Les lignes continuaient de la passionner, tandis que l’ailée semblait calme, assise sur son lit, parcourant pages et articles sur l’aigle royal, adorant ce qu’elle apprenait, rêvant d’un jour pouvoir en voir un vrai, un de ces oiseaux majestueux qui s’envolaient avec grâce et puissance, qui fondait sur sa proie avec rapidité et précision, qui devenait prédateur, qui devenait ange des cieux. C’était le pied, et elle espérait bien un jour pouvoir attraper sa liberté et casser les barreaux de sa cage dorée. Cage qu’elle négligeait ces derniers temps, ne répondant pas aux sms de sa mère. Chose très dangereuse à faire lorsque l’on connaissait Diana White, mais la petite White espérait bien pouvoir sortir l’excuse de la batterie, ou de l’inattention. Chose qui énerverait sa mère, mais, avec un peu de chance, la laisserait avoir un peu de répit. Le pire qui pouvait arriver serait qu’elle se retrouve privée de la technologie fascinante que lui apportait son iPhone, le dernier sorti. Mais alors qu’elle s’apprêtait à tourner une page de son livre, elle ne put échapper au message suivant, sa mère qui lui donnait son emploi du temps du week-end. Parce que jamais Harper ne serait libre de décider de son temps libre, et s’il fallait qu’elle soit aux côtés de sa mère lors de son jour de repos, elle avait le choix entre « obéir » ou « obéir ». C’était frustrant, rageant, elle détestait cela, et sans doute était-ce aussi pour cette raison qu’elle jouait le rôle de peste. Parce qu’elle ne pouvait obtenir ce qu’elle voulait, et que désormais elle savait qu’elle ne pourrait jamais obtenir l’affection des autres non plus, il ne restait plus que la fille populaire, imbue d’elle-même. Et si ce trait de caractère n’était pas exactement prédominant chez elle, il restait là, tapi dans l’ombre, prêt à ressortir lorsqu’elle en avait besoin. Et elle en avait souvent besoin. Ou envie. Après tout, il fallait bien se défendre dans ce lycée de requins, et quelle meilleure façon de le faire qu’en sortant les griffes ?
Lâchant un soupir d’exaspération lorsque le message suivant arriva, son portable lui montrant le texto de son petit ami qui lui proposait une sortir le même week end que son obligation d’assister à tout ce que Diana White voulait, elle se décida à ignorer les deux, et se replongea dans son bouquin dans un Font chier !, voulant à tout prix effacer toute mauvaise pensée de son esprit. C’était sans compter l’eau de la douche, au loin, qui coulait, encore et encore. Roni était dedans, et si la douche n’était pas le problème, l’eau semblait bien plus forte, bien plus ennuyante que jamais. Mais Harpie n’était pas capable de comprendre, ou d’assumer, que ce n’était pas le bruit de la salle de bain, mais celui de son palpitant qui la gênait tant. Comment pourrait-elle un jour assumer que ses sentiments naissaient non pour son copain mais pour cette fille qui la défiait, cette rivale qu’elle voulait anéantir, cette amie qu’elle avait aidée, cette punaise qui l’avait humiliée. Comment pourrait-elle admettre que lorsqu’elle entendait la voix de miss Reynolds, elle se retrouvait portée par un sourire, qu’elle adorait le surnom Harpie lorsqu’il venait d’entre ses lèvres, qu’elle se plaisait à la regarder s’allonger dans son lit, alors qu’elle se retrouvait bien souvent cachée sous la couverture du sien pour procéder à son petit jeu d’espionnage. Comment pourrait-elle un jour comprendre que la nuit c’était à la démone qui lui servait de colocataire qu’elle pensait ? Qu’elle rêvait ? C’était impossible. C’était complètement inadmissible. Tout d’abord parce qu’être hétérosexuelle était sa nature, et qu’elle ne voyait pas pourquoi elle craquerait pour une fille. Et aussi parce que c’était Roni. Roni, qui lui résistait. Roni, qui ne l’écoutait pas. Roni, qui la contrariait, Roni, qui la faisait rougir. Euh. Non. Pas rougir. Pas intérêt.
Enervée par ce bruit, énervée par ses pensées, énervée par ce putain de cœur qui ne savait pas faire la différence entre ennemie et amie, entre rivale et target, elle finit par râler – elle râlait souvent, la White –, avant de tourner avec brutalité la dernière page de son bouquin. Tout ça pour réussir à se couper avec la feuille, et à sentir la douleur s’infiltrer dans son doigt, alors qu’elle se levait, ce même doigt dans sa bouche pour tenter de contenir le sang. Elle ne réfléchit même pas et entra en trombe dans la salle de bain, oubliant un instant complètement que l’objet de ses désirs inavoués se trouvait derrière la porte transparente mais floutée de la douche, pour se précipiter vers le lavabo et rincer son doigt à l’eau froide. Elle grimaçait. Elle grimaçait, avant de s’apercevoir, le miroir juste en face d’elle lui renvoyant l’image, que Roni était toujours dans la douche. Et surtout, que, sans la voir totalement nue, ses formes se devinaient aisément au travers de la vitre, et qu’elle ne pouvait s’empêcher d’admirer la vue. Bordel de… Heureusement que Roni ne pouvait pas voir ses yeux insistants et ses joues un peu rouges. Il était hors de question qu’elle la voit comme ça. Avec l’affaire de l’an passé, elle avait déjà assez été humiliée pour toute une vie, le scandale ayant rapidement fait le tour du lycée. Roni l’avait déjà assez vue dans l’embarras, et sa coquille avait failli casser. Hors de question de laisser la peste s’attaquer plus encore à son masque. Hors de question de se retrouver perverse de la salle de bain. Mais hors de question de s’excuser non plus d’être ainsi entrée. Heureusement – ou malheureusement plutôt –, Roni n’avait pas fini, et donc Harper ne l’avait pas vue sortir, en tenue d’ève. Ce serait néanmoins sûrement son rêve de ce soir. Avoir des sentiments non consentis, c’était vraiment la merde.
comme trois soirs par semaines, en sortant du cours de danse je me dirige directement vers la douche. j'aurai pu aussi m'arrêter pour parler un peu avec harper mais elle semble quelque peu occupée. puis j'ai pas franchement envie en fait. j'ai eu une journée longue et compliquée. et même si depuis quelques temps tout semble aller mieux, y'a encore des moments où c'est la merde. et ce soir j'ai pas envie de me prendre la tête. alors le plus simple est de l'éviter. je l'ai fait pendant tellement longtemps que c'est presque devenue une routine. lui répondre que quand elle l'ouvre et le reste du temps, ne pas avoir à l'approcher. oui, voilà. j'ai quand même lâché un "bonsoir" en entrant mais je ne sais même pas si elle l'a entendu. et au pire je m'en fous. je veux juste rejoindre la salle de bain et laisser l'eau chaude couler le long de mon corps pour détendre mes muscles endoloris par cet entrainement intense. je ne sais toujours pas pourquoi je continue à faire ça. enfin si, pour les filles. parce que j'aime passer du temps avec elles. mais franchement, la danse, j'crois pas que ce soit pour moi. il faudrait peut être que je trouve une autre activité. parce que j'ai besoin d'un exutoire et ça c'est pas négociable c'est certain. c'est la dernière année, les derniers mois avant de quitter le lycée. je me dis qu'après je serai tellement occupée par mes cours que je n'aurai plus le temps de penser à m'ennuyer. puis je n'aurai plus à partager ma chambre avec harper. enfin je crois. j'espère pas. si on est prises toutes les deux et qu'ils se disent que comme on vient toutes les deux du même lycée on se connait et donc nous mettre ensemble serait une bonne idée... ouais non. je préfère ne pas y penser. surtout que je ne sais pas ce qu'elle fabrique l'autre mais elle semble totalement ailleurs ces derniers temps. ce n'est pas comme ça qu'elle va obtenir son entrée à l'OTIS. c'est pas mon problème. après tout vu qu'elle est quasiment sure d'être prise quoiqu'il arrive, si elle décide de ne pas y aller, ça fera une place de plus automatiquement. après m'être déshabillée, je me glisse sous l'eau et commence à profiter des bienfaits de la chaleur sur ma peau. non vraiment, je ne vois pas pourquoi je m'inflige ça. perdue dans mes pensées, je sursaute presque au moment où la porte de la salle de bain s'ouvre. harper forcément. je la vois se précipiter vers le lavabo sans trop comprendre ce qu'elle fait. mais elle n'a pas l'air de vouloir partir alors ça va être compliqué. " tu comptes camper là ou bien ? " je ferme le robinet et ouvre la porte de la douche pour être certaine qu'elle m'entende. même si je suis certaine que c'est le cas. " quitte à être plantée là, passe moi ma serviette s'il te plait. " je n'ai jamais eu de réel problème avec ma nudité. puis la danse a fait que ça ne s'est pas arrangé. les vestiaires ça a tendance à ôter la pudeur des gens.
Bordel de… c’était bien sa veine. Se retrouver là, dans la salle de bain, avec Roni. Et ce qui l’énervait le plus, était que ce n’était pas censé ainsi la gêner. Elles étaient deux filles, bon sang. C’était normal, c’était ordinaire, qu’elles se retrouvent à deux dans la salle de bain. Même si ce n’était pas commun que l’une soit entièrement nue dans la douche, mais bon. Harper en avait marre. Marre de ce cœur de con qui ne savait pas s’arrêter de battre, de ces joues qui rosissaient encore, et de ses yeux qui se faufilaient vers la douche. Marre d’avoir à se battre contre son être, et d’avoir à lui rappeler, constamment, qu’elle n’était pas interessée par les femmes. Etait-ce vraiment si difficile ? Si compliqué à comprendre ? Elle n’aimait pas les femmes. Elle n’aimait que les hommes. Et Veronica était assurément la dernière demoiselle pouvant lui voler son cœur. La dernière personne pouvant l’attirer. Alors pourquoi ? Pourquoi ?
Alors qu’elle éteignait l’eau du robinet pour ensuite éponger son doigt, et attendre que son corps suive le mouvement, puisqu’elle n’avait pas de pansements, elle entendit sa colocataire protester. Enfin. Pas « protester », mais plutôt poser une question. Et si Harper était surnommée Harpie, c’était bien pour une raison. Même si elle ne voulait pas être peste avec Roni, même si elle rêvait secrètement de se rapprocher d’elle, et de laisser ses lippes passer sur les siennes, ses mains passer sur son corps, et sa voix lui chanter mille et une merveilles, elle ne pouvait néanmoins pas s’en empêcher. Si son cœur ne comprenait pas, alors sa bouche allait lui montrer. Être peste, revêtir sa coquille, et ne surtout pas montrer le moindre signe de faiblesse. Pourquoi ? ça te gêne ? un sourire suffisant. Même si la concernée ne pouvait le voir. Mais la White était ravie. Ravie d’être encore capable de se construire sa protection, d’agir en se protégeant de tout ce que les sentiments pouvaient infliger. Elle n’eut cependant pas un long moment de répit, puisque la Reynolds coupa l’eau de la douche et ouvrit la porte. Harper ne s’y attendait pas, et le rouge lui monta aux joues tandis que son cerveau semblait sur le point d’exploser. Un peu plus, et elle surchaufferait. Elle était même sûre que son bas-ventre réagissait sans son accord, que son esprit perdait le nord. Parce que Roni était nue, devant elle. Parce que Roni ne se couvrait pas, sans pudeur. Parce que Roni lui dévoilait tout. Et que jamais la Harpie n’aurait pu prévoir cela. Merde. Meeeerde. Elle resta muette, interdite quelques secondes, avant que son cerveau reprenne le contrôle de son corps et de ses mouvements, et que sa langue ressurgisse. Ouais ouais, tiens. Elle faisait preuve d’un étonnant self-control. C’était bien la fille de sa mère. L’héritage de Diana White, et probablement la meilleure chose qu’elle lui ait enseignée. Parce qu’à force de rester aux côtés de sa mère durant divers évènements, à force d’être cloitrée dans une villa magnifique, mais qui refusait de la laisser sortir n’importe où, à force d’être privée de tant de choses, quand bien même l’argent coulant à flot permettait de la pourrir, elle avait développé la capacité de garder la tête froide et son calme en tout instant. EN extérieur, tout du moins. Et seulement à certains degrés. Elle avait bien pété un plomb de temps en temps. Surtout lorsque Roni lui résistait, infâme. J’aurais jamais cru que tu aurais le cran de te montrer à poil. Envie de conseils pour être parfaite ? dit-elle en laissant largement penser qu’elle faisait référence à elle. C’était sorti tout seul. Presque tout seul. Elle était encore sous le choc, et se régalait à la voir ainsi, à imprimer cette image à jamais dans son esprit. Elle était encore surprise, et voulait savoir si elle avait réfléchi avant d’ouvrir la porte. C’était aussi un moyen de garder le contrôle. D’expliquer pourquoi elle n’arrêtait pas de mater. Parce que c’était bien plus aisé de prétendre qu’elle se moquait de ces formes, plutôt que d’admettre qu’elle voulait les toucher, les caresser… Parce que c’était ainsi que fonctionnait Harper. Dès qu’elle en avait besoin, elle devenait harpie.
" pourquoi ? ça te gêne ? " je lève les yeux au ciel. forcément que ce n'était pas la réponse que j'attendais. je veux juste savoir si elle va rester là où non pour avoir la place. " non mais c'est que tu prends un peu de place quand même. " oh je dis pas qu'elle est grosse, loin de là. c'est juste que notre salle de bain n'est pas bien grande. c'est juste question de praticité. voilà tout. enfin de toute façon j'ai terminé de prendre ma douche et si elle reste là, autant qu'elle m'aide. puis surtout qu'elle se trouve sur le chemin vers la serviette et je n'ai pas encore appris à traverser les murs ni même les humains. je ne sais pas si elle m'a vraiment entendu vu qu'elle reste figée pendant quelques secondes. je soulève un sourcil et continue de la fixer alors qu'elle semble avoir vu un fantôme. franchement je ne vois pas où est le problème mais elle semble penser qu'il y en a un. ou alors comme je le pense depuis des années, c'est un robot et elle vient de court-circuiter. et visiblement les secteurs se sont remis en marche vu qu'enfin elle réagit. " ouais ouais, tiens. " je récupère ma serviette et me sèche rapidement le corps. j'ai pas envie d'attraper froid. " merci. " il m'arrache un peu la gueule celui là mais elle m'a rendu le service que je lui ai demandé alors c'est la moindre des choses. " j’aurais jamais cru que tu aurais le cran de te montrer à poil. envie de conseils pour être parfaite ? " le cran de me montrer à poil ? parce qu'il faut avoir du cran pour ça ? je savais pas. alors je hausse les épaules et termine de sécher mes jambes. je me penche en avant et enveloppe mes cheveux dans la serviette et forme ce fameux chapeau pour éviter que ça goutte de partout. et pour éponger l'eau bien sur. " si être parfaite c'est être comme toi... " je prends le temps de la désigner du doigt de la tête aux pieds. " ouais non ça va j'suis bien comme je suis merci quand même. " sourire forcé mais sourire quand même. elle le connait celui là de toute façon, ce n'est pas la première fois qu'elle le voit. " t'as encore besoin du miroir ou je peux terminer de me préparer ? sauf si tu veux me brosser les cheveux hein... " proposition idiote bien évidemment, elle ne peut pas accepter de faire ce genre de choses. mais si ça peut permettre qu'elle sorte de la salle de bain pour que je puisse terminer de me préparer, pourquoi pas.
Foutu corps. Foutu cœur. Elle était complètement sous le charme, même si elle faisait tout pour ne pas le montrer. Mais cette peau, parfaite, qui semblait si douce, devant elle, lui faisait de l’effet. Et bordel, elle n’aimait pas cela. Une hétérosexuelle craquant pour une fille… quelle idée à la con. Une hétérosexuelle craquant pour Roni… encore pire. Quelque chose n’allait pas bien, avec elle ; Elle était peut-être brisée, ou sous l’emprise d’un sort ? Elle était peut-être en train de délirer, ou avait été droguée. C’était pas possible autrement. C’était Roni bon sang ! Roni ! Elle ne pouvait pas la vouloir, ne pouvait pas vouloir la regarder. Et pourtant, elle se régalait les yeux, elle la dévorait du regard, sans vraiment comprendre pourquoi, et sans vraiment s’en empêcher. Harper était perdue. Et ce fut donc au tour d’Harpie de sortir. Encore. Carapace bien pratique, carapace bien utile, seule compétence léguée par sa mère qu’elle pouvait réellement apprécier. Avec Harpie, elle était bien plus à l’aise, et pouvait oublier tout ce que son corps, son cœur, son esprit pensait. Elle pouvait juste se permettre des piques. Des piques dont elle ne se privait pas, et un narcissisme non caché qui la définissait bien, lorsqu’elle était en face des autres. Un narcissisme qui lui valu une réponse tranchante, de la part de sa rivale, de la part de sa colocataire. Une réponse tranchante qui fit naître un sourire narquois sur ses lèvres, tandis qu’elle avait un cerveau en ébullition pour trouver la parade, et répondre avec justesse, et sans tact. Bien sûr qu’être parfaite, c’est être comme moi. Tu croiseras pas plus belle. Jamais. Enfin, ouvre les yeux… tu ne vois pas à quel point mon visage est parfait ? Et mon corps, délicieux. Une guéguerre qu’elle appréciait, au fond. Même si cela dépendait des jours. Même si l’insistance de Roni à lui répondre pouvait l’énerver parfois. Elle aimait ces conversations houleuses, ces répliques sanglantes. Peut-être parce que Veronica était la seule qui pouvait réellement se défendre face à ses piques ? peut-être parce que Veronica avait été la première à la remettre en question ? Parce que cette rivalité faisait naître des sentiments contradictoires, les mêmes qui l’avaient poussée quelques mois plus tôt à héberger la Reynolds, pour qu’elle ne se retrouve pas à la rue, ou dans le besoin. C’était perturbant. Savoir qu’elle la détestait, cette fille capable de lui résister. Savoir qu’elle l’aimait, cette fille qu’elle détestait. Savoir qu’elle n’avait pas le contrôle sur tout, qu’elle ne pouvait pas commander à son cœur, et qu’elle ne pouvait qu’hurler intérieurement. Etait-ce la définition de l’amitié ? Quelle étrangeté.
Roni ne se laissait évidemment pas faire, ni défaire. Elle était bien incapable de se laisser soumettre, et cela enrageait la Harpie, et, étonnamment, plaisait à Harper. Chose qu’elle n’avouerait pour rien au monde. Elle la regardait donc. Belle comme tout. Elle la regardait donc, cœur battant la chamade. Elle la regardait donc, tentant de faire paraître cela comme un simple regard dédaigneux. Mais était-elle dupe ? là était la question. Avait-elle remarqué que le regard d’Harper changeait ? Avait-elle compris ce qu’il se tramait en son cœur ? La White n’espérait pas. Ou était-ce le contraire ? Espérait-elle ? Qu’espérait-elle ? Tant de confusions, qui la figèrent, alors que Roni lui demanda quelque chose d’absolument impensable – pourtant, l’envie était là, de lui toucher les cheveux –. Tu rêves. Je vais pas te brosser les cheveux. Tu me prends pour qui ? une servante ? En revanche, elle ne sortait pas de la salle de bain. Elle ne bougeait pas. SI elle gênait, parfait. Harpie en force, dans ce cas. Tu devrais te mettre de la crème, ton pauvre visage te remerciera… enfin… ME remerciera. Pique gratuite. Un jour, peut-être, s’en mordra-t-elle les doigts, d’avoir été la Harpie, vipère à la langue fourchue. En attendant, c’était nécessaire. Pour ne pas craquer. Pour résister.
” bien sûr qu’être parfaite, c’est être comme moi. tu croiseras pas plus belle. jamais. enfin, ouvre les yeux… tu ne vois pas à quel point mon visage est parfait ? et mon corps, délicieux. “ j’ai l’habitude de ses longues tirades, ces ôdes à elle même. particulier je dois bien le reconnaître mais on s’y fait. ” et tes chevilles enflées. perfection t’as raison. “ je ne peux pas m’en empêcher. elle a le don de m’agacer dans ce genre de moments. y’a des fois je ne la comprends pas. en fait non, tout le temps. parce qu’elle veut paraître peste mais elle ne l’est pas tant que ça. faut avouer que c’est complètement con. complètement. je lui parle de cette histoire de brossage de cheveux alors que j’attrape mon peignoir. je ne vais pas passer ma journée à poil, faut pas abuser non plus. puis j’ai pas envie d’attraper froid. ” tu rêves. je vais pas te brosser les cheveux. tu me prends pour qui ? une servante ? tu devrais te mettre de la crème, ton pauvre visage te remerciera… enfin… me remerciera. “ elle ne s’arrête donc jamais. vraiment jamais. ” oh je rêverai de t’avoir à mon service tiens. une expérience intéressante. “ j’aime bien notre ping pong verbal. ça tient en forme et ça m’évite de m’attendrir et ne me laisser marcher sur les pieds dans le reste de ma vie. une sorte de bouclier. je m’approche d’elle, la plaque contre le lavabo et sans la quitter des yeux je tends ma main pour venir attraper le pot de crème posé sur l’étagère. ” du coup ça ne te gêne pas si je t’emprunte la tienne hein. “ parce que de toute façon, sans plus attendre je m’en étale sur le visage. ” sympa la texture. et j’aime bien l’odeur. “ commentaire un peu futile tandis que je replace le pot à sa place initiale, me collant à nouveau à elle. je vois bien que ça la dérange. sans forcément comprendre l’étendue réelle de sa gêne. mais je m’amuse à ma manière. innocemment. ” et tu veux que je te remercie comment du coup ? je te préviens les courbettes et révérences c’est pas mon truc. “ autant être claires sur ce point directement.
Rien n’était mieux que ces piques échangées. Rien. Pourquoi ? parce que derrière le visage de la harpie, derrière les ailes et les serres qu’elle se plaisait à enfiler pour ne pas se laisser avoir, pour ne pas se laisser bouffer, il y avait la sécurité. Un cœur sans grand danger, un cœur qui ne cessait de battre pour elle, mais au moins, ses cris acharnés étaient étouffés, et ne restait plus que cette suffisance dont elle faisait preuve. Elle n’était pas comme les autres, Harper. Pas le genre à se faire des amis, pas depuis un bon moment. Pas du genre à devenir gentille, pas depuis bien des années. Non, elle était incapable de faire preuve de douceur, sans que cela ne sonne faux. Elle avait été bien trop amochée par ses relations pour pouvoir ainsi se formater, et restait la peste qu’elle désirait être, qu’elle se savait capable d’être. Narcissique, elle l’était, mais pas autant. Pas en vrai. Cependant, ce fut dans un sourire qu’elle put entendre la réponse de Veronica, celle qui était censée l’énerver, qui était censé continuer la bagarre des citations, l’affrontement des répliques. Et d’un petit sourire, ce fut un C’est un effet de style, ça. Ça me donne du charme. Tu en aurais besoin, d’ailleurs… Allait-elle trop loin ? pas pour elle. Même si son cœur semblait le lui reprocher, elle se sentait bien, confiante, dans cet échange, dans ces échanges. Le rôle de la peste lui allait à merveille, pourquoi en changer ? pourquoi endosser une autre facette, qui risquerait de la dénuder face à la belle à poil, qui risquerait de la faire tomber dans un piège, qui risquerait de montrer à Roni tout ce qu’il se passait dans son corps, dans son esprit, lorsqu’elle la dévisageait, dévorait du regard. Elle fut cependant bien déçue de la voir s’habiller. Le feu dans ses reins, le feu dans ses pensées, et la voilà qui redevenait presque frustrée, prise au dépourvu, laissée sans défense, alors que la belle venait la plaquer contre le lavabo, lui provoquant un hoquet de surprise, de stupeur, et surtout, d’incompréhension. Parce que là, son cœur s’enflammait. Parce que la , sa carapace se brisait instinctivement. Parce que là, elle n’avait plus qu’une envie. La prendre, la serrer contre elle, et écraser ses putains de lèvres contre les siennes. Bon sang ! Elle aimait ces combats, elle aimait ces échanges, mais perdre ne lui allait pas, surtout ainsi. Perdre face à Roni, qui semblait profiter de la situation, qui écrasait son corps contre le sien, qui provoquait transformations dans son corps. Putain de merde. Elle avait du mal à garder le contrôle, la Harpie, la Harper. Elle avait du mal, et se forçait, se mordait l’intérieur de la joue, pour éviter de déformer son visage par une quelconque émotion trop forte. Elle avait le regard de la belle droit dans le sien, elle avait des frissons qui lui parcouraient le corps, et elle avait la gorge d’un coup bien sèche, tandis qu’elle répondait, qu’elle tentait de paraître la plus normale possible. La plus calme possible. Oh, oiseau tombé du ciel, elle ne savait plus comment réagir, et c’était un hein ? euh… n… non… non. Non, cela ne la dérangeait pas qu’elle emprunte sa crème. Pourquoi avait-elle dit non ? cela ne lui ressemblait pas ? mais alors qu’elle se sentait enfin respirer, qu’elle se sentait enfin libre, et qu’elle s’apprêtait presque à se pousser, ou la repousser, la Reynolds réitéra son geste, une fois le visage empli de crème. Elle allait avoir une face parfaite, ça, au moins, c’était chose sûre. B… Bien sûr que l’odeur te plait… enfin, je ne choisis que des éléments de qualités. Tout pour satisfaire une reine. Je ne vais pas… prendre la crème la moins chère ! tentait-elle, essayant de reprendre le contrôle sur son esprit qui s’embrasait, sur son corps qui ne savait plus comment faire. La proximité, c’était quelque chose. Mais alors la sentir tout contre elle, savoir que ses mains, en bougeant, pouvaient la toucher, ses hanches, son ventre, et entre ses jambes… c’était bien trop… elle pourrait exploser… Elle allait exploser, de toutes façons, vu la question. La question qui la prit de court. Comment la remercier ? oh, elle avait bien une idée. Mais si elle le disait, c’en était fini. Elle ne pouvait pas lui demander de l’embrasser. Elle ne pouvait pas lui demander d’ôter ce peignoir. Elle ne pouvait pas lui demander. Rien de ce qu’elle voulait n’était possible, sans perdre son statut, sans perdre la guégerre tout juste reprise entre elles. Elle n’était même plus sûre d’être elle-même, en cet instant, alors qu’elle avait la furieuse envie, le besoin presque inconditionnel de la prendre. De la prendre, de poser ses lippes contre les siennes, de serrer son corps contre le sien, de lâcher tout ce qui faisait d’elle Harper, pour finir entre les jambes de… aaaah ! non ! c’était trop. S… le cœur battait plus vite, le souffle était trop fort, et la gêne trop voyante, sans qu’elle ne puisse faire quoique ce soit pour arranger les choses. Mais peut-être pouvait-elle s’en sortir… Surprends moi… et un petit rictus, tandis qu’elle se ressaisissait le temps d’un instant même si les courbettes, j’adore. et merde. Pourquoi avait-elle dit cela ? non, elle ne parlait pas de simples courbettes. Bien évidemment. C’était bien plus, c’était d’une chaleur intempestive dans son esprit. Elle ne pensait plus correctement, elle se sentait totalement hypnotisée. Bon sang. Il fallait qu’elle se reprenne. Il fallait qu’elle… inverse les positions. Chose qui n’allait pourtant pas la refroidir, elle attrapa les hanches de Roni, non sans apprécier les sentir contre ses mains, même si le peignoir était en travers du chemin – l’horreur, elle avait pensé un moment les passer sous le vêtement, mais alors elle n’aurait plus eu aucun répit, si sa peau chahutait avec la sienne –, afin de la retourner, de se retourner. Afin de la plaquer elle, contre le lavabo, perdue entre la tension qui régnait dans la salle de bain, entre la provocation qu’elle décelait dans le regard de sa comparse, entre ce désir qui ne faisait qu’augmenter. Elle la colla à son tour, un vice caché sous son sourire, tandis qu’elle tentait de reproduire la même gêne chez sa partenaire, pour qu’à son tour elle puisse souffler, pour qu’à son tour elle puisse admirer. avant de me remercier, par contre… va falloir que… elle ne réfléchissait plus. Elle colla sa main sur le visage de la Reynolds, elle aima ce toucher plus que tout. Et elle termina d’étaler la crème. Elle s’appliqua, montrant sans le vouloir une autre facette d’elle, tandis qu’elle s’évertuait à la rendre parfaite, et que ses doigts n’hésitaient pas à arranger ses mèches pour ne pas avoir de cheveux pris dans le visage. t’es même pas capable de te mettre de la crème… c’est dingue… moi qui pensait que tu étais au moins débrouillarde… le contrôle. Toujours le contrôle. Avoir une tâche, avoir le visage de la belle qui la rendait toute chose entre ses mains lui permettait de réguler le flux d’émotions qui passait en elle. Là, elle pouvait redevenir Harpie. Même si elle restait gênée, même si ses joues étaient toujours teintées de rose, ne pouvant pas rester si indifférente que cela. Elle pouvait redevenir Harpie, avoir un semblant de maitrise. Elle pouvait redevenir Harpie, et jubiler d’ainsi la toucher, caresses douces, qui s’occupaient de son visage. Et elle qui clamait ne pas vouloir lui brosser les cheveux… elle faisait pourtant pire, elle était en train de l’arranger, qu’elle resplendisse… Bon sang !
" hein ? euh… n… non… " visiblement ça ne la dérange pas que j'emprunte sa crème. même si elle semble totalement perturbée. elle a pourtant l'habitude que je m'interpose, que je m'oppose à elle. donc je ne comprends pas vraiment sa réaction. enfin ce n'est pas grave, moi je continuerai encore et toujours à l'emmerder. il ne me reste plus longtemps à en profiter. l'année prochaine on sera séparés. j'suis triste un peu même si contente de pouvoir me concentrer sur ce que j'aime enfin pleinement. je m'étale la crème sur le visage sans pour autant m'éloigner de la brune. elle a l'air déstabilisée et je ne me fais pas prier pour continuer. " b… bien sûr que l’odeur te plait… enfin, je ne choisis que des éléments de qualités. tout pour satisfaire une reine. je ne vais pas… prendre la crème la moins chère ! " je ne peux me retenir de rire face à cette attitude de princesse. faut dire que je ne sais pas si je m'y ferai un jour. harper est comme ça. elle a ce côté détestable et pourtant je sais qu'elle n'est pas que comme ça. je ne comprends pas pourquoi elle s'obstine à me montrer ce visage de peste intégrale. enfin... c'est pas grave. ça m'amuse un peu on va dire. " suis-je bête... " elle est quand même unique. enfin j'en ai jamais rencontré des comme elle avant. bien sur des nanas qui pètent plus haut que leur cul ça j'en connais. mais des qui se forcent à être reloue, c'est une première. je rentre dans ce jeu, je lui demande comment elle voudrait être remerciée la princesse. " s... surprends moi… même si les courbettes, j’adore. " la surprendre c'est pas compliqué mais les courbettes j'en suis pas adepte. pourtant j'ai pas le temps de faire quoique ce soit qu'elle pose ses mains sur moi et inverse nos positions. pour le coup c'est elle qui me surprend à instaurer cette proximité qui semble pourtant la déranger. son corps se colle au mien, comme ils l'étaient précédemment sauf que cette fois ci c'est elle qui a le dessus sur la situation. " avant de me remercier, par contre… va falloir que… " elle pose sa main sur mon visage et étale ce qui semble être un reste de crème égaré. je retiens mon souffle, peu habituée à ce genre d'attentions de sa part. " t’es même pas capable de te mettre de la crème… c’est dingue… moi qui pensait que tu étais au moins débrouillarde… " elle m'arrange même les mèches de mes cheveux qui se sont posés sur mon front. elle qui ne voulait pas m'aider, au final elle fait bien plus. " et moi je te pensais moins tactile harpie. c'est nouveau ce côté scratch ? enfin c'est pas pour me déranger mais tu devrais faire attention. " frictionner deux caractères comme les nôtres ça peut faire des étincelles. et mettre le feu à des poudres qu'on est pas prêtes à voir s'embraser. " tu vois que tu sais me coiffer. ça fait au moins quelque chose dans laquelle t'es douée. d'autres talents cachés à ton actif ? " histoire de la provoquer encore, toujours plus.
Elle était très clairement dans la merde. Jusqu’au bout. Parce qu’en cherchant désespérément à reprendre le contrôle, en cherchant désespérément à garder la harpie dominante, tentant d’effacer la harper qui se terrait en elle, elle se rendit compte qu’elle perdait. Le jeu n’en était presque plus un, et le regard de Roni ne cessait de la transpercer, et de venir lui tirer un sourire qu’elle espérait camoufler derrière ses allures de pestes. Pourquoi avait-elle fait ça ? Pourquoi avait-elle ainsi échangé les positions ? Pourquoi n’avait-elle pas juste fui ? Elle aurait pu. Elle aurait pu mettre un terme à tout ça, à tout ce qu’il se passait en son cœur, à tout ce qui venait embraser son esprit, ces flammes qu’elle ne contrôlait plus, qu’elle n’avait sans doute jamais contrôlées. Et dans un regard, dans une rougeur qui ne lui ressemblait pas, bien qu’atténuée par la concentration qu’elle avait, alors que ses doigts caressaient tendrement le visage de sa belle, de cette colocataire qui détenait à la fois les clés de son cœur, et la noirceur de son âme. Elle ne pouvait pas. Elle ne comprenait pas. Comment lutter, contre ce qui arrivait ? Comment lutter contre toutes les sensations qu’elle ressentait ? C’était difficile, bien trop difficile. Elle avait les mains sur un visage qu’elle trouvait parfait, même s’il faudrait sans doute lui arracher la langue pour qu’elle l’avoue, elle s’occupait des mèches qui venaient la gêner, en les remettant délicatement derrière les oreilles de la Reynolds, elle s’appliquait pour que tout soit parfait, comme un petit plaisir personnel, comme si c’était là sa récompense. La fameuse récompense. Roni n’avait plus besoin de la surprendre, Harper avait ce qu’elle voulait. L’occasion de déguster la moindre présence, le moindre rapprochement entre elles deux. Un rapprochement qu’elle voulait toujours plus fort, sans réussir à l’accepter. Tout aurait pourtant meilleure allure, si elle se montrait toujours telle qu’elle, devant sa camarade, sa seule amie. Mais elle ne pouvait pas. Bien trop de mal en son petit cœur de poupée, de princesse, pour laisser à nouveau quelqu’un s’approcher ainsi d’elle. Et si son masque semblait parfait, parfois, il craquelait. Et là, Roni pouvait alors voir avec quelle attention elle s’occupait d’elle, pouvait alors voir ce qui se cachait réellement sous cette carapace de monstre ailé. Et alors qu’elle tentait de sauver les apparences, paroles lancées à son encontre pour tenter de justifier son comportement, elle fut surprise par la réaction de Roni. Curieuse, elle ne parla pas. Attendant de savoir tout ce que la jeune femme avait à lui dire. Presque trop impatiente de l’entendre parler. Espérant qu’elle lui lance encore quelques piques pour qu’elle puisse s’échapper. Espérant qu’elle lui dise quelque chose de gentil, pour pouvoir espérer. Deux aspects si difficiles à contrôler, et un sourire malicieux en entendant la suite. Cette provocation. Elle adorait. Elle se sentait presque revivre, son cœur battait la chamade, alors qu’elle soufflait doucement Je suis douée dans plein de domaines… Et lorsque tu ne l’es pas, je dois bien venir à ton secours… et un silence. Un silence de plomb, alors qu’elle se rendait compte qu’elle n’avait pas réellement répondu à la provocation, mais qu’elle venait de s’adoucir devant elle. Merde. Répartie, Harper. Répartie, qu’elle devait retrouver. Et tu me connais enfin. Des talents, j’en ai par milliers. Mais cachés ? Pourquoi devrais-je les cacher ? mieux. Bien mieux. Mais alors qu’elle rapprochait un peu plus son visage d’elle, pour essuyer la crème qui s’était nichée sur ses lèvres, son cœur rata un battement. En fait… il y en a peut-être… peut-être un… fail. Elle ne voulait pas parler, c’était une pensée. Une pensée prononcée dans un murmure, alors que ses yeux se perdaient sur ces lèvres qu’elle nettoyait. Ces lèvres qu’elle ne pouvait plus quitter du regard. Douces, si fines, fragiles. Elle pouvait le sentir sous son pouce, qui terminait son affaire. Elle pouvait sentir le souffle de Roni contre son visage. Elle pouvait sentir sa respiration. Et la harpie disparaissait, incapable de soutenir cet élan de sensations fortes qui la traversait. Harper redevenait Harper, rêveuse, et douce. La carapace effritée, il n’y avait plus rien qui l’empêchait d’exaucer un rêve. Et ses lippes attirées vinrent s’écraser contre celles de Veronica. Et putain de merde ! Il ne lui fallut qu’une seconde pour se rendre compte de son erreur. Un visage cramoisi, et un recul rapide, une tentative vaine de se reprendre, de tirer sur la laisse du monstre pour le faire revenir. Je… respiration saccadée. Rouge comme une tomate. Elle n’avait plus qu’une corde à son arc. T… T’as de la chance, Roni… t’as pu… goûter à… aux plus belles lèvres de… du lycée. Tu devrais te sentir honorée… mon seul talent bien caché. J’embrasse comme une déesse ! son cœur était affolé. Elle n’allait pas s’en sortir ainsi, c’était trop facile. Elle le savait. Roni l’avait forcément vu. L’avait forcément ressenti, durant ce court baiser. Devant cette gêne apparente. La harpie n’était qu’à moitié présente. Et Harper était en train de sombrer. Cette honte qui lui crevait le cœur. C’était horrible. Elle venait de refiler toutes les cartes à Roni. Et cette dernière n’allait sans doute pas tarder à s’amuser de ce qu’il venait de se passer. Parce que tel était leur jeu, telle était leur relation. Si seulement elle était plus que cela…
" je suis douée dans plein de domaines… et lorsque tu ne l’es pas, je dois bien venir à ton secours… " je suis étonnée de cette réaction qu'elle a. venir à mon secours, ce n'est pas dans ses habitudes. surtout qu'il n'y a pas ce sarcasme que je lui connais. c'est étrange oui. étrange et déconcertant. pourtant cette version d'elle est intéressante. reposante même. très reposante. malgré cette proximité, son corps collé au mien et cet espace vital bafoué. " et tu me connais enfin. des talents, j’en ai par milliers. mais cachés ? pourquoi devrais-je les cacher ? " elle se rapproche encore de moi et je suis coincée. coincée mais pas pour autant mal à l'aise. je ne sais pas, c'est bizarre. je hausse les épaules. je ne sais pas où elle veut en venir. je ne sais même pas si elle même le sait. " en fait… il y en a peut-être… peut-être un… " j'ai l'impression qu'elle fait un pas en avant, un en arrière. elle semble vaciller alors que quelques secondes auparavant elle passait encore ses doigts au coin de mes lèvres. surement un peu de crème mal étalée. elle a un léger côté obsessionnel peut être. voilà son talent caché ? j'en sais toujours foutrement rien. non, rien jusqu'à ce qu'elle réduise encore cet espace entre nous. qu'elle s'approche, qu'elle se colle un peu plus, que son regard reste flanqué sur mes lèvres qu'elle s'obstine à essuyer. y'a quelque chose dans ses yeux qui semble avoir changé. je reconnais la harper que j'ai connu l'été dernier lorsque j'étais chez elle planquée dans le garage. et pas la harpie qu'elle s'obstine à être avec moi. perdue et pourtant je ne peux faire le moindre mouvement lorsque ses lèvres viennent se poser sur les miennes. ça ne dure pas bien longtemps mais suffisamment pour que je me rende compte qu'elle s'est éloignée. elle semble totalement effrayée parce qu'il vient de se passer. pourtant c'est elle qui a initié le baiser, j'ai rien fait de mon côté. je... t… t’as de la chance, roni… t’as pu… goûter à… aux plus belles lèvres de… du lycée. tu devrais te sentir honorée… mon seul talent bien caché. j’embrasse comme une déesse ! " si je n'étais pas aussi perturbée parce qu'il venait de se passer, je crois que j'éclaterai bien de rire. et je n'en fais rien. je me contente de la laisser s'éloigner. " si tu veux bien sortir maintenant, j'aimerai m'habiller madame la déesse du baiser. " je crois que j'ai juste besoin de rester seule un instant pour analyser ce qu'il vient de se passer. alors j'attends qu'elle sorte de la pour fermer la porte et souffler tout l'air que j'ai pu garder enfermé jusqu'à présent. juste laisser sortir cette chose étrange qui vient de se passer.
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Lun 18 Mar - 1:36