D'ordinaire les personnes que Gilda prend en charge sont soient des couples en manque d'information, des couples souhaitant trouver l’origine d’un trouble sexuel, le soigner, mais aussi de le prévenir. Où encore de jeunes femmes ou de jeunes couples venant à elle pour être informés et conseillés sur diverses situations, comme la grossesse, la contraception, la stérilité, l’interruption volontaire de grossesse ou encore les maladies sexuellement transmissibles. Mais le rendez-vous qu'elle attend aujourd'hui est différent de tous les autres. Différent dans le sens où la jeune femme en question ne vient pas pour recevoir des conseils sur sa vie sexuelle, mais pour être rassurée et aidée. Ciara. La jeune femme est à peine plus âgée que sa fille ou Zadig est déjà, elle porte le poids du monde sur ses frêles épaules. Et pour cause, le traumatisme qu'elle a vécu il y a quelques années y est pour beaucoup. Séquestrée et abusée par un homme courant toujours dans la nature, voilà ce qu'a été sa vie depuis ses seize ans. C'était il y a cinq ans et pourtant, Gilda ressent toujours de la colère et de la tristesse. De la haine pour celui qui a osé lui faire une chose pareille et continue de courir les rues sans que ça ne choque personne, sans que la police ne fasse rien pour l'empêcher de récidiver. De l'amertume pour cette petite, qu'elle connait à peine, mais dont le sort pourrait arriver à n'importe qui - même à sa propre fille. Cinq ans de torture physique et mentale, pas autant qu'elle ne puisse supporter d'être touchée par qui que ce soit. Gilda n'était certainement la plus qualifiée pour l'aider dans son trouble, mais la sexologue avait ce besoin, cette envie de lui venir en aide. Elle voulait l'aider à retrouver confiance en l'humanité.
Et même si cela semblait être à première vue un combat perdue d'avance, la blonde voulait y prendre part et lui prouvait qu'elle pouvait avoir confiance en elle, qu'elle ne lui ferait aucun mal - que plus personne ne lui fera du mal. Gilda leva les yeux sur l'horloge murale. Elle ne devrait plus tarder. Elle remet un peu d'ordre dans ses dossiers, en range certains dans son sac pour qu'elle puisse les étudier à la maison. Lorsque soudain, on frappe à la porte - une première fois. Le bruit est sourd, Gilda ne l'a pas entendu. Elle tend pourtant l'oreille, persuadée d'avoir bien entendu quelqu'un frapper à la porte. Elle hausse un sourcil. Alors, elle attend un instant, peut-être qu'un nouveau coup retentira et lui fera savoir que c'est bien Ciara qui vient d'arriver. Et la seconde fois, le coup fût un peu plus fort que le premier, Gilda réinstalla ses lunettes sur le bout de son nez, avant d'autoriser la jeune femme à entrer dans son bureau.
« Vous pouvez entrer Ciara ! » l'invitera t'-elle, avant de se lever. Elle s'approchera d'elle, d'ordinaire elle lui aurait bien tendue la main pour la saluer, mais elle s'abstiendra, connaissant sa peur des autres, elle ne devait pas la brusquer. Elle ne contentera seulement de lui lancer un doux sourire, le sourire d'une mère. « Allongez vous sur le divan Ciara, nous allons discuter un peu. Je vais m'asseoir juste en face de vous sur la chaise. » lui expliquera t'elle, avant de s'asseoir sur la chaise en face du divan. Elle devait lui laisser de l'espace, respecter son espace vitale était une étape importante sur la voie de sa guérison. Gilda faisait de son mieux pour la mettre le plus à l'aise possible. Puis, tout en lui souriant gentiment, elle vint prendre la parole. « Alors, comment allez vous depuis notre dernière rencontre ? Et comment va votre petite Liz ? » Ce bébé de deux ans conçue de cette sombre affaire, peut-être ne voudra t'-elle pas lui en parler de peur de réveiller en elle les mauvais souvenirs de son enlèvement et Gilda comprendrait et passerait à autre chose.
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C’était difficile. Si difficile. Jour après jour, elle avait l’impression de sombrer un peu plus dans le néant de ses pensées, de ses tourments les plus grands. Elle ne savait pas fermer les yeux sans le revoir, ce monstre qui la faisait crier, ce monstre qui s’emparait d’elle, de tout son être, ne laissant que les pleurs et la douleur, que le sang et la douleur, que la peur et la douleur. Elle était perdue, elle restait sous sa couette, elle ne bougeait pas, pleurait en silence. Sauf quand elle devait se rendre à un rendez-vous. Et ses parents faisaient tout pour l’aider. absolument tout. Mais c’était une situation tellement dure. Seule sa mère, d’ailleurs, parvenait à s’approcher suffisamment d’elle. sa mère, liz, et luna. Trois femmes. Les hommes, c’était exclu. Et son père comprenait. Il avait mal, mais il comprenait. Il tentait de lui parler, parfois, mais il n’osait pas. Et la famille se battait toujours. La police le cherchait, ce fou qui s’était enfui. Et ciara pleurait. Toujours. Et en ce jour, pourtant, elle faisait des efforts. Elle en faisait toujours, elle se forçait, quelques minutes par jour, à prendre sa fille dans ses bras. parce qu’elle ne pouvait pas lui en vouloir à elle, jeune petite qui n’avait rien voulu. Elle ne pouvait pas lui en vouloir, et désirait l’aimer. Si seulement c’était possible d’aimer l’enfant d’un monstre. Elle se forçait, elle lui souriait, et la petite posait ses mains sur son visage, pour essuyer les larmes. Elle était élevée par ses parents. Ciara leur en était reconnaissante. Et ils lui expliquaient chaque jour que ciara l’aimait, sa petite liz. Alors liz était tout le temps triste de voir sa maman pleurer. ne t’en fais pas… un jour… ça ira mieux… se persuadait-elle. mensonge évident, mais il fallait rassurer l’enfant, avant de s’habiller. Un gros sweatshirt, une capuche, un pantalon large. Il était hors de question de montrer la moindre parcelle de peau, quand elle allait dehors. Parce qu’elle avait peur. Et alors que sa mère l’emmenait en voiture, et lui promettait de l’attendre, pour ce rendez-vous, ciara déglutissait, et arrivait devant la porte de la thérapeute. Elle toqua doucement. Pas de réponse. Elle toqua à nouveau, et on la fit entrer. Elle était craintive. Mais madame croft avait tout de même un côté très rassurant. Elle était comme une mère. Elle était mère elle-même, elle le savait. Elle s’installa sur le divan, mais ne s’allongea pas. Elle essayait à chaque fois, mais allongée, c’était la position qu’elle avait le plus souvent quand il passait sur elle. alors elle se recroquevilla. Et écouta la thérapeute. b… bien… je suppose. Mieux… enfin… elle n’était pas très bavarde, généralement. Mais chaque fois qu’elle avait un rendez-vous, elle faisait de son mieux. Avec Isobel, c’était pareil. Même si la jeune psy en herbe avait réussi quelque chose d’assez extraordinaire la dernière fois. j’ai… pu toucher la main de quelqu’un… un peu… et gilda savait à quel point c’était une avancée. Ciara qui craignait chaque contact avait pu garder, pendant quelques secondes, une main dans la sienne. et liz… elle réfléchissait. Elle ne voyait sa fille que quelques minutes par jour, parce que sinon, elle faisait des crises de panique. Mais sa mère lui racontait tout ce que liz faisait. Et ça la faisait sourire à chaque fois. elle… mérite mieux que moi, comme mère. clairement. Mais ce n’était pas de sa faute. Elle essayait de s’en convaincre, elle faisait de son mieux. elle vous mériterait… je pense. il fallait dire que madame croft était incroyable. Elle était douce, gentille, chaleureuse. Capable de mettre en confiance n’importe qui. Même elle. et même si elle était recroquevillée, elle avait cette confiance. Ici, dans ce cabinet, elle ne craignait rien. Si seulement c’était pareil dans sa vie de tous les jours.
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