I'm in the hands of fate || Shea

L’hôpital était un endroit affreusement ennuyeux, mais Liloo ne s’était pas réveillée depuis très longtemps alors elle n’avait pas vraiment eu le loisir de découvrir que les minutes pouvaient devenir très longues. Non, elle était épuisée la blonde, certes, pendant près de deux mois on l’avait forcé à jouer les belles aux bois dormant, mais ses blessures n’étaient pas entièrement guéries. Les médecins étaient optimistes, mais il y avait toujours cette part d’inquiétude. Les fractures étaient nombreuses, les dommages internes aussi. Elle avait eu de la chance que les secours soient intervenus rapidement, sinon elle serait déjà morte depuis belle lurette. Son cœur avait cessé de battre près d’une minute, mais ce n’était pas son heure, la faucheuse n’avait pas encore envie de la rappeler vers elle. La tatouée avait eu la surprise de trouver sa famille auprès d’elle lors de son réveil. Après trois ans sans avoir donner une seule nouvelle, elle trouvait que le Destin avait été vraiment sadique. Des explications ? Elle n’en avait pas, mais elle avait beaucoup pensé à elle-même et à Shea aussi. Sa sœur de cœur, sa meilleure amie, son âme sœur, sa jumelle… Elle était tout ça aux yeux de Liloo qui l’aimait au-delà de tout. La Parish l’avait souvent suivie en tournée mondiale, elles avaient refait le monde, fait les quatre cents coups, dormaient ensemble, avaient le même tatouage fait au même moment à Paris, une ville si chère aux yeux de l’une et de l’autre. Si elles avaient pu faire un pacte de sang, elles l’auraient probablement fait.
Alors qu’elle dormait d’un sommeil léger, la voix de l’infirmière qui ouvrait la porte la sortie des bras de Morphée. Pour une fois qu’elle était bien – merci la dose d’antidouleurs sinon elle hurlerait à la mort – il fallait qu’on la réveille. Elle ouvrit les yeux et allait râler quand elle vit que sa Shea était là. L’électrocardiogramme s’emballa un peu, enfin quelqu’un de rassurant. Un sourire se fendit sur ses lèvres, elle se sentait tout de suite rassurée. Pas que sa famille ne l’était pas, mais Shea avait toujours dans sa vie ses huit dernières années.

- Heey… J’suis heureuse de te voir là…

Et le mot était faible. Le sourire ne décollait pas du visage fatigué de Liloo, elle était à deux doigts de se mettre à pleurer de joie. La Parish savait que Shea aurait très bien pu être le conducteur, son ami, qui est décédé dans l’accident, et cette pensée lui brisa le cœur. Elle eut une pensée pour Anton, mais s’interdit de pleurer, se força à ne pas songer à cette probabilité.

- Comment tu m’as retrouvé ? J’étais loin d’ici et… j’ai plus de téléphone…

Non, plus aucun moyen de communiquer. Le jour de l’accident, tout s’était passé tellement vite. Le camion, l’impact, la mort d’Anton, la reprise de conscience, la douleur, les secours, la mort pendant quelques instants, le massage cardiaque, le retour à la vie, l’hôpital et les dernières pensées pour Shea et ensuite sa famille qu’elle était sure et certaine de ne plus revoir. Les médecins n’avaient pas été sûr qu’elle se réveillerait. Elle avait été forcée de plonger dans les abysses du sommeil, rattrapant des centaines d’heures loupées depuis des années. Liloo était loin d’être rétablie, un gros plâtre entourait son bras gauche, elle ne pouvait pas bouger du lit, elle ne pouvait rien faire seule. Elle n’en avait tout simplement pas la force. Il y avait beaucoup de fils qui l’entouraient, mais elle était en vie, elle était là à sourire à Shea.

- Oh bon dieu Shea… Je… j’ai cru que je ne te reverrais jamais…

Et c’était son angoisse, parce qu’elle comptait tellement à ses yeux. Liloo savait qu’elle pouvait être elle-même, parler sans aucun filtre. C’était sa jumelle, c’était à la vie, à la mort.