[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] ~ Cinq heures du matin. Déjà réveillé, une heure avant son réveil. Et c'est presque tout les jours comme ça. Se retournant encore et encore, Sanosuke ne trouve toujours pas le sommeil. Alors il finit par se lever en prenant des habits propres et sort de sa chambre, se dirigeant vers la salle de bain d'un pas lent. Le silence règne dans la maison. Il en profite pour faire une rapide douche, pas plus de cinq minutes, avant de se poser devant le miroir, le visage renfermé. Glissant sa main sur son visage, il lâche un léger soupir, frissonnant ensuite à cette vision qu'il a de lui. Il ne ressemble a rien. Voilà ce qu'il se dit. Tout ça a cause d'une seule et même personne. Une personne se trouvant sûrement en ce moment-même sur le canapé dans le salon. Comme d'habitude. Après une soirée bien arrosée. Sano se souvient bien de la veille. Son paternel lui a fait du mal, comme presque chaque soir. Il est tout simplement devenu un souffre douleur. Pour son père, le mot "famille" n'existe plus. Ni le mot "fils" et le mot "amour". Tout s'est détruit dès qu'il a perdu son simple travail d'avocat. A croire qu'il n'y avait que ça d'important dans sa vie. Enfin. Soupirant une nouvelle fois, l'asiatique s'habille convenablement, faisant en sorte de cacher toutes ces plaies et cicatrices qui racontent sa vie. Et une fois fait, il passe une seconde fois dans sa chambre pour prendre son sac à dos, descend les escaliers et passe dans le salon tout en faisant attention à ne pas réveiller son père qui roupille, jusqu'à sortir dans sa rue. Le soleil commence à peine à se lever. Comme toujours, il traîne un peu dehors, durant presque trois heures jusqu'à ce qu'il soit temps d'aller au lycée. A contre cœur, il prend donc le chemin qui mène à cette prison, gardant ses yeux vissés vers le sol, ne faisant pas attention à ce qui l'entoure. Et, traînant des pieds, il se plonge dans sa bulle.
La matinée passe lentement. Les cours sont ennuyants. Sanosuke qui se trouve dans le dernier rang, sur la table à côté de la fenêtre, passe l'heure de maths à dessiner. Dessiner des choses abstraites. Des formes toutes plus bizarres les une que les autres que lui seul peut comprendre. Son prof n'y prête pas attention, sachant bien qu'il n'arrêtera jamais. Prof qui préfère s'occuper des élèves qui ont envie de réussir, et non des élèves qui ne font que gâcher leur vie. Seulement.. Est-ce qu'il sait même quelque chose de la vie du jeune lycéen ? Non. Rien du tout. Comme tout le monde a vrai dire. Sanosuke n'est pas du genre à déballer sa vie avec tout les détails possible. Au contraire. Sa vie doit rester enfouit. Doit rester secrète. Sinon, il en paiera sûrement les conséquences. Et ça, il préfère éviter.
Midi passé. La sonnerie vient de retentir dans l'enceinte de l'établissement, signifiant l'heure de la pause déjeuner. Sanosuke sort en dernier de sa salle de cours, resserrant les bretelles de son sac à dos dans ses mains, prenant alors non pas la direction du réfectoire, mais celle du toit du lycée. Un accès interdit certes, mais le jeune lycéen s'en fiche. C'est son endroit à lui. Là où il peut être en paix. Là où personne ne risque de s'y aventurer sous peine de recevoir une sanction de la part du directeur. Le japonais grimpe donc les escaliers, toujours avec son rythme lent, pas par pas. Avant d'enfin pousser la porte du dernier étage, après avoir dépasser la ligne qui interdit l'accès au toit. Sans surprise, il n'y a personne. Tant mieux. S'avançant un peu tout en refermant la porte derrière lui, il pose son sac sur le sol, et reste immobile, relevant la tête pour fixer le ciel bleu. Un souffle de vent caresse son visage, et fait virevolter quelques mèches de ses cheveux. Les yeux fermés, il pense. Un petit instant. Avant de rouvrir les yeux et de se tourner vers le côté. Puis, comme un automate, il laisse son corps le guider jusqu'au bord du toit. Baissant les yeux vers ce qu'il s'y trouve en bas, il ne voit que de l'herbe. De l'herbe qui n'amortira sûrement pas sa chute. Alors tout en douceur, il pose ses pieds sur le rebord, tendant légèrement les bras de chaque côté pour garder un minimum d'équilibre. Il referme ensuite les yeux. Concentré. Il ne lui reste plus qu'à se pencher vers l'avant, et tout sera fini. Pour de bon. C'est tout aussi simple. Enfin c'est ce qu'il croyait. Jusqu'à ce qu'il entende la porte s'ouvrir dans un grincement. Puis une voix s'élever. Sanosuke rouvre les yeux, et tourne la tête, avant de voir un garçon. Un lycéen qui se tient là, sur le toit. Ce qui traverse l'esprit de Sanosuke en ce moment-même ? Vais-je un jour avoir la paix et réussir à disparaître dans ce monde sans que rien ni personne ne m'en empêche ? La réponse est sûrement non. Toujours immobile, et ne bougeant pas de sa position, il fixe le jeune homme d'un regard las. Et finit par lancer un petit : « Qu'est-ce que tu me veux ? »
Se réveiller après avoir mal fermé son rideau, un rayon de lumière lui ayant effleuré les yeux, quel malheur. 6h00 précise. Heejun n’aimait pas traîner dans l’orphelinat, alors il s’empressait de se préparer pour le quitter au plus vite chaque matin. Passant devant son miroir, placé sur son mur exprès pour lui permettre de s'apitoyer sur son sort, le coréen s’observa. Ses doigts se levèrent pour effleurer les quelques équimoses restant sur son corps depuis deux jours déjà. La violence, il ne connaissait que ça. Secouant la tête pour se rafraîchir les pensées, il se dirigea vers sa commode et s’empara de quelques habits. Il s’habilla d’un pull aux longues manches pour enfouir ses mains, le rentrant dans un pantalon noir déchiré aux genoux. Un basique. Il se baissa pour saisir son sac et s’en alla dans les couloirs de la prison, remplis d’enfants en tout genre. Son regard restait baissé. Il savait qu’il allait les croiser dans ces couloirs étroits. Leurs regards sur lui, leurs commentaires, tout ça l’horrifiait. Il arrivait encore à sentir la sensation de leurs mains sur son corps. Alors il marchait, la tête basse, le regard sur ses belles basket noires. Sortant du bâtiment, sans même prendre de petit déjeuner, il se dirigea vers l’un des seuls chemins qu’il connaissait, celui vers le lycée. Ses pieds marchaient au rythme de la musique qui résonnait dans ses oreilles, il murmurait les paroles des chansons qu’il connaissait par coeur. Les arbres frissonnaient dans le vent, les oiseaux piaillaient, tout semblait pour le mieux. Il était encore tôt après tout.
Arrivé au lycée, il rejoignit sa classe rapidement. Il était arrivé à l’heure, ayant marché pourtant lentement dans la rue. Il ne s'intéressait pas vraiment aux heures qui suivirent. Histoire-Géographie, puis mathématiques pendant deux heures, qui passèrent d’une lenteur extrême. Après un cours infernal sur les suites géométriques et leurs variations à deux balles, la sonnerie retentit, signalant enfin l’heure que tout le monde attendait tant. La fameuse heure du déjeuner. La foule affluait dans les couloirs, pour se diriger vers le réfectoire. Cantine où il n’allait plus, préférant ne plus manger le midi sous les regards intensifs de ses camarades. Alors il vagabondait un peu partout, dans les couloirs, la cours, les jardins, et le toit. Oui. Aujourd’hui il irait sur le toit. Alors il se dirigea vers les escaliers, qui montaient, encore et encore vers cet endroit interdit. Endroit de défi, de calme, et de solitude, où personne n’osait aller, par peur des conséquences.
Poussant légèrement la lourde porte en fer, ses cheveux virevoltèrent au contact de l’air qui s’engouffra dans la cage d’escaliers. Il cligna des yeux en voyant qu’il y avait une personne. Qu’importe. Il ferai comme s’il elle n’était pas là. Heejun s’avança alors dans un coin avant de regarder le jeune homme jouant sur le bord du toit. Que faisait-il avec ses bras tendus ? Voulait-il sauter ? Il en avait tout l’air, en se penchant vers l’avant comme ça. Ses pieds bougèrent légèrement pour se retourner vers lui en soufflant. Lui aussi y avait penser à se suicider, mais il ne comprenait ce qu’il s’apprêtait à faire.
“Hé. Tu veux pas dégager de là ? Tu me gènes. Et puis c’est ridicule de faire ça.”
Mais qu’est ce qu’il lui prenait de lui balancer ça ? Ce type, il ne le connaissait même pas, et pourtant, il se reconnaissait déjà en lui. Quelle blague. Son regard était resté posé sur lui. Des cheveux soyeux, un beau visage, le coréen ne comprenait pas ce qu'il faisait, alors qu’il avait tout pour lui. Il savait pourtant qu’il ne fallait pas juger par les apprences. Tout le monde le disait, et c’était vrai. Même la plus belle des personne peut cacher sa vraie nature. Et c’était ce qu’il faisait lui. Il mentait et cachait ce qu’il ressentait. Il n’était pas mieux que les autres au final. La réponse blasé du type, il s’en fichait en vrai. Alors il s’approcha encore un peu, n’ayant aucunement peur.. “La vue est plus jolie si tu descends de là, je t’assure.”
Son regard croisa le sien. Vide. Aussi vide que le siens. Et pourtant, il parvenait à comprendre ce que cela voulait dire. Il ne bougerait pas. Son regard dériva sur le ciel bleu. Les nuages flottaient tout doucement au dessus de leurs têtes, il se planta à côté de lui, en attendant qu’il veuille bien reculer. Et s’il ne voulait pas, il le tirerait. Parce qu’il n’allait sûrement pas le laisser sauter devant ses yeux. C’était une solution de facilité pour trouver un échappatoire, même en dernier recours. Lui même avait essayé, mais ça n’avait jamais marché, alors il avait arrêté de chercher, et se laissa complètement faire. Il était devenu un simple jouet pour les autres, l’un que l’on pourrait jeter après l’avoir entièrement brisé.Le vent recommençait à souffler, et il ne savait pas quoi lui dire. La communication et lui, ça faisait deux. Il se contenterait d’être là, debout à ses côtés, sans comprendre ses propres raisons de faire cela.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] ~ Son regard reste posé sur cette fine silhouette qui s'est faufilé en dehors de l'établissement, sur le toit. Son toit a lui. Car Sanosuke n'avait jamais vu un autre élève du lycée ici. C'est un endroit interdit. Là où personne n'ose aller car trop peur de se faire griller par les surveillants, ou par des profs. Alors oui il ne s'attendait pas à ce que quelqu'un vienne le perturber de la sorte. Surtout pour dire des âneries. Ridicule de vouloir mettre fin à sa souffrance ? Ridicule d'avoir envie de rejoindre sa mère là-haut dans le ciel ? Sottises. Il ne compte pas l'écouter. Alors il ne fait que fixer devant lui, gardant ses bras le long de son corps, et restant tout aussi silencieux. Ce lycéen ne le connaît pas, Sano ne comprend pas pourquoi il a l'air de faire attention à lui. Du moins c'est ce qu'il a l'air de faire croire. Personne ne se soucie de lui. Ce serait un miracle de savoir que quelqu'un a l'amabilité de ne vouloir que son bien. « Je m'en fiche de la vue. Tu n'a rien à faire ici, toi. Laisse-moi tranquille. C'est toi qui me gêne. » Il le dit d'une voix sans aucune émotion. D'une voix las. C'est ça. Il est fatigué de cette vie. De tous ces gens. Il ne sait même pas pourquoi il n'en a pas finit plus tôt avec tout ça. Ah si... Le karma a toujours fait qu'il survive à toutes ses tentatives de suicide. Si c'est pas le signe qu'il n'a pas le droit d'arrêter de souffrir, c'est quoi alors ? Encore une fois, un obstacle se met en travers de son chemin. Et cette fois-ci, il ne sait pas comment il va s'en sortir.
Fixant encore et encore le sol qui se trouve à plusieurs mètres en bas, il reste de nouveau silencieux. Il ferme les yeux et se concentre simplement sur son équilibre, essayant d'oublier le visage de ce garçon. Le regard de ce garçon qui avait l'air tout aussi vide que le sien. Puis, au moment où Sano commence à se laisser tomber par l'avant, il sent une main ferme. Une main ferme qui l'attrape de par derrière et qui le tire afin de ne pas lui laisser le temps de se jeter dans le vide. Rapidement, il se retrouve loin de la bordure du toit, s'agenouillant alors avant de relever le regard vers ce jeune lycéen. Un petit blanc se forme entre eux, avant que Sanosuke ne prenne la parole, tout en gardant la même tête blasée. « Qu'est-ce qui t'a pris ? Pourquoi tu.. ? » Il marque une pause, se relevant par la suite en le regardant dans les yeux. « T'aurais dû me laisser sauter. On se connaît pas. Je t'ai rien demandé à ce que je sache. » qu'il dit avant de se pincer la lèvre. Encore une fois, son plan a foiré. Même en essayant tout, il n'arrive pas à se foutre en l'air. Un sacré karma qu'il a, hein. Enfin. Le japonais regarde son interlocuteur qui tente une approche, et recule alors loin de lui, s'asseyant dans un coin tout en reprenant son sac, ne voulant pas avoir à faire avec lui. Mais ce dernier ne semble pas vouloir partir. Alors Sano jette un œil vers lui. Voire même plusieurs coups d'œil discrètement, afin de voir s'il décide de partir au bout d'un moment. Mais non. Rien. Pas de mouvements vers la porte. Sano soupire alors quelque peu, et le regarde alors un peu mieux, détaillant son visage. Et bizarrement, il a l'impression de savoir ce que ressens ce lycéen en face de lui. Peut-être parce qu'il a vécu des épreuves douloureuses. Tout comme lui. Sano n'essaie tout de même pas de lui faire la conversation. De toute manière, il n'est pas doué pour ça. Il se contente donc de l'observer discrètement. Ou pas. Car le lycéen finit par croiser son regard. Sanosuke se tend alors et détourne ses yeux rapidement, remontant ses genoux contre lui et croisant ses bras autour de ces derniers. « Pourquoi tu es toujours là ? » Voilà les seuls mots qu'il arrive à prononcer. C'est vrai ça. Pourquoi ? La seule réponse plausible que Sano répète dans sa tête, c'est que ce garçon a sûrement pitié de lui. Comme tous les autres. Presque. A un détail près. Les autres élèves n'auraient jamais pu se tenir à cet endroit là, et encore moins devant Sanosuke. Le japonais attend donc une réponse, ne se doutant même pas que ce lycéen aura un gros impact sur sa vie. Un lycéen qui changera la trajectoire de sa vie à jamais.
Ce paysage devant leurs yeux, c’est vrai qu’il était sublime. Mais ce n’était pas le sujet du moment. Bien que ses yeux avaient dans leur champ de vision le bleu du ciel et les différents bâtiments, ils étaient focalisés sur bien autre chose. Le corps du lycéen se reflétait dans ses iris noirs. Sa silhouette flirtait avec le vide. Vide mortel et délivreur. Un corps basculant lentement vers ce néant. Avant même que Heejun ne comprenne ce qu’il se passait, il vint passer sa main sur son avant bras, le serrant fermement avant de le tirer rapidement en arrière. De toute sa force, dans la vitesse de l’air, le lycéen se retrouva éloigné de la bordure. Le coréen l’en avait empêché, en peu de temps, de se laisser tomber de ce toit, sans savoir pourquoi. Était-ce par sens d’héroïsme, ou bien par égoïsme ? La réponse, il ne la connaissait pas. Qu’importe. Le jeune homme avait fini par terre, sur ses genoux. Tous deux se regardaient, laissant le calme régner. Pas un mot. Rien. Juste un regard. Ses doigts vinrent saisir le bout de ses manches, tirant dessus et les triturant. Une habitude qu’il avait prise depuis un moment. Sa question, il ne savait pas comment y répondre.
“Je sais pas. J’en avais juste envie. Et puis...Sauter en haut du toit de ce lycée, c’est pas le meilleur endroit pour en finir.”
D’un mouvement doux, il se rapprocha de lui, venant légèrement tendre le bras avec l’intention de l’aider à se remettre sur ses pieds. Mais il se ravisa rapidement en voyant que celui-ci s’était mis à reculer dans un coin. Heejun se contenta alors de rester immobile et de l’observer. Son regard se perdit quelques minutes sur le sol bétonné. Il ne pensait pas rencontrer quelqu’un ici, en ce lieu interdit. Son esprit était un peu perdu. Avait-il fait le bon choix ? Sa tête lui disait que oui. Il avait eu raison de l’en empêcher. Mais d’un côté, qui était-il pour décider de la vie ou de la mort d’une personne ? Lui même aurait très bien pu se situer à la place de ce jeune homme; et pourtant, il n’y aurait peut-être eu personne pour l’en arrêter. Sa tête se releva discrètement, pour revenir observer ce jeune homme qui l’intriguait. Lui aussi, avait cette attitude qu’il connaissait bien. Se laisser vivre sans en avoir l’envie. Laisser passer, jusqu’à trouver une raison valable de continuer. Mais son regard à lui aussi, traduisait tout ce qu’il avait vécu. Et puis, sans s’en rendre compte, ses iris croisèrent ceux de ce lycéen, qui les détourna aussitôt. Pourquoi cela l’avait-il fait réagir autant ? Ce n’était qu’un simple regard. Chose qu’Heejun ne comprenait plus. la signification de ce genre de sensation. Il continua alors à le détailler du regard, sans trop comprendre pourquoi. Inconsciemment, il voulait rester avec lui. Lui qui avait l’air d’être aussi vide, et empli de tristesse qu'il ne l'était. Sa question le fit réfléchir, et, d’une certaine manière, il n’en connaissait pas non plus la raison. “Et pourquoi pas ? Si j’ai envie d’être là...Pourquoi je m’en irai ?” qu’il dit en haussant les épaules.
Il se rapprocha doucement de lui, pour venir s’asseoir à une distance raisonnable, contre le même mur. Observant au loin la vue qu’ils avaient sur la ville, il laissa le silence s’installer. Il n’était pas du genre sociable, et sa franchise ne l’aidait pas. Les contacts humains l'effrayaient beaucoup trop pour qu’il puisse arriver à quelque chose avec quelqu’un. Quelques minutes passèrent, son ventre se mit à gronder de faim. Heureusement, il avait prévu de quoi manger, et sortit alors de son sac un petit sandwich jambon beurre. Rien de plus simple, mais qui le rassasiera amplement. Ses doigts vinrent découper le bout de pain garni en deux, avant de le tendre à ce lycéen. Manger. Qui donc pouvait ne pas aimer ça ? Et puis, faire que ses pensées s’éclipsent légèrement, ne serait-ce que pour quelques minutes, c'était ce qu'il voulait. “Mange ça. Tu dois avoir faim non ?”
Il attendit que celui-ci le lui prenne des mains, pour commencer à manger doucement. Il n’avait pas grand chose à dire, à part le fait qu’il avait l’impression de comprendre ce qu’il ressentait au fond de lui. De bien grands mots, pour lui qui n’arrivait même plus à sortir de la boucle infernale qu’était sa vie. Sa tête se tourna légèrement, regardant alors ce lycéen, avec des yeux dénués de pitié. Parce que non, il ne ressentait aucune pitié pour lui. Il ne ressentait plus rien, à part de l’empathie. Oui, c’était ce qu’il ressentait à ce moment précis. Ses jambes se plièrent pour lui permettre de se mettre en boule, assis contre ce mur qui les reliait d’une certaine façon. Sa tête se posa sur ses genoux, tandis que ses mains continuaient de tirer sur les pans de son pull. Il ne le connaissait pas. Mais il suffisait ne serait-ce que quelques mots pour le faire. Heejun en avait décidé ainsi. Il pourrait ne pas l’apprécier et le détester pour ce qu’il venait de faire. Mais qu’importe. Il était persuadé qu’un jour, il comprendrait ce qu’il voulait dire. Même si sur le moment, il n’avait l’air que d’un perturbateur sans gène, et complètement inexpressif. Le coréen lui même ne comprenait pas pourquoi il voulait lui redonner espoir. Si ça se trouve, lui aussi, était dans une situation où il ne pouvait pas faire autrement que de subir en se laissant faire. Alors ces mots qu’il allait prononcer, ne fonctionnerait que dans le cas contraire. Il le savait pertinemment.
“Heejun. Je m’appelle Heejun, qu’il lui dit d’une petite voix avant de reprendre, Je suis sûr que tout s’arrangera avec le temps. Même si ça peux paraître bête dit comme ça, et que tu crois ne pas pouvoir te sortir de là sans passer par la case du suicide.”
Pour qui se prenait-il ? Il ne savait rien de lui. Lui non plus d’ailleurs. Heejun était persuadé qu’il passerait pour un idiot à dire tout ça. Mais c’était ça qui l’avait fait tenir. Cette pensée que tout pourrait s'arranger même s’il devait subir encore et encore tout ce qui se passait dans cet orphelinat. Alors 'il pouvait ne serait-ce que l'empêcher de recommencer dans les semaines à venir, autant essayer quelque chose. Et qui sait, peut-être que cela fonctionnerait.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] ~ Il l'observe s'installer, sans rien dire, et fronce un peu les sourcils. Sano comprend alors qu'il ne compte pas s'en aller de si tôt, et il va devoir faire avec. Parce que lui non plus n'a pas envie de partir. Il n'a pas envie de se lever. De faire le moindre effort pour avancer ses pieds et descendre du toit. Alors le japonais reste recroquevillé sur lui-même sans chercher à vouloir le repousser. Il n'en a pas la force. Son regard se perd de nouveau devant lui, à observer les nuages qui défilent lentement dans le ciel, le vent venant balayer légèrement ses cheveux. Le silence est présent. Mais cela ne gêne pas Sanosuke. Ce dernier en a pris l'habitude chez lui. Et au bout du compte, il aime ça. Plutôt que d'entendre son paternel faire du raffut. Chose qui veut dire qu'il ne tarderait pas à venir le frapper. Soupirant discrètement, il vient triturer le bout de son pantalon d'un geste nerveux, zieutant rapidement vers l'autre lycéen. Il entend son ventre grogner. Et il le voit sortir un sandwich de son sac à dos. Sano sent un léger frisson lui parcourir le dos rien qu'en voyant cette nourriture devant ses yeux qui pourrait presque le répugner. Lui qui a pris aussi l'habitude de ne pas manger correctement, n'aime pas ce geste. Mais il attrape le petit bout qu'il lui tend, le gardant simplement entre ses doigts sans le toucher. Peut-être qu'il le mangera plus tard. Peut-être. Pour le moment, il garde un regard vide, et même si son ventre se met à son tour à demander de la nourriture, il n'en fera rien. Il écoute simplement le jeune garçon a côté de lui, et se mordille la lèvre, réprimant un soupir. Pourquoi ? Pourquoi se préoccupe-t-il autant de lui ? Sait-il au moins ce qu'il traverse ? Non. Ses mains se resserrent un peu, et le bout du sandwich ne fait pas long feu. « Rien ne peut s'arranger. Alors arrête. Oui c'est bête de dire ça... » Il marque une pause, avant de baisser la tête pour fixer ses pieds. « Je vois pas d'autres solutions. Personne se soucie de moi. Donc je manquerais à personne. »
Fixant ensuite le bout de pain garni, il passe sa main de libre dans ses cheveux, les ébouriffant au passage. Sano ne sait pas quoi en penser. Alors il reste pensif pendant quelques longues secondes qui paraissent être une éternité. Avant de redresser la tête, et de murmurer un petit : « Sanosuke... » avant de plonger son regard vers ce sandwich qu'il vient doucement porter proche de ses lèvres. Et y croque ses dents dedans, prenant un petit bout qu'il mâche, se forçant le plus possible. Pour une fois, il peut faire une exception. Puis.. Étrangement, il n'a pas envie de faire de la peine à lui. Heejun. Il est complètement paumé avec tout ce qu'il pense en cet instant-même, et finit par relever la tête vers les nuages. « Pourquoi ? » Le lycéen marque encore une pause, pensant que son interlocuteur saura sur quoi il le questionne. Mais en entendant le silence régner, il tourne son regard vers le sien. « Pourquoi tu t'intéresses à quelqu'un comme moi ? Alors qu'on se connaît pas... » Il soupire ensuite, et regarde ailleurs, ne s'attendant pas à de réponses incroyables. Car sûrement, cela doit être de la pitié. Comme tous ceux avant lui, qui encore maintenant le regarde avec cette pitié dans les yeux. Et dans leurs paroles. Alors oui. Peut-être que Sano se fait de fausses idées sur ce lycéen, vu qu'il ne connaît rien de lui non plus. Mais il ne peut s'en empêcher. Car il a toujours vu les autres personnes comme ça. Les autres gens qui, au lieu d'en savoir plus sur lui, ne font que le regarder comme une bête de foire. Et ça, il ne le supporte pas.
Le lycéen avait commencé à grignoter le bout de sandwich qu’il lui avait offert. Lui aussi ne savait pas pourquoi il faisait ça. Pourquoi il l’aidait ou alors pourquoi il restait avec lui. Tant de question sans réponse. Peut-être était-ce seulement le fait qu’il se retrouvait légèrement en lui, tout simplement.. Mais ce n’était pas de la pitié, et ça, il le savait. Heejun n’était pas du genre à avoir pitié pour les autres. Au contraire. Il s’en fichait. Il avait d'autre chose à s’occuper qu'entendre les petits problèmes de ses camarades. Lui, il devait survivre. Mais en arriver au point de non retour le marquait plus qu’autre chose, lui qui n’avait jamais réussi à passer à l’acte. Le regard dans le vide, il regardait les nuages, en jouant avec ses manches de ses doigts.
“Parce que je connais ce sentiment.” lui dit-il d’une petite voix.
Le fait d’être pris dans une boucle infernale jouait beaucoup sur son comportement, et il le savait. Ce qu’il subissait n’était en aucun cas normal. Ajoutez à ça son corps de merde qui tombe malade tous les trois jours pour un rien, il avait gagné le gros lot. Il finit son sandwich, avant de légèrement regarder son interlocuteur. Que pouvait-il bien lui dire ? Il n’allait pas l’obliger à lui balancer ce qui lui passait par la tête, alors que lui même n’en ferait rien. Lui qui avait été abandonné, laissé pour proie dans cet endroit maudit. Il ne lui dirait rien, car les gens le découvrant ont toujours deux facettes. Celle de la pitié, et celle de la répugnance. Son regard se perdit sur le visage de Sanosuke. Il pencha légèrement la tête, venant doucement poser une main dans ses cheveux. Que faisait-il exactement ? Lui qui avait horreur des contacts physique, c’était la première fois qu’il touchait volontairement une autre personne sans accord.
“Tu...n’es pas seul. Vraiment…”
En matière de solitude, il s’y connaissait, mais il pouvait essayer d’être cette personne, pour quelques minutes, qui lui redonnerait confiance en lui. Juste pour cet instant. Il n’espérait pas devenir ami avec lui en si peu de temps, ni le forcer à l’être. Mais il essaierai. Parce que lui aussi se sentait désespérément seul. Et deux personnes seules associées pouvaient sans doute faire beaucoup de choses. Ne serait-ce que pour leur moral. Une sorte de refuge, où ils pourraient se rendre. C’était sans doute très idyllique toutes ces pensées. Mais lui aussi, en avait marre de sa condition. Il ne voulait plus rester à s’abattre sur son sort misérable. Il voulait vivre. Comme une personne, non comme un objet ou un jouet. Alors oui, ils ne se connaissaient pas. Mais qui se connaissait avant même de s’être rencontré ? A part dans les films, impossible. Toute rencontre commence par un début. Et celle-ci avait commencé comme cela. Et même si cela paraissait bizarre au jeune homme assis à côté de lui, il n'arrêterait pas. Non. Parce qu’au fond de lui, il voulait qu’il vive. Sans comprendre, sans savoir. Mais avait-on réellement besoin d’une raison valable pour vouloir qu’une personne vive ?
“Tes yeux. Eux, ils ne mentent pas. Je sais ce que ça fait, crois moi.”
Il était sérieux en disant cela. Même s’il ne rentrait pas dans les détails, il voulait juste lui redonner un peu d'espoir, bien que ce mot avait perdu un peu de sens à ses yeux. Il s’étira, ses bras s’étendant vers le ciel. Si cela se faisait, alors tous les deux y trouverait. Et puis, Heejun ne demandait que ça, d’avoir une personne avec qui parler. Il était seul depuis toujours. Sa main se retira timidement de la chevelure du japonais. Il ne savait plus quoi en penser, et attendrai alors tout simplement en silence sur ce toit que la journée passe, comme d’habitude. Comme il l’avait toujours fait.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] ~ Son morceau de sandwich à moitié entamé, Sano tourne le regard vers le visage du jeune homme à côté de lui. Il l'observe en détail, silencieusement, tout en haussant un sourcil. Si lui aussi connaît ce sentiment, alors il doit bien comprendre le geste qu'il a voulu faire. En voulant sauter de ce toit. Certes, certains diront que le suicide est une forme de lâcheté. Mais pour le japonais, c'est totalement différent. Mis à part cette solution, il n'en trouve pas. Les profs lui disent bien d'aller voir des psys, mais il ne veut pas. Il n'a pas envie de dérouler sa vie comme un parchemin magique. Parler n'est pas un verbe qui fait partie de son vocabulaire. Malheureusement. Il sait au fond de lui que ça pourrait lui faire du bien, mais il n'en fait rien. Car parler ne pourra pas changer le cours des choses. Ça ne fera pas revenir sa mère qui s'est fait poignardé par son père. Son père ne se calmera pas et continuera de l'humilier que ce soit physiquement ou psychologiquement parlant. Alors à quoi bon ? Autant ne pas gâcher sa salive. Repenser à tout ça le replonge dans une mélancolie, et il vient doucement essuyer une larme solitaire qui s'échoue le long de sa joue. « Si. Je suis seul. La preuve... » qu'il lance sèchement, avant de détourner le regard. « Si je n'étais pas vraiment seul, je serais pas là à vouloir en finir. Tu ne crois pas ? » D'un coup, il se stoppe dans son élan. Et il percute un peu. Cela fait bien depuis un long moment qu'il n'a pas autant discuter avec quelqu'un. Même si là ce n'est pas une vraie et grande discussion. C'est rare d'entendre sa voix. Sentant la main d'Heejun se poser sur ses cheveux, Sanosuke a le réflexe de se reculer. Les contacts physiques, très peu pour lui. Cela lui rappelle trop souvent les coups que lui porte son paternel. Ainsi que les types du gang qui abusent de lui. Le lycéen se met alors à rire nerveusement, sans trop de raison. Ou alors si. Il est bien trop sur les nerfs et extériorise un peu cette émotion. « Mes yeux ? Si tu le dis. » Il marque une pause, frottant sa nuque avant de l'observer à nouveau, lui redonnant le bout de sandwich qu'il ne finira pas au final. « Tu sais ce que ça fait ? Vraiment ? »
Il ne connaît pas ce garçon. Mais plus il le regarde, et plus il a l'impression de se voir refléter en lui. Sans savoir pourquoi ni comment, il sent qu'il y a un lien entre eux. Quelque chose qui peut les faire se lier. Mais quoi ? Sano n'en sait trop rien. Et il n'a pas spécialement envie de le savoir. La curiosité ne fait pas partie de lui. Au contraire. Plus il reste éloigné des gens, mieux c'est. La raison ? Il a peur de s'attacher. De se sentir aimé. Aimé comme il se doit. Et de voir tout s'effondrer d'un coup encore une fois. Comme ce qu'il s'est passé avec son père. Du jour au lendemain, ce dernier ne l'a vu que comme un objet. Une chose. Et non comme son fils : un être humain remplit d'émotions, de sensibilité. L'observant toujours autant, ses yeux ne se détachant pas de lui, il le regarde s'étirer. Le japonais change alors de position et allonge doucement ses jambes devant lui, posant ses mains sur le sol. A ce moment, il ne sait pas trop quoi dire. Quoi faire. Doit-il rester à ses côtés ? Ou bien s'en aller et ne pas attraper cette opportunité qu'il lui offre ? Opportunité qui pourra peut-être – à voir – l'aider pour avancer. Penchant la tête sur le côté, il hésite un peu, et vient doucement décaler sa main pour toucher légèrement la sienne. Un léger contact. Rien de plus et rien de moins. Assez pour montrer qu'il entend bien ses paroles, et qu'il comprend ce qu'il tente de faire. Qu'il le comprend tout simplement.
Sano relève ensuite la tête pour observer le ciel, se mordillant nerveusement la lèvre, avant de doucement reprendre la parole dans un petit murmure, murmure que le second lycéen peut entendre malgré tout. « Tu veux être mon ami, alors ? » Dis comme ça, c'est un peu étrange. Comme s'il le forçait à le faire. Lâchant un léger soupir, il secoue la tête avant de passer sa main de libre dans ses cheveux, les décoiffant un peu au passage. « Oublie. C'est bizarre de demander ça. » Le japonais finit par rassembler ses affaires, posant son sac devant lui, prêt à s'en aller. Sano n'est pas très bavard. Surtout quand il ne connaît pas du tout la personne en face de lui. Il faudra qu'il s'y fasse cependant. Car au fond de lui, il sait qu'ils vont se recroiser. Le visage du coréen se trouvant assis à côté de lui ne pourra jamais s'effacer de sa mémoire. Puisque c'est bien le seul qui a eu la gentillesse de se rapprocher de lui sans même le juger dès le premier regard. Enfin. Ses yeux se posent de nouveau sur Heejun qui semble fixer le ciel. Il se permet alors de le détailler du regard, dans un petit silence. Oui. Son visage est inoubliable. C'est ce que Sano se dit. Ce garçon a un visage d'ange. Et cela lui prend même l'envie de lui caresser sa joue. Juste pour voir quel effet cela fait. Sans se poser trop de question, et prenant toute ses précautions possible, il vient lentement glisser sa main sur son épaule, avant de la poser sur sa joue. Croisant son regard, il se surprend à sentir son cœur rater un battement. Ses joues prennent une couleur légèrement rosée. Sano ne fait que le caresser du bout des doigts. Sa peau est toute douce. Toute chaude. Le silence a pris place, et il met un petit moment à se rendre compte de ce qu'il est en train de faire. Cependant, il n'enlève pas sa main de sa joue tout de suite. Il tressaute légèrement, se mordillant instinctivement les lèvres. « Désolé.. Mais.. Tu me captives. » Bon. Il en a trop dit. C'est rapidement qu'il retire sa main avant de baisser les yeux, frottant doucement son menton. Maintenant il n'ose plus le regarder. Pour le moment. Car il sait que dans même pas quelques secondes, son regard se posera à nouveau sur ce jeune homme qui lui donne des frissons. Ce jeune homme qui, il en est persuadé, n'arrêtera pas de l'intéresser.
Son corps tressauta à son toucher. Pourquoi faisait-il cela ? Il ne cherchait pas le contact, et encore moins de la sympathie. Alors pourquoi ? Les contacts le refroidissaient, l’effrayaient. Personne ne l’avait jamais approché pour être gentil avec lui. Cela finissait en général mal. Tellement, qu’il avait apprit à les repousser pour ne plus être blessé. C’était tellement rare, que quelqu’un ne s’approche de lui. Lui même ne savait pas pourquoi il avait placé sa main dans ses cheveux. Et pourtant, Sanosuke n’avait pas quitté sa main, et le coréen ne l’avait pas repoussé. Un contact délicat, et si particulier. Son comportement l’intriguait. Tout comme sa question. Devenir ami ? Qui posait encore ce genre de question ? Il n’avait pas l’air de rigoler sur ce sujet. Et bien dans ce cas, Heejun prendrait au sérieux sa proposition, comme il faisait habituellement. De toute manière, il n’était pas très tourné humour.
”Ton ami ? Sérieusement ? A voir. Mais j’imagine que oui. On peut.” répondit-il tout aussi doucement.
Il ne comprenait plus rien. Maintenant il lui disait d’oublier sa proposition. Mais il ne comptait pas le faire. Sûrement pas. Il secoua la tête, pour lui faire comprendre le message qu’on ne retirait pas ses mots comme cela, si rapidement. Alors non, il ne l’oubliera pas. A le voir rassembler ses affaires, il se disait que le japonais comptait s’en aller. Après tout, il n’était pas forcément de bonne compagnie, c’est vrai, et il l’avait un peu forcé à rester ici.. Son visage se releva alors pour observer le ciel bleu. Les nuages naviguaient tout doucement dans cet océan bleu infini, tandis que quelques oiseaux survolaient leurs petites têtes. Le regard du japonais, il ne le remarqua pas, bien trop occupé à contempler le paysage. Mais lorsqu’il sa main sur son épaule, il tourna timidement la tête, se demandant ce qu’il fabriquait. Cette main se déplaça sur sa joue, les rendant légèrement chaudes à son contact. Qu’était-il en train de faire au juste ? Ses yeux croisèrent les siens, et plongèrent directement dedans. Dans son regard, de la peur. Oui, le coréen était effrayé par ce toucher, mais d’un autre côté, ce toucher lui paraissait doux, pas comme ceux habituel. Ses doigts se raccrochèrent à ses manches, dans un geste de nervosité. Il ne comprenait pas pourquoi le plus jeune faisait ce rapprochement si soudain, et pourtant si tendre. Un toucher inhabituel, mais tellement agréable, qu’il en oublierait presque sa peur. Ses yeux le détaillaient doucement son visage, sans s’arrêter, à la recherche du moindre signe étrange. Toujours être sur ses grades. Le silence complet. Rien qu'eux deux. Son tressaillement se fit sentir, et ses mots le firent encore plus rougir. N’importe quoi. Vraiment. Lui ? Captivant ? Il ne savait rien de lui. Et si un jour il apprenait ce qui l’entourait, il ne le verrait plus avec ces yeux brillants, et ces mains ne toucheraient pas sa peau aussi facilement. Bien sûr que non, car tous ceux qui savaient, le trouvait tout simplement répugnant, et repoussant. “Moi ? Captivant ? Ne dis pas n’importe quoi...Je suis loin d’être aussi captivant que tu ne le penses…Je suis pas intéressant.”
C’est vrai qu’il ne comprenait pas son comportement, ou lui tout entier en réalité. Des gens qui se montraient aussi directs et agréables se faisaient rares. Et ce contact furtif le déstabilisa plus qu’il ne l’aurait pensé. Sa joue se souvenait encore de ses doigts sur sa peau, comme une trace indélébile. Doigts qu’il n’avait pas trouvé repoussants, pour la première fois. Alors il se demandait ce qu’il pourrait faire pour essayer de nouer un lien avec lui. Ce n’était pas prévu, mais qu’importe. Il ne connaissait pas grand monde ici, et peu de personnes osaient l’approcher. Au contraire, on avait tendance à l’éviter. Tout doucement, il se redressa, ne le quittant pas des yeux. Qu’allait-il se passer à présent ? Heejun ne voulait pas partir comme ça, pas après ce qu’il s’était passé. Qui sait ce qu’il se passerait quand il le laisserait seul. Alors bon, cela lui servirait d’excuse pour essayer de comprendre ce qu’il lui trouvait.
“Dis...Tu as cours juste après ?”
Son visage rouge se détourna pour observer ses pieds. Et là, une seule idée lui passa en tête. Passer du temps avec lui. Pourquoi ? Il n’en avait aucune idée. Avec lui, il se sentait comme...différent. Oui, différent. Il lui ressemblait, et n’avait pas ce regard naïf et ignorant. Ce genre de regards remplis d’histoire étaient ses préférés. Sans doute parce qu’ils avaient vécu des événements leurs montrant que la vie n’était pas toute rose, mais parsemée de pleins d’autres couleurs, formant ainsi un tableau. C’était comme cela qu’il le voyait en quelque sorte. Et puis, il ne le jugeait pas encore, et ça le rassurait un peu.
“Si...Tu n’as rien de prévu...Ça...Te dirais de passer juste un peu plus de temps ensemble ?” lui demanda-t-il, fixant le ciel.
Il ne savait pas pourquoi il voulait passer du temps avec lui. Peut-être parce qu’il venait directement de lui dire qu’il le captivait, et que personne ne lui avait jamais énoncé une chose aussi étrange. Maintenant, il voulait en découvrir plus sur lui. Dans son cas, il ne lui restait plus qu’un cours dans l’après midi, anglais. Il devait sans doute allait travailler ce soir, mais rien de très important. Son boulot ne lui permettait pas de faire grand chose à côté. Chanter dans les bars ne lui rapportait pas suffisamment pour ce qu’il souhaitait faire de son argent. Alors il pensait à trouver un second boulot, avec une petite idée en tête. Tout doucement, il se remit sur ses pieds, bougeant un peu pour s’étirer, avant de prendre ses affaires et de mettre son sac sur son dos. L’observant discrètement, il se demandait bien ce qu’il allait lui répondre. C’était sans doute légèrement ridicule comme demande au final. Mais que pouvait-il y faire ? Les contacts et lui ne faisaient pas bon ménage. Jamais. C’était même la première fois qu’il parlait aussi longtemps avec quelqu’un. Ses mains jouaient de nouveau avec ses manches. Et maintenant, il n’attendait plus que son avis.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] ~ Il hoche simplement la tête pour confirmer ses dires, surtout lorsque le coréen le contredit. Bien sûr qu'il est captivant. Sanosuke ne saurait pas dire pourquoi, mais il le trouve captivant. Peut-être parce qu'il n'est pas comme les autres. Qu'il a ce petit quelque chose de différent. Rien que le fait de rester à ses côtés, sans rien dire de plus et sans juger tout comme Minhyuk, ça lui fait quelque chose. Mais là, c'est tout aussi différent de Min. Mais bon. Tout cela l'emmêle dans ses pensées et émotions. Alors il essaie de passer à autre chose, détournant légèrement le regard. En voyant que le jeune homme est rouge de gêne, il s'excuse du regard et vient doucement croiser ses bras autour de ses genoux. S'il a cours après ? Oui. Encore deux heures de mathématiques, suivit ensuite d'une heure d'anglais. Cependant il n'a pas envie d'y aller. Il trouve ces cours inintéressants, ennuyants. Sano préfère glander en dehors de la classe. Rester assis sur une chaise, à comater pendant que le prof récite le cours ? Très peu pour le japonais. Tournant de nouveau le regard vers Heejun, il secoue alors doucement la tête. « Non.. J'ai rien. » Et pour mentir, il sait bien y faire. Ce n'est pas la première fois qu'il ment. Et ça ne sera pas la dernière fois, c'est sûr.
Entendre de la bouche de ce jeune homme qu'il aimerait passer du temps avec lui le surprend. Il le regarde même comme s'il venait d'un autre monde, les sourcils froncés. Pris au dépourvu, il ne sait pas quoi lui répondre. Après tout, aucune personne ne lui a fait cette demande. Et pareil de son côté. Les relations sociales, il ne connaît pas tellement. Mais bizarrement, passer du temps avec ce garçon en particulier, Heejun, ne semble pas le déranger. Au contraire. Il est épris d'une envie d'en savoir un peu plus sur lui. Qui sait, peut-être qu'il pourra réellement devenir son ami. « Tu es sûr de vouloir passer du temps avec moi ? Je suis pas très intéressant. » En plus d'être silencieux, aussi. Enfin.. Avec lui il est un peu plus bavard que d'habitude. Sano vient même de s'en rendre compte rien que maintenant. De plus en plus bizarre. Il pourrait presque faire une hypothèse improbable : Heejun l'a ensorcelé. Dans tout les sens du terme. Le japonais le regarde alors se relever, et sans répondre par la positive, se relève à son tour sur ses pieds. Si ça peut lui permettre de fuir cette prison le temps de quelques heures, avant de rentrer en enfer chez lui. Soit. Il accepte. « Et.. Tu veux aller où exactement ? » qu'il lance en attrapant son sac et le mettant sur son épaule, jetant un petit coup d'œil vers le coréen. Ce dernier a peut-être un endroit qu'il aime. Un endroit calme et où il y a peu de monde. Il le suit alors, descendant du toit, ayant complètement oublié le pourquoi du comment de sa venue ici.
Ce n'est qu'après avoir traversé le lycée et sauté les grilles du lycée - avec une certaine agilité - que le japonais se retrouve libre. En se retournant, il remarque immédiatement que Heejun galère bien plus que lui. Un petit sourire s'esquisse sur ses lèvres, et il se les pince pour éviter de laisser sortir un petit rire coincé dans sa gorge. Sans savoir pourquoi, il le trouve adorable. Vraiment. « Passe moi ton sac ! Grimpe, et je te rattrape de l'autre côté. » dit-il en essayant d'être le plus rassurant possible. Pour ça, il se rapproche au plus près de la grille, jetant un regard aux alentours pour s'assurer qu'aucun surveillant ne passe par là. La voie est libre, et Sano fait un petit signe de la tête à son nouvel ami qui met du temps à escalader. Il se surprend à se promettre de lui apprendre pour la prochaine fois. La prochaine fois ? Voilà que Sano souhaite déjà le revoir alors qu'ils se sont toujours pas quitter. Le japonais se demande bien dans quoi il s'embarque. Un mélange de sentiments le prend, mais il n'a pas le temps d'en réfléchir, qu'il tend les bras en voyant Heejun tout en haut. « Allez. Dans mes bras. »
Il ne savait pas. Ou aller ? C’était une bonne question. Lui, il avait proposé cela comme ça, sans même s’attendre à une réponse positive. Et pourtant, il lui en avait donnée une. Une question, qui le perturbait tellement. Il n’y connaissait rien lui à la ville, aux alentours. Il était soit au lycée, soit enfermé dans sa prison à lui. Alors oui, il ne sortait jamais. De toute manière, dans l’état où il finissait généralement, il ne pouvait pas faire grand chose. Tout était risqué avec les types avec qui il habitait. Rien que de mettre le bout de son nez dehors, il risquait gros. Alors ses épaules se levèrent doucement, et se yeux se baissèrent.
”J-Je sais pas...Je connais rien à la ville...Je...Je suis pas d’une grande aide…” lui dit-il d’une petite voix.
Il était tout gêné d’un coup. C’était lui qui lui avait proposé ça, et il ne savait même pas ce qu’il voulait faire, soupirant un peu, il l’observa. Sans trop savoir où aller, il commença à bouger, passant la porte pour redescendre dans le bâtiment. Traversant alors tout le lycée, il comptait bien sécher ses cours. De toute manière, il n’allait manquer à personne. Se dépêchant un peu, il se retrouve devant les grilles du lycée, et sans rien comprendre, en quelques secondes, le japonais se retrouva derrière. Il avait cru rêver. Comment avait-il fait ça ? Jamais lui, avec sa force ridicule il n’aurait pu y parvenir. Mais il ne voulait pas ressembler à un idiot faible et inutile. Alors tout doucement, il s’empara des barreaux pour tenter d’escalader la barrière. Un échec. Complètement. Et pourtant il n’abandonne pas. Il compte bien réussir à passer de l’autre côté. Il ne faisait pratiquement plus attention à se que racontait le japonais. Il avait réussi à poser sa main sur le haut de la barrière et n’avait plus qu’à se soulever. Un peu embarrassé, il finit par faire glisser son sac entre les fins barreaux, avant de revenir se soulever, parvenant alors à se hisser tout en haut. Et là, c’est le vide. Ses mains tremblaient horriblement. Mais qu’est-ce qu’il fabriquait au juste ? Il n’avait jamais fait ça lui. Ses jambes étaient légèrement pétrifiées. C’était haut. Ses yeux croisèrent ceux de Sanosuke. Sa phrase le fit légèrement rougir. Quel genre de personne disait ça comme ça…? Lui, ça le troublait étrangement. Il était réticent à cette idée de venir dans ses bras. Hors de question. C’était effrayant. Éviter les contacts de ce genre. Mais là, il n’avait pas trop le choix s’il ne voulait pas se casser un truc. Alors avec une petite moue, il hocha doucement la tête.
”O-Okay...Tu me rattrapes hein ?” ajouta-t-il d'une voix un peu tremblante.
Sans grande confiance, il se laissa doucement glisser en fermant les yeux, ses bras s’enroulant autour du cou japonais pour se rattraper. Il le sentait contre lui, ses mains sur lui le faisant frissonner. Le serrant légèrement fort, il tremblait. Juste quelques minutes, le temps qu’il se remette de ses émotions. Cette sensation d'un autre corps contre le sien l'effrayait plus que tout. Et rapidement, il se décolla de lui, revenant jouer avec ses manches en réalisant cette proximité, baissant les yeux. Ce n'était pas contre le plus jeune, vraiment. C'était juste lui. Lui et son corps répugnant. Se dire qu'il venait encore de toucher quelqu'un le faisait s'insulter intérieurement. Il était tout perturbé. Il l’avait vraiment rattrapé, et lui, il se retrouvait tout bête maintenant. Récupérant alors son sac sur son dos, il le regarda légèrement. Ils ne savaient pas où ils comptaient aller, mais tout doucement, et sans rien dire, il se mit à marcher. Si le japonais savait que Heejun avait un sens de l’orientation catastrophique, il ne serait sûrement pas en train de le suivre. Le malheureux. Et avant même qu’il ne s’en rende compte, il ne savait déjà plus où il était. Il en fallait de peu. Juste quelques rues éloignées du lycée, et il était complètement paniqué. Il s’arrêta alors au milieu du trottoirs et se retourna pour le regarder, triturant toujours de ses doigts ses manches.
”Dis, tu sais où on va…?” demanda-t-il tout doucement.
Bon, c’était pas très stylé d’être parti devant, comme s’il savait où il allait. Alors il comptait bien laisser passer Sanosuke devant. Il n’y connaissait rien à toutes ces rues, ces panneaux, ou encore ces croisements. Tout ce qu’il connaissait était le chemin de l’orphelinat au lycée, et du lycée à l’orphelinat. Il ne sortait jamais, à quoi cela lui servirait ? Tout doucement, il se décala, manquant de heurter un jeune homme, s’excusant alors en se penchant légèrement en avant. Le chemin était libre au plus jeune. De toute manière, il pouvait l’emmener où il voulait, il aurait été incapable de faire demi-tour. Quel idiot.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] ~ Hochant la tête, il garde ses bras tendus vers lui, voulant le rassurer autant qu'il peut. Sanosuke ne sait même pas pourquoi il se comporte de la sorte. Jamais il n'avait séché les cours avec quelqu'un d'autre. D'habitude, cela lui arrive la plupart du temps à se retrouver seul, soit enfermé dans sa chambre, soit à traîner dehors avec certains types de son gang. Mais jamais avec un garçon comme Heejun. Au fond de lui, le japonais le sait. Ce garçon est différent. Et sans savoir toujours pourquoi, passer du temps avec lui, c'est ce qu'il souhaite. Apprendre à se connaître, à trouver des centres d'intérêts communs les aiderait sûrement à créer un lien d'amitié plus fort. En tout cas, il l'espère. Mais passons. L'ayant enfin dans ses bras, il le dépose lentement au sol, mais ne le relâche pas tout de suite pour autant en le sentant trembler. Durant quelques minutes, il vient l'étreindre tout doucement, l'une de ses mains caressant légèrement son dos. Sano n'est pas doué du tout pour rassurer les personnes, mais là, il essaie de faire de son mieux. Après tout, c'est lui qui l'a forcé à sauter par dessus la grille et donc de sa faute s'il est tout tremblotant. Cependant, en le sentant se retirer doucement de lui, le japonais se mordille la lèvre en baissant les yeux et se frottant la nuque. Rouge de gêne il est. « D-Désolé je.. Je voulais pas.. » Il se stoppe d'un coup, ne sachant plus trop quoi dire maintenant. Il vient alors prendre son sac à dos et reprendre sa marche en direction du centre ville.
Sanosuke se met à observer tout autour de lui, réfléchissant à ce qu'ils pourraient faire et là où il pourrait l'emmener. Et d'un coup, un endroit lui vient en tête. Il tourne doucement le regard vers lui, esquissant un vague sourire. « Il y a un lieu où je me retrouve souvent. Quand je me sens pas bien.. » C'est-à-dire presque tout le temps, mais bon, il ne va pas entrer dans les détails non plus. « Tu veux que je t'y emmène ? Je suis sûr que tu va aimer ! » Du moins, Sano ne pense pas qu'il n'aimera pas ça. C'est un endroit paisible et vraiment joli à voir. Attendant alors sa réponse, il finit par bifurquer dans une plus petite rue, s'éloignant du centre de la ville. Jetant quelques coups d'œil vers lui, il se gratte un peu la joue, se sentant toujours un peu gêné. Il ne sait pas trop comment réagir encore avec lui, et à un peu peur de tout faire foirer. C'est la première fois qu'il a une interaction aussi palpitante et toute douce. Alors non, Sano ne souhaite pas tout gâcher. Il compte bien profiter de ce petit moment avec lui. Grimpant alors une pente, il l'aide un peu en restant derrière lui, n'osant plus vraiment le toucher. Et ce n'est que quelques minutes après qu'ils se retrouvent sur une petite colline. En hauteur. Là où on peut y voir tout Los Angeles à perte de vue. L'attirant doucement proche de la rambarde, il esquisse l'un de ses plus beaux sourires. Car ici, c'est le seul endroit où il se sent bien et complètement libre. « Voilà. Qu'est-ce que tu en penses ? » Venant s'accouder a la barrière, et se penchant légèrement, il passe une main dans ses cheveux, démêlant ses quelques mèches. Si Heejun est comme lui, il tombera sûrement amoureux de ce lieu magique. Ce lieu où on peut tout oublier durant un laps de temps.
La proposition du japonais lui plaisait plutôt bien. Un endroit où il aimait aller. Sans doute un lieu rempli de beauté. Malgré ses airs, Heejun ne connaissait pas grand chose de la ville où il habitait. Ne sortant que très rarement, il se perdait souvent, surtout quand il fuguait et faisait des nuits hors de l’orphelinat. Dormir là-bas, il en avait horreur. Et personne ne pourrait jamais réussir à le comprendre. Se faire abuser dans ce lieu le rendait petit à petit effrayé du moindre bruit, du moindre craquement de parquet, de la moindre voix, et du moindre toucher. Découvrir un nouveau lieu le ravissait plus qu’il n’aurait pu penser. Alors,, discrètement, il hocha la tête, le regardant avec de petits yeux encore un peu troublés. Calmement, il se met à le suivre, tournant dans les mêmes rues, empruntant les mêmes passages piéton. Les rues sont bien calmes à cette heure, ce qui ne dérange pas le plus vieux. Il reste un peu en retrait derrière Sanosuke, le regardant légèrement intimidé. Il n’avait pas l’habitude de suivre les gens, surtout sur un coup de tête. Le coréen ne savait même pas pourquoi il avait été aussi agréable avec lui. Il ne comprenait rien. Vraiment. Le noiraud restait pourtant bien silencieux? Il n’était pas du genre loquace, et très expressif. Et c’est sur ces pensées qu’ils arrivèrent dans un petit coin paisible, en train d’escalader une colline. L’air frais lui passait entre les mèches, libérant doucement son front. Ses yeux se mirent à briller d’un coup, le faisant alors sourire légèrement d’émerveillement. Les paysages de Los Angeles. Il n’en avait jamais vu de ses propres yeux. Qu’en rêve, sûrement. Se rapprochant un peu, il posa tout doucement une main sur la rambarde en métal. Les joues un peu rosies par l’enthousiasme qu’il portait pour cet endroit, il hocha une nouvelle fois la tête.
”C’est vraiment magnifique. Je comprends que tu viennes souvent ici.” répondit-il à la question du japonais.
Les buildings étaient à perte de vue, tandis qu’au loin , on pouvait apercevoir l’océan qui bordait la ville. Sublime. Par lui seul, il n’aurait jamais rien vu d’aussi beau. Sans doute serait-il resté à chercher un boulot et à chanter. Quoi que, il avait une vague idée de ce qu’il comptait faire plus tard. Fleuriste. Il comptait prochainement demander à l’une des boutiques de la ville de bien vouloir le prendre. Il ne demandait. même pas un salaire très élevé. Ses compétences n’étaient même pas à l’appel. Tout ce qu’il savait faire, et dont il était assez fier, était sa capacité à donner le nom des fleurs, que ce soit en anglais, ou en latin. Pas forcément utile dans la vie quotidienne. Son regard brillant se déposait sur les moindres recoins de la ville, le faisant s’appuyer un peu plus sur la rambarde, tout en se penchant légèrement en avant. Le bout de ses pieds, glissèrent de quelques millimètres sous celle-ci, juste pour s’en rapprocher. Et là, un mouvement incompréhensible se produisit. Le bout de barrière qu’il serrait fort s’était décroché sous son poids sans doute, ce qui le fit basculer dangereusement en avant. Le malheur lui jouait encore des tours. Fermant ses yeux, il se sentit rapidement être tiré en arrière, heurtant délicatement son dos contre quelque chose. Ou plutôt quelqu’un. Sanosuke. Il avait eu le temps de le reculer contre son torse pour lui éviter de tomber dans le vide. Légèrement tremblant, le coréen n’avait que partiellement compris ce qu’il s’était passé. Il mit quelques minutes à réaliser là où il se situait, et ce qu’il avait évité de peu. Se décolla alors rapidement du japonais, un peu effrayé, il le regarda, assez brièvement, tirant machinalement sur ses manches. Il ne savait plus où se mettre, complètement embarrassé. Tellement maladroit, qu’il avait réussi à cassé un morceau, certes petit, de la rambarde. Quel idiot. Et puis, ce contact brutal avec le corps du lycéen ne lui avait pas forcément plus. Il était devenu ainsi. Peureux de tout, et surtout des contacts. N’osant plus le regarder, il soupira de soulagement, avant de le remercier.
”M-Merci beaucoup d-de m’avoir...Tiré de là…” prononça-t-il difficilement.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] ~ Son regard reste accroché sur son visage. Au final, le paysage semble disparaître aux yeux du japonais. Heejun, quant à lui, ne fait que captiver son regard. Il ne peut s'en détacher. Le voir sourire de la sorte, voir ses yeux briller sous la vue imprenable que lui offre ce point de vue. Tout ça le rend tout chose. Il se surprend encore une fois à rougir comme un idiot, et vient tapoter doucement ses joues. Calme-toi. Tout va bien. qu'il essaie de croire. Mais non. Tout va mal en faite. Mais il ne comprend pas le pourquoi du comment. Il se sent complètement paumé, et maintenant, il ne sait plus quoi faire. Mis à part le regarder et le laisser profiter de ce petit instant de calme. Tout en se mordillant la lèvre, Sanosuke recule d'un petit pas, croisant ses bras contre sa poitrine. Le silence qui s'installe n'est pas déplaisant, au contraire. Ce calme qui règne à le don de l'apaiser. Enfin. Malheureusement, son apaisement disparaît immédiatement lorsqu'en une fraction de seconde, il voit le coréen manquer de tomber dans le vide, un bout de la rambarde s'étant cassé sous le poids. Une rambarde assez vieille il faut dire. Alors toujours en une fraction de seconde, Sano à le reflexe de retenir Heejun en lui agrippant fermement les bras avant de l'attirer contre son torse. Un peu plus et il y passait. La colline n'est pas si haute que ça, mais.. C'est assez suffisant quand même pour tuer un être humain. Il le garde toujours contre lui, le temps de se remettre de ses émotions. Le japonais a frôlé la crise cardiaque. Il s'en serait énormément voulu si le garçon se serait retrouvé tout en bas. Mais heureusement, il ne s'est rien passé de tout ça.
Le sentant encore une fois se reculer de lui, il laisse ses bras retomber le long de son corps, pinçant légèrement ses lèvres. « C'est normal.. Fait gaffe hein. Tu m'a fait peur.. » Rien que la vérité. Son cœur en avait même raté un battement. Et heureusement que Sano a gardé ses bons vieux réflexes. Heureusement. Il l'observe un petit moment, et se sent un peu bête en le voyant aussi gêné que ça. Immédiatement il se rend compte du problème. Enfin, il croit. S'il ne se trompe pas, le coréen se trouve toujours mal à l'aise et effrayé à chaque fois qu'il le touche. « Désolé.. Si je te gêne en te touchant.. » est tout ce qu'il sort, alors qu'il se frotte la nuque en réfléchissant a ce détail. Il connaît bien ce regard effrayé, et ces tremblements. Parce qu'il a aussi vécu ça. Et il le vit toujours en compagnie des gars qui abusent de lui la nuit, lorsqu'ils sont assez éloignés du gang. Mais pour Sano, c'est totalement différent maintenant. A force d'avoir l'habitude de se faire violer, il a finit par ne plus ressentir aucune émotion. Mis à part le dégoût. Le touché des autres personnes ne le dérange pas tant que ça, du moment que ça ne va pas plus loin qu'un léger contact. Comme les contacts qu'il a avec ce jeune homme. Mais pour ce dernier, le japonais ne peut pas être totalement sûr de ce qu'il avance. Et il ne préfère pas en savoir plus pour le moment. Le forcer à parler ne servirait à rien. Surtout qu'ils se connaissent que depuis quelques heures seulement. Il décide donc de ne rien faire. Du moins pour le moment. « Recule de là. » qu'il lui dit tout en lui faisant un signe, s'asseyant sur un banc à l'écart du vide. Il le regarde ensuite s'installer à ses côtés, et l'observe alors attentivement. « Tu n'aimes pas les contacts physiques. » Une affirmation. Non une question. Il ne va pas plus loin.
« Tu peux être rassuré sur un point : jamais je te ferais quoi que ce soit. » De toute manière, ce n'est pas le genre du Yoon. Il subit déjà assez, et en sachant bien que cette souffrance est horrible, il se dit que personne ne mérite ça. Personne. Il ne le souhaiterait même pas à son pire ennemi. Quoi que... Tout dépend de son ennemi. M'enfin. Là n'est pas le problème. Soufflant doucement, il penche la tête pour mieux regarder Heejun. Il ne sait pas comment le dire, ni pourquoi il veut le dire, mais il se lance comme un gros con. « Si tu veux... Je peux t'aider. » En voyant sa tête blasée, l'air de ne rien comprendre, Sanosuke se mord la lèvre et reformule correctement sa pensée. « T'aider à.. Avec les contacts physiques. » Bien sûr il ne l'oblige pas. Surtout qu'il ne sait rien de la situation du jeune homme assis à côté de lui. Il attend alors une réponse positive, ou négative. Une simple réponse. N'importe laquelle. Et pendant qu'il le laisse se perdre dans ses pensées, le Yoon baisse légèrement les yeux pour observer la main du coréen posée sur le banc, entre eux. Jetant un coup d'œil vers son visage, et vérifiant qu'il est concentré à regarder ailleurs, il vient aussi poser sa main sur le banc. A côté de la sienne tout simplement, pour commencer. Jusqu'à la décaler légèrement, relevant la tête devant lui pour faire comme si de rien était. Il garde une tête blasée, alors que délicatement, il vient accrocher son petit doigt à celui de Heejun. Rien d'autre. Ni plus, ni moins. Pour aujourd'hui ce sera tout. Ce sentiment de vouloir l'aider à se sentir mieux le dérange un peu. Car jamais ça lui est arrivé, d'avoir ce genre de pensée. Mais au final ce n'est pas plus mal. Peut-être qu'au final, ça l'aidera aussi à se démêler de ses idées noires. Qui sait.
Ses yeux ne savent pas où regarder. Perdu, voilà ce qu’il est. D’un côté, le japonais venait sans doute de lui sauver la vie. De l’autre, ces contacts furtifs le mettaient mal à l’aise. Et ce n’était pas de la faute de Sanosuke, loin de là. Lui, il ne pouvait pas savoir. C’était au coréen d’apprendre à maîtriser ses peurs. L’entendre s’excuser pour si peu le fait relever la tête. Non. Il n’avait rien à se reprocher, lui. Secouant la tête, il détaille légèrement son visage.
”N-Non...Ne t’excuse pas...Ce n’est pas ta faute, tu pouvais pas savoir. “lui répond-il tout doucement.
S’habituer. C’est tout ce qu’il devait faire à présent. Il ne comptait pas en parler sur tous les toits, au moindre passant. Personne ne pouvait rien y faire. C’était comme ça. Point. Ses doigts tremblaient encore un peu, jouant avec le bout de ses manches. Il ne se rendait pas forcément compte du regard du japonais sur lui. En tout cas, il avait l’air d’avoir vite compris sur quel pied danser avec lui. En si peu de temps, était-il si perceptible et transparent ? En à peine quelques heures, il avait réussi à en comprendre tellement sur lui. Sa voix le sort légèrement de ses pensées, le faisant alors le suivre jusqu’à ce banc, qui lui permet toujours de voir la belle vue sur la ville. Ses mains se posent en premier lieu sur ses genoux, les yeux rivés sur le sol. Tellement perturbé par un simple rapprochement. Il se sentait faible, nul. Les mains de Sanosuke n’avaient pourtant pas l’air si désagréable que ça, au contraire. Elles avaient toujours été douces, et bienveillante. Enfin ,pour le moment. Il savait comment il réagirait s’il apprenait ce qui se passait dans sa tête. Tout le monde réagissait de la même manière. Entendre son affirmation le fait frissonner. Il avait vu juste. Heejun ne tenta pas de dissimuler la vérité, et lui répondit d’un simple hochement de tête. Sa main se posa légèrement sur le banc, voulant en sentir tout la fraîcheur de la pierre. Il sait pertinemment qu’il n’a rien à craindre avec le plus jeune. Tout le monde n’est pas méchant et violent. Au contraire, il savait que ce n’était qu’une exception à la règle. Sinon bonjour le monde où il vivait.
”Je sais bien. Mais on ne sait jamais. C’est devenu des réflexes. C’est tout.” lui dit-il.
Oui, des réflexes de survie. Il avait tellement vécu en si peu d’années, que cela ne l’étonnait même plus. Son côté fragile ressortait tellement facilement quand les gens s’apercevait de ses faiblesses. Il ne les cachait pas pourtant. Il ne faisait qu’essayer de ne pas retomber dedans. Jouant toujours avec ses manches, ses yeux dérivèrent sur celui assis à côté de lui en entendant ses mots. L’aider ? Mais pourquoi ? Comment comptait-il s’y prendre pour aider une personne effrayée des contacts physiques ? Rien ne pourrait le calmer, si ce n’est ne quitter cet endroit de malheur. Rien y ferait. Il aurait toujours cette peur en lui. C’était marqué dans sa peau. Gravé en lui comme toutes ces autres blessures, ces cicatrices qui lui hantaient la vie. Il ne comprend pas, même à sa reformulation. Qu’insinue-t-il ? Baissant de nouveau la tête, il se perd. Encore et toujours. Il réfléchissait à tous les avantages et désavantages, à tout ce que cela pouvait le faire ressentir. A ce cauchemar sans fin. A quoi bon refuser, de toute manière, il allait sans doute ne pas y parvenir. Ce genre de chose, il les gardait en lui, sans les exprimer. Le petit manège de Sanosuke, il ne le percevait pas. Enfin, jusqu’à sentir sa main effleurer la sienne, son petit doigt s’entrelaçant avec le sien. Sursautant alors d’un coup, il le regardait, complètement décontenancé. Que fabriquait-il ? Sans comprendre, il regarda leurs mains. Frissonnant d’un coup, de part et d’autre de son corps. C’était donc comme ça qu’il voulait s’y prendre. Il ne dit rien, juste un regard qui faisait tout comprendre. Un simple toucher. Il allait pouvoir survivre à cela. Enfin, il espérait. C’était la première fois qu’on voulait l’aider, et même si cela ne faisait que quelques heures, il n’arrivait pas à le repousser. Sans doute que la gentillesse du plus jeune le faisait renoncer à être désagréable. Son regard était rempli de peur, mais de compréhension. Il voulait bien faire, et il le sentait.
”M-Merci mais tu n’es vraiment pas obligé...C’est...Plus compliqué que ce que tu peux imaginer…” qu’il dit en baissant les yeux sur ses pieds.
Rien allait. Ce soir, sûrement, il se ferait encore avoir. On lui ferait la leçon une nouvelle fois. Pour aucune raison. Le martyriser leur faisait plaisir, et il n’avait pas assez de force pour résister de toute manière. Alors oui, rien que d’y penser le terrorisait. Et il fallait que tout ressorte en se moment là. Comme par un merveilleux hasard qui jouait avec lui. Soufflant un bon coup, il retint ses larmes, se mordillant légèrement la lèvre, il tenta de changer de sujet, comme il le faisait si bien. Parler de lui ne l’arrangeait pas, et il savait aussi que poser des questions personnelles n’allait pas arranger la chose. Relevant alors le visage pour regarder la vue, il tentait de calmer ses tremblements inexplicables. Sanosuke n’y était pour rien. Au contraire, il le trouvait étrangement gentil avec une personne comme lui.
”Et sinon, tu connais beaucoup d’endroit comme celui-ci ?” qu’il lui demande doucement.
Si le japonais était disposé à le supporter encore, il se demandait s’il acceptait de lui en montrer d’autre, de lui faire découvrir ponctuellement de nouvelles choses. Il ne lui demandait pas de rester collé à lui ou de devoir le supporter tous les jours, juste quelques fois. Juste pour voir si cette relation pouvait donner quelque chose d’agréable.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] ~ « Je sais que je ne suis pas obligé, mais.. Si je peux être utile à quelque chose pour une fois. » Il l'observe sérieusement, gardant son petit doigt entrelacé au sien. Rien que ça. Et seulement ça lui permet de se sentir plutôt bien. Il sait bien qu'il ne peut pas imaginer ce qu'il a vécu où ce qu'il vit. Et même si au fond de lui, il est curieux d'en savoir un peu plus, il ne le force pas. Il ne pose aucune question. Car d'un côté, il imagine que ce n'est pas facile à en parler. Lui-même se trouve dans une situation très délicate. Entre les personnes qui abusent sexuellement de lui plusieurs fois dans la semaine au gang, et son père qui ne fait que le battre en plus d'avoir tuer sa mère. Il en a des secrets. Des secrets qu'il ne compte pas laisser échapper de sa bouche. De toute manière, qui l'aiderait ? Personne. Personne ne peut rien faire. Et Sanosuke ne peut pas se permettre de dire un mot sur ce qu'il se passe dans sa maison. A part s'il a envie de rejoindre sa mère au paradis, comme dirait son père. Ce qui ne le dérangerait pas le moins du monde. Enfin bref. Tout ça pour dire que chacun a le droit de ne rien dire sur sa vie privée, et que Sano est bien mal placé pour dire le contraire. Tout en gardant un œil sur lui, il remarque bien qu'il se retient de pleurer. Et intérieurement, le japonais panique. Il ne sait pas réconforter les gens, et encore moins lorsqu'ils pleurent. Tout ce qu'il peut fait, c'est de caresser délicatement son dos, en espérant qu'il puisse le détendre un minimum. Qu'il pense à autre chose qu'à des pensées qui font mal.
« Bien sûr que j'en connais plein. Tu sais... Je vis dehors encore plus que je ne vis chez moi, de jours comme de nuits. Alors.. Je connais pratiquement toute la ville. Du moins, chaque recoins qui méritent d'être visiter. » Traîner dans les rues comme ça, cela permet au moins au japonais de penser à autre chose. Rester enfermer dans sa chambre ne l'aidera en rien, et même s'il a l'habitude de souffrir.. Au final, ça lui fait toujours aussi mal. Cette douleur ne peut pas disparaître, même pas avec l'habitude. Ce qui est bien dommage. C'est bien pour ça qu'il fait toujours le mur presque chaque nuits. De toute façon, son paternel s'en fiche total. Ce dernier serait même bien content s'il apprenait un soir que son fils s'est fait écrasé par une voiture, ou tué en prenant une balle perdue. Les rivalités entre gang peuvent être fatales. Son père n'est pas au courant de ce qu'il fait, mais c'est pas rare que des personnes innocentes se fassent tuer en prenant des balles perdues oui. Vive l'Amérique n'est-ce pas ? Enfin. Se frottant la nuque, il finit par relâcher la main du jeune garçon assis à ses côtés, et le regarde une nouvelle fois. « Si ça te dis.. La prochaine fois.. Je pourrais te faire découvrir un autre endroit. » Il marque une pause avant de se relever, mettant les mains dans ses poches. « Chaque jour un nouvel endroit. Ça te dirait ? » qu'il lui lance en se retournant vers lui.
Le soleil commence déjà à se coucher à cette heure-ci. Ce qui étonne un peu Sanosuke qui jette un œil sur son portable pour vérifier l'heure. Le temps est passé bien plus vite qu'il ne l'aurait imaginé. Est-ce a cause de la présence de Heejun à ses côtés ? Peut-être. Peut-être pas. Il n'en sait strictement rien. Il l'observe un moment, avant de lui tendre doucement sa main, après un petit instant d'hésitation quand même. C'est bien la première fois qu'il a autant de contact physique avec quelqu'un depuis bien longtemps. Des contacrs physiques doux, bien évidemment. Si on parle des coups brutaux qu'on lui donne... Bref. Il ne préfère pas y penser et secoue alors la tête pour se reprendre. « Je te raccompagne chez toi. Il commence à se faire tard. Et tu dois être.. Épuisé... » Mine de rien, ils ont beaucoup marché depuis leur fuite du lycée. Et l'émotion qu'ils ont eu tout à l'heure n'a pas arrangé les choses. Il attend donc sa réponse avant de reprendre sa marche, serrant légèrement sa main dans la sienne. Sa main est chaude, douce. Tout le contraire de ce qu'il a vécu bien avant sa rencontre avec lui. Et inconsciemment, il se dit que cette rencontre va changer les choses, considérablement. Il ne sait pas comment, ni quand. Mais une chose est sûre : leurs destins seront à jamais lié.
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