no hopes, no future / louis

L'enseignant soupire dans sa blouse blanche alors qu'il réitère pour la centième fois le même test statistique sur son ordinateur. Heureusement pour les techniciens, ils sont pour le moment absents du laboratoire, car il n'est guère sociable en ce moment, ni même aimable à vrai dire. Plus il prend ses distances avec le personnel, mieux c'est. Et c'est aussi le cas pour ses stagiaires et les étudiants en général pour qui il enseigne. Ce n'est que quatre heures par semaine, je survivrai. Quatre heures disséminées sur cinq jours ouvrés. Quatre heures où il entre dans un amphithéâtre et débite à qui veut l'entendre son cours sur la physique quantique -pour les plus jeunes- et la physique électromagnétique -pour les plus anciens.
« Mais quel merdier... », soupire-t-il une nouvelle fois en regardant les données qu'il vient d'enregistrer. Il déteste les statistiques, et pourtant ces dernières sont inéluctables pour tout scientifique qui se respecte. La nausée est presque sur le point de l'atteindre qu'une secrétaire pointe le bout de son nez dans la salle. « Jacek ? Un étudiant t'attend dans ton bureau. » Le blond fronce momentanément des sourcils, peu enclin à devoir répondre aux moindres demandes des élèves. Ils osent tout de nos jours, c'est pas vrai. « Ah bon ? C'était prévu ? » Il demande, sceptique, en interrogeant sa secrétaire du regard. Celle-ci hoche frénétiquement de la tête, comme s'il allait l'avaler toute crue. Pourtant, il n'est pas si méchant, il est même d'habitude très agréable. Mais depuis la disparition de Jenny, sa fille, et son mariage tombé en ruine, Jacek a l'impression que tout le monde le prend avec des pincettes, comme si la moindre chose allait l'atteindre, le toucher, le bousculer. C'est peut-être vrai, mais il voudrait qu'ils changent d'attitude à son égard, qu'ils le fassent oublier un peu tout ça. « Oui, tu l'avais convoqué à ton dernier cours avec les deuxième années. Un certain Louis Garrison. » Ah oui, lui. Le temps qu'il percute, Jace se masse le front et laisse tomber la souris qu'il tenait dans la main. « Je m'en souviens maintenant, merci. Tu peux lui dire que j'arrive ? » La secrétaire hoche de la tête et disparaît derrière les murs alors que l'enseignant reprend peu à peu ses esprits. Il laisse l'ordinateur tourné mais se lève pour aller régler cette affaire. Louis Garrison. Encore un petit con qui n'a pas compris pourquoi il est là. Qui peut l'en blâmer, la vie ne fait pas de cadeau. Mais le blond secoue de la tête, parce qu'il s'est promis de se montrer ferme et autoritaire. Parce qu'il ne peut pas permettre à un étudiant de mal se comporter dans un amphithéâtre rempli. Normalement, à cet âge, la plupart a pigé qu'ils sont là d'eux même, qu'ils veulent apprendre. Mais lui, non. A quoi il ressemble déjà ? Il ne sait plus, mais ça lui reviendra sûrement en le revoyant.
Le physicien sort de la pièce et arpente sinueusement les couloirs avant de se retrouver devant son bureau, près de l'escalier principal du bâtiment. Il prend son temps, il ne fera pas le moindre effort pour se dépêcher, même si on l'attend derrière la porte. Dans une petite inspiration confiante, il ouvre son bureau et pose ses prunelles sur le jeune adulte. L'adrénaline parcourt alors son corps en repensant à l'altercation qu'il a eu avec lui dans l'amphi. Allez, aujourd'hui, c'est moi qui gagne. Jace ne dit que mot et continue d'observer l'étudiant droit dans les yeux. Puis, finalement, pendant qu'il enlève sa blouse blanche pour l'accrocher au porte-manteau, il lâche une salutation. « Bien le bonjour Louis. » Il se retourne, le plus sèchement possible, et va s'assoir confortablement -peut-être un peu trop- sur son fauteuil. L'art de la dissuasion. « Je vois que tu t'es bien installé. Passons aux choses sérieuses ? » Il l'interroge du regard, une lueur de défit dedans, et pose un dossier devant lui qu'il avait préparé la semaine dernière, en amont. « Alors... » L'enseignant feuillète sans vraiment prêter attention au contenu, continuant son petit spectacle, puis referme le dossier. « Dis-moi pourquoi tu es ici Louis ? » Ses doigts renferment son menton en attendant patiemment la réponse de son élève. Le type devant lui n'est pas déplaisant à regarder, mais assez déplaisant à écouter, alors il essaye de partir sur de bonnes bases, d'être le plus cool possible.

Pfff putain pourquoi je suis là? OK j'avais dis à ma mère que j'allais faire des études supérieur, que j'allais bouger mon cul et trouver un but dans ma vie. Résultat du compte la fac c'est comme le lycée, je branle rien et j'ai quand même des bonnes notes. Et à côté de ça je bouge mon cul en musique pour gagner quelques billets en plus. Bref j'suis sûr qu'elle serait fière de moi. Et mon connard de père j'en parles même pas même dans sa tombe ce fils de pute serait capable de me rappeler à quel point je ne suis pas assez bien à ses yeux. Et si jusque là je m'en sortais pas si mal j'ai eu le malheurs hier de me faire prendre en train de mater un film sur mon pc en douce au lieu de suivre le cours. Bon après non pas que le prof est pas intéressant au contraire, en plus il est pas mal à mater aussi et j'en ferais bien mon quatre heure. D'autant plus qu'à ce que j'ai pu entendu dire il est divorcé et ouvert aux gâteries entre mecs. Du coup légère engueulade quand il m'a convoqué à la fin du cours pour me dire de repasser le lendemain dans son bureau. Soit. De toute façon il peut dire ce qu'il veut ça me passera au dessus de la tête. Ces études je sais même pas pourquoi je les fais.

Du coup le lendemain je suis retourné à la fac malgré le fait que j'avais mon après midi de libre. Je me suis signalé à la secrétaire du Professeur Pulaski pour lui dire que j'étais arrivé et je me suis installé dans son bureau comme demandé. Je regardais mon téléphone d'un air las, j'avais pas envie que ça dure des heures. Finalement une porte s'ouvre. Mon prof vient d'arriver et j'allais surement me faire engueuler. Il me salua, salutation à laquelle je répondis d'un simple signe de tête et un léger sourire. Il s'installa face à moi et feuilleta un dossier sous mon regard. Ah ouais je vois, je dois avoir peur alors? Une simple question me fut posé alors. "Pourquoi j'étais là?" Bah j'ai envie de dire à question con réponse con.

-Bah... parce que vous m'avez demandé de venir hier.... Sinon je vous assure que pour un aprem de libre je serais pas là.

Bah quoi? J'suis blond hein je vous rappelle. J'adore jouer à plus con que je suis, et vu qu'on m'a souvent dit que j'étais plus intelligent que ce que je laisse entendre je suis sûr que je me démerde pas mal pour jouer au con. Et mon insolence fut poussée au point que je m'amusais à retourner la question à mon avantage.

-Du coup j'suis là pour quoi?

Bah... parce que vous m'avez demandé de venir hier.... Sinon je vous assure que pour un aprem de libre je serais pas là. Les pensées voltigent dans l'esprit de Jacek alors qu'il entend le jeune parler. Mon Dieu. Ou bien. Il se fout de ma gueule là. Ou encore. Je vais pas le rater. Du coup j'suis là pour quoi? L'instinct primaire du blond lui hurle de lui gueuler dessus et de le virer de son bureau sans préambule, voire de son cours pour insolence envers sa grande personne. Mais d'un autre côté, il sait, par habitude, par expérience, que c'est ce qu'attend l'étudiant qui lui fait face. Ce dernier le provoque, le pousse dans ses retranchements. Ce n'est pas la première, ni la dernière fois que Jace voit ce genre de comportement alambiqué. Bon, en général, on le remarque plus avec des gamins de douze ans, mais parfois la connerie adolescente persiste jusqu'à l'âge jeune adulte. Louis, c'est ainsi qu'il se nomme, n'est apparemment pas encore assez mâture et prêt à se prendre en charge pour le réaliser. Calme-toi. Respire. On va remettre tout ça dans l'ordre. Parce qu'il ne faut pas s'énerver avec ce genre d'énergumène. Ces derniers n'attendent que ça. Alors, l'enseignant choisit de rester passif dans son fauteuil, les doigts toujours collés à ses lèvres, comme si un dilemme le taraude. « Mh, intéressant. » Puis, il écartes ces derniers et croise des bras, le regard essayant de percer à jour l'élève en face de lui. Un petit joueur. « Tu sais, jouer au con va pas forcément t'aider dans la vie. » L'insulte indirecte passe crème. Mais Jace ne veut pas rester sur une note rhétorique alors il se lève et va s'assoir sur son bureau juste en face de mister Garrison. « Laisse-moi te rafraichir la mémoire... » Il reprend la pose, les bras croisés avec un petit sourire inattendu en bouche. Pourquoi Louis serait le seul à prendre son pieds ? Lui aussi a envie d'un peu d'amusement, et quoi de mieux que de se foutre de la gueule d'un élève, quitte à ce que cela lui retombe en pleine figure. Ça lui changera les idées. « Quand on vient en amphi, on est sensé écouter le professeur, suivre le cours, et non pas se marrer et emmerder le reste de la promotion avec des vidéos pour ado. » Le ton reste cordial et doux même si le sens des mots claquent. « En gros, tu es grand, tu es majeur, tu choisis ou non d'aller en cours magistral. Je ne veux plus t'y voir si c'est pour rien faire. Tu viens pour le wifi et le chauffage ? La cafétéria est faîte pour toi. » Son sourire se profile tout le long de son monologue, puis il se retourne pour ranger le dossier du jeune, se disant que l'entretien est sûrement clôt. Ses propos étaient assez clairs.
Terminé. Au revoir.

Je rêve ou il m'a traité de petit con tranquillement sans pression? J'haussais un sourcil de surprise mais ne releva pas plus que ça. J'avais pas envie de lui faire ce plaisir. Je savais ce que je valais, j'étais excellent dans tout mes partiels, bien plus que d'autres qui passaient littéralement toutes leurs nuits à bosser comme des malades. Injuste? Ouais surement mais c'était pas mon problème. Moi j'avais qu'à écouter d'une oreille, relire mon cours un peu plus tard et ça me suffisait. Et je suis sûr que c'est ce qui foutait mon prof en rogne. Alors lorsqu'il me dit que ma place était plus à la cafétéria j'eus un léger sourire toujours aussi insolent.

-Y'a pas de profs sexy à la Cafet' ça sert à rien...

Je croisais les bras et me pencha légèrement vers Jacek. Sa menace ne me touchait pas du tout. Après tout il n'allait pas exclure aussi facilement l'un de ses meilleurs étudiants. Faire chier mes profs mais toujours faire attention que point de vue résultats on ait rien à me reprocher ça a toujours été la base pour moi. Tant que j'ai de bons résultats on ne pouvait rien me dire.

-Ce qui vous fait chier c'est juste que je suis l'un de vos meilleurs étudiants sans même faire un effort.

Je me réinstallais au fond de mon fauteuil d'un air sûr de moi. Je voyais que mon prof était hors de lui. Mais ça me faisait sourire de le voir comme ça. En vrai je le trouvais pas mal et qui sait sur un malentendu je pourrais bien m'occuper de lui un petit moment. Je le regardais ensuite avec un petit air aguicheur qui me correspondait si bien. J'ai toujours été conscient de mon sex appeal et je savais l'utiliser quand il le fallait. Et depuis que je travaillais comme stripteaseur j'étais devenu incroyablement bon pour ça.

-Allez on va pas se fâcher pour ça. J'aime bien vos cours... et j'suis sûr que je peux faire quelque chose pour vous faire plaisir. La physique n'est pas mon seul talent vous savez?

Y'a pas de profs sexy à la Cafet' ça sert à rien... Jace aurait un muffin en bouche qu'il l'aurait éjecté à trois mètres de lui pour ne pas s'étouffer et crever sur place. C'est à cet instant là qu'il comprend qu'on se joue de lui, qu'il n'est nullement la maître de la situation depuis le début, parce qu'il a un jeune homme tout à fait extraordinaire devant lui. Le genre de mec qui ose tout. Absolument tout. L'enseignant se sent tomber de haut, et plus encore lorsqu'il suit du regard le blond se lever de sa chaise et s'approcher de lui. Les quelques centimètres qu'il a perdu en s'asseyant sur son propre bureau, l'étudiant les gagne et s'en sert à son avantage. Jacek se raidit alors et rougit de colère. Une colère à son propre encontre, parce qu'il n'a pas été le plus malin de l'histoire, parce qu'il est en train de se faire dominer par son propre élève. L'humiliation ne dure que quelques secondes mais est suffisante pour le faire pincer des lèvres. Il ne dit rien pour l'instant, il essaye déjà de se remettre de ses émotions et de réfléchir le plus rapidement possible à une sortie où sa réputation ne sera pas remise en cause. Parce qu'il s'imagine que ce petit con de Louis Garrison, sortant victorieux de son bureau, s'empressera de relater leur petite discussion à toute la promotion, si ce n'est à travers toutes ses pages de réseaux sociaux. Une sueur froide le fait frisonner rien qu'en y pensant. Jace est coincé, pas encore vaincu certes, mais coincé tout de même. Et il lui faut quelques minutes pour reprendre un peu d'aplomb et ne pas tomber dans les crochets de l'étudiant qui se croit tout permis. J'aime bien vos cours... et j'suis sûr que je peux faire quelque chose pour vous faire plaisir. La physique n'est pas mon seul talent vous savez? Il aurait pu se marrer en entendant le deuxième sous-entendu du garçon, mais ce dernier a vraiment trop confiance en lui pour qu'il puisse même l'apprécier. Il a raison, il me fait chier. L'enseignant aurait pu le lui avouer à voix haute, se mettre au même niveau que le blond, et taper là où ça fait mal. Seulement, il est l'adulte dans l'histoire, et Garrison l'étudiant, il ne peut pas s'abaisser à ses tactiques de je m'en foutiste niveau 3000. Parce qu'il a une position au sein de cette Université, il a vécu des choses que le jeune homme n'a pas idée, et de là il en a tiré une certaine vision des choses. Jacek soupire lourdement et fronce des sourcils, presque inquiet. « Tu ne peux pas parler à un professeur comme ça. Tu en es conscient au moins ? » Il l'interroge du regard, reprenant peu à peu son calme olympien et académique. Le blond a l'air de n'avoir aucun code social, et il se demande comment il est arrivé jusqu'à là. Des parents absents ? De mauvaises fréquentations ? Un instinct de survie ? Enfin, on est à L.A., pas en Syrie. Pourquoi d'ailleurs vouloir lui donner des excuses ? Il s'était promis de ne pas s'étendre sur le sujet. Mais c'est plus fort que lui, puisqu'il vient d'un milieu d'immigré pauvre. « Il est interdis au professeur de batifoler avec ses étudiants, si c'est bien ce talent auquel tu fais référence. » Jace lève les sourcils une seconde et hausse des épaules avec une petite grimace collée aux lèvres, l'air presque désolé. Le règlement est clair sur ce point, et quand bien même l'étudiant lui plairait, son éthique et sa morale sur-développées l'en empêcheraient. L'enseignant est un homme de parole, peut-être même un peu trop ? C'est ce qui l'interdit de baiser avec d'autres hommes, même s'il est divorcé de Lucas depuis des semaines. Le fait est qu'il n'a pas encore avalé la pilule, et qu'il fait preuve d'abstinence depuis. Un blocage mental qui le rend fou. Surtout depuis qu'il avait revu le brun et qu'ils avaient partagé un moment érotique dans la salle de bain. Le souvenir de Luke contre lui le rend tout penaud, et il se perd dans ses sentiments et la réalité des choses. Plus rien ne sera comme avant. Alors pourquoi s'abstenir ? Pourquoi résister ? Pourquoi devenir fou pour quelqu'un qui n'en a rien à carrer ? « Profite de la jeunesse tant que tu peux. Ça grouille de jeunes hommes comme toi par ici, je suis sûr qu'ils feront l'affaire. » Profite. Baise. Découvre. Aime. Jace se dit que si l'étudiant est aussi désinvolte et confiant, c'est parce qu'il n'a jamais eu de véritable histoire de cœur. Quand on aime quelqu'un, vraiment, à la folie, on commence à douter de tout, à avoir peur de tout, à avoir mal partout.
J'ai peur, moi, en tout cas.

Oh putain je le rend dingue ça se voit plus je parle et plus il a envie de me flinguer c'est trop drôle. Le pire dans tout ça c'est qu'il avait l'air d'y croire à ce qu'il disait. Il avait l'air de croire qu'il me dominait. Désolé mon cher mais hormis dans la baise j'ai horreur qu'on me domine. Pas de chance pour toi. Il n'avait probablement pas comprit que j'étais une véritable tête de con quand je m'y mettais. Cependant si on le voulait je pouvais me montrer trèèèès gentil. D'ailleurs j'en fis part à mon prof qui semblait d'autant plus décontenancé le pauvre. Mais moi je trouvais ça drôle. Il me demanda si j'étais conscient que je ne pouvais décemment pas lui parler comme ça. Pour toute réponse il n'eut qu'un petit sourire aguicheur de plus. Comme si le règlement allait m'arrêter. Quand il parla de "batifoler" je pris un air faussement dégouté.

-Rhaaa ça fait 20 ans qu'on dit plus "batifoler". Moi je dirais plus que ça serait... "un temps d'entraide et de convivialité entre un professeur et son étudiant"... et puis vous savez ce qu'on dit... si tu dis rien... j'dis rien.

Nouveau sourire, mes yeux clairs se fixèrent dans les sien avec une lueur de charme à l’intérieur. S'il venait à craquer il ne serait pas le premier professeur avec qui je couche mais j'avoue que généralement ils résistaient un peu moins. Faut croire que la fac ça change les choses. Ou alors c'est qu'il se trouvait trop vieux pour moi. En effet il me conseilla d'avoir d'autres mecs de mon âge. Pfff non ça va, j'en ai déjà eu 4 rien qu'en comptant depuis le début de la semaine ça m'ennuie un peu les mecs de mon âge là. Pour une fois je préfère me fier un peu à l'âge et l'expérience. Je posais une main sur la cuisse de mon professeur mais ne la remonta pas encore, je testais tout juste la température.

-Ohhh vous savez c'est surfait la jeunesse, parfois il vaut mieux un peu plus d'expérience. Et puis c'est vous le prof... m'apprendre des choses c'est votre boulot.

J'ai peur. Je doute. Et j'ai mal. Mal au coeur. Mal à la tête.
Finalement, l'Amour, est-ce vraiment quelque chose que Jacek peut souhaiter à quelqu'un d'autre ? Est-ce que le bonheur, intense mais fugace, vaut la peine de souffrir autant ? Si tout était à refaire, est-ce qu'il s'y serait jeté, sans hésitation ? Il n'en est plus très sûr maintenant, tellement la douleur lui explose la poitrine et les pensées. Pourtant, il aime encore, Jenny et Lucas, il le sait au plus profond de lui. Comment pourrait-il faire autrement ? Il les aime ainsi que les souvenirs de sa vie qu'il a passé avec eux. Dix ans d'aventure. Quatre ans qui se sont envolés lorsque sa petite fille a disparu. Puis, le reste, les jours passés en compagnie de son mari, n'a pas tardé à voler en éclat. Les souvenirs sont entachés parfois de regrets et de tristesse, mais d'autres sont trop forts et puissants en joie et en bonheur pour qu'il ne puisse le mettre au sol.
Il n'y a finalement pas de réponses précises. La vie n'est pas un problème mathématique auquel il y a une solution. La vie est dotée de sentiments et d'émotions tapis en chacun de nous. Ça part dans tous les sens. Qui sait donc ? Louis pourra être heureux en amour, un jour, s'il le conçoit.
Rhaaa ça fait 20 ans qu'on dit plus "batifoler". L'enseignant se facepalm intérieurement et baisse irrémédiablement des yeux dans un moment de désespoir intense. L'étudiant est encore plus borné qu'il ne pensait. A ce stade là, c'est même pathologique. Qu'importe, le fait est qu'il jure peu souvent devant un élève et prendra toujours des pincettes pour désigner une action sensible, telle que la baise. "Un temps d'entraide et de convivialité entre un professeur et son étudiant." En quoi c'est mieux que "batifoler" ? Mais Jace n'est pas aveugle et voit bien que Garrison prend du plaisir à ne pas poser le mot qui dérange dans sa phrase. Il joue, encore, continuellement, et ne s'arrêtera pas avant qu'il n'ait ce qu'il veut. Comment faire pour se débarrasser de lui ? Le physicien relève la tête pour faire face à son obstacle, et cligne des yeux plusieurs fois en l'observant silencieusement, la bouche scellée. L'étudiant est bien bâti, c'est vrai, il ne peut le nier, mais a-t-il au moins envie de fricoter avec quelqu'un en ce moment ? Tout ce stress, cette nervosité qui s'accumule depuis des semaines l'empêche réellement de penser au sexe. Il n'arrive pas à se détendre, à prendre du temps pour soi. Et vient alors la frustration, la fatigue, qui n'aident pas non plus. La frustration, parlons-en... elle devient parfois insupportable, au point de se montrer très irritable. En gros, l'enseignant a besoin de se laisser aller, il le sait, il en est conscient, mais est incapable de savoir s'il peut réellement lâcher prise. Il ne dit alors mot, son regard rivé sur l'élève assis dans le siège.
Lorsque ce dernier se lève, il met quelques secondes avant de tilter et de se raidir sur le bois du bureau. Qu'est-ce qu'il fout encore ? A mesure qu'il s'approche, son coeur bat de plus en plus dans sa cage thoracique et envoie des jets d'adrénaline dans les veines les plus proches. Quand la main du blond se retrouve sur sa cuisse, les joues de Jacek s'enflamment immédiatement au contact et réchauffe tout le haut de son corps. Un feu le dévore de l'intérieur et vient mourir dans le creux de ses reins qui crient famine. « Qu'est-ce que... » Sa respiration accélérée et la surprise des sensations l'empêchent de terminer sa question. M'apprendre des choses c'est votre boulot. Pourquoi cette phrase, sortie du droit des lèvres de Louis, lui semble carrément appétissant ? Putain de merde... Jace sait qu'il est cuit et retient un soupire dans sa gorge. L'envie, le désir prend forme petit-à-petit dans son bassin, dans son cœur, dans ses pensées. Il devrait se décaler, refuser le contact et renvoyer de force l'étudiant, mais au lieu de ça, il ne bouge pas d'un cil, scotché sur le bureau. Tous ses moyens s'échappent. Mais il ne peut pas encourager le blond dans sa folie si désireuse. Il ne peut pas. Il est l'adulte et le professeur. Dans une veine tentative, il porte donc ses doigts au poignet du gus, mais sa faiblesse l'empêche de retirer sèchement sa main collée à sa cuisse. Qu'est-ce que je fous ? Il voudrait se réveiller de sa léthargie, prononcer quelques mots, mais ces derniers se meurent dans sa gorge. « Tu... Louis, arrête. » Sans grande conviction. L'enseignant tente donc une autre approche. « J'peux pas, je suis marié. » Il n'utilise pas Jenny comme excuse, il ne peut pas, ce serait salir sa mémoire. Mais il n'hésite pas à utiliser le nom de son ex-époux pour avoir gain de cause. Une tentative désespérée ? Un peu, car Garrison n'est pas du genre à s'arrêter sur des formalités telles que les mariages. Au fond, Jace le sait, mais essaye tout de même de contrer ainsi les avances du blond.
Fais pas ça Louis. Même si la chaleur pourfend le tissus de son pantalon.
Main contre son poignée, il ne le lâche pas. Rien qu'un peu, encore.

Je devenais plus pressant, plus entreprenant, mais ça m'amusait toujours autant de le faire péter un câble et je voyais qu'il commençait à avoir du mal à résister. Ma main sur sa jambe à du provoquer un électrochoc. C'était l'effet recherché. Mon beau professeur semblait avoir du mal à trouver ses mots pour se défendre. Il me dit qu'il était marié ce qui me fit sourire d'un air amusé. Non, de ce que je sais il ne l'est plus apparemment. Mais bon si ça l'amuse d'y croire et d'espérer que ça m'empêcherait de le cuisiner un peu plus. Je me rapprochais de lui, remonta ma main vers son bassin, dévia légèrement sur la "bosse" qui commençait à se former, puis se plaça sur sa hanche en gardant toujours ce même sourire de prédateur. Enfin de mon autre main je fit venir la sienne sur mes fesses alors que je me rapprochais encore un peu plus pour approcher mon visage de son cou, y déposant un baiser léger. J'aurais pu jurer le sentir frissonner. Etait il pétrifié? Toujours est il qu'il ne bougeait pas d'un cil. Moi ça m'amusait toujours autant mais il allait bientôt falloir que je lui foute la paix le pauvre. Alors je remontais ma bouche vers son oreille.

-Je crois que votre corps n'est pas en accord avec vos paroles...

En effet je voyais petit à petit son corps se crisper, se tendre. Je plongeais mes yeux clairs dans les siens et me mordilla la lèvre. Hmmm si je ne me retenais pas je lui sauterais dessus directement là tout de suite, qu'il me prenne sur son bureau et me fasse crier jusqu'à ce que tout le monde m'entende dans la fac. Mais bon il n'était pas prêt ça se voyait, peut être bientôt. En attendant maintenant je pouvais être sûr qu'il ne viendrait plus me faire chier parce que j'étais pas assez attentif en cours. Ou alors s'il le fait il demandera une tierce personne dans le bureau pour surveiller que je ne lui fasse pas une nouvelle fois mon petit numéro. Je me recula un peu, passa une main sur son torse et lui sourit avant de prendre mon sac au sol. Je le mis sur mon épaule.

-Bien... je pense qu'on en a finit. À bientôt Monsieur Pulaski.

Dernier clin d'oeil. Je n'aurais pas pu dire s'il était content ou frustré de me voir m'éloigner. En tout cas j'espérais que ça serait la frustration qui le gagnerait, histoire de créer un manque chez lui ou tout du moins un questionnement qui rendrait notre prochaine rencontre un peu plus intéressante. Pourquoi pas m'arranger pour le faire venir au Soundwave histoire que je m'amuse un peu avec lui?

Jace a du mal à retenir l’essoufflement qui lui prend la gorge et soulève de façon étatique sa poitrine. L'anticipation et le désir lui font tourner la tête et accélérer les battements du cœur. Il reste muet face au geste entreprenant de l'étudiant, mais n'en pense pas moins. Ses pensées et émotions grondent autant qu'un moteur diesel à froid. Puis, alors que la main du blond remonte le long de sa cuisse, sa frustration lui crie de céder, de se donner entièrement et de goûter aux lèvres et autres parcelles de peau de son élève. Qu'il le prenne ou l'inverse, qu'importe, tant qu'à la fin il se libère de l’étau qui l'écrase à terre, de cette boule qui lui gêne l'estomac, et de son membre en feu tant l'appel de la chair lui est rare.
Un soupire s'échappe de ses lèvres lorsqu'il voit Garrison s'approcher de plus en plus, et titiller du bout de sa main son début d'érection. Il aurait voulu la voir s'arrêter sur son bijou et l'obliger à gémir de coups de poignée bien assénés, mais cette dernière continue son chemin jusqu'à se perdre sur ses hanches. Jace voudrait bouger, se coller, mais une once de raison l'en empêche encore. Il attend que Louis fasse le nécessaire. Il voit bien que l'étudiant prend un vilain plaisir à le faire frissonner. J'ai compris petit con. Son baiser dans son cou l'amène à serrer ses doigts sur les fesses du blond. Rien que ça, et l'esprit de l'enseignant est complètement embrumé par le vice. Je crois que votre corps n'est pas en accord avec vos paroles. Non, sans blague ? Jace voudrait bien le voir essayer dans les mêmes circonstances. Le pourcentage qu'il résiste alors serait assez faible. La tentation qu'il a sous les yeux et dans ses bras est bien trop irrésistible. « Tu crois ? » Les pulpes de ses lèvres ne sont qu'à quelques millimètres lorsque l'étudiant décide de se retirer de leur étreinte si prometteuse et chaleureuse. L'écart se remet entre eux dans un sursaut d'interrogation. Qu'est-ce qu'il fout ? Son regard trahit sa pensée, les sourcils froncés dans sa direction. Puis, quand Garrison prend son sac et le laisse pantois, à demi-assis sur son bureau, la queue en feu, il comprend enfin son stratagème. Le salaud, je rêve... Bien... je pense qu'on en a finit. Jace est sur le cul et regarde le blond s'en aller, sans même fermer la porte, pour disparaître dans les couloirs de l'Université. Sa mâchoire en tombe presque, tellement le mec le prend au dépourvu. Et puis, la frustration vient frotter à la laine de fer sa colère. Non pas envers Louis, mais envers lui-même surtout. Parce qu'il s'est laissé berner par un jeune homme de vingt-trois ans. Parce qu'il n'a pas su résister comme il devait le faire, en tant qu'adulte et responsable de son étudiant. Parce qu'il n'a finalement rien eu. Rien du tout. Et que la douleur à son entre-jambe s'en va difficilement. « Imbécile. » Je suis un imbécile.
C'est alors qu'il aperçoit la secrétaire passer devant sa porte. Cela lui fait l'effet d'un électrochoc et il saute carrément hors de son bureau pour aller fermer en toute discrétion la pièce. Il y reste un moment, pour calmer ses émotions, avant de finalement soupirer, vaincu.
Pourquoi je suis comme ça ? Et si Jenny avait témoigné de tout ça, du haut d'un nuage ? Honte sur moi.