Warm and friendly hand | Ft. Heejun Han

Ses yeux se mirent à briller en entendant que le plus jeune connaissait d'autres endroits comme celui-ci. Cela devait être si bien, de connaître tous les recoins de la ville. Lui, il ne devait sortir qu'une bonne heure à tout casser par jour. La lumière du jour lui faisait légèrement mal aux yeux, tellement il en avait peu l'habitude. Il connaissait bien la nuit. Elle le terrifiait, l'obligeait à rester cloîtré dans sa chambre jusqu'à ce que le jour veuille bien se montrer. Alors au final, il ne voyait rien, toujours aveuglé par ses craintes. Sa main ne quitta pas la sienne, jusqu'à ce que Sanosuke en décide autrement. Sa proposition le fit rater un battement. Le regardant alors se redresser, il frissonna légèrement en l'entendant. Un nouveau lieu, chaque jour. Si seulement c'était vraiment possible, il n'y croyait pas du tout. Cela signifiait implicitement qu’il acceptait de passer du temps avec lui. Beaucoup de temps. Ce que Heejun avait du mal à concevoir. La bouche entrouverte, il essaya de remettre les choses en ordre dans sa tête. Hochant timidement la tête, il voulait au moins lui poser la question.
"J-J'accepterais avec plaisir ! Mais tu es sûr de vouloir perdre tout ce temps avec moi ?" demanda-t-il alors.

Toutes ces heures perdues à lui faire découvrir la ville, il aurait très bien pu les passer à faire autre chose. Après tout, il devait sûrement avoir une vie en dehors du lycée, pas comme lui. Il devait être le seul à rentrer directement et à s'enfermer dans sa chambre sans clé. Oui. Sa vie se résumait à cela. On aurait presque pu dire qu'il se faisait séquestrer, un peu volontairement. Le regard des autres l'effrayait. Le monde le terrorisait. Tellement innocent et si expérimenté à la fois. La main que Sanosuke lui tend signifie la fin de cette soirée. Prendre cette main, signifiait bien plus qu'un simple contact. C'est vrai que le soleil se couchait, et qu'il allait commencer à faire nuit. Mais lui, il ne voulait pas rentrer. De toute manière, il n'avait pas de ce qu'on pouvait appeler un "chez lui". Alors rentrer, il ne voulait pas. Mais avait-il réellement le choix ? Tout doucement, sa main se déposa dans celle du japonais, avant de se relever, haussant doucement les épaules en guise de réponse. Il n'était pas épuisé, par rapport à ce qu'il sera une fois rentré. Son regard se faisait plus triste, et ses yeux ne brillaient plus du tout. L'évocation de cette fin de soirée le bouleversait.

"Comme tu veux...Par contre je ne saurais pas comment y retourner...A moins que tu ne saches où se situe l'orphelinat qui est assez près du lycée..." qu'il lui dit en haussant les épaules.

Maintenant qu'il y pensait, il ne lui avait encore pas dit qu'il était orphelin. Ses joues rougirent légèrement d'anxiété, se demandant alors à quoi pouvait bien penser celui qui tenait sa main. Elle était chaude, et douce. Quelque chose de rassurant, qui lui changeait de l'ordinaire. Marchant alors doucement à côté de lui, il se laissa guider. Sanosuke devait avoir sans doute une petite idée de là où se situait le grand bâtiment. Et d'un autre côté, il espérait qu'il ne sache pas. Qu'il ne puisse pas l'y remmener. Mais malheureusement, il semblait connaître parfaitement le quartier, ce qui ne l'arrangea pas du tout. Traînant alors des pieds et baissant la tête, il se mordilla doucement la lèvre en reconnaissant les rues par lesquelles ils passaient. Resserrant légèrement ses doigts autour de la paume du plus jeune, il ne voulait plus rien regarder. Profiter de ces derniers instants de tranquillité, de cette petite pointe de bonheur qui avait ponctuée sa journée. Il n'avait encore jamais séché les cours. Enfin, du moins officiellement. Est-ce que dormir au fond de la salle était considéré comme sécher ? Bref, un léger regard vers Sanosuke, et il lui fit un léger sourire.

"En tout cas, merci pour cette après-midi. Vraiment." le remercia-t-il alors.

C'est vrai que le temps avait filé rapidement. C'était assez rare, pour lui qui au contraire, trouvait ses journées beaucoup trop longues et inutiles. Si seulement tout cela pouvait se terminer. S'il pouvait tout quitter pour partir. Sa rue apparu rapidement. Les lumières étaient déjà allumées, et les pieds d'Heejun firent un arrêt net devant le portail de l'orphelinat. Les lèvres un peu tremblantes, il se retourna vers le japonais, lui faisant un sourire qui n'était pas sincère. Il ne voulait absolument pas y aller. Il ne lui avait rien expliqué, et de toute manière, il savait que cela ne plairait sans doute pas au plus jeune d'écouter ses problèmes. Sa main se détacha difficilement de la sienne, avec douceur et regret. Les larmes montaient à ses yeux, sans pour autant laisser paraître ce qu'il ressentait. Il se demandait s'il le reverrait réellement. Les gens parlaient sans pour autant garder leurs mots. Dire n'était pas concret.

"J'imagine qu'on se quitte ici. En tout cas, si cela se fait, je compte sur toi pour me faire découvrir la ville." ajouta-t-il tout doucement.

Le saluant alors d'un geste de la main, il se retourna, tremblant légèrement en retournant dans cette prison. Ses pas se faisaient lourds contre le bitume. Passant alors les portes, il serra les poings, avant de voir que l'un des éducateurs l'attendait de pieds fermes à l'entrée. Sa petite sortie du jour avait dû remonter jusqu'à leurs oreilles. Quand il fut sûr d'être hors de vu, une main s'abattit sur sa joue. La nuit ne faisait que commencer pour lui. C'était la période la plus dangereuse pour tenter de survivre, et il le savait parfaitement. Ce soir, il devrait survivre.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] ~ « Je ne perdrais pas de temps. Si je peux t'apporter de belles choses à ta vie. » Puis, ça fera sûrement du bien aussi à Sanosuke. Rien qu'être loin de sa maison et de son paternel lui fait du bien. Alors si c'est pour être en compagnie du coréen, il ne dit pas non. Ce garçon l'intrigue toujours autant et il aimerait en apprendre davantage plus sur lui. Ce sera un petit moyen pour se rapprocher. Avoir au moins une personne sur qui compter est important quand on a une vie difficile. Et Heejun à l'air d'en faire partie, de ces gens qui ont une vie difficile à supporter. C'est même un peu après que Sano l'apprend, lorsqu'il veut le raccompagner chez lui. L'orphelinat. Il n'a donc pas de parents. Lentement, son sourire s'efface un peu et il vient l'observer un peu, se mordillant la lèvre. « Désolé.. Je savais pas que tu.. » Il comprend mieux pourquoi il est autant triste, mélancolique. Alors tout doucement, il vient faire une légère pression autour de ses fins doigts, ne le lachant pas pour autant. Car au contraire, en sachant ça, le japonais ne compte pas le laisser tout seul. Cette envie de le rendre un peu plus heureux, il ne sait pas d'où ça peut provenir. C'est bien la première fois que les sentiments d'un autre importe beaucoup pour le jeune lycéen. « Je sais où l'orphelinat se trouve, oui. Je t'y emmène. »

D'habitude, une dizaine de minutes suffit pour y aller. Mais en voyant que Heejun n'a pas l'air d'être excité à l'idée de rentrer, il met plus de temps à l'y accompagner. En le voyant traîner des pieds, il fait de même en ralentissant le pas, sa main se resserrant sur la sienne. Un petit silence s'installe durant tout le long du chemin, Sano n'ayant pas d'idée de conversation assez intéressante et constructive. A l'entente des mots de son ami, il sourit légèrement et le regarde doucement. « Ne me remercie pas... » Il marque une pause et prend le temps de formuler des mots qu'il n'aurait jamais dit avant à quelqu'un. « C'est moi qui doit te remercier. De m'avoir retenu de sauter du toit. » Cette fois-ci il est sincère. Réellement. C'est bien la première fois qu'il est content que sa tentative de suicide rate. C'est vraiment étrange de réagir et de penser différemment en étant avec Heejun. Et en remarquant ce petit changement, il en rougit un peu sans trop comprendre pourquoi. Sano secoue alors la tête, s'arrêtant alors devant le grand bâtiment qui s'étend devant eux. C'est le moment de se quitter en effet. Il observe le coréen durant un petit moment et hoche simplement la tête. « Tu peux compter sur moi. » Tiltant d'un coup, il sort un bout de papier et un crayon dans son sac, afin de noter son numéro de téléphone dessus et le lui tendre. « Tiens. Ce sera plus simple de communiquer, comme ça. A bientôt... » Sano lui sourit une dernière fois avant de le regarder s'en aller. Et ce n'est qu'une fois qu'il ne le voit plus qu'il se décide à s'en aller de son côté. Encore une nuit à passer dans les rues de la ville. C'est devenu une habitude pour lui. Une habitude qui ne pourra jamais changer.