Fake it, like you always do (Kamael #1)

Je jette le dossier sur mon bureau en soupirant, ça fait déjà un moment que je relis les infos qu’on a pour trouver un détail qui puisse nous faire avancer, mais rien. On a des trucs mais ça suffit pas, il faut plus. Je me sens observé, je capte le regard de mon collègue dont le bureau est face au mien un peu plus loin « Quoi ? » lui demandé-je, blasé « Oh rien. Moi je la connais la solution à ton problème, mais comme tu veux pas l’entendre bin tu te démerdes. » nouveau soupir « Ouais je la connais ta solution et s’en est pas une. Cette emmerdeuse risque plutôt de tout faire foirer plutôt que de nous aider à avancer ! » grincé-je, de mauvaise humeur. Ça le fait rire, c’est au moins ça « Je sais pas ce que tu as contre elle, mais t’es de mauvaise foi, elle nous a pas mal aidé sur d’autres affaires. Alors c’est sûr elle est spéciale, mais bon elle est douée pour se faire passer pour n’importe qui. » ajoute Jones. Je secoue la tête et me lève en attrapant mon mug, j’ai besoin d’un café même si je suis bien assez agacé comme ça « Spéciale. Ingérable surtout, ouais. » soufflé-je en m’éloignant. Face à la cafetière je réfléchis malgré tout à cette option, parce que mon collègue n’a pas tort, ça pourrait aider, mais ça m’emmerde de l’admettre et encore plus d’avoir à le mettre en pratique. Et merde ! Je verse le liquide fumant dans ma tasse et retourne m’asseoir à mon bureau. Je comprends à son petit sourire satisfait et le soudain intérêt de Jones pour son propre boulot, qu’un truc cloche « Qu’est-ce que t’as fait ? » je suis pas flic pour rien, j’ai de l’intuition. Il secoue la tête « Moi ? Rien. » la réponse typique de quelqu’un qui a un truc à se reprocher mais je ne cherche pas à en savoir plus, replongeant dans le boulot. Le suspens est de courte durée « Je lui ai envoyé un message avec ton portable, elle sera là dans une dizaine de minutes. » de quoi ? Putain mais c’est pas vrai ce mec ! Faut vraiment que je change mon code, quatre 0 c’est débile « Je peux gérer mes affaires seul… » « Ouais mais t’es trop têtu, je t’ai fait gagné du temps. » ou en perdre, c’est quitte ou double. Je lève les yeux, essaie de me reconcentrer mais maintenant que je sais qu’elle arrive, c’est mission impossible. C’est vrai qu’elle est douée dans ce qu’elle fait, mais c’est justement ça le problème… Parce que je sais d’avance ce qui nous attend et ça ne me plait pas des masses.

Je suis rentrée tard hier soir, ce matin pour être tout à fait honnête. Je fais toujours en sorte que Rowan et Jaelle ne sachent pas qu’il m’arrive de passer la nuit avec certains de nos clients. C’est un contrat tacite entre eux et moi. Si le contrat initial se passe bien et que j’en ai envie, je me laisse aller. Parfois pour le bien d’un contrat, parfois juste parce que j’en ai envie. Tout dépend de comment les choses se passent ou se présentent. Je n’ai pas ce même cadre qu’ils se donnent tous, savoir ce qui est bien ou qui ne l’est pas. Moi je fais mon travail, et plus encore. Après tout, qui ça dérange. Evidemment, mon frère et ma soeur ne savent pas non plus qu’il m’arrive de bosser ailleurs, au black. Parce qu’après tout, dans ma vie, y’a pas grand chose de plus que mon boulot, alors j’y mets un point d’honneur. Il m’apporte la sociabilité suffisante pour pas me sentir reclue, et j’aime pouvoir être qui je veux, quand je veux. J’expérimente chaque jour nouveau et c’est ce qui me donne la sensation d’être vivante. C’est en me réveillant que je prends connaissance de mes sms et potentiels contrats pour le soir-même. Rien à l’horizon, sauf un message de Samaël. Je plisse un peu les yeux, la manière de demander de l’aide ne lui ressemble pas. Lui ce gros ours mal léché qui a une putain de fierté mal placée. Mais il est canon, et il est sérieux dans son boulot. Et puis clairement, j’adore le faire sortir de ses gonds. Ça n’aide pas pour qu’il me rappelle, enfin je le pensais jusqu’à présent. Je sors de mon lit, saute dans une douche, enfile un jean slim et un top grunge, une veste en jean, une paire de bottines et me rends sans tarder au commissariat pour retrouver le charmant commissaire de police. Quand j’arrive, j’ai même pas besoin de dire qui je viens voir, tout le monde le sait, tout le monde me reluque, et j’avoue que j’aime bien ça. Je frappe à la porte du bureau de Samaël, qui est entre ouverte, et je passe la tête à travers, sans avoir attendu qu’il me dise d’entrer. « On a demandé mes talents, t’as besoin d’aide pour quelque chose ? » J’appuie bien sur les mots qui titillent son ego et son estime de lui. Que je suis machiavélique. Et le sourire que je lui offre ne l’est pas moins, je sais user et abuser de mes charmes. Ça ne date pas d’hier. « Ou alors tu avais juste envie de me voir… » Ce mec, il est détruit, ça se voit comme le nez au milieu de la figure. Il vit que pour bosser, il ne porte pas d’alliance, logique qu’il ait personne dans sa vie, même s’il est canon, il doit être tellement chiant à vivre au quotidien, l’enfer ! Mais je l’aime bien au fond, même s’il grogne et qu’il soupire, et j’aime surtout quand je me sens utile près de lui.

Rien que de savoir que cette emmerdeuse arrive, je suis énervé. Bon ok je l’étais un peu avant à cause de cette affaire qui n’avance pas, mais quand même. Je sais d’avance qu’elle va me provoquer, c’est son truc. Les quelques minutes qui me séparent de son arrivée sont définitivement bien trop courtes à mon goût et Knox donne tout de suite le ton. Talent… aide… qu’elle n’en fasse pas trop ! Je dirais plutôt solution de dernier recours « Peut-être que tu pourrais te rendre utile, ouais. » En plus c’est pas moi qui ai demandé son aide, même si elle le croit. Je relève les yeux dans sa direction un bref instant, son sourire m’agace, ça y est. Et sa remarque n’arrange rien, j’échappe un rire ironique « Qui voudrait s’infliger ça ? ». Je lui désigne la chaise libre d’un geste de la main « Bon installe toi, tu vas pas rester à la porte, et hors de question que tu t’agites, me donnes pas déjà le tournis. ». Maintenant qu’elle est là autant lui parler de l’affaire et de ce en quoi elle pourrait aider à faire avancer les choses. « On sait pas encore si on a affaire à du trafic d’art ou d’autre chose, y’a des trucs pas clairs qui se passent, mais on manque de preuves concrètes et pour en avoir faut aller sur le terrain. » je lui tends l’invitation à la prochaine vente d’art organisé par ce couple dont on sait qu’ils trempent dans des affaires louches sans avoir pu le prouver pour le moment. Ils ont le don de faire taire les témoins éventuels. Je la regarde et hausse les épaules « En gros le truc ça serait qu’on aille à cette vente et qu’on voit ce qu’ils peuvent essayer de nous vendre, autre que de l’art. » et à vrai dire j’ai déjà une petite idée sur la question « Ils invitent pas mal de couples, plus exactement des membres de clubs échangistes de luxe. Principalement. ». Ça a l’air de l’intriguée, de l’intéressée même, ça m’étonne même pas ! « J’ai un indic, il a réussi à m’avoir cette invitation. » je secoue la tête en fronçant les sourcils « T’as quand même pas cru que je fréquente ces trucs là ? » j’ai pas franchement la tête de l’emploi, ni rien d’autres d’ailleurs ! « Bon alors ? T’en penses quoi ? » je me fous de son avis, je veux surtout savoir si elle marche ou non, mais elle est de ce genre de casse-couilles qui aime la ramener sur tout.

J’arrive tout sourire, parce que même s’il est pas toujours très sympathique, même souvent pas sympathique, j’ai à coeur de le pousser dans ses retranchements, le titiller là où il déteste qu’on le titille. Il fait genre qu’il aime pas ça, mais au moins ça l’occupe. Et une fois n’est pas coutume, il m’a appelée pour que je vienne lui donner un coup de main. C’est qu’il trouve que je travaille bien, c’est un bon point pour moi. Sinon, il appellerai quelqu’un d’autre. « Peut-être que tu pourrais te rendre utile, ouais. » Son petit air renfrogné me fait encore plus sourire. Je lui demande l’air de rien si je lui manquais, et il me répond de manière cynique comme à son habitude. S’il croit que ça va me décourager, il se met le doigt dans l’oeil, et jusqu’au coude ! « Bon installe toi, tu vas pas rester à la porte, et hors de question que tu t’agites, me donnes pas déjà le tournis. » Je referme la porte derrière moi et m’installe comme il me le propose, glissant une de mes jambes sur son égale. Je suis à l’écoute, concentrée. Il commence à me parler de cette affaire en cours sur laquelle il travaille, un trafic d’oeuvres d’art selon lui. Il faut aller sur le terrain. C’est là que j’entre en jeu. Je reste silencieuse, réponds par de simples hochements de tête pour signifier que j’ai compris ou au moins entendu. « En gros le truc ça serait qu’on aille à cette vente et qu’on voit ce qu’ils peuvent essayer de nous vendre, autre que de l’art. Ils invitent pas mal de couples, plus exactement des membres de clubs échangistes de luxe. Principalement. » J’arque un sourcil. Voilà qui est intéressant. Il faut dire que niveau sexualité, je ne suis pas la moins dévergondée qui soit, je ne suis pas choquée par grand chose à vrai dire. Ce n’est pas un point important de ma vie, au contraire même, je laisse ça à un plan qui ne relève pas vraiment du plaisir. Disons que jusque là, chaque fois que j’ai eu à me servir de mon corps pour arriver à mes fins, ce n’est pas le sexe en lui même qui m’a procuré satisfaction, mais plutôt le fait d’avoir achevé une mission. Pour moi, le sexe - et mon corps par extension - n’est qu’un outil pour arriver à mes fins. Le plaisir n’a pas sa place là dedans. En tout cas, personne n’a encore jamais vraiment réussi à me faire prendre un pied d’enfer. Et ce n’est pas ma vocation dans la vie que de trouver celui ou celle qui y parviendra. « J’ai un indic, il a réussi à m’avoir cette invitation. Bon alors ? T’en penses quoi ? » J’arque un sourcil, me penche pour récupérer l’invitation en question. « T’es en train de me dire que tu veux qu’on se pointe là bas en tant que couple échangiste ? » Je pouffe un peu de rire et le regarde avec un peu plus de malice dans le regard. « J’ai du mal à t’imaginer crédible en couple. On dirait juste un ours mal léché. » J’arque à nouveau un sourcil, sourire au coin des lèvres en voyant qu’il est en train de se renfrogner. « Ça va, le prends pas comme ça. Si tu t’en penses capable, je te suis. Après tout, c’est toi qui m’emploi hein, je suis juste ta marionnette ! » Et j’aime ça. « C’est quoi le dress code ? Plutôt élégant sexy ou je dois passer pour la nympho de service ? »

Mon seul objectif c’est de tirer cette affaire au clair, et bien que ça m’arracherait la gueule de l’admettre à haute voix Knox peut effectivement m’aider à y parvenir. Elle a une vraie aptitude à l’infiltration, c’est un caméléon et surtout elle semble n’avoir peur de rien, peu importe que ça puisse potentiellement devenir dangereux, je crois même qu’elle aime ça. Tordue comme elle est ça m’étonnerait pas. Je lui explique les grandes lignes du dossier, elle ne bronche pas, ne commente pas, pour mon plus grand plaisir. C’est bien comme ça que je la préfère – tolère, silencieuse. Je vois son intérêt augmenter lorsque j’évoque le rôle à jouer, je ne suis pas vraiment étonné, à vrai dire c’est en partie pour ça qu’à la base je voulais pas solliciter son aide, je crois que ça risque d’un peu trop l’amuser. Maintenant elle est là, j’ai exposé le plan, nous avons un ticket d’entré pour l’événement. Est-ce qu’elle est partante ? Sans doute plus que moi. Knox prend l’invitation, l’observe et me fait part de sa petite analyse personnelle sur la situation, j’aurais préféré qu’elle s’abstienne mais c’était perdu d’avance. Elle remet en question ma propre crédibilité, je soupire, je me fous de son avis. L’ours mal léché il l’emmerde ! Et ça l’amuse en plus, cette emmerdeuse. Moi beaucoup moins et elle s’en rend assez vite compte, elle est partante et c’est moi qui décide. Oui quand même, merci. Je hoche la tête « Exactement, tu bosses pour moi. » de là à être ma marionnette peut-être pas, mais j’ai besoin de ses compétences pas de ses observations ni de ses petites remarques. A sa question concernant le dresscode de la soirée je l’observe, un sourcil arqué et esquisse un léger sourire en coin « J’ai du mal à t’imaginer avoir de la classe mais… Elégant et sexy. Ne fait pas trop dans l’extravagance. » pour le côté nympho de service je suis sûr qu’elle est capable d’endosser le rôle sans nécessairement en avoir l’allure. « On sera tous les deux à la soirées, on aura un back up à l’extérieur, je serai en communication avec eux si besoin. Au cas où ça tournerait mal. » il n’y a pas vraiment de raison, on vient trouver des preuves, rien de plus. « Bon, voilà. C’est tout. Reviens à dix neuf heure. » je lui fais un signe désignant la porte, pas besoin qu’elle reste là plus longtemps j’ai dit ce que j’avais à dire.

L’heure fatidique arrive, je suis repassé chez moi pour prendre une douche et me préparer. Je porte rarement de smoking, on ne peut pas dire que je sois trop adepte des mondanités, mais j’en ai un, celui que j’ai acheté pour le gala de la police de l’année dernière et que je remettrais cette année, puis la suivante et… bref on a saisit l’idée. J’attends Knox devant le commissariat, je sens le regard surpris de plusieurs de mes collègues. Quoi ils ont jamais vu quelqu’un sous couverture ? Regard sur ma montre, elle ne devrait plus tarder. Effectivement, elle apparaît un court instant après, je la reconnais, elle a toujours sa tête d’emmerdeuse, mais je ne pensais pas qu’elle réussirait à me surprendre. Pas aussi positivement en tout cas. « T’es en retard. » une minute, certes, mais je vais pas lui dire un truc sympa d’entrée comme ça. Je lui ouvre la porte de ma voiture, garée juste là, puis m’installe au volant « C’est bien… T’as respecté le dresscode. » oui, c’est un compliment.

« Exactement, tu bosses pour moi. » Ça ça lui plait de le rappeler, ça m’étonne pas. C’est tout juste le genre de mec qui veut cacher la moindre part de sensibilité qu’il peut avoir, grosse bagnole, grosse moto, les muscles qui vont bien, des sports dangereux, montrer sa virilité et montrer que c’est lui le boss. Ok, j’ai pas de mal avec l’autorité, je me contente de la contourner avec le sourire. Et je fais la même chose avec lui, m’amusant d’outrepasser ses commandements, jouant sur la corde sensible en titillant ce qui peut facilement le mettre hors de lui. « J’ai du mal à t’imaginer avoir de la classe mais… Elégant et sexy. Ne fait pas trop dans l’extravagance. » Je hoche la tête sans le lâcher des yeux, Elegant et sexy, c’est noté. Il ne croit pas que je puisse avoir de la classe, on verra ça. « On sera tous les deux à la soirées, on aura un back up à l’extérieur, je serai en communication avec eux si besoin. Au cas où ça tournerait mal. » Je n’ai aucun doute sur le côté technique de la mission, je sais qu’on sera bien entourés à l’extérieur, mais à l’intérieur, il n’y aura que lui et moi, et nos talents de caméléons. Je suis plus douée que lui à cette tâche, j’en ai la certitude. Le rendez-vous est donné pour 19h, je tenterai d’être à l’heure même si ce n’est pas chose facile pour moi. J’arrive à l’heure, gare ma voiture sur le parking du commissariat et rejoins l’entrée principale où l’inspecteur Gadget m’attend sagement, bien étriqué dans son costume. On voit qu’il n’a pas l’habitude et que ça lui démange de décoller ses bonbons qui collent au papier. Ça me fait rire. Mais il est beau, un homme en costume c’est toujours beaucoup plus élégant et attire le regard bien davantage.

Je m’approche et son regard vient accrocher ma silhouette, il me détaille de haut en bas, ma robe bleue nuit offre un joli décolleté, sans en faire trop. La fente sur le côté remonte jusqu’en haut de ma cuisse, de quoi continuer de suggérer sans faire vulgaire. J’ai opté pour un maquillage mettant vraiment en valeur mon regard, et je crois que ça fait son petit effet. Un large sourire étire mes lèvres alors que j’arrive près de lui, me rendant compte que nous sommes parfaitement assortis. « T’es en retard. » Je ne peux réprimer un petit rire, parce que c’est tout ce qu’il sait faire, des reproches, jamais aucun compliment. « T’avais qu’a pas être en avance. » Je sais que je suis à l’heure, c’est pas son foutu caractère qui va me flinguer l’excitation que j’ai à l’idée de partager cette soirée avec lui. Nous allons jusqu’à sa voiture, il m’ouvre même la portière. Oh, gentleman. « C’est bien… T’as respecté le dresscode. » Je lui offre un large sourire avant de m’asseoir sur le siège passager, et avant qu’il ne referme la portière je lui glisse d’un ton un peu plus suave. « T’es pas mal non plus. » Sur le chemin, je lui pose les questions nécessaires au bon déroulement de notre jeu de rôles. « Alors, on est ensemble depuis combien de temps, on pratique l’échangisme depuis combien de temps ? Est-ce qu’on est genre un couple fusionnel, ou plutôt du style à s’envoyer chier régulièrement ? Est-ce qu’il y a des choses que je dois savoir ? Vices cachés ? Tatouage dissimulé ? » Je sens que je vais beaucoup m’amuser ce soir…

Je ne vais pas l’admettre, faut pas rêver, mais je me suis peut-être un peu trompé en déclarant que Knox est incapable d’être classe. Cette robe lui va à merveille, elle est parfaitement dans le thème, elle a cette qualité d’être un vrai caméléon. Ça reste une plaie et je sais d’avance que cette mission va être une épreuve pour moi. Elle débute durant le trajet jusqu’à la soirée, où la jeune femme prend ma voiture pour une salle d’interrogatoire. Elle veut peaufiner nos rôles, notre lien, pour être crédible, et si en soit c’est une bonne chose, la nature des questions me fait presque déjà regretter d’avoir solliciter son aide. Je sais qu’elle va en profiter pour m’emmerder, l’opportunité est beaucoup trop belle pour s’en priver. Je le sens à ce petit sourire qui ne quitte pas ses lèvres, la façon dont elle me pose ses questions. Je soupire, réfléchissant malgré tout aux réponses à donner… C’est du détail mais il nécessaire d’accorder nos violons, je peux pas lui donner tort. « Hum. Deux ans qu’on est ensemble. L’échangisme c’est tout récent, il va y avoir des habitués, il ne faut pas griller notre couverture. » pour le type de couple que l’on est, là pas d’hésitation à avoir, c’est tout trouvé « Du genre à s’envoyer chier. Pas de doute là dessus. » pour le reste je ne vois pas bien en quoi ça peut-être vraiment utile, mais j’imagine qu’étoffer nos personnages nous rendra d’autant plus crédibles « J’ai un tatouage sur l’omoplate gauche. » souvenirs de mes années à l’armée, s’il n’y avait que celui-ci, les choses auraient été tellement plus simples. « Pas de vices, rien à cacher. » j’esquisse un sourire en coin « Le type ennuyeux. Faut bien un peu d’échangisme pour pimenter cette relation. » je sais ce qu’elle pense de moi, elle n’excelle pas dans les faux semblants et je ne suis pas stupide non plus. Mais puisqu’un couple se créé à deux, Knox a sa part à remplir « Et toi ? Y’a des choses que je dois savoir ? Outre le fait que tu sois une emmerdeuse de haut niveau. Ça c’est pas vraiment un vice caché. » je hausse les épaules « Bien évidemment c’est toi qui aura eu l’idée de l’échangisme. » au moins ça ne surprendra personne. C’est plutôt clair qu’elle est du genre libérée, c’est une séductrice, elle ne s’en cache pas. Je sais aussi qu’il ne faut pas juger un livre à sa seule couverture, mais j’ai pas encore vraiment eu l’occasion de lire un chapitre. Je me suis contenté des premiers paragraphes. Je gare la voiture devant le palace où à lieu la soirée, un voiturier la prend en charge. J’offre mon bras à Knox, je regarde autour de nous, le bon point c’est que l’on se fond très bien dans la foule. Que le jeu commence.

Pour être crédibles, il faut que nos violons soient accordés. Même s’il me trouve chiante, je suis professionnelle, et même s’il ne le dira jamais, je sais qu’il le pense. Sinon il ne m’aurait pas choisie pour l’accompagner. « Hum. Deux ans qu’on est ensemble. L’échangisme c’est tout récent, il va y avoir des habitués, il ne faut pas griller notre couverture. » Je hoche la tête. Sur ce point, je suis d’accord. Il ajoute qu’on est un couple du genre à s’envoyer chier, et je ris pour le naturel de sa réponse. « Ça m’va. » En même temps, on aurait du mal à jouer les amoureux transis je pense. Maintenant, j’ai besoin de savoir s’il a des vices cachés, des choses que je dois savoir qui ne se voient pas forcément. Un tatouage sur l’omoplate gauche. « Qui représente quoi ? » S’il ne me donne que la moitié des informations, on va pas y arriver. Il avoue n’avoie aucun vice - ce à quoi je crois moyennement - et ajoute sa vision de lui même, à savoir ennuyeux. L’échangisme est là pour pimenter cette relation. « Tu m’étonnes… » Que j’ajoute en levant les yeux au ciel. Je sais pas s’il a déjà été en couple, mais je plains les nanas qui ont partagé sa vie. « Et toi ? Y’a des choses que je dois savoir ? Outre le fait que tu sois une emmerdeuse de haut niveau. Ça c’est pas vraiment un vice caché. » Je le regarde avec un sourire au coin des lèvres. Je ne le prends pas mal, au contraire même je l’assume. « Bien évidemment c’est toi qui aura eu l’idée de l’échangisme. » Cette fois je laisse échapper un rire en hochant la tête. « Oui évidemment, puisque c’est moi qui porte la culotte. » J’ai failli être un peu plus vulgaire, j’aurai pu dire ‘c’est moi qui porte tes couilles pour nous deux’, mais ça aurait fait désordre. « Hum sinon, ce que tu dois savoir… » Je réfléchis un peu, et tente de ne pas sourire, pour rester très sérieuse. « J’ai un piercing sur le clito. C’est bon que tu le saches quand même. Et un dauphin tatoué sur le haut de la fesse. Gauche. » Je laisse un temps de latence avant de le regarder et je vois sa tête avant de rire. « Je plaisante ! Pour le dauphin en tout cas. Qui a encore un dauphin tatoué sur le cul sérieux ? » Je laisse encore un temps de latence pour le piercing, et rétablis finalement la vérité. « J’ai pas non plus de piercing sur le clito. Mais j’en ai un sur le téton. Droit cette fois. Et ça c’est pas des conneries. » Il a pas fini d’en voir de toutes les couleurs. « Sinon pas vraiment de vice non. Je fume occasionnellement, plus pour le côté mondain, j’ai pas tellement d’affection pour l’alcool non plus, sauf les bons champagnes. » Je réfléchis un peu plus à ce que je pourrai bien lui raconter. « Je me lave les dents au minimum quatre à cinq fois par jour, c’est une obsession. Je suis allergique aux fruits à coques et au latex. Ça peut être important que tu le saches…. » Je suis un démon. « Ah et je porte pas de sous-vêtements. Enfin c’est pas une généralité, je parle juste de ce soir. » Adieu Sam. C’était un plaisir de te connaître.

Les détails de notre faux couple se mettent en place, Knox met un point d’honneur à ce que je lui donne des détails sur moi et si je ne suis pas assez précis à son goût elle insiste. Une emmerdeuse je vous dis. Je lui décris mon tatouage, peaufine les rouages de notre entente et la part de chacun dans le choix de pratiquer l’échangisme. Clairement son idée. Puis c’est à son tour de me donner des éléments à connaître pour ne pas griller notre couverture. Elle commence fort, très fort, mais ça ne devrait pas me surprendre qu’elle entame son portrait par des détails intimes sur lesquels j’ai des doutes quant à la véracité. Elle est la reine de la provocation, elle cherche à me mettre mal à l’aise. Difficile pour moi de cacher ce que je pense, ma mine me trahie et la jeune femme rétablie la vérité et à sa remarque sur qui peut encore avoir un dauphin tatoué sur le cul – ou ailleurs – je ne peux m’empêcher de répondre « Quelqu’un comme toi. Enfin je croyais. » typiquement le genre à avoir fait ce style de “connerie de jeunesse“. Après un bref suspens, elle avoue que pour le piercing c’est faux aussi, enfin du moins sur l’endroit où il se trouve. Je me serais probablement passé d’avoir ce genre de détail sur ce qui se cache sous ses vêtements, sans trop savoir pourquoi, mais j’aurais préféré rester dans l’ignorance. Knox revient sur des éléments plus classiques, des habitudes et une information importante sur des allergies, dont une au latex « Vu les circonstances ça me semble utile oui, plus que le reste. » j’aurais mieux fait de me taire, dans un sourire narquois elle ajoute ne pas porter de sous-vêtement, pas ce soir en tout cas. Je soupire, dépassé par son attitude et peut-être aussi pour éviter de trop penser à ce détail « Ça c’était inutile. ». J’ai beau être un ours je n’en suis pas moins un homme, et ce soir la jeune femme m’offre une image un peu différente d’elle, je ne peux pas lui reprocher d’être dans le personnage mais je vais devoir gérer ça. « Tu éviteras de faire la roue. » lâché-je platement.
Nous entrons dans la salle où se passe la réception, j’attrape deux coupes de champagne sur le plateau d’un serveur qui déambule au milieu des convives, en donnant une à Knox « Je pense qu’il est bon. » j’ai retenu, c’est le seul alcool qu’elle puisse vraiment apprécier. A vrai dire ça m’étonne un peu, je l’aurais pensé friande de tequila, vodka, ou tout ce qui peut vous mettre la tête à l’envers en peu de temps. Glissant un main dans le bas de son dos je l’invite à avancer en prenant la direction du buffet vers lequel se trouve quelques groupes de personne « Ouvre l’œil et dis moi si tu remarque quelque chose. » comportement particulier, un élément qui l’intrigue. « Fais d’abord semblant de t’intéresser à l’art si tu entames la discussion avec quelqu’un. » je ne veux pas risquer un faux pas de sa part, mais je sais aussi que je dois me détendre pour être plus crédible.

La vie est un terrain de jeu pour moi, je ne vois pas pourquoi je passerai mes jours à me faire chier, autant en profiter. Et en présence de Samaël, j’ai comme envie d’en faire des caisses, juste parce que j’adore le fait qu’il soit irrité pour pas grand chose. Je l’énerve, mais pourtant il a fait appel à moi, c’est que ma présence ne soit pas être si désagréable que ça. Surtout pour une mission de ce genre. Il essaie de me tacler à son tour, mais ça ne fonctionne pas, je suis dure à énerver. Je continue d’énumérer des choses, insinuant quelques vérités au milieu des mensonges, juste pour qu’il ne sache pas où donner de la tête. Je suis horrible, mais je jubile. « Vu les circonstances ça me semble utile oui, plus que le reste. » Evidemment, si on passe d’un truc d’art à un truc porté sur le sexe, mon allergie au latex semble être une information importante, d’autant que celle-ci est réelle. J’enfonce le clou en lui avouant que je n’ai pas de culotte, ce qu’il trouve inutile. Moi je trouvais ça plutôt utile. « Tu éviteras de faire la roue. » Et là je me mets à rire, par son humour qu’il lâche platement et parce que je viens d’imaginer la scène. « Dommage. Je fais de très belles roues. »

La mission commence une fois la voiture garée, je me mets dans la peau du personnage. Pas chiante ni même trop enfantine comme je peux l’être. Juste professionnelle, plus concentrée, et ce côté séducteur qu’on avait prévu que j’ai. Samaël me donne une coupe de champagne et je ne peux que sourire, me rendant compte qu’il m’a écouté, malgré son air renfrogné. Ça aurait pu entrer dans une oreille et ressortir de l’autre côté. Sa main dans le creux de mes reins me fait frissonner, il va falloir que je me contienne. Il me donne les directives d’un boss, et, concentrée, je hoche la tête pour lui faire comprendre que j’ai compris ce qu’il vient de me dire. « Fais d’abord semblant de t’intéresser à l’art si tu entames la discussion avec quelqu’un. » Je souris et me tourne vers lui, glissant le bout de mes doigts sur sa barbe naissante. « Ne me prends pas pour une débutante tu veux ? » Et je dépose un baiser sur sa joue avant d’aller chercher un petit four, absolument divin. Une femme s’adresse à moi sur ma droite, faisant une comparaison entre la présentation des amuse-gueules et un tableau connu d’un peintre du 19ème. Heureusement, je suis plutôt bien calée sur le sujet, ce que Sam ne savait pas, évidemment. Je réponds à la quadra avec un certain aplomb, large sourire au bord des lèvres, et la conversation est lancée. Au bout de quelques minutes, Sam finit par me rejoindre. « Justement on parlait de toi. Je disais que tu étais plutôt branché contemporain, et moi plutôt impressionnistes. D’ailleurs, t’as vu qu’ils vendent un Sisley, tu m’as pas fait de cadeau pour la saint Valentin. » Je le regarde en souriant, lui faisant mes yeux de biche, et m’approche pour l’embrasser. Parce que si on veut passer pour un couple échangiste, faut quand même qu’on en ait l’allure…

Je n’ai aucun doute quant aux capacités de Knox dans tout ce qui peut attirer l’attention sur elle. Faire la roue est donc sans doute une corde qu’elle doit avoir à son arc. Son utilité reste plutôt limitée, mais je n’ai aucun mal à croire la jeune femme lorsqu’elle affirme savoir en faire de belles. Voilà je crois que j’ai trouvé, c’est un paon, tout est bon pour se faire remarquer, sauf qu’en plus elle prend un malin plaisir à faire chier le monde dès que l’occasion se présente. Enfin surtout moi, je ne suis pas con, je l’ai bien compris. Et en sachant cela je devrais arriver à passer au dessus de ses enfantillages et provocations, mais elle parvient toujours à me faire bouillir. Ce soir les choses sont différentes. Lors de nos précédentes collaborations je fulminais dans son oreillette, là je suis à ses côtés, nous avons un rôle à jouer pour recueillir de précieuses informations et faire enfin avancer ce dossier. Knox entre dans le personnage tout de suite, moi j’ai plus de mal à délaisser mon statut de flic et de responsable de cette mission. Il y a une notion de hiérarchie vis à vis d’elle, mais c’est d’avantage d’être garant de sa sécurité qui m’importe le plus. Ce n’est pas quelque chose que je mets en avant, mais si elle m’énerve bien souvent c’est parce que son attitude est celle d’une personne imprudente et ça ne me facilite pas la tâche pour assurer sa sécurité. Je lui donne mes dernières directives, le jeu commence vraiment à cet instant où elle fait glisser ses doigts sur ma joue avant d’y déposer ses lèvres, m’invitant à ne pas la sous-estimer. Pour toute réponse j’échappe une sorte de grognement alors qu’elle s’éloigne vers le buffet pendant que je fais mine de m’intéresser à une des pièces d’art exposée et mise en vente ce soir. Je laisse trainer mes oreilles l’air de rien tout en jetant de temps à autre un coup d’œil à Knox qui discute avec une femme tout en grignotant des petits fours. Je ne l’aurais pas imaginé, mais elle se fond parfaitement dans le décor, je crois que ça m’agace encore un peu plus qu’elle arrive à me donner tort et tirer son épingle du jeu. En revanche je peux me réjouir de l’effet produit et de la couverture réussie, je me raccroche à ça, au positif. N’entendant rien d’intéressant je décide de rejoindre la jeune femme, sa conversation semble durer, elle a peut-être un truc. J’affiche un léger sourire, saluant poliment l’autre invitée par un signe de tête respectueux pour m’incruster l’air de rien, après tout ma place est à côté de ma compagne, non ? La blonde, parfaitement dans son rôle m’inclus à la discussion, mêlant habilement le contexte actuel à notre relation factice. Elle est douée et crédible, il faut que je sois à la hauteur. J’affiche un air intéressé hoche la tête pour confirmer ses propos avant de dire le plus naturellement possible « Un Sisley, vraiment ? Je n’ai pas vu non. ». Regard enjôleur de la femme voulant faire plier un homme à sa volonté, elle s’approche, je ne peux pas reculer elle le sait bien. Ses lèvres rencontrent les miennes en dernier argument et je me prête à ce jeu de rôle, c’était mon idée après tout. J’ai des idées à la con parfois. « Toi non plus tu ne m’as pas fait de cadeau pour la St Valentin et je sais combien tu tiens à l’égalité dans notre couple. » petit sourire ironique, une taquinerie de couple comme une autre en apparence, un petit tacle hors-jeu. La discussion se poursuit, cette invitée est là pour la partie art à n’en pas douter, elle n’a que ça à la bouche. Finalement elle s’éloigne et je ne peux m’empêcher aussitôt de demander « Tu as révisé avant de venir ? ». Encore un truc que je ne soupçonnais pas de la part de Knox, des connaissances en art, et pas seulement des trucs basiques. Elle n’est peut-être pas totalement le genre à avoir un dauphin tatoué sur le cul finalement. Quoi que c’est pas totalement incompatible, des conneries stupides tout le monde peut en faire. Continuant de siroter mon champagne, je désigne d’un signe de tête, un couple un peu plus loin, ils ont l’air de s’intéresser à l’art mais surtout de chercher quelque chose ou quelqu’un « Je propose que nous allions voir ce… Vase ? Sculpture ? Le truc là bas. ».

Je ne suis pas à mon coup d’essai. Ce genre d’environnement, je connais comme ma poche, j’ai eu un tas de missions qui se passaient dans des ventes aux enchères ou dans des ventes d’oeuvres d’art de ce type. Je me suis renseignée il y a bien longtemps, et plus que ça, c’est un sujet qui m’a toujours intéressée. Samaël me rejoint et je l’inclus immédiatement dans la discussion. Mais cette femme n’a visiblement rien qui ne soit intéressant, pas pour notre mission en tout cas. L’arrivée du bellâtre n’est qu’un prétexte pour que nous puissions nous échapper, il tombe à pic. « Toi non plus tu ne m’as pas fait de cadeau pour la St Valentin et je sais combien tu tiens à l’égalité dans notre couple. » Je souris de plus belle face à cette petite pique parfaitement bien placée, alors que ma main glisse le long de son torse, je me mords légèrement la lèvre inférieure. « Tu sais comment me parler… ». Je trouve sans difficulté une excuse pour nous éloigner de cette femme qui n’a rien à nous apporter, et c’est là que le flic me tacle à nouveau. « Tu as révisé avant de venir ? » J’arque un sourcil et avale deux bonnes gorgées de ce somptueux champagne. « Accepte seulement que je sois cultivée, et douée dans mon domaine. Même si ça te fait chier de l’avouer. » Je le regarde en arquant un sourcil, non sans lui offrir un sourire narquois. Mais il est doué dans le sien aussi, et je vois dans son regard, ce dernier passant derrière mon épaule, qu’il a vu quelque chose d’intéressant. « Je propose que nous allions voir ce… Vase ? Sculpture ? Le truc là bas. » Je ne peux réprimer un léger rire, parce que si moi je connais mon sujet, lui c’est pas gagné. « Allons-y. » Je remarque rapidement le couple qui l’a fait tilter, c’est le moment d’abattre une nouvelle carte. « Il irait bien dans le salon, sur la commode, tu crois pas ? » Je regarde le vase en penchant un peu la tête, et m’arrange pour dire assez fort mais pas trop non plus la remarque suivante. « Quoi que, vu le prix, ce serait bête de le faire tomber quand tu me prends sur la commode… » Je reste super sérieuse, pourtant en voyant le regard de Samaël, j’ai franchement envie de rire. Je me poste à nouveau face à lui, ma main remontant à sa nuque, et j’approche mon oreille de la sienne pour lui dire quelque chose, jouant sur la sensualité d’un échange de ce type. « Arrête de jouer les frigides, tu vas tout foutre en l’air… » S’il me mettait une main au cul ce serait quand même vachement plus crédible…

Cultivée je viens de le découvrir, douée dans son domaine c’est un fait… Cependant Knox a raison ça me ferait beaucoup trop chier de l’avouer ! Alors je ne réponds rien, soutenant son regard un bref instant avant de laisser le mien repartir en quête de quelque chose d’intéressant. Et je trouve. En la personne d’un couple visiblement intéressé par un élément de la collection mise en vente, mais dont le comportement m’interpelle. Tant mieux pour nous si la jeune femme est plus ou moins à l’aise dans ce qui touche à l’art, au moins elle le sera pour deux. Pas que ça ne m’intéresse pas, j’ai quelques notions mais les expos ce genre de trucs je le partageais avec ma fiancée et depuis sa mort je n’ai pas trouvé l’intérêt de continuer. De toute façon je ne suis pas là pour apprécier les objets, je suis en quête de preuve, d’éléments tangibles pour faire avancer mon affaire. Nous arrivons à proximité de ce qui semble bien être un vase finalement, Knox est toujours dans son rôle, là où je cherche déjà à jauger de l’attitude des deux inconnus à proximité. Je regarde vaguement le vase en question et hoche vaguement la tête en mec détaché, pas franchement emballé mais prêt à donner raison à la femme qui l’accompagne. « Oui c’est vrai. » plus laconique serait difficile, mais la blonde n’est jamais à cours d’idée et elle continue, le plus naturellement du monde, en déclarant qu’il serait néanmoins dommage étant donné sa valeur qu’il finisse mal lors d’un de nos ébats. Mes yeux s’écarquille légèrement, elle ose vraiment tout et je ne sais pas si je trouve ça insupportable ou charmant, en quelque sorte. Son impertinence ne me laisse pas indifférent en tout cas ça c’est sûr. Je fais une légère moue « Hum, ce serait dommage effectivement. » j’ai clairement dû mal à être dans le personnage et délaisser un peu mon côté flic, et ours. Elle s’approche et me chuchote à l’oreille avec sensualité d’être un peu plus démonstratif afin de ne pas griller notre couverture. Bordel, elle a raison. Et je sais pas si c’est l’agacement ou sa proximité qui me donne un léger coup de chaud, mais en tout cas je déteste ça. J’ai une certaine fierté, je m’en voudrais de tout faire foirer. Ma main se glisse dans son dos pour donner un semblant de véracité à ce rapprochement. Elle recule, son petit sourire m’énerve mais il faut que je fasse abstraction, je lui adresse un rictus plus naturel que les précédents « Ça pourrait être un challenge intéressant, ne pas casser le vase. » ma main caresse sa hanche puis le bout de mes doigts flirtent avec la fente de sa robe sur le haut de sa cuisse « Mais un objet comme témoin, on a connu plus excitant… Et puis ce genre d’objet c’est fait pour être vu. » le ton est faussement celui de la confidence, et à la suite de ces quelques mots équivoques je vois le couple échanger à leur tour. J’esquisse un sourire satisfait « Je crois qu’on a quelque chose. » j’éloigne ma main baladeuse de sa peau et ajoute tout bas « Et tu n’as pas menti, tu ne portes vraiment pas de culotte. » je ne sais même pas pourquoi je dis ça. En fait dans le fond je crois que ça m’amuse, et ça fait longtemps qu’il n’y a plus grand chose qui arrive à m’amuser. Je finis ma coupe de champagne, celle de Knox est presque vide aussi, je l’en débarrasse « Je vais au ravitaillement, on va voir s’ils t’abordent un fois seule. » je m’approche et dépose un baiser sur sa joue, aux coins de ses lèvres « Je garde un œil sur toi. » pas pour la fliquer mais bien pour la protéger et puis m'éloigner me permettra de souffler.

Je m’amuse comme une petite folle. Si on ne prend pas le temps de s’amuser, alors à quoi servirait de vivre, hein ? Samaël n’a pas l’air d’être le genre à aimer vivre lui, il ne vit que pour son boulot, j’ignore s’il a une vie de couple ou de famille mais si tel était le cas, je crois que je plaindrai sa famille. Mais ce n’est pas le propos, ce soir, nous jouons le petit couple régi par leurs pulsions animales. Je m’amuse de sous-entendus, cherchant à attiser les oreilles et le regard des gens que nous cherchons. Mais Sam n’est pas vraiment dans son rôle, et je me dois de lui faire comprendre, si on veut réussir cette mission. Une fois contre lui, mon attitude sensuelle qui dénote pourtant avec les paroles que je glisse à son oreille, j’espère un juste retour de sa part. Et enfin je sens sa main qui se glisse dans le creux de mes reins, réchauffant instantanément ma peau de quelques degrés. « Ça pourrait être un challenge intéressant, ne pas casser le vase. Mais un objet comme témoin, on a connu plus excitant… Et puis ce genre d’objet c’est fait pour être vu. » Enfin le voilà plus joueur, je lui souris, faussement conquise, et le laisse glisser ses doigts à la frontière entre ma peau et le tissus de ma robe, me faisant frissonner par la même occasion. Merde alors. De dos à notre cible, je ne vois pas ce qu’il se passe, mais le flic a l’air de penser qu’on a une première touche, ils ont mordu à l’hameçon. Parfait. « Et tu n’as pas menti, tu ne portes vraiment pas de culotte. » Je ne peux réprimer un léger rire, et un regard charmeur. « Je ne dis pas que des conneries. » Il récupère ma coupe vide, et part nous en chercher deux nouvelles, non sans me rassurer sur le fait qu’il ‘garde un oeil sur moi’. Tu m’étonnes. Je repose mon regard sur ce vase faisant mine de l’admirer, penchant même la tête un peu sur le côté, lorsque le couple s’approche pour m’aborder. La femme en premier. « Excusez-moi mademoiselle, ça ne se fait pas vraiment mais, mon mari et moi n’avons pas réussi à détacher nos yeux de vous, depuis tout à l’heure. » Mon regard glisse sur la quadra qui vient de m’aborder sans aucune manière, je la reluque sans ménagement, faisant une pause un peu plus poussée lorsque je passe sur son décolleté, et reviens en plongeant dans son regard. « Parce qu’on s’intéresse à l’art ou parce qu’on forme un joli couple ? » Je lui souris et ajoute, posant cette fois mon regard sur le mari en question, le charmant d’un simple regard en coin. « J’espère que vous n’avez pas entendu notre conversation qui était quelque peu… orientée. » Je laisse échapper un rire contrôlé, et, un sourire en coin j’ajoute, un peu plus bas. « Je viens de rentrer d’un voyage d’affaire de quelques jours, on devait passer la soirée seuls à la maison mais je ne voulais absolument pas louper cette vente, je crois qu’il est un peu frustré. » Je me mords la lèvre inférieure et Sam revient avec le champagne. « Oh chéri, tu tombes à pic, je commençais à m’assécher. Je disais à ce charmant couple que ce vase nous plaisait bien, mais qu’il n’irait de toute manière pas chez nous, surtout vu ma maladresse. Enfin, pas dans tous les domaines… » Nouveau sourire, plus appuyé en direction de mon faux petit ami, et charmeur en direction de la quadra juste en face de nous. Alors, quand-est-ce qu’on joue ?

Cette mission sous couverture est un vrai challenge pour moi. J’ai toujours été du genre à aimer les relever, mais celui-ci a de particulier ma collaboration avec Knox. Il est évident que pour elle c’est une formalité, elle se fond dans la peau de son personnage avec une aisance presque déroutante, au point même qu’il soit difficile de savoir si elle joue vraiment un rôle. Ce n’est pas pour me faciliter la tâche, parce que je ne peux m’empêcher d’y penser et de vouloir maintenir de la distance. Mais entre mes désidératas personnels et la mission le choix est rapidement fait, je dois faire un effort, j’y consens. Depuis la mort de ma fiancée je n’ai eu aucune relation concrète, sérieuse, suivie. J’ai froissé des draps inconnus quelques fois, pliant sous le poids de la solitude, mais je ne m’investis plus émotionnellement, j’en suis incapable. La seule chose dans laquelle je sache m’investir c’est mon boulot. Ici, ce soir, je dois feindre les émotions pour faire au mieux mon travail. Je me montre plus tactile, plus impliqué et notre petit numéro attire l’attention du couple visé. Mise en place de l’étape suivante, je m’éloigne pour aller nous rechercher du champagne et observer à distance une éventuelle approche de leur part. Peu de temps après que j’ai tourné les talons, le couple aborde Knox, je ne doute pas qu’elle parvienne à attirer leur attention, c’est un de ses atouts majeurs. Elle est à l’aise, ils ont l’air d’avoir mordu à l’hameçon, le moment est idéal pour faire mon retour, boissons en main. La blonde me réintègre dans la conversation avec naturel et spontanéité. Je lui tend une coupe et passe mon bras autour de sa taille, sourire aux lèvres, prenant un air amusé « Oh, un vrai chien dans un jeu de quilles. » confirmé-je avant d’ajouter d’un ton plus suave, ma main descendant sur ses fesses « Mais elle sait aussi avoir des doigts de fée. » je sais pas d’où ça m’est venu, de loin sans doute parce que je bois une gorgée de champagne juste après comme pour désinfecter ma bouche après avoir dit de telles conneries, je brûlerais ma main plus tard. « Vous êtes là aussi pour… “la seconde collection“ ? » demande notre interlocutrice en appuyant particulièrement sur ces derniers mots, je hoche la tête « Oui… Cependant nous sommes de nouveaux acheteurs et… » elle me coupe, un large sourire aux lèvres « Oh je vois. Je me disais aussi que vos visages m’étaient inconnus, croyez moi, je m’en serais souvenu si nous nous étions déjà rencontrés. » son regard oscille entre nous, intéressé, libidineux. Elle s’approche de moi, et glisse une carte dans la poche de mon smoking, lissant le tissu du plat de sa main « Donnez la à l’hôtesse à côté de la statue en bronze près de l’entrée. Nous nous reverrons sûrement. » un clin d’œil plus tard et elle s’éloigne au bras de son mari. Je regarde Knox et lui souris, un sourire sincère « Je crois qu’on vient d’avancer. », le champagne aide peut-être un peu, j’ajoute « Tu t’en sors pas trop mal. » on est loin du compliment franc et massif, mais c’est déjà pas mal. « Je propose que nous allions trouver l’hôtesse en question. » je suis curieux de savoir quelle est cette deuxième vente en question. Notre sésame va nous permettre d’avoir rapidement la réponse. A peine la carte donnée que nous sommes invités à suivre l’hôtesse dont l’accent de l’Est ne m’échappe pas. Nous quittons la réception, amenés dans une autre salle où l’ambiance est bien différente, feutrée, teintée de luxure, des danseuses à demie-nue assurant le spectacle. « La vente commencera dans une dizaine de minutes. » sommes nous informés. Je regarde autour de nous, des couples, des gens seuls, une poignée d’invités réunis ici pour je ne sais encore quoi mais il ne s’agit probablement pas d’art. « Tu t’y connais en vente de sex toy ? Ça ressemble à ça ? » demandé-je à la jeune femme, en sachant pertinemment que ce n’est pas ce dont il est question ici.