One night stand(s) ft. Jinyeong Seong

« Salut vieux ? Ça roule ? » demanda Tao en s’asseyant à côté de son meilleur ami.

Ce dernier lui sourit tout simplement, faisant doucement glisser le verre qu’il lui avait commandé vers lui. Il n’était pas sur la terrasse, ce qui le surprit un peu. Fumeur comme il était, il ne pouvait se retenir d’être entouré par cette perpétuelle intoxication qu’il adorait tant. Mais la raison fut plutôt simple à comprendre : il faisait froid. Et malgré l’air de corbeau de Seo, ce dernier n’appréciait pas particulièrement passé du temps dans la morsure du vent. Ce qui était complètement compréhensible. Et même très respecté par Tao qui, lui non plus, n’aimait pas se transformer en bonhomme de neige juste pour se fumer une clope. Il était peut-être à Los Angeles, la ville où il fait toujours une chaleur à mourir, là, on ne pouvait pas dire qu’il faisait la canicule. L’hiver arrivait et tout le monde le sentait bien. Mais heureusement, la cote offrait toujours ce petit air de soleil qui réchauffait un peu. C’était déjà ça de prit !

Ils se mirent à parler, d’un peu de tout et de rien. Seojoon ne s’excusa même pas en apprenant qu’il l’avait sorti d’un travail important à rendre, tandis que Tao lui fit une réflexion adorable sur le fait que son parfum sentait à des kilomètres. Bref. Des meilleurs amis. Ce n’était pas banal qu’ils se lancent des remarques ainsi. Même s’il arrivait que la plupart du temps, ils se taisent et fument ou boivent tranquillement plutôt que de converser comme des personnages ordinaires. A l’époque du lycée, ils étaient le plus souvent coincé dans un silence sans pression, l’un dans un bouquin, l’autre en train de se rouler un joint. La meilleure équipe qu’on est jamais croisé. Et puis, ils pouvaient aussi faire comme tout le monde. C’est-à-dire, se parler comme s’ils étaient deux adorables comparses qui se connaissaient depuis la maternelle. Ce qui, de un, était complètement faux. Et de deux, les faisait bien rire. Eux ? Ouais, ils étaient peut-être liés par de profonds liens de meilleurs potes à meilleurs potes. Mais de là à se jeter sous les roues d’un train pour le sauver. Enfin… Seojoon irait sous les roues d’un train pour s’amuser lui. La dream team, je vous dis.

L’arrivée inopportune de deux des anciennes camarades de classe de Tao interrompit leur conversation. Ravies de le revoir après tout ce temps, elles commencèrent à lui taper la discute, avant de carrément s’installer à la table pour pouvoir terminer la soirée en sa compagnie. L’autre garçon, pas le moins du monde gêné, prenait un malin plaisir à se rajouter dans les histoires, voulant connaître potins sur potins de ce qui couraient encore sur son meilleur ami. Certaines étaient, il faut l’avouer, assez drôles. Mais ce n’était que des rumeurs d’université. Pas vraiment de quoi en faire tout un plat. Celle sur sa bisexualité n’avait jamais été réfutée. Et ce n’était pas vraiment une rumeur. Plus comme une vérité complètement assumé. Mais dans sa branche d’étude, ce n’était pas rare de tomber sur des membres de la communauté lbgt+. Et puis même, au sens global du terme, ce n’était plus vraiment tabou dans cette ville, de coucher avec quelqu’un du même sexe ou genre que toi. Los Angeles avait ce point d’être une ville ouverte d’esprit. Pour la plupart de ses habitants. Il y avait des connards partout après tout.

En parlant de connards, un groupe d’individus commençait à taper sur le système du sino-canadien. Mais bordel, qu’est-ce qu’ils avaient à crier comme des vaches, sérieux ? Pire que son petit frère qui ne faisait pas encore ses nuits. Les regardant avec un œil noir, il eut une lumière d’espoir en voyant le serveur arriver vers eux pour leur demander de se calmer un peu. Ce à quoi il se fit, plutôt violemment du point de vu du dessinateur, moquer et rabrouer par les hommes. Car oui, il s’agissait principalement d’hommes. Au vu de leurs belles tenues et de leur peau parfaite, ils devaient être de ses gosses de riches qui adorent foutre la merde pour un rien. Sourire Colgate et cheveux l’Oréal. La totale de la totale. Tao les observa de loin, les trouvant bien mignon quand même. Quoi que chiants à souhait. Complètement son style de mec. Mais genre, vraiment pile dans le mile quoi. Secoua la tête en fermant les yeux, il se concentra sur ce qu’il se racontait. Il n’était pas venu pour ramener quelqu’un dans son lit. Il n’était pas venu pour flasher sur des cons en jolies vestes. Il était tout d’abord là pour profiter un peu de la chaleur des relations sociales. Oui… Relations sociales. Oui, oui. Et pas le joli garçon au sourire éclatant et à la voix aigue qui s’exclame toutes les trente secondes. Non, non. Pas pour lui. Ce même joli garçon dont le profil est si parfait qu’on en dirait un dessin. Pas lui, ni son corps fin et musclé, ni ses yeux et cette paupière légèrement tombante. Non. Absolument pas.

Au bout d’un moment, il en eut marre. Seojoon siffla de son courage, ce à quoi il eut droit à un geste explicite avant que Tao ne se dirige vers la table des enquiquineurs de premières. Depuis qu’il avait changé au lycée, plus rien n’était pareille. Sa confiance en lui n’avait fait que grimper, son charisme, sa prestance. On ne pouvait pas dire qu’il n’était pas bel homme non plus. Et même face à ses mectons en Rolex, il avait de quoi se venter. Sauf un ou deux peut-être. Mais passons. Arrivant devant leur table, il se posa, les mains dans les poches, totalement décontracté. Elevant à peine la voix, il leur lança, légèrement irrité :

« Bon les gars, on sait que vous êtes là. Pas besoin de faire autant de bruit, ajouta-t-il avec un petit sourire. Baissez le son, s’il-vous-plait. »

On ne pouvait pas dire qu’il n’avait pas essayé d’être gentil. Il ne les avait pas insulté, même pas mis le couteau sous la gorge en leur parlant des flics ou autre. Ce qu’il aurait pu totalement faire. Il s’en foutait si ses mecs étaient des fils de haut pdg d’entreprises ou de je ne sais quoi. Lui, il voulait juste boire un verre tranquille avec ses potes et pas se faire emmerder par un groupe de jeunes qui cherchent de l’attention. Ce n’est pas en venant harceler un serveur et casser des verres qu’ils vont pouvoir se convaincre qu’ils valent plus qu’un sac de billets posés sur la table. Alors ouais, Tao avait été gentil. Pour une fois. Mais s’il persistait, il ne le serait plus du tout. Parce qu’il n’était pas le seul à bien avoir compris leur manège de gamins pourris gâtés. Même s’il était le seul à s’être levé. C’était un bar de repos. S’ils voulaient aller se déchaîner, qu’ils aillent en concert. Ce serait un peu plus productif. Restant devant leur table, il attendait une quelconque réaction. Et, étrangement, pour son plus grand plaisir, elle ne tarda pas.

Tout le monde riait, s'amusait et buvait de plein cœur sans s'arrêter. Les jambes croisées sous la table, il écoutait les conversations sans les interrompre. La journée avait été plutôt dure à encaisser pour lui. Il avait dû passer la journée au conservatoire sans s'arrêter de s'entraîner pour l'un des concerts qui allait arriver dans une bonne semaine déjà. Il se sentait prêt, comme toujours, mais son professeur le trouvait toujours trop inexpressif dans ses morceaux. pourtant, il ne faisait que cela d'y mettre ses sentiments. M'enfin. De toute manière, il avait toujours un truc à lui redire de toute manière. Alors oui, il avait accepté de passer la soirée avec ses quelques amis dans un bar. Sans même comprendre comment ils en étaient arrivés là, cela faisait au moins déjà la quatrième fois qu'ils firent remplir leurs verres. Lui, Jinyeong avait préféré partir sur du whisky. La base. Mais bon, vu le nombre de verre qu'il allait s'enfiler, tant pis. Il n'avait clairement pas la tête à cela. Rigolant alors de pleins cœur au blague de l'un de ses camarades, il reprit une gorgée, avant de pencher un peu la tête en arrière, les joues rouges. Quelques regards peu discrets se posaient sur eux, sans que cela ne les empêche de continuer leur petite soirée.

Rien n'aurait pu les empêché de se défouler tous ensemble dans cet endroit. Réellement. Tout était si stressant, si empli de règles et de choses à faire. Non, ici, ils pouvaient enfin faire tous ce qu'il voulait. Sans qu'on puisse leur donner d'ordre quelconque. Alors oui, ils pouvaient passer tous les quatre pour les plus gros enfoirés sur terre qu'il pouvait exister. Qu'importe. L'avis des autres, il s'en fichait personnellement. C'était ses parents qui le forçaient à tout, et Jinyeong, lui, s'en fichait royalement. De toute manière, il n’avait pas son mot à dire. Son regard se perdit sur l'une des tables derrière lui, deux jeunes hommes qui avaient l'air de bien s'entendre. Il était envieux. Oui, très. Ils étaient libres. Une voix le ramena rapidement à la réalité, le faisant presque tomber en arrière, sous les rires amicaux de ses trois amis. Non mais fallait le voir, le blond, à être un peu perdu. C'était rare, et très enrichissant à observer. Une idée assez perchée leur vint à l'esprit.

"Ça vous dit qu'on se fasse un petit jeu ? Geeeenre~ Un action ou vérité, mais qu'avec des vérités ? Et en gage~ On se tape des shots !" proposa alors l'un d'entre eux.

Quelle mauvaise idée, pensa le blond, mais bon, si cela leur faisait plaisir. Alors le jeu commença, et cela se finissait plutôt en je fais exprès de ne pas répondre pour boire. Le musicien n'était pas adepte de ce genre de jeu, alors il enchaînait les shots, sans broncher.  Cela lui monta vite à la tête, et au bout d'une bonne demie-heure, il partait déjà complètement à l'ouest. Sa main passait à travers ses cheveux, les ébouriffant doucement. Tout passait si lentement. Leurs voix se faisaient plus fortes et bruyantes, mais ils continuaient d'ignorer les autres clients. Quelques verres tombèrent de part leurs gestes brusques, et ils commençaient à causer des petits problèmes au serveur, qui était littéralement débordé par leurs commandes. Et puis quoi encore, c'était son boulot, et il était payé pour cela. Le groupe avait fini par abandonné le jeu pour commencer à critiquer et à rire sur tout ce qu'il se passait dans leur petites vie, leurs mains frappant parfois la table tellement ils se montraient expressifs. Soudain, une présence à ses côtés les fit se taire d'un coup. Les yeux du blond se rivèrent alors sur la face du jeune intrépide qui avait osé les interrompre. Mais qu'est-ce qu'il leur voulait celui là ? Ne voyait-il pas qu'ils étaient occupés ? Quel manque de politesse. Leurs regards se faisaient jugeurs. Penchant un peu la tête, Jinyeong le fixait, haussant un sourcil. Baisser le son ? Encore un qui croyait pouvoir leur filer des ordres. Mais lui, il n'était pas là pour cela. Alors non. Il continuerai de se faire entendre.

"Et si on veut pas gamin ? Qu'est-ce que tu vas nous faire ? Hmm ? Nous mettre dehors peut-être ?" qu'il lui dit alors ironiquement, et sur un ton joueur.

Il s'en fichait complètement de son avis. Foutez leur la paix pour une fois. Le plus jeune n'avait pas l'air d'apprécier son petit ton condescendant. Et il y avait de quoi. Il était à moitié bourré, alors ses manières, il les avait laissées dans son sac. Rigolant un peu en le voyant s'agiter, il ne comprenait pas un traître mot de ce qu'il lui racontait. A part en voyant son petit sourire espiègle au visage. Se levant alors doucement en poussant sur ses pieds, il pencha la tête, souriant en coin.

"Tu sais qui on est au moins ? Tu crois vraiment pouvoir nous faire sortir comme tu le veux mouflet ?" rigola-t-il doucement.

Il était sans doute le plus violent de la bande quand il s'y mettait réellement. Mais saoul comme il était, il arrivait à peine à voir le beau visage qui se trouvait en face de lui. Souriant en coin, il le défia du regard, complètement hors contrôle de ses actions. En temps normal, il aurait sans doute réglé ça à l’amiable. Mais c’était trop tard, et les idées débordaient de sa tête. S’avançant encore vers lui, il s’arrêta juste en face de lui. Ses doigts se posèrent sous son menton pour lui relever légèrement le visage. Non, vraiment, les gens devaient arrêter de les déranger comme cela. Le regard de ses amis se faisaient assez moqueurs, tandis que la salle les contemplait, eux et leur petite scène.

« Allez~ Je suis tout à toi jeune homme. Essaie un peu pour voir. » qu’il lui dit en le regardant dans les yeux.

Et sans plus attendre, le plus jeune le saisit par le col de sa chemise, le laissant alors complètement étonné. L’entraînant dehors sous les rires de ses amis, il fixait l’inconnu complètement perdu. Qu’allait-Il lui faire ?  Lui en mettre une sûrement. Voyant flou, ses mains se posèrent alors sur la taille du sois-disant gamin. Se rapprochant peu à peu de lui, il le trouvait bien courageux, d’oser s’en prendre à un fils de riches comme lui. Il aurait pu lui faire vivre un enfer. Un seul message, un seul appel, et sa vie aurait pu être ruinée complètement. Son visage était flou, ce qui le faisait se rapprocher encore plus de celui-ci. Ses traits apparaissaient un peu mieux, se dessinant alors pratiquement en entier. Les mots que lui balançaient l’asiatique lui passait complètement par dessus la tête. Il s’en fichait. Il n’avait pas à lui faire la morale. Mais qu’il se taise une bonne fois pour toute, pitié. Quel pipelette celui-là.

« Tu parles beaucoup trop à mon goût gamin, » qu’il lui dit alors.

Et d’un mouvement rapide, ses lèvres se collèrent aux siennes, tirant légèrement sur son haut pour le rapprocher de lui. C’était beaucoup mieux. Tout silencieux. Bien. Il allait lui apprendre à se taire à celui la. Ses lèvres se mouvaient sensuellement contre les siennes, sans se rendre compte de la connerie qu’il était en train de réaliser. Et il ne s’arrêtait pas, même si ses amis s’étaient mis à la fenêtre pour les observer. Non. C’était beaucoup trop agréable. Il n’avait jamais embrassé d’homme. Une interdiction à ne pas enfreindre. Un péché. Un crime. Si sa famille l’apprenait, il était bon pour se faire séquestrer jusqu’à son mariage. Mais il s’en fichait. Cette douceur brûlante le rendait fou. Il ne les aurait quittées pour rien au monde en ce moment même, les lèvres du plus jeune. Un homme. Ses mains le retenaient contre lui sans le relâcher. A voir comment celui-ci réagirait. Plus rien ne comptait dans cette rue froide et glaciale qu'était la nuit. Plus rien ne le préoccupait. Non. Si seulement il savait combien il jouait gros, en l'embrassant sous une pulsion alcoolisée. Si seulement.

Ce fut le beau mec qui lui répondit. Celui qu’il avait vu au milieu des autres. Il aurait pu se sentir honoré d’avoir son attention. Après tout, c’était pour ce genre de garçons qu’il craquait complètement. Seulement, ce qu’il lui dit le fit tiquer. Déjà, Tao est loin d’être un gamin. Il avait peut-être une gueule de bambin, il n’en restait pas moins un jeune homme de vingt-cinq ans. Quoi qu’on lui dise, il avait sans doute plus d’expérience de la vraie vie que ce bobo au teint clair. Le Zhang était totalement capable de les foutre dehors sans état d’âme même s’il n’était pas le propriétaire. Alors il soutint le regard de l’autre. Sa deuxième main rejoignit sa poche. Le nerf de sa paupière commençait à palpiter. Pour lui taper sur le système, il lui tapait sur le système. Et puis ses potes là, avec leurs airs goguenards, lui donnaient envie de les coller son poing dans leur nez si droits.

« Ouais. Complètement, répondit Tao, très sérieux. Vous gênez tout le monde ici. »

Il essayait de se calmer. Même s’il se rendait bien compte que l’autre ne comprenait absolument pas ce qu’il lui racontait. Ce qui en temps normal l’aurait plutôt beaucoup énervé. De cet énervement de frustration que tout le monde devait avoir plus ou moins vécue. Pourtant, il laissa couler ce manque probant de respect à son égard. Ils avaient fait ce même effet à toutes les personnes qui se trouvaient dans le bar. Tao savait très bien que Seo, de loin, le regardait faire son petit spectacle. Le délire « mal dominant » n’était absolument pas ce que le sino-canadien cherchait à faire. Lui, il voulait juste passer une bonne soirée agréable avec son meilleur ami et deux de ses anciennes camarades de fac. Pas à jouer les cadors devant des richards sans manières qui pouvaient faire soupirer de dépit la terre entière.

En le voyant se lever, il comprit que cela n’allait pas se terminer aussi rapidement qu’il le pensait. Il constata sans grand étonnement que le bel inconnu était plus grand que lui. De pas beaucoup. Mais assez pour le faire lever les yeux. Tao avait pile ses lèvres en ligne de tire. Un plaisir. Sa phrase le fit sourire. Non, il ne savait pas qui ils pouvaient être. Et il n’avait aucune envie de le savoir. Et oui, il allait les faire sortir de cet endroit. Parce que s’il ne le faisait pas, il se tapait la honte en plus d’avoir flashé pour la voix si particulière de l’homme. Ses doigts sur son menton l’étonnèrent. Alors comme ça, il voulait être tactile ? Et bien, ils allaient être tactiles. Lui coller une baigne lui ferait trop de mal. Un si beau visage ne mérite pas cela. Mais la personne à qui il appartenait, oui.

« Je m’en contre fou, de qui tu es. Vous êtes juste chiants, tes potes et toi. »

Le défi qu’il lui lança le fit soudainement bouillir. Sans même attendre qu’il termine sa phrase ou sa pensée, Tao se saisit du col de chemise si bien repassée du garçon  pour le traîner dehors. Il ignora les amis de ce dernier qui recommencèrent à gueuler. Il ignora le regard de Seojoon sur son action. Le jeune homme l’avait provoqué ouvertement. Et il n’allait pas laisse passer cet affront. En un sens, cela l’amusait. Mais de l’autre, cela le faisait bien chier aussi. Parce que merde quoi ! Il ne pouvait jamais être tranquille dans cette vie. Sortant en trombe du bar, il sentit à peine les mains de l’individu sur lui. Pas qu’il s’en moquait. Au contraire. Mais son cerveau était trop prit dans la spirale de sa colère et de son envie très prenante de balancer un mec qui vaut des millions dans le caniveau. Ce qu’il n’allait pas faire. Car, lui, au moins, avait des principes.

Se retrouvant sur le trottoir devant l’établissement, Tao relâcha le jeune homme saoul. Il avait dû mal à garder ses émotions contenues dans en lui. Il avait voulu être gentil, juste pour qu’ils baissent légèrement leur décibel en trop. Et il se trouvait à devoir faire la morale à un petit con qui semblait prendre du plaisir à lui foutre en l’air son moment de détente. Tao n’avait pas quitté le boulot qu’il devait faire – abandonner en bête crevée sur son lit d’ailleurs – pour finir dans cette situation. S’il avait su, il ne serait pas venu, comme on dit si bien. Et pourtant, il était bien là, à tenter de contenir les reflux de colère, de frustration et surtout, surtout, de cette petite pointe d’attirance qu’il avait pour la personne en face de lui. Parce que oui, il sentait que l’autre rentrait parfaitement dans son model type. Exactement la personne qu’il ne pourra jamais avoir dans son lit ou même dans sa vie à long terme. Au bout d’un moment, il s’y était habitué, à ce genre de sentiments. Mais là, la colère dominait largement.

« Non mais sérieux ! Vous vous croyez où là ?! s’exclama-t-il alors. On est pas dans un hôtel privé aux Bahamas okay ?! Le monde ne tourne pas autour de votre poire et tu n’as aucun droit à faire tout ça avec tes soi-disant amis ! Et puis le serveur aussi, il… »

Tao fut coupé dans son élan par les lèvres de l’autre. Son cerveau s’arrêta brusquement, tandis que son cœur cru s’éteindre d’un coup. Son ventre se mit à chauffer brusquement. Tellement qu’il en eu presque mal. Qu’est-ce qu’il était en train de se passer ? Les yeux grands ouverts, il regardait le visage si angélique de l’autre jeune homme – dont il ignorait complètement l’identité – tout proche du sien. Mais qu’est-ce que… ? Et il bouge les lèvres en plus ?! C’était dingue, inimaginable. Qui avait jamais vécu ce genre de chose une fois dans sa vie ? Hé bien, pour Tao, c’est la première fois, qu’un mec pour qui son cœur palpite un peu, l’embrasse fougueusement sur un trottoir de Little Tokyo, complètement alcoolisé. D’ailleurs, ce paramètre de la boisson devait être la cause de tout ce remue-ménage. Mais le plus jeune ne comprenait rien. Dans le bon sens du terme. Ou le mauvais. Il ne savait même plus.

Oh et puis merde ! Ses doigts glissèrent plus délicatement sur les joues de l’autre alors que sa bouche se joignait à la danse. Ce mec avait encore un peu à apprendre pour ce qui était du French Kiss. Mais il était plus que prometteur, il n’y a aucun doute. Son corps se rapprocha du sien, comme aimanter. Il en oublia un cours instant ce pour quoi il était là, de comment ils en avaient terminé à se rouler une pelle. Et puis, c’était agréable en réalité. Un peu comme s’il retrouvait les sensations oubliés d’une époque révolu. Celle où il s’amusait à poursuivre fille et garçon. Celle où il adorait lorsqu’elles ou ils tombaient dans ses bras sans même qu’il ne le demande. Les belles années du Tao qui s’était amusé de sa nouvelle popularité. Il revivait un peu de tout ça. En bien plus ardent bien sûr. On ne fait pas les mêmes effets à dix-sept et à vingt-cinq ans. Ce n’est pas la même chose. Ce ne sont plus les mêmes pulsions. Même si, elles en restent très similaires. Après encore un petit moment de partage, il finit par lui lâcher les lèvres, se reculant de lui légèrement pour reprendre de l’air. Un sourire naquit sur ses lèvres, créant ses fossettes prodigieuses.

« Okay… Et je peux au moins connaître ton nom, Don Juan ? » se moqua-t-il légèrement, voulant savoir à qui appartenait ses si jolies lèvres.

Et sans s'arrêter, les yeux fermer, il ne quitte pas ses lèvres, les laissant danser contre les siennes plus ou moins intensément. Sans s'arrêter, tout s'approfondissait, sans vraiment comprendre la logique de la la chose. Il n'avait jamais embrassé quelqu'un aussi passionnément qu'en cet instant, aussi désespérément. L'alcool sûrement. et de toute façon, qu'est-ce que cela pouvait bien faire. Le plus jeune avait l'air d'apprécier tout autant que lui, alors il ne s'arrêterait pas. Non. Tout simplement que pour une fois, c'est lui qui décidait. Il n'avait personne pour le contrôler, personne pour lui dire quoi faire. Ce serait mentir si il n'avait pas en tête le fait de désobéir aux ordres comme une sorte de challenge. Mélangé à cela, il y avait autre chose. Oui. Autre chose de bien plus fort qu'une idée de rébellion. Un autre sentiment qui le rendait étrangement heureux. Frissonnant alors en sentant son partenaire lui rendre son baiser, il le laisse faire, le regardant alors se séparer de lui pour se reculer. Sauf que non, lui voulait resté collé contre lui. De toute manière, il tenait à peine debout, et cela se voyait clairement. Bougeant un peu les pieds, il se rapprocha doucement pour passer ses bras autour de son cou, souriant légèrement en plissant des yeux.

"Un nom ? Ça servirait vraiment ? Seong. Seong Jinyeong~" qu'il dit alors en rigolant légèrement.

Un nom bien célèbre dans l'industrie de l'informatique. Et pourtant, il ne s'était pas préoccupé de savoir si oui ou non la personne en face de lui était fiable ou non. Il n'en avait plus rien à faire dans l'état actuel des choses. Reculant légèrement en le gardant contre lui, il vint s'adosser à un mur, se mordillant un peu la lèvre avant de déposer de légers baisers sur son visage, pour glisser de nouveau ses lèvres sur les siennes. Doucement, tout doucement, il vient les mouvoir contre les siennes sans réfléchir avant de le relâcher cette fois-ci pour le regarder dans les yeux, gardant son visage proche du sien. Que dire à part que ce qu'il faisait n'avait aucun sens dans sa tête. Tout se bousculait au simple toucher de ses lèvres. Il se sentait libre, et à la fois tout chose à un simple baiser. Il avait déjà embrasser des personnes, mais jamais un homme. Et...C'était particulier. Ça n'avait rien de dangereux comme on avait pu lui dire. Rien de grave n'était arrivé. Il ne comprit pas sur le coup tout ce qu'on lui avait dit. Non. Il comptait bien écouter ce qu'il voulait en ce moment même. Et ce qu'il voulait ? L'embrasser. Il voulait se souvenir de cet inconnu. Le garder gravé sur ses lèvres immaculées. Un léger sourire aux lèvres, il vint effleurer les siennes doucement, dans un léger soupir.

"Et..toi ? J'imagine que tu as un petit nom ? Non ?" lui demanda-t-il doucement.

Sa tête tournait légèrement, le voyant voir légèrement trouble. C'est bien pour cela qu'il se mettait si proche de son visage. Pour le voir en plus clair, voir ces si belles fossettes qui le firent légèrement rougir. Lui aussi, voulait apprendre à sourire comme cela. Lui aussi, voulait une vie banale, sans règle à respecter. Le blond voulait juste avoir le droit de respirer. C'était tout. Rigolant légèrement pour rien, il posa son front sur l'épaule du noiraud, frissonnant légèrement. Ses doigts se resserrèrent sur son haut, avant de doucement soupirer, et de revenir relever sa tête pour embrasser délicatement ses commissures. Plantant une nouvelle fois son regard dans le siens, il pencha légèrement la tête.

"Et...Tu comptes me faire passer la nuit contre ce mur ?, lui demanda-t-il, un regard assez joueur avant de reprendre, ou alors tu comptes me raccompagner comme un gentil petit garçon ?" continua-t-il en effleurant ses lèvres.

En réalité, il ne voulait pas rentrer chez lui. De un, parce qu'il ne connaissait pas le chemin et qu'il était beaucoup trop bourré pour se souvenir de l'adresse exacte. De deux, parce qu'il voulait garder toute l'attention que lui portait cette homme désirable plus qu'autre chose. Il aimait ces mains si chaleureuses sur lui, ce sentiment d'être le centre de son attention en ce moment même. Il ne le connaissait pas, mais il s'en fichait. Il venait de lui offrir plus que ce qu'il n'avait pu avoir en vingt-six ans de vie enfermé dans cette tour. Et même si, quand il se réveillerait et reprendrait ses esprit il s'insulterait intérieurement et que le monde se retournerait contre lui, il aurait au moins su que ce que cela faisait d’embrasser un homme, qui lui était étranger. Tout lui semblait si correcte en cet instant présent. Tout. Cette envie débordante d’affection, il voulait rester contre lui, le faire garder ses yeux rivés sur lui. Lui seul. Et il avait été fier de son petit effet sur le plus jeune. Vraiment. Comment le rater ? Collant légèrement son torse et son bassin contre lui, il se décolla du mur.

«  Emmène moi avec toi gamin~ » murmura-t-il alors.

Il comptait bien continuer de l’appeler comme cela pour le chercher. Ce n’était pas drôle sinon. De toute manière il avait toujours été inaccessible pour tout le monde, avec cette engagement à la noix qu’il n’avait pas souhaité. Être fiancé à une fille qui lui était pratiquement inconnue sauf pour ses mérites et son visage ne l’enchantait pas plus que cela. Mais que pouvait-il y faire ? Il ne comptait pas rétorquer. De toute manière, il n’avait jamais eu son mot à dire. Sa vie n’avait jamais été la sienne. Alors oui, ses mots pouvaient sembler légèrement désespérés en soi, mais cela ne le dérangeait pas, et il se demandait comment réagirait le plus vieux en l'entendant. Peut-être que lui, le verrait comme une personne et non comme ce gamin de riche qui aimait emmerdait tout le monde et qui gagnait pleins de sous. Il l’espérait, parce que tout le monde le voyait ainsi. Même ses amis, bien que personne ne l'avouait directement. Ils n'étaient pas vraiment solidaires. Au moindre problème, ils pouvaient tous se lâcher pour rejeter la faute sur l'autre, ou mettre l'un d'entre eux dans l'embarras. Et c'était sûrement ce qui allait arriver, au vu des visages collés et complètement collés à la vitre du bar. Le violoncelliste préférait les éviter. Ne pas les regarder. De toute manière, il ne voyait pas la différence entre ce qui était censé et ce qui ne l'était pas. Pour lui, tout lui semblait illogique mais tellement désirable. Le plaisir le faisait succomber. Ses pulsions l'empêchaient de réagir correctement. Désespérément en manque d'attention. C'était ce que l'on pouvait dire. Alors oui, il se laisserait emporter par cet inconnu, car rien ne pouvait plus l'en empêcher en ce moment même.

Jinyeong Seong donc. C’était joli. Tout comme ce visage d’ailleurs. Finement ciselé, donnant tout ce côté aguicheur à de ses yeux émoustillés par la boisson. Penchant légèrement la tête en l’observant, il ne put se retenir de redessiner des yeux la silhouette de sa pommette haute, de sa joue légèrement creuser, de son nez droit amenant à ses lèvres fines et brillantes. Il fallait bien le dire : son prénom allait avec sa gueule. Et même s’il pouvait sembler insupportable à entendre, sa voix était bien de lui être désagréable. Toute en douceur, elle avait un timbre particulier, intéressant, qui rendait tout son charme encore plus exubérant. C’était comme se faire percuter par un camion de démolition avec la tête du Seong dessus. On n’était pas déçu et on en redemandait encore. Mais c’était tout de même très violent. Il ne devait même pas se rendre compte d’à quel point il était beau. Ou alors, ne s’en rendait-il compte que trop bien. Cette révélation fit encore plus d’effet à Tao. Il adorait les garçons qui savaient user de leurs charmes. Il avait toujours trouvé cela plus attirant que ceux qui se laissent faire en faisant mine de n’avoir rien demandé. Ceux-là, il les trouvait particulièrement ennuyeux. Et Jinyeong en face de lui ne l’était pas du tout.

Il se laissa complètement ébranler par lui, bringuebaler jusqu’à ce mur qu’ils percutèrent. De nouveau, il sentit ses lèvres sur son visage, puis sur ses lèvres. Ses mains glissèrent sur ses hanches avec tendresses, le resserrant légèrement contre lui alors qu’ils s’embrassaient encore, pour le plus grand plaisir de Tao. S’il ne pouvait même plus profiter de ce qu’on lui offrait, à quoi bon ? Ce n’était sans doute pas conseillé de profiter ainsi d’une personne qui n’était pas totalement maître de ses moyens. Il aurait même dû lui dire stop et le repousser gentiment en lui expliquant que « non, ce n’est pas parce qu’il embrasse très bien qu’il va laisser passer ce qu’il va laisser passer l’accident ». Pourtant, il est bien partit pour. Rien que le tendre contact de leurs lèvres le rendaient tout faible. Ce Jinyeong était complètement son style de mec. Et s’il devait le laisser s’échapper ce soir, il s’en mordait les doigts demain. Il le savait parfaitement. Alors, il osait faire quelque chose d’un peu hors limite.

Lorsqu’ils se détachèrent encore une fois, le petit instant de flottement de leurs cœurs rendit Tao complètement accro à lui. Il ne savait pas ce qu’il allait se passer dans quelques minutes, s’ils allaient terminer à faire bien plus ou à juste retourner gentiment à la réalité. Mais il voulait que ce petit éclat entre eux se perpétue un peu. Encore un petit instant. Cela n’avait pas de sens de désirer que quelqu’un reste aussi longtemps contre soi. Surtout s’il s’agissait d’un parfait inconnu dont seul le prénom et le nom sont connus. D’ailleurs, il lui avait demandé s’il le connaissait. Mais non. Son patronyme ne lui disait absolument rien. Et encore pire, il ne savait même pas en quel honneur il aurait pu le connaitre. Tao, à part ses artistes d’un autre temps et ceux qui constellent les murs de la ville, n’avait qu’une connaissance très limiter des stars du monde. Si cela se trouvait, il avait entre les mains l’un des poulains d’un grand producteur de cinéma. Ou alors, un chanteur à l’étoile montante sur laquelle toutes les filles fantasmaient. Mais c’est lui qui le possédait maintenant. A cette pensée, un sourire s’installa sur son visage. Rapidement effleurer par les croissants de chaire de son vis-à-vis.

« Tao Zhang, pour vous servir, monsieur. » répondit-il sans se départir de son sourire.

Tout ce qu’il pouvait voir était ses traits. Ils étaient tellement proches l’un de l’autre qu’il n’y avait quasiment plus de place pour l’air entre leurs nez respectifs. S’amusant légèrement à le faire glisser contre le sien, il attendit ce qu’il voulait lui dire. Car cela se voyait qu’un milliard de pensées se déversaient dans sa tête à cet instant. Mais Tao était patient. Aussi patient qu’on pouvait l’être à ce stade de sa vie où se faire embrasser par un étranger saoule rend tout chose. Il ne pouvait donc que l’observer. Et profiter de la vue, comme on dit. Il le laissa poser doucement son front sur son épaule, ses mains se resserrant sur son t-shirt. Effectivement, le Zhang n’avait pas tord. Ce jeune homme pensait à beaucoup de choses qui le torturaient intérieurement. Pourtant, il finit par tout simplement se redresser, lui chuchotant contre ses lèvres de mots à faire flancher n’importe qui. Qui lui avait donc appris à être aussi aguicheur ? C’était comme naturel pour lui de lui sortir ce genre de propos. Pas que cela le dérange. Mais le surprenait, oui. Dans le bon sens du terme. Il ne fallait pas s’y m’éprendre. Rien ne surprenait jamais Tao dans le mauvais sens. Sans doute que son esprit ouvert lui permettait de tout voir comme d’une évidence. Tout était toujours plus simple comme ça. Alors, il ne fit que caresser les hanches fines de Jinyeong.

Son corps se retrouva alors collé au sien. Un frisson lui échappa. Cela faisait longtemps que le corps d’un homme n’avait pas été rejoins le sien ainsi. Dire que cela ne lui avait pas manqué serait faux. La sensation des muscles pris dans ses pulsions les plus inavouables avait toujours été un plaisir certain pour lui. Et cette coupure qu’il s’était en quelque sorte imposé pour ses études avait été quelque peu compliqué. Enfin… Surtout au début. Mais après seulement quelques moins, il n’y avait plus vraiment pensé. Sauf que ce grand énergumène plus qu’attirant sexuellement parlant devant lui, lui faisait bien comprendre qu’il était peut-être temps de terminer cette abstinence. Soupirant discrètement, son surnom de gamin lui passa au-dessus de la tête. Il s’en moquait un peu à vrai dire. Même s’il était quasiment sûr qu’ils avaient à peu près le même âge. Ses mains dérivèrent de ses hanches à ses fesses alors qu’il effleura de sa langue la lèvre inférieure de l’autre.

« Tu ne connais même pas ton adresse je paris, s’amusa-t-il alors. Je n’habite pas loin, tu sais… »

C’était loin d’être une invitation discrète. Mais il n’y avait que ça de vrai. Aller droit au but. Montrer que ce n’était pas grave s’il ne rentrait pas ce soir. Et que même si ce que Tao voyait comme un tour de cristal s’affolait car leur prince ne revenait pas, il n’allait pas lui faire regretter d’avoir désobéie. Se mordant la lèvre inférieure, le Zhang l’attira un peu plus contre lui par une légère pression des mains. Seojoon récupérera ses affaires et les lui ramènera demain. Il n’en avait rien à foutre à cet instant précis. Non, tout ce qu’il voulait, s’était emmener le Don Juan dans son cachot à lui, le coupant des regards durant quelques heures. Et c’est exactement ce qu’il fit. Se glissant à ses côtés, il l’entraîna avec lui dans les rues de Little Tokyo. Ce quartier qu’il connaissait comme sa poche. Même si Jin était bancale, Tao n’avait aucun mal à le retenir contre lui, voir à la soulever par moment lorsque ce dernier traînait des pieds. Il ne le sentait que trop bien contre son corps. Et son odeur anisée le rendait tout aussi désirable. Un putain d’aimant ce mec.

Après seulement quelques minutes de marche, ils arrivèrent au pied de la destination. Entrant dans son immeuble, Tao tira Jin à sa suite, avant de se retrouver dans l’ascenseur. Parce que merci bien, mais monter plus de cinq étages avec un mec complètement torché n’était pas dans les compétences du Zhang. Même s’il était sûr que, dans un cas extrême, il en serait complètement capable. Pris d’une pulsion peu sympathique, il attira doucement Jinyeong à lui. Même s’ils n’avaient jamais été réellement séparés. Et glissant ses doigts sur sa joue, il l’embrassa. Sa langue se faufilant quasiment immédiatement entre ses lèvres. C’était si bon de retrouver le sentiment d’appartenance du corps. Comme s’il revoyait une vieille amie oubliée qui se plaisait à le faire languir de désir. La tension sexuelle lui avait manqué. Tout autant que les lèvres d’un individu contre les siennes. S’amusant avec celles de Jinyeong, il le retenait fermement à lui par une pression peu recommandable sur son bassin. S’il voulait se plaindre, il n’avait qu’à le lui faire savoir. Mais pour cela, il faudrait aussi qu’il lui relâche les lèvres. Et ça, il ne semblait pas vraiment vouloir le faire.

Tao ne le relâcha pas en sortant de la boite de fer. Tout comme il le coinça contre sa porte pour prolonger encore un peu l’échange. Quelle heure était-il ? Sans doute assez tard pour que personne ne sorte de son chez lui par surprise. Et puis même si cela arrivait, Tao s’en foutait royalement. Que quelqu’un les voit en train de sauvagement s’embrasser était réellement le cadet de ses soucis. Mais il dût tout de même le laisser partir pour récupérer ses clés – heureusement dans la poche de son jean et non de veste. Gardant Jinyeong contre lui, il ouvrit la porte juste à temps, alors que son corps ne pouvait plus supporter cet afflux violent de désir pour l’autre. Avait-il jamais ressentit cela pour quelqu’un ? Non, sans doute jamais. Rapidement, ils se retrouvèrent dans son appartement. Oubliant le bordel qui peuplait la pièce principale, il s’empara de nouveau de Jinyeong. Ses doigts froids se faufilèrent sur lui. Il savait ce qu’ils allaient faire. Et il en mourrait d’envi. S’il avait pensé à ça en arrivant au bar tout à l’heure. Il s’était complètement fourvoyé. Mais pas grave. Avec tendresse, il le guida, sans cesser de l’embrasser, jusqu’à son lit, avant de l’allonger dessus. Et ses lèvres descendirent pour rejoindre son cou. Tandis que sa main, aventureuse, commença à lui défaire la ceinture.

Sentir ses mains se balader sur son corps était l'une des sensations les plus agréable qu'il ne connaisse. Bien qu'un peu baladeuses, il s'en moquait. C'était ces mêmes doigts qu'il voulait sentir sur lui, sur sa peau en fusion. Tout l'attirait beaucoup trop étonnement. Cette langue tentatrice en faisait partie. Qui n'avait jamais rêvé de se faire posséder par une aussi belle personne, ou même un total inconnu ? Lui en tout, n'y avait jamais pensé, jusqu'à aujourd'hui, ou plutôt, quelques minutes. Il venait de refaire en lui toute la définition du désir, par de simples touchers, de simples paroles. Et effectivement, sa propre adresse passa complètement à la trappe dans sa petite tête. En ce moment, tout ce qui importait, était ce bel inconnu pour qui il commençait à brûler tout entier. Cette proposition plus que directe ne faisait que le ravir plus qu'il ne l'était. Souriant alors contre lui, il se laissa complètement emmener en trottinant, se collant plus qu'innocemment contre ce dernier. S'il savait ne serait-ce qu'une seconde son vrai caractère, aucun doute qu'il l'aurait juste balancé dans le caniveau. Accrochant alors légèrement ses mains au haut du plus jeune, il alternait entre vitesse et lenteur, se faisant rappeler à l'ordre en se sentant par moment être soulevé. Ce type était tout simplement le plus attirant qu'il n'est jamais rencontré. Tellement adorable aussi, il fallait se le dire.

Arrivant alors à face au grand bâtiments, cela lui fit tout bizarre d'entrer dans un immeuble. Le blond se laissait complètement faire, arrivant alors comme par magie dans l'ascenseur. Il ne comprenait pas tout ce qu'il se passait réellement, mais la seule chose qu'il retenait, était l'homme qui était à ses côtés. Alors même si il n'assumerait plus rien le lendemain, il comptait bien en profiter un maximum. Et d'un mouvement rapide, il se sentit de nouveau se faire attirer contre ce corps si tentateur et formateur de désir. Ses mains se plantèrent sur son cou, venant sensuellement répondre à ce baiser passionné. Sa langue s'intercala contre la sienne, s'enroulant sans s'arrêter. Son souffle s'entremêlait à celui du noiraud. Si chaud, et désirable. Il ne contrôlait plus rien. Les liens à ses poignets et chevilles s'étaient brisés ne serait-ce qu'après avoir suivi cet homme dans la rue. Tout tournait et lui semblait si fou. Si fou d'envie. Posséder ces lèvres, ce corps, il le lui donnait tout entier. Il se laisserait complètement faire, ne voulant que le sentir au plus proche de lui.  Cette sensation de chaleur provenant de tout son être rien que de sentir des mains se poser sur lui, ou encore ces regards charbonneux et brûlants d'envie pour lui, personne ne lui en avait jamais offert de tel. Plonger droit dedans sans s'en détacher. Se noyer dans cette océan de flammes incandescentes et chatoyantes, une envie carnassière de dévorer tout un corps dans son intégrité.


Sans même réfléchir à ce qu'il faisait, il se colla à lui pendant tout le trajet, ne lui laissant aucun répit, même pour ouvrir cette satanée porte. S'il croyait pouvoir échapper à ses lèvres pour détourner son attention sur une clé, il se trompait. Alors, il déposa pleins de baiser dans son cou, avant d'entrer dans l'appartement, sans même regarder le décor. Et en à peine quelques secondes, il se retrouva sur le lit, allongé, et encore en train de savourer cette bouche si ambitieuse. Ses vêtements se défaisaient petit à petit, tandis qu'il les faisait glisser rapidement pour se dévoiler au grand jour. Ses mains fines et douces vinrent s'agripper au haut du plus jeune, venant violemment le lui retirer, pour ensuite épouser ce torse si saillant et en beauté. Sa tête se pencha sur le côté, lui laissant la totale maîtrise de son corps. S'il le voulait, et bien il le lui offrait sur un plateau d'argent. Venant retirer sa chemise le plus doucement possible, il se trouva rapidement en caleçon. Mais plus rien ne cachait réellement son corps à présent. Son envie était plus que visible, et il ne cherchait pas à savoir si ce qu'il faisait était bien ou mal. Son bassin se colla à celui de son amant, venant légèrement se frotter contre lui. Puis, il s'empressa de venir retirer son pantalon, comme si celui était son pire ennemi, qui l'empêchait d’accéder à ce qu'il désirait au plus profond de lui. Et sans plus attendre, il glissa ses mains sur ses fesses, s'y accrochant tout doucement. Il ne savait pas ce qu'il faisait. C'était la première fois qu'il comptait le faire avec un homme. Proie autrefois interdite, censée rendre son corps et sa mémoire pêché. Au diable tout cela. Il la lui vendrait son âme, s'il pouvait enfin profiter de ce plaisir charnelle. Se retrouvant alors nu et dévoilant sa peau laiteuse au plus jeune, il souleva légèrement les jambes.

"Fais moi tiens~ S'il te plaît~" lui susurra-t-il contre son oreille.

Impatient en plus d'être affamé. Non, vraiment, il n'y avait pas pire que lui. Le regardant alors avec de petits yeux suppliants comme il savait si bien les faire, il sourit en voyant que cela fonctionnait. Ses doigts délicats glissèrent sur la peau de Tao, laissant ses doigts former des filaments invisibles et pourtant si enflammés. Son corps réclamait ses touchers. Il ne demandait que cela, lui, son corps contre le siens, et être sous son emprise. Une domination complètement souhaitée. Enfin quelque chose qu'il avait pu choisir qui lui faisait réellement plaisir au plus profond de lui. Tout le monde l'avait vu sauter sur ce jeune homme, et tout le monde serait sans doute déjà au courant. Enfin, si son père ne fit pas taire les rumeurs avant. Oui. Et à commencer par son fils complètement inutile. Sa marionnette préférée et d'ordinaire si docile. Un jouet auquel on pouvait faire n'importe quoi sans l'entendre se plaindre. Mais la, il ne comptait pas se retenir. Il comptait bien se laisser aller à ce que lui offrait le plus vieux, à cette liberté si tentante. Il s'y accrocherait pour ne pas la laisser partir, et même si tout serait contre lui en s'éveillant, même sa raison, en ce moment même, il se sentait enfin exister. Il était réel, et quelqu'un comptait bien le lui prouver.

Frottant légèrement son bassin contre le sien, il aimait sentir sa chaleur contre la sienne. Ses jambes se resserraient autour de ses hanches, laissant ses cuisses effleurer les siennes passionnément. Ses mains retraçaient le plus délicatement possible la forme de ses muscles et de ses abdominaux. Il n'en avait jamais vu de si bien dessiner. Un vrai dieu. Et ces bras si courbés par la proéminence de ses biceps et triceps le faisait littéralement fondre comme de la neige. La neige n'aurait pas résister de toute manière sous la chaleur de leurs deux corps.  Toujours plus, encore et toujours. Son membre effleurait le sien, avant de complètement finir par se coller à lui dans un mouvements bien calculé. Ses yeux pétillant et brillant de désir se posèrent dans son regard, avant de partir une nouvelle fois dans un long et douloureux baiser. Ses lèvres humides contre les siennes glissaient parfaitement. Leurs langues s’effleuraient et se cherchaient, comme pour se redécouvrir encore et encore. Et doucement, il sentit un doigt effleurer cette zone considérée trop longtemps comme interdite.Lui, il n'en avait qu'une bouchée, en l'insérant sans hésiter en lui, le faisant alors lâcher un gémissement de surprise. Il n'y avait encore jamais touché, ni même eu la curiosité de se découvrir.  Frissonne alors d'un coup, essayant de s'habituer à lui, avant de le sentir bouger doucement cet unique doigt qui lui apportait déjà tant de sensation. Agréable, chaud, étrange, et tellement perturbant. Se sentir être envahi d'une vague de chaleur pour un si simple geste, qui voulait pourtant tout dire. Ses yeux se fermèrent légèrement, suffisamment pour le laisser contempler le si beau corps qu'il avait en face de lui. Ce baiser n'en finissait plus, et même si, le moment de la séparation vint, les lèvres de son partenaire ne quitta pas sa peau. Tout était beaucoup trop merveilleux pour être réel. Irréel, voilà ce que c'était. Un type comme lui, qui se laissait séduire par un connard comme lui, c'était improbable. Sans doute l'effet de l'alcool qui le rendait plus sympathique.

"Tao~ E-Encore...! J'en veux plus." dit-t-il en gémissant légèrement.

Ses joues devinrent un peu plus écarlates, et ses ses mains se plantèrent sur les épaules du noiraud. Il ne savait pas ce qu'il faisait, et encore moins ce qu'il disait, mais ce qui était sûr, c'est que le lui de l'instant était complètement sous le charme. Jamais il n'aurait voulu qu'il se détache de lui. Rester avec cet inconnu était en outre une bonne idée au vu de comment celui-ci s'occupait de lui. Attentionné, regorgeant d'affectivité, vraiment un type qui doit être agréable à vivre. Mais lui, Jinyeong Seong, était attaché à un destin de merde. Il n'avait rien choisi. Mais pendant ces quelques heures, il enverrait balader ses fiançailles, cette fille qu'il ne connaissait que de vue, ses parents qui se jouaient de lui, pour rester dans les bras de cet inconnu. Lui, en à peine une heure, l'avait déjà comblé d'une manière que personne ne l'avait jamais fait. Il était unique. Son unique. Celui qui allait s'en prendre pleins la figure le lendemain mais aussi celui qui le ferait rêver dans son sommeil. Et tout ce qu'il souhaitait en cet instant, était de lui rendre tout ce qu'il lui faisait. Se faire submerger de plaisir par un second doigt en lui. Son corps se cambrant pour coller son torse au sien, ses pieds se surélevant légèrement du draps, il l'avait atteint, ce rêve inatteignable.

Vorace. Voilà ce qu’était Jinyeong. Complètement affamé de plaisir, désireux de ses sensations intenses, soumis à n’importe quel envie s’il pouvait lui apporter satisfaction. Et puis, il était fascinant. Totalement déroutant alors qu’il lui arrachait littéralement les vêtements. Mais Tao adorait ça. Tout comme il ne pouvait pas être calme lui non plus. Lui retirer ses vêtements était d’une lenteur qui l’épuisait moralement. S’il avait pu, il l’aurait dégarni de toute pudeur en quelques secondes à peine. Oui mais, sous ses airs de bêtes sauvages, il voulait tout de même profiter de ce qu’il y avait avant. Et bien, dieu, que cela était excitant. Cette peau laiteuse, de nacre, douce et sans bavure. Sans aucun défaut ni trace du moindre passage précédent. Impeccable en tout point. Tao le laissa lui retirer son pantalon. Tout comme il le laissa se coller à lui, voluptueusement, sentant cette proéminence traîtresse contre la sienne. Ses lèvres, quand à elles, voyageaient sur ce qui lui était désormais sien pour la nuit. Ses doigts se perdaient contre sa peau. Il n’y avait pas trouvé une seule impureté. Pouvait-il être parfait jusqu’à ce point-là ? Non, Jinyeong était ingrat, hautain, sarcastique, dénué de la moindre connaissance de la vraie vie et de ses habitants. Mais c’était pour cela que Tao tombait toujours. Et qu’il était en train de le faire à l’instant.

Sentant les mains sur l’autre sur son fessier, un léger sourire lui échappa. Lui aussi, sans doute, se plaisait à découvrir le corps de son partenaire. Il n’allait pas être déçu. Son passé d’enfant boulimique était bien loin derrière lui et personne n’aurait pu songer qu’il était le petit harcelé des écoles. Mais il l’avait bien été. Et cela laissait toujours une marque indélébile sur la conscience de soi. Pourtant, il était quasiment sûr que la vue aller lui plaire, à ce fils de bourge en manque d’attention. Sans plus attendre, le Zhang finit par complètement le déshabiller. Des hommes nus, entièrement, il en avait déjà vu. Mais ce corps qui se trouvait sous le sien était plus magnétique que les autres. Beaucoup plus irréel. Comme façonné à la main par quelqu’un travaillant la perfection des proportions. Le caressant doucement, il se mordit la lèvre inférieure avant de replonger sur lui. Ce qu’il venait de lui dire. Une invitation ouverte à faire ce qu’il voulait de lui ce soir. De pouvoir posséder et aimer un peu plus cet être qui, pour d’autre, aurait été insupportable. Mais Tao aimait désespérément cela. Et ses yeux suppliants. C’était tout simplement trop. Alors Tao se délesta de son dernier vêtement, avant d’aller se serrer contre lui. Frotter son corps au sien, ressentir sa chaleur, entendre ses soupirs, toucher sa douceur, se languir de ses cuisses serrées entour de lui. De quoi devenir fou.

Jinyeong s’amusait à le toucher de partout. Quoi ? Etait-ce si surprenant que son corps soit ainsi ? Souriant en l’observant faire, il le trouvait bien entreprenant. Et ses joues, légèrement rouges, complétés par ses yeux scintillants de désirs, et ses bouches offertes à n’importe quel plaisir. Un appel à faire l’interdit, à franchir la barrière du décemment correct. Il ne devait même pas s’en rendre compte, tant tout en lui attirait à ne plus répondre de rien. Mais Tao voulait faire les choses biens. Il voulait lui offrir tout ce qu’il avait appris, il voulait lui faire plaisir et se faire plaisir. Ce n’était pas juste le plaquer contre le lit pour prendre son pied tout seul. Il s’agissait bien de suivre les règles. Et d’y aller par tous les plaisirs. Dont celui des doigts. Et alors que sa main se dirigeait vers ce monde d’interdit, son regard croisa celui, vaporeux, du Seong. Une étoile éclata en un milliard de paillettes et leurs lèvres se scellèrent une nouvelle fois. Elles se découvrirent de nouveau, jointes par leurs langues, qui dansèrent ensemble dans un ballet sensuel et brusque. Coupé un millième de secondes par le cri de surprise de Jin. Tao avait enfoncé son majeur quasiment entièrement en lui. Car il l’avait sentit. Cette zone humide d’il ne sait quoi, n’avait même pas bronchée à son arrivé. Il le sentit frissonnant, frétillant contre lui. L’habituant un instant, il se mit à bouger juste après, alors que ses lèvres, devenues orphelines de leurs partenaires, se mettaient à chercher une zone d’appartenance. Sa peau devenait humide, grisée par le plaisir. Pourtant, ils ne faisaient que commencer.

Cette demande, pressante, montrait l’ampleur de l’impatience de Jinyeong. Pourtant, Tao n’allait pas le lui donner immédiatement. Il allait faire pas étape. Et si cela torturait le plus vieux, ce ne serait qu’avec plaisir et délectation du corps. Mais il le laissa encore un peu s’habituer. Car il le fallait bien. Ne pas l’abimer. Pas pour le moment. Il en aura tout le temps dans quelques minutes à peine. Et pour un long moment. Car Tao est résistant. Et un peu difficilement satisfaisable. Alors, Jin allait devoir s’accrocher. Et c’est même ce qu’il fit, ses mains allant empoigner les larges épaules du grapheur. Ses lèvres relâchèrent la zone légèrement rougis qu’il avait commencée, se promettant d’y revenir plus tard pour terminer son travail de fond. Mais ce n’était que pour que pour profiter de la vue que lui offrait le rajout de son annulaire en lui. Oh et il ne fut pas déçu. Le corps cambré, les pieds quittant les draps, ses mains s’enfonçant dans sa chaire. Que du bonheur à voir. Sans même attendre, il se mit à faire des mouvements de ciseaux. Certes, il voulait bien faire les choses, faire un peu durer, mais Jin était en train de le faire flancher. Au début, il le fit lentement. Avant d’accélérer. Puis de se mettre à les rentrer et à les sortir de lui. Il pouvait sentir sa respiration contre son torse, ses muscles se tendre sous les siens. Comment avait-il pu refuser tout cela pendant tout ce temps ? Même lui se surprenait. Il était tout aussi vorace que Jin. Il en avait envie d’une manière disproportionnée comparé à la situation. Un besoin vitale, une envie bestiale.

Ne retirant pas ses doigts de lui, Tao eut le réflexe de se baisser pour attraper ce qu’il surnommait avec Seo : le graal. Soit, la boite de capote. En sortant un sachet, il surplomba Jin, se redressant, les mouvements dans l’entre de son bien-aimé d’un soir ne s’arrêtant pas. Avec un sourire aguicheur, il pinça des dents l’ouverture, déchirant alors le papier munis d’une seule main valide. L’habitude, oui. On ne pouvait pas vraiment dire qu’il ne l’avait pas fait avant. Et puis, dans le feu de l’action, tout ce passe toujours étrangement bien. Enfonçant une dernière fois ses doigts profondément en Jin, il les enleva finalement pour se protéger. Avant de lui saisir les hanches, les soulevant pour lui faciliter l’accès. Il le garda allonger, ses paumes allant tout simplement amener son entrée contre lui. Il se mit à l’embêter, le titillant sans pour autant entrer en lui. Il aimait bien voir cette frustration chez les gens. Cela ne rendait que la suite plus alléchante. Se penchant alors au-dessus de lui, ses lèvres frôlant les siennes sans aucune décence, il chuchota en souriant toujours :

« Prêt ? »

Bien sûr qu’il était prêt. Tao le savait. Mais il voulait juste l’entendre. Et s’il ne l’avait pas, il ne ferait rien. Alors, quand la réponse tomba, il put enfin dépasser la limite. En un seul geste précis, il rentra en lui, observant, admirant, les réactions de son compagnon. Elles étaient magnifiques, réellement. Tout autant que la beauté de celui qui les faisait. Et sans plus attendre, ayant considéré qu’il s’y était fait, Tao se mit à bouger. D’abord doucement, comme avec ses doigts, il se mit néanmoins à accélérer, grognant de satisfaction dans le cou de Jinyeong. Il lui bloqua les hanches, l’empêchant de bouger comme il le souhaitait. Il frottait à l’intérieur de lui, tout comme sur lui. Parfois, ressortant quasiment complètement pour revenir. Et les gémissements du Seong ne rendaient que tout cela encore plus extraordinaire. Tao aurait pu avoir un orgasme rien qu’avec ce son. S’il avait été faible et peu résistant. Ce qu’il n’était pas. Prenant une inspiration de l’odeur de la peau de son amant, il finit par lui relâcher les hanches pour aller saisir ses cuisses. Et son rythme changea. Il allait lentement, puis vite, juste pour embêter le jeune homme qui avait pensé pouvoir l’avoir aussi rapidement. Tao avait plus d’un tour dans son sac. Il ne fallait pas oublier que, dans l’histoire, c’est lui qui savait s’y faire.

Après l’avoir embêter pendant un petit instant, Tao décida d’avoir pitié de lui et de son plaisir. Le redressant alors, il le cala sur ses cuisses, ses lèvres dessinant la forme de son visage, de son épaule, de son cou. Il y retrouva la marque démarrée et non achevée. Laisser un chef d’œuvre inachevé ne lui ressemblait pas. Alors le Zhang s’y réattaqua, gardant le corps transpirant de Jin tout contre le sien. Ses mains lui caressaient le dos, lui retraçant la chute de ses reins, ses omoplates contractées, ses côtés légèrement visibles. Son souffle s’écrasa contre sa peau. Il voulait que Jinyeong se fasse plaisir comme lui venait de le faire. Alors, lorsqu’il aura finit de le déterminer comme à lui par cette marque peu discrète et positionnée de façon clair, il le lui dira. Mais pour le moment, il était un peu occupé. Ses mains finirent par lui attraper les fesses, les écartant légèrement et les guidant dans leur descente. Et dans leur remonté. Parfois, il sentait Jin résister. Mais c’était lui qui gérait pour le moment. Calme, monsieur. Ton tour viendra. Enfin, il termina de faire sa distinction sur la peau de son amant. Se léchant les lèvres, il l’observe un peu, fier de sa bêtise. Avant de remonter ses baisers sur son menton, puis sa bouche qu’il se réapproprie. Tout est humide. Tout est chaud. Tout n’est que plaisir et luxure. Et leurs soupires respectifs n’en sont qu’un bon exemple.

« Jin, arriva-t-il à dire entre deux gémissements. Jin… Vas-y… Fait ce que tu veux. »

Et il lui relâcha les fesses, remontant ses paumes sur les côtes exposées et tentatrices de celui qui avait désormais carte de blanche pour atteindre la sensation ultime. Tao avait dit qu’il lui ferait plaisir avant tout. Qu’il ne voulait pas juste le prendre comme il aurait pu le faire avec n’importe qui. Sauf qu’il ne connaissait pas encore ce que l’autre désirait. Et si cela se trouvait, Jinyeong n’en avait aucune idée aussi. Au quel cas, Tao se fera une joie de tout lui apprendre. Du plus simple à celui qu’on a du mal à avouer. Il lui offrait tout son corps pour expérimentation. Si ce n’était pas merveilleux. Mais, un Jin bourré devait avoir beaucoup plus d’idée derrière la tête qu’un Jinyeong sobre. D’ailleurs, Tao aimerait bien le voir, le Jin sobre. Celui qui ne ressemble pas au petit connard violeur de lèvres. Peut-être qu’il est toujours un petit connard. Mais en tout cas, ce sera le vrai. Et un véritable est toujours mieux qu’un déformé. Alors Tao ira chercher le véritable. Juste pour avoir une discussion avec lui. Même si l’autre ne veut plus jamais le revoir. Ce qui ne l’arrêtera pas. Lorsque le Zhang a une idée en tête, il va jusqu’au bout. Continuant de lui embrasser tout ce qu’il peut, Tao se promit soudainement, entre deux soupirs, d’aller dénicher le vrai Jinyeong. Même si cela lui prend toute une vie.

Sa tête flancha en sentant ces mouvements le cisaillant de l'intérieur. Basculant légèrement dans les coussins, tout son corps se cambra. Toutes ces nouvelles sensations se répandaient dans son corps, sans lui laisser le moindre temps de repos. Tout son être le désirait avec une telle intensité, que plus rien ne comptait au final. Ses bras s'agrippant à lui le maintenait inlassablement contre son corps, ses muscles venant effleurer délicatement les siens, tandis qu'ils se contractaient sous l'effort mutuel. Il ne comprenait pas ce qui l'avait fait basculer du côté sombre de la force. Non, vraiment pas. Mais ce n'était pas grave, parce que la vision que lui offrait le jeune homme en face de lui en témoignait suffisamment toutes raisons quelconque. Un corps sculpté magnifiquement dans de la pierre, un regard en amande perçant, de larges épaules, bref, pleins de détails qui n'arrêtaient pas d'affluer au cerveau du Seong.

Voyant alors son partenaire se baisser pour attraper une boîte, ses joues s'enflammèrent en comprenant de quoi il s'agissait. Et pourtant, cela ne le fit pas arrêter de vouloir l'entendre gémir sous ses doigts. Cette totale maîtrise sur son corps ne faisait que le faire plonger un peu plus doucement. Un coup de dents, et le petit emballage céda, pour laisser place à la protection. Se mordillant alors la lèvre en le sentant retirer ses doigts de lui, il le regarda attentivement faire. Sa première fois avec un homme. Il ne savait pas s'l devait trouver cela effrayant ou non, mais tant pis. De ses yeux brillant, il se laissa rapprocher, venant enrouler ses cuisses au dessus des siennes. Frémissant légèrement en le sentant l'embêter, il fit une légère moue suppliante. Il le voulait. La frustration montait petit à petit en voyant que celui-ci avait décidé de le faire patienter. Sentir son désir cogner à son entrée était beaucoup plus excitant que tout ce qu'il n'avait pu voir auparavant. A sa question, il hocha légèrement la tête, lui offrant alors un sourire. Pourquoi le lui demander ? I n'avait cessé de réclamer ce corps en lui.

"Viens~" répondit-il alors.

Et sans même attendre plus longtemps, il le sentit enfin s'enfoncer en lui d'un mouvement rapide et aisé. Son corps s’électrisa, et se mit à trembler légèrement sous la légère douleur qu'il ressentit. Mais vite, sans doute bien trop vite, son bassin commença à en redemander, comme d'une évidence la plus totale.  Sa voix sortait encore bien plus, et résonnait dans la pièce. Son corps en feu en demandait toujours plus. Chacun de ses touchers le brûlait intérieurement. A ses accélérations, Jinyeong répondait par des gémissements plus courts et intenses, qui lui faisaient perdre la tête. Sentir toutes ses attentions en lui, le sentir ressortir de lui pour revenir de plus belle. Il essayait vainement de bouger les hanches pour suivre ses mouvements. Son cou le brûlait de plaisir, et ses doigts se plantèrent légèrement sur la nuque du plus jeune. Ne pas s'arrêter, jamais. Cette envie de lui appartenir tout entier le démangeait tellement. C'était si bon, un si grand plaisir qui se déversait en lui comme des décharges électriques. Ses hanches se délivrèrent de l'emprise des mains du noiraud, avant de les sentir se glisser sur ses cuisses, endroit le plus sensible de son corps. Zone de mystère et de songe que peu de personnes n'avaient aperçu. Si bien cachées, et pourtant, il venait de les laisser volontairement entre les mains d'un inconnu. Essayant alors de doucement bouger les hanches pour accentuer ses coups, il déchanta rapidement en sentant les variations de vitesses que lui faisait subir Tao. Pire que lui n'existait pas. Cette manière de l'empêcher de faire ce qu'il désirait et de faire durer tout le plus longtemps possible le tuait à petit feu.

Le regardant avec un air frustré de ne pouvoir faire plus, il n'attendit à peine que quelques secondes avant de se retrouver sur les cuisses de son détenteur d'une nuit. Puis, comme pour vouloir un peu plus le charmer, il planta son regard sur son visage, tout en profitant de ses baisers. Ces lèvres si douces et humides dont il voulait s'emparer. D'un coup, son corps se mit à frissonner, et sa tête se pencha légèrement pour lui laisser un peu plus de place. Son cou se remettait à lui jouer des tours au contact de cette bouche indécente. Ses hanches essayaient de nouveau de passer à l'action mais il ne parvenait pas à se détacher de ce que lui faisait le jeune homme sur sa peau. Il ne comprenait pas d'ailleurs. Ne voyant pratiquement rien, son cou allait sans doute devenir un champ de bataille sans qu'il ne s'en rende compte. Et rien que pour cela, il allait sûrement s'en prendre une. Mais la tentation était beaucoup trop grande, et cette envie de lui appartenir également. Cet esprit de guerre entre les deux revint alors soudainement quand il sentit tous ces doux touchers lui parcourir le corps. Et ces mains sur ses fesses, l’empêchaient de se mouvoir comme il le désirait. Ah non, il ne laisserait pas tomber. Lui aussi voulait pouvoir lui rendre la pareille, même s'il était complètement incompétent, et que Tao semblait bien plus doué que lui dans ce domaine. Il semblait s'ailleurs avoir fini ce qu'il fabriquait dans son cou. Leurs yeux se croisèrent, et leurs bouches se rejoignirent, comme un manque naissant entre leurs lèvres. Cette sensation de vide quand elles n'étaient pas collées contre les siennes. Devenir complètement accro à cela, était-ce vraiment possible même sous état d’ébriété ?

Ses mots, il les ancra dans sa mémoire. Il pouvait enfin venir lui faire ce qu'il désirait. Ce corps si aimant et détestable à la fois par sa beauté. Il le voulait tout entier. Et sans attendre un nouvel accord il commença à se surélever de lui même sur lui, passant ses bras autour de son cou pour se maintenir contre lui. S'empalant encore et encore, il ne désirait plus que cette présence en lui. Sa tête s'enfouit alors légèrement derrière son oreille, y déposant de légers baisers, avant de glisser ses lèvres sur sa mâchoire pour y laisser une fine et délicate marque rouge. Lui aussi, lui appartenait pour la soirée. Même si cette idée de possession sur un long terme le tentait bien dans l'état actuel de choses. Encore une idée qui se ferait complètement bannir de sa tête le lendemain. Laissant doucement ses baisers envahir les clavicules du plus, tout en lui refaisant un léger sceau d'appartenance sur ces os ciselés, il commença à tourner légèrement son bassin dans un mouvement circulaire. Petit à petit, il essayait de le faire aller encore plus profondément en lui. Il n'y avait rien de mieux. Ses bras autour de lui le faisait se sentir en sécurité. Ces mains brûlantes, et ce corps humide contre le siens, envahissaient complètement toute sa vision. Essayant d’accélérer ses mouvements sur lui, il essayait de retenir sa voix pour entendre les soupirs du plus jeune. Et sans même prévenir, il ralentit d'un coup ses vas-et-viens, venant encrer son regard dans le sien. Tout doucement, il releva la tête, une main se posant sur sa joue avant de doucement venir l'embrasser. Plus tendrement qu'auparavant, plus chaleureusement. Puis, il le fit doucement s'allonger sur le dos, posant ses mains sur son torse en venant reprendre ses mouvements.

Du bout des doigts, il vint effleurer ses tétons, les pinçant doucement. Cette vision qu'il avait de lui le fit rougir. S'appuyant alors contre son torse, il se soulevait encore et encore, sa tête se basculant légèrement fit tomber ses cheveux blond dans ses yeux. Ses lèvres s'entrouvrir pour laisser passer sa voix, la laissant murmurer aux oreilles de Tao. Tao. Tellement beau, et séduisant. Comment une tête aussi belle et charmante que la sienne pouvait s'être laisser attrapé dans les bras d'un pauvre idiot comme lui. Il n'était même pas lui même actuellement, et si cela se trouvait, il se ferait jeter dehors le lendemain. Mais lui, ces bras, il les désirait réellement, même inconsciemment. Toute cette attention qu'il lui offrait, toute cette chaleur contre sa peau, toutes ces règles brisées en ne serait-ce que quelques heures. Si seulement Tao savait dans quoi il s'était lancé avec lui. Finalement, il vint mordiller l'un de ces bouts de chaire, avant de venir se caler contre lui sans arrêter ses légers coups. Oui, il voulait rester en contact avec lui. Son torse en sueur contre le sien, sa tête se cachant dans son cou en profitant de cette âpre odeur lui rappelant la cigarette. Ses mains se resserrèrent sur le corps de son amant d'un soir, avant de se sentir traverser par une décharge qu'il ne comprit pas. Son corps se mit à trembler et d'un coup, il frissonna, venant alors en restant sur le plus jeune. Venir depuis cet endroit si étrange, si méconnu de lui. Cette sensation l'avait momentanément paralysé contre le corps de Tao, avant de trembloter légèrement sous cette nouvelle sensibilité. Mais il ne devait pas s'arrêter. Non. Le noiraud n'était pas encore venu lui. Alors il ne pouvait pas arrêter et le laisser comme cela. Tellement endurant. Haletant légèrement, il vint poser son regard dans le sien, clignant légèrement des cils. Oui, il serait prêt à tout pour ce gamin en ce moment.

"E-Encore...Fais moi...ce que tu veux. Tao." murmura-t-il alors doucement contre son oreille avant d'y déposer un baiser.

Se redressant un peu, il resta sur lui, bougeant lentement son bassin pour le sentir constamment en lui. Il n'y connaissait rien. Aucune technique, aucune méthode. Il venait de s'offrir à lui sous un coup de tête.  Alors il n'était vraiment plus à ça près. Faisant une légère moue, il attendit que Tao n'arrête de le charrier avant de se soulever brusquement et de le renfoncer tout en entier en lui. Fini la plaisanterie. Il était très sérieux lui. Le fixant alors de ses yeux scintillants, il soupirait tout doucement face à toute cette chaleur. Ses doigts effleurèrent doucement ses pommettes. Il était vraiment impossible de lui résister. En tout cas, lui, il n'y parvenait. Il était peut-être beaucoup trop faible. Faible pour ceux qui le couvraient de chaleur dont il n'avait pas l'habitude. Faible pour cette tête inconnu qui le faisait déjà rêver.

Il aurait été prêt à lui laisser faire n’importe quoi de son corps. Alors, lorsqu’il le sentit commencer à se mouvoir de lui-même sur lui, Tao ne put retenir des gémissements et soupirs de plaisir. C’est sûr, Jinyeong n’y connaissait pas grand-chose. Mais le peu qu’il possédait suffirait amplement pour ce soir. Le Zhang n’osa même pas imaginer lorsque le plus vieux saura tout faire. Ce sera sans doute le plaisir ultime. Mais il ne savait même pas s’il pourra en être témoin. Peut-être que ce n’était qu’un coup d’un soir, sans lendemain. Un moment suspendu dans une réalité qui les rattraperait bientôt. Mais il ne fallait pas y penser. Pas maintenant. Il bascula la tête pour lui laisser de l’espace. Lui aussi était désormais marqué par ses lèvres. Cela avait été trop tentant pour lui. Pour Jin aussi donc. Il le laissa faire ce qu’il voulait. Soupirant tout simplement de plaisir à chaque nouvelle chose. Comme ses mouvements circulaires. Comme cette accélération qui fit complètement flancher Tao. Puis ce baiser. Long, voluptueux. Etrangement amoureux. Car il n’y a que les amants qui embrassent ainsi. Ceux qui s’aiment. Ceux qui veulent que l’autre l’aime en retour.

Tao se sentit légèrement poussé, se faisant allonger sur les draps. Il observa Jinyeong faire. C’était excitant de le voir au-dessus de lui ainsi. De le voir prendre le pas sur lui ainsi. Son corps se tordit légèrement lorsqu’il s’amusa alors avec ses tétons. C’était d’autant plus attirant qu’il semblait avoir trouvé l’une de ses zones érogènes premières. Quoi que, celle qui primait était le bas de son dos, dans la chute de ses reins. Mais ça, il ne fallait pas être dans cette position pour qu’il la ressente. Lui saisissant alors les cuisses pour se retenir à lui, il ne put s’empêcher de soupirer de contentement. Ses cheveux qui lui tombaient devant les yeux, il voulait les lui pousser pour voir son visage luisant de sueur. Mais il n’en eut pas le temps. Car Jinyeong se pencha pour aller lui mordiller l’un de ses bouts de chairs. Une décharge se propagea dans le corps de Tao à ce simple effet. Sensibilité quand tu nous tiens. Un sourire lui échappa en le sentant s’allonger sur lui, la tête dans sa nuque. Et un soupire de plaisir passa encore une fois la barrière de ses lèvres. Puis un grognement en le sentant bouger sur lui ainsi. C’était si bon. Si déraisonnable. Et à peine quelques instants plus tard, il le sentit venir sur lui. Mais lui n’était pas satisfait. Pas complètement. Le regardant alors, Tao fit une légère moue. Puis un sourire en l’entendant.

« J’y compte bien, répondit-il en lui caressant doucement les cuisses. Mais c’est que le vieux est un peu précoce, non ? »

Oui, il se foutait ouvertement de lui et de sa rapidité à terme l’acte sexuel. Mais c’était si drôle ! Enfin, ce le fut moins lorsqu’il le sentit s’empaler de nouveau sur lui avec vigueur. D’accord, il n’allait pas jouer. Ils n’étaient pas là pour cela après tout. Souriant légèrement, il observa un instant le visage lumineux de son amant, visage par la luminosité basse de l’extérieur rentrant par la fenêtre du toit. Jinyeong était ce que l’on pouvait dire un canon de beauté. Et Tao comptait bien en profiter. Se relevant alors il tourna sur lui-même, renversant de nouveau Jin sur les draps. Sa tête dépassait légèrement sur lit. C’était beau rien que de voir cela. Se repositionnant entre ses jambes, ses lèvres se faufilèrent sur son cou une nouvelle fois. Il ne pouvait s’empêcher de vouloir lui refaire une marque, un peu plus visible. Juste pour montrer qu’il avait passé la nuit avec quelqu’un. Et que ce quelqu’un était possessif à souhait. Tao n’allait pas le laisser partir aussi facilement que cela. C’était sa promesse. Il allait la tenir coûte que coûte. Pour le meilleur ou pour le pire. Ou pour les deux.

De nouveau, il rentra en lui. Mais plus doucement. Plus lentement que la première fois. Puis, tout le reste ne fut que lenteur et profondeur. Tao se surprit lui-même. Il l’embrassait, le câliner de ses bras et de ses baisers. Il voulait qu’il le sente aller et venir en lui, profondément. Ses hanches se mouvant alors les siennes. C’était loin d’être un simple coup d’un soir, tiré à la va-vite. Là, il voulait être intense. Mais dans sa manière de lui montrer de l’amour. Alors, il allait profondément en lui. Répétant des mouvements doux et calmes, alors que ses lèvres mangeaient les siennes pour satisfaire ce besoin de toujours l’embrasser. Et enfin, il y arriva à toucher son point faible. Celui qui allait le faire crier un peu plus fort s’il le martelait. La raison pour laquelle il devint un peu plus brusque. Un peu plus rapide. Ce qu’il percuta à répétition, juste pour l’entendre. Tao adorait ça chez ses partenaires. Lorsqu’ils atteignaient le plaisir. Cela amenait le sien. Alors il voulait l’entendre. Que les voisins s’y tiennent. L’ex-étudiant en design n’avait jamais ramené quelqu’un de toutes ses études. Ils pouvaient bien supporter une seule nuit un peu plus chaude que les autres.

Ses paumes se baladaient sur tout le corps de son tendre garçon. Il le découvrait de ses doigts, de ses lèvres, de son torse. Entre deux gémissements et embrassades, Tao soufflait son prénom. Car il n’avait que lui en tête. Que lui et uniquement lui. Son unique bonheur était entre les mains d’un inconnu à l’heure actuelle. Sa peau de nacre complétait la sienne. Leurs corps en fusions s’emboitaient comme s’ils avaient été faits pour cela. Comme s’ils avaient été conçus pour se trouver et s’aimer passionnément le temps d’une nuit. Le hasard, le destin, la chance. Tout aurait pu être possible. Mais il n’y avait que leur deux corps à eux. Que cette symbiose immense. Cette sensation de plaisir. Cette odeur douce de désir. Tao pouvait y croire. Ils étaient faits l’un pour l’autre. Pour ce soir en tout cas. Pour le reste, ils verront demain. Demain. Un nouveau jour. Où la lune ne sera plus. Et où ce corps de fée et cet être ingrat risque de lui échapper. Mais il ne le laissera pas partir aussi facilement. Il demandera quelque chose en contrepartie. Comme un numéro par exemple.

Enfin, il sentit l’ultime sentiment monter en lui. S’accrochant alors à son homme, à Jin, Tao alla de nouveau l’embrasser, la main dans le creux de sa nuque, l’autre l’empêchant de s’effondrer sur lui. Son corps ne fut que frissons avant qu’il ne vienne finalement, sans lâcher sa bouche venimeuse, qui l’avait rendu aussi dépendant que n’importe quelle drogue. Il attendit qu’il ne vienne aussi, allant le stimuler de sa main. Pour lui faire plaisir, il lui avait fait  plaisir. Ce n’était pas discutable. Un sourire étira les joues rondes de Tao, alors qu’il regardait Jinyeong reprendre son souffle. Sans même hésiter, il allait lui embrasser le cou, avant de le serrer dans ses bras. Il agissait comme s’il l’aimait. Comme s’il lui était précieux. Comme si ce qu’ils venaient de faire n’était pas la première fois. Et étrangement, cela le rendait toute chose. Rigolant légèrement, il ne put s’empêcher de le regarder. Il ne savait pas ce qu’il devait penser de tout cela. Mais il aimait ça.

« Alors ? demanda le Zhang, en se relevant. Tu as aimé ? »

Après avoir eu sa réponse, il se releva, se retirant doucement de lui pour aller jeter la capote usagée avant de revenir se blottir contre lui sous la couette. Du côté oreiller cette fois. Tao le serra doucement contre lui, passant la main dans ses cheveux blonds, qu’il s’imaginait décolorés. Il les écarta de son front avec tendresse, attendant qu’il ne s’endorme. Ce qui ne tarda pas. Ce qui rattrapa Tao dans la seconde à peine qui suivie. Lui embrassant une nouvelle fois la joue avant de sombrer dans les songes, il n’eut même pas une pensée pour ses amis restés sur le carreau. Oh, Seojoon comprendra. Tout comme les deux autres. Il en était sûr. Et puis. Il n’y avait qu’à voir le minois qui l’avait abordé pour comprendre sa faiblesse. Plus son genre que cela, on ne faisait pas mieux. Et il fallait savoir profiter un peu dans la vie.

Les rayons du soleil le réveillèrent. Le premier, évidemment. Observant l’être qui sommeillait encore contre lui, le chinois émergea doucement. Puis il eut une soudainement envie. Une envie pressante même. Il devait fumer. Hier, il n’avait pas eu droit à sa clope d’après sexe, trop fatigué pour tout ce qu’il avait reçu. Tout ce qu’il avait ressentit de nouveau depuis un moment déjà. Quittant doucement les bras de celui qui le serrait comme un nounours géant, il se saisit de son paquet avant de s’en allumer une, encore dans le lit. Il ne savait pas si l’autre garçon n’aimait pas cela. Peut-être qu’il devrait s’éloigner un peu. Mais il n’en eu pas le temps. Car il sentit une douceur sur le bas de son dos. Et il n’avait pas besoin de se retourner pour savoir de quoi il s’agissait. Même s’il le fit. Parce qu’il en mourait d’envie.

Et une nouvelle fois, le blond se laissa emporter sur le dos par le plus jeune, dans un gémissement plaintif. Ce qu'il voulait. C'était très vaste en y pensant. Sa tête basculant entre le vide et le réel, tout semblait si incroyable. Son corps tout entier ressentait des sensations inconnues qu'il ne voulait plus quitter. Et de nouveau, ces lèvres sur son cou. Une marque. Une nouvelle. Une qui prouvait cet acte interdit d'un soir. Mais cela lui convenait parfaitement. Tout ces gestes doux eurent raison de lui. Ses yeux se mirent à larmoyer, tandis que tout ressortait d'un coup en lui. Il était devenu déjà si sensible, mais face à de la tendresse, il ne tenait plus. Cet homme, il ne comprenait pas. Ce n'était pas simplement une nuit avec lui. Il avait l'impression de se laisser aller beaucoup trop vite au moindre de ses touchers. Ce n'était pas normal. Il n'y avait plus rien de censé. Sa voix sortait de plus en plus, tandis que tout ses muscles vibraient de plaisir et résonnaient avec ceux de Tao. Ses lèvres se collaient aux siennes dans une tendre valse, pouvant en inspirer les plus grands compositeurs. Et le coréen, lui, n'en manquait aucune note. Et la danse s'embrasa d'un coup. Ses coups en lui se firent si précis en quelques secondes. Il n'avait jamais ressenti ce plaisir. Une douce flamme qui s'était mise à le brûler tout son corps. Et sous un étonnement, il lâcha un cri de surprise, mais aussi de plaisir. D'autres suivirent. Encore et encore, à chaque fois que son partenaire touchait cette zone si incorrecte.

L'observant alors entre ses yeux brouillés et humides, il accrocha doucement ses bras autour de lui. Ne plus lâcher cette être qui lui procurait tellement de bonheur à l'instant même. Il devenait complètement fou au fur et à mesure. Tout se dissipait dans son sang, comme une rivière acharnée de sentiments qui le torturaient depuis si longtemps. Comment ne pas être satisfait avec une personne comme celle qu'il avait contre lui en ce moment même ? Sa peau contre la sienne devenait si chaude et sensible. Il aurait pu lui faire n'importe quoi, qu'au vu de son état, le blond n'aurait tout simplement que profité. Encore et encore. Ses lèvres se rattachèrent à celles du plus jeune. Leurs souffles entremêlés, leurs corps emboîtés, tout semblait si parfait. Tout le fit frissonner, même cette douce main qui le retenait de faire un plongeon dans le vide. Puis il le sentit enfin venir, le faisant rougir comme pas possible. Faible face à lui. Si perdu. Tout son univers de règles s'était effondré en un instant, comme si ce n'était pas suffisant. Ses lèvres humides qui ne voulaient plus se séparer des siennes, laissèrent échapper un gémissement en sentant sa main sur lui. Puis c'était à son tour, de se laisser porter par le plaisir et de s’effondrer sur les draps. Son torse s'élevait au fil de sa respiration et ses yeux ne parvenaient pas à le lâcher. Si attirant et pourtant si dangereux. Et sans comprendre, il se retrouva entre ses bras, sa tête se faufilant un peu dans son cou pour sentir son odeur. Ces bras, il le savait. Ils étaient si agréables, comme ces doux baisers tendre et amoureux. Amoureux. Il ne savait pas comment décrire tout cette vague de bonheur qui lui traversait l'esprit. Il ne pouvait tout simplement pas s'imaginer à quel point cette nuit avait  un impact dans sa petite tête. Surtout au vu de cette question  évidente.

"O-Oui...Beaucoup..." lui répondit-il d'un petit sourire.

Se calant alors mieux dans les draps, il ne le vit même pas partir qu'il se retrouva de nouveau contre lui, soupirant d'aise comme il ne l'avait jamais fait. Ce besoin de chaleur et de tendresse, il le ressentait dans tout son corps. Comment était-ce possible de devenir si dépendant d'une personne en une nuit, avec un simple rapport ? Ses cheveux lui tombaient devant les yeux, mais pas pour longtemps, avec cette main qui se glissait tendrement dans ceux-ci. Une perle. Une de celles qu'il ne devait pas lâcher. Et sans même s'en rendre compte, il sombra dans un sommeil qui fut si court aux côtés de cet être mystérieux. Ses bras de se détachèrent pas de lui de toute la nuit, le resserrant sans cesse. Ce sommeil dont il ne manquait pas. Ce n'était pas le soleil qui le réveilla, mais une odeur lui piquant les narines. Fronçant un peu du nez, il entrouvrit difficilement ses yeux pour observer un dos bien sculpté. Sa tête le martyrisait, et sans comprendre pourquoi il le fit, il tendit légèrement sa main, venant effleurer ce dos qui lui semblait si chaud. Cette peau douce et délicate, et pourtant déjà si brûlante. Encore à la recherche de chaleur avec un de ces regards doux. Mais tout parti en vrille quand les souvenirs lui revinrent et devinrent plus clairs. Non, pas ça. Se redressant d'un coup, il se mit dans un coin du lit, observant finalement cet être qui était redevenu un inconnu à ses yeux. Cette appartement, ce lit, ce corps, il avait l'impression de les connaitre depuis toujours. Pourtant, il n'avait pas rêvé. Il avait ressenti ce besoin de venir se blottir contre lui en l'apercevant. Mais qui lui avait foutu ces idées en tête ? Prenant cette dernière entre ses mains, il se mit à marmonner des choses incompréhensibles, avant de se lever d'un coup, manquant de se casser la figure en sentant sa tête tourner et cette douleur dans sa partie inférieure. Un cauchemar. Mais qu'est-ce qu'il lui avait pris par la tête ?

"Je suis fini, c'est pas possible. Mais je suis tellement con bordel !"laissa-t-il s'échapper clairement avant de remettre ses vêtements sur le dos.

Regardant alors Tao avec un visage complètement perdu, il secoua la tête en soupirant. Cette envie d'être dans ses bras ne quittait pas son esprit. Mais il savait déjà ce qui l'attendait en rentrant. Interdit. Il le resta, sans rien dire, à moitié au bord de la crise de nerfs. Il avait aimé cela, beaucoup trop, mais il n'aurait pas dû. Ce n'était pas bien. Tout se mélangeait. Etre obligation et ses propres sentiments. On le lui avait toujours dit, pourtant, que les relations avec des hommes lui étaient proscrites. Un péché. Le pire de tous. Un acte répugnant, qu'on lui avait toujours dit. Et à un si jeune âge, les pensées sont si influençables.  Passant une main dans ses cheveux blanc, il resta à buguer sur le corps du plus jeune avant de tenter de se reprendre. Et en plus, il fumait. Mais cette vision le faisait tellement perdre la tête. Exploser, c'est ce qu'il voulait. Mais il se retint avant de le fixer une nouvelle fois. Non mais sérieusement, son regarda n'arrêtait pas d'être attiré par lui. Comme aimanté par cette beauté si plaisante à ses yeux, se tirant un peu les cheveux, il se pinça les lèvres.

"Faut pas que ça sorte de cet appart'. D'accord ? Je vais déjà m'en prendre pleins la figure, faudrait pas que la ville soit au courant." qu'il lui dit alors avant de récupérer ses quelques affaires encore sur le sol.

Au final, il n'avait pas pris grand chose. Mais il avait le cœur lourd, et des douleurs partout. Il arrivait à peine à marcher correctement, il fallait le voir pour y croire. Et le pire dans tout ça, c'était que le lui intérieur se ramenait comme une fleur en lui faisant croire qu'il voulait remettre ça. Il avait dû perdre quelques neurones entre hier et aujourd'hui. C'était pas possible autrement. Tout doucement, se maintenant au mur, il se dirigea vers le lavabo en prenant une grande inspiration et en venant passer de l'eau sur son visage. Son corps réclamait ses mains sur lui, cette chaleur qu'il avait ressenti durant toute la nuit. Se mordillant un peu la lèvre, il soupira, essayant de rester calme. De toute manière, ses amis l'avaient grillé en train de sauter sur un mec en étant complètement torché. Son père serait forcément au courant. Et ce soir, il aurait le droit à une correction plus que sévère. Mais au moins, il pouvait se dire qu'il avait enfin connu ce sentiment de bien être entre les mains d'une personne. Une personne, qui, même pour une nuit, avait accepté de le chérir. C'était la première fois. La première fois qu'il laissait exprimer ce besoin grandissant d'une étreinte délicate. Et il l'avait obtenue. Dans les bras d'un quasi inconnu. S'humidifiant bien le visage d'eau fraîche, il se dit qu'il ne devrait pas tarder. Parce que rester ici trop longtemps ne ferait que le nuire et convertir plus qu'il ne l'était déjà. Le regardant alors, il rajusta ses habits, et surtout sa chemise dans son pantalon.

"J-Je vais pas traîner. Je devrais pas être ici de toute manière. Alors...Oublie moi. Et si possible n'ébruite rien. J'ai déjà fait assez de conneries comme ça et en plus tu n'avais pas l'air d'avoir envie de m'en empêcher." qu'il lui dit alors plus sèchement.

Il ne comptait en rien s'excuser pour son comportement. Le plus jeune avait dû être surpris, de se retrouver en face d'un idiot qui ne comprenait rien à la vie en ce moment même. Pourtant, chaque mot qu'il lui disait lui faisait en quelque sorte mal. Il n'était pas en mesure de réfléchir, mais lui rejeter la faute dessus n'arrangerait rien. De toute manière, il ne le reverrait sans doute jamais. Et cette pensée, le fit frissonner pour une quelconque raison inconnu. Mais qu'est-ce qu'il lui prenait tout d'un coup ?

Tao était en train d’assister à la crise de « panicked gay » la plus incroyable de sa vie. Il faut dire que, lui-même n’avait jamais fait cette fameuse « bi hesitation », optant quasiment toujours pour l’homme. Mais les femmes, elles l’attiraient toujours dans leurs filets comme s’il était le plus grand des idiots. Il fallait dire qu’il était faible pour les deux sexes. Mais là n’était pas la question. Tirant de nouveau sur sa cigarette, il regarda, sans vraiment penser à quelques choses, Jinyeong paniqué sur le bord de son lit. Puis il l’observa se lever pour commencer à amasser ses affaires. A vrai dire, il avait bien compris la situation, le Zhang. Mais cela avait pourtant été si plaisant qu’il s’était dit que cela aurait pu durer un peu plus longtemps. Plus qu’une nuit. Plus qu’une relation charnelle d’un soir. Mais peut-être était-il trop optimiste ? Surtout qu’il n’avait pas encore pris de café. Alors, il n’allait surement pas pouvoir lui courir après. Enfin… Si Jin pouvait encore courir…

Ses yeux détaillèrent le corps qui s’habillait devant lui. Lui aussi, il y avait les yeux attirés par lui. Comme s’ils ne pouvaient pas se lâcher. C’était comme contre nature de les séparer aussi abruptement. Tao avait aimé cette soirée. Il en avait chaque moment, chaque petite brisure ou interstice. Il en avait profité aussi. Tout comme Jinyeong avait pu le faire. Sa remarque à voix haute fit tiquer Tao. Quoi ? Oui, il venait de coucher avec un homme, sortant sans doute de tout ses dictats où l’homosexualité banale est innommable. C’était eux les cons, pas Tao et encore moins Jin. Ceux qui bloquent toutes sexualités à celle d’homme-femme. Qui, d’ailleurs, n’existe que dans un but de reproduction. Il était prêt à parier sa petite sœur que Jin serait obligé de se marier pour avoir des gosses et faire plaisir à ses parents. C’était toujours comme ça. Et dans vingt ans, quand ses enfants auront grandis, que sa femme sera devenu l’une des pires vedettes du boulevard, il se rendra compte qu’il aime véritablement les hommes. Et sa vie, gâchée au travers de sa sexualité, s’effondrera. Un peu tristement, il continua de le regarder, finissant sa cigarette matinale. Puis il secoua doucement la tête.

« Et tu veux que j’aille le dire à qui, en fait ? demanda-t-il, sans grande conviction. Je sais même pas qui tu es. »

Et c’était diablement vrai. Jin avait dit qu’il était populaire. Mais de quoi au juste ? En tout cas, Tao n’en avait aucune idée. Et il se disait que Seo non plus. Aucun des deux n’était très proche de l’actualité. D’ailleurs, Tao n’avait même pas de télévision chez lui. Un ordinateur, à la limite, pour le travail. Mais il ne savait pas vraiment quoi en faire. Il avait inscrit sur The Chart à un moment. Puis il était partie en commençant ses études, se désinscrivant et coupant drastiquement tout intérêt au social. Une espèce d’ermite des temps modernes oui. Mais qui pourrait lui en vouloir ? Alors, il ne savait pas qui était Jinyeong Seong. Même si celui-ci semblait être assez célèbre pour péter plus haut que son cul. Dans tous les cas, Tao n’en parlera à personne. Si telle était sa décision, il la suivrait. Parce que, mine de rien, il tenait à lui. Aussi étrange que cela puisse paraître.

Se levant alors en quittant son lit, il s’étira légèrement, le reste de sa clope entre son index et son majeur. Avant de saisir un jogging un peu dégueulasser de peinture et de l’enfiler. Car oui, il était resté en tenu d’Adam jusque là. C’était chez lui. Et hier, ils avaient fait bien plus que la simple vision des corps. Alors, le monsieur sainte-ni-touche que devait sans doute être son partenaire – enfin… plus maintenant – n’avait pas intérêt à lui faire la moindre remarque. Glissant sa main libre dans sa poche, Tao ne put pas le quitter des yeux alors qu’il finissait son bâton de nicotine. Le regarder remettre ses vêtements. Quel plaisir. Même si cela semblait un peu chelou. Il avait déjà envie de le revoir. Parce c’était évident qu’il allait partir, disparaissant de la vie de dessinateur pour tenter de ne jamais revenir. Sauf que c’était sans compter sur un facteur important du caractère du plus jeune : lorsqu’il avait « targget » une personne, il ferait tout pour lui arracher ses trois mots magiques. Ses trois mots qui électrisaient n’importe qui.

Pourtant, ce fut bien ce que lui demanda Jin, sur ce ton peu gentil. Tao arqua un sourcil à sa remarque. A la limite, oui, il aurait pu le laisser courir les rues de nouveaux, comme le parfait petit con qu’il était, sans jamais plus le revoir. Mais étrangement, bizarrement, tous ses adjectifs-là, il ne sentait pas de le faire. Parce qu’il avait l’impression de perdre quelque chose rien qu’en y pensant. Il sentait comme un fil qui lui échappait des mains, qui glissait entre ses doigts. Un peu comme une idée concrète et intéressante qu’on aurait laissé de côté jusqu’à l’oublier pour faire plaisir aux autres. Sauf que les autres, Tao, il s’en foutait pas mal. Il savait qu’il valait mieux qu’eux. Il revenait de trop loin pour ne pas se considérer comme tel. Après tout, il était passé du gamin harceler, au garçon que tout le monde s’arrache et souhaite avoir dans son lit. Il y avait de quoi se venter quand même. Un sourire s’étirant sur ses lèvres alors qu’il se rapprochait de lui, éteignant son mini-cancer ambulant dans un des cendriers qui passa sous sa main.

« Tu m’étonnes que j’ai pas voulu t’en empêcher, dit-il en se postant devant lui, arrogant. Mais avoue que tu as eu du plaisir, hier soir… »

Jouer au plus con, Tao savait très bien faire. Et là, il voulait que Jinyeong se rende compte d’à quel point il était idiot de le faire avec lui. Mais d’un autre côté, cela l’amusait de le voir ainsi. Autant que cela lui faisait mal. Il détestait voir une personne, quel qu’elle soit, souffrir de sa nature comme d’une maladie. Jin ne devait pas encore s’en rendre compte. Mais se cacher derrière les bonnes directives de la société, ce n’était pas ce qu’il fallait faire. Bien au contraire. Il aurait dû comprendre que le seul moyen qu’il avait d’être libre, définitivement, de tout, c’était de s’accepter. Et s’il le fallait, Tao serait prêt à l’aider. Mais pour cela, déjà, il ne fallait pas qu’ils coupent les ponts. Tao voulait le revoir. Et savoir ce que camoufler ce sourire suffisant et ses airs de petits bourges. Il voulait découvrir chaque paramètre. Pour savoir si, réellement, Jin était bel et bien le connard qu’il s’imaginait. Ou alors, un garçon tout à fait paumé dans sa vie, qui ne savait pas où aller. Dans tous les cas, le sino-canadien voulait être aux premières loges. Ou même mieux : être acteur de cette comédie.

Soupirant alors discrètement, il sortit son téléphone pour pianoter dessus. Pas qu’il se désintéresse beaucoup à cette discussion qui n’avait aucun sens. Bien au contraire. Ses doigts s’activèrent à créer un nouveau contact, à taper le nom et le prénom du garçon devant lui. Une soudaine envie de café le prit, mais il la repoussa au plus profond de lui. Ce n’était clairement pas le moment d’aller allumer sa cafetière pour se taper un bon mug de caféine, alors que le garçon qui l’intriguait était sur le pas de sa porte, prêt à fuir à n’importe quel moment. Relevant les yeux vers son assassin du cœur, il sourit en coin avant de lui tendre l’appareil. Ce geste n’avait rien d’offensant, rien de méchant. Il ne l’agressait même pas. Et Jinyeong avait tout à fait le droit de refuser. Mais il se fermerait la porte. Celle que Tao essayait de garder ouverte.

« Donne-moi au moins ton numéro, lâcha-t-il. Tu me dois bien ça… Pour avoir violer mes lèvres. »

L'intention de quitter les lieux était très présente. Mais quelque chose le retenait étrangement à cet homme qu'il aurait pourtant préféré ne jamais rencontrer. Son visage piqua un fard, tandis que ses sourcils se froncèrent sous sa réponse. Lui, avoir eu du plaisir ? Il n'allait sûrement pas le lui avouer à voix haute. Ce qu'il avait fait était tout simplement impardonnable, et il le savait très bien, alors pourquoi vouloir le lui rappeler ? Le détaillant des yeux, il les roula avant de croiser les bras. En plus de cela, il lui bloquait le passage. Bon. Cette situation était déjà assez gênante comme cela. Soupirant un coup, il le regarda dégainer son téléphone, haussant un sourcil. Le blond devait avoir gagné le désintérêt du plus jeune si celui-ci osait même jouer sur son appareil devant lui. Commençant à s'impatienter, il jeta un léger coup d’œil à ce que faisait ce dernier, clignant un peu des yeux sous l'incompréhension. Puis, tout autre chose capta son intention. Il dessina doucement de son regard son torse encore découvert. Si indécent. Et puis ces bras, comment était-ce même possible d'avoir des muscles si saillants ? Il délirait. Il en venait à analyser en cachette les courbes de celui qu'il avait devant le nez et auquel il ne devait en aucun cas succomber. Sa main passa alors doucement sur son cou, ayant un étrange sentiment de brûlure sur la peau, fixant alors l'autre, les yeux complètement grands ouverts. Si c'était ce qu'il croyait, il ne pourrait jamais cacher cela pendant la semaine.

"T-Tu...Tu m'as fait des suçons ?! Ici ? Si visibles ?" commença-t_il à monter un peu dans les aigus.


Mais il n'eut à peine le temps de s'agiter que d'un coup, un écran fit face à son visage. Penchant un peu la tête sous l'incompréhension, il se mordilla ses lèvres écarlates, avant de soupirer une nouvelle fois de désespoir, et de sursauter à son nouveau surnom. Violeur de lèvres ? Sérieusement ? Il n'avait pas eu l'air contre pourtant. Cela n'avait pas semblé le déranger, au point que le faire contre le mur d'une ruelle lui aurait sûrement plu. N'importe quoi, vraiment. Plus jamais il ne toucherait à de l'alcool en ville. Secouant la tête, il lui arracha nonchalamment le téléphone des mains, venant alors y taper son numéro personnel. Il n'avait aucune idée de pourquoi il le faisait. Sûrement par fierté et pour ne pas se laisser démonter par ce sourire en coin qui voulait tout dire. Était-il même vraiment intéressé par un connard comme lui ? Aucune idée. Sans doute que non.  Avec lui, c'était tout bonnement impossible. Fiancé, violoncelliste reconnu, il ne pouvait pas tout faire partir en éclat à cause d'une simple impression de réelle affection. Lui collant alors son appareil sur le torse, il se recula un peu.

"C'est bon ? Content ? Je peux me barrer d'ici ?" qu'il lui demanda rhétoriquement.

Oui ou non, peut-être, il ne comptait pas prendre en compte sa réponse. Partir d'ici la tête haute, c'était tout ce qu'il voulait. Et puis, au moins, il éviterait de penser à ce type qui commençait déjà à lui hanter les esprits. Il en garderait en plus une trace sur sa peau. Mauvaise idée. Vraiment. Ébouriffant ses cheveux, il le contourna, pris sa veste, et remis rapidement ses chaussures avant de se diriger vers la porte, lentement. Se remettre de ses émotions, quitter un nid chaleureux pour finalement retourner vers cet endroit stricte dont il ne voulait plus entendre le nom. Lui jetant un léger regard en arrière rempli d'affection bien que silencieuse, il baissa en une fraction de seconde ces derniers pour finalement ouvrir la porte qui le ramènerait dans le monde réel.

"A plus gamin." qu'il lui lança avant de passer ce portail et de se retrouver dehors.

Restant quelques secondes sur le pallier, il se frotta le visage, avant de courir dans les escaliers, et de se rediriger chez lui. Un bol d'air frais en pleine face pour se reprendre. Tao. Un prénom facile à retenir. Il n'aurait jamais dû se retrouver là. Quel idiot. Regardant un peu l'écran de son téléphone avec quelques regrets sûrement passagers. Il n'en avait pas le droit. Se les refuser. C'était tout ce qu'il devait faire de toute manière. Cela lui coûterait cher. Son père le priverait des dernières libertés qu'il possédait. Ce mariage, il n'en voulait pas. La seule chose qui l'inquiétait était son violoncelle. Le vieux était capable de tout, même de le lui casser en deux pour lui faire comprendre les choses. Un peu comme ces guitaristes de fin de concert qui s'amusaient à exploser leurs instruments. Lui, n'était pas de ce genre. Il était son seul trésors. Ce dont il prenait le plus soin. Même ses envies les plus importantes, il tentait de les enfouir profondément en lui. Tout était si catastrophique. Des émotions contraires à ces règles qu'on lui avait toujours imposées. S'il s'écoutait réellement, il y retournerait sans plus attendre dans ces bras mystérieux. Si seulement il le pouvait. Sentir sa peau contre la sienne, ce regard sur lui, tout le faisait vibrer. Mais il n'y avait rien de sincère dans une relation d'un soir. C'était ce qu'il s'était toujours dit. Tao ne le contacterait sans doute même pas et tout finirait ainsi. Qu'importe, ce n'était pas plus mal au final.

Ses pieds stoppèrent leur marche devant un grand portail noir. Entrant alors, il se fit dévisager par les gouvernantes, avant d'entendre des bruits de pas s'approcher de lui dans de vastes mouvements d'air. Se fixant sur place, il eut à peine le temps de fermer les yeux que le coups sec qu'il reçut sur sa joue était parti. Son père. Discrétion assurée. Il espérait que ce type en valait vraiment la peine, au vu de ce regard empli de haine. Il n'avait plus qu'à endurer et supporter tout ce qui allait se passer, dans l'espoir de pouvoir revoir l'ombre de son visage. Espérer. Cela faisait longtemps qu'il ne l'avait pas fait. Il pouvait toujours tenter un peu.