doin'it right - assia

Aujourd’hui, j’ai mis un peu plus de temps que d’habitude à me préparer. J’ai mis une touche un peu plus foncée de mon rouge à lèvres fétiche, j’ai passé un coup de brosse en plus dans mes cheveux. Aujourd’hui, j’ai le cœur qui bat peut-être un peu plus vite. Parce que je vais voir Prisha. Parce que je vais partager un repas avec elle. Dans son restaurant. Cette pensée seule semble remuer quelque chose au creux de mon estomac, parce que je suis en train de prendre conscience que je suis en train de bâtir ma toute première véritable relation d’amitié depuis bien longtemps. L’âme solitaire et sauvage, j’ai du mal à laisser les gens m’approcher. Mais tout a été simple avec Prisha. Tout a semblé si simple à son contact, comme si nos êtres s’étaient déjà trouvés dans une autre vie et qu’ils venaient enfin de reprendre leur chemin l’un vers l’autre. Alors je me plongeais dans cette nouveauté chaude et apaisante, les yeux presque fermés. Sans me poser de question. J’avais accepté son invitation à déjeuner sans même y réfléchir à deux fois – j’avais simplement accepté. Je ne savais pas exactement ce qu’elle recherchait, ce qu’elle attendait. Je ne savais finalement que peu de choses sur elle. Prisha était encore cette inconnue, rencontrée au portail de l’école, croisée dans un supermarché. Le destin avait semblé vouloir nous réunir alors je prenais ça comme un signe : nous étions faites pour nous entendre. Pour nous rapprocher. C’est donc avec l’esprit guilleret et la peau frissonnante que je pousse la porte du restaurant de la jeune femme. C’est son joli minois brun comme le pain d’épices qui m’accueille et je me sens sourire avec naturel, comme si la simple caresse de son regard parvenait à me rendre plus légère. « Bonjour Prisha, je la salue avec chaleur tout en la rejoignant et avant de déposer un baiser peut-être plus appuyé que ne le voudrait la bienséance sur sa joue. J’espère que je ne suis pas en retard. Tu m’attends depuis longtemps ? » Avec curiosité, je laisse mon regard errer sur la décoration du restaurant, aussitôt plongée dans un tout nouveau monde. Les couleurs sont chatoyantes, elles rayonnent et se faufilent jusqu’à mon âme pour y déposer un peu de douceur d’Orient. Comme si je revenais un peu à la maison, quelque part. Les odeurs me rappelaient un peu celles de mon pays et, même si tous mes souvenirs n’avaient pas la saveur sucrée du bonheur, cette ambiance éveillait en moi quelque chose de beaucoup doux et tendre. « C’est magnifique, je la complimente dans un souffle intimidé. Ton restaurant est magnifique. » Je lui adresse un sourire. « Et ça sent si bon ! Je suis affamée, j’ai hâte de goûter à tes petits plats ! » Je laisse échapper un petit rire, sans pouvoir m’empêcher de continuer d’admirer tout autour de moi. Je me tords presque le cou pour m’imprégner de chaque détail de cet univers – cet univers qu’était celui de Prisha.

« Je vais très bien, merci. » Je me sens à la fois intimidée et excitée à l’idée de passer ce moment en compagnie de Prisha. Tout est magnifique autour de moi et j’ai l’impression d’avoir poussé la porte d’un nouveau monde que je ne connaissais pas. Le rire de la brune semble résonner en moi avec la douceur d’une aile de papillon me caressant le palpitant. Alors je ne peux m’empêcher de sourire, doucement, complètement charmée. Alors quand le compliment glisse sur ses lèvres, je baisse le regard et sens mes joues s’empourprer sans que je puisse le contrôler. « Merci, je voulais être à la hauteur de ton invitation, je réponds timidement, dans un filet de voix. » Sa main se glisse dans la mienne, et mes doigts s’accrochent automatiquement aux siens. J’aime sentir sa paume tout contre la mienne. Cette chaleur qui se diffuse lentement le long de mon bras comme un feu de camp autour duquel des adolescents mangent des smores en riant. Je sens même des frissons qui me secouent la chair, qui me secouent le cœur aussi. Je ne sais pas exactement ce que signifient toutes ces émotions qui m’assaillent mais j’aime les sentir sur moi. J’aime les sentir me faire chavirer comme une tempête qui reverse le bateau de mon existence. « La table est absolument somptueuse ! je m’exclame, subjuguée comme une petite fille au milieu du rayon des jouets d’un supermarché. » Je ne peux m’empêcher de m’extasier, émerveillée par tout ce qui m’entoure et qui me rappelle un peu mes origines. Même si je faisais tout pour oublier tout ce passé qui me collait encore à la peau comme un manteau de chagrin. Invitée à m’assoir, je prends place à la table richement décorée dont je découvre encore des merveilles même après l’avoir observée avec attention. « Oh, je prendrai la même chose que toi. » Le sourire qui courbe mes lippes m’en fait mal aux joues mais je me sens incapable d’arrêter tellement je suis en éblouissement total. Tout ce qui m’entoure semble m’amener loin sur des contrées presque inconnues et dont j’avais oublié la saveur et les couleurs. Prisha m’ouvrait les portes d’un monde qui lui appartenait et dont elle voulait me montrer les moindres recoins. Je me sentais l’âme de Jasmine sur le tapis volant, à la découverte du monde aux côtés d’Aladdin. « Le nom m’est familier, je laisse échapper après une seconde de réflexion, les sourcils froncés. Mais je ne saurais te dire avec certitude si j’ai déjà goûté ou non. » Je hausse les épaules, avec un petit rire léger. « Ce n’est pas très grave, je suis là pour découvrir des choses après tout. » Le regard brun fixé sur moi déclenche une myriade de battements d’ailes de papillons au fond de mes entrailles et j’ai comme une chaleur qui monte à l’intérieur de mon corps. J’ai l’impression d’être nue quand Prisha me regarde et la sensation est plaisante, je dois bien l’avouer. Je me mords la lèvre inférieure, tic nerveux, avant de baisser les yeux, soudainement intimidée par mes propres pensées qui déraillent. « Il n’y a pas que le restaurant qui soit superbe, aujourd’hui. » Ma voix coule, comme du miel sur un tronc d’arbre en été. « Tu es magnifique, Prisha, je laisse échapper timidement et le feu aux joues, un regard par-dessus mes cils mais néanmoins la sincérité brute sur mes lèvres tremblantes. » Elle irradiait, aujourd’hui, encore plus que tous les autres jours. Elle était comme un soleil, aujourd’hui. Et j’avais envie de m’y brûler.

La proie. Elle devait s’en souvenir pour ne pas craquer. Assia était la proie, et jamilah, derrière son doux regard de prisha, était la prédatrice. Elle se devait de s’en rappeler, quand elle laissait son regard parcourir le corps, le visage, les yeux d’assia. Parce qu’elle était magnifique. Le genre de beauté qu’elle pouvait retrouver chez naomi. Mais en plus doux. En plus innocent. Elle était comme une fleur qui poussait dans une étendue aride, qui trouvait de l’eau, nul ne savait comment, et qui embellissait le désert. Elle était comme un phénomène, et joli papillon, prisha était conquise, jamilah était incapable de tout contrôler, et la voix vint lui tinter aux oreilles. tu l’es. Je peux te l’assurer. réponse quant à cette idée assez spéciale qu’il fallait être à la hauteur de l’invitation. Elle l’était, peu importe les vêtements, le maquillage, ou tout autre apparat qu’elle portait. Parce que cette invitation était justement pour elle, joyau de l’orient qui se devait de retrouver toute sa splendeur.
Jamilah se perdait.
Prisha était déjà perdue.
merci. souffle qui se lançait, réponse au compliment, et cette main qu’elle gardait, le plus longtemps possible. Cette chaleur dans sa paume, qui venait frapper à la porte de son cœur pourtant fermée à double tour. C’était de plus en plus difficile de garder le contrôle, et c’était bien pour cela que naomi l’aidait. L’aidait à ne pas succomber. « aucun risque, je suis hétérosexuelle » qu’elle avait répondu à sa sœur de cœur. Aucun risque… pourtant, elle avait la poitrine soulevée par l’excitation, elle avait le souffle coupé par la beauté de la belle à ses côtés, elle avait des fourmis dans les jambes, et cette impression d’être coupée du monde. Elle avait l’impression que le piège qu’elle avait tendu se refermait sur elle, et qu’elle ne pourrait plus jamais s’en sortir. et pourtant, pour rester dans son rôle, elle devait aimer cela. Un sourire qui se voulait plus conséquent, alors qu’elle riait face aux propos de la belle. pas pour se moquer, mais parce qu’elle était attendrie. alors ce sera une bouteille de vin rouge, et une carafe d’eau… après tout, c’est un petit moment spécial, rien qu’à nous… je veux pouvoir en profiter pleinement. elle était en roue libre, jamilah n’avait plus aucun contrôle. Peut-être était-ce mieux ainsi ? laisser prisha aux commandes, et tant pis si elle se brûlait à trop se rapprocher. S’il fallait se perdre pour atteindre son but, autant le faire avec assurance et énergie.
Et alors que l’on apportait la bouteille de vin, et la carafe, et que les premiers verres étaient servis, prisha tendit le sien, un regard ne se perdant plus que dans les yeux de la oudji, pour lui souffler doucement à la tienne, assia. ce n’était pas peu dire. C’était pour elle, après tout. Tout cela. Pour elle. pour l’impressionner, à la base. Pour lui montrer que prisha voulait l’impressionner, surtout. « les femmes aiment qu’on se donne à fond pour elles », paroles de naomi qui voguaient encore dans son esprit. Prisha comptait bien se donner à fond pour sa belle orientale. Parce que cette muse du désert méritait une oasis rien qu’à elle, et que prisha devait l’aimer. Et que jamilah voulait que prisha l’aime, sans comprendre qu’elle se jetait peut-être dans la gueule béante de l’amour, elle aussi. tu vas voir, tu vas adorer. Ce n’est peut-être pas la meilleure, mais ma cuisinière en chef est vraiment très douée. Et la tbikha, c’est… comment dire… tu as l’impression d’avoir un jardin qui te pousse dans l’estomac… elle éclata de rire, tant l’image ne reflétait pas ce qu’elle voulait dire. je veux dire… c’est une merveille… c’est vrai que le coup du jardin, c’est… pas forcément ce qu’il y a de meilleur. elle restait avec ce sourire aux lèvres, et la contemplait du regard. et je vais te faire découvrir tout ce que je peux, assia. L’orient a tant de trésors… là était une vérité qu’elle ne cesserait jamais de vanter. Tout le monde pouvait avoir un avis différent, mais elle restait persuadée qu’il y avait des trésors encore inconnus de la plupart du monde, cachés en orient, dans son pays, dans d’autres pays.
Des trésors, comme elle.
Elle, assia, qui lui faisait un compliment. Le rouge qui montait aux joues n’était même pas prévu, ni contrôlé. Jamilah se devait de se reprendre, mais savait pourtant que cela donnait un côté plus crai aux sentiments que prisha devait développer.
tu es adorable. Merci beaucoup… mais de nous deux, tu restes la… la plus belle… en faisait-elle trop ? elle n’en savait rien. elle ne savait même plus comment reprendre les rênes. je suis tellement contente que tu aies accepté mon invitation… c’était sincère. tellement qu’elle ne se rendit même pas compte que l’on arrivait avec le plat. Elle fut presque surprise en entendant la voix du serveur, et se reprit, tout en le remerciant chaleureusement. Et la bonne odeur de la tbikha qui prenait au nez, qui les emportait dans un autre monde. hmmm… sens moi ça… tu me diras ce que tu en penses, mais… je suis sûre que tu vas te régaler. parce que c’était réellement bon.
Un trésor de l’orient.
Pour une muse du désert.