so far away / lukace #1

Il s'acharne, se réveille tôt le matin pour se coucher tard la nuit. Il n'a pas d'autre choix. C'est ça ou bien rester cloîtrer chez lui à se faire bouffer par ses propres démons, par la culpabilité, le deuil et la solitude. C'est ça ou devenir fou à lier. Alors Jacek s'accroche désespérément à son job, là où il l'avait quelque peu délaissé pour le bien-être de sa famille et l'amour qu'il leur portait. Mais aujourd'hui, il n'a plus rien de tout cela. Sa petite fille, Jenny, est partie, elle s'est envolée, elle les a quitté, et quant à son amour... et bien, il l'avait quitté lui aussi, sous la violence de leur tristesse et de leur souffrance. Un mois qu'il n'avait plus croisé le regard terni et noir de Luke. Un mois qu'il rentre du boulot et se faufile dans des draps froids. Un mois que son coeur ne bat plus pour personne, si ce n'est que pour son ancienne vie, pour les deux âmes qu'il a aimé plus que tout.
Aujourd'hui, il n'a plus rien, et Jacek essaye de faire avec. C'est donc à vingt-et-une heure qu'il quitte les bureaux d'une entreprise d'aéronautique avec qui son laboratoire de recherche est en collaboration étroite. Ses missions se sont accumulées et, toujours aussi perfectionniste, il les traite toutes, n'en laissant aucune de côté. Dans les rues dynamique de la ville, Jacek rejoint le parking où il a laissé sa berline noire, passant devant quelques devantures de bar et autres pubs. Son regard est facilement attiré par les jeunes et les moins jeunes qui fument, boivent et semblent passer un bon moment. Il n'a pas le temps de se demander ce qu'il ressent en voyant ces scènes, car une silhouette accoudée à une porte d'où sort un bruit de techno acharné lui arrache un tressaillement au cœur. La surprise le prend de haut et s'acharne alors que ses tympans sifflent et que sa respiration devient sifflante. La peur et la tristesse prennent bientôt le relais, et il lui est impossible de continuer son chemin comme si rien ne s'est passé. Impossible. Il est cloué là, le regard perdu sur le visage de son ex-mari. Un visage un peu détruit, une bouche qui alterne entre sa pinte de bière et les lèvres d'un jeune homme aussi soul que lui. La scène lui tord les tripes, lui donne envie d'arracher son cœur hors de sa poitrine, lui crie de fuir, de partir. Mais une partie en lui désire tout autre chose... séparer les deux hommes et sortir Luke de sa misère nocturne. Le brun a beaucoup bu, Jace ne le connait que trop bien. Le brun s'est construit un foie de résistance, mais ce soir il a du couler dans l'alcool fort, car il ne tient même pas en place. Pathétique ? Non, juste triste, très triste de le voir dans cet état. Et puis, il y a ce jeune homme qui ne cesse de s'acharner sur lui, et Jace commence à ne pas supporter plus la vue que les deux donnent en spectacle. Que faire ? Y aller ? Pour lui dire quoi ? Il n'y a rien à dire. Juste sauver Luke de cet endroit ou bien il mourra d'un coma éthylique avant minuit. Il en est capable, alors, encore hésitant, le chercheur inspire un grand coup et s'avance vers la porte, vers son ex-mari. Plus il s'approche, plus il tremble, mais son état critique l'aide à continuer sa route jusqu'à lui. Plus le blond s'approche, plus l'état lamentable de Luke le frappe, et plus sa compassion ne cesse de grandir. Il aurait pu finir comme lui, un trou à alcool, pour oublier toutes les merdes de la vie qu'il subit. Il faut bien que quelqu'un soit là pour le relever, lui montrer la voie, même si Jace n'a plus d'espoir. Au moins, il lui aura tendu une dernière main, pour la mémoire de leur fille, pour la mémoire de leurs années passées ensemble. « Luke... » Il n'ose pas aller trop vite en besogne, le bousculer. Il attend que le brun le remarque pour prendre ses bras en main et le pousser délicatement vers l'extérieur. « Viens, t'es dans un sale état, je te ramène chez toi. » Il ne lui donne pas de choix, parce qu'il sait comment cette soirée se terminera s'il le laisse avec sa bouteille de bière et ce bel Apollon. Au plus profond de lui, ça l'emmerde. Jacek jette alors un regard autoritaire et violent au jeune homme qui hausse des épaules et rentre finalement dans le pub pour chercher une autre victime. Puis, son attention revient complètement vers Lucas qu'il tente tant bien que mal de l'aider à marcher. Le voir aussi désinhiber lui donne un élan au cœur. « Dans quel état tu te mets encore ? »
Arrête Luke. Ça n'en vaut pas la peine.

La tension dans son corps est si profonde qu’il n’arrive pas à s’en échapper. Les phalanges encore endoloris par les coups qu’il a porté, son esprit n’a de cesse de le plonger de nouveau dans la folie qui l’a gagné au cours de la journée. C’était inévitable. Au plus profond de ses tripes, cette hargne sommeillait depuis bien trop longtemps pour qu’il puisse la maintenir. Il n’a pas pu s’empêcher lorsqu’il a arrêté cet homme, cet ordure, pris en flagrant délit de kidnappage. C’est comme si son esprit avait quitté son corps pour ne laisser derrière lui qu’une bête sanguinaire qui demandait qu’à sévir. Ce qu’il a fait en le heurtant de multiples coups violents en plein visage. Il ne se rappelle rien, si ce n’est du contact chaud de son corps lorsqu’il l’a plaqué avant de sentir le sang de sa victime se mêler à sa sueur. Une perte de contrôle, comme il peut en avoir ses derniers mois depuis que la lumière de sa vie s’est éteinte, s’est envolée sans laisser la moindre trace, si ce n’est de provoquer une douleur latente au fond de son cœur. Un dérapage de trop, pour sa hiérarchie qui l’a congédié, lui assénant une mise à pied contre laquelle il n’a rien pu faire. Impuissant, frustré et amer, il a aboyé sa rage envers ses camarades, quitte à maudire les plus bienveillant. Qu’ils aillent tous se faire foutre avec leurs bons sentiments ! Ils ne comprennent pas ! PERSONNE ! Personne, ne peut saisir à quel point je me sens mort de l’intérieur. Alors, après des heures passées en salle de sport pour se défouler contre un sac de boxe, ses pas l’amènent dans un bar où il vient commander un whisky pur. Pas d’alcool doux. Il a besoin de se vider la tête, d’atténuer autant que possible cette chaleur qui enflamme chaque veine de son être. L’alcool l’aide à lâcher prise, à oublier cette tristesse et hargne qui l’habite continuellement. Les verres s’enchainent et l’envie de se fumer une cigarette le consume. Ses pas se font hésitant. Il est dans un sale état, mais cela ne l’interpelle pas. Il s’en fout complètement, ne désire que brûler ce bâton de nicotine en buvant son énième verre de whisky. Appuyé contre le mur du bar, il laisse son regard se porter sur la silhouette d’un homme élancé. Ses yeux se montrent indiscrets. Le corps est appréciable et le propriétaire semble satisfait de l’insistance de son attention sur lui, car il vient se mordiller la lèvre. Son esprit s’égard vers de pensées malsaines. Un corps chaud contre le sien qu’il pourra posséder comme il le désire. L’idée est tentante et sans doute que son regard doit être révélateur, car le beau brun s’approche de lui, use d’une posture séductrice pour venir envahir son espace personnel. Pas besoin de mots, juste leurs regards expriment leur volonté claire pour la nuit. De la baise, seulement un acte charnel qui les conduira qu’à assouvir des besoins primaires. Leurs lèvres se trouvent et la gourmandise s’accroit. Il l’embrasse durement, jonglant entre ses lèvres et son verre. Plus, il sera enivré et plus la satisfaction le dévorera lorsqu’ils passeront aux choses sérieuses. L’échange se fait plus cuisant. Plusieurs fois, il chancelle avant que son partenaire ne l’entraine de nouveau dans le bar pour peut-être passer à l’acte. Malgré son état presque éthylique, une voix parvient à se faire un chemin dans son esprit. Sa putain de voix qui lui manque cruellement. Jacek Son cœur s’emballe, mais pas de la même manière. Cette chaleur est douce amer et le fait souffrir, aussi durement que cette frustration. Il s’intime à éviter cet homme, son regard, mais inconsciemment ses prunelles trouvent les siennes. Ce manque de lui est aussi dévorant que la perte de tout ce qu’ils avaient. « Lâche-moi, putain… » Il cherche à se défaire son emprise, mais manque de trébucher et de s’échouer sur le sol. « Qu’est-ce que ça peut te faire ? On est plus ensemble que je sache. T’as plus à t’occuper de moi, tu te souviens !? » Le ton de sa voix se veut brutale, mais n’est que murmure. Ses mots ont des difficultés à sortir de manière intelligible. Toute sa concentration se fait sur le point de contact qui relie leurs corps. L’envie d’en avoir plus vient le dévorer alors il s’exécute sans réfléchir à ses actions. Son corps vient s’appuyer sur celui de son ex-mari, le bloquant à son tour contre le mur. « Qu’est-ce que tu fous là, Jace ? » son haleine embête le liquide ambrée, l’odeur de son alcool de prédilection alors que son regard sombre est ancré à celui cet homme. « Jaloux ? » Il questionne avec une certaine fermeté, comme si son esprit finissait par revenir par intermittence, à moins que ce soit son cœur qui cherche à trouver des éléments qui pourraient lui faire croire que rien n’est vraiment terminé entre eux, que l’amour est là, juste étouffé par ces sentiments nocifs. Et alors ? Qu’est-ce que ça changerait ? Rien ne serait plus comme avant…

On les observe avec des regards scrutateurs, biaisés et intrigués, mais c'est le moindre soucis du blond qui tente tant bien que mal de faire avancer le brun vers la sortie du pub. C'est qu'il est lourd, Lucas ; ses muscles, l'alcool ingurgité et sa tristesse légendaire au visage le pèsent comme jamais. Il a toujours été imposant, mais savait à l'époque garder un certain contrôle de lui-même, même quand il avait un peu trop bu après une affaire classée. Il semblait à l'époque plus léger, plus joueur, plus consciencieux. Mais alors qu'il essaye de se dégager comme un enfant de six ans, la gueule exorcisée par un flot d'émotion en continu, ses mots s'enfoncent dans la poitrine de Jace et entaillent son coeur à plusieurs endroits parce que son ex-compagnon a raison. Il n'a aucun droit de le tirer de ses jeux dangereux, il n'a aucun droit de croire ce qu'il y a de mieux pour lui, il n'en a plus du tout. Ils ont signé cet accord il y a un mois de cela, et Jacek vient de le briser. Est-ce que cela vaut la peine de maugréer des mots aussi tranchants qu'une lame bien aiguisée ?
Le blond soupire en le regardant avec un air un peu décontenancé et inquiet. Bien sûr que ces paroles lui font mal. Tout humain aurait ressenti la même chose à sa place. Après tout, il est en face de l'homme avec qui il a partagé la majorité de sa vie sur Terre. Le voir le renier, à nouveau, est douloureux et lancinant... mais le retient sur place. Il ne le quitte pas, c'est décidé, même si la scène vue d'extérieure peut être mal interprétée, il n'en a que faire. Même séparé de Luke, il est celui qui s'apparente le plus à un proche. Il ne le laissera donc pas plus s'empoisonner le corps et l'esprit, point final. « Je sais, mais il faut bien que quelqu'un le fasse, non ? », lui lance-t-il alors qu'il revient à l'attaque de son bras pour l'entraîner à l'extérieur.
Jace ne s'attendait juste pas à ce que Luke en vienne aux mains... le contrecarrant au mur le plus proche. Le chercheur recule, n'ayant jamais été très habitué à la violence, mis à part certaines baises torrides au lit avec le brun fut un temps. Mais la confiance était alors absolue. Là, à cet instant, il ignore s'il lui veut du mal ou le contraire. Qui sait, l'alcool peut être traitre. Jacek sent l'adrénaline couler dans ses veines sous le coup de pression, puis se détend quelque peu lorsqu'il sent le corps du brun se coller au sien et son murmure aguicheur et cassé lui susurrer des suggestions embarrassantes. Jaloux, moi ? Il ne peut s'empêcher d'étouffer un rire, mais de penser le contraire. Parce que voir Luke de toute sa hauteur, sur lui, ravive certains désirs bien trop longtemps enfouis sous terre. La frustration d'un mois d'abstinence se fait extrêmement sentir et le contact n'est que plus brûlant sous la fabrique de ses vêtements. Jace déglutie, le dilemme s'étendant devant ses yeux. Et si ça lui plait, qu'est-ce que cela signifie ? Est-ce si mauvais moralement ? La morale, ça le connaît généralement. Toute sa vie, il n'a juré que par elle. Cette dernière l'a sauvé d'une relation de onze ans, alors qu'il voyait d'autres autour de lui crier à l'adultère.
Voilà que pour la première fois, il balaye sa morale dans un coin. « Peut-être. » Ça ne se veut même pas sur un ton défiant et coquin, mais doux et raisonné, en total accord avec lui-même. Pourquoi lui mentir ? Ça ne servirait pas à grand chose à part mettre de l'huile sur le feu. Jace essaye ensuite tant bien que mal à ne pas riposter à cette approche enflammée et se rappelle intérieurement l'objectif de son intervention de ce soir : ramener Lucas dans son appartement et lui faire boire beaucoup d'eau avant de le laisser s'étaler dans son lit pour se reposer. Est-ce qu'il restera le lendemain pour s'occuper à nouveau de lui ? Il ne pense pas, ce serait trop douloureux de devoir l'affronter sobre.
Le blond ramène donc ses mains contre le poitrail de son ex-mari, profitant un peu du contact engagé, et essaye de le faire reculer pour qu'il puisse le laisser continuer sa bonne action de la soirée. « Je suis là parce que je sais comment va finir ta soirée. Laisse-moi te ramener chez toi Luke, tu as besoin d'arrêter et de te reposer. » Je le sais, au plus profond de moi. Je sais ce qui est bon pour toi. Inconsciemment, le blond porte une main à sa joue, dernière tentative pour le raisonner. Le moment devient quelque peu émotionnel sur le coup. « Je ne veux plus que la police ou un hôpital ne m'appellent. Plus jamais Luke. » Sa voix se meurt à la fin, la tristesse frôlant le désespoir et l'angoisse alors qu'il s'imagine perdre tous ceux qu'il a aimé.
Pas toi. Pas encore.

L’alcool désinhibe ses sens, fait ressortir son côté indomptable et sauvage. Il se montre cruel envers lui et les autres. Les dommages collatéraux l’indiffèrent. Son cœur s’est disloqué de sa poitrine depuis que leur petite princesse a disparu. Il n’a plus le goût à rien. Tout lui semble âpre et amer. Il s’abandonne à des déviances légales pour tenter d’apporter un peu de changement dans son quotidien devenu sombre. Il ne voit même pas qu’il ne fait qu’assombrir son âme et sombrer plus profondément dans les ténèbres. Il vomit son mal-être sans prendre des pincettes, ne souhaitant qu’une chose : qu’il parte. Une part de lui ne supporte pas qu’il le voit dans cet état, sans doute parce qu’au fond de lui il a honte de ce qu’il s’inflige, mais inconsciemment il lui en veut. Il le méprise à cet instant pour être dans un meilleur état alors que leur vie a volé en éclat. Ils n’ont plus rien, si ce n’est des vies brisées et malgré cela, Jacek semble aller bien. Qu’il aille se faire foutre ! « Oh ne te donne pas cette peine. Je ne voudrai surtout pas te détourner de ta nouvelle vie bien tranquille… » Ses mots sont cassants, brutaux et empreints de sarcasmes qu’il ne prend pas la peine de masquer. Le geste de son ex-mari entraîne une réaction en chaîne. Il l’accule contre un mur proche, vient imposer son corps au sien, poussé par un besoin qu’il ne contrôle pas. Ce contact l’hypnotise, réveille ses sens comme personne d’autres ne semble pouvoir y parvenir. Foutue addiction ! Il aimerait tellement le haïr à cet instant, ressentir un profond dégoût, malheureusement c’est l’amour, cette foutue affection qui emporte sur toutes les autres émotions qui le tenaillent. Il le provoque, cherche la bagarre par des paroles dures, car son cœur désire savoir ce qui a poussé Jacek à agir, à venir vers lui alors qu’ils se sont quittés. C’était la meilleure chose à faire vu les circonstances, mais cela ne rend pas pour autant la réalité plus supportable. Qu’est-ce que ça m’apporterait de savoir ? Rien ne changerait… Sa question perturbe Jacek. Il le perçoit malgré le chaos de ses pensées, parce qu’il a connu cet homme sur le bout de ses doigts durant tant d’années. Sa soumission provoque l’accélération de son rythme cardiaque. Sa respiration s’emballe et son corps réagit favorablement au contact de ces menottes contre son buste. Ce contact l’électrise, l’enivre et le bouleverse. Il baisse sa garde, ses yeux tout comme sa chair tremblent sous l’effleurement de cette échine qui lui manquent cruellement. « Je ne suis plus ta responsabilité Jace. Tu n’es plus mon contact d’urgence. » Il souffle dans un murmure tiraillé. Il ne précise pas que d’enlever son nom de son patronyme et de l’ensemble de ses documents officiaux ne l’a pas dévasté et plongé dans une détresse sans nom. Sa main vient attraper celle de son ex-amant. La poigne est légère et ferme à la fois. « Ce soir, j’ai besoin de baiser. Pas de me reposer ou d’arrêter. Si tu ne veux pas que je te baise, je te conseille de te barrer. » Sa déclaration est brutale et décousue. Il l’embrasse durement pour lui faire comprendre ses ambitions loin d’être chastes. Le baiser l’électrice même s’il sent une réticence de son partenaire dans cette étreinte. Il ne demande qu’à se perdre dans ce baiser, mais il s’en extirpe, peu désireux d'accroître son addiction envers cet homme malgré l’envie qui le dévore. Il titube sur ses appuis en s’éloignant, son regard sombre toujours ancré dans celui de son amant, provocateur comme jamais. Que vas-tu faire ? Me laisser te baiser ou baiser un autre ?

Luke en veut à son ex-mari, cela se voit, cela se ressent, et pourtant Jace a l'impression qu'une autre inconnues s'immisce dans l'équation. Ses sentiments pour lui ne se seraient-ils donc jamais tus ? C'est la question qu'il se pose à cet instant lorsqu'il le supplie de le laisser prendre soin de lui pour ce soir. Il s'est remémoré de mauvais souvenirs et cela a encore plus enflammé son inquiétude à l'égard de l'état de Lucas. Ce dernier a trop bu et s'il n'était pas là pour l'en dissuader, il aurait certainement continué jusqu'à se retrouver inconscient. Plusieurs scénarii ont défilé dans sa tête et aucun ne le réjouit véritablement.
Plus d'appels. Plus jamais. Ça le détruirait. Ça le tuerait de savoir sa famille, même séparée, ne plus être de ce monde. Il serait seul cette fois-ci, vraiment seul. Les deux êtres qu'il a jamais aimé partis, envolés, il ne se retrouverait plus qu'avec soi-même, dévorer par la culpabilité. Car, oui, cette fois, ce soir, Jace ne peut pas détourner ses yeux et rentrer chez lui sans ne pas intervenir. Il ne se le pardonnerait pas une seconde fois, ne réussissant déjà pas pour la première.
Entendre Lucas maugréer qu'il ne fait plus parti de sa vie et n'est donc pas en mesure de s'occuper de lui le déstabilise un peu. Parce qu'au fond de lui, le blond ressent encore une certaine tendresse et affection pour lui, surtout lorsqu'il est au plus bas. Il ne peut juste pas s'en empêcher. C'est comme ça, pas autrement, il faut tout simplement faire avec. Ne pas trop y réfléchir, penser à ce que cela signifie, et se concentrer sur ses faits et gestes, faire sortir Luke de ce lieu de débauche. « Peut-être. », continue-t-il de lui asséner. Peut-être que non, peut-être que oui. Qui sait ? Et qui veut savoir de toute façon ? Pas lui en tout cas. Pas maintenant. Pas ce soir. Demain sûrement. Oui, demain sera mieux pour se poser toutes ces questions. Pour l'instant, il n'y a que son objectif et ses doigts sur la peau du brun qui ne font que compter. Un contact qui ne dure pas longtemps puisque sa main est rapidement soumise à celle de son ex-mari. Luke a certes du mal à se tenir droit mais sa poigne n'en est pas moins forte. Jace pourrait répliquer, avec tout autant de puissance, pour éviter qu'ils ne fassent des conneries, mais il n'en a jamais eu envie avec lui. Il s'est toujours laissé soumettre lorsque le brun le souhaitait. Il le rendait si faible... peut-être que cela ne changera-t-il jamais, car l'impression revient inévitablement alors qu'il l'écoute parler de baise. Ses phrases sonnent dans ses oreilles et les ondes se répercutent dans sa poitrine et le creux de ses reins. L'entendre parler de cette façon l'affaiblit complètement. Les vieux désirs et les papillons au ventre refont surface, plus intenses que jamais. Même bourré, Luke lui fait toujours autant de l'effet, c'est fou. Jace aurait pu passer à autre chose, aurait pu l'oublier dans sa vie "tranquille", il aurait pu le détester à jamais pour ce qu'il a dit et fait ces derniers mois. Mais non, il n'en est rien de tout cela, du moins pas maintenant, alors qu'il sent le corps de l'inspecteur de police se mouvoir à nouveau contre le sien, brûlant, presque recroquevillé de frustration. Le baiser qui suit scelle tous sentiments et impressions dont il doutait. Le goût du whisky est fort en bouche lorsque leurs langues s'accrochent et dérapent l'une sur l'autre, mais la surprise et le bouquet d'émotion le relargue au second plan. Jace se régale quelques secondes de l'anticipation et l'excitation de son ancien amant dans un soupire gémi, avant que ce dernier ne le laisse sur sa faim. Il est soûl, tu ne peux pas. Lui rétorque une petite voix dans son esprit, la voix de la sagesse sûrement. Imagine-toi le lendemain et toutes ses conséquences. Mais elle ne reste pas bien longtemps une fois que son regard s'accroche à celui de Luke, profond, provocateur comme jamais et délicieusement... Hot. Si tu n'acceptes pas, il ira se taper n'importe quel autre gars de ce bar. C'est vrai. Le blond ne connait pas ce côté là de son ex-mari, mais le pense tout à fait capable d'une telle chose ce soir. Après tout, ils sont divorcés, plus rien ne les lie aux yeux de leur promesse, de leur religion, de la loi. Plus rien ? C'est normal de ressentir ça. Il n'y a aucun mal à ne pas le vouloir dans les bras d'un autre. Dernière pensée qui met l'eau à la bouche de Jace, lequel prend la nuque du brun dans une de ses mains pour l'embrasser tout aussi passionnément. Un baiser lancinant et grisant qui délivre un seul et même message. Il s'y perd un peu, en profite cruellement, et sépare ses lippes des siennes, le souffle court, toujours collé à lui. Le manque le rend clairement addictif. « Baise-moi alors. », lui répond-il faiblement à l'oreille. Cela a un effet enivrant, comme s'il a participé lui aussi à la petite beuverie de Luke. Ses jambes sont aussi fragiles que du coton lorsque ses mains rejoignent le poitrail du brun. « Je suis garé pas très loin, on y va ? » Ou tu préfères les toilettes du pub ou le mur d'une ruelle déserte ? Pas de "chez toi ou chez moi" valable tant le manque et l'impatience sont de garde ce soir. Pas de préparation, pas de douche. Seulement l'instant présent.
Je veux juste te sentir encore en moi. Rien qu'une dernière fois.

La soirée prend un chemin inattendu. Il se laisse enivrer par les sensations sans réfléchir. Il n’est pas en capacité d’agir autrement. L’ivresse qui le dévore est bien trop profonde pour que ses actions ne parviennent à tirer une sirène d’alarme. En a-t-il seulement envie ? Non. Son état pitoyable, il en a conscience. Il se plonge volontairement dans cet état d’inconscience, afin de fuir une réalité qu’il n’est plus en capacité de supporter. C’est trop difficile de faire face à cette chienne de vie. Il ne lui trouve plus de réel intérêt. Les journées passent et se ressemblent. La lassitude se mêlent à la mélancolie et tout lui semble insignifiant. Son âme désire lâcher prise et seul l’alcool lui permet de lâcher prise. Le prix a payé est lourd. Il ne compte plus ses gueules de bois les lendemains ou son incompétence à garder son sang-froid. Cette sensation de ne plus être que l’ombre de lui-même est ancré dans ses tripes, à tel point qu’il ne parvient plus à lutter contre ses émotions néfastes. Pourtant un simple contact avec cet homme ravive ses sens comme personne. Une flamme s’enflamme de nouveau au creux de ses reins et l’ébranle comme jamais. La noirceur de ses émotions l’incite à provoquer son ex-amant, poussé par une envie malsaine de le blesser, l’agacer, attiser sa colère afin de combattre cette chaleur qui s’immisce dans ses veines. Pourtant, il ne résiste pas à l’appel de ses lèvres. Il en meurt cruellement d’envie et succombe à cette appétence qui le gagne. Il le veut. Cette envie lui tenaille les tripes, alors il n’hésite pas à accentuer son emprise, à rendre l’acte plus déterminé et brutal. Il ne veut pas laisser Jacek s’occuper de lui, agir comme s’il était un adulte responsable. Il appuie sa dominance, s’impose et l’effet est grisant. Le baiser est dur, révélateur d’une ambition non feinte. Va-t-il me rejeter ou accepter de se soumettre à nouveau ? La réponse l’intrigue. Il perçoit la réflexion de son ex-compagnon dans la lueur de son regard. Que vas-tu choisir, Jace ? Accepter de le laisser retrouver un parfait inconnu ou le ramener quelque part pour accepter de se soumettre ? Son choix à lui est déjà fait. L’équilibre est difficile à maintenir, mais son regard se fait convoiteur et cela suffit à faire faiblir sa victime. La menotte du blond s’immisce dans sa chevelure pour réduire à néant la distance qui les sépare. Leurs commissures se percutent de nouveau dans un baiser brûlant et enivrant. Son bassin retrouve celui de son partenaire. Le désir devient cuisant. Putain ! Il grogne dans le baiser, satisfait d’entendre le gémissement qu’il perçoit dans la gorge de Jace. Sa virilité se tend contre le tissu de son boxer. Sa respiration est forte et doit sans doute émettre des vapeurs d’alcool fort. Sa menotte agrippe la hanche de son agresseur. Son aveu provoque des frisons d’anticipation tout le long de son échine. Cet homme le rend dingue. Ses hanches se font plus inquisitrices contre celles de son amant. Le sentir contre lui est une addiction contre laquelle il n’arrive pas à lutter. « OK. » Son souffle se perd dans l’oreille qu’il l’attire. Il la mordille du bout de ses dents, oscillant du bassin pour lui montrer que le désir est bien présent. Il a envie de le dévorer, de le défaire de ses affaires et de le prendre si profondément. Le contact de ses reins emboîtés dans les siens lui manquent cruellement. Il veut se perdre dans leur étreinte. L’esprit échauffé, il laisse le blond le tirer à sa suite. Il s’efforce de rester concentré, son attention désorientée par le contact de cette main contre son poignet. Il manque de tanguer à plusieurs reprises et lorsqu’il reconnait la voiture du blond, son corps agit par mécanisme. Il vient le plaquer durement contre la portière pour l’embrasser de manière passionnée. Ses lèvres s’abreuvent de ses comparses alors que sa menotte glisse contre la protubérance qui l’excite. Il la prend en main, satisfait de la sentir aussi tendue que la sienne. Sa bouche se loge dans la mâchoire de sa proie, grignote sa peau alors qu’il s’enivre de son odeur. Le désir est intense et il est désinhibé dans ses actions. Son autre menotte vient rejoindre la ceinture de son partenaire. Il veut le prendre en bouche, le goûter sur sa langue. Il n’a que faire des risques d’être surpris malgré la pénombre du parking. Il le veut terriblement, au point que sa main taquine glisse sur sa hanche pour rejoindre ses fesses, s’immisce sous le tissu distendu tandis que sa comparse vient empoigner son épée envoûtée. Il est complètement impliqué dans leur action envoûtante.

C'est comme si un ange a eu pitié de lui ce soir, le voyant sortir de l'immeuble vitré, les traits du visage tirés par la fatigue, les yeux explosés par le travail d'une journée bien remplie. C'est comme si un génie est venu le sauver de sa torpeur monotone et dépressive en mettant sur son chemin un Lucas trop bourré pour se rendre compte de ses mots et de ses actes. Et Jace, il a facilement cédé à la tentation, parce qu'il a besoin de sentir son ex-mari contre lui, il a besoin de se laisser aller dans l'euphorie des caresses et d'une bonne baise. Il a besoin de revoir ce visage si proche du sien et d'entendre ce souffle rauque à chaque fois qu'il se laissera prendre à deux mains.
A cet instant là, il n'y a plus que lui et Luke, collés contre un mur, se cherchant des doigts et du bassin, se dévorant sur place. Autour, plus rien n'existe. Ils auraient pu continuer de se frotter l'un contre l'autre dans ce bar à la morale légère, mais ils veulent aller plus loin. Tous les deux le savent pertinemment, même quand le blond est complètement drogué à l'adrénaline et la testostérone. Le plaisir l'embarque dans un rêve cotonneux, de temps en temps secoué par la dominance de Lucas, par son membre durci qui se frotte à ses cuisses et son bassin. Une réponse du brun suffit pour le réveiller et lui donner assez de force pour bouger du bar et s'avancer de la voiture. Le chercheur n'a jamais été aussi impatient de passer à l'acte de sa vie. Pas même lorsqu'il s'absentait plusieurs jours pour participer à des conférences dans divers états du pays.
Le parking lui semble plus loin que d'habitude et lorsqu'il aperçoit la voiture noire, son imagination lui fait défaut et alimente à nouveau son bassin de pulsions malsaines mais grisantes. Jace n'a même pas le temps de sortir ses clés dans un tremblement de main que le brun, fidèle à lui-même, le plaque à la portière sans aucune parole prononcée. Les gestes suffisent pour communiquer dans ces moments là. Les gestes, les caresses, et les gémissements étouffés qui s'élèvent dans l'obscurité du parking de béton. Son membre devient rapidement aussi dur que ce dernier tant Luke est entreprenant. Le blond, en sentant sa palme sur son bâton, ne peut réprimer le soupire qui perce sa gorge et ses lèvres pour venir mourir dans la bouche de son agresseur consenti. « Luke... » Le surnom sort inexorablement alors que ses mains ravagent les cheveux et la nuque du concerné. Douce transe dans lequel il tombe, seconde après seconde. Douce danse. Bientôt, Jacek en réclame plus. « Prend-moi. » Et pour allier ses paroles envoûtantes à l'acte, il réussit à sortir les clés de sa poche et à appuyer sur le bouton pour que sa bagnole s'ouvre dans un claquement de lumière rouge.
Le blond, à moitié dépareillé, une main déjà accrochée à la fermeture éclair de Lucas, n'a plus qu'à se décaler pour ouvrir la porte de la banquette arrière. La plus spacieuse. La plus confortable pour deux âmes en perdition comme eux. Jace s'y engouffre, entraînant avec lui son compagnon pour la nuit, et s'allonge prenant bien soin de sortir du fourreau l'épée de ses désirs les plus fous. Putain. Il avait oublié à quel point son ex-mari était bien équipé, et cela n'avait pas pu changer du jour au lendemain. Toujours le même. Alors, avec toujours ce même empressement, il enlève tant bien que mal son pantalon déjà distendu afin que le brun puisse terminer ce qu'il a commencé. Mais avant de se donner pleinement à lui, Jace a besoin d'attaquer pour que la douleur n’entache pas leur baise. Il contraint donc Luke de rester en place, assis sur un des sièges, et vient lécher le membre déjà humide. La chaleur est agréable, presque douce, et le sentiment de lui faire plaisir le grise encore plus. Un coup d'oeil vers le haut et Jace n'y tient plus. Il remonte à la surface pour que le brun le prenne entre ses grippes et fasse de lui ce qu'il veut.

La brûlure apportée par la luxure ne lui ait pas inconnue. Il en est un habitué depuis ce dernier mois tant ces mauvaises habitudes l’ont poussé dans les draps de parfaits inconnus, homme ou femme. Il a bénéficié d’une délivrance charnelle, mais aucune de ces liaisons lui ont procuré les délicieux frisons qui envahit chaque parcelle comme à cet instant. Cette exception puisse sa puissance dans les sentiments profonds qu’il a encore pour cet homme. Jacek. Cet homme qui l’a attiré dès le premier regard, celui qu’il a laissé s’immiscer sous sa carapace, celui à qui il a tout donné, mais qu’il ne comprend plus. Leur séparation était une évidence. Encore à cet instant, il n’envisage pas que leur route puisse de nouveau se diriger vers la même direction. Ils sont différents et pourtant, l’amour est là. Il les rend fous, prisonniers d’une tourmente perpétuelle contre laquelle ils ne peuvent pas lutter. Ils peuvent prétendre le contraire, porter des œillères, mais rien ne peut réellement les duper. Si cette affection était inexistante, rien ne pourrait les amener à se lier de nouveau dans une étreinte aussi passionnée et avide. Le manque est cuisant, rend le brun plus fougueux puisque l’alcool délie sa raison. Il devient sauvage, déterminé dans ces désirs que personne ne peut arrêter. Pas même la volonté du blond de lui résister. Il le veut et il actionne tous les points sensibles de l’échine de son partenaire pour le faire craquer. Il est tellement satisfait de le sentir excité sous la pression de ses mains, de son corps. Ce pouvoir le grise et rend son envoûtement plus profond. Il ne peut que s'accroître lorsqu’il sent Jace rendre les armes. Oui, je ne demande que ça, putain. Il grogne contre cette bouge alors qu’il accentue la pression de ses doigts. Il va tellement prendre du plaisir à l’avoir au fond de sa gorge avant de le préparer à le recevoir et s’immiscer dans ses reins jusqu’à la garde. L’idée même le fait frissonner d’anticipation. Le fait qu’ils soient dans un parking, prêt à s’adonner à une baise dans le véhicule de son ex-mari ne l’inquiète nullement. Rien d’autre que son ambition n’a de l’importance à cet instant, pas même la sensation âpre que l’alcool commence à prodiguer dans son système gastrique. Il ressent une gêne, rien de plus, son esprit peu attentif aux appels muets de son corps. Il se laisse entraîner sur la banquette arrière, la braguette ouverte, déterminé à jouir au contact de cette chair brûlante. Le contact de la menotte du blond contre sa protubérance l’exalte. Il gémit en savourant la vision exquise de ce corps qui se dévoile et qu’il n’a plus le plaisir de voir au quotidien. Son ambition se fait plus violente tandis que Jace le pousse à s’asseoir. L’image qu’il lui offre est savoureuse, elle ne fait qu’accroitre la chaleur qui l’habite et accentue la moiteur sur sa chair. La température extérieure et intérieur lui retourne la tête et son corps savoure malgré le fait qu’une sensation d’étourdissement le gagne. La tête penchée en arrière sur l’appui tête, il se délecte de la gâterie offerte par son ex-compagnon. Ses hanches viennent naturellement à la rencontre de cette bouche qui le rend fou. Il grogne à la fois de plaisir et de frustration. La caresse est bien trop superficielle pour le griser jusqu’au point de non-retour et malgré l’excitation profonde dans laquelle il se trouve, son corps se recouvre de sueur froide de manière spontanée alors que son estomac se retourne. Ses traits se ferment alors qu’un élan de lucidité le pousse à repousser son amant pour ouvrir la portière, s’extirper du véhicule pour répandre ses tripes à même le sol. Le mouvement est vif et lui fait perdre l’équilibre. Ses genoux s’écorchent à même le sol alors qu’il rejette l’ensemble du liquide sournois qu’il a ingurgité tout au long de la nuit. Son corps tremble et tout son esprit se fait floue. Une fois de plus, il se retrouve dans une posture qu’il a rencontré plusieurs fois au cours des dernières semaines. Seulement, le brun n’apprend pas de ses leçons et il n’est pas assez maître de lui-même pour garder sa fierté. Peut-être que demain il sera furieux envers lui-même, mais à cet instant, il est juste une âme vide et froide qui rejette les mauvais éléments hors de son corps. Qu’importe s’il vient de mettre un terme à toute possibilité de partager les draps de celui qui hante le moindre de ses fantasmes.

Un mois. Rien que ça. Un mois de séparation. Un mois d'abstinence, de frustration et de dépression. Un mois que Jace n'osait s'ouvrir à quelqu'un d'autre. Un seul mois lui a suffi pour craquer sous les attentes de son ex-mari. Comment a-t-il pu après toutes ces semaines de recherche, de désespoir et de colère ? A-t-il enfin fait la paix avec Luke et lui-même ? Cela ne semblait pas encore être tout à fait le cas cette après-midi. Comme les jours avant celui-ci, Jace s'était investi à fond dans son travail. Tellement qu'il en avait oublié de manger. Ses collègues avaient du le forcer à grignoter un sandwich acheté dans un coin de la rue, en bas. Il sort de moins en moins et sociabilise le moins possible. Il ne veut plus s'attacher, n'en trouve plus le frisson des nouvelles rencontres. Tout est si fade et doit rester ainsi pour ne pas perturber ses souvenirs de sa petite. Rien ne doit changer, et de toute façon aucun changement ne la lui ramènera, alors pourquoi s'embêter ? Les hommes, et femmes, qu'il observe, qu'il essaye de désirer, n'arrivent pas à le satisfaire. Il se cherche, mais résiste ou abandonne rapidement pour les raisons citées plus haut.
Ce soir, pourtant, il n'a pas arrêté les envies coquasses de Lucas. Son esprit s'est directement embué et n'a pas répliqué sous l'effet du plaisir et des émotions trop longtemps enfouies en lui. Car, malgré les souvenirs de disputes et de fausses accusations, malgré les larmes, il ne peut pas oublier l'inclinaison qu'il a eu pendant des années pour ce même et seul homme. Il se laisse donc glisser dans l'emprise de ses palmes autour de ses hanches puis de son membre en érection. Il ne prend pas le temps de réfléchir, juste de sentir les muscles de Luke le serrer contre lui, ses mains le prendre à un rythme éhonté et sa bouche l'ensevelir de frissons de plaisir. Si longtemps. Jacek se demande même comment il a fait pour ne pas succomber à ses caresses plus tôt. Le deuil l'avait changé de bien des manières différentes et incompréhensibles. Et peut-être que demain matin, il ne réagira pas de la même façon que ce soir.
« Luke ? » Le blond interroge ce dernier du regard et l'appelle alors qu'il se détache précipitamment de lui. Dans la hâte, en plus de son état second, le détective se retrouve à même le béton, sa bave vacillant encore de ses lèvres alors qu'il vient de rendre une partie de sa beuverie par terre. Jace grimace, mais la panique et l'attention qu'il porte au brun l'empêchent de lui en vouloir pour cet acte manqué. Ils allaient enfin s'unir, mais Lucas a été rattrapé par son propre sort. Les joues rouges, en feu, remettant rapidement ses vêtements en place, la morale du chercheur lui chatouille l'esprit. Comment j'ai pu ? Il est complètement soûl. Oui, comment a-t-il pu prendre avantage de cette situation pour l'attirer sur la banquette arrière de sa voiture teintée ? Comment a-t-il supporté l'odeur et l'anticipation d'un homme aussi givré que Luke ? Jamais il n'était tombé aussi bas et la honte le prit d'un coup, sans faire attention. La honte et la pitié, car une fois rhabillé, il se dégage des sièges, malgré la douleur cuisante à son entrejambe, pour aller aider le brun. D'abord, s'assurer qu'il est encore conscient même si proche de sombrer. Ensuite, remettre son pantalon et boxer en place si jamais des inconnus s'invitent dans le parking. Jace veut éviter de faire le buzz sur les réseaux sociaux ce soir. Ce genre de vidéos croustillantes font le tour de la ville assez rapidement, malheureusement. Et enfin, dernier remède, lui parler à voix haute pour qu'il se relève dans un dernier souffle d'effort. « Luke, tu m'entends ? Je t'emmène à la maison, ok ? » A la maison. Comme s'ils en partagent encore une rien qu'à eux deux. Une petite habitude qui est sûrement restée avec le temps. Avant d'essayer de le relever, le blond va chercher dans la boîte à gant de la Berline un sac plastique, histoire qu'il ne foute pas du vomi partout. « Tiens, prend-ça. Il faut que ça sorte de toute façon. » Il le lui fait serrer entre ses mains et, de toutes ses forces, il l'emmène à nouveau, bras dessous, bras dessus, dans la voiture. « Je vais essayer de faire vite. » Nouvelle grimace lorsqu'il grimpe à son tour sur le fauteuil du conducteur. Un grand soupire s'ensuit, aussi bruyant que les vomissements de son ancien compagnon. Plus jamais putain. Il est beau, Luke, il est irrésistible -même ivre mort- mais lui céder eut été une bonne grosse erreur.
Le trajet est folklore, mais ils arrivent enfin à la destination voulue. Heureusement que l'immeuble universitaire est équipé d'un ascenseur où il aurait été impossible pour Jace de ramener Lucas dans son appartement. Ce dernier espère d'ailleurs ne pas croiser de collègues ou d'étudiants dans ce moment plus qu'intime et précaire. « On y est, tu tiens le coup jusqu'au lit. » Il ne se voit pas le tirer sur le sol et le hisser jusqu'au meuble. Mais alors, vraiment pas. Les clés résonnent dans la serrure et ils peuvent enfin terminer leur pèlerinage jusqu'au matelas, trébuchant quelques fois sur des cartons laissés par terre. Jacek allonge Lucas sur le côté pour qu'il puisse rendre ses boissons sans s'étouffer et va rapidement chercher une bassine pour remplacer le sac. Ce dernier va à la poubelle pour ne jamais plus y ressortir. L'esprit du blond est en ébullition alors qu'il essaye de faire au plus vite. Trouver un verre de plus dans ses cartons, le remplir d'eau, le déposer sur la table de chevet. « Hydrate-toi bien quand tu le peux. » Enlever les vêtements sales du brun, les mettre dans la machine à laver, et finalement se poser à ses côtés pour respirer un coup, l'entrejambe toujours un peu en feu. Qu'est-ce qu'on ne fait pas pour... Il ne finit pas sa phrase, incapable de savoir le rôle de Lucas dans sa vie à cet instant précis.

Les frisons qui parcourent sa chair ne ressemblent en rien à ceux qui l’envahissaient quelques instants plus tôt. Les effets vicieux de l’alcool semblent prendre contrôle de son corps et il n’est plus qu’un pantin entre ces griffes. Il n’est pas en mesure de lutter. Ses forces le quitte et il n’éprouve aucune réaction de rejet lorsqu’il sent la chaleur des menottes de Jace contre sa peau. Son esprit est hagard, l’ivresse apportée par la luxure s’est envolée, laissant derrière elle qu’une sueur froide désagréable qui lui démange la peau. Il se sent fiévreux et glacé à la fois, comme si son échine ne parvenait plus à se réguler. Cet état déployable dans lequel il se trouve plongé est devenue sa norme. Elle est la suite évidente de ses abus dans lesquels il s’enlise depuis des mois. Il ne ressent rien, si ce n’est cette sensation désagréable de lassitude. Il ne perçoit pas dans quel état il se trouve, ni son apparence débraillée alors qu’il s’adonnait à la luxure quelques minutes auparavant. Tout devient flou pour lui. La voix de son ex-mari est lointaine malgré la chaleur de ses doigts contre sa chair encore tendue par l’excitation. Il se laisse manier par les pressions qu’il exerce sur son corps. Jace lui parle, mais il n’entend pas. Son corps semble subir le contrecoup alors qu’il se concentre tant bien que mal sur sa respiration, les remous qui agitent son ventre. Il se laisse embarquer dans la voiture de son compagnon. Il prend place sur le siège passager, sa tête heurtant lourdement l’appuie tête alors qu’un sac lui ait remis en cas de relance de son estomac. Ses yeux se ferment, son cœur bat à cent à l’heure tandis qu’il sent ces frisons méprisables gagner du terrain. Le temps défile sans qu’il le perçoive. Son esprit flotte au-dessus de la réalité et juste à la recherche d’une posture plus confortable l’incite à se tordre sur le siège. Il ne se pose aucune question, n’a plus la force nécessaire dans ses muscles pour porter son corps. Il tient à peine debout et manque de trébucher à de nombreuses reprises. L’apesanteur semble avoir tous ces droits sur sa corpulence qui succombe à son appel. Il semble atterrir sur un matelas qu’il ne reconnait pas comme le sien. Son estomac se retourne de nouveau au point qu’il ne parvienne pas à retenir cette contraction qui le rend encore plus étourdi. Putain de merde ! Il déteste se sentir si faible, mais il a conscience qu’il ne peut s’en prendre qu’à lui-même. Il est incapable d’apprendre de ses leçons et l’épuisement le gagne. Il grogne face à la remarque du blond. Il n’a aucune envie d’ingurgiter quoi que ce soit. Encore moins plus de liquide. Sa raison ne perçoit pas que l’hydratation est essentielle pour éviter une bonne cuite. Son corps se met en mouvement porté par un inconfort plus que cuisant. Il cherche à se relever, mais perd l’équilibre. « Putain ! Fais chier ! » Sa voix est sèche, empreinte d’une frustration d’être incapable de se relever. Il glisse son bras autour de son ventre tant la douleur est latente. Son esprit reprend pied, la présence de Jace le perturbe de nouveau alors que la honte s’invite dans chaque pore de sa chair. « Laisse-moi tranquille, putain ! » Il crache en venant lui tourner dos. Au fond de lui, il lui est reconnaissant de lui tendre la main, mais sa fierté n’arrive pas à le tolérer. Il est furieux, à la fois contre lui, mais aussi Jacek, car il ne supporte pas l’idée d’être faible et qu’il s’occupe de lui. Pourquoi ? Pourquoi le fais-tu Jacek ? Tu aurais dû me laisser là-bas… Les yeux clos, il espère faire fuir son ancien partenaire, qu’il le laisse tranquille, mais cette présence perdure près de lui, déterminée à lui porter main forte, malgré sa non-volonté. Pourtant, il n’a pas la force de lui résister s’il cherchait à lui imposer de faire certaines choses. Il n’a plus aucune énergie de lutter corps et âme face à ce pouvoir qu’à son ex sur son âme et son être.

Cela ne doit pas être la première que ça arrive à Lucas, et Jace se demande bien comment il peut continuer à boire en sachant qu'il jettera au sol à un moment donné ses tripes, qu'il sera dans le mal pendant au moins deux jours de suite. Comment un détective de la police criminelle peut-il se permettre une gueule de bois aussi sévère sur son lieu de travail ? Une ribambelle de questions s'ajoutent à celles concernant tes réels sentiments envers le brun. La liste commence à se faire longue, et bientôt il craint de s'y perdre et de finalement ne chercher aucune réponse. Et si sa vie se résume à un vide cosmique de cette ampleur, à quoi donc ressembleront ses dernières heures passées sur terre ? Est-ce que la mort le délivrera de sa vie de merde ? Ou bien est-ce que ses regrets finiront par l'achever jusqu'au dernier souffle ? Jace frissonne un moment, mais Luke ne lui donne pas le temps d'y penser plus en profondeur. Ce dernier se révolte, encore sous l'emprise de l'alcool et des crampes au ventre. Il le rejette, lui demandant sous un ton menaçant de le laisser tranquille. Le blond ne répond pas, conscient de l'état second du brun. Il le laisse parler et essaye de ne pas le prendre personnellement. Vu le passé qu'ils partagent, cet épisode n'est pas le pire dans son genre. Il en a vécu des plus violentes ces derniers mois, et ce n'est pas un regard noir et souffrant qui va le déstabiliser et fermer toute pitié qu'il ressent à cet instant pour son ex-mari.
Est-ce vraiment de la pitié néanmoins ? Jace préfère se dire que ça l'est pour ne pas ajouter des questions supplémentaires à sa liste. De la pitié ce sera donc. « Calme-toi et arrête de faire l'imbécile. » Le ton utilisé est plus sec qu'à son habitude. Le blond a l'impression d'être à nouveau parent avec ce grand garçon incapable de tenir en place sur le lit. Ce dernier essaye tant bien que mal de s'y extraire, de partir de là, pour des raisons qui dépassent complètement son hôte, mais à chaque fois cela se termine par un rude échec. Jace le prend donc par les épaules et la plaque au matelas pour qu'il comprenne bien qu'il passera la nuit ici. Tant pis si ça ne te plait pas. En vérité, il commence à fatiguer lui aussi, sa journée a été longue, les émotions ont été vivaces, et il aimerait bien se reposer dans son canapé. Oh, il sait qu'il n'y dormira pas bien, mais le silence à ses oreilles est aussi doux que le satin sur une peau délicate et sensible. Il soupire et ferme les yeux un moment avant de les rouvrir difficilement. Le brun est déjà préparé à se reposer, il ne suffit plus qu'à l'accompagner dans son malaise. D'une main, il vient alors caresser son front et ses joues brûlants tout en l'incitant de se détendre comme il peut. « Ça va aller. Je t'ai vu dans de pires états que celui-là. Rappelle-toi, on a été ensemble pendant un bon moment. » Le sarcasme lui permettra peut-être de fermer sa bouche et d'écouter les conseils du chercheur, du moins c'est que celui-ci espère accomplir. « N'hésite pas à m'appeler si tu as besoin de quoique ce soit cette nuit. Je serai dans le salon, juste à côté. » Ce serait dangereux qu'il se lève par lui-même au vu des cartons en tout genre qui parsèment encore le sol de l'appartement. Il serait capable de se tordre un orteils ou de tomber et se faire mal. « Essaye de te reposer. » Et voilà, l'acte final se termine enfin. Alors, c'était si dur à supporter Luke ? Un petit sourire triste naît dans la commissure de ses lèvres, puis il se lève et éteint les lumières afin de le laisser en paix. Tu as eu ce que tu voulais. C'est une phrase qui est souvent revenue dans la vie de Jace, depuis le début de leur relation jusqu'à la toute fin. Le blond est incapable de lui résister et préfère se soumettre à sa volonté si son esprit n'est pas assez galvanisé pour lui prendre tête. Beaucoup de choses se sont réglées de cette façon, même leur divorce. Le coeur et les jambes lourdes, il se traîne jusqu'à la douche qu'il fait couler. Il y reste longtemps dessous, tiraillé à la fois par des larmes indécelables et des soupires de plaisir entrecoupés d'images. Il termine ce qu'il n'a pas pu avoir ce soir, rassemblant tous les souvenirs possibles du brun dans un seul point de sa tête. Mais en sortant de la pièce, il ne sait pas s'il se mieux ou pire que toute à l'heure. On verra ça demain. Demain, toujours demain. On reporte pour ne pas à avoir à y penser aujourd'hui. On procrastine ses propres sentiments pour finalement les étouffer à petit feu. Ce soir, Jace tombe finalement sur le canapé, épuisé, et sommeille jusqu'au petit matin.


Le réveil ne lui est plus nécessaire depuis des mois, car le chercheur se réveille tous les jours à 7h30 du matin, plus ou moins. Son psychologue lui a dit que c'était normal, sûrement du au trauma etc. Il a donc arrêté d'aller le voir pour rien et s'est coupé une nouvelle fois des gens qui l'entouraient. Un grognement s'échappe doucement d'entre ses lèvres alors qu'il se pousse à se relever du canapé. Plus jamais. C'est comme dormir à même le sol. Il est d'ailleurs tellement sonné par cette nuit de sommeil qu'il en oublie presque Luke dans sa chambre. Sur la pointe des pieds, il remplie son verre d'eau et rejoint simultanément la dite pièce où gît le corps de son ex-mari. Est-ce qu'il est réveillé ? Est-ce qu'il est parti ? Le doute le rend fébrile alors qu'il ouvre la porte pour en avoir le cœur net. Un soupire s'échappe de sa bouche lorsqu'il aperçoit son corps dans les draps et entends sa respiration sifflante. Il referme la chambre pour le laisser dormir comme il le souhaite.
L'attente est longue. Heureusement, Jace a du pain sur la planche et s'attable à son bureau, le seul meuble qui est achevé et convenablement rangé. Trois tas de copie d'étudiant l'attendent dans un coin. Il prend un stylo rouge, et c'est parti.

A peine conscient de ses agissements, Lucas se laisse complètement dominer par la douleur latente qui a investi son estomac. Les crispations de son estomac sont désagréables et les remontées gastriques vraiment insupportables. Il déteste finir dans cet état, mais il n’a plus le contrôle pour pouvoir empêcher son âme de se plonger dans un tel état d’ébriété. C’est tellement savoureux de pouvoir oublier quelques heures, de pouvoir déconnecter de cette merde qui le dévore de l’intérieur. Lucas a toujours été un roc. Il est souvent tombé et s’est relevé encore plus fort qu’auparavant. Malheureusement, aujourd’hui, il ne s’en sent plus capable. La seule réelle lumière et espérance en un avenir meilleur lui a été arraché. Il est désormais plongé dans les ténèbres et pas même son amour pour Jacek pourrait le sauver. Par le passé, il aurait été certain que cet amour suffirait, mais avec le temps, les disputes, les affaires sordides, c’étaient juste les boucles de sa princesse qui lui permettait de tenir. Jacek ne fait que lui rappeler cette perte qu’il ne parvient pas à combler. Et aujourd’hui, il est là, derrière lui, lui prouvant une fois de plus sa bonté malgré son attitude méprisante à son égard. Putain que j’aime cet homme…comme je le déteste ! Ce mélange explosif de sentiments qu’il ne peut pas contenir. Cette réalité s’intensifie plus intimement au creux de son être lorsque son ex-mari lui impose de s’allonger et glisse sa main apaisante sur son front et ses joues. Ses paupières se ferment pour fuir ce regard électrisant qui a ce pouvoir étourdissant sur lui. Il ne dit mot, prétend s’endormir même si son corps est agité par des spasmes. La douceur du matelas, l’odeur présente du corps de Jacek l’incite à lâcher prise, mais le dérèglement de son corps le pousse à lutter contre ses vêtements. Il retire la couche de vêtements tant bien que mal, les laissant choir parmi les draps sans être en mesure d’en prendre conscience. La fraicheur de la pièce sur sa peau malmenée, l’invite à se glisser sous les draps et très rapidement, enveloppé par ces odeurs apaisantes, son corps lui semble lourd au point qu’il sombre dans un sommeil sans rêve.
Le bruissement subtil d’un stylo sur le papier l’extirpe délicatement de son sommeil de plomb. Ce son lui est familier. C’est comme s’il se trouvait encore à cette époque où c’était si habituel de se réveiller avec Jacek, le nez plongé dans ses copies. A l’époque, Lucas pouvait passer des minutes à le regarder faire avec admiration. Il adorait les traits studieux de son mari, la manière dont son front se plissait lorsqu’il fronçait des sourcils face aux dissertations de ses élèves. La plupart du temps, il s’extirpait des draps, nu et venait embrasser délicatement l’omoplate de son amant, souvent torse-nu au réveil pour savourer les courbes délicieuses de son amant. Parfois, il était plus coquin et il commençait à se caresser pour attirer l’attention de son époux et l’inviter à le rejoindre pour une joute charnelle. Cette habitude, cette complicité faisait son bonheur avant que son âme dans la tourmente. Aujourd’hui, ce son pourtant subtil, car il vient d’une autre pièce, ressemble à celui émit par un marteau piqueur. Un grognement s’extirpe hors de ses lèvres alors que son corps se met en mouvement. Un élancement au creux de son crâne redouble son grognement. Son esprit regagne la réalité alors que sa respiration auparavant lourde s’accélère. Il peine à ouvrir ses paupières. La faible luminosité de la pièce semble déjà l’aveugler. Il lui faut de longue minute pour se resituer dans l’espace-temps, l’odeur toujours bien forte de son ex-amant sur les draps. Il la connait par cœur et dans cet instant de faiblesse, elle lui est si agréable qu’il ne peut contenir un gémissement. Les images floues de la veille l’assaillent. Putain… J’avais sa bouche sur ma queue… Les souvenirs de cette moiteur contre sa virilité réveille la victime. Dans son état mi-endormi, il laisse sa main glisser dans son boxer. Il se rappelle la frustration et l’anticipation qu’il a ressentie avant que tout bascule. Il agrippe sa virilité éveillée entre ses doigts. Son corps se souvient de tout et le désir se renfloue dans ses veines. Sa respiration s’accélère et il se donne du plaisir sans pudeur, désireux de sentir cette libération pour contrebalancer la lourdeur qu’il perçoit dans ses membres. « Jace… Jace… Jace… » Le désir s’accentue et des gémissements s’extirpent hors de ses lèvres avant qu’un grognement bien primal vient terminer ce moment de plaisir solitaire dans le lit de son ex-mari. Cette réalité le percute lorsqu’il se réveille totalement, la main poisseuse de ce plaisir qu’il s’est donné. Il attrape le premier tissu qui lui vient sur l’instant. « Putain, putain, putain ! » Sa voix exprime la rage qui l’envahit. L’a-t-il entendu ? Putain, j’espère que non… Sa fierté le tourmente alors qu’il cherche à puiser de l’énergie pour se relever, se rendre dans la salle de bain pour s’essuyer et se laver. L’idée de passer devant Jacek dans cet état pitoyable le rend mal à l’aise. Il a l’impression d’être une véritable merde…

Seul le bruit du stylo rouge sur le papier blanc résonne dans le salon. C'est un son qui est devenu assez habituel aux oreilles de Jace au fil des années. C'est presque une musique qui, si elle s'arrête le coupe dans son élan et lui fait perdre la motivation d'avancer dans ses corrections. Sur chacune d'entre elle, l'encre coule, raye, s'exclame et s'amuse même. Certaines phrases lui soutirent un sourire ou un petit rire selon le degré de connerie rapporté par l'étudiant. Et d'autres fois, la majorité du temps, certaines le font soupirer, lever les yeux au ciel, voire rager. Parce qu'il se rappelle de tous ces cours, de chaque information qu'il leur a donné, parce que c'est si facile pour lui de piger le concept, de comprendre un phénomène physique. Cela fait des années qu'il étudie ces domaines et qu'il travaille sur des questions spécifiques liées à ces premières. Pour lui, c'est logique de connaître la réponse à vue d'oeil, il oublie parfois ses années d'études. Il faut dire que Jacek n'était pas l'étudiant assis au fond de l'amphithéâtre, à rigoler avec ses potes et s'amuser sur son portable si le cours était lourd et chiant, et le professeur pas du tout pédagogue. Le blond était plutôt du genre à s'assoir dans les premiers rangs, fermer sa bouche et ouvrir grand les yeux. Ses capacités d'apprentissage l'avait propulsé dans le palmarès de la promotion et il avait pu obtenir sa bourse grâce à ses efforts ininterrompus. De la première à la dernière année, il n'avait pas cessé de travailler comme un forcené. Et dans les prémices de sa relation avec Luke, celui-ci l'avait maintes fois regardé réviser ses cours et s'entraîner à des exercices ressemblant à du charabia chinois. Peut-être que c'est ce côté geek et bon élève de Jace qu'il n'a côtoyé que deux ans qui l'a attiré ? Peut-être. Et un bon nombre d'autres facteurs aussi, le chercheur-enseignant sait lesquels après avoir tiré les vers du nez du brun de nombreuses années. Cela faisait de leurs petites taquineries qui finissaient souvent dans le lit ou sur un autre meuble de la maison d'ailleurs. Jace aimait tellement être désirable aux yeux de son ancien mari, jouer le garçon rangé pour mieux le déstabiliser de chuchotements et gestes coquins. Luke avait le droit à la médaille et à son revers.
En parlant de ce dernier, un petit gémissement étouffé sort le blond de ses pensées qui l'ont complètement divergé de ses copies. Son stylo reste en suspension alors qu'il affine ses tympans pour mieux écouter. Je rêve ou... Deuxième gémissement. Non, il ne rêve définitivement pas. Et toute âme vivante aurait été convaincue par le murmure qui suit, lancinant et tout aussi étouffé que les bruits précédents. Finalement, un bruit de gorge, comme un râle, sonne la libération, et termine de couvrir les joues de Jace d'un rose tanné. Il a... Il a fini sans lui ? Il a osé se toucher dans son lit ? Quoi, ça l'étonnes après toutes ces années, après la veille au soir ? Le blond se rappelle d'hier et sent la chaleur et la pression monter dans son pantalon. Il croise les jambes pour essayer de renier la réaction de son corps à l'appel animal de Luke, mais c'est en vain. Encore une fois, il a réussi à s'immiscer entre les remparts qui entourent son coeur et ses désirs les plus fous. Il a réussi à le reconquérir. L’aveu et la sensation de son boxer un peu trop serré ne lui mettent qu'un peu plus de rose au visage. Son rythme cardiaque ne fait qu'accéléré lorsqu'il entend le brun juré comme un charretier et se diriger vers la parte. Qu'est-ce que je fais putain ? Faire comme si rien ne s'était passé ? Entrer dans la chambre, les yeux éberlués, lui demandant ce qu'il se passe ? Une pensée lui arrive en tête alors qu'il se lève de son bureau et s'avance hésitant jusqu'à la chambre. Est-ce qu'il se rappelle d'hier soir ? Jace espère que non, au plus profond de lui. Il espère ne pas à avoir à vivre the walk of shame, une notion assez étrange puisque l'inconnu avec qui il a presque baisé est son ex-mari. Cela rend la chose encore plus délicate, si ce n'est angoissant, surtout en connaissant le caractère du brun. Mais ils ne peuvent pas se cacher pour l'éternité, ce dernier devra sortir de la chambre un jour ou l'autre, pour notamment laver les odeurs de sa cuite.
Jace prend donc une grande inspiration, essaye de calmer son myocarde et toque à la porte entrouverte pour signaler sa présence. Il la pousse et se retrouve nez-à-nez avec un Luke complètement débraillé et furieux. « Hey. » Seule onomatopée, trop occupé à déglutir difficilement. Quand il est fâché, le brun est si intimidant. Avant, Jace trouvait ça extrêmement mignon et bandant, mais maintenant, après le divorce, il en a presque peur. Parce que le Luke qu'il connait a disparu il y a plus de dix mois de cela, laissant à la place une ombre le dévorer. Un peu comme Venom avec Eddie Broke, sans le caleçon mouillé par sa liqueur séminale. Il n'a pas pu l'ignorer, le corps dénudé du brun faisait appel à ses pupilles. Le voir élevé de toute sa hauteur, sachant pertinemment le plaisir qu'il vient de s'attribuer, fait frissonner le chercheur qui peine déjà à éteindre le feu à son entrejambe. « On dirait que tu as besoin d'une douche. » C'était sensé ne pas être taquin, mais ça a l'effet inverse et Jace aimerait cogner la tête au mur à cet instant. Il plisse du nez, pris sur le fait, gravement intimidé, et détourne du regard pour ne plus incriminant personne. « Attend que je te trouve une serviette neuve... » Il s'agenouille pour fouiller dans un carton, laissé dans un coin de la chambre, et en ressort avec le Graal qu'il tend nonchalamment à Luke. Il prend bien soin de ne pas croiser son regard, ni la vue de son boxer taché, ce qui relève du miracle, puis lui fait signe de le suivre. « La salle de bain est là. » Plus le temps passe, plus le blond retrouve peu à peu un semblant de confiance et d'humilité. Il ouvre la porte de la dite pièce pour s'y engouffrer, innocemment, jusqu'à ce qu'il se rende compte qu'il devrait peut-être ne pas s'y éterniser. Les lignes de leur relation sont assez floues comme ça à cause d'hier soir. Mais il est si canon. Et il s'agit de Luke, son Luke, ce qu'il ne semble pas encore vouloir accepter. Il se souvient encore de son odeur et de ses soupires graves à mesure qu'il le possédait. Luke, ce n'était pas qu'un physique, mais bien plus que ça, c'était un tout. « Ça va aller ? » La question le plus conne qu'il n'ait jamais posé, mais en même temps il n'a pas envie de sortir et de voir le brun fermer la porte pour disparaître sous l'eau chaude. Quelque chose, une force invraisemblable, le cloue au sol de la salle de bain et lui donne assez de courage pour encrer ses prunelles dans ceux de son ex-amant. Le contact semble durer plusieurs minutes bien que cela ne soit pas le cas en réalité, mais Jace se retrouve happer par la noirceur des yeux de Lucas et s'y noie complètement. Un grand plongeon. Sa main, un peu tremblante, vient caresser une joue comme pour essayer de calmer la tempête qui y fait rage. Seulement, dans un éclair de lucidité, il sait qu'elle y restera longtemps, si ce n'est l'éternité. Un soupire traverse ses lippes, aussi désespéré qu'un matelot perdu en mer, et sa main s'abaisse, se rabat le long de sa cuisse. Comment deux âmes perdues et brisées peuvent-elles se retrouver ?

Le réveil est brutal. Malgré l’engourdissement persistante dans ses muscles dû aux effets de l’alcool, il est assez sobre pour avoir conscience de la situation inextricable dans laquelle il se retrouve plongé. Il s’est caressé dans le lit de son ex-mari. Quel con. Pourtant, il n’a pas pu s’en empêcher. Les souvenirs sont encore trop cuisants dans son esprit. Il est faible face à la luxure, d’autant plus lorsqu’elle est réalisée avec Jacek. Son addiction pour son odeur est profonde. Il a beau vouloir le nier, s’enliser dans le déni, la réalité est qu’il ne peut que se soumettre à ses pulsions lorsque son corps et en contact avec celui de cet homme. D’ailleurs son odeur mêlée à la sienne à toujours était sa préférée. Il adorait s’enivrer de son odeur après le sexe, savourer le contact brûlant de son souffle contre sa peau, ses respirations rapides provoquées par l’effort. La rage le consume, accentuée par cette fierté qui lui colle à la peau. La moiteur de son boxer lui fait prendre conscience qu’il ne pourra nullement masquer ce fait. Il ne se fait pas d’illusion sur le fait que Jacek ait pu l’entendre. Il sait qu’il a entendu, car il sait à quel point, il peut être vocal lorsqu’il s’adonne au plaisir. Il se doit d’assumer ses actes. Peut-être qu’en agissant comme un enfoiré, qui n’en a rien à faire, cela pourrait lui épargner d’affronter son ex-amant. Il soupire, le regard grand ouvert, s’adaptant à la luminosité faible de la pièce malgré la douleur au crâne qu’il subit depuis son réveil. A croire que des travaux semblent avoir élu domicile dans sa boite crânienne. Fais ce que tu dois, advienne que pourra. Il se décide de se relever, agissant dans la pénombre pour éviter d’accentuer ses maux. Il met quelques secondes, voir minutes à récupérer ses affaires qu’il met en boule. L’odeur est dégoutante. Il se rappelle ses hauts le cœur et cela suffit à le faire grimacer de dégout. Il serre ses poings, en colère contre lui-même alors qu’il se lève difficilement. Il doit se concentrer sur ses mouvements pour ne pas tanguer. La porte de la chambre s’entrouvre sur lui. Il parvient à peine à l’éviter et doit prendre appui sur le chambranle de la porte. Son corps pratiquement nu s’expose au regard de Jace. Il n’en prend pas immédiatement conscience, son esprit plus lent qu’en accoutumé. Il ferme ses paupières pour s’acclimater au changement soudain de luminosité entre la chambre et le couloir. Ses prunelles retrouvent rapidement celles de son vis-à-vis. Il a tout entendu et il est excité… gêné, mais excité… Comme au début de leurs histoires où Lucas parvenait si aisément à le faire rougir et bégayer. Cette réalité le frappe alors que son regard parcourt son corps. Il perçoit le léger renflouement dans son bas de pyjama et son odeur accessible envahit ses narines. Il grogne. Un grommèlement entre excitation, frustration et rage. « Salut. » Sa voix est rauque, érotique mélange entre l’effet abusif de cigarette, d’alcool, mais surtout de cette flamme qui accentue sa température corporelle. Et les sous-entendus, sans doute innocent de son amant qui ne vont qu’accentuer un désir qui reprend vie en lui. Il se colle contre l’encadrement, lui laissant la place d’agir sans dire un mot. Il l’observe, de son regard viril et dominant qui lui colle à la peau. Il s’abreuve de ses formes tout en la camouflant par une posture maitrisée, mais son cœur bat cette foutue chamade. Il est beau. Toujours aussi beau et il était à deux doigts de l’avoir hier soir. Si seulement, il avait bu légèrement moins, il aurait pu profiter d’une nuit d’ivresse au lieu de tout cela. Il se laisse mener jusqu’à la salle de bain, ses mouvements encore lents à cause de sa cuite. Ils se retrouvent dans cette pièce exiguë face à face, lui dos à la porte, Jacek dos à la douche. La tension sexuelle est là. Il faudrait être aveugle pour ne pas la voir. Cette question conne, dont il pourrait user sa réponse pour le congédier ou profiter de lui. La manière que Jacek a de le fixer aussi intensément qu’il ne le fait. Une barrière physique à peine perceptible qu’il franchit en venant déposer sa paume contre sa joue. Un contact qui provoque immédiatement ses sens. La douceur de cette chair contre la sienne. Ce soupir désespéré qui provoque presque le sien. Une frontière qu’il franchit à son tour en venant placer sa main contre la virilité de son ex-compagnon. Une poigne ferme alors que son corps vient réduire la distance à néant entre eux. « Il me semble que tu me dois une baise. » Il lâche de manière abrute contre les lèvres alléchantes de son partenaire. « Je pensais à ta bouche contre ma queue. » Il poursuit en soufflant contre sa peau pour rejoindre son oreille tandis que sa main vient doucement savourer la fermeté de son membre. Il vient mordiller son oreille tandis qu’il s’immisce dans le tissu tandis que son autre menotte fait glisser le pantalon et le boxer de son ex-amant dans sa manœuvre. « A ma queue dans ton cul...et je sais que tu en meurs d’envie. » Ta peau ne peut pas me mentir. Tu frisonnes, ta peau est brûlante et me réclame. Tout comme la mienne… Sans quitter son regard du sien, il vient retirer son boxer pour s’exposer à son regard, qu’il admire sa peau encore humide du plaisir qu’il s’est offert en pensant à lui. Il cherche volontairement à lui faire tourner la tête au point qu’il n’hésite pas à l’embrasser farouchement, sa bouche s’emparant de sa comparse pour un baiser sans finesse comme ceux qu’il lui donnait lorsqu’il était viril et exigeant. Ce qu’il compte être à cet instant alors que l’excitation grimpe en flèche. Et ce qu’importe les conséquences. Après tout, ils se sont mis d’accord : une baise, rien de plus. Du moins, c’est ce qu’ils s’intiment de croire alors que leurs corps à corps se fait tout aussi brûlant que la veille. Il ne compte pas le laisser s’extirper de ses griffes. Il compte bien le dévorer, car c’est sans doute la dernière fois qu’il en aura l’occasion. Et cette idée me tue…

Jace voudrait tellement s'immiscer contre la peau de son ex-mari, revivre les moments les plus heureux et les plus torrides de leur couple, sentir à nouveau son odeur de bon matin. Mais, planté devant lui, coincé entre la douche et la porte, il se rend compte qu'il est peu de chose face au noir désespoir de ses yeux languis qui l'hypnose. Le désir est présent lui aussi, il apporte une certaine lueur aux prunelles, mais pas assez pour cacher les pots cassés que le brun veut à tout prix enterrer. Pas une fois ils en ont parlé depuis hier soir. Depuis ce matin. Pourtant, le sujet de discussion semble logique après un mois de séparation et d'éloignement. Jacek est perdu, confus dans les pensées et les émotions qui le dévorent de seconde en seconde. La tension est belle et bien palpable, mais tandis que Lucas y voit là une attirance immuable pour le blond, ce dernier se retient pour parler de leur couple brisé.
Il s'attendait à tout, sauf à ça. A cette envie qui dépasse l'entendement, la raison et la sobriété. Car cette fois, Luke n'a plus une once d'alcool dans le système. Cette fois, il est tout à fait lucide. Et pourtant, il l'attrape sans aucune gêne, sans aucune retenue, et se colle à lui. Comme avant. Comment peut-il faire ça ? Le blond en rougit fortement alors qu'il sent la palme de son ancien amant sur son membre déjà réveillé il y a quelques minutes de ça. Les mots du brun frappent ses oreilles avec retentissement et envergure, ce qui le fait encore soupirer, mais cette fois de plaisir et d'envie inavouée. « Luke... » Il voudrait avoir la force de le repousser, de lui dire d'arrêter, mais la réalité est bien plus sournoise. En le voyant si près de lui, tuant l'espace qui les sépare, en l'entendant murmurer de sa voix rauque, en sentant ses lèvres contre les siennes, Jace se sent si faible. Ce qui arriva au bar se répète inlassablement. La faiblesse frappe tout son corps, embrume son esprit, coupe sa langue. Seul un petit hoquet étouffé s'échappe de sa bouche. Luke lui partage ses souvenirs concernant cette dernière. Putain, il est... Toujours aussi irrésistible, beau et enivrant. Il ne peut pas en réchapper, il est fait prisonnier, et il le sait pertinemment. A moitié pendu aux lèvres de son ex-mari, les yeux presque fermés, le blond réagit enfin et tâte le chemin jusqu'aux bras et torse musclés qui s'offrent à lui. Il se laisse faire, soupire et frissonne en sentant les poignes du brun faire pression sur lui. Bientôt, plus rien ne fait barrière à leurs deux virilités excitées, celle de Luke un peu plus humide que la sienne. Jace tilte, vient l'effleurer sensuellement avant de le provoquer en connaissance de cause. « Tu ne sais rien du tout... mais je sais que, toi, tu en as rêvé ce matin. » C'est trop tentant, comme s'il l'a fait exprès, lui offrant la pique sur un plateau d'argent. Jacek n'a qu'à tendre la main pour la récupérer. « Qu'est-ce qui t'a pris ? » Il n'attend pas de réponse verbale, seulement un feulement sauvage et l'ombre de pattes qui le plaqueront contre le carrelage de la salle de bain. Qu'importe, prend-moi. Ses lèvres frôlent les siennes, sa langue les lèche au passage, il se fait désirer, car il n'y a rien de mieux que de créer la frustration qui le poussera au vice. A cet instant, le papier de divorce n'a plus vraiment lieu d'être. Mais toute à l'heure... toute à l'heure, tout redeviendra comme avant. Alors l'enseignant cherche encore plus le contact, il en profite jusqu'à ce qu'il ne puisse plus le regarder et le toucher comme il le fait si bien. « On en était où ? » Il s'élance, se perd dans la luxure dont il crève depuis des mois. Il descend là où il avait laissé l'affaire en suspens la veille au soir et lui prodigue à nouveau les mêmes caresses, sa langue s'occupant activement de l'engin du brun. Même après s'être touché ce matin, il est encore dur, un miracle de la nature. Jace remonte peu de temps après, refusant de le terminer dans sa bouche. Il a besoin de le sentir en lui, d'être en symbiose avec cet homme qui l'a empêché d'avoir toute autre relation intime avec quelqu'un d'autre. Il le veut comme avant, son sexe dominant le sien, ses palmes le serrant contre lui et le parfum de sa sueur contre son nez. Il veut entendre ses râles et son prénom sortir de sa bouche. « Je te veux putain. » Il est comme un addict avec la drogue, il ne peut pas s'imaginer la suite sans Lucas. Cette fois, rien ne peut les arrêter et ça le rend encore plus impatient.