sorry not sorry (marloan 4)

Gagner, la victoire, ce sont des mots qui sont pleinement ancrés dans ma façon d’être. Ne jamais rien laisser au hasard et encore moins lui laisser l’avantage, dont elle pourrait user contre moi, non merci ! Ni ici, ni au tribunal. En tout cas pas au tribunal, parce qu’ici, je ne contrôle plus grand-chose, et je ne saurais dire si c’est ce qui est le plus grisant ou au contraire le plus frustrant. Quoi qu’il en soit, je ne compte pas m’arrêter en si bon chemin. Je viens de franchir allègrement chacune des limites que je m’étais fixées, alors pourquoi se restreindre ?
« La partie n’est pas terminée… » Au petit jeu de la fierté à la con, elle n’a aucune chance de gagner. Je suis butée, c’est même pire que ça, mais c’est aussi cette ténacité qui m’a permis d’en arriver là où je suis aujourd’hui.
Et alors que je tente un nouvel assaut sur son corps, elle ose en rajouter une couche. « Attention, tu vas finir par y prendre goût… » « Peut-être que c’est toi qui fini par le faire, tu ne donnes pas l’impression du contraire en tout cas… » Répondre, toujours, avoir le dernier mot, avoir raison, c’est une maladie, oui, clairement.
Mais la tendance s’inverse et elle se joue de moi, avec beaucoup de minutie et un temps bien trop précieux qu’elle est en train de perdre. « Lance-toi bordel… » Elle me laisse comme ça à la supplier, ça me rend dingue, et mon caractère est tout sauf patient ou malléable. Aimable, je ne le suis pas non plus. Et la façon dont mes doigts touchent sa peau, mes mains remontent le long de son corps… tout ça ne ment pas, et je n’aime pas ce dont je suis en train de me rendre compte. J’aime ça, clairement.
Je lui laisse assez de place pour se glisser entre mes jambes et m’abandonne à elle, tout ce que je déteste, et pourtant…

Elle prend ça comme une course, une soif de victoire, à savoir qui ‘gagnera’. Mais j’ai dans la tête un tout autre plan, celui de la faire s’abandonner, prendre du plaisir, et oublier toute cette compétition qu’elle s’impose depuis bien trop longtemps. J’ai de l’ambition de vouloir la déconnecter de tout ça, je le sais. Mais j’ai déjà réussi à la faire plier, c’est la deuxième fois, je sais que je peux réussir à quelque chose avec elle. J’ignore pourquoi j’en ressens l’envie, mais c’est plus fort que moi. « Peut-être que c’est toi qui fini par le faire, tu ne donnes pas l’impression du contraire en tout cas… » Je laisse échapper un léger rire. C’est vrai que mon corps réagit plutôt très bien à ses caresses, faut dire qu’elle n’est pas vraiment hésitante pour quelqu’un qui découvre l’abandon avec une personne du même sexe. Elle s’en tire plus que bien d’ailleurs. Je ne réponds rien, parce que je sais qu’elle veut avoir le dernier mot, je la laisse croire que je lui laisserai avoir. Mais il en est tout autre. A moi de la faire languir, jouer de ses sens, faire bouillir son désir, décupler l’envie. Elle est loin d’être quelqu’un de patient, elle voudrait tout, tout de suite, mais c’est pas comme ça que ça marche. Pas chez moi en tout cas. Parce que de l’attente naît le désir. Et même si le désir est déjà là, se précipiter ne rendra pas les choses meilleures, au contraire. « Lance-toi bordel… » Je souris, parce que j’adore la sentir se tendre sous l’envie qui la consume. Et je ne lui donnerai pas ce qu’elle veut, pas tout de suite en tout cas. Je continue de jouer avec ses sens, mes mains caressent sa peau, remontent jusqu’à sa poitrine et ma langue continue de jouer autour de la zone sensible, un premier avant-goût la fait frémir lorsque je décale assez son dessous pour caresser sa peau sensible du bout de ma langue. Je gémissement qui s’échappe et dont elle n’a aucune emprise me rend dingue. Il ne m’en fallait pas plus. Je finis de la dénuder et m’affaire à lui offrir le plus bel orgasme qu’elle n’a jamais reçu jusqu’alors. Je joue avec ses ressentis, fais une pause juste avant qu’elle n’atteigne le nirvana pour revenir de plus belle et décupler les choses. Je crois qu’elle se souviendra de cette nuit.

L’avantage que ne n’ai pas, c’est que je ne connais pas mon adversaire, aussi bien qu’elle semble me connaître moi. Ce qui est à la fois troublant, et terriblement frustrant. Je ne supporte pas d’avoir une lignée de retard, et encore moins de me sentir en infériorité, d’une quelconque façon. Ça n’est pas dans mes gènes de me laisser distancer, ou de m’abandonner, de quelque façon que ce soit. Le contrôle est maladif. Ce besoin de tout gérer, de tout avoir sous la main, sans la moindre faille qui laisserait l’opportunité à un intrus de s’y faufiler. Je ne fais confiance à personne. Parfois pas même à moi.
Pourtant, elle est en train de se foutre royalement de moi et de mes envies de contrôle, à tel point que mon corps échappe à ce que mon esprit voudrait, pour la laisser me faire jouir comme il m’eut rarement été donné de le faire. Si j’ai payé la chambre et le garçon qui n’est pas venu, ce n’est au moins pas pour rien.
Il me faut quelques secondes pour souffler, reprendre mes esprits. Mon cœur bat à cent à l’heure et je suis au bord du malaise. Je suis pourtant plus forte que ça. Alors un brin de provocation subsiste en moi. Je glisse alors une main le long de sa cuisse. « C’est tout ce dont tu es capable ? Je croyais que la ville se battait pour obtenir tes faveurs ? » En tout cas elle a la réputation de ne pas avoir eu froid aux yeux durant les années précédant son mariage. Je me suis un peu renseignée sur elle, et je sais que c’est une pointure dans son domaine. Que son bar, c’est la moitié de sa vie, et que l’autre, c’était sa famille. Avant qu’elle ne soit en pleine séparation et tout ce qui va avec. Elle a quitté une place de rock star du sexe et des nuits agitées, pour une vie banale et chiante à mourir.

Vu la manière dont elle réagit, je doute qu’elle ne monte au septième ciel de cette manière si souvent. J’ignore ce dont sont capables les hommes, mais une chose est sûre, les statistiques ne mentent pas, les lesbiennes sont mieux comblées sexuellement parlant. C’est un fait. Et si elle peut se donner du plaisir seul, rien ne remplace une langue entraînée comme la mienne. Une fois cet assaut terminé, je remonte le long de son corps pour embrasser ce dernier, c’est là qu’elle me provoque à nouveau. « C’est tout ce dont tu es capable ? Je croyais que la ville se battait pour obtenir tes faveurs ? » Je ne peux réprimer un large sourire, j’aime cette étiquette qu’on m’a colée, et maintenant que je suis veuve, je n’ai plus personne à protéger de cette réputation de tombeuse que j’ai toujours eue. « Je t’avais dit que tu y prendrais goût… » Je viens l’embrasser langoureusement, refaisant monter la température à nouveau. Je crois même que le thermostat n’était pas vraiment redescendu. Je finis de me mettre à nue, j’en fais de même avec elle, profitant de ce contact peau contre peau que j’aime tant. Mes mains parcourent son corps alors que mes lèvres continuent de garder le désir brûlant. Remontant sa jambe contre moi, je me faufile entre les siennes pour créer une friction agréable entre nous. Quelques ondulations de bassin pour trouver notre rythme et voilà que les sensations reviennent au galop, mais cette fois ensemble. La nuit se poursuit alternant entre provocations et moments de réelle osmose entre nos corps. Corps finalement épuisé d’avoir autant donné que reçus, lorsque sonne mon téléphone pour me donner l’heure de mon réveil. Ma respiration est encore saccadée, mon corps luisant des efforts fournis. Il y a longtemps que je n’avais pas passé une nuit complète à m’unir de cette manière à une femme. Il fallait qu’elle soit spéciale. « Faut que j’aille bosser. Je vais prendre une douche. » Je passe volontairement par dessus elle pour atteindre la salle de bain, feint de l’embrasser mais ne franchis pas les derniers centimètres jusqu’à ses lèvres, pour créer un manque, une frustration, sans doute. Peut-être aussi pour qu’elle ait envie de me rejoindre sous la douche ? Peut-être…

Pour m’épuiser, elle a eu le dernier mot. Pour le plaisir, elle a encore eu le dernier mot. Mais l’entendre, elle pourra toujours rêver. Je ne suis pas du genre à être belle joueuse, je déteste l’idée même de perdre et encore moins celle de ne pas avoir le dernier mot, ou d’avoir tords. Je ne baisserais pas les armes. Ça n’est pas dans mon tempérament et encore moins dans mes objectifs de vie. Peu importe l’image que ça renvoi de moi. Plus on me craint, plus je gagne. Toujours est-il que ça ne m’empêche pas d’apprécier ce que je viens de vivre, et de profiter de ses talents, sans commentaires, ou presque. Mais de reconnaître pour moi-même qu’elle vaut largement sa réputation, et que finalement, le plaisir charnel avec une femme n’est sans doute élevé qu’au rang de péché parce qu’il est si bon. Et donc coupable.
Je m’endors sans demander mon reste, accablée par la fatigue et par les émotions fortes. Et ce n’est qu’à la sonnerie du téléphone de Loan que j’émerge enfin. Elle passe même au-dessus de moi pour accéder à la salle de bain. Un œil à demi ouvert, je vois son baiser qu’elle souhaite m’offrir et me refuse par la suite. Déjà, à peine réveillée, elle m’énerve. Bien joué. « Faut que j’aille bosser. Je vais prendre une douche. » Mais quand la conscience me rattrape, une question reste évidente : « Quelle heure il est ?... » Je tends un bras vers mon téléphone sur la table de nuit. « Merde, il est 10 h ! » Je saute du lit, jetant le drap par-dessus ma cuisse et me glisse entre la porte coulissante et le mur. M’engouffrant dans la cabine de douche en emportant ma brosse à dents. « Il est 10 h, merde ! T’aurais pas pu me prévenir ? » J’ai une vie professionnelle, des clients, des audiences ! Une vie quoi ! Et elle est là en train de faire sa grasse matinée comme si de rien n’était. Je vous jure, ces artistes. Je la sens joueuse, et tenter de caresser mon cœur, le regard plein d’envie. Elle n’en n’a pas eu assez ? « Tu crois que j’ai le temps ? Je devrais être au tribunal depuis au moins une heure ! » Et je n’arrive pas à accéder au gel douche et encore moins au shampooing, elle est juste en train de foutre en l’air ma journée là.

Cette nuit a été pour le moins épique. Lorsque je suis arrivée dans cet hôtel la veille au soir, jamais je n’aurai imaginé passer la nuit dans une de ses suites, en compagnie d’une de leur fidèle cliente, habituée des lieux, où elle ramène ses petits jouets sexuels. pour le coup, j’ai voulu la priver de son sex toy vivant, et je me suis retrouvée à craquer pour lui faire comprendre la différence entre le sex avec une femme, et avec un homme. Bien que je n’ai aucun moyen de comparaison, je sais de source sûre qu’entre femmes ça n’a rien à voir. Mon réveille sonne, pas assez dormi mais j’ai l’habitude. J’enjambe la jolie rouquine en feintant de l’embrasser et rejoins la salle de bain sans tarder. Je l’entends râler de là, c’est clair que pour elle ça doit pas être une heure habituelle pour se lever. « Il est 10 h, merde ! T’aurais pas pu me prévenir ? » dit-elle en me rejoignant dans la douche, sa brosse à dents dans la bouche. Je souris, narquoise. « Personne ne t’a empêché de mettre un réveil à l’heure à laquelle tu voulais te réveiller… » Arquant un sourcil, je la provoque encore, mais lui laisse quand même la pomme de douche pour se mouiller avant de se savonner. J’en profite pour laisser mes doigts flirter avec sa peau, mutine. « Tu crois que j’ai le temps ? Je devrais être au tribunal depuis au moins une heure ! » Je continue de rire, lui bloquant le passage jusqu’aux petits flacons de gel douche, de l’autre côté. Mes mains entourent alors son corps et je la pousse contre le mur de la douche italienne. « Un peu plus un peu moins… je vais pas te l’apprendre… de toute manière tu es en retard… autant bien commencer la journée non ? » Impossible de m’en empêcher. J’ai toujours eu un appétit sexuel plutôt au dessus de la moyenne, mais je vous rassure, je sais me tenir, il m’est arrivé de tenir un mois ou deux sans toucher le corps d’une femme. Ça a été dur, mais j’ai survécu. Ce matin, ce n’est pas seulement l’envie de son corps qui me titille, mais plutôt l’envie de la faire chier, parce que c’est ce qui nous attire et nous repousse depuis le début… Mes lèvres trouvent rapidement sa mâchoire, son cou. Elle aurait tout le loisir de m’empêcher de continuer, si vraiment elle en avait envie…

Je sais très bien qu’en tant que femme, je n’ai pas le droit à l’erreur et encore moins au tribunal face à un juge pour le moins misogyne et buté. Il a pour réputation de ne donner la parole à une femme que quand il n’a d’autre choix. Je vais devoir m’imposer en quelques phrases bien senties et m’armer d’une répartie sans faille. Pour être tout à fait honnête, pour ça, il aurait fallu que je dorme quelques heures de plus et que je sois à l’heure pour être crédible… mais il y a une solution à tout paraît-il. Sauf que mon invitée pour la nuit a décidé de me mener la vie dure…
« Personne ne t’a empêché de mettre un réveil à l’heure à laquelle tu voulais te réveiller… » Je lui lance un regard noir, elle est précisément la personne qui m’a empêché de mettre un réveil à l’heure à laquelle je voulais me réveiller… mais passons. Je récupère la pomme de douche et une fois les cheveux mouillés, cherche à attraper le shampooing, que je demande toujours en extra et d’un coiffeur particulier, toujours placé au même endroit. Mais Loan a décidé de jouer. « Un peu plus un peu moins… je vais pas te l’apprendre… de toute manière tu es en retard… autant bien commencer la journée non ? » « Jamais tu lâches ? » Elle est épuisante. Je ne sais pas si elle en garde beaucoup des nanas mais sans doute pas sur le long terme. Elle les épuise ! En tout cas moi elle m’épuise. Mais je sais qu’elle ne laissera rien tomber. Alors je joue son jeu, récupérant ses lèvres pour l’embrasser, langoureusement, avant de la retourner contre le mur et de me précipiter pour attraper les gels douche. « Le coup de la douche on me l’a fait bien avant toi. » Ironique. Moi aussi j’en ai eu des coups d’un soir particulièrement vaillants. Mais voyez-vous, je ne suis pas une débutante. Une fois rapidement douchée, je sors, réglant non sans malice le mitigeur sur le plus froid. Son hurlement d’effroi me fait gagner un point. Et je m’active, une serviette autour de poitrine, pour me sécher les cheveux et tenter de me donner une prestance. Mon téléphone s’affole sur le rebord du lavabo. « Merde, merde, merde ! » Je décroche. « Oui David, je suis là dans 20 minute. Retiens-le, simule un malaise, j’en sais rien soit inventif un peu ! » Après tout mon assistant est fait pour ça non ?

Je crois que mon attitude est davantage faite pour la faire chier que pour avoir réellement un moment câlin avec elle de bon matin. Si elle s’était laissée faire je n’aurai pas rechigné, clairement, mais avec la nuit que nous avons passée, je suis pour le moins rassasiée. Ce matin, c’est juste pour continuer de l’emmerder. C’est plus fort que moi. « Jamais tu lâches ? » Je ne peux réprimer un sourire enfantin de prendre place au coin de mes lèvres. Non. Jamais. Je suis même surprise qu’elle entre dans mon jeu, venant chercher mes lèvres finalement pour un baiser langoureux. Mes mains retrouvent leur place sur son corps nu, l’eau ruisselant sur ce dernier, mais la garce ne faisait ça que pour obtenir gain de cause, me plaquant contre le mur pour récupérer ce qu’elle voulait. « Le coup de la douche on me l’a fait bien avant toi. » Je ricane un peu, continuant de la titiller, juste pour le plaisir. « J’ai jamais prétendu être originale… ». Une fois sa douche express terminée, elle sort en poussant le mitigeur vers le froid et je lâche un cri de surprise avant de repasser le tout au plus chaud. Garce. Je finis de me laver à mon tour et sors, m’enroulant dans une serviette. Je ne suis pas pressée, contrairement à elle. Alors je prends mon temps tout en la regardant s’activer en souriant. J’adore son côté pressé. Je ricane en l’entendant parler au téléphone, et la voilà qui file se rhabiller pendant que je prends mon temps. Tel un courant d’air, la voilà déjà sur le départ. Mon épaule en appui contre l’embrasure de la porte de la salle de bain, je la regarde finir de récupérer ses affaires. « Si tu oublies quelque chose, t’auras qu’à venir le chercher au Planet. » Pour une femme qui n’aimait que les hommes, faut dire qu’elle n’a pas résisté bien longtemps. Bras croisés, je la regarde, toujours ce sourire mutin au coin des lèvres. Je sens bien que mon regard sur elle a tendance à l’agacer un peu, elle peine à se concentrer, et moi je jubile. « Bonne journée, Maître. » Un clin d’oeil et elle disparaît, me laissant seule dans cette suite, le temps de finir de me préparer pour aller bosser…