleurs vivement d'être en été pour pouvoir y aller. Chanter, danser j'adorais ça mais seulement dans ce cadre là. Vous me verrez pas trop en boite à danser, je trouvais ça bof, là bas on ne vivait pas la musique alors que dans les festivals oui. "Le jury devait être plus sévère que pour moi." Parce que bon soyons réaliste deux secondes, même si j'étais bien foutue, je n'avais pas une poitrine à affoler les mecs ou les femmes d'ailleurs, ma victoire était plus dûe au fait que j'étais rousse, et sportive et ils étaient tous soit bourrés soit défoncés. Aucuns mérites à ma victoire. Je le reconnaissais sans problèmes, ce n'était pas dans ce domaine que j'aimais gagner.

Et j'étais habile de mes mains mais bien souvent j'étais très distraite ce qui pouvait être très chiant. Là encore je pris une mini honte mais j'étais capable de faire bien pire. Mon esprit était mal tourné, du moins il ne l'était pas actuellement car j'aurais pu lui balancer un sous entendu mais non j'essayais de paraître digne tout en collant et en sentant le coca. "Des fois je suis pas un boulet, c'est rare mais ça arrive." Je restais une énigme pour pas mal de monde dont moi même. Comment je pouvais être si pas douée dans la vie, avec zéro anticipation et analyse de la situation et savoir aussi bien lire le jeu sur un terrain? Mystère.  Par contre je doute qu'Amy me croit car si on prenait que les faits...je faisais une connerie à chaque fois qu'elle était là. En fait c'était un chat noir, ou du moins elle attirait le chat noir vers moi.

Je n'arrivais pas à m'habituer à la douleur, je la supportais mais je le trouvais toujours aussi intense. Intérieurement j'avais envie que ça finisse le plus tôt possible mais c'était juste à cause de mon côté capricieuse. Car je savais que vitesse et précipitation ne faisaient jamais une bonne association. Quand j'entendis que c'était enfin terminé en grand sourire s'afficha sur mes lèvres, enfin la douleur ne serait plus là. Et en plus j'aurais un super tatouage. Je me regardais dans la glace , woooow elle déchirait sa race ma louve, Amy était vraiment douée. "Oui chef!" J'allais vers le frigo pour regarder ce qu'il y avait, hum coca ou bière. Je voulais ni l'un ni l'autre, j'avais eu mal alors je voulais un chocolat chaud. Je trouvais pas mon bonheur alors j'attendis sagement tout en regardant la louve avec attention. Quand Amy revint j'étais encore en train de regarder le tatouage. "Ohhh chui déçue et t'as pas trouvé celui avec des licornes?" Je le remerciais et passais le tshirt.

Je lisais ce qu'il y avait sur le tshirt. "C'est qui AC/DC? mais promis j'en prendrais soin." Mes parents étaient européens et j'avais 21 ans, je ne connaissais pas les trucs de vieux.  On sortit de sa pièce de tatouage et une fois dans l'autre partie du salon, je payais le tatouage. "Encore merci pour cette louve, peut être que je l’appellerais Amy." Mon phœnix avait un prénom alors pourquoi pas la louve?  Je la saluais et remerciais encore pour ce superbe tatouage, tout en lui promettant de lui rendre son tshirt assez vite , je lui filais mon num au cas où j'oublierais de lui rendre, elle pourra me le rappeller. Puis je filais car j'avais d'autres choses à faire.