us and him - chelsea

Elle avait le regard perdu, ne sachant pas comment réagir. Elle avait le regard perdu, les souvenirs qui jaillissaient, comme pour lui montrer ce qu’elle avait raté, ou lui affirmer qu’elle avait tous les droits d’être en colère. Quand bien même c’était une véritable connerie. Elles n’étaient plus ensembles, ils n’étaient plus ensembles. Pourquoi cela la touchait-elle autant ? pourquoi avait-elle l’impression que son cœur allait exploser ? pourquoi avait-elle dû retenir des larmes, en lui envoyant ce message ? pourquoi avait-elle l’impression de se faire trahir, de sentir comme un poignard dans son cœur ?
Pourtant, zach n’était plus avec elle. elle s’en était assurée, en le repoussant, elle s’en était assurée, en le trahissant. Succession de conneries, succession de mensonges. Mais lui, au moins, il le lui avait dit rapidement, lorsqu’il l’avait trompée. Il n’avait pas attendu, avait tenu à être le plus honnête possible.
Et elle, dans tout ça ?
Qu’avait-elle fait ?
Elle l’avait laissé croupir en taule, et s’était amusée dans les draps d’une danseuse, qui avait fait valser son cœur. Chelsea, qu’elle attendait. Chelsea, qu’elle voulait voir. Chelsea, qu’elle n’arrivait ni à oublier, ni à aimer.
Pas comme ça.
Pas amoureusement.
C’était de la merde, l’amour.
Fallait pas s’y accrocher.
Mais même sans ça, savoir qu’elle était la mère du gosse de zach…
Elle ne savait plus quoi faire.
Putain. Ses exs, qui s’amusaient ensembles, un bébé comme résultat d’une partie de jambes en l’air qui l’écœurait. Parce qu’elle se rendait compte que, quelque part, elle n’avait jamais fermé la porte quant à sa relation avec elle, avec lui.
Parce qu’elle avait l’impression d’être mise sur le côté.
Parce qu’elle avait l’impression qu’elle se faisait bousculer, que son cœur avait mal, que son esprit allait s’échauffer.
Elle ne savait plus quoi faire.
Elle ne savait plus comment penser.
Ne voulait que voir le visage de celle qui l’avait réveillée, pour la confronter.
Pourquoi ?
Pourquoi coucher avec lui ?
Pourquoi, bordel ?
Lui qui était son ex.
Lui qui avait été son seul amour, qu’elle ne pouvait pas oublier, qu’elle n’arrivait pas à effacer, qui faisait rejaillir les larmes quand, dans son lit, elle tentait d’oublier.
Mais c’était idiot.
c’était une belle connerie.
Chelsea ne pouvait pas savoir qu’il était aussi précieux.
Et puis même.
Elles. N’étaient. Plus. ensembles.
Alors pourquoi ?
Putain, pourquoi ?
Elle avait mal ; c’était insupportable. Elle fermait les yeux, laissait la respiration prendre possession d’elle, laissait les bruits environnants tenter de la calmer. Les paroles des couples qui discutaient, s’amusaient. Le serveur qui, visiblement, avait beaucoup de mal, seul. Les bruits des assiettes, les bruits des verres. Et le soleil, qui réchauffait la table, sur laquelle ses bras nus étaient posés, et ne tenaient plus, ses mains triturant son téléphone.
Que faire ?
Pouvait-elle encore partir ? s’enfuir ? la laisser arriver, la laisser dans les choux ? lui montrer qu’elle avait mal en l’abandonnant seule à la table ? non.
Elle n’en avait pas la force.
Qu’avait-elle prévu de faire alors ?
L’engueuler ? alors qu’elle savait, au fond, qu’elle n’avait aucun droit ?
Comprendre ? alors que ce n’étaient en aucun cas ses oignons ?
Bouillir ? comme elle savait si bien le faire.
Le cœur qui s’accélérait, elle ouvrit les yeux en entendant la voix de chelsea, au loin, qui passait les portes.
Merde.
était-ce trop tard pour regretter ? elle sentait son sang ne faire qu’un tour. Elle se sentait au bord de l’implosion.
Et merde.
Putain, pourquoi avait-il fallu qu’ils couchent ensembles, ces deux là ?
Et lui fassent aussi mal ?
Elle n’arrivait plus à se retenir.
Et son sourire sonnait faux, en regardant le visage de celle qui avait partagé, à un moment donné, sa vie. Son cœur. Son âme. Belle femme.
Saleté.
Esprit divisé.
Elle ne contrôlait plus rien.

Ça faisait des mois que je n’avais pas eu de nouvelles, plus d’un an même, et forcément, ce message m’intringue. Odalys n’est pas restée très longtemps dans ma vie, un passage furtif mais qui a quand même compté. Ce n’était pas seulement une nuit, mais je savais dès le premier instant que ça n’aurait pas fonctionné, de toute façon. Parce qu’elle était fragile d’une certaine manière, brisée aussi par une relation dont elle m’avait parlé qu’en surface. Mais on en avait besoin, toutes les deux, à cette période. Besoin de se perdre dans des draps, besoin d’oublier l’espace de quelques heures, quelques nuits. Elle avait servi à ça, et j’avais servi à ça, je crois. Je n’aurai jamais cru qu’elle puisse un jour vouloir reprendre contact avec moi, alors ce rendez-vous impromptu me laisse curieuse. Gina est partie bosser, et Eileen est à l’école, ça tombe à merveille. J’aurai pu appeler Zach pour lui demander s’il avait envie de profiter un peu de son fils cet après-midi, mais j’ai du mal à me séparer de lui. C’est donc avec mon petit garçon que je décide de quitter la maison que je partage avec Gina. J’appelle un chauffeur privé pour me rendre en centre ville, et une fois descendue, j’installe Evan dans mon écharpe de portage, pour le garder tout contre moi. Pour le moment, c’est la seule manière de le garder endormi, la poussette n’est pas sa meilleure alliée.

Je passe la porte du café, cheveux tirés en queue de cheval, lunette de soleil sur le bout du nez, et pose mon regard sur la petite brune assise un peu plus loin. Elle est toujours aussi jolie. J’esquisse un sourire et m’approche, retirant mes lunettes en chemin, avant de m’asseoir en face d’elle. Je vois bien que son visage est fermé, son message donnait le ton, de toute manière, je ne sais pas ce qui lui arrive, mais elle n’a pas l’air dans une phase très joyeux. « Salut Odalys. Comment vas-tu ? » Je ne lui présente pas mon fils, la presse est au courant de toute manière, même si j’essaie de préserver Zach de tout ça. J’imagine que la jeune femme devait être au courant elle aussi que je venais de donner la vie. Les tobloïds sont intransigeants…

En la voyant, odalys avait l’impression de recevoir un nouveau poignard, en plein dans son cœur. Parce que chelsea était là. avec son bébé. Avec le bébé. Ce petit être qui n’avait rien demandé, et qui était pourtant pris dans cette tornade qui s’abattait dans son cœur, dans son âme. elle se haïssait presque de se sentir aussi mal, d’avoir comme cette envie de s’enflammer, alors que le pauvre petit était visiblement endormi. Elle ne pouvait donc pas crier, elle n’était pas sans cœur. Et elle se réfrénait, son sourire faux, et le regard qui revenait au visage de la belle danseuse, son ventre encore un peu arrondi, et visiblement, une lumière dans le regard. ce devait être un beau moment. Mais n’aurait-ce pas dû être son moment ? à elle ? zach et elle ? un bébé de zach ? pourquoi, alors qu’elle voyait chelsea s’asseoir, se sentait-elle encore plus mal ? elle n’était pas prête à avoir un enfant, elle le savait. Et pourtant, lorsque zach faisait encore parti de sa vie, elle s’imaginait bien vieillir à ses côtés, lui donner un enfant, peut-être deux ou trois. Elle s’imaginait se marier, fonder une famille, vivre heureuse.
Mais non.
Tout était parti en vrille.
Et il avait eu un gosse avec une relation éphémère. Et ça l’enrageait.
salut… les félicitations sont de rigueur. elle avait le ton froid, elle avait la haine dans les yeux, et pourtant, elle parlait doucement, et savait être attendrie par ce petit bout de chou. comment s’appelle-t-il ? parce que les tabloïds, elle n’avait pas pu les lire. C’était déjà bien horrible de savoir que ses exs avaient fricoté ensembles, elle ne voulait pas non plus un résumé détaillé du « bonheur » que c’était d’avoir ce gosse.
Et alors que le serveur les voyait, et s’approchait d’elle, le regard et le geste d’odalys lui laissa entendre qu’il ne valait mieux pas.
alors c’est vrai ? son père… c’est… zach ?
Chelsea ne savait pas. Elle ignorait que zachary était la fameuse relation dont elle lui avait parlée, alors que les deux cherchaient à oublier, à se plonger dans un amour temporaire, à glisser dans des draps pour quelques instants de consolation, de chaleur. harrington. ajouta-t-elle, comme si chelsea ignorait de quel zach elle parlait. mon ex, quoi.
Et voilà. la bombe lâchée. Et la danseuse devait bien comprendre, désormais. Pourquoi il y avait tant de hargne, dans son message, tant de douleur, dans son regard. pourquoi son ton était glacial, pourquoi elle se sentait si mal. Parce que la belle savait que cette relation d’avant était l’âme sœur. Et que même si elle s’en était détachée, elle gardait des sentiments pour le seul homme qui avait su gagner son cœur. Pour celui qui avait su la sauver, et lui promettre un amour éternel. Celui qu’elle avait trompé, celui qu’elle avait abandonné, mais qu’elle ne parvenait pas à oublier.
j’arrive pas à le croire… j’devrais écrire un bouquin, là. parce que deux de mes exs, importants, en plus de ça, qui font un bébé ensembles… wow… wow. Elle ne savait pas quoi dire de plus. son ton devenait malsain. Et pourtant, toujours pas de voix haussée. Parce que ce petit bébé méritait bien de dormir, pendant que maman s’en prenait plein la gueule.
Putain de merde…

Je sens bien que ce ‘rancard’ va être difficile et je ne sais même pas pourquoi. J’aurai mieux fait de trouver un prétexte pour ne pas me déplacer, l’excuse d’une mère qui vient d’accoucher aurait sûrement suffit. Mais je n’y peux rien, je suis trop curieuse. Vilain défaut. Une fois assise en face d’elle, je tente d’être naturelle, lui demandant même comment elle va. « salut… les félicitations sont de rigueur. » Ça se confirme, elle est pas de bonne humeur, je me demande vraiment pourquoi elle m’a fait venir ici. « Oh. Merci. » J’imagine que ce n’était pas pour me féliciter, elle aurait pu s’en tenir à un sms pour ça.  « comment s’appelle-t-il ? » demande-t-elle finalement alors que mon visage s’illumine un peu. Je me tourne légèrement et fais glisser légèrement le côté de l’écharpe de portage pour qu’elle puisse voir un petit peu son visage. « Il s’appelle Evan. » Je caresse délicatement sa petite joue et me perds un instant à le contempler tout endormi, tellement adorable. Mais la jeune femme me sort de mes pensées assez rapidement. « alors c’est vrai ? son père… c’est… zach ? » Je repose mon regard sur elle, surprise de la question, surprise d’entendre le prénom de Zach, parce que je suis formelle, ça, personne n’est censé être au courant. « harrington. mon ex, quoi. » Les yeux s’écarquillent en entendant ses mots. Son ex ? Celui qui était en prison et qu’elle a trompé, avec moi ? Cette blague… Je savais que Zach avait fait un tour derrière les barreaux mais j’étais loin d’imaginer que ces deux histoires pouvaient être la même en réalité. D’autant qu’elle n’avait jamais mentionné son prénom, ou du moins je n’en ai aucun souvenir. Je suis sur le cul, vraiment. « Je… wow… » C’est une bombe qu’elle vient de lâcher. Après tout, moi ça ne change pas grand chose à ma vie de savoir que le père de mon fils est l’ex d’Odalys, avec qui j’ai eu une histoire aussi. C’est pour elle que ça doit être bizarre, et je comprends son attitude désormais. « j’arrive pas à le croire… j’devrais écrire un bouquin, là. parce que deux de mes exs, importants, en plus de ça, qui font un bébé ensembles… wow… » Je secoue un peu la tête, le coeur battant, serrant les mâchoires un instant face au discours acerbe de la jeune femme. « Tu crois sincèrement que c’était calculé ? Que j’ai été chercher ton ex pour qu’il me fasse un gamin dans ton dos ? » Je lâche un rire cynique, nerveux. « Arrête, tu te doutes bien que c’est juste un fâcheux concours de circonstances. Tu m’avais même jamais dit son nom, comment j’aurai pu deviner ? » Je soupire un peu et pose un regard sur mon fils pour me calmer légèrement. « Je comprends que ça puisse te chambouler tout ça, mais j’y suis pour rien, personne n’y est pour rien. »