première visite | raven

Appartement 48, Crenshaw, Raven Green. Elle vérifie encore une fois le dossier dans sa voiture banalisée. Sa coéquipière l'a laissée toute seule pour ce cas là. Pas besoin d'être à deux pour aller voir une ex-détenue qualifiée de prédatrice sexuelle envers les mineurs. Rien que penser à ce terme là, Luna serre les dents. Il faut qu'elle soit neutre maintenant Miss Green a fait son temps derrière les barreaux. Cependant, ce n'est pas pour autant qu'elle allait se montrer adorable avec elle. De toute façon Luna n'a pas une réputation d'être la flic la plus gentille du monde. Ses collègues la qualifieraient plus comme étant une femme austère qui ne rigole jamais. Ils savent d'où elle vient et se disent que c'est peut-être pour ça qu'elle est devenue comme ça. Personne ne la connaît réellement à part sa coéquipière. C'est la seule d'ailleurs qui réussit à la faire sourire au boulot. Enfin en tout cas, son passé doit jouer avec la femme qu'elle est devenue dorénavant. Elle est en avance. Histoire de se préparer encore une fois à la rencontre. Histoire de calmer cette boule de nerf qui est restée présente en elle depuis son enfance. En grandissant elle a juste appris à la canaliser. Cette rage omniprésente dans sa vie. Cependant, elle est toujours tapie là au fond d'elle. Prête à exploser à tout moment si jamais la goutte d'eau débordait du vase. Une vraie bombe à retardement. Enfin bon, ça fait un moment quand même que cette bombe repose sagement dans une petite boîte qu'elle a cadenassée elle-même. Essayant de ne pas éclater et de ne pas ravager tout sur son passage comme elle avait l'habitude de faire lorsqu'elle était ado'. Souffle Luna, il faut souffler. Elle est habituée d'être en charge de ce genre de dossier mais à chaque fois elle ressent toujours ce même dégoût à l'égard des personnes qui ont été inculpées pour avoir eu une relation avec des mineurs. Son côté mère nourrit sûrement ce ressenti là aussi. Sa mâchoire se crispe et elle sort de la voiture. Arrivée devant la porte de l'appartement de Miss Green, elle toque. « Bonjour Miss Green, je suis le lieutenant Black en charge de votre dossier. » elle lui tend la main, son ton n'a pas de couleur et son regard est ancré dans le sien. Elle n'est pas là pour devenir son amie et elle le fait savoir rien qu'avec son attitude. « Je suis là pour vous poser des questions et voir un peu votre logement ainsi que votre situation maintenant que vous être libre. » elle pose le décor. Elle veut voir si Miss Green est une menace pour la sécurité des mineurs dans la cité des anges.

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Première Visite

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Depuis ton arrivée, tu avais un peu fait l’autruche. Besoin de déconnecter, de tout oublier, de profiter du changement. Ce n’était pas tant l’envie de frauder le système mais bien celle de t’octroyer une petite bouffée d’oxygène. Ainsi tu n’avais pas de suite pris contact avec ton agent de liaison en charge du transfert de ton dossier d’Orlando à Los Angeles. Tu avais reçu quelques appels auxquels tu n’avais pas répondu. Presque deux semaines maintenant. Tu savais que tu ne pouvais plus attendre trop longtemps et ton but n’était absolument pas d’être fichée comme mauvaise ex-taularde. Bien au contraire. Ainsi, il y a deux jours, tu avais pris ton courage à deux mains et tu avais rappelé le bon service. Aussitôt fait, aussitôt le rendez-vous fut pris. Ton agent t’était assigné et passerait rapidement faire son premier contrôle. Lorsque tu raccroches ton pauvre téléphone portable à clapet, tu sens une nouvelle boule d’angoisse naitre au coeur de tes entrailles. Tu observes autour de toi, cet appartement miteux, les rares cartons à moitié ouverts toujours au sol et cette fuite au plafond de la cuisine qui te rend folle. Il faudra donc surement rendre le tout un peu plus présentable … 



Devant le miroir, tu passes une main dans tes cheveux, venant aplatir une mèche rebelle. Tu as enfilé un chemisier que tu réajustes pour la quatrième fois et un jeans propre. Un nouveau. A ta taille. Car il faut bien avouer que depuis ta sortie, tu as perdu du poids et plus rien de ce que tu as su récupérer de tes affaires, ne te va vraiment. Ton regard se perd dans ce reflet que tu ne supportes plus. L’angoisse est à son comble. Tu as la nausée. La nausée d’imaginer ce rendez-vous. D’imaginer le regard qui sera à nouveau porté sur toi. Le jugement. Pour eux tous, tu n’es qu’un monstre, une prédatrice. En cette seconde, tu aurais tellement aimé ne pas être seule. Avoir Pia à tes côtés. Sa main dans la tienne. Une envie bien évidemment impossible à tant d’égard … ! Non, tu devais à nouveau encaisser seule et assumer. 



Soudain, tu entends que l’on frappe à ta porte. Ta poitrine se serre d’un coup. Tu inspires profondément, serre la mâchoire et quitte la salle de bain. Tu poses un oeil sur le petit bol que tu as positionné dans la cuisine afin qu’il en récolte les gouttes d’eau de ta fuite. Il n’est pas encore plein. C’est bon. Pour le reste, tu as tenté de rendre le tout un minimum présentable. Tu n’as pas encore beaucoup d’affaires personnelles et même ton petit appartement semble encore bien vide. Tu ouvres la porte. Face à toi, une jeune inspecteur, droite comme un I et le visage fin mais fermé. Tu n’as pas le temps d’ouvrir la bouche, qu’elle prononce ses premiers mots : « Bonjour Miss Green, je suis le lieutenant Black en charge de votre dossier. » Sa main se tend vers la tienne. En venant la serrer poliment, tu pries pour ne pas trembler. “Bonjour. Je vous en prie, entrez.” Son regard te transperce. Tu dois garder la face, ne pas plier, ne pas faiblir. Tu as vécu bien pire. Et puis surtout, tu es enfin dehors. Il n’y avait techniquement aucune raison pour que les choses se passent mal.
Tu invites le lieutenant à te suivre une fois la porte refermée derrière vous. A peine avez-vous fait quelques pas que sa voix reprend : « Je suis là pour vous poser des questions et voir un peu votre logement ainsi que votre situation maintenant que vous être libre. » Faisant face à ton interlocutrice, tu hoches positivement. “Bien sûr. Installez vous où vous voulez. Désirez-vous un café ou quelque chose à boire ?” Tu laisse la jeune femme prendre place et t’éloignes vers le petit coin cuisine. Ton esprit n’a de cesse de prier pour que cet entretien soit rapide et que cet agent soit sortie de chez toi au plus vite.

Devant moi se présente une femme qui a pris le temps de réajuster sa chemise et être présentable pour ce jour. Oui, ça se voit qu’elle a fait des efforts. Mais bon, ce n’est pas vraiment ça qui m’intéresse sur le fond. Être présentable ne dit pas, ne pas être dangereuse. Je suis de glace, aucune émotion ne transparaît sur mon visage. Ce n’est pas une visite de courtoisie. C’est du sérieux. Il ne faudrait pas avoir relâché une personne qui pourrait nuire à tout les mineurs du quartier. C’est rude, je sais. D’être jugée comme ça après être sortie de prison et avoir toujours cette étiquette là. J’ai été aussi dans le même cas. A part que je n’ai passé que six mois en prison et que j’ai été arrêtée parce que j’ai été complice d’un trafiquant de drogue. Le regard des autres peuvent détruire à petit feu le peu de confiance en soi gagnée en faisant preuve d’efforts tout les jours pour être reconnue enfin. Je le sais que trop bien. Pourtant je ne fais pas d’état d’âme. Cette plaque au niveau de ma ceinture n’est pas un jouet. Ce n’est pas une babiole que je porte tout les jours juste pour faire joli. Je l’ai obtenue à force d’efforts justement. Rien n’est plus important que mon devoir. Et être enfin vue par mon père. Je rentre dans son appartement et commence déjà à observer les lieux. Il n’y a vraiment pas de décos et ça se voit qu’elle vient à peine de s’y installer. Mais bon, ce n’est que superflu ce détail là. D’ailleurs je lui rappelle la nature de ma visite assez rapidement. J’aime bien en venir aux faits. “Bien sûr. Installez vous où vous voulez. Désirez-vous un café ou quelque chose à boire ?” elle est polie. Elle a envie de se faire bien voir. Je ne dois pas non plus faciliter la tâche. A rester de marbre comme ça. Mais je l’avoue, c’est plus fort que moi. « Non merci, je n’ai pas soif. » Je m’installe, sort mon dictaphone et commence directement. Ce n’est pas comme si elle était à l’autre bout de la pièce non plus. « Alors Miss Green, pourquoi avoir mis autant de temps à nous contacter ? Et pourquoi ne pas avoir répondu à nos appels ? » ce n’est jamais bon signe de faire un truc pareil ! Franchement, si elle voulait attiser la méfiance qu’on peut avoir envers elle, c’est gagné. « On s’est quand même demandé si vous n’aviez pas disparu de Los Angeles. Tout pour échapper à notre vigilance. » J’attaque malgré ma voix étonnement calme. Je ne suis pas là pour la sermonner mais je veux bien savoir ce qu’elle a pu foutre pendant deux semaines à LA en faisant silence radio !